The Writings of Maria Valtorta

98. Rencontre avec Marie-Madeleine sur le lac, et enseignement aux disciples aux environs de Tibériade.

98. Meeting with the Magdalene on the lake

98.1

Jésus est avec tous les disciples. Ils sont désormais treize à eux seuls, plus lui. Ils sont sept par barque sur le lac de Galilée. Jésus est dans celle de Pierre, la première, avec Pierre, André, Simon, Joseph et les deux cousins. Dans l’autre se trouvent les deux fils de Zébédée avec les autres : Judas, Philippe, Thomas, Nathanaël et Matthieu.

Les barques avancent rapidement à la voile, poussées par un frais vent du nord qui forme sur l’eau une multitude de rides légères, à peine soulignées par des lignes d’écume qui dessinent une sorte de tulle sur le bleu turquoise de ce beau lac paisible. Elles avancent, laissant derrière elles deux sillages qui se rejoignent à la base, fondant leurs joyeuses écumes en une seule trace riante à la surface de l’eau. Elles voguent en effet de conserve, celle de Pierre précédant les autres d’à peine deux mètres.

De barque à barque, distantes de quelques mètres l’une de l’autre, on échange conversations et réflexions. J’en déduis que les Galiléens montrent et expliquent aux Judéens les détails du lac, leurs commerces, les personnalités qui y habitent, les distances entre les points de départ et d’arrivée, c’est-à-dire Capharnaüm et Tibériade. Ces barques ne servent pas à la pêche, mais au transport des personnes.

Jésus est assis à la proue. Il jouit visiblement de la beauté qui l’entoure, du silence, de tout ce bleu pur du ciel et des eaux, encadré de vertes rives où s’éparpillent des villages tout blancs sur fond de verdure. Il s’abstrait des conversations des disciples, car il est tout à l’avant, presque allongé sur un tas de voiles, le visage souvent incliné sur ce miroir de saphir qu’est le lac, comme s’il en étudiait le fond et s’intéressait à tout ce qui vit dans ses eaux si limpides. Mais qui sait à quoi il pense… Pierre l’interroge par deux fois pour savoir si le soleil le dérange car il est tout à fait levé à l’orient et atteint en plein la barque par son rayonnement, pas encore brûlant mais déjà chaud. Une seconde fois, il lui demande s’il veut aussi du pain et du fromage comme les autres. Mais Jésus ne veut rien, ni toile ni pain, et Pierre le laisse en paix.

98.2

Un groupe de frêles esquifs que l’on emploie pour se promener sur le lac, des sortes de chaloupes, mais ornées de riches baldaquins pourpres et de bons coussins, coupe la route aux barques des pêcheurs. Bruits, éclats de rire, parfums passent avec elles. Ils sont pleins de belles femmes et de joyeux Romains et Palestiniens, mais plutôt des Romains ou du moins peu de Palestiniens, car il doit y avoir aussi quelques Grecs. Je le déduis des paroles d’un jeune homme maigre, élancé, brun comme une olive presque mûre, et tout pomponné. Il porte un court vêtement rouge, bordé en bas par une lourde grecque et serré à la taille par une ceinture qui est un chef-d’œuvre d’orfèvrerie. Il dit :

« L’Hellade est belle, mais mon olympique patrie n’a tout de même pas ce bleu azur ni ces fleurs. Et vraiment, il ne faut pas s’étonner si les déesses l’ont abandonnée pour venir ici. Effeuillons sur les déesses, non plus grecques mais juives, les fleurs, les roses et nos hommages… »

Et il jette sur les femmes de sa barque des pétales de roses splendides et d’autres sur la barque voisine. Un Romain répond :

« Effeuille, effeuille, Grec ! Mais Vénus est avec moi. Moi, je n’effeuille pas les roses, je les cueille sur cette belle bouche. C’est plus doux ! »

Et il se penche pour embrasser, sur sa bouche souriante, Marie de Magdala à demi allongée sur les coussins, sa tête blonde sur le sein du Romain.

Mais ces frêles embarcations arrivent directement sur les lourdes barques et, que ce soit à cause de la maladresse des rameurs ou en raison du vent, il s’en faut de peu qu’elles ne se heurtent.

« Faites attention si vous tenez à la vie », s’écrie Pierre, furieux, tout en virant par un coup de barre pour éviter le choc.

Insultes des hommes et cris d’épouvante des femmes circulent d’une barque à l’autre. Les Romains invectivent les Galiléens :

« Ecartez-vous, chiens de juifs que vous êtes. »

Pierre et les autres Galiléens ne laissent pas passer l’injure : Pierre en particulier, rouge comme la crête d’un coq, debout sur le bord de la barque qui tangue fortement, les mains sur les hanches, répond coup pour coup, n’épargnant ni Romains, ni Grecs, ni juifs, ni juives. Au contraire il leur adresse toute une collection d’appellations honorifiques que je ne retranscrirai pas. La prise de bec dure, tant que l’enchevêtrement des quilles et des rames n’est pas débrouillé, puis chacun va son chemin.

98.3

Jésus n’a jamais changé de position. Il est resté assis, absent, sans dire mot et sans aucun regard pour les barques et leurs occupants. Appuyé sur le coude, il a continué de regarder la rive lointaine comme s’il ne se passait rien. On lui lance une fleur. Je ne sais d’où elle vient, certainement d’une des femmes, car j’entends l’éclat de rire qui accompagne son geste. Mais lui… rien. La fleur le frappe presque au visage et tombe sur les planches, allant terminer sa course aux pieds du bouillant Pierre.

Quand les petites barques sont sur le point de s’éloigner, je vois que Marie-Madeleine s’est levée et suit la direction que lui in­dique une compagne de vice, braquant ses yeux splendides sur le visage serein et lointain de Jésus. Comme il est loin du monde, ce visage… !

98.4

« Dis, Simon, interpelle Judas, toi qui es Judéen comme moi, réponds-moi. Cette belle blonde, sur le sein du Romain, celle qui vient de se lever, n’est-ce pas la sœur de Lazare de Béthanie ?

– Moi, je n’en sais rien, répond sèchement Simon le Cananéen. Il y a peu de temps que je suis revenu parmi les vivants et cette femme est jeune…

– Tu ne voudrais pas me dire que tu ne connais pas Lazare de Béthanie, j’espère ! Je sais bien que tu es son ami et aussi que tu es allé chez lui avec le Maître.

– Et même si c’était le cas ?

– Etant donné que c’est effectivement le cas, tu dois connaître aussi la pécheresse qui est sœur de Lazare. Même les tombeaux la connaissent ! Il y a dix ans qu’elle fait parler d’elle. A peine pubère, elle s’est montrée légère. Mais depuis quatre ans ! Tu ne peux ignorer le scandale, même si tu étais dans “ la Vallée des Morts ”. Tout Jérusalem en a parlé. Et Lazare s’est alors retiré à Béthanie… Il a bien fait, du reste. Personne n’aurait plus mis les pieds dans son splendide palais de Sion où elle allait et venait encore. Je veux dire : personne de saint. A la campagne… on est au courant ! Et puis, désormais elle est partout sauf chez elle… Maintenant elle est sûrement à Magdala… Elle aura trouvé quelque nouvel amour… Tu ne réponds pas ? Peux-tu me démentir ?

– Je ne démens pas. Je me tais.

– Alors, c’est elle ? Toi aussi, tu l’as reconnue !

– Je l’ai vue enfant. Elle était pure, alors. Je la revois maintenant… Mais je la reconnais. Bien qu’impudique, sa physionomie rappelle celle de sa mère, une sainte.

– Alors pourquoi as-tu presque nié qu’elle était la sœur de ton ami ?

– Nos plaies et celles des proches que nous aimons, on cherche à les cacher, surtout quand on est honnête. »

Judas rit jaune.

98.5

« Tu parles bien, Simon. Et tu es un homme honnête, déclare Pierre.

– Et toi ? Tu l’avais reconnue ? Tu vas certainement à Magdala pour vendre ton poisson, et qui sait combien de fois tu l’as vue !…

– Sache, mon garçon, que lorsqu’on est fatigué par un travail honnête, les femmes n’attirent plus. On aime seulement le lit honnête de son épouse.

– Ah ! Mais ce qui est beau plaît à tout le monde ! N’y aurait-il que cela, on regarde.

– Pourquoi ? Pour dire : “ Ce n’est pas nourriture pour ta table ” ? Non, sais-tu. Le lac et le métier m’ont appris plusieurs choses, et en voici une : poisson d’eau douce et de fond n’est pas fait pour l’eau salée et les tourbillons.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire que chacun doit rester à sa place pour ne pas mourir de malemort.

– Elle te faisait mourir, Marie-Madeleine ?

– Non, j’ai la peau dure. Mais… si tu me le dis, c’est que, toi, tu te sens mal, peut-être ?

– Moi, je ne l’ai pas même regardée !

– Menteur ! Je parie que tu as bien regretté de ne pas te trouver sur cette première barque pour être plus proche d’elle… Tu m’aurais même supporté pour en être plus près… C’est si vrai que c’est à cause d’elle que tu me fais l’honneur de me parler après tant de jours de silence.

– Moi ? Mais elle ne m’aurait pas même vu ! Elle ne regardait continuellement que le Maître, elle !

– Ha, ha, ha ! Et tu dis que tu ne la regardais pas ! Comment as-tu fait pour voir où elle regardait, si tu ne la regardais pas ? »

Tout le monde rit, sauf Judas, Jésus et Simon le Zélote à la remarque de Pierre.

98.6

Jésus met fin à la discussion qu’il a affecté de ne pas entendre, en demandant à Pierre :

« C’est Tibériade ?

– Oui, Maître. Je vais bientôt accoster.

– Attends, peux-tu te mettre dans cette anse paisible ? Je voudrais vous parler, à vous seulement.

– Je sonde le fond et je vais te le dire. »

Pierre enfonce une longue perche et va lentement vers la rive.

« Oui, je peux, Maître. Puis-je approcher encore davantage ?

– Le plus possible. Il y a de l’ombre et de la solitude. Cela me plaît. »

Pierre pousse jusqu’aux abords du rivage. La terre n’est plus qu’à une quinzaine de mètres, au maximum.

« Maintenant je toucherais le fond.

– Arrête, et vous, venez le plus près possible et écoutez-moi. »

Jésus quitte sa place et vient s’asseoir au centre de la barque sur une banquette qui va d’un bord à l’autre. Il a en face de lui l’autre barque, et autour de lui les disciples de sa barque.

« Ecoutez-moi. Il peut vous paraître que je m’abstrais parfois de vos conversations et que je suis donc un maître paresseux qui ne surveille pas ses élèves. Sachez que mon âme ne vous quitte pas un instant. Avez-vous jamais observé un médecin qui étudie un malade dont la maladie n’est pas encore déterminée et qui présente des symptômes contradictoires ? après l’avoir examiné, il ne le quitte pas des yeux, qu’il dorme ou qu’il veille, le matin comme le soir, qu’il se taise ou qu’il parle, car tout peut être symptôme et indication pour déceler le mal caché et indiquer un traitement. J’en fais autant avec vous. Vous m’êtes reliés par des fils invisibles, mais très sensibles, qui me sont rattachés et me transmettent jusqu’aux plus légères vibrations de votre être. Je vous laisse croire à votre liberté, pour que vous manifestiez toujours plus ce que vous êtes. C’est ce qui arrive quand un écolier ou un maniaque se croit perdu de vue par le surveillant.

98.7

Vous êtes un groupe de personnes, mais vous constituez un noyau, c’est-à-dire une seule chose. Car vous êtes un ensemble complexe qui débute et dont on étudie toutes les caractéristiques, plus ou moins bonnes, pour le former, l’amalgamer, en arrondir les angles, en développer les tendances multiples, et en faire un tout parfait. C’est pour cela que je vous étudie et que je fais sur vous des observations, même pendant votre sommeil.

Qu’êtes-vous ? Que devez-vous devenir ? Vous êtes le sel de la terre. Voilà ce que vous devez devenir : le sel de la terre. Le sel sert à préserver de la corruption les viandes et aussi beaucoup d’autres denrées. Mais le sel pourrait-il saler s’il n’était pas salé ? C’est avec vous que je veux saler le monde pour lui donner une saveur céleste. Mais comment pouvez-vous saler si vous perdez toute saveur ?

Qu’est-ce qui vous fait perdre la saveur céleste ? Ce qui est humain. L’eau de mer, de la vraie mer, n’est pas bonne à boire, tant elle est salée, n’est-ce pas ? Et pourtant, si quelqu’un prend une coupe d’eau de mer et la verse dans une cruche d’eau douce, alors on peut la boire, parce que l’eau de mer est tellement diluée qu’elle a perdu son mordant. L’humanité est comme l’eau douce qui se mélange à votre salinité céleste. Et encore : en supposant qu’il soit possible de dériver un ruisseau de la mer et de l’envoyer dans ce lac, pourriez-vous l’y retrouver ? Non. Il serait perdu dans une trop grande masse d’eau douce. Ainsi en est-il de vous quand vous diluez votre mission – ou plutôt la noyez –, dans tant d’humanité.

Vous êtes des hommes. Je le sais. Mais, moi-même, qui suis-je ? Je suis celui qui a en lui toute force. Et qu’est-ce que je fais ? Je vous communique cette force puisque je vous ai appelés. Mais à quoi sert-il de vous la communiquer si vous la dispersez sous des avalanches de sensations et de sentiments humains ?

Vous êtes et devez être la lumière du monde. Je vous ai choisis, moi, la Lumière de Dieu, pour continuer d’éclairer le monde quand je serai retourné au Père. Mais pouvez-vous donner la lumière si vous êtes des lanternes éteintes ou fumantes ? Non, la fumée incertaine d’un lumignon est pire que sa mort totale et par votre fumée vous obscurciriez cette lueur de lumière que les cœurs peuvent encore garder. Ah ! Malheureux ceux qui, cherchant Dieu, se tournent vers des apôtres qui n’ont, au lieu de lumière, que de la fumée ! Ils en recevront le scandale et la mort. Mais les apôtres indignes subiront malédiction et châtiment.

98.8

Grande est votre destinée ! Mais aussi : grande et redoutable est votre mission ! Rappelez-vous que celui à qui on a donné davantage est tenu de fournir davantage. Et à vous, c’est le maximum qui sera donné en fait d’instruction et de don. Vous êtes instruits par moi, le Verbe de Dieu, et vous recevez de Dieu le don d’être “ les disciples ”, autrement dit les continuateurs du Fils de Dieu. Je voudrais que vous ne cessiez de méditer sur le choix dont vous êtes l’objet, que vous vous examiniez, que vous vous soupesiez… Et si l’un d’entre vous se sent capable d’être seulement fidèle, mais ne trouve pas en lui l’énergie d’un apôtre, qu’il se retire — je ne veux pas même dire : s’il se sent pécheur et endurci, mais simplement : s’il se sent incapable d’être plus que fidèle —.

Pour qui l’aime, le monde est bien vaste, beau, suffisant, varié ! Il offre toutes les fleurs et tous les fruits dont les sens peuvent jouir. Moi, je n’offre rien d’autre que la sainteté. Sur la terre, c’est la voie la plus étroite, la plus pauvre, la plus escarpée, la plus épineuse, la plus persécutée qui soit. Au Ciel, son étroitesse se change en immensité, sa pauvreté en richesse, ses épines en un tapis de roses, son escarpement en un sentier facile et agréable, sa persécution en paix et béatitude. Mais ici bas, c’est un effort héroïque que d’être saint. Moi, je ne vous offre que cela.

Voulez-vous rester avec moi ? Ne vous sentez-vous pas le courage de le faire ? Oh ! Ne vous regardez pas avec cet air étonné et affligé ! Vous m’entendrez encore souvent vous poser cette question. Et quand vous l’entendrez, pensez que mon cœur pleure, parce qu’il est blessé de vous trouver sourds à mon appel. Examinez-vous alors, puis jugez honnêtement et sincèrement, et prenez votre décision. Faites-le pour n’être pas des réprouvés. Dites : “ Maître, mes amis, je me rends compte que je ne suis pas fait pour suivre cette voie. Je vous donne un baiser d’adieu, et je vous dis : priez pour moi. ” Cela vaut mieux que de trahir. Cela vaut mieux…

Que dites-vous ? Trahir qui ? Qui ? Moi. Ma cause, c’est-à-dire la cause de Dieu – car je suis un avec le Père –. De plus, vous vous trahiriez aussi vous-mêmes. Vous trahiriez votre âme en la donnant à Satan. Vous voulez rester juifs ? Moi, je ne vous force pas à changer. Mais ne trahissez pas. Ne trahissez pas votre âme, le Christ et Dieu. Je vous jure que ni moi, ni ceux qui me sont fidèles ne vous critiquerons, ne vous désignerons au mépris des foules fidèles. Il y a peu de temps, un de vos frères a dit une grande parole : “ Nous cherchons à tenir cachées nos plaies et celles des proches que nous aimons. ” Or celui qui se séparerait serait comme une plaie, une gangrène survenue au sein de notre organisme apostolique. Il se détacherait à cause de sa gangrène inguérissable, laissant une cicatrice douloureuse que nous tiendrions cachée avec le plus grand soin.

98.9

Non, ne pleurez pas, vous les meilleurs. Ne pleurez pas. Je n’ai envers vous aucune rancœur et je ne suis pas irrité de vous voir si lents. Je viens de vous appeler et ne puis prétendre à ce que vous soyez déjà parfaits. Je ne le prétendrai même pas après des années, après vous avoir répété des centaines de fois les mêmes choses en vain. Au contraire, écoutez : dans plusieurs années vous serez moins ardents qu’à cette heure où vous êtes néophytes. La vie est ainsi faite… l’humanité également… On perd l’élan après le premier bond. Mais (Jésus s’est brusquement levé) je vous jure que, moi, je vaincrai. Purifiés par une sélection naturelle, fortifiés par un breuvage surnaturel, vous, les meilleurs, deviendrez mes héros, les héros du Christ, les héros du Ciel. La puissance des Césars sera poussière en comparaison de la royauté de votre sacerdoce. Vous, pauvres pêcheurs de Galilée, vous, juifs inconnus, vous, qui n’êtes que des numéros dans la masse des hommes qui vous entourent, vous serez plus connus, acclamés, respectés que des Césars et que tous les Césars que la terre a portés et portera. Vous serez connus, vous serez bénis dans un très proche avenir comme dans les siècles les plus reculés, jusqu’à la fin du monde.

98.10

C’est pour cette sublime destinée que je vous ai choisis. Vous qui avez une honnête volonté et qui avez la capacité de la suivre, je vous donne les lignes essentielles de votre caractère d’apôtres.

Soyez toujours vigilants et prêts. Ayez toujours la ceinture aux reins et vos lampes allumées, comme des gens qui doivent partir d’un moment à l’autre ou courir à la rencontre de quelqu’un qui arrive. En fait, vous êtes, vous serez jusqu’à ce que la mort vous arrête, d’inlassables pèlerins à la recherche de ceux qui errent ; et jusqu’à ce que la mort vous arrête, vous devez tenir votre lampe haute et allumée pour indiquer la route aux égarés qui viennent vers le bercail du Christ.

Vous devez être fidèles au Maître qui vous a préposés à ce service. Le serviteur que le maître trouvera toujours vigilant et que la mort surprend en état de grâce sera récompensé. Vous ne pouvez pas, vous ne devez pas dire : “ Je suis jeune, j’ai le temps de faire ceci et cela ; plus tard, je penserai au Maître, à la mort, à mon âme. ” Les jeunes meurent comme les vieux, les forts comme les faibles. Et les vieux comme les jeunes, les forts comme les faibles, sont également exposés à l’assaut de la tentation. Sachez que l’âme peut mourir avant le corps et que, sans le savoir, vous pouvez porter en votre sein une âme en putréfaction. C’est tellement insensible, la mort d’une âme ! C’est comme la mort d’une fleur. Sans un cri, sans convulsion… elle laisse baisser sa flamme comme une corolle flétrie et elle s’éteint. Après, longtemps après parfois, immédiatement pour un autre, le corps s’aperçoit qu’il porte en lui un cadavre plein de vers. Il devient fou d’épouvante et se tue pour échapper à cette union… Oh, il n’y échappe pas ! Il tombe, vraiment, avec son âme vermineuse sur un grouillement de serpents dans la géhenne.

Ne soyez pas malhonnêtes comme des courtiers ou des avocats qui ménagent deux clients ennemis. Ne soyez pas faux comme des politiciens qui appellent “ ami ” telle ou telle personne, pour s’en montrer ensuite l’ennemi. N’essayez pas de suivre deux manières de faire. On ne se moque pas de Dieu et on ne le trompe pas. Agissez avec les hommes comme vous agissez avec Dieu, car toute offense aux hommes est une offense à Dieu. Ayez le souci que Dieu vous voie tels que vous voulez être vus par les hommes.

98.11

Soyez humbles. Vous ne pouvez reprocher à votre Maître de ne pas l’être. Je vous donne l’exemple. Imitez-moi. Soyez humbles, doux, patients. C’est ainsi que l’on conquiert le monde, non par la violence et la force. Mais soyez forts et violents contre vos vices. Déracinez-les, même s’il vous faut déchirer votre cœur. Je vous ai dit, il y a quelques jours, de veiller sur vos regards. Mais vous ne savez pas le faire. Je vous l’affirme : mieux vaudrait devenir aveugles en vous arrachant des yeux pleins de convoitises, que de devenir luxurieux.

Soyez sincères. Je suis la Vérité. Dans ce qui est spirituel comme dans les réalités humaines. Je veux que vous soyez francs, vous aussi. Pourquoi user de tromperie avec moi, avec des frères, ou avec votre prochain ? Pourquoi s’amuser à tromper ? Quoi ? Orgueilleux comme vous l’êtes, n’avez-vous pas la fierté de dire : “ Je ne veux pas qu’on me découvre menteur ” ? Et soyez francs avec Dieu. Pensez-vous pouvoir le tromper par de longues prières en public ? Ah ! Mes pauvres fils ! Dieu voit le cœur !

Soyez discrets en faisant le bien, et même en faisant l’aumône. Un publicain a su l’être avant sa conversion. Et vous, vous ne sauriez pas l’être ? Oui, je te loue, Matthieu, de ta discrète offrande de chaque semaine que le Père et moi étions seuls à connaître, et je te cite en exemple. Cette réserve est aussi une forme de chasteté, mes amis. Ne découvrez pas votre bonté, comme vous ne découvririez pas une toute jeune fille aux yeux d’une foule. Soyez vierges quand vous faites le bien. Une bonne action est virginale quand elle ne s’allie pas à quelque arrière-pensée de louange ou d’estime, ou à des sentiments d’orgueil.

Soyez des époux fidèles à votre vocation à Dieu. Vous ne pouvez servir deux maîtres. Le lit nuptial ne peut accueillir deux épouses à la fois. Dieu et Satan ne peuvent se partager vos étreintes. L’homme ne peut pas – pas plus que Dieu ou Satan – partager une triple étreinte entre trois êtres en opposition l’un avec l’autre.

Opposez-vous au désir de l’or comme au désir de la chair, au désir charnel comme au désir de puissance. C’est ce que Satan vous offre. Ah ! Ses richesses trompeuses ! Honneurs, réussite, pouvoir, argent : ce sont autant de marchandises impures que vous achetez au prix de votre âme.

Contentez-vous de peu. Dieu vous procure le nécessaire. Cela suffit. Il vous le garantit, comme il le garantit à l’oiseau de l’air, et vous valez beaucoup plus que des oiseaux. Mais il attend de vous confiance et tempérance. Si vous avez confiance, lui ne vous décevra pas. Si vous êtes tempérants, son don quotidien vous suffira.

98.12

Ne soyez pas païens, tout en appartenant de nom à Dieu. Sont païens ceux qui préfèrent l’or et la puissance à Dieu, pour paraître des demi-dieux. Soyez saints et vous serez semblables à Dieu pour l’éternité.

Ne soyez pas intransigeants. Tous pécheurs, il vous faut vous comporter avec les autres comme vous voudriez que les autres se comportent avec vous : c’est-à-dire en étant compatissants et prêts à pardonner.

Ne jugez pas. Oh ! Ne jugez pas ! Cela fait peu de temps que vous êtes avec moi, et pourtant vous voyez combien de fois moi, qui suis innocent, j’ai été à tort mal jugé et accusé de péchés inexistants. Mal juger, c’est offenser. Or seul celui qui est vraiment saint ne répond pas à l’offense par l’offense. Abstenez-vous donc d’offenser pour n’être pas offensés. Vous ne manquerez ainsi ni à la charité, ni à la sainte, chère et douce humilité, cette ennemie de Satan avec la chasteté.

Pardonnez, pardonnez toujours. Dites : “ Je pardonne, Père, pour être pardonné par toi de mes péchés sans nombre. ”

Améliorez-vous sans cesse, avec patience, avec fermeté, héroïquement. Qui vous dit que devenir bon n’est pas pénible ? Je vous l’affirme même : c’est l’effort le plus difficile de tous. Mais le Ciel en est la récompense et il vaut la peine de s’épuiser dans cet effort.

98.13

Enfin, aimez. Ah ! Quels mots, quels mots dois-je trouver pour vous inculquer l’amour ? Aucun n’est capable de vous convertir à l’amour, pauvres hommes que Satan excite ! Alors voilà ce que je dis : “ Père, hâte l’heure de la purification. Cette terre est aride, et ce troupeau, ton troupeau, est malade. Mais il y a une rosée qui peut tout adoucir et purifier. Ouvre, ouvre la source de cette rosée. C’est moi que tu dois ouvrir, moi. Voici, Père. Je brûle d’accomplir ton désir qui est aussi le mien et celui de l’Amour éternel. Père, Père, Père ! Regarde ton Agneau et sois son sacrificateur. ” »

Jésus est réellement inspiré. Debout, les bras en croix, le visage tourné vers le ciel, il se détache avec son blanc vêtement de lin sur le fond bleu du lac comme un archange en prière.

Là dessus, la vision s’évanouit.

98.1

Jesus is with His thirteen disciples on the lake of Galilee. There are two boats with seven people in each. Jesus is in Peter’s, the first one, with Peter, Andrew, Simon, Joseph and His two cousins. In the other boat there are the two sons of Zebedee with Judas Iscariot, Philip, Thomas, Nathanael and Matthew.

The boats are sailing fast before a cool Boreas, which ripples the water very lightly and the ripple-marks are outlined by a thin veil of foam which resembles fine lace-work on the blue turquoise of the beautiful clear lake. The boats leave behind them two wakes, which meet almost immediately, thus forming a bright sparkling froth, most pleasant to be seen, as they sail in company, Peter’s boat being only a few yards ahead of the other one.

From boat to boat, only a few yards apart, the disciples exchange remarks and comments. I thus understand that the Galileans are illustrating and explaining to the Judaeans the various spots of the lake, their trades, the important people who live in the area, the distance from their starting point to the place of arrival, that is from Capernaum to Tiberias. The boats are not being used for fishing, they are only carrying passengers.

Jesus is sitting on the prow and is clearly enjoying the beauties of nature around Him, the quietness, the blue sky and lake, the latter encircled by green shores, where many white villages stand out against the green of the countryside. Almost lying on a bundle of sails, in the very front of the prow, He pays no attention to the conversation of the disciples, and often lowers His head looking at the sapphire mirror of the lake, as if He were studying its depth and were interested in the creatures living in the pellucid water. I wonder what He is thinking about… Peter speaks to Him twice to find out whether the sun is annoying Him — as it has already risen from the east and is shining full on the boat, and is already warm, although not hot; and the second time he asks Him if He wants some bread and cheese like the others. But Jesus does not want a tent or any bread. And Peter leaves Him alone.

98.2

A few small leisure boats, almost the size of a shallop, but fitted with purple canopies and soft cushions, cut across the course of the fishermen’s boats. Shouts, bursts of laughter and the smell of perfumes go by with them.

They are full of beautiful women, many merry Romans, some Palestinians and a few Greeks. This I gather from the words of a thin slender young man, as brown as an almost ripe olive, smartly dressed in a short red tunic, bordered by a heavy Greek fret and held tight at his waist by a belt, which is the masterpiece of a goldsmith. He says: «Hellas is beautiful! But not even my Olympic fatherland has this blue and these flowers. It is really not surprising that the goddesses left it to come here. Let us spread flowers, roses and our compliments to the goddesses, no longer Greek but Judaean…» And he spreads on the women in his boat the petals of magnificent roses and he throws some into a nearby boat.

A Roman replies to him: «Spread them, spread them, Greek! But Venus is with me. I do not spread roses, I pick them from this beautiful mouth. It is sweeter!» And he bends down to kiss the open smiling lips of Mary of Magdala, who is leaning on cushions with her blond head in the lap of the Roman.

By now the little boats are in front of the two big ones and both because of the inexperience of the rowers and because of a sudden gust of wind, the boats almost collide.

«Be careful, if your lives are dear to you» shouts Peter, who is wild when he veers, shifting the helm, to avert a collision. Insults from the men and shouts of fear from the women go from boat to boat.

The Romans insult the Galileans saying: «Get out of the way, you dirty Jewish dogs.»

Peter and the other Galileans do not let the insults pass and Peter in particular, flushing like a cockerel, standing on the edge of the boat, which is pitching heavily, with his hands on his hips, gives tit for tat and does not spare Romans or Greeks or Jews or Jewesses. In fact, he assails the women with such curteous titles that I prefer to omit. The squabble lasts until the tangle of keels and oars is loosed and they all go their own ways.

98.3

Jesus has not moved from His place. He has remained seated, His mind far away, without a glance or a word to the boats or the passengers. Leaning on one elbow, He has continued to look at the far away shore, as if nothing was happening. Also a flower is thrown at Him, I do not know by whom, certainly by a woman, because I can hear a woman laugh when it is being thrown. But He… does not stir. The flower almost hits His face, then falls on to the boards and ends up under the feet of the furious Peter.

When the little boats are about to move away, I see the Magdalene stand up and follow the indication of one of her partners in vice, that is, she turns her beautiful eyes towards the serene face of Jesus, Whose mind is so far away. How far from this world that face is!…

98.4

«Say, Simon!» asks Judas Iscariot. «Since you are a Judaean like me, tell me. That beautiful blonde in the Roman’s lap, the one who stood up a few minutes ago, isn’t she the sister of Lazarus of Bethany?»

«I don’t know» is the sharp reply of Simon the Cananean. «I came back amongst the living only a short while ago, and she is a young woman…»

«You are not going to tell me that you do not know Lazarus of Bethany, I hope! I know very well that you are his friend and that you have been there also with the Master.»

«And if it were so?»

«And since it is so, I say that you must know also the sinner who is Lazarus’ sister. Even the dead know her! People have been talking about her for the last ten years. She began to be light-headed as soon as she reached the age of puberty. But for over four years! You must be aware of the scandal, even if you were in the “valley of the dead”. The whole of Jerusalem talked about her. And Lazarus shut himself up at Bethany… He did the right thing, after all. No one would have set foot in his magnificent house in Zion, where she also came and went. I mean: no holy living person. In the country… well!… In any case she is always around, but never at home… She is certainly at Magdala now… With a new lover… Are you not answering me? Can you say that I am lying?»

«I am not saying that you are lying. I am silent.»

«So it is she! You have recognised her, too!»

«I saw her when she was a child and she was pure then. I have seen her again now… But I recognise her. Although lewd, she is the living image of her mother, a holy woman.»

«Well, then, why were you on the point of denying that she is your friend’s sister?»

«We always endeavour to conceal our sores and those of the people we love. Particularly when one is honest.»

Judas gives a forced laugh.

98.5

«You are quite right, Simon. And you are honest» remarks Peter.

«And did you recognise her? You certainly go to Magdala to sell your fish, and I wonder how many times you have seen her!…»

«My boy, you must know that when your back is broken after an honest day’s work, you are not interested in women. You only love the honest bed of your wife.»

«Eh! Everybody likes beautiful things! At least, if for no other reason than to look at them.»

«Why? To say: “It is no food for my table”? No, certainly not. I have learned many things from the lake and from my job, and this is one of them: a fish of fresh and calm water is not fit for salt water or a vorticose water course.»

«What do you mean?»

«I mean that everybody should stay in his place, to avoid dying an evil death.»

«Did the Magdalene make you feel as if you were dying?»

«No, I am tough. But tell me: are you not feeling well, perhaps?»

«Me? Oh! I didn’t even look at her!…»

«You liar! I am sure that you were consumed with envy because you were not on this boat, to be closer to her… you would have put up even with me, to be nearer… So much so, that you are honouring me with your conversation, because of her, after so many days of silence.»

«Me? She would not have even seen me! She was always looking at the Master!»

«Ah! Ah! Ah! And he says that he was not looking at her! How could you see where she was looking, if you did not look at her?»

They all laugh at Peter’s remark, except Judas, Jesus and Simon Zealot.

98.6

Jesus puts an end to the discussion which He feigns He has not heard by asking Peter: «Is that Tiberias?»

«Yes, Master, it is. I will now haul.»

«Wait. Can you stop in that quiet small bay? I would like to speak to you only.»

«I will measure the depth and let You know.» And Peter lowers a long pole into the water and moves slowly towards the shore. «Yes, I can, Master. Shall I go closer to the shore?»

«As far as you can. There is shade and solitude. I like it.»

Peter steers towards the shore. The land is about fifteen metres away, at the most. «I would now touch.»

«Stop. And you come as close as possible and listen.»

Jesus leaves His place and sits in the middle of the boat, on a plank placed from one side to the other. The other boat is in front of Him, while the disciples in His boat are sitting around Him.

«Listen. You may think that I do not pay attention to your conversation and that consequently I am a lazy teacher who does not look after his pupils. You must know that My soul does not leave you one moment. Have you ever seen a doctor who studies a patient affected by a disease not yet identified and presenting contrasting symptoms? He keeps an eye on him, after visiting him, he watches him both when he sleeps and is awake, in the morning and in the evening, when he speaks and when he is silent, because every symptom may help to identify the hidden disease and suggest a cure. I do the same with you. I hold you by means of invisible but most sensitive threads, which are grafted into Me, and they transmit even the lightest vibrations of your egos to Me. I allow you to believe that you are free, that you may reveal yourselves for what you are, which happens when a schoolboy or a maniac thinks he is not being watched by his overseer.

98.7

You are a group of people, but you form a nucleus, that is, one thing only. You are therefore a unit, which is formed as a body and which is to be studied in its individual features, which are more or less good, in order to shape it, amalgamate it, round it off, increase it in its polyhedric sides, and make it a perfect unit. That is why I study you. And I study you also when you are sleeping.

What are you? What are you to become? You are the salt of the earth. That is what you must become: the salt of the earth. With salt, meat is preserved from putrefaction and many other victuals as well. But if the salt were not salty, could it be used to salt? I want to salt the world with you, to have it seasoned with a celestial flavour. But how can you salt if you become tasteless?

What causes you to lose a celestial flavour? That which is human. Sea water, that is: the water of the real sea, is so salty that it is not good to drink, is it? And yet, if one takes a cup of sea water and pours it into an amphora of fresh water, then one can drink it, because the sea water is so diluted that it has lost its biting strength. Mankind is like fresh water mixed to your celestial saltness. Again, suppose we could take a little stream of water from the sea and get it to flow into this lake, would you be able to trace that tiny stream? No. It would have been lost in the fresh water. That is what happens to you when you immerse, or rather, you submerge your mission in so much humanity.

You are men. I know. And who am I? I am He Who has all possible strength. And what do I do? I communicate such strength to you after calling you. But what is the use of communicating it to you, if you dissipate it under avalanches of human influences and sentiments?

You are, you must be the light of the world. I chose you: I, the Light of God amongst men, that you may continue to illuminate the world, after I have gone back to the Father. But can you illuminate if you are smoky lamps which have gone out? No. On the contrary, with your smoke — an ambiguous smoke is worse than a completely extinguished wick — you would darken the dim light that the hearts of men may still have.

Oh! Miserable are those who will apply to the apostles seeking God, and instead of light will receive smoke! It will be scandal and death for them. But the unworthy apostle will be cursed and punished.

98.8

Your destiny is a great one! And a great tremendous commitment as well! But remember that he who has been given more, is obliged to give more. And you have been given the most, both in the way of education and of gifts. You are educated by Me, the Word of God, and you receive from God the gift of being “the disciples”, that is, the continuators of the Son of God.

I would like you to meditate upon your election, to examine yourselves thoroughly, to weigh yourselves… and if anyone feels that he is suitable only to be a believer — I will not even say: if anyone feels he is but an unrepentant sinner; I only say: if any one feels that he is suitable only to be a believer — but does not feel the strength of an apostle, let him withdraw.

The world is large, beautiful, sufficient, varied enough for those who love it! It offers all the flowers and all the fruit suitable for the stomach and the senses. I offer but one thing: holiness. And on the earth it is the meanest, the poorest, the roughest, the thorniest and the most persecuted thing that exists. In Heaven its meanness is changed into immensity, its poverty into riches, its thorniness into a flowery carpet, its hardness into a smooth pleasant path, its persecution into peace and beatitude. But here it is a hero’s labour to be a saint. That is all I can offer.

Are you willing to remain with Me? Do you not feel like staying? Oh! Do not be amazed or sorry. You will hear Me ask you this question many times. And when you hear it, please think that My heart weeps asking it, because it is wounded by your insensibility to your vocation. So examine your own consciences, then judge with honesty and sincerity, and then make up your minds. Make up your minds, so that you may not become reprobates. Say “Master, friends, I realise that I am not made for this life. I kiss you goodbye and I say to you: pray for me”.

Better so than to betray. Better so… What do you say? Betray whom? Whom? Me. My cause, which is the cause of God, because I am one thing with the Father. And yourselves, yes, you would betray yourselves, you would betray your souls, giving them away to Satan. Do you wish to remain Jews? I will not force you to change. But do not betray. Do not betray your souls, Christ and God. I swear that neither I, nor those faithful to Me will criticise you, neither will they have you despised by the faithful crowd. A short while ago one of your brothers said a great word: “We always endeavour to conceal our sores and those of the people we love”. And he who would go away, would be a sore, a cancer, which after growing in our apostolic body, would come off, because of its total gangrene, leaving a painful mark which we would carefully keep hidden.

98.9

No, do not cry, you who are the better ones. Do not cry. I bear you no grudge, neither am I intolerant seeing you so slow. You have just been chosen and I cannot expect you to be perfect. I will not even demand it after some years, after repeating one hundred or two hundred times the same things in vain. In fact, listen: in a few years’ time you will be less fervent than now, that you are neophytes. Such is life… such is mankind… You lose impetus after the first leap. But (Jesus springs to His feet) I swear to you that I will win. Purified by natural selection, fortified by a supernatural mixture, you, better ones, will become My heroes. The heroes of Christ. The heroes of Heaven. The power of the Caesars will be like dust as compared to the regality of your priesthood. You, poor fishermen of Galilee, you, unknown Judaeans, you, mere numbers in the mass of present men, will become more famous, more acclaimed, more venerated than Caesar, and than all the Caesars the world ever had or will have. You will be known and blessed in the near future and in the most remote centuries, until the end of the world.

98.10

I appoint you to such sublime destiny, because you are honestly. willing. And I will outline the essential features of the apostolic character, so that you may be fit for your destiny.

Be always vigilant and ready. Your loins should be always girded up, and your lamps always lit, as if you were to leave any moment or to run to meet someone who is arriving. You are in fact, and will be until your death, the indefatigable pilgrims looking for wanderers; and until death puts them out, your lamps are to be held high up and lit to show the way to misguided souls coming towards the fold of Christ.

You are to be faithful to the Master Who appointed you to such service. That servant will be rewarded whom the master always finds vigilant and upon whom death comes in the state of grace. You cannot and must not say: “I am young, I have time for this and for that, and then I will think about my Master, my death, my soul Young people die like old ones, and strong men like weak ones. And old and young, strong and weak are equally subjected to the assaults of temptation. Be careful, because the soul can die before the body and you may unknowingly carry around a putrid soul. The dying of a soul is so imperceptible! Like the death of a flower. Not a cry, not a convulsion… it inclines its flame like a tired corolla, and goes out. Later, sometimes after a long time, sometimes immediately after, the body realises it is carrying a verminous corpse within itself, it becomes mad with fear and commits suicide to avoid such union… Oh! it does not avoid it! It falls onto a swarm of snakes in Gehenna with its very verminous soul.

Do not be dishonest like brokers or pettifoggers who side with two opposite customers, do not be as false as politicians, who call this man and that man a “friend”, whereas they are enemies to both of them. Do not act in two different ways. You cannot laugh at God or deceive Him. Behave with men as you do with God, because an insult to man is an insult to God. Let God see you as you wish to be seen by men.

98.11

Be humble. You cannot reproach your Master for not being so. I set the example. Do as I do. Be humble, gentle, patient. That is how the world is conquered. Not by violence or force. Be strong and violent against your vices. Extirpate them, at the cost of breaking your hearts. Some days ago I told you to watch over your eyes. But you do not know how to do it. I tell you: it would be better to become blind by pulling out covetous eyes, rather than become lustful.

Be sincere. I am the Truth: both in sublime and human things. I want you to be genuine, too. Why be deceitful with Me, or your brothers, or your neighbour? Why cheat people? Proud as you are, why do you not say: “I do not want people to find out that I am a liar”? And be sincere with God. Do you think you can deceive Him with long manifest prayers? Oh! poor children! God sees into your hearts!

Be chaste in doing good. Also in giving alms. An exciseman knew how to be so before his conversion. And are you not capable? Yes, I am praising you, Matthew, for your chaste weekly offer, which only the Father and I knew was yours and I am quoting you as an example. Also that is a form of chastity, My friends. Do not disclose your goodness as you would not undress a young daughter before a crowd of people. Be virgins in doing good. A good act is virgin when it is free from any connection with thoughts of pride and praise, or from incentives of pride.

Be faithful to your vocation to God. You cannot serve two masters. A nuptial bed cannot hold two brides at the same time. God and Satan cannot share your embraces. Man cannot, neither can God nor Satan, share a treble embrace contrasting with the three embracing one another. Be averse to the lust for gold as well as to the lust for the flesh, to the lust for the flesh as to the lust for power. That is what Satan offers you. Oh! his deceitful riches! Honour, success, power, wealth: obscene markets where your souls are the legal currency. Be satisfied with little. God gives you what is necessary. It is enough. He guarantees that for you as He does for the birds of the air, and you are worth much more than birds. But He wants reliance and moderation from you. If you rely on Him, He will not disappoint you. If you are moderate, His daily gift will be sufficient for you.

98.12

Do not be heathens, by being of God only by name. Those are heathens who love gold and power, to appear as demigods, more than they love God. Be holy and you will be like God in eternity.

Do not be intolerant. Since you are all sinners, behave to others as you would like others to behave to you: that is, with mercy and forgiveness.

Do not judge. Oh! do not judge! You have only been with Me for a short time, and yet you have seen how many times I, although innocent, have been wrongly judged and accused of non-existent sins. A bad judgement is an insult. And only true saints do not pay back in the offender’s coin. Refrain therefore from offending so that you may not be offended. Thus you will not fail in your duties either to charity, or to holy, dear, kind humbleness, which is Satan’s enemy, together with chastity. Forgive, always forgive. Say: “I forgive, Father, that I may be forgiven by You of my numberless sins”.

Improve hourly, with patience, perseverance, heroism. Who told you that it is not painful to become good? On the contrary, I tell you: it is the greatest labour. But the reward is Heaven and it is therefore worthwhile getting exhausted in such labour.

98.13

And love. Oh! What words shall I use to persuade you to love? None is suitable to convert you to love, poor men, instigated by Satan! So I say: “Father, hasten the hour of purification. This land and this flock of Yours are dry and diseased. But there is a dew that can cleanse and soothe them. Open its fountain. Open Me, Father. Here I am burning with the desire to fulfil Your will, which is also Mine and of the Eternal Love. Father, Father. Father! Look at Your Lamb and be Its Sacrificer”.»

Jesus is really inspired. Standing, His arms stretched out in the shape of a cross, His face raised towards the sky, in His linen tunic and with the blue lake behind Him, He seems a praying archangel.

The vision ends on this gesture of His.