The Writings of Maria Valtorta

112. Judas surpris à Jéricho.

112. Judas Iscariot surprised in Jericho.

112.1

La place du marché de Jéricho, avec ses arbres et les cris des vendeurs. Dans un coin, le gabelou Zachée occupé à ses… extorsions légales et illégales. Il doit aussi acheter et vendre des objets de valeur, car je le vois peser et expertiser des colliers et autres bijoux de métal précieux. Je ne sais si on les lui a remis à cause de quelque impossibilité de payer les taxes en espèces, ou si on les a vendus pour d’autres besoins.

C’est maintenant le tour d’une femme, élancée, toute revêtue d’un manteau de couleur entre rouille et gris-brun. Son visage est couvert d’un voile très fin de soie jaunâtre qui ne permet pas de l’identifier. On ne se rend compte que de la sveltesse du corps, qu’on devine malgré cet accoutrement de toile bise qui l’enveloppe. Elle doit être jeune, du moins à en juger par le peu qu’on en voit : une main qui sort un moment du manteau et présente un bracelet d’or, et des pieds chaussés de sandales pas tellement simples, mais déjà pourvues d’une empeigne et d’un entrelacement de courroies qui laissent voir des orteils lisses et jeunes, et une partie de la cheville fine et très blanche. Elle tend son bracelet sans mot dire, reçoit l’argent sans discuter et se retourne pour s’en aller.

Je m’aperçois maintenant que, derrière elle, Judas l’observe attentivement et, au moment où elle s’en va, il lui dit quelque chose que je ne comprends pas bien. Mais elle, comme si elle était muette, ne répond pas et s’éloigne vivement ainsi fagotée.

Judas interroge Zachée :

« Qui est-elle ?

– Je ne demande pas leur nom à mes clients, surtout quand ils sont gentils comme celle-là.

– Jeune, n’est-ce pas ?

– On le dirait.

– Mais est-elle juive ?

– Qui peut le savoir ? ! On trouve de l’or jaune dans tous les pays.

– Fais-moi voir ce bracelet.

– Tu veux l’acheter ?

– Non.

– Alors, pas question. Qu’est-ce que tu crois ? Qu’on va parler à sa place ?

– Je voulais voir si je pouvais deviner qui elle est …

– Cela t’inquiète tellement ? Es-tu nécromancien pour le deviner ou chien policier que conduit son flair ? Va, sois tranquille. Ainsi attifée, soit elle est honnête et malheureuse, soit elle est lépreuse. Donc… pas question.

– Je n’ai pas envie de femme, répond Judas d’un air méprisant.

– Possible… mais avec ce visage, j’y crois peu. C’est bien. Si tu ne veux rien d’autre, cède la place. J’ai d’autres clients à servir. »

Contrarié, Judas s’éloigne et demande à un marchand de pain et à un marchand de fruits s’ils connaissent la femme qui vient de leur acheter du pain et des pommes, et s’ils savent où elle habite. Mais ils l’ignorent. Ils répondent :

« Elle vient depuis quelque temps, tous les deux ou trois jours. Mais d’où elle est, nous ne le savons pas.

– Mais comment parle-t-elle ? » insiste Judas.

Les deux hommes rient et l’un répond :

« Avec la langue. »

Judas les injurie et s’en va…

112.2

pour tomber juste au milieu du groupe de Jésus et de ses disciples qui viennent acheter du pain et de quoi le garnir pour leur repas du jour. La surprise est réciproque… et guère enthousiaste. Jésus se contente de lui dire : « Tu es ici ? » et pendant que Judas bredouille quelque chose, Pierre éclate de rire bruyamment :

« Eh bien, je suis aveugle et incrédule : je ne vois pas les vignes et je ne crois pas au miracle.

– Mais que dis-tu ? demandent deux ou trois disciples.

– Je dis la vérité. Ici, il n’y a pas de vignes. Et je ne puis croire que Judas ici, dans cette poussière, fasse la vendange par le seul fait qu’il est disciple du Rabbi.

– La vendange est finie depuis quelque temps, répond sèchement Judas.

– Et Kérioth est bien loin d’ici, achève Pierre.

– Tu m’attaques tout à coup. Tu m’en veux.

– Non. Je suis moins niais que tu ne le souhaiterais.

– Assez ! » interrompt Jésus.

Mais il est sévère. Il se tourne vers Judas :

« Je ne pensais pas te voir ici. Je te croyais plutôt à Jérusalem pour la fête des Tentes.

– J’y vais demain. J’étais ici pour attendre un ami de la famille qui…

– Je t’en prie : cela suffit.

– Tu ne me crois pas, Maître ? Je te jure que moi…

– Je ne t’ai rien demandé et je te prie de ne rien me dire. Tu es ici. Ça suffit. Comptes-tu venir avec nous ou as-tu encore des affaires à régler ? Réponds simplement.

– Non… j’ai fini, d’autant plus que mon ami n’arrive pas et je vais pour la fête à Jérusalem. Et toi, où vas-tu ?

– A Jérusalem.

– Aujourd’hui même ?

– Ce soir, je serai à Béthanie.

– Chez Lazare ?

– Chez Lazare.

– Dans ce cas, j’y vais moi aussi.

– Oui, tu viens jusqu’à Béthanie. Ensuite André, accompagné de Jacques, fils de Zébédée, et de Thomas iront à Get Semni faire les préparatifs et nous attendre tous, et toi, tu iras avec eux. »

Jésus martèle tellement ces mots que Judas ne réagit pas.

« Et nous ? demande Pierre.

– Toi, avec mes cousins et Matthieu, vous irez où je vous enverrai pour revenir le soir. Jean, Barthélemy, Simon et Philippe resteront avec moi, c’est-à-dire qu’ils iront à Béthanie annoncer que le Rabbi est venu et leur parlera à la neuvième heure. »

112.3

Ils avancent vite au milieu des champs dénudés. Il y a de l’orage, pas dans le ciel qui est serein, mais dans les cœurs. Tous s’en rendent compte et marchent en silence.

Par cette route de Jéricho à Béthanie, la maison de Lazare, où ils arrivent, est l’une des premières du village. Jésus congédie le groupe qui doit aller à Jérusalem, puis l’autre qu’il envoie vers Bethléem en disant :

« Allez-y sans inquiétude. Vous trouverez à mi-chemin Isaac, Elie et les autres. Dites-leur que je serai à Jérusalem pour plusieurs jours et que je les attends pour les bénir. »

En attendant, Simon a sonné à la grille et s’est fait ouvrir. Les serviteurs vont prévenir et Lazare accourt. Judas, qui s’était déjà éloigné de quelques mètres, revient en arrière et dit à Jésus, en guise d’excuse :

« Je t’ai déplu, Maître. Je l’ai compris. Pardonne-moi », mais tout en le disant, il jette un coup œil furtif par la porte ouverte, du côté du jardin et de la maison.

« Oui. Ça va bien. Va, va. Ne fais pas attendre tes compagnons. »

Judas n’a plus qu’à s’en aller. Pierre murmure :

« Il espérait qu’il y aurait un changement d’ordre.

– Cela, jamais, Pierre. Je sais ce que je fais. Mais toi, sois gentil pour cet homme-là…

– J’essaierai. Mais je ne te promets rien… Adieu, Maître. Viens, Matthieu, et vous deux aussi. Dépêchons-nous.

– Que ma paix soit toujours avec vous. »

112.4

Jésus entre avec les quatre disciples qui sont restés et, après avoir embrassé Lazare, il lui présente Jean, Philippe et Barthélemy, puis il les congédie et reste seul avec Lazare.

Ils se dirigent vers la maison. Cette fois, sous le beau portique, il y a une femme. C’est Marthe. Assez grande, mais moins que sa sœur, brune et mate alors que l’autre est blonde et rose, c’est une belle jeune fille, aux formes harmonieuses. Ses cheveux sont couleur de jais, au-dessus d’un front légèrement brun et lisse. Ses yeux, qui respirent la douceur, sont noirs, grands, veloutés, encadrés par des cils foncés. Le nez est légèrement aquilin et la bouche vermeille tranche sur la couleur brune des joues. Elle sourit en montrant de belles dents très blanches.

Son habit de laine est bleu foncé avec des galons rouges et vert foncé au cou et au bout des manches larges, qui s’arrêtent au coude et d’où sortent d’autres manches d’un lin très fin et blanc, serrées au poignet par un petit cordon qui les plisse. En haut de la poitrine aussi, à la base du cou, ressort cette chemisette très fine et blanche que serre un cordon. Sa ceinture est une écharpe bleue, rouge et verte, faite d’une étoffe très fine qui serre le haut des hanches et retombe, avec un nœud de franges, du côté gauche. C’est un vêtement riche et chaste.

« J’ai une sœur, Maître. La voilà : c’est Marthe. Elle est bonne et pieuse. Elle fait le réconfort et l’honneur de la famille, ainsi que la joie du pauvre Lazare. Auparavant, elle était ma première et unique joie. Maintenant, elle est la seconde, car la première, c’est toi. »

Marthe se prosterne à terre et baise le bord du vêtement de Jésus.

« Paix à cette excellente sœur et à cette femme chaste. Relève-toi. »

Marthe se lève et entre dans la maison avec Jésus et Lazare. Puis elle s’excuse de s’absenter pour les besoins de la maison.

« Elle est ma paix… », murmure Lazare, en scrutant Jésus des yeux. Mais Jésus ne semble pas s’en apercevoir.

112.5

Lazare demande :

« Et Jonas ?

– Il est mort.

– Mort ? Dans ce cas…

– Je l’ai eu à la fin de sa vie. Mais il est mort libre et heureux, chez moi à Nazareth, entre ma Mère et moi.

– Doras l’a usé avant de te le donner !

– Il est mort de fatigue, oui, mais aussi sous les coups qu’il a reçus.

– C’est un démon, et il te hait. Cette hyène déteste le monde entier… Il ne t’a pas dit qu’il te hait… ?

– Il me l’a dit.

– Méfie-toi de lui, Jésus. Il est capable de tout. Seigneur… que t’a dit Doras ? Ne t’a-t-il pas conseillé de me fuir ? Ne t’a-t-il pas montré le pauvre Lazare sous un jour ignominieux ?

– Je crois que tu me connais suffisamment pour comprendre que je juge par moi-même et avec justice. Quand j’aime, j’aime sans me demander si cet amour peut me servir ou me desservir aux yeux du monde.

– Mais cet homme est féroce et atroce quand il blesse et tâche de nuire… Il m’a tourmenté encore ces jours passés. Il est venu ici et m’a dit… Ah ! Alors que j’ai déjà tant de soucis ! Pourquoi vouloir t’enlever à moi, toi aussi ?

– Je suis le réconfort des tourmentés et le compagnon des abandonnés. C’est pour cela aussi que je suis venu à toi.

– Oh ! Alors tu sais ?… Ah, ma honte !

– Non. Pourquoi ta honte ? Je sais. Eh quoi ? Prononcerai-je l’anathème sur toi qui souffres ? Je suis miséricorde, paix, pardon, amour pour tous ; et que sera-ce pour les innocents ? Tu n’es pas responsable du péché qui te fait souffrir. Devrais-je m’acharner sur toi, alors que j’ai pitié d’elle aussi ?…

– Tu l’as vue ?

– Je l’ai vue. Ne pleure pas. »

Mais Lazare a laissé retomber sa tête sur ses bras croisés sur la table. Il pleure et sanglote douloureusement.

Marthe s’avance et regarde. Jésus lui fait signe de garder le silence. Elle s’éloigne alors avec des larmes qui coulent silencieusement. Lazare se calme peu à peu et a honte de sa faiblesse. Jésus le réconforte et, comme son ami désire rester seul un instant, il sort dans le jardin et se promène dans les parterres où quelques roses pourpres résistent encore.

112.6

Marthe le rejoint peu après.

« Maître… Lazare t’a parlé ?

– Oui, Marthe.

– Lazare n’a plus de paix depuis qu’il sait que tu sais et que tu l’as vue…

– Comment le sait-il ?

– D’abord cet homme qui était avec toi et qui prétend être ton disciple : cet homme jeune, grand, brun et sans barbe… puis Doras. Ce dernier nous a fustigés de son mépris, et l’autre a seulement dit que vous l’aviez vue sur le lac… avec ses amants…

– Mais ne pleurez pas pour cela ! Croyez-vous que j’ignorais votre blessure ? Je la connaissais déjà quand j’étais auprès du Père… Ne te laisse pas abattre, Marthe. Relève ton cœur et ton front.

– Prie pour elle, Maître. Moi, je prie… mais je n’arrive pas à pardonner complètement, et peut-être l’Eternel repousse-t-il ma prière.

– Tu as raison : il faut pardonner pour être pardonné et écouté. Je prie déjà pour elle. Mais donne-moi ton pardon et celui de Lazare. Toi, par ta fraternelle bonté, tu peux parler et obtenir encore plus que moi. Sa blessure est trop ouverte et brûlante pour que même ma main l’effleure. Toi, tu peux le faire. Donnez-moi votre pardon plénier, saint et, moi, j’agirai…

– Pardonner… Nous ne le pourrons pas. Notre mère est morte de douleur à cause de sa mauvaise conduite… et ce n’était encore que peu de chose au regard de sa conduite actuelle. Je vois les tortures de notre mère… elles sont toujours présentes à mon esprit. Et je vois ce que souffre Lazare.

– C’est une malade, Marthe, une folle. Pardonnez-lui.

– Elle est possédée du démon, Maître.

– Qu’est-ce que la possession diabolique, sinon une maladie de l’âme contaminée par Satan, dénaturée au point d’en faire un être spirituel diabolique ? Comment expliquer autrement certaines perversions humaines ? Ces perversions rendent l’homme pire que les fauves pour ce qui est de la férocité, plus libidineux que les singes quant à la luxure, et ainsi de suite, pour en faire un être hybride où se fondent l’homme, l’animal et le démon. Voilà l’explication de ce qui étonne comme une monstruosité qui passe pour inexplicable chez tant de personnes. Ne pleure pas. Pardonne. Moi, je vois. C’est que j’ai une vue qui dépasse celle de l’œil et du cœur : j’ai la vue de Dieu. Je vois. Je te le dis : pardonne parce qu’elle est malade.

– Guéris-la, alors !

– Je la guérirai. Aie foi. Je te donnerai cette joie. Mais toi, pardonne et dis à Lazare de pardonner lui aussi. Pardonne. Aime-la encore. Rapproche-toi d’elle. Parle-lui comme si elle était comme toi. Parle-lui de moi…

– Comment veux-tu qu’elle te comprenne, toi qui es le Saint ?

– Elle paraîtra ne pas comprendre, mais déjà mon seul nom est salut. Fais qu’elle pense à moi et dise mon nom. Ah ! Satan s’enfuit quand la pensée de mon nom arrive dans un cœur. Souris, Marthe, à cette espérance. Regarde cette rose. La pluie des jours derniers l’avait abîmée, mais regarde : le soleil d’aujourd’hui l’a épanouie, et elle est encore plus belle car les gouttes de pluie qui restent entre ses pétales lui créent une parure de diamants. Il en sera ainsi de votre maison… Larmes et douleur maintenant, puis… joie et gloire. Va. Parles-en à Lazare, pendant que moi, dans la paix de ton jardin, je prie le Père pour Marie et pour vous… »

Tout se termine ainsi.

112.1

I see the market square in Jericho, its trees and shouting vendors. In a corner there is Zacchaeus, the tax-collector, intent on his legal and illegal extortions. He must deal also in jewelry because I see him weighing and appraising jewels and valuables. I do not know whether they are given to him as payment of taxes, instead of money, or whether they are sold for other necessities.

It is now the turn of a slender woman, who is completely clad in a huge rust-grey mantle. Also her face is covered with yellowish closely woven byssus which prevents her face from being seen. One can only see the slimness of her figure which is visible notwithstanding the huge greyish cloak that envelops her. She must be young, at least according to the little that can be seen, that is, one hand which for a moment she takes out of her mantle to hand over a gold bracelet, and her feet, shod in rather sophisticated sandals, fitted with uppers and interlacing leather straps, so that only her smooth juvenile toes and part of her slim white ankles are visible. She gives her bracelet without saying one word, takes the money without any objection and turns round to go away.

I now notice that behind her there is the Iscariot, who watches her carefully and when she is about to go away, he says a word to her, which I do not catch. But she does not reply, as if she were dumb, and she hastens away in her mass of clothes.

Judas asks Zacchaeus: «Who is she?»

«I do not ask my customers their names, especially when they are as kind as she is.»

«Young, isn’t she?»

«Apparently.»

«Is she Judaean?»

«Who knows?! Gold is yellow in all countries.»

«Show me that bracelet.»

«Do you want to buy it?»

«No.»

«Well, nothing to be done. What do you think? That it will start talking in her place?»

«I wanted to see if I could find out who she is…»

«Are you so interested? Are you a necromancer who divines, or a bloodhound that scents? Go away, forget her. If she is like that, she is either honest and unhappy or she is a leper. Therefore… nothing to be done.»

«I am not craving for a woman» replies Judas contemptuously.

«May be… but by the looks of your face I can hardly believe it. Well, if you do not want anything else, please step aside. I have other people to attend to.»

Judas goes away angrily and asks a bread vendor and a fruit seller whether they know the woman who had just bought some bread and apples from them, and whether they know where she lives.

They do not know. They reply: «She has been coming here for some time, every two or three days. But we do not know where she lives.»

«But how does she speak?» insists Judas.

The two laugh and reply: «With her tongue.»

112.2

Judas abuses them and goes away… and runs into the group of Jesus and His disciples, who are coming to buy some bread and food for their daily meal. The surprise is mutual and… not very enthusiastic.

Jesus says only: «You are here?» and while Judas mumbles something, Peter breaks into a loud laugh and says: «Here, I am blind and a misbeliever. I cannot see the vineyards. And I don’t believe in the miracle…»

«What are you saying?» ask two or three disciples.

«I am speaking the truth. There are no vineyards here. And I cannot believe that Judas, in all this dust, can gather grapes simply because he is a disciple of the Rabbi.»

«Vintage finished a long time ago» replies Judas harshly.

«And Kerioth is many miles away» concludes Peter.

«You are attacking me at once. You are hostile to me.»

«No. I am not such a fool as you think.»

«That is enough» commands Jesus. He is severe. He addresses Judas: «I was not expecting to see you here. I thought you would be in Jerusalem for the Tabernacles.»

«I am going there tomorrow. I have been waiting here for a friend of our family, who…»

«Please, that is enough.»

«Do You not believe me, Master? I swear…»

«I did not ask you anything, and please do not say anything. You are here. That is enough. Are you thinking of coming with us or have you still got business to attend to? Answer frankly.»

«No… I have finished. In any case that fellow is not coming and I am going to Jerusalem for the Feast. And where are You going?»

«To Jerusalem.»

«Today?»

«I will be at Bethany this evening.»

«At Lazarus’ house?»

«Yes, at Lazarus’.»

«Well, I will come too.»

«Yes, come as far as Bethany. Then Andrew with James of Zebedee and Thomas will go to Gethsemane to make preparations and wait for us all, and you will go with them.» Jesus emphasises the last words in such a way that Judas does not react.

«And what about us?» asks Peter.

«You will go with My cousins and Matthew where I will send you and will come back in the evening. John, Simon, Bartholomew and Philip will stay with Me, that is, they will go and announce in Bethany that the Rabbi has come and will speak to the people at the ninth hour.»

112.3

They walk quickly across the barren countryside. There is an impending storm, not in the clear sky, but in their hearts, they are all conscious of it, and they proceed silently.

When they reach Bethany, and coming from Jericho, Lazarus’ house is one of the first to be met. Jesus dismisses the group that is to go to Jerusalem and then the other one which He sends towards Bethlehem saying: «Go and do not worry. Half way you will find Isaac, Elias, and the others. Tell them that I will be in Jerusalem for many days and I expect them to bless them.»

In the meantime Simon has knocked at the door and had it opened. The servants inform Lazarus who comes at once.

Judas Iscariot, who had gone a few yards ahead, comes back with the excuse of saying to Jesus: «I have displeased You, Master. I realise this. Forgive me» and at the same time through the open gate he casts sidelong glances at the garden and at the house.

«Yes. It is all right. Go. Do not keep your companions waiting.»

And Judas must go.

Peter whispers: «He was hoping there might be a change in the instructions.»

«Never, Peter. I know what I am doing. But bear with that man…»

«I will try. But I cannot promise… Goodbye, Master. Come, Matthew and you two. Quick.»

«My peace be always with you.»

112.4

Jesus enters with the remaining four and after kissing Lazarus He introduces John, Philip and Bartholomew, and then dismisses them and remains alone with Lazarus.

They go towards the house. This time, under the beautiful porch there is a woman. She is Martha. She is swarthy and tall, although not quite so tall as her sister, who is fair-haired and rosy; but she is a beautiful young woman with a balanced and well shaped plump body, a little dark head, a smooth brown forehead. Her eyes are kind, mild, dark long-shaped and as soft as velvet, between her dark eyelashes. Her nose is slightly turned down and her small lips are very red against her dark cheeks. She smiles showing strong snow-white teeth.

She is wearing a dark blue woollen dress with red and dark green galloons round the neck and at the end of her wide short sleeves, from which two other sleeves unfold, of very fine white linen, tied and pleated at the wrists by a little cord. Her very fine white blouse shows also at the top of her breast, round the lower part of her neck where it is held tight by a cord. As a belt she is wearing a scarf of blue, red and green, of a fine cloth which is tied round the upper part of her hips and hangs down her left side in a tuft of fringes. A rich and chaste dress.

«I have a sister, Master. Here she is, Martha, she is good and pious. She is the consolation and the honour of the family and the joy of poor Lazarus. Before she was my first and only joy. Now she is the second, because You are the first.»

Martha bends down on the floor and kisses the hem of Jesus’ tunic.

«Peace to the good sister and to the chaste woman. Stand up.»

Martha rises to her feet and goes into the house with Jesus and Lazarus. She then asks to leave to attend to the house.

«She is my peace…» whispers Lazarus, and he looks at Jesus. An inquisitive look. But Jesus pretends He does not see it.

112.5

Lazarus asks: «And Jonah?»

«He is dead.»

«Dead? Then…»

«I got him when he was dying. But he died a free man and happy in My house, at Nazareth, between Me and My Mother.»

«Doras practically killed him before handing him over!»

«Yes, with fatigue and also with blows.»

«He is a devil and hates You. That hyena hates the whole world… Did he not tell You that he hates You?»

«Yes, he did.»

«Distrust him, Jesus. He is capable of anything, Lord… what did Doras tell You? Did he not tell You to shun me? Did he not place poor Lazarus in a disgraceful light?»

«I think that you know Me well enough to understand that I judge for Myself and according to justice, and that when I love, I love without considering whether such love may procure Me good or evil according to the views of the world.»

«But that man is cruel and he injures and hurts severely… He tormented me also some days ago. He came here and he told me… Oh! I am so vexed already! Why does he want to take You away from me?»

«I am the solace of those who are tormented and the companion of those who are forlorn. I have come to you also for that.»

«Ah! Then You know?… Oh! shame on me!»

«No. Why on you? I know. So what? Shall I anathematise you, who are suffering? I am Mercy, Peace, Forgiveness, Love for everybody; and what shall I be for those who are innocent? The sin for which you suffer is not yours. Shall I be pitiless towards you if I feel pity also for her?…»

«Have You seen her?»

«I have. Do not cry.»

But Lazarus, his head resting on his folded arms on a table, is weeping, sobbing painfully.

Martha appears at the door and looks in. Jesus nods to her to be silent. And Martha goes away with big tears running silently down her cheeks.

Lazarus calms down little by little and apologises for his weakness. Jesus comforts him and since His friend wishes to withdraw for a moment, He goes out into the garden and walks among the flower-beds, where some purple roses are still in bloom.

112.6

Martha joins Him shortly afterwards. «Master, has Lazarus spoken to You?»

«Yes, Martha, he has.»

«Lazarus cannot set his mind at rest since he is aware that You know and that You have seen her…»

«How does he know?»

«First, that man who was with You and says he is Your disciple: the young one, tall, swarthy, clean-shaven… then Doras. The latter lashed You with his contempt, the former only said that You had seen her on the lake… with her lovers…»

«Do not cry for that! Do you think that I am unacquainted with your wound? I was aware of it since I was with the Father… Do not lose heart, Martha. Raise your heart and your head.»

«Pray for her, Master. I pray… but I cannot forgive completely and perhaps the Eternal Father rejects my prayer.»

«You are right: you must forgive to be forgiven and heard. I already pray for her. But give Me your forgiveness and Lazarus’. You, a good sister, can speak and achieve even more than I can. His wound is too fresh and sore for My hand to touch it even lightly. You can do it. Give Me your full holy forgiveness, and I will.»

«Forgive… We will not be able. Our mother died of grief through her ill deeds and… they were still slight compared with the present ones. I see my mother’s torture… it is always present in me. And I see what Lazarus is suffering.»

«She is ill, Martha, and insane. Forgive her.»

«She is possessed, Master.»

«And what is diabolic possession but a disease of the spirit infected by Satan to the extent of degenerating into a spiritual diabolic being? How can certain perversions in human beings be explained otherwise? Perversions that make man much worse than beasts in ferocity, more lewd than monkeys in lust, and so on, and make a hybrid, in which man, animal and demon are mingled. That is the explanation of what amazes us as an inexplicable monstrosity in so many creatures. Do not weep. Forgive. I see. Because My sight is sharper than the sight of the eye or of the heart. I see God. I see. I tell you: forgive, because she is ill.»

«Cure her, then!»

«I will cure her. Have faith. I will make you happy. But forgive and tell Lazarus to forgive. Forgive her. Love her. Be on familiar terms with her. Speak to her as if she were like you. Speak to her of Me…»

«How do You expect her to understand You, the Holy One?»

«She may not seem to understand. But My Name, even by Itself, is salvation. Get her to think of Me and to mention My Name. Oh! Satan runs away when a heart thinks of My Name. Smile, Martha, at this hope. Look at this rose. The rain of the past days had spoiled it, but look, the sun today has opened it, and it is even more beautiful because the drops of rain on the petals adorn it with diamonds. Your house will be like that… Tears and sorrow, now, and later… joy and glory. Go! Tell Lazarus, while I, in the peace of your garden, will pray the Father for Mary and for you…»

It all ends in this way.