The Writings of Maria Valtorta

111. Rencontre de Salomon au gué du Jourdain.

111. Meeting with Solomon at the Jordan ford.

111.1

« Je suis très étonné que Jean-Baptiste ne soit pas là », dit Jean au Maître.

Ils sont tous sur la rive orientale du Jourdain, près du fameux gué où, pendant un certain temps, Jean-Baptiste baptisait.

« Et il n’est pas non plus sur l’autre rive, observe Jacques.

– Ils l’auront arrêté, dans l’espoir d’une nouvelle bourse, commente Pierre. Ce sont des canailles, ces hommes d’Hérode !

– Nous allons passer de l’autre côté et nous informer », dit Jésus.

Une fois passés, ils interrogent un passeur de l’autre rive :

« Jean-Baptiste ne baptise plus ici ?

– Non. Il est aux confins de la Samarie. On l’a réduit à cela ! Un saint doit s’établir près des Samaritains pour échapper aux citoyens d’Israël.

111.2

Et vous vous étonnez que Dieu nous abandonne ? Une seule chose m’étonne : qu’il ne traite pas toute la Palestine comme Sodome et Gomorrhe !…

– Il ne le fait pas à cause des justes qui s’y trouvent, à cause de ceux qui, sans être tout à fait justes, ont soif de justice et suivent les enseignements de ceux qui prêchent la sainteté, répond Jésus.

– Dans ce cas, il y en a deux : Jean-Baptiste et le Messie. Le premier, je le connais car je l’ai servi ici au Jourdain, en lui amenant avec ma barque des fidèles sans rien demander, car il disait qu’il faut se contenter d’un juste salaire. Il me paraissait juste de me contenter du gain que je réalisais pour les autres services et injuste de réclamer un paiement pour amener une âme à la purification. Mes amis me traitaient de fou. Mais enfin… Je me contente du peu que j’ai. Qui peut y trouver à redire ? Du reste, je vois que je ne suis pas encore mort de faim, et j’espère qu’à ma mort Abraham me sourira.

– Tu as raison, homme. Qui es-tu ? demande Jésus.

– Oh ! Je porte un bien grand nom et j’en ris car je ne connais que les rames. Je m’appelle Salomon.

– Tu as la sagesse de juger que celui qui coopère à une purification ne doit pas la souiller en prenant de l’argent. Je te le dis : ce n’est pas seulement Abraham, mais le Dieu d’Abraham qui te sourira à ta mort comme à un fils fidèle.

– Oh ! Mon Dieu ! Tu me le dis vraiment ?

111.3

Qui es-tu ?

– Je suis un juste.

– Ecoute : je t’ai dit qu’il y en a deux en Israël : l’un, c’est Jean-Baptiste et l’autre, le Messie. Es-tu le Messie ?

– Je le suis.

– Oh ! éternelle miséricorde ! Mais… j’ai entendu un jour des pharisiens qui disaient… Laissons tomber… Je ne veux pas me souiller la bouche. Tu n’es pas ce qu’ils disaient. Quelles langues bifides, pires que celle des vipères !…

– C’est bien moi, et je te l’affirme : tu n’es pas très loin de la Lumière. Adieu, Salomon. Que la paix soit avec toi.

– Où vas-tu, Seigneur ? »

L’homme est abasourdi par la révélation. Il a pris un ton tout différent. C’était d’abord un brave homme qui parlait. Maintenant, c’est un disciple qui adore.

« Je vais à Jérusalem par Jéricho, à la fête des Tentes.

– A Jérusalem ? Mais… Toi aussi ?

– Je suis moi aussi un fils de la Loi. Je ne supprime pas la Loi. Je vous donne lumière et force pour la suivre parfaitement.

– Mais Jérusalem a déjà de la haine pour toi ! Je veux dire les grands, les pharisiens de Jérusalem. Je t’ai dit que j’ai entendu…

– Laisse-les faire. Eux font leur devoir, ce qu’il croient être leur devoir. Moi, je fais le mien. En vérité je te dis que tant que ce ne sera pas l’heure, ils ne pourront rien.

– Quelle heure, Seigneur ? demandent les disciples et le passeur.

– Celle du triomphe des Ténèbres.

– Tu vivras jusqu’à la fin du monde ?

– Non. Il y aura des ténèbres plus atroces que celles des astres éteints et de notre planète morte ainsi que tous les hommes. Ce sera quand les hommes étoufferont la Lumière que je suis. En beaucoup, ce crime est déjà arrivé. Adieu, Salomon.

– Je te suis, Maître.

– Non. Viens dans trois jours au Beth Midrash. Paix à toi. »

111.4

Jésus se met en route, au milieu des disciples songeurs.

« A quoi pensez-vous ? Ne craignez ni pour moi ni pour vous. Nous sommes passés par la Décapole et la Pérée, et partout nous avons vu des agriculteurs au travail dans les champs. En certains endroits, la terre était encore occupée par le chaume et le chiendent, aride, dure, encombrée de plantes parasites que les vents d’été y avaient semées après en avoir transporté les graines des déserts désolés. C’étaient là les champs des paresseux et des jouisseurs. Ailleurs, la terre était déjà ouverte par la charrue et débarrassée, par le feu et la main, des pierres, des ronces ainsi que du chiendent. Et ce qui d’abord était nuisible, à savoir les mauvaises herbes, voilà que par la purification du feu ou de la taille, elles s’étaient changées en engrais bienfaisants : en fumier, en sels utiles pour rendre la terre féconde. La glèbe avait pleuré sous la douleur du soc qui l’ouvrait et la fouillait, et sous la morsure du feu qui ravivait ses blessures. Mais elle sera plus riante au printemps et elle dira : “ L’homme m’a torturée pour me donner cette moisson opulente qui est pour moi parure et beauté. ” Ces champs appartenaient à ceux qui font preuve de bonne volonté. Ailleurs encore la terre était déjà moelleuse, débarrassée même des cendres, un vrai lit nuptial pour les épousailles des sillons et de la semence, ce mariage fécond qui donne une si glorieuse moisson d’épis. C’étaient là les champs des généreux qui ne se satisfont que de la perfection du travail.

Eh bien, il en est de même des cœurs. Je suis le Soc et ma parole est le Feu qui prépare au triomphe éternel.

Il en est qui, fainéants ou jouisseurs, ne me cherchent pas encore, ne veulent pas de moi, ne cherchent qu’à suivre leurs vices et leurs passions mauvaises. Tout ce qui leur semble parure de verdure et de fleurs n’est que ronces et épines qui déchirent mortellement leur esprit, l’enchaînent et font d’eux des fagots pour le feu de la Géhenne. Actuellement, la Décapole et la Pérée sont ainsi… mais elles ne sont pas les seules. On ne m’y demande pas de miracles parce qu’on ne veut pas de la taille de la parole ni de l’ardeur du feu, mais leur heure viendra. Ailleurs, il en est qui acceptent cette taille et cette ardeur ; ils pensent : “ C’est pénible, mais cela me purifie et me rendra fécond en bonnes actions. ” Ce sont ceux qui, s’ils n’ont pas l’héroïsme d’agir par eux-mêmes, me permettent néanmoins d’agir. C’est le premier pas sur la voie qui mène à moi. Il y en a enfin qui m’aident de leur travail actif inlassable. Ils accompagnent ma mission. Ils ne marchent pas, mais ils volent sur la route de Dieu. Ceux-là sont les disciples fidèles : vous et les autres disséminés en Israël.

111.5

– Mais nous sommes peu nombreux… contre un si grand nombre. Nous sommes humbles… contre les puissants. Comment te défendre s’ils veulent te nuire ?

– Mes amis, souvenez-vous du songe de Jacob. Il vit une multitude innombrable d’anges qui montaient et descendaient par l’échelle qui allait du ciel au patriarche. Une multitude, et pourtant ce n’était qu’une partie des légions angéliques… Eh bien, même si toutes les légions qui chantent alléluia à Dieu dans le Ciel descendaient autour de moi pour me défendre, lorsque ce sera l’heure, elles ne pourront rien. La justice doit s’accomplir…

– Tu veux dire l’injustice ! Car tu es saint, et s’ils te font du mal, s’ils te haïssent, ce sont des injustes.

– C’est pour cela que je dis que, pour certains, le crime est déjà accompli. Celui qui couve une pensée homicide est déjà homicide ; si c’est le vol, c’est déjà un voleur ; si c’est un adultère, il est déjà adultère ; si c’est la trahison, c’est déjà un traître. Le Père sait et moi je sais. Mais il me laisse aller, et je vais mon chemin, car c’est pour cela que je suis venu. Mais les moissons mûriront encore et on fera les semailles une première fois et une seconde avant que le Pain et le Vin ne soient donnés en nourriture aux hommes.

– On fera un banquet de joie et de paix, alors !

– De paix ? Oui. De joie ? Aussi, mais… oh, Pierre ! Oh, mes amis ! Que de larmes il y aura entre la première et la deuxième coupe ! Et c’est seulement après qu’on aura bu la dernière goutte de la troisième coupe que la joie sera grande parmi les justes, et qu’il y aura une paix assurée pour les hommes dont la volonté est droite.

– Et tu y seras, n’est-ce pas ?

– Moi ?… Mais quand le chef de famille manque-t-il au rite ? Et ne suis-je pas le chef de la grande famille du Christ ? »

111.6

Simon le Zélote, qui n’a pas encore parlé, dit[1] comme en se parlant à lui-même :

« “ Quel est celui-ci qui vient en habits éclatants, magnifiquement drapé dans son manteau, s’avançant dans la plénitude de sa force ? ” “ C’est moi qui parle avec justice, qui suis puissant pour sauver. ” “ Pourquoi ce rouge à ton manteau, pourquoi es-tu vêtu comme celui qui foule au pressoir ? ” “ J’ai été seul à fouler au pressoir… C’est l’année de ma Rédemption qui vient. ”

– Tu as compris, Simon, souligne Jésus.

– J’ai compris, mon Seigneur. »

Les deux hommes se regardent, intensément. Etonnés, les autres les dévisagent et se demandent entre eux :

« Mais parle-t-il des vêtements rouges que porte maintenant Jésus, ou de la pourpre royale dont il sera revêtu quand ce sera l’heure ? »

Jésus s’absorbe en lui-même et paraît ne plus rien entendre.

Pierre prend Simon à part et l’interroge :

« Toi qui es sage et humble, explique tes paroles à mon ignorance.

– Oui, mon frère ! Son nom est Rédempteur. Les coupes de paix et de joie entre l’homme et Dieu, la terre et le Ciel, c’est lui qui les remplira de son vin, en se foulant lui-même dans la souffrance par amour pour nous tous. Il sera donc présent, bien qu’en apparence la puissance des Ténèbres aura étouffé la Lumière, qu’il est lui-même.

111.7

Ah ! Il faut beaucoup l’aimer, ce Christ, notre Christ, car beaucoup lui refuseront leur amour. Faisons en sorte qu’à l’heure de sa déréliction, on ne puisse nous adresser et nous reprocher cette lamentation de David[2] : “ Des chiens nombreux me cernent ”, en l’applicant à nous-mêmes.

– Qu’est ce que tu dis ?… Mais nous, nous le défendrons, même s’il nous faut mourir avec lui.

– Nous le défendrons… Mais nous sommes des hommes, Pierre. Et notre courage fondra avant qu’on ne lui broie les os… Oui. Nous ferons comme l’eau devenue glaçon dans le ciel, que la foudre fait fondre en pluie et que le vent regèle sur le sol. C’est ainsi que nous sommes ! Notre courage actuel qui nous pousse à être ses disciples – car son amour et sa présence nous donnent solidité et hardiesse virile – fondra sous le coup de foudre de Satan et de ses sbires… Et que restera-t-il de nous ? Puis, après cette épreuve avilissante et nécessaire, la foi et l’amour nous solidifieront de nouveau et nous serons comme un cristal qui ne redoute plus d’être brisé. Mais cela, nous le saurons et nous en serons capables, dans la mesure où nous l’aimerons beaucoup, tant que nous l’avons. Alors… oui, je pense qu’alors, par l’effet de sa parole, nous ne serons pas des ennemis et des traîtres.

– Tu es sage, Simon. Moi… je suis illettré et j’ai honte aussi de lui poser tant de questions. Et cela me fait mal, quand je vois qu’il y a tant de raisons de pleurer… Observe son visage : il paraît inondé de larmes secrètes. Vois ses yeux. Ils ne regardent ni le ciel, ni le sol. Ils sont ouverts sur un monde qui nous est inconnu. Comme sa démarche le montre épuisé et courbé ! On dirait que ses pensées l’ont fait vieillir. Ah, je ne peux le voir ainsi ! Maître ! Maître ! Souris ! Je ne puis te voir si triste. Tu m’es aussi cher qu’un fils et je te donnerais ma poitrine comme oreiller pour t’endormir et te faire rêver à d’autres mondes… Oh ! Pardonne-moi de t’avoir appelé “ fils ” ! C’est que je t’aime, Jésus.

– Je suis le Fils… Ce nom est mon Nom. Mais je ne suis plus triste. Tu vois ? Je souris car vous êtes pour moi des amis.

111.8

Voici, là au fond, Jéricho toute rouge au crépuscule. Que deux d’entre vous aillent y chercher un logement. Les autres et moi, nous irons les attendre à côté de la synagogue. Allez. »

Et tout se termine pendant que Jean et Jude partent à la recherche d’une maison hospitalière.

111.1

«I am surprised that the Baptist is not here» says John to the Master. They are all on the eastern bank of the Jordan, near the famous ford where the Baptist once used to baptise.

«And he is not even on the other bank» points out James.

«They may have caught him again, hoping to get another purse» remarks Peter. «Those crooks of Herod certainly deserve the cross!»

«We shall cross to the other side and ask» says Jesus.

They do cross over and they ask a ferryman of the other bank «Does the Baptist no longer baptise here?»

«No, he doesn’t. He is at the border with Samaria. That is the state we are in! A holy man has to take shelter near the Samaritans to protect himself from the citizens of Israel.

111.2

Why are we surprised if God abandons us? I am surprised at one thing only: that He does not make a Sodom and Gomorrah of the whole of Palestine!…»

«He does not because of the just people who are there, because of those, who although not yet completely just, are thirsty for justice and follow the doctrine of those who preach holiness» replies Jesus.

«Two, then: the Baptist and the Messiah. I know the former, because I served him also here at the Jordan, ferrying some believers to him, without asking for any payment, because he says that one is to be content with what is just. I thought that it was just that I should be satisfied with what I earned doing other jobs and that it was unfair to ask to be paid for taking souls to be purified. My friends said that I was mad. But after all… Since I was happy with the little I had, who could complain? On the other hand I see that so far I have not died of starvation, and I hope that Abraham will smile at me when I die.»

«You are in the right, man. Who are you?»

«Oh! My name is a great one and it makes me laugh because my only wisdom is concerned with oars. My name is Solomon.»

«You possess the wisdom for judging that who cooperates to a purification must not corrupt it with money. I tell you that not only Abraham, but the God of Abraham will smile at you as at a faithful son, when you die.»

111.3

«Oh! God! Is that true? Who are You?»

«I am a just man.»

«Listen: I told You that there are two in Israel: one is the Baptist, the other the Messiah. Are You the Messiah?»

«Yes, I am.»

«Oh! Eternal mercy! But… one day I heard some Pharisees say… Never mind… I do not want to foul my mouth. You are not what they said. Their tongues are more forked than vipers’!…»

«Yes, I am, and I say to you: you are not very far from the Light. Goodbye, Solomon. Peace be with you.»

«Where are You going, Lord?» The man is dumbfounded at the revelation and is speaking in a completely different tone. Before it was a good-natured person who spoke. Now it is an adoring believer.

«I am going to Jerusalem via Jericho. I am going to the Tabernacles.»

«To Jerusalem?… You too?»

«I am a son of the Law, too. I do not repeal the Law. I give it light and strength so that it may be fulfilled in a perfect way.»

«But Jerusalem already hates You! I mean, the great ones, the Pharisees in Jerusalem. I told You that I heard…»

«Leave them alone. They do their duty, what they think is their duty. I do Mine. I solemnly tell you, that until the hour comes, they will not be able to do anything.»

«Which hour, Lord?» ask the disciples and the ferryman.

«The hour of the triumph of Darkness.»

«Will You live until the end of the world?»

«No. There will be a more dreadful darkness than the darkness of the extinguished stars and of our planet, dead with all its inhabitants. And it will take place when men extinguish the Light, which is I. The crime has already been committed by many. Goodbye, Solomon.»

«I will follow You, Master.»

«No. Come to the Bel Nidrasc in three days’ time. Peace be with you.»

111.4

Jesus sets out amongst His pensive disciples.

«What are you thinking of? Do not be afraid for Me or yourselves. We have passed through the Decapolis and Perea, and everywhere we have seen farmers working in the fields. In some places the land was still covered with stubble and couch-grass, an arid hard land, encumbered with parasite plants, the seeds of which had been carried there from the desert waste by the summer winds. They were the fields of lazy and fast living people. In other places the soil had already been turned by the ploughshare, and stones, bramble and couch-grass had been cleared away by fire and man’s toil. And what before was harmful, that is the useless plants, was turned by the purifying fire and man’s toil into good manure and useful fertilizing salts. The soil may have suffered because of the pain caused by the share that cut into it and rummaged through it, and because of the biting fire that scorched its wounds. But it will rejoice in spring, more beautiful, saying: “Man tortured me to give me these rich crops which make me beautiful”. And they were the fields of the willing people. And in other places the soil was already soft, also the ashes had been cleared away, it was a real nuptial bed for its fertile union to the seed, that gives so many glorious ears of wheat. And they were the fields of people who were so generous as to reach perfection in activity.

Well, the same applies to hearts. I am the Share and My word is the Fire, to prepare men for the eternal triumph.

There are those who, lazy or fast living, do not yet ask for Me, do not want Me, are satisfied with their vices and wicked passions, which look like green floral garments, and are instead bramble and thorns, which tear souls to pieces, and tie them into faggots for the fire in Gehenna. For the time being the Decapolis and Perea are like that… and are not the only ones. They do not ask for miracles, because they do not want My sharp word nor the ardour of My fire. But their hour will come. In other places there are those who accept My sharp word and My ardour, and they think: “It is painful. But it purifies me and will make me productive of good deeds”. They are the ones who, although they have not the heroism of acting, allow Me to act. It is the first step on My way. And finally there are those who help My work with their own continuous diligent work and they do not walk, but they fly on the way to God. They are the faithful disciples: you and the others scattered throughout Israel»

111.5

«But we are few… against so many. We are humble… against the mighty ones. How can we defend You, should they wish to hurt You?»

«My friends, remember the dream of Jacob. He saw an incalculable multitude of angels ascending and descending a ladder that from Heaven reached down to the Patriarch. A multitude, and yet it was but a part of the angelical cohorts… Well, if even all the cohorts that sing hallelujah to God in Heaven should come down to defend Me, when the hour comes, they will be of no avail. Justice is to be fulfilled…»

«You mean injustice! Because You are holy and if they hurt You and hate You, they are unjust.»

«That is why I say that the crime has already been committed by some. He who broods over thoughts of murder, is already a murderer, he who broods over thoughts of theft, is already a thief, who over thoughts of adultery, is already an adulterer, who of betrayal, is already a betrayer. The Father knows and I know. But He allows Me to go. And I go. Because that is what I came for. But the crops will ripen and will be sown once and once again before the Bread and the Wine are given as food to men.»

«There will be a banquet of joy and peace, then!»

«Of peace? Yes. Of joy? Also. But… oh, Peter! oh, My friends! How many tears will be shed between the first and the second chalice[1]! And only after the last drop of the third chalice has been drunk, great will be the joy amongst the just, and certain the peace to men of goodwill.»

«And You will be there. Won’t You?»

«I?… Is the Head of the family ever absent from the rite? Am I not the Head of the large family of Christ?»

111.6

Simon Zealot, who has never spoken, says, as if he were speaking to himself: «“Who is coming[2] in garments stained in crimson? He is richly clothed, marching so full of strength. It is I, who speak of integrity and am powerful to save. Why are your garments red, your clothes as if you had trodden the wine press? I have trodden the wine press alone. My year of redemption has come”.»

«You have understood, Simon» remarks Jesus.

«I have understood, my Lord.»

The two look at each other; the others look at them astonished and they ask one another: «Is he talking of the red clothes that Jesus is wearing even now, or of the royal purple which He will put on when the hour comes?»

Jesus does not pay attention and does not seem to hear anything else.

Peter takes Simon to one side and asks: «Since you are learned and humble, explain your words to me, who am ignorant.»

«Yes, brother. His name is Redeemer. The chalices of the banquet of peace and joy between man and God, and the earth and Heaven, He will fill them Himself with His Wine, pressing Himself in sufferings because of His love for us all. He will therefore be present, notwithstanding the powers of Darkness will have then apparently extinguished the Light, Which is He.

111.7

Oh! We must love our Christ very much, because many will refuse to love Him. Let us make sure that in the hour of dereliction, the lament of David[3] may not be applied to us reproachingly: “A pack of dogs (with us amongst them) surrounds Me”.»

«Do you think so?… But we will defend Him, at the cost of dying with Him.»

«We will defend Him… But we are men, Peter. And our hearts will melt even before His bones are disjointed… Yes, we will be like the ice-cold water in the sky that lightning melts into rain and then the wind freezes once again on the ground. We are like that! Our present courage of being His disciples, because His love and His presence condense us into a virile boldness, will melt under the striking lightning of Satan and of the satans… And what will be left of us? Then, after the vile necessary test, faith and love will unite us firmly again and we will be like crystal proof against cuts. But we will be aware of that and we will succeed if we love Him very much while we have Him. Then, I do believe, because of His word, that we shall not be enemies and betrayers.»

«You are a learned man, Simon. I am… illiterate. And I am also ashamed of asking Him so many questions. And I suffer when I hear that there are so many reasons for tears… Look at His face: it seems to be washed by secret tears. Look at His eyes: they look neither at the sky nor at the ground. They are open on a world unknown to us. And how tired and bent His carriage is! He seems to have grown old because of His worries. Oh! I don’t like Him like that! Master! Master! Smile. I don’t like to see You so sad. You are as dear to me as a son, and I would give You my chest as a pillow, to make You sleep and dream of other worlds… Oh! forgive me if said to You “son”. It’s because I love You, Jesus.»

«I am the Son… That name is My Name. But I am no longer sad. See? I am smiling because you are friendly to Me.

111.8

Over there, there is Jericho, completely red in the sunset. Two of you should go and look for lodgings. The others and I will go and wait for you beside the synagogue. Go.»

And it all ends while John and Judas Thaddeus set out looking for a hospitable house.


Notes

  1. dit ce que l’on peut lire en : Is 63, 1-4.
  2. lamentation de David en : Ps 22, 17.

Notes

  1. the first and the second chalice: reference is made here to the Jewish ritual for the celebration of the Passover Supper.
  2. Who is coming: Isaiah 63: 1-4.
  3. ** the lament of David: Psalms 22: 17.