The Writings of Maria Valtorta

124. La femme voilée accueillie à la Belle Eau.

124. The “veiled woman” is given

124.1

La journée est tellement affreuse qu’il n’y a aucun pèlerin. Il pleut à verse et la cour s’est changée en mare où flottent des feuilles sèches, venues on ne sait d’où et amenées par le vent qui siffle et secoue portes et fenêtres. La cuisine est plus sombre que jamais car, pour empêcher la pluie d’entrer, on doit à peine en entrouvrir la porte. La fumée fait pleurer et tousser car le vent la refoule à l’intérieur.

« Salomon[1] avait raison, dit Pierre sentencieusement. Il y a trois choses qui chassent l’homme de chez lui : une femme querelleuse… – celle-là, je l’ai laissée à Capharnaüm avec ses congénères –, une cheminée qui fume et un toit qui laisse passer la pluie. Ces deux dernières choses, nous les avons… Mais demain, je vais m’occuper de cette cheminée. Je monte sur le toit et toi, toi, et toi (Jacques, Jean et André), venez avec moi. Avec des ardoises nous la rehausserons et nous ferons un toit à la cheminée.

– Et où vas-tu trouver des ardoises ? demande Thomas.

– Sur l’appentis. S’il y pleut, ce n’est pas la fin du monde. Mais ici… Ça te peine que tes plats ne soient plus décorés par des larmes fuligineuses ?

– Imagine donc ! Si tu pouvais réussir ! Regarde comme je suis barbouillé. Il me pleut sur la tête quand je me tiens auprès du feu.

– Tu ressembles à un monstre d’Égypte » dit Jean en riant.

De fait, le visage plein et débonnaire de Thomas est zébré de bizarres virgules noires. Toujours gai, il est le premier à en rire, et Jésus aussi, car juste au moment où il parle, une nouvelle goutte chargée de suie lui tombe dessus et lui noircit le bout du nez.

124.2

« Toi qui t’y connais en matière de temps, qu’en dis-tu ? Ça va durer longtemps comme ça ? demande à Pierre Judas, qui est tout changé depuis quelques jours.

– Maintenant, je peux te le dire. Je vais faire l’astrologue » dit Pierre.

Il va à la porte, l’entrouvre un peu plus, passe à l’extérieur la tête et une main. Puis il annonce :

« Vent faible du midi : chaleur et brouillard… Hum ! Il y a peu de… »

Pierre se tait, puis rentre doucement, laisse la porte entrebâillée, et guette.

« Qu’y a-t-il ? » demandent trois ou quatre disciples.

Mais, de la main, Pierre fait signe de se taire. Il regarde. Puis il murmure :

« C’est cette femme. Elle a bu de l’eau du puits et elle a pris un fagot resté dans la cour. Elle est trempée. Elle n’a sûrement pas chaud… Elle s’en va… Je la suis. Je veux voir… »

Il sort sans bruit.

« Mais où peut-elle demeurer pour être toujours près d’ici ? demande Thomas.

– Et rester ici par ce temps ! Ajoute Matthieu.

– Elle va certainement au village parce qu’avant-hier elle y achetait du pain, dit Barthélemy.

– Elle reste ainsi voilée avec une belle constance ! Constate Jacques, fils d’Alphée.

– Ou à cause de quelque motif sérieux, observe Thomas.

– Ce sera sûrement celle dont ce juif parlait hier ? demande Jean. Ils sont toujours si faux ! »

Jésus ne souffle mot, comme s’il était sourd. Tous le regardent, ils sont sûrs que lui, il sait. Mais il est en train de travailler avec un couteau sur un morceau de bois tendre, qui tout doucement se transforme en une grosse fourchette bien pratique pour sortir les légumes de l’eau bouillante. Quand il l’a achevée, il offre son travail à Thomas qui s’est donné complètement à son métier de cuisinier.

« Tu es vraiment habile, Maître. Mais…

124.3

nous diras-tu qui elle est ?

– Une âme. Pour moi, vous êtes tous des “ âmes ”. Rien d’autre. Hommes, femmes, vieillards, enfants, vous êtes des âmes, des âmes et encore des âmes. Les bébés sont des âmes pures, les enfants des âmes d’azur, les jeunes gens des âmes roses, les justes des âmes d’or, les pécheurs des âmes noires comme la poix. Mais tous sont seulement des âmes. Rien d’autre que des âmes. Et je souris aux âmes pures car il me semble sourire à des anges ; je me repose dans les fleurs de rose et d’azur des bons adolescents ; je me réjouis dans les âmes précieuses des justes ; je peine et je souffre pour rendre précieuses et lumineuses les âmes des pécheurs. Quant aux visages, aux corps, ils ne sont rien. C’est par vos âmes que je vous connais et vous reconnais.

– Et elle, quelle âme est-elle ? demande Thomas.

– Une âme moins curieuse que celle de mes amis, car elle ne s’enquiert pas, ne pose pas de questions, va et vient sans parler et sans regarder.

– Je croyais que c’était une femme de mauvaise vie ou une lépreuse, mais je me suis ravisé, car… Maître, si je te dis quelque chose, tu ne me feras pas de reproches ? »

Judas Iscariote pose cette question en allant s’asseoir par terre contre les genoux de Jésus, tout à fait changé, humble, bon, vraiment plus beau avec cet air modeste que lorsqu’il est le fier et orgueilleux Judas.

« Je ne te ferai pas de reproches. Parle.

– Je sais où elle habite. Je l’ai suivie un soir… en faisant semblant de sortir prendre de l’eau, car je me suis aperçu qu’elle vient au puits quand il fait sombre… Un matin, j’ai trouvé par terre une épingle à cheveux en argent… juste au bord du puits… et j’ai compris que c’était elle qui l’avait perdue. Eh bien, elle habite une petite cabane de bois dans la forêt. Peut-être ce réduit sert-il aux paysans. Il est pourtant à moitié pourri. Elle l’a couvert de branches en guise de toit. C’était peut-être pour cela qu’elle emportait le fagot. C’est une tanière. Je ne sais comment elle peut y rester. Elle serait bonne tout au plus pour un gros chien ou un tout petit âne. C’était un soir où il y avait clair de lune, et j’ai bien vu. La cabane est à moitié enfouie dans des ronces, mais vide à l’intérieur, et sans porte. Tout cela m’a détrompé et j’ai compris que ce n’était pas une femme de mauvaise vie.

– Tu ne devais pas le faire, mais, sois sincère, n’as-tu rien fait de plus ?

– Non, Maître. J’aurais voulu la voir parce que c’est depuis Jéricho que je la remarque et il me semble reconnaître sa démarche si légère quand elle se rend quelque part où elle a à faire. Sa personne aussi doit être souple… et belle. Oui, on le devine malgré tous ces vêtements… Mais je n’ai pas osé l’observer pendant qu’elle se couchait par terre. Peut-être a-t-elle quitté son voile. Mais je l’ai respectée… »

Jésus le regarde très fixement puis il dit :

« Et tu en as souffert. Mais tu as dit la vérité. Et moi, je te dis que je suis content de toi. Une autre fois, cela te coûtera encore moins d’être bon. En toute chose, c’est le premier pas qui coûte. Bravo, Judas ! » et il lui fait une caresse.

124.4

Pierre rentre :

« Mais, Maître, cette femme est folle ! Sais-tu où elle habite ? Presque sur la rive du fleuve dans une bicoque de bois sous un buisson. Il a peut-être servi autrefois à un pêcheur ou à un bûcheron… Qui sait ? Je n’aurais jamais pensé que dans cet endroit humide, dans un fossé, au milieu d’un amas de ronces, il y avait une pauvre femme. Et je lui ai dit : “ Parle et sois sincère. Es-tu lépreuse ? ” Elle m’a répondu dans un souffle : “ Non. ” “ Jure-le ”, ai-je dit. Elle a alors répondu : “ Je le jure. ” “ Fais attention, car si tu l’es et tu ne le dis pas, si tu viens près de la maison et que j’apprends que tu es impure, je te fais lapider. Mais si tu es poursuivie, si tu es voleuse ou meurtrière, et que tu restes ici par peur de nous, ne crains aucun mal. Maintenant, sors de là. Tu ne vois pas que tu es dans l’eau ? As-tu faim ? As-tu froid ? Tu trembles. Je suis âgé, tu le vois. Je ne te fais pas la cour. Agé et honnête. Ecoute-moi donc. ” Voilà ce que j’ai dit, mais elle n’a pas voulu venir. Nous allons la trouver morte, car elle est vraiment dans l’eau. »

Jésus est pensif. Il regarde les douze visages qui le regardent aussi. Puis il dit :

« Que devons-nous faire, à votre avis ?

– Mais, Maître, c’est à toi de décider.

– Non. Je veux que ce soit vous qui jugiez. C’est une situation où l’estime que l’on a de vous aussi est en cause. Et ce n’est pas à moi de faire pression sur votre droit à la protéger.

– Au nom de la miséricorde, moi je dis qu’on ne peut la laisser là » dit Simon.

Barthélemy ajoute :

« Je dirais de la mettre pour aujourd’hui dans la grande pièce. Les pèlerins n’y vont-ils pas ? Elle peut y aller, elle aussi.

– D’ailleurs, c’est une créature comme toutes les autres, ajoute André.

– Et puis, aujourd’hui, il ne vient personne, par conséquent…, constate Matthieu.

– Je proposerais de l’abriter aujourd’hui et d’en parler demain au régisseur. C’est un brave homme, dit Jude.

– Tu as raison, bravo ! Et il a bon nombre d’étables vides. Une étable, c’est toujours un palais royal en comparaison de cette espèce de barque défoncée ! S’exclame Pierre.

– Va le lui dire, alors, l’encourage Thomas.

– Les jeunes n’ont pas encore parlé, fait remarquer Jésus.

– Pour moi, tout ce que tu fais est bien » dit son cousin Jacques.

Quant à l’autre Jacques et son frère :

« Nous sommes d’accord.

– Je pense seulement au cas malheureux où quelque pharisien en serait informé, intervient Philippe.

– Oh, même si nous partions dans les nuages, dit Judas, crois-tu qu’ils ne nous accuseraient pas ? Ils n’accusent pas Dieu parce qu’il est loin. Mais s’ils pouvaient être aussi prêts de lui qu’Abraham, Jacob et Moïse, ils lui feraient des reproches… Qui est exempt de fautes pour eux ?

– Alors, allez lui dire de venir s’abriter dans le logement des pèlerins. Toi, Pierre, vas-y avec Simon et Barthélemy. Vous êtes âgés et ferez moins d’impression à la femme. Et dites-lui que nous lui donnerons une nourriture chaude et un vêtement sec. C’est celui qu’a laissé Isaac. Vous voyez que tout sert, même un vêtement de femme donné à un homme… »

Les jeunes rient parce qu’il doit y avoir eu quelque amusante plaisanterie à propos de l’habit en question.

Les trois plus âgés partent… et reviennent peu de temps après.

« Elle ne voulait pas… mais elle a fini par venir. Nous lui avons juré que nous ne la dérangerions jamais. Maintenant, je lui porte de la paille et le vêtement. Donne-moi des légumes et un pain. Elle n’a rien à manger aujourd’hui. En fait… qui va en tournée sous un tel déluge ? »

Le brave Pierre sort avec ses trésors.

124.5

« Et maintenant, dit Jésus, cet ordre vaut pour tous : on ne va à son logement pour aucun motif. Demain nous pourvoirons. Habituez-vous à faire le bien pour le bien, sans curiosité, sans désirer à ce propos une distraction, ni pour toute autre raison. Vous voyez ? Vous vous plaigniez de ne rien faire d’utile aujourd’hui. Nous avons aimé notre prochain : que pouvions-nous faire de plus grand ? Si c’est une malheureuse – et cela est certain –, notre aide ne peut-elle lui apporter un réconfort, une chaleur, une protection bien plus profonde que ce peu de nourriture, ce pauvre vêtement, ce toit sûr que nous lui avons procuré ? Si c’est une coupable, une pécheresse, un être qui cherche Dieu, notre amour ne sera-t-il pas le plus bel enseignement, la parole la plus puissante, l’indication la plus nette pour la mettre sur le chemin de Dieu ? »

Pierre entre tout doucement et écoute son Maître.

« Voyez, mes amis : il y a beaucoup de maîtres en Israël et ils parlent, ils parlent… Or les âmes restent telles qu’elles sont. Pourquoi ? Parce que les âmes entendent les paroles des maîtres, mais ne voient pas leurs actes. Alors l’un détruit l’autre, et les âmes restent là où elles en étaient, si encore elles ne reviennent pas en arrière. Mais quand un maître fait ce qu’il dit et agit saintement en toute chose, même s’il ne fait que des actes matériels comme donner un pain, un vêtement, un logement à la chair souffrante de son prochain, il arrive à faire progresser les âmes et à les mener jusqu’à Dieu. Ce sont en effet ses propres actes qui annoncent à ses frères : “ Il y a un Dieu, et Dieu est ici. ” Ah, l’amour ! En vérité, je vous dis que celui qui aime se rachète lui-même et sauve les autres.

– Tu as raison, Maître. Cette femme m’a dit : “ Béni soit le Sauveur et celui qui l’a envoyé, et vous tous avec lui. ” Elle a voulu me baiser les pieds, au pauvre homme que je suis, et elle pleurait derrière son voile épais… Enfin !… Espérons qu’il ne va pas arriver quelque engoulevent de Jérusalem… Sinon, qui leur échappera ?

– Notre conscience nous sauve du jugement de notre Père. Cela suffit » dit Jésus.

Et il s’assied à table après avoir béni et offert la nourriture.

Tout prend fin.

124.1

It is such an awful day that there is not even one pilgrim. It is raining in torrents and the threshing floor is a pool on which dry leaves are floating. I wonder where all the leaves have come from, some have been blown by the wind, which howls and shakes doors and windows. The kitchen, which is gloomier than ever, because to keep the rain out it is necessary to keep the door ajar, is full of smoke, which the wind blows back down the chimney and makes the disciples cough and makes their eyes water.

«Solomon was right» states Peter. «Three things drive a man out of his house: a quarrelsome woman… and that I left at Capernaum to quarrel with her other sons-in-law, a smoky fireplace and a leaky roof. We have the last two things. But I will see to this chimney tomorrow. I will go up on the roof and you, James, John and Andrew, will come with me. We will raise the chimney and cover its top with slates.»

«And where are you going to find the slates?» asks Thomas.

«We will take them off the shed. If it rains there, it will not be a disaster. But in here… Are you sorry that your dishes will no longer be decorated with sooty drops?»

«Most certainly not! I wish you could do that! See what a sight I am. It rains on my head when I am here near the fire.»

«You look like an Egyptian monster» says John laughing.

Thomas, in fact, has queer black smutty stains on his chubby good-natured face. Always merry as he is, he is the first to laugh and also Jesus laughs, because, just when he is speaking, another sooty drop falls on his nose, blackening its tip.

124.2

«Since you are a weather expert, what do you think of it? Will it last long like this?» the Iscariot, who has changed completely during the last few days, asks Peter.

«I will tell you in a minute. I am going to play the star-gazer» replies Peter, who goes to the door, opens it a little and puts his head and hand out. He then states: «A low southern wind. Heat and thick fog… H’m! There is little…» Peter becomes quiet, he comes back in slowly, sets the door ajar, and casts sidelong glances.

«What is the matter?» ask three or four of the disciples.

But Peter beckons them to be quiet. He looks round. He then whispers: «That woman is here. She drank some water of the well and took one of the faggots left in the yard. It is wet and will not burn… She is going away. I will go after her. I want to see…» He goes out cautiously.

«But where does she live, if she is always here?» asks Thomas.

«And she is here in this weather!» says Matthew.

«She certainly goes to the village, because the day before yesterday she was also buying bread there» says Bartholomew.

«She is really determined in wearing her veil!» remarks James of Alphaeus.

«Or she has a very good reason for it» concludes Thomas.

«But will she really be the one referred to by that Jew yesterday?» asks John. «They are always such liars!»

Jesus has kept quiet all the time, as if He were deaf. They all look at Him, fully aware that He knows. But He is working with a sharp knife at a piece of soft wood which He slowly turns into a very useful large fork to take vegetables out of boiling water. And when He finishes it, He offers His work to Thomas who has devoted himself entirely to cooking.

«You are really clever, Master. But…

124.3

will You tell us who she is?»

«A soul. To Me you are all “souls”. Nothing else. Men, women, old people, children: souls, and nothing but souls. Children are white souls, young boys blue souls, young people pink souls, just people gold souls, sinners are pitched souls. But only souls. And I smile at the white souls because I seem to be smiling at angels; and I rest among the blue and pink flowers of good young people; and I rejoice at the precious souls of the just; and I toil and suffer, to make the souls of sinners precious and splendid. Faces?.. Bodies?… They are nothing. I know you and recognise you because of your souls.»

«And what kind of a soul is she?» asks Thomas.

«A soul less curious than the souls of My friends, because she is not inquisitive, does not ask questions, comes and goes without a word or a look.»

«I thought she was a whore or a leper. But I changed my mind because… Master, if I tell You something, will You not reproach me?» asks the Iscariot who goes and sits on the ground near Jesus’ knees; he has changed completely, he is humble, kind and even more handsome in his modest mien than when he behaves as the pompous and haughty Judas.

«I will not reproach you. Tell Me.»

«I know where she lives. I followed her one evening… pretending I was going out to get some water, because I noticed that she always comes to the well when it is dark… One morning I found a silver hair-pin on the ground… just near the edge of the well… and I realised that she had lost it. Well, she lives in a little wooden hut in the forest. Perhaps it is used by peasants. But it is half rotten. And she put some faggots on it as a roof. Perhaps that is why she wanted that faggot. It is a den. I don’t know how she can live in it. It would hardly suffice for a big dog or a small donkey. It was moonlight and I could see it clearly. It is almost buried in blackberry bushes, it is empty inside and there is no door. That’s why I changed my mind and I realised that she is not a prostitute.»

«You should not have done that. But, tell Me the truth: did you do anything else?»

«No, Master. I would have liked to see her, because I have noticed her since Jericho and I seem to recognise her light step with which she walks rapidly wherever she wishes. Also her figure must be supple and… beautiful. Of course, one can easily see that, notwithstanding all her clothes… But I did not dare spy upon her while she was going to lie down on the ground. Perhaps she took her veil off. But I respected her…»

Jesus stares at him, then He says: «And you suffered for that. But you have told the truth. And I am telling you that I am pleased with you. The next time it will not cost you so much to be good. It is the first step that matters. Well done Judas!» and Jesus caresses him.

124.4

Peter comes back in. «Master! That woman is crazy! Do You know where she is? Almost on the river bank, in a little wooden hut under a thicket. Perhaps once it was used by fishermen or woodcutters… Who knows? I would never have thought that a poor woman could live in such a damp place, buried in a ditch under a heap of bushes. I said to her: “Speak and tell me the truth. Are you a leper?” She replied in a whisper: “No”. “Swear it” I said. And she said: “I swear it”. “Be careful, if you are and you do not say so and you come near our house and I find out that you are not clean, I will have you stoned. But if you are persecuted, if you are a thief or a murderer, and you are staying here because you are afraid of us, do not be afraid of any harm. But come out of there. Don’t you see that you are lying in water? Are you hungry? Are you cold? You are shivering. I am an old man, you can see that. I am not courting you. I am old and honest. So listen to me”. That’s what I said. But she would not come. We will find her dead because she is lying in the water.»

Jesus is pensive. He looks at the twelve faces which are staring at Him. He then asks: «What do you think we should do?»

«Master, what You decide!»

«No. I want you to decide. It is a matter in which also your reputation is involved. And I must not violate your right to defend it.»

«In the name of mercy I say that we cannot leave her there» says Simon.

And Bartholomew: «I would say that we should put her in the big room for today. Don’t the pilgrims go there? So she can go there, too.»

«She is a creature like anybody else, after all» remarks Andrew.

«In any case, there is no one coming today, so…» points out Matthew.

«I suggest that we should give her hospitality for today, and tomorrow we will tell the steward. He is a good man» says Judas Thaddeus.

«You are right! Good! And he has many empty stables, too. A stable is still a royal palace as compared to that small sunken dinghy!» exclaims Peter.

«Go and tell her then» says Thomas encouragingly.

«The younger ones have not yet spoken» points out Jesus.

«As far as I am concerned, I am happy with what You do» says His cousin James. And the other James and his brother say together: «We, too.»

«I am only worried if by sheer bad luck a Pharisee should happen to come here» says Philip.

«Oh! Even if we lived up in the clouds, do you think they would not accuse us? They do not accuse God because He is far away. But if they could have Him near themselves, as Abraham, Jacob and Moses had, they would reproach Him… According to them, who is faultless?» says Judas Iscariot.

«Well, then, go and tell her to take shelter in the big room. Peter, go with Simon and Bartholomew. You are elderly and she will not feel too uneasy with you. And tell her that we will give her some warm food and a dry dress. That is the one that Isaac left. See, everything can be useful. Also a woman’s dress given to a man…»

The younger ones laugh because there must have been some funny story with regards to the dress in question.

The three elder ones go out… and they come back shortly afterwards.

«It took some doing… but at the end she came. We swore to her that we will never disturb her. I will now take her some straw and the dress. Give me the vegetables and some bread. She has not even got anything to eat today. In fact… who would go about in this deluge?» And good Peter goes out with his gifts.

124.5

«And now there is an order for everybody: under no circumstance one may go into the room. Tomorrow we will do the necessary. You must become accustomed to doing good for the sake of good without any curiosity or desire to get entertainment out of it, or anything else. See? You were complaining today that we would not have done anything useful. We have loved our neighbour. Could we have done anything greater? If she is an unhappy woman, and she certainly is, can our help not give her much greater relief, warmth and protection than the little food, the poor dress, the safe roof we have given her? If she is a guilty woman, a sinner, a creature seeking God, will our love not be the most beautiful lesson, the most powerful word, the clearest indication to lead her on to the path of God?»

Peter comes in very quietly and listens to his Master.

«See, My friends. Israel has many teachers, and they speak all the time… But souls remain as they were. Why? Because the souls hear the words of their teachers but they see also their deeds. And their deeds destroy their words. And the souls remain where they were, if they do not even go backwards. But when a teacher does what he says and in all his actions he behaves like a saint, also when he only performs a material action, such as giving bread, a dress, a lodging to a suffering neighbour, he gets souls to proceed and reach God, because his very actions say to his brothers: “God exists and God is here”. Oh! Love! I solemnly tell you that he who loves saves himself and others.»

«What You say is true, Master. That woman said to me: “Blessed be the Saviour and He Who sent Him, and you all with Him” and though I am a poor man she wanted to kiss my feet and she was weeping behind her thick veil… Who knows!… Let us hope that no night-bird will arrive from Jerusalem… Otherwise, who will save us?»

«Our conscience will save us from the judgement of our Father. That is enough» says Jesus. And He sits at the table after blessing and offering the food.

It all ends.


Notes

  1. Salomon, à peu près en : Pr 19, 13 ; 21, 9.19 ; 25, 24 ; 27, 15.