Los Escritos de Maria Valtorta

124. La femme voilée accueillie à la Belle Eau.

124. Se da alojamento a la “velada”

124.1

La journée est tellement affreuse qu’il n’y a aucun pèlerin. Il pleut à verse et la cour s’est changée en mare où flottent des feuilles sèches, venues on ne sait d’où et amenées par le vent qui siffle et secoue portes et fenêtres. La cuisine est plus sombre que jamais car, pour empêcher la pluie d’entrer, on doit à peine en entrouvrir la porte. La fumée fait pleurer et tousser car le vent la refoule à l’intérieur.

« Salomon[1] avait raison, dit Pierre sentencieusement. Il y a trois choses qui chassent l’homme de chez lui : une femme querelleuse… – celle-là, je l’ai laissée à Capharnaüm avec ses congénères –, une cheminée qui fume et un toit qui laisse passer la pluie. Ces deux dernières choses, nous les avons… Mais demain, je vais m’occuper de cette cheminée. Je monte sur le toit et toi, toi, et toi (Jacques, Jean et André), venez avec moi. Avec des ardoises nous la rehausserons et nous ferons un toit à la cheminée.

– Et où vas-tu trouver des ardoises ? demande Thomas.

– Sur l’appentis. S’il y pleut, ce n’est pas la fin du monde. Mais ici… Ça te peine que tes plats ne soient plus décorés par des larmes fuligineuses ?

– Imagine donc ! Si tu pouvais réussir ! Regarde comme je suis barbouillé. Il me pleut sur la tête quand je me tiens auprès du feu.

– Tu ressembles à un monstre d’Égypte » dit Jean en riant.

De fait, le visage plein et débonnaire de Thomas est zébré de bizarres virgules noires. Toujours gai, il est le premier à en rire, et Jésus aussi, car juste au moment où il parle, une nouvelle goutte chargée de suie lui tombe dessus et lui noircit le bout du nez.

124.2

« Toi qui t’y connais en matière de temps, qu’en dis-tu ? Ça va durer longtemps comme ça ? demande à Pierre Judas, qui est tout changé depuis quelques jours.

– Maintenant, je peux te le dire. Je vais faire l’astrologue » dit Pierre.

Il va à la porte, l’entrouvre un peu plus, passe à l’extérieur la tête et une main. Puis il annonce :

« Vent faible du midi : chaleur et brouillard… Hum ! Il y a peu de… »

Pierre se tait, puis rentre doucement, laisse la porte entrebâillée, et guette.

« Qu’y a-t-il ? » demandent trois ou quatre disciples.

Mais, de la main, Pierre fait signe de se taire. Il regarde. Puis il murmure :

« C’est cette femme. Elle a bu de l’eau du puits et elle a pris un fagot resté dans la cour. Elle est trempée. Elle n’a sûrement pas chaud… Elle s’en va… Je la suis. Je veux voir… »

Il sort sans bruit.

« Mais où peut-elle demeurer pour être toujours près d’ici ? demande Thomas.

– Et rester ici par ce temps ! Ajoute Matthieu.

– Elle va certainement au village parce qu’avant-hier elle y achetait du pain, dit Barthélemy.

– Elle reste ainsi voilée avec une belle constance ! Constate Jacques, fils d’Alphée.

– Ou à cause de quelque motif sérieux, observe Thomas.

– Ce sera sûrement celle dont ce juif parlait hier ? demande Jean. Ils sont toujours si faux ! »

Jésus ne souffle mot, comme s’il était sourd. Tous le regardent, ils sont sûrs que lui, il sait. Mais il est en train de travailler avec un couteau sur un morceau de bois tendre, qui tout doucement se transforme en une grosse fourchette bien pratique pour sortir les légumes de l’eau bouillante. Quand il l’a achevée, il offre son travail à Thomas qui s’est donné complètement à son métier de cuisinier.

« Tu es vraiment habile, Maître. Mais…

124.3

nous diras-tu qui elle est ?

– Une âme. Pour moi, vous êtes tous des “ âmes ”. Rien d’autre. Hommes, femmes, vieillards, enfants, vous êtes des âmes, des âmes et encore des âmes. Les bébés sont des âmes pures, les enfants des âmes d’azur, les jeunes gens des âmes roses, les justes des âmes d’or, les pécheurs des âmes noires comme la poix. Mais tous sont seulement des âmes. Rien d’autre que des âmes. Et je souris aux âmes pures car il me semble sourire à des anges ; je me repose dans les fleurs de rose et d’azur des bons adolescents ; je me réjouis dans les âmes précieuses des justes ; je peine et je souffre pour rendre précieuses et lumineuses les âmes des pécheurs. Quant aux visages, aux corps, ils ne sont rien. C’est par vos âmes que je vous connais et vous reconnais.

– Et elle, quelle âme est-elle ? demande Thomas.

– Une âme moins curieuse que celle de mes amis, car elle ne s’enquiert pas, ne pose pas de questions, va et vient sans parler et sans regarder.

– Je croyais que c’était une femme de mauvaise vie ou une lépreuse, mais je me suis ravisé, car… Maître, si je te dis quelque chose, tu ne me feras pas de reproches ? »

Judas Iscariote pose cette question en allant s’asseoir par terre contre les genoux de Jésus, tout à fait changé, humble, bon, vraiment plus beau avec cet air modeste que lorsqu’il est le fier et orgueilleux Judas.

« Je ne te ferai pas de reproches. Parle.

– Je sais où elle habite. Je l’ai suivie un soir… en faisant semblant de sortir prendre de l’eau, car je me suis aperçu qu’elle vient au puits quand il fait sombre… Un matin, j’ai trouvé par terre une épingle à cheveux en argent… juste au bord du puits… et j’ai compris que c’était elle qui l’avait perdue. Eh bien, elle habite une petite cabane de bois dans la forêt. Peut-être ce réduit sert-il aux paysans. Il est pourtant à moitié pourri. Elle l’a couvert de branches en guise de toit. C’était peut-être pour cela qu’elle emportait le fagot. C’est une tanière. Je ne sais comment elle peut y rester. Elle serait bonne tout au plus pour un gros chien ou un tout petit âne. C’était un soir où il y avait clair de lune, et j’ai bien vu. La cabane est à moitié enfouie dans des ronces, mais vide à l’intérieur, et sans porte. Tout cela m’a détrompé et j’ai compris que ce n’était pas une femme de mauvaise vie.

– Tu ne devais pas le faire, mais, sois sincère, n’as-tu rien fait de plus ?

– Non, Maître. J’aurais voulu la voir parce que c’est depuis Jéricho que je la remarque et il me semble reconnaître sa démarche si légère quand elle se rend quelque part où elle a à faire. Sa personne aussi doit être souple… et belle. Oui, on le devine malgré tous ces vêtements… Mais je n’ai pas osé l’observer pendant qu’elle se couchait par terre. Peut-être a-t-elle quitté son voile. Mais je l’ai respectée… »

Jésus le regarde très fixement puis il dit :

« Et tu en as souffert. Mais tu as dit la vérité. Et moi, je te dis que je suis content de toi. Une autre fois, cela te coûtera encore moins d’être bon. En toute chose, c’est le premier pas qui coûte. Bravo, Judas ! » et il lui fait une caresse.

124.4

Pierre rentre :

« Mais, Maître, cette femme est folle ! Sais-tu où elle habite ? Presque sur la rive du fleuve dans une bicoque de bois sous un buisson. Il a peut-être servi autrefois à un pêcheur ou à un bûcheron… Qui sait ? Je n’aurais jamais pensé que dans cet endroit humide, dans un fossé, au milieu d’un amas de ronces, il y avait une pauvre femme. Et je lui ai dit : “ Parle et sois sincère. Es-tu lépreuse ? ” Elle m’a répondu dans un souffle : “ Non. ” “ Jure-le ”, ai-je dit. Elle a alors répondu : “ Je le jure. ” “ Fais attention, car si tu l’es et tu ne le dis pas, si tu viens près de la maison et que j’apprends que tu es impure, je te fais lapider. Mais si tu es poursuivie, si tu es voleuse ou meurtrière, et que tu restes ici par peur de nous, ne crains aucun mal. Maintenant, sors de là. Tu ne vois pas que tu es dans l’eau ? As-tu faim ? As-tu froid ? Tu trembles. Je suis âgé, tu le vois. Je ne te fais pas la cour. Agé et honnête. Ecoute-moi donc. ” Voilà ce que j’ai dit, mais elle n’a pas voulu venir. Nous allons la trouver morte, car elle est vraiment dans l’eau. »

Jésus est pensif. Il regarde les douze visages qui le regardent aussi. Puis il dit :

« Que devons-nous faire, à votre avis ?

– Mais, Maître, c’est à toi de décider.

– Non. Je veux que ce soit vous qui jugiez. C’est une situation où l’estime que l’on a de vous aussi est en cause. Et ce n’est pas à moi de faire pression sur votre droit à la protéger.

– Au nom de la miséricorde, moi je dis qu’on ne peut la laisser là » dit Simon.

Barthélemy ajoute :

« Je dirais de la mettre pour aujourd’hui dans la grande pièce. Les pèlerins n’y vont-ils pas ? Elle peut y aller, elle aussi.

– D’ailleurs, c’est une créature comme toutes les autres, ajoute André.

– Et puis, aujourd’hui, il ne vient personne, par conséquent…, constate Matthieu.

– Je proposerais de l’abriter aujourd’hui et d’en parler demain au régisseur. C’est un brave homme, dit Jude.

– Tu as raison, bravo ! Et il a bon nombre d’étables vides. Une étable, c’est toujours un palais royal en comparaison de cette espèce de barque défoncée ! S’exclame Pierre.

– Va le lui dire, alors, l’encourage Thomas.

– Les jeunes n’ont pas encore parlé, fait remarquer Jésus.

– Pour moi, tout ce que tu fais est bien » dit son cousin Jacques.

Quant à l’autre Jacques et son frère :

« Nous sommes d’accord.

– Je pense seulement au cas malheureux où quelque pharisien en serait informé, intervient Philippe.

– Oh, même si nous partions dans les nuages, dit Judas, crois-tu qu’ils ne nous accuseraient pas ? Ils n’accusent pas Dieu parce qu’il est loin. Mais s’ils pouvaient être aussi prêts de lui qu’Abraham, Jacob et Moïse, ils lui feraient des reproches… Qui est exempt de fautes pour eux ?

– Alors, allez lui dire de venir s’abriter dans le logement des pèlerins. Toi, Pierre, vas-y avec Simon et Barthélemy. Vous êtes âgés et ferez moins d’impression à la femme. Et dites-lui que nous lui donnerons une nourriture chaude et un vêtement sec. C’est celui qu’a laissé Isaac. Vous voyez que tout sert, même un vêtement de femme donné à un homme… »

Les jeunes rient parce qu’il doit y avoir eu quelque amusante plaisanterie à propos de l’habit en question.

Les trois plus âgés partent… et reviennent peu de temps après.

« Elle ne voulait pas… mais elle a fini par venir. Nous lui avons juré que nous ne la dérangerions jamais. Maintenant, je lui porte de la paille et le vêtement. Donne-moi des légumes et un pain. Elle n’a rien à manger aujourd’hui. En fait… qui va en tournée sous un tel déluge ? »

Le brave Pierre sort avec ses trésors.

124.5

« Et maintenant, dit Jésus, cet ordre vaut pour tous : on ne va à son logement pour aucun motif. Demain nous pourvoirons. Habituez-vous à faire le bien pour le bien, sans curiosité, sans désirer à ce propos une distraction, ni pour toute autre raison. Vous voyez ? Vous vous plaigniez de ne rien faire d’utile aujourd’hui. Nous avons aimé notre prochain : que pouvions-nous faire de plus grand ? Si c’est une malheureuse – et cela est certain –, notre aide ne peut-elle lui apporter un réconfort, une chaleur, une protection bien plus profonde que ce peu de nourriture, ce pauvre vêtement, ce toit sûr que nous lui avons procuré ? Si c’est une coupable, une pécheresse, un être qui cherche Dieu, notre amour ne sera-t-il pas le plus bel enseignement, la parole la plus puissante, l’indication la plus nette pour la mettre sur le chemin de Dieu ? »

Pierre entre tout doucement et écoute son Maître.

« Voyez, mes amis : il y a beaucoup de maîtres en Israël et ils parlent, ils parlent… Or les âmes restent telles qu’elles sont. Pourquoi ? Parce que les âmes entendent les paroles des maîtres, mais ne voient pas leurs actes. Alors l’un détruit l’autre, et les âmes restent là où elles en étaient, si encore elles ne reviennent pas en arrière. Mais quand un maître fait ce qu’il dit et agit saintement en toute chose, même s’il ne fait que des actes matériels comme donner un pain, un vêtement, un logement à la chair souffrante de son prochain, il arrive à faire progresser les âmes et à les mener jusqu’à Dieu. Ce sont en effet ses propres actes qui annoncent à ses frères : “ Il y a un Dieu, et Dieu est ici. ” Ah, l’amour ! En vérité, je vous dis que celui qui aime se rachète lui-même et sauve les autres.

– Tu as raison, Maître. Cette femme m’a dit : “ Béni soit le Sauveur et celui qui l’a envoyé, et vous tous avec lui. ” Elle a voulu me baiser les pieds, au pauvre homme que je suis, et elle pleurait derrière son voile épais… Enfin !… Espérons qu’il ne va pas arriver quelque engoulevent de Jérusalem… Sinon, qui leur échappera ?

– Notre conscience nous sauve du jugement de notre Père. Cela suffit » dit Jésus.

Et il s’assied à table après avoir béni et offert la nourriture.

Tout prend fin.

124.1

El día está tan horrible, que no hay ningún peregrino. Llueve a cántaros y la era se ha transformado en un estanque poco profundo en que flotan hojas secas, venidas quién sabe de dónde, traídas por el viento que silba y zarandea puertas y ventanas. En la cocina, más tétrica que nunca — porque para impedir que entre la lluvia se debe tener apenas entornada la puerta —, quien está se ahuma, lagrimea y tose, pues el viento rechaza hacia dentro el humo.

«Tenía razón Salomón» sentencia Pedro. «Tres cosas echan al hombre: la mujer reñidora (que yo ya la he dejado riñendo en Cafarnaúm con los otros yernos), la chimenea que hace humo y el techo que deja colar el agua. Nosotros tenemos estas dos últimas cosas... Pero mañana me voy a ocupar yo de esta chimenea. Voy arriba al tejado, y tú y tú y tú (Santiago, Juan y Andrés) venís conmigo. Haremos con unas pizarras un realce y un techo a la chimenea».

«¿Y dónde encuentras las pizarras?» pregunta Tomás.

«En el cobertizo. Si llueve allí, no es una hecatombe; pero aquí... ¿Te duele el que tus alimentos dejen de decorarse con lágrimas tiznadas de hollín?».

«¡Fíjate tú! ¡Ójala lo lograras! Mira cómo estoy tiznado. Me llueve encima de la cabeza cuando estoy aquí en el fuego».

«Pareces un monstruo egipcio» dice Juan riéndose.

Efectivamente, Tomás presenta sobre su rostro lleno y afable unas caprichosas comas negras. El primero que se ríe es él mismo, que está siempre alegre, y Jesús también se ríe, porque justamente mientras está hablando, otra gota cargada de hollín le cae en la nariz y le pone negra la punta.

124.2

«Tú que eres experto de tiempo, ¿qué opinas? — le pregunta a Pedro Judas Iscariote, que está completamente cambiado desde hace unos días —. ¿Va a durar mucho así?».

«Un momento y te lo digo; voy a hacer de astrólogo» contesta Pedro. Va hacia la puerta, la abre un poco más, saca la cabeza y una mano y dictamina: «Viento bajo y del meridión, calor y calina... ¡En fin! Pocas…» Pedro calla, se vuelve a meter despacio y entorna la puerta, y da un momento un vistazo hacia afuera.

«¿Qué pasa?» preguntan tres a cuatro.

Pedro, por toda respuesta, hace señal con la mano de que se callen. Mira. Luego dice en voz baja: «Está esa mujer; ha bebido agua del pozo y ha cogido un haz de leña que había en el patio. Está empapada de agua; está claro que no arde... Se está yendo. Voy detrás de ella. Quiero ver…». Ha salido con cautela.

«Pero, ¿dónde estará, que está siempre aquí cerca?» pregunta Tomás.

«¡Y estar aquí con este tiempo!» dice Mateo.

«Al pueblo seguro que va, porque anteayer estaba allí comprando pan» dice Bartolomé.

«¡Con qué constancia se mantiene velada!» observa Santiago de Alfeo.

«Tiene un gran constancia, o un fuerte motivo» concluye Tomás.

«¿Sería ésta a la que se refería ayer aquel judío?» pregunta Juan. «¡Son siempre tan falsos!…».

Jesús sigue en silencio, como si fuera sordo. Todos le miran con la certeza de que Él sabe; pero Él está trabajando un trozo de madera blanda con un cuchillo afilado; poco a poco, el trozo de madera se va transformando en un cómodo tenedor grande, para extraer las verduras del agua hirviendo. Una vez que ha terminado ofrece el fruto de su trabajo a Tomás, que está plenamente dedicado a la cocina.

«Eres genial, Maestro.

124.3

¿No nos dices quién es?».

«Un alma. Para mí sois todos “almas”. Nada más. Hombres, mujeres, ancianos, niños: almas, almas, almas: almas cándidas, los párvulos; almas azules, los niños; almas rosadas, los jóvenes; almas de oro, los justos; almas empecinadas, los pecadores. Pero, sólo almas, sólo almas. Y Yo sonrío a las almas cándidas, porque me parece como si sonriera a los ángeles; descanso entre las flores rosadas y azules de los adolescentes buenos; me alegro de las almas tan valiosas de los justos; y me canso, sufriendo, para dar valor y esplendor a las almas de los pecadores. ¿Los rostros?... ¿Los cuerpos?... Nada. Yo os conozco y os identifico por vuestras almas».

«¿Y ella, qué alma es?» pregunta Tomás.

«Un alma menos curiosa que la de mis amigos, porque no indaga, no pregunta; va y viene, sin hablar y sin mirar».

«Yo creía que era una prostituta o una leprosa, pero he cambiado de opinión, porque... Maestro, ¿no me amonestas si te digo una cosa?» pregunta Judas Iscariote yendo a colocarse sentado en el suelo, apoyado en las rodillas de Jesús, completamente distinto a lo normal: humilde, bueno, hasta más guapo con este aire suyo modesto que no cuando es el pomposo y jactancioso Judas.

«No te amonestaré. Habla».

«Yo sé dónde vive. Una vez, de noche, la seguí... fingiendo que salía a coger agua, porque me he dado cuenta que de noche viene siempre al pozo... Una mañana encontré por el suelo una horquilla de plata... justo en el borde del pozo... y comprendí que la había perdido ella. Pues bien, está en un chamizo en el bosque; quizás lo utilizan los campesinos; de todas formas, está medio destartalado. Ella le ha puesto encima como techo unos ramajes; quizás ese haz lo quiere para eso. Es una hura. No sé cómo puede estar allí. Casi ni cabría un perro grande, o un minúsculo borriquito. Era una noche de luna y pude ver bien. Está medio sepultado entre las zarzas, pero dentro... está vacío y no tiene puerta. Por eso mismo he cambiado de opinión y he comprendido que no es una prostituta».

«No debías haberlo hecho. Sé sincero: ¿no hiciste nada más?».

«No, Maestro. Habría deseado verla, porque ya en Jericó me percaté de su presencia, y creo reconocer su paso, muy leve, con el que va velozmente a donde quiere. También su figura debe ser flexuosa y... bonita. Sí, se adivina, a pesar de todos esos indumentos... Pero no osé espiarla cuando se acostó en el suelo. Quizás se quitó el velo. Pero la respeté…».

Jesús le mira muy fijamente y le dice: «Y ello te hizo sufrir... Mas has dicho la verdad, y Yo te digo que estoy contento de ti. La próxima vez te costará menos el ser bueno. Todo consiste en dar el primer paso. ¡Muy bien, Judas!» y le acaricia.

124.4

Vuelve Pedro de la calle: «¡Maestro! ¡Esa mujer está loca! ¿Pero Tú sabes dónde está? Casi en la orilla del río, en una casetita de madera en un soto. Quizás antes la utilizaba algún pescador o algún leñador; ¡quién sabe! Nunca me habría imaginado que en ese lugar húmedo, hundido en un foso, bajo una maraña de zarzas, hubiera una pobre mujer. Le he dicho: “Habla, sé sincera: ¿estás leprosa?”. Ella me ha respondido en voz muy baja: “No”. “Júralo”, he dicho, y ella: “Lo juro”. “Mira que si lo estás y no lo dices y te acercas a la casa y yo vengo a saber que eres inmunda, hago que te apedreen. Si lo que pasa es que te persiguen, o eres una ladrona o una asesina, y estás aquí por miedo a nosotros, no temas ningún mal. Ahora sal de ahí. ¿No ves que estás en el agua? ¿Tienes hambre? ¿Tienes frío? Estás temblando. Soy viejo, ¿no lo ves? No te estoy haciendo la corte. Viejo y honesto. Por tanto haz caso a lo que te digo”. Así me he expresado, pero no ha querido venir. Nos la encontraremos muerta porque está realmente dentro del agua».

Jesús está pensativo; mira a los doce rostros que le están mirando... y dice: «¿Qué creéis que debe hacerse?».

«¡Maestro, decide Tú!».

«No. Quiero que juzguéis vosotros. Se trata de una cuestión en la que está implicada también vuestra fama, y Yo no debo violentar vuestro derecho a tutelarla».

«En nombre de la misericordia yo digo que no se la puede dejar allí» dice Simón.

Bartolomé, por su parte: «Yo por hoy la metería en la estancia de los peregrinos ¿Van ellos, no?, pues entonces puede ir ella también».

«Al fin y al cabo, es una criatura como todas las demás» comenta Andrés.

«Y, además, hoy no viene nadie, y por tanto…» observa Mateo.

«Yo propondría darle alojamiento por hoy, y mañana decírselo al encargado; es una buena persona» dice Judas Tadeo.

«¡Tienes razón! ¡Sí señor! Tiene muchos establos, y algunos de ellos vacíos. ¡Siempre un establo será un palacio comparado con esa barquichuela hundida!» exclama Pedro.

«Vete a decírselo entonces» incita Tomás.

«Los jóvenes no han hablado todavía» observa Jesús.

«Yo estoy de acuerdo con lo que Tú hagas» dice el primo Santiago. El otro Santiago y su hermano, a una sola voz, dicen: «Nosotros también».

«A mí me preocupa solamente la mala suerte de que vaya a venir por aquí algún fariseo» dice Felipe.

«¡Oh!, aunque subiéramos a las nubes, ¿tú crees que no harían llegar a nosotros sus acusaciones? No acusan a Dios porque le tienen lejos; pero, si pudieran tenerle cerca, como Abraham, Jacob y Moisés le tuvieron, le harían objeto de sus reproches... ¿Quién hay, para ellos, sin culpa?» dice Judas de Keriot.

«Pues entonces id a decirle que venga a alojarse en esa estancia. Ve tú, Pedro, con Simón y Bartolomé: sois ancianos, con lo cual se sentirá menos violenta esa mujer. Decidle también que la proveeremos de comida caliente y de un vestido seco; el que dejó aquí Isaac. ¿Veis como todo tiene una utilidad?... incluso un vestido de mujer dado a un hombre…».

Los jóvenes se ríen porque con el vestido en cuestión debe haber habido algun hecho gracioso.

Los tres ancianos se marchan... y vuelven al cabo de un rato.

«Ha costado lo suyo... pero, al final, ha venido. Le hemos jurado que no la molestaríamos en ningún momento; ahora le llevo paja y el vestido. Dame las verduras y un pan; hoy no tiene nada que llevarse a la boca. Claro... ¿quién se mueve de casa con este diluvio?». El buen Pedro se dirige a donde la mujer con sus tesoros.

124.5

«Y ahora una orden para todos: por ningún motivo se va a esa estancia. Mañana tomaremos las decisiones oportunas. Acostumbraos a hacer el bien por el bien, sin curiosidades o deseos de recibir del bien realizado un motivo de diversión o cualquier otra cosa. ¿Lo veis? Os quejabais de que hoy no se haría nada útil. Hemos amado al prójimo. ¿Podíamos hacer algo mayor que esto? Si — y así es — ésta mujer es una infeliz, ¿no podrá, acaso, nuestra ayuda proporcionarle un alivio, un calor, una protección mucho más profunda que el poco alimento, el mísero vestido, el techo sólido, que le hemos dado? Si es una culpable, una pecadora, una criatura que busca a Dios, ¿nuestro amor no será, acaso, la más hermosa lección, la más poderosa palabra, el más claro indicador del camino de Dios?».

Pedro entra despacito y se pone a escuchar a su Maestro.

«Mirad, amigos. Muchos maestros tiene Israel, que no hacen más que hablar y hablar... Bueno, pues las almas no cambian. ¿Por qué? Porque las almas no sólo oyen las palabras de sus maestros, sino que también ven sus acciones. Pues bien, éstas destruyen a aquéllas. Y las almas se quedan en la posición en que estaban, si es que no retroceden incluso. Mas cuando un maestro hace lo que dice y se comporta santamente en todas sus acciones, aunque sólo lleve a cabo acciones materiales — como dar un pan, un vestido, un lugar de alojamiento a la carne doliente del prójimo — obtiene el que las almas vayan adelante y lleguen a Dios, porque son sus mismas acciones las que dicen a los hermanos: “Dios existe; aquí está Dios”. ¡Oh..., el amor! En verdad os digo que quien ama se salva a sí mismo y salva a los demás».

«Así es, como Tú dices, Maestro. Esa mujer me ha dicho: “Bendito sea el Salvador y Aquel que le ha enviado, y todos vosotros con Él”; y a mí, mísero hombre, me ha querido besar los pies; y lloraba tras su tupido velo... ¡En fin!... Esperemos que no venga ningún fisgón de Jerusalén... Si no... ¡vamos aviados!».

«Es suficiente que nuestra conciencia nos salve del juicio de nuestro Padre» dice Jesús; luego bendice y ofrece los alimentos y se sienta a la mesa.

Todo termina.


Notes

  1. Salomon, à peu près en : Pr 19, 13 ; 21, 9.19 ; 25, 24 ; 27, 15.