The Writings of Maria Valtorta

127. Les discours de la Belle Eau :

127. The preaching at the Clear Water. “Do not put the Lord your God to the test”. The testimony of the Baptist.

127.1

C’est une journée d’hiver des plus sereines. Du soleil et du vent dans un ciel radieux, uni, sans la moindre trace de nuages. Le jour vient de se lever. Il reste une légère couche de givre ou plutôt de rosée presque gelée qui fait l’effet d’une poussière de diamant sur le sol et sur l’herbe.

Trois hommes se dirigent d’un pas décidé vers la maison ; manifestement, ils savent où ils doivent se rendre. Enfin ils aperçoivent Jean qui traverse la cour, chargé de brocs d’eau qu’il a tirée du puits. Ils l’appellent. Jean se retourne, pose les brocs et dit :

« Vous ici ? Soyez les bienvenus ! Le Maître vous verra avec joie. Venez, venez avant que la foule n’arrive. Maintenant il vient beaucoup de monde ici !… »

Ce sont les trois bergers, disciples de Jean-Baptiste, Siméon, Jean et Mathias, et c’est avec plaisir qu’ils suivent l’apôtre.

« Maître, voici trois amis. Regarde, dit Jean en entrant dans la cuisine où flambe gaiement un grand feu de brindilles qui répand une agréable odeur de bois et de laurier brûlé.

– Oh ! Paix à vous, mes amis. Comment se fait-il que vous veniez me voir ? Un malheur est-il arrivé à Jean-Baptiste ?

– Non, Maître. Nous sommes venus avec sa permission. Il te salue et te dit de recommander à Dieu le lion poursuivi par les archers. Il ne se fait pas d’illusions sur son sort, mais, pour l’instant, il est libre. Et il est heureux car il sait que tu as beaucoup de fidèles, même ceux qui tout d’abord étaient les siens. Maître… nous aussi, nous brûlons de venir avec toi, mais… nous ne voulons pas l’abandonner maintenant qu’il est poursuivi. Comprends-nous…, dit Siméon.

– Bien sûr, je vous bénis pour ce que vous faites. Jean-Baptiste mérite le plus grand respect et le plus grand amour.

– Oui, tu as raison. Jean-Baptiste est grand, toujours plus grand. Il rappelle l’agave qui, près de mourir, sort un grand candélabre avec sa fleur à sept pétales qui flamboie et répand son parfum. Lui, c’est pareil. Et il dit toujours : “ Je voudrais seulement le voir une fois encore… ” Te voir. Nous avons recueilli ce cri de son âme et, sans lui en avoir parlé, nous venons t’en faire part. Lui, c’est le “ Pénitent ”, l’“ Abstinent ”. Et il fait encore le sacrifice du désir saint de te voir et de t’entendre. Je suis Tobie, maintenant Mathias, mais je pense que l’archange donné au jeune Tobie ne devait pas être différent de lui. Tout en lui est sagesse.

– Il n’est pas dit que je ne le verrai pas…

127.2

Mais est-ce pour cette seule raison que vous êtes venus ? La marche est pénible en cette saison. Aujourd’hui, il fait beau, mais ces trois jours passés, quelle pluie sur les routes !

– Non, pas pour cette seule raison. Il y a quelques jours, Doras le pharisien est venu pour se purifier. Mais Jean-Baptiste lui a refusé le baptême en disant : “ L’eau ne pénètre pas là où se trouve une pareille croûte de péchés. Le seul qui puisse te pardonner, c’est le Messie. ” Il a alors répondu : “ J’irai le trouver. Je veux guérir, et je pense que ce mal vient de son maléfice. ” Alors Jean-Baptiste l’a chassé comme il aurait chassé Satan. En partant, Doras a rencontré Jean qu’il connaissait depuis le temps où il allait voir Jonas qui était un peu parent avec lui, et il lui a dit : “ J’y vais, tout le monde y va. Même Manahen y est allé et jusqu’aux… courtisanes y vont (je dis ce mot, mais il en a utilisé un autre plus dégoûtant). La Belle Eau est pleine de gens dans l’illusion. Mais, s’il me guérit et me lève l’anathème des terres, creusées comme par des machines de guerre par des armées de taupes, de vers et de courtilières qui déterrent les graines et rongent les racines des arbres fruitiers et des vignes – car il n’y a pas moyen d’en venir à bout –, je deviendrai pour lui un ami. Sinon… malheur à lui ! ” Nous lui avons répondu : “ Et c’est avec ces sentiments que tu y vas ? ” Il a demandé : “ Et qui a foi en ce possédé ? Du reste, puisqu’il reçoit les prostituées, il peut bien faire alliance avec moi. ” Nous avons voulu te prévenir pour que tu puisses savoir à quoi t’en tenir sur Doras.

– Tout est déjà fait.

– Déjà ? Ah ! C’est vrai ! Lui, il a des chars et des chevaux, quand nous n’avons que nos jambes. Quand est-il venu ?

– Hier.

– Et qu’est-il arrivé ?

– Voilà : si vous avez l’intention de vous occuper de Doras, vous pouvez vous rendre chez lui à Jérusalem et participer au deuil. On est en train de le préparer pour le tombeau.

– Il est mort ? !

– Oui, ici. Mais ne parlons pas de lui.

– Bien, Maître…

127.3

Dis-nous seulement une chose. Est-ce vrai, ce qu’il a dit de Manahen ?

– Oui. Cela vous déplaît-il ?

– Oh ! Mais c’est notre joie ! Nous lui avons tant parlé de toi, à lui, à Machéronte ! Et que veut un apôtre, sinon que son Maître soit aimé ? C’est ce que voulait Jean, et nous avec lui.

– Tu parles bien, Mathias, la Sagesse est avec toi.

– Moi… je ne voulais pas croire à ce que ces scribes puissants ont dit. Mais maintenant nous avons rencontré la femme voilée, celle qu’on dit être prostituée… Elle est même venue chez nous te chercher avant la fête des Tentes et nous lui avons dit : “ Celui que tu cherches n’est pas ici, mais il sera bientôt à Jérusalem pour la fête des Tentes. ” Nous lui avons parlé ainsi car Jean-Baptiste nous a dit : “ Voyez cette pécheresse : c’est une croûte d’ordure. Mais à l’intérieur, elle a une flamme qui ne cesse de grandir. Elle deviendra si forte qu’elle rompra la croûte et tout brûlera. L’ordure tombera et il ne restera que la flamme. ” C’est ce qu’il a dit. Mais… est-il vrai qu’elle couche ici, comme sont venus le dire deux scribes puissants ?

– Non, elle se trouve dans une des étables du régisseur, à plus d’un stade d’ici.

– Langues infernales. As-tu entendu ? Et eux !…

– Laisse-les dire. Les bons ne croient pas à leurs paroles, mais à mes œuvres.

– C’est aussi ce que dit Jean.

127.4

Il y a quelques jours, des disciples lui ont dit en notre présence : “ Rabbi, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain et à qui tu as rendu témoignage, baptise maintenant. Et tous vont à lui. Tu vas rester sans fidèles. ” Jean a répondu :

“ Bienheureuse mon oreille qui entend cette nouvelle ! Vous ne savez pas quelle joie vous me faites. Sachez que l’homme ne peut rien prendre qui ne lui soit donné par le Ciel. Vous pouvez témoigner que j’ai dit : ‘ Je ne suis pas le Christ, mais celui qui a été envoyé devant lui pour lui préparer le chemin. ’ L’homme juste ne s’approprie pas un nom qui n’est pas le sien et, même si quelqu’un veut le louer en lui disant : ‘ C’est toi, celui-là ’, c’est-à-dire le Saint, il répond : ‘ Non. En vérité, non. Je suis son serviteur. ’ Et il en ressent également une grande joie car il dit : ‘ Voilà, c’est que je lui ressemble un peu si l’on peut me prendre pour lui. ’ Or que veut celui qui aime, si ce n’est ressembler à l’être aimé ? Seule l’épouse jouit de l’époux. Celui qui s’est entremis pour le mariage ne pourrait en jouir car ce serait immoralité et vol. Mais l’ami de l’époux qui se tient dans son voisinage et entend sa voix que remplit la joie nuptiale, éprouve une joie si vive qu’elle est un peu semblable à celle qui rend heureuse la vierge que l’ami a épousée et que cela lui donne un avant-goût du miel des paroles nuptiales. C’est ma joie, et elle est complète. Que fait encore l’ami de l’époux après l’avoir servi des mois durant et après avoir escorté son épouse jusqu’à la maison ? Il se retire et disparaît. Ainsi en est-il de moi ! Un seul reste : l’époux avec l’épouse : l’Homme avec l’Humanité. Ah ! Quelle parole profonde ! Il faut qu’il croisse et que je diminue. Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous. Les patriarches et les prophètes s’effacent à son arrivée, car il est pareil au soleil qui éclaire tout et d’une lumière si vive que les astres et les planètes, dont la lumière est éteinte, s’en revêtent ; quant à ceux qui ne sont que ténèbres par eux-mêmes, ils disparaissent dans sa suprême splendeur. Il en est ainsi, car, lui, il vient du Ciel, tandis que les patriarches et les prophètes doivent monter au Ciel, mais n’en proviennent pas. Celui qui vient du Ciel est au-dessus de tous et il annonce ce qu’il a vu et entendu. Mais celui qui ne tend pas vers le Ciel ne peut accepter son témoignage, et par conséquent il renie Dieu. Ceux qui acceptent le témoignage de celui qui est descendu du Ciel scellent leur foi en Dieu Vérité, et non pas fable sans vérité ; ils entendent la Vérité parce qu’ils ont une âme qui la recherche. Car Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu lui a donné l’Esprit avec plénitude ; or l’Esprit dit : ‘ Me voici. Prends-moi, Je veux être avec toi, qui es le délice de notre amour. ’ Car le Père aime le Fils sans mesure et lui a tout remis en main. Ceux donc qui croient au Fils possèdent la vie éternelle. Mais ceux qui refusent de croire au Fils ne verront pas la Vie et la colère de Dieu restera en eux et sur eux. ”

Voilà ce qu’il a dit. J’ai gravé ces paroles dans mon esprit pour te les rapporter, dit Mathias.

– Et moi, je t’en loue et t’en remercie.

127.5

Le dernier des prophètes d’Israël n’est pas celui qui descend du Ciel mais, comme il a reçu les bienfaits des dons divins dès le sein de sa mère – vous ne le savez pas, mais moi, je vous le dis –, c’est celui qui est le plus proche du Ciel.

– Quoi ? Quoi ? Oh, raconte ! Il dit de lui-même : “ Je suis le pécheur. ” »

Les trois bergers sont impatients de savoir et les disciples eux aussi ont le même désir.

« Quand ma Mère me portait, enceinte de moi qui suis Dieu, parce qu’elle est la Femme humble et aimante, elle alla rendre service à la mère de Jean qui était sa cousine par sa mère et avait conçu pendant sa vieillesse. Jean-Baptiste avait déjà son âme car il en était au septième mois[1] de sa formation ; ce germe d’homme, enfermé dans le sein de sa mère, tressaillit de joie en entendant la voix de l’Epouse de Dieu. Il fut aussi le Précurseur par le fait qu’il devança les rachetés car d’un sein à l’autre se répandit la grâce ; et elle y pénétra et le péché originel disparut de l’âme de l’enfant. C’est la raison pour laquelle je dis que, sur la terre, trois personnes possèdent la sagesse, comme au Ciel il y en a trois qui sont la Sagesse : le Verbe, sa Mère, le Précurseur sur la terre ; le Père, le Fils, l’Esprit Saint au Ciel.

– Notre âme est remplie d’étonnement… Presque comme lorsqu’on nous a dit : “ Le Messie est né… ” Car tu es l’abîme de la miséricorde et notre Jean est l’abîme de l’humilité.

– Et ma Mère est l’abîme de la pureté, de la grâce, de la charité, de l’obéissance, de l’humilité, de toute autre vertu dont la source est en Dieu et dont Dieu comble ses saints.

127.6

– Maître, dit Jacques, fils de Zébédée, il est arrivé beaucoup de monde.

– Allons-y. Venez, vous aussi. »

Il y a foule.

« Que la paix soit avec vous » dit Jésus, souriant plus qu’à l’accoutumée.

Les gens bavardent et le montrent du doigt. Il y a beaucoup de curieux.

« “ Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ”, est-il dit[2].

Trop souvent on oublie ce commandement. On tente Dieu quand on veut lui imposer notre propre volonté. On tente Dieu quand on agit imprudemment contre les préceptes de la Loi, qui est sainte et parfaite et dont le côté spirituel, le principal, s’occupe et se préoccupe jusque de la chair que Dieu a créée. On tente Dieu quand, après avoir reçu son pardon, on recommence à pécher. On tente Dieu quand, après avoir reçu ses dons, on fait naître un dommage de ces bienfaits, alors que nous les avons reçus pour qu’ils soient utilisés pour notre bien et nous tournent vers Dieu.

On ne se moque pas de Dieu. Trop souvent, cela arrive. Hier, vous avez vu le châtiment qui attend ceux qui se moquent de Dieu. Le Dieu éternel, plein de pitié pour celui qui se repent, fait en revanche montre d’une grande sévérité à l’égard de celui qui ne se repent pas et n’accepte pas de changer.

Vous venez à moi pour entendre la parole de Dieu. Vous venez à moi pour obtenir un miracle. Vous venez à moi pour être pardonnés. Et le Père vous donne la parole, le miracle et le pardon. Et moi, je ne regrette pas le Ciel parce que je peux vous donner le miracle et le pardon, et vous faire connaître Dieu.

127.7

L’homme est tombé hier, foudroyé comme Nadab et Abiu[3] par le feu de la colère divine. Mais en ce qui vous concerne, abstenez-vous de le juger. Seulement que ce qui est arrivé, ce nouveau miracle, vous fasse réfléchir sur la manière d’agir qui convient pour avoir l’amitié de Dieu. Lui, il voulait l’eau de la pénitence, mais sans esprit surnaturel. Il la voulait avec une mentalité humaine : comme une pratique magique qui le guérisse de la maladie et le délivre du malheur. Il n’avait pas d’autre but que son corps et sa récolte. Rien pour sa pauvre âme : elle n’avait pas de valeur pour lui. Ce qui comptait pour lui, c’étaient la vie et l’argent.

Je le déclare : “ Le cœur est là où est le trésor et le trésor est là où est le cœur. C’est donc dans le cœur que se trouve le trésor. ”

Il n’avait rien d’autre au fond du cœur que la soif de vivre et de posséder beaucoup d’argent. Comment se le procurer ? Tout moyen était bon, même le crime. Dans ce cas, demander le baptême n’était-ce pas se moquer de Dieu et le tenter ? Il aurait suffi d’un repentir sincère de sa longue vie de péché pour lui procurer une sainte mort et même ce qu’il était juste d’obtenir sur terre. Mais il était impénitent. N’ayant jamais aimé personne en dehors de lui-même, il en arriva à ne pas s’aimer lui-même car la haine tue jusqu’à l’amour animal et égoïste qu’on a pour soi. Les larmes d’un repentir sincère auraient dû être son eau lustrale. Et qu’il en soit ainsi pour vous tous qui m’écoutez. Car personne n’étant sans péché, vous avez tous besoin de cette eau. Elle descend, pressée par le cœur, elle lave, rend la virginité à ce qui était profané, relève celui qui est tombé, rend la vigueur à celui que la faute avait saigné à blanc.

Cet homme ne se préoccupait que des malheurs de la terre. Mais il n’y a qu’un malheur qui doit faire réfléchir l’homme : c’est le malheur éternel de perdre Dieu. Cet homme n’oubliait pas de faire les offrandes rituelles, mais il ne savait pas offrir à Dieu un sacrifice spirituel, c’est-à-dire s’éloigner du péché, faire pénitence, demander par ses actes le pardon. Les offrandes hypocrites, faites avec des richesses provenant de biens mal acquis, reviennent à inviter Dieu à se faire complice des mauvaises actions de l’homme. Cela peut-il donc arriver ? N’est-ce pas se moquer de Dieu que d’avoir cette audace ? Dieu repousse celui qui dit : “ Voilà mon sacrifice ”, mais brûle de continuer sa vie de péché. Est-ce que le jeûne corporel sert à quelque chose lorsque l’âme ne s’impose pas le jeûne du péché ?

Que la mort de l’homme qui a eu lieu ici vous fasse réfléchir sur les conditions nécessaires pour être vraiment aimés par Dieu. Maintenant, dans son riche palais, les parents et les pleureurs mènent le deuil sur sa dépouille que l’on va bientôt conduire au tombeau. Ah ! Quel vrai deuil, quelle vraie dépouille ! Il n’est plus qu’une dépouille ! Rien d’autre qu’un deuil sans espérance. Car son âme déjà morte sera pour toujours séparée de ceux qu’il a aimés en raison d’une parenté ou d’affinité d’idées. Même si un séjour identique les unit pour toujours, la haine qui y règne les séparera. La mort est alors une “ vraie ” séparation. Il vaudrait mieux que, au lieu des autres, ce soit l’homme qui pleure sur lui-même quand il a tué son âme, et que, par ces larmes d’un homme contrit et humble, Dieu rende la vie à cette âme en lui pardonnant.

Allez, sans haine ou commentaire, sans rien d’autre que l’humilité. Comme moi qui ai parlé de lui sans haine, mais en portant sur lui une juste appréciation. La vie et la mort enseignent à bien vivre et à bien mourir, pour conquérir la Vie qui n’est pas sujette à la mort. Que la paix soit avec vous. »

127.8

Il n’y a ni malades ni miracles, et Pierre dit aux trois disciples de Jean-Baptiste :

« J’en suis désolé pour vous.

– Oh, il ne faut pas l’être. Nous croyons sans voir. Nous avons eu le miracle de sa naissance pour nous rendre croyants. Et maintenant nous avons sa parole pour confirmer notre foi. Nous ne demandons qu’à y rester fidèles jusqu’au Ciel comme Jonas, notre frère. »

Tout prend fin.

127.1

It is a very clear winter day: sunshine, wind and a clear sky, all blue, without the slightest trace of a cloud. It is early morning. A light veil of frost, or rather of almost frozen dew, is like diamond dust on the ground and on the grass.

Three men are coming towards the house. They are walking with the certainty of people who know where they are going. They see John who is crossing the yard, laden with pails of water drawn from the well. They call him.

John turns around, lays the buckets on the ground and says: «You are here? Welcome! The Master will be happy to see you. Come, before the crowds arrive. So many people come now!…»

They are the three shepherd disciples of John the Baptist. Simeon, John and Matthias follow the apostle happily.

«Master, there are three friends here. Look» says John going into the kitchen where a big fire of brushwood is burning merrily, spreading a pleasant smell of wood and burnt laurel.

«Oh! Peace to you, My friends. What made you come to Me? A misfortune of the Baptist?»

«No, Master. We came here with his permission. He sends You his greetings and asks You to recommend to God the lion chased by the archers. He does not delude himself about his destiny. But he is free for the time being. And he is happy because he knows that You have many followers. Also many who before were with him. Master… we would like to come with You, too, but… we do not want to leave him now that he is persecuted. You will understand us…» says Simeon.

«On the contrary, I bless you for that. The Baptist deserves respect and love.»

«Yes. You are right. The Baptist is a great man, and he is standing out like a giant more and more. He is like the agave, which, when it is about to die, forms the great candelabrum with the septiform flower and blazes and perfumes. That is what he is like. And he always says: “I would only like to see Him once again…” He wishes to see You. We have picked up that cry of his soul, and without telling him, we have brought it to You. He is the “Penitent” and the “Abstinent” Prophet. And he is pining away with the holy longing to see You and hear You. I am Tobias, now Matthias. But I think that the archangel given to Tobit did not differ from him. He is full of wisdom.»

«It is not said that I shall not see him…

127.2

But is that the only reason why you have come? It is troublesome to travel in this weather. Today is a clear day. But up to three days ago, there was so much rain on the roads!»

«No, we have not come only for that. Some days ago, Doras, the Pharisee, came to us to be purified. But the Baptist refused him the rite saying: “Water will not penetrate where there is such a thick crust of sin. Only One can forgive you, the Messiah”. He then replied: “I will go to Him. I want to be cured and I think that this disease is due to His spell”. The Baptist then chased him away as he would have chased Satan. When going away, he met John, whom he knew since the time John used to go to Jonah, to whom he was somehow related, and he said to him: “I am going. They all go. Also Manaen has been there and even… I say prostitutes, (but he used a dirtier word) go to Him. The Clear Water is full of deceived people. Now if He cures me and withdraws His anathema from my land, which armies of moles, worms and cricket-moles are digging up like war machines, eating the seed and gnawing away at the roots of fruit trees and vines, and nothing can destroy them, I will become His friend. Otherwise… woe to Him!” We replied to him: “Are you going there in that frame of mind?” He replied: “Who believes in that devil? In any case, He can form an alliance with me as He does with prostitutes”. We decided to come and tell You, so that You know how to deal with Doras.»

«It is already all done.»

«Already done? Of course. He has wagons and horses, we have only our legs. When did he come?»

«Yesterday.»

«And what happened?»

«This: if you prefer to worry about Doras, You may go to his house in Jerusalem and mourn him. They are preparing him for his sepulchre.»

«Dead?!»

«Dead. Here. But do not let us speak of him.»

«Yes, Master…

127.3

But… tell us one thing. Is it true what he said of Manaen?»

«Yes. Are you sorry?»

«Oh! It is our joy! We have spoken so much to him of You at Machaerus! And what does an apostle want but that his Master be loved? That is what John wants, and we with him.»

«You are right, Matthias. Wisdom is with you.»

«And… I don’t believe it. But we have just met her… She came also to us looking for You, before the Feast of the Tabernacles. And we said to her: “What you are looking for is not here. But He will soon be in Jerusalem for the Tabernacles…” We told her that because the Baptist had said to us: “See that sinner, she is a crust of filth, but inside she has a flame which is to be stoked. It will become so strong that it will break out through the crust and will burn everything. The filth will fall off and only the blaze will be left”. That is what he said. But, is it true that she sleeps here, as two mighty Scribes came to tell us?»

«No. She is in one of the steward’s stables, more than a mile from here.»

«Hellish tongues! Have you heard that? And they!…»

«Let them say. Good people do not believe their words, they believe in My deeds.»

«John says so too.

127.4

Some days ago, some of his disciples said to him in our presence: “Rabbi, He, Who was with you on the other side of the Jordan and to Whom you bore witness, now baptises. And they all go to Him. You will be left without followers”. And John replied: “Blessed my ears that hear this news! You do not realise what joy you are giving me. You must know that man cannot take anything unless it is given to him by Heaven. You can witness that I said: ‘I am not the Christ, but I have been sent before Him to prepare His way’. A just man does not take a name which does not belong to him, and even if people wish to praise him by saying: ‘You are the one’, that is, the Saint, he will say: ‘Truly not, I am his servant’. And he is very happy just the same, because he thinks: ‘I must be a little like Him, if people mistake me for Him’. And what does one who loves want but to be like the person he loves? Only the bride gets pleasure from the bridegroom. A best man could not get it, because it would be immoral and a theft. But the friend of the groom, who is near him and listens to his words full of nuptial joy, feels such a great joy that it is almost like the delight that makes happy the virgin who married his friend and who foretastes the honey of the nuptial words. That is my joy and it is complete. What else does the friend of the groom do, after serving his friend for months and after leading the bride to his house? He withdraws and disappears. So will I! One only remains: the groom with the bride: Man with mankind. Oh! what deep words! He must grow greater, I must grow smaller. He Who comes from Heaven is above all the others. Patriarchs and Prophets disappear at His coming, because He is like the sun that illuminates everything with such a bright light, that stars and planets, deprived of light, are brightened by it, and those, the light of which is not extinguished, are outshone by its extreme brightness. It happens thus, because He comes from Heaven, whereas the Patriarchs and Prophets will go to Heaven, but they do not come from Heaven. He who comes from Heaven is above all the others. And He announces what He has seen and heard. But none of those who do not aim at Heaven and therefore deny God can accept His witness. He who accepts the witness of Him Who descended from Heaven, seals, by his belief, that God is true, and not an idle story without any truth, and he perceives the Truth, because his soul craves for It. Because He, Whom God sent, speaks words of God, because God gives Him the Spirit without reserve, and the Spirit says: ‘Here I am. Take Me, because I want to be with You, Who are the delight of our love’. Because the Father loves the Son immeasurably and has placed all things in His hands. Therefore he who believes in the Son, has eternal life. But he who refuses to believe in the Son will not see Life. And the wrath of God will stay in him and on him”. That is what he said. I engraved his words on my memory that I might repeat them to You» says Matthias.

«And I praise you and thank you for them.

127.5

The last Prophet in Israel is not He Who descends from Heaven, but, as he was blessed with divine gifts since he was in the womb of his mother — you do not know, but I am telling you — it is he who is nearest to Heaven.»

«What? Oh! Tell us. When speaking of himself, he says: “I am the sinner”.» Both the shepherds and the disciples are anxious to know.

«When My Mother was carrying Me, when She was pregnant of Me-God, as She is the Humble and Loving One, She went to serve John’s mother, who was Her cousin on Her mother’s side, and was pregnant in her old age. The Baptist already had a soul, as he was in his seventh month. And the germ of man, closed in his mother’s womb, leapt with joy on hearing the voice of the Spouse of God. A precursor also in that, he preceded all the redeemed souls, because Grace was communicated from womb to womb and penetrating, it cancelled the Original Sin from the soul of the child. I therefore say that on the earth there are three who possess Wisdom, as there are in Heaven Three Who are Wisdom: the Word, His Mother, the Precursor on the earth; the Father, the Son, the Holy Spirit in Heaven.»

«Our souls are thoroughly amazed, almost like when we were told: “The Messiah is born…” Because You were the Abyss of Mercy and our John is the abyss of humbleness.»

«And My Mother is the abyss of purity, of grace, of charity, of obedience, of humbleness, and of every other virtue which comes from God and which God grants to His saints.»

127.6

«Master» says James of Zebedee. «There are a lot of people.»

«Let us go. You may come, too.»

The crowd is very large.

«Peace be with you» says Jesus. He is smiling and very rarely is His smile so bright. People whisper and nod to Him. There is a great deal of curiosity.

It is said: «“Do not put the Lord your God to the test”.

This commandment is forgotten too often. We put God to the test when we want to impose our will on Him. We put God to the test when we rashly act against the rules of the Law, which is holy and perfect and in its spiritual side, the principal one, it deals with and also takes care of the flesh that God created. We put God to the test, when, after being forgiven by Him, we revert to our sins. We put God to the test when, after receiving help from Him, we turn to our own ways and damage the help which had been granted for our own good and to remind us of God. God is neither to be mocked at nor derided. But that happens too often.

Yesterday you saw what punishment awaits those who deride God. The Eternal God, Who is full of compassion for those who are repentant, is most severe with unrepentant souls, who under no circumstances will amend themselves. You come to Me to hear the word of God. You come to receive miracles. You come to be forgiven. And the Father gives you His word, His miracles and His forgiveness. And I do not regret that I descended from Heaven, because I can give you miracles and forgiveness and I can make you understand God.

127.7

That man was struck down, like Nadab and Abihu, by the fire of divine wrath. But you must refrain from judging him. What happened, a new miracle, should only make you meditate on how one must behave to have God as a friend. He wanted the penitential water but without a supernatural spirit. He wanted it for a human spirit. As a magic means to cure his illness and free him from his calamity. All he was aiming at was his body and his harvest. Not his poor soul, which was of no value to him. His only values were life and money.

I say: a heart is where its treasure is, and a treasure is where the heart is. The treasure is therefore in the heart. In his heart he had a thirst for life and for a lot of money. How was he to get it? By any means. Also by crime. And so, was his request for baptism not deriding God and putting Him to the test? Sincere repentance for his long sinful life would have sufficed to gain him a holy death and what was fair to have on the earth. But he was unrepentant. As he never loved anyone but himself, he went so far as not to love even himself. Because hatred also kills the animal selfish love of man for himself. Tears of sincere repentance should have been his lustral water. And may that be true for all of you who are listening to Me. Because there is no one without sin, and you all therefore need that water. Springing from your hearts, it descends upon you and washes you, it cleanses what is polluted, it raises what is prostrated, it instils new life into those who have been bled by sin.

That man was anxious only about the trifles of the earth. But there is only one misery that should make man pensive. And that is the eternal misery of losing God. He did not fail to make the ritual offers. But he did not offer God the sacrifice of his spirit, that is, he did not stop sinning, he did not do penance and ask forgiveness by means of good deeds. Hypocritical offers made by means of riches unlawfully acquired are similar to reqests made to God to become an accomplice of the evil actions of man. Can that ever happen? Is that not mocking at God? God rejects him who says: “I offer sacrifices” but is anxious to continue to sin. Can a corporeal fast be of any avail when the soul does not abstain from sin?

May the death of the man who died here make you meditate on the conditions which are necessary to be loved by God. Now in his sumptuous abode his relatives and the hired female mourners are mourning over his corpse which will shortly be taken to its sepulchre. Oh! A true mourning and a true corpse! Nothing more than a corpse! Nothing but disheartened mourning. Because the soul which was already dead will be forever separated from those whom he loved out of blood relationship or similarity in mentality. Even if the same dwelling place will unite them forever, they will be divided by the hatred that reigns there. Then death is “true” separation. It would be better if a man, when he has killed his soul, mourned over himself, rather than be mourned by other people, and thus, through the tears of a contrite and humble heart, he gave life back to his soul, through God’s forgiveness.

Go. Without hatred or comment. With nothing but humbleness. As I have spoken of him out of justice, without hatred. Life and death teach us how to live well and die a happy death, and conquer life without death. Peace be with You.»

127.8

There are no sick people, no miracles, and Peter says to the three disciples of the Baptist: «I am sorry for you.»

«Oh! It is not necessary. We believe without seeing. We had the miracle of His birth and it made us believe. And now we have His word to corroborate our faith. We only ask to serve it until we are in Heaven, like our brother Jonah.»

It all ends.


Notes

  1. Jean-Baptiste avait déjà son âme car il en était au septième mois… Ces mots, adressés à des gens simples, ne permettent pas d’exclure que l’âme est infusée dès le premier instant de la conception du corps.
  2. dit, en: Dt 6, 16.
  3. Nadab et Abiu : voir le récit de leur mort en Lv 10, 1-2 ; Nb 3, 4 ; 26, 61 ; 1 Ch 24, 2.