The Writings of Maria Valtorta

126. Jésus à la Belle Eau :

126. The preaching at the Clear Water.

126.1

« Il est dit : “ Tu ne tueras pas. ” Auquel des deux groupes de commandements appartient celui-ci ? “ Au second ”, dites-vous ? En êtes-vous sûrs ? Je vous demande encore : est-ce un péché qui offense Dieu ou celui qui en est la victime ? Vous répondez : “ La victime ” ? Etes-vous sûrs aussi de cela ? Je vous demande enfin : n’y a-t-il qu’un péché d’homicide ? En tuant, ne commettez-vous que ce seul péché ? “ Oui ”, répondez-vous ? Personne n’en doute ? Répondez à haute voix. Qu’un seul parle au nom de tous ! J’attends. »

Jésus se penche pour caresser une petite fille venue à côté de lui et qui le regarde, extasiée, oubliant même de grignoter la pomme que sa mère lui a donnée pour qu’elle se tienne tranquille.

Un vieillard imposant se lève et dit :

« Maître, écoute. Je suis un vieux chef de synagogue et ils m’ont dit de parler au nom de tous. Je parle donc. Il me semble, et il nous semble, avoir répondu selon la justice et selon ce qu’on nous a enseigné. J’appuie ma certitude sur le chapitre de la Loi[1] relatif à l’homicide et aux coups. Mais toi, tu sais pourquoi nous sommes venus : pour que tu nous enseignes, car nous reconnaissons en toi la sagesse et la vérité. Si donc je me trompe, éclaire mes ténèbres pour que le vieux serviteur que je suis puisse s’avancer vers son Roi, revêtu de lumière ; rends aussi ce service à ceux-ci qui sont de mon troupeau et qui sont venus, avec leur berger, boire à la fontaine de vie. »

Avant de s’asseoir, il s’incline avec le plus grand respect.

« Qui es-tu, père ?

– Cléophas d’Emmaüs, ton serviteur.

– Pas le mien : mais celui du Père qui m’a envoyé parce que c’est à lui qu’on doit laisser toute préséance et donner tout amour au Ciel, sur terre et dans les cœurs. Et le premier à lui rendre cet honneur, c’est son Verbe qui prend et offre, sur une table sans défauts, les cœurs des bons, comme le fait le prêtre avec les pains de proposition. Mais écoute, Cléophas, pour aller à Dieu tout illuminé, selon ton saint désir.

126.2

Pour mesurer la culpabilité d’un pécheur, il faut prendre en considération les circonstances qui précèdent, préparent, justifient, expliquent la faute elle-même. Qui ai-je frappé ? Qu’est-ce que j’ai frappé ? Où ai-je frappé ? Avec quels moyens ai-je frappé ? Pourquoi ai-je frappé ? Comment ai-je frappé ? Quand ai-je frappé ? : c’est ce que celui qui a tué doit se demander avant de se présenter à Dieu pour lui demander pardon.

Qui ai-je frappé ? Un homme. Je ne prends pas en considération le fait qu’il soit riche ou pauvre, libre ou esclave. Pour moi, il n’existe pas d’esclaves ou de puissants. Tous sont des hommes créés par un Etre unique, par conséquent tous sont égaux. En fait, devant la majesté de Dieu, même le plus puissant monarque de la Terre n’est que poussière. Et à ses yeux comme aux miens, il n’existe qu’un seul esclavage, celui du péché et donc sous la domination de Satan. La Loi antique distingue les hommes libres des esclaves et se livre à des considérations subtiles selon que la mort a été immédiate ou qu’il y a eu un jour ou deux de survie, et de même si la femme enceinte est morte du coup qui l’a frappée ou si la mort n’a atteint que le fruit de son sein. Mais tout cela a été dit lorsque la lumière de la perfection était encore bien lointaine. Maintenant, elle est parmi vous et vous dit : “ Quiconque frappe mortellement l’un de ses semblables pèche. ” Et il ne pèche pas seulement à l’égard de l’homme, mais aussi contre Dieu.

Qu’est-ce que l’homme ? L’homme est l’être souverain que Dieu a créé pour être le roi de la création. Il l’a créé à son image et à sa ressemblance, en lui donnant la ressemblance spirituelle et en tirant son image de l’image parfaite de sa pensée parfaite. Regardez dans l’air, sur la terre et dans les eaux. Y voyez-vous donc un animal ou une plante qui, aussi beaux soient-ils, égalent l’homme ? L’animal court, mange, boit, dort, engendre, travaille, chante, vole, rampe, grimpe, mais il n’a pas la parole. L’homme aussi sait courir et sauter, et il est si agile au saut qu’il rivalise avec l’oiseau. Il sait nager, et il est si rapide à la nage qu’on dirait un poisson. Il sait ramper, et ressemble en cela à un reptile. Il sait grimper, et paraît être un singe. Il sait chanter au point qu’on dirait un oiseau. Il sait engendrer et se reproduire. Mais, en plus, il sait parler.

Et ne dites pas : “ Tout animal a son langage. ” Certes, l’un mugit, l’autre bêle, un troisième brait, un autre encore gazouille, un dernier fait des trilles. Mais, du premier bovin au dernier, ce sera toujours le même et unique mugissement ; de même, le mouton bêlera jusqu’à la fin du monde et l’âne braira comme le fit le premier âne. Le passereau répètera toujours son court gazouillement pendant que l’alouette et le rossignol rediront le même hymne, la première au soleil, le second à la nuit étoilée. Même au dernier jour de la terre, ils en sera ainsi. L’homme, au contraire, parce qu’il n’a pas seulement une luette et une langue, mais un ensemble complexe de nerfs dont le centre est au cerveau, siège de l’intelligence, sait saisir des sensations nouvelles, en faire l’objet de ses réflexions et leur donner un nom.

Adam appela chien son ami et lion celui qui lui parut plus ressemblant avec son épaisse crinière toute hérissée au-dessus de son visage à peine barbu. Il appela brebis l’agnelle qui le saluait doucement, et donna le nom d’oiseau à cette fleur empennée qui volait comme un papillon, mais émettait un doux chant que le papillon ne possède pas. Et puis, au cours des siècles, les descendants d’Adam créèrent sans cesse de nouveaux mots au fur et à mesure qu’ils “ connurent ” les œuvres de Dieu dans les créatures ou à mesure que, grâce à l’étincelle divine qui est en eux, ils n’engendrèrent pas seulement des enfants, mais créèrent aussi des objets utiles ou nuisibles à leurs enfants eux-mêmes, selon qu’ils étaient avec Dieu ou contre Dieu. Ceux qui créent et produisent de bonnes choses sont avec Dieu. Ceux qui créent des choses mauvaises qui nuisent à leur prochain sont contre Dieu. Dieu venge ses enfants torturés par le mauvais génie humain.

126.3

L’homme est donc la créature de prédilection de Dieu. Même s’il est maintenant coupable, c’est toujours la créature qui lui est la plus chère. Ce qui le prouve, c’est qu’il a envoyé son Verbe lui-même, non pas un ange ou un archange, ni un chérubin ou un séraphin, mais son Verbe, en le revêtant de la chair humaine pour sauver l’homme. Il n’a pas estimé indigne ce vêtement pour permettre que souffre et expie celui qui, étant comme lui un très pur Esprit, n’aurait pu, en tant que tel, souffrir et expier la faute de l’homme.

Le Père m’a dit : “ Tu seras homme : l’Homme. J’en avais créé un, parfait comme tout ce que je fais. Je lui avais destiné une douce vie, une très douce dormition et un bienheureux réveil, un séjour très heureux et éternel dans mon paradis céleste. Mais, tu le sais, rien de souillé ne peut pénétrer dans ce paradis, car Moi-Nous, Dieu un et trine, nous y avons notre trône. Or seule la sainteté peut paraître en notre présence. Je Suis Celui qui Suis. Ma divine nature, notre mystérieuse essence ne peut être connue que par ceux qui sont sans tache. Maintenant l’homme, en Adam et par Adam, est souillé. Va le purifier. Je le veux. Tu seras désormais : l’Homme, le Premier-Né. Car tu seras le premier à entrer ici, avec ta chair mortelle exempte du péché, avec l’âme exempte du péché originel. Ceux qui t’ont précédé sur la terre et ceux qui te suivront posséderont la vie grâce à ta mort de Rédempteur. ” Il ne pouvait mourir que quelqu’un qui était né. Moi, je suis né et je mourrai.

L’homme est la créature privilégiée de Dieu. Maintenant, dites-moi : si un père a plusieurs enfants, mais que l’un d’eux est son préféré, la pupille de son œil, et qu’on le tue, ce père ne souffre-t-il pas plus que s’il s’agissait d’un autre de ses enfants ? Cela ne devrait pas être car un père devrait être juste envers tous ses enfants. Mais cela arrive parce que l’homme est imparfait. Dieu peut le faire avec justice car l’homme est l’unique être de la création qui possède en commun avec le Créateur l’âme spirituelle, marque indéniable de la paternité divine.

En enlevant un fils à son père par le meurtre, n’offense-t-on que le fils ? Non, le père aussi. Le fils en sa chair, le père en son cœur. Mais les deux sont blessés. En tuant un homme, n’offense-t-on que l’homme ? Non, Dieu aussi. L’homme dans sa chair, Dieu dans son droit. Car c’est par lui seulement que la vie et la mort doivent être données et enlevées. Tuer, c’est faire violence à Dieu et à l’homme. Tuer, c’est faire irruption dans le domaine de Dieu. Tuer, c’est manquer au précepte de l’amour. Celui qui tue n’aime pas Dieu, car il fait périr son œuvre : un homme. Le meurtrier n’aime pas le prochain, car il lui enlève ce qu’il veut pour lui-même : la vie.

Je viens de répondre aux deux premières questions.

126.4

Où ai-je tué ?

On peut tuer en plein air, dans la maison de la victime ou en l’attirant chez soi. On peut frapper tel ou tel organe en produisant une souffrance plus grave et en commettant même deux homicides à la fois si on frappe la femme, enceinte du fruit de son sein.

On peut frapper dans la rue sans en avoir l’intention. Un animal qui nous échappe peut tuer un passant. Mais alors, il n’y a pas préméditation. Mais si un homme se rend, armé d’un poignard qu’il dissimule hypocritement sous son vêtement de lin, dans la maison d’un ennemi – d’ailleurs l’ennemi est souvent celui qui a le tort d’être meilleur –, ou bien s’il l’invite chez soi avec des marques d’honneur, puis l’égorge et le jette dans la citerne, alors il y a préméditation et c’est le crime complet puisqu’il y a malice, férocité et violence.

Si, avec la mère, je tue son fruit, c’est des deux que Dieu me demandera de rendre compte. Parce que le ventre qui engendre un nouvel homme selon le commandement de Dieu est sacré, de même que la petite vie qui mûrit en lui, et à laquelle Dieu a donné une âme.

126.5

Par quels moyens ai-je frappé ?

Il ne sert à rien de prétendre : “ Je ne voulais pas frapper ” quand on a utilisé une arme véritable. Dans la colère, les mains elles-mêmes deviennent une arme, de même que la pierre que l’on prend par terre, ou la branche arrachée à un arbre. Mais celui qui examine froidement le poignard ou la hache et, s’ils lui paraissent mal aiguisés, les aiguise puis les glisse au plus près de son corps de façon qu’on ne les aperçoive pas, mais qu’il puisse facilement les brandir, ne peut pas prétendre, s’il se rend ainsi chez son rival : “ Je n’avais pas l’intention de frapper. ” Celui qui prépare un poison en cueillant des herbes ou des fruits toxiques pour en faire une poudre ou un breuvage, puis les présente à sa victime comme s’il s’agissait d’épices ou d’une boisson fermentée, ne peut certainement pas dire : “ Je ne voulais pas tuer. ”

Maintenant écoutez, vous les femmes silencieuses et meurtrières impunies de tant de vies. C’est aussi tuer que d’arracher un fruit qui croît en votre sein parce qu’il est d’une provenance coupable ou qu’il n’est pas désiré, n’étant qu’un poids inutile en vous, préjudiciable pour votre richesse. Il n’y a qu’une façon d’éviter ce poids : rester chastes. N’unissez pas l’homicide à la luxure, la violence à la désobéissance, et ne croyez pas que Dieu ne voit pas ce que l’homme n’a pas vu. Dieu voit tout et se souvient de tout. Souvenez-vous-en, vous aussi.

126.6

Pourquoi ai-je frappé ?

Ah ! Les raisons sont multiples ! Le déséquilibre imprévu que crée en vous une émotion violente, celui de trouver la couche nuptiale profanée, ou un voleur surpris dans la maison, ou encore l’homme répugnant qui viole votre propre fillette, le calcul froid et réfléchi de se débarrasser d’un témoin dangereux, de quelqu’un qui vous empêche d’arriver ou dont on convoite la situation ou la fortune : il y a là tant de raisons ! Si encore Dieu peut pardonner à celui qui devient assassin dans la fièvre de la douleur, il ne pardonne pas à celui qui le devient par ambition ou parce qu’il recherche l’estime des hommes.

Agissez toujours avec droiture, et vous ne craindrez pas le regard ou la parole de quiconque. Contentez-vous de ce que vous avez et vous ne convoiterez pas ce que possède autrui au point de devenir assassin pour posséder ce qui lui appartient.

126.7

Comment ai-je frappé ?

En m’acharnant après le premier coup impulsif ? Il arrive que l’homme n’ait plus de frein. Satan le jette dans le crime, comme le frondeur lance sa pierre. Mais que diriez-vous d’une pierre qui, après avoir touché sa cible, reviendrait à la fronde pour qu’on la relance et qu’elle frappe une nouvelle fois ? Vous diriez : “ Elle est possédée par une force magique et infernale. ” Ainsi en est-il de l’homme qui, après un premier coup, en donne un second, un troisième, un dixième sans que sa férocité s’apaise pour autant. Car la colère tombe et l’on revient à la raison après le premier coup, lorsqu’il provient d’un motif qui peut se comprendre. Mais la férocité, elle, s’acharne d’autant plus que la victime a reçu plus de coups, chez le véritable assassin. C’est un démon qui n’a pas, qui ne peut éprouver de pitié pour son frère, parce qu’il est Satan, c’est-à-dire la haine.

126.8

Quand ai-je frappé ?

Du premier coup ? Après que la victime est tombée par terre ? En simulant le pardon alors que la rancœur était toujours plus forte ? J’ai attendu de frapper, peut-être des années durant, pour faire souffrir doublement en tuant le père en la personne de ses enfants ?

Vous voyez qu’en tuant, vous violez le premier et le second groupe des commandements parce que vous vous arrogez le droit de Dieu et que vous foulez aux pieds votre prochain. Il y a donc péché contre Dieu et contre le prochain. Vous ne commettez pas seulement un péché d’homicide, mais vous faites un péché de colère, de violence, d’orgueil, de désobéissance, de sacrilège et parfois de cupidité si vous tuez pour vous emparer d’une place ou d’une bourse. Mais, j’y fais à peine allusion et je vous l’expliquerai mieux un autre jour, on ne commet pas l’homicide uniquement avec une arme ou un poison, mais aussi par la calomnie. Réfléchissez-y.

126.9

J’ajoute ceci : le maître qui frappe un esclave, en évitant par calcul qu’il ne lui meure entre les mains, est doublement coupable. L’esclave n’est pas l’argent du maître : c’est une âme qui appartient à son Dieu. Que celui qui lui inflige un traitement qu’il n’appliquerait pas à son bœuf soit maudit ! »

Les yeux de Jésus lancent des éclairs, et il tonne. Tous le regardent avec surprise car, l’instant d’avant, il parlait avec calme.

« Maudit soit-il ! La Loi nouvelle abolit cette dureté. C’était encore justice lorsque dans le peuple d’Israël n’existaient pas ces hypocrites qui simulent la sainteté et s’ingénient seulement à contourner la Loi de Dieu et l’exploiter à leur profit. Mais à présent que, dans tout Israël, on est envahi par ces vipères qui rendent l’interdit licite uniquement parce que ce sont eux, les puissants misérables que Dieu regarde avec haine et dégoût, moi, je l’af­firme : cela n’est plus.

Les esclaves tombent sur les sillons ou en tournant la meule. Ils tombent avec les os brisés et les nerfs mis à nu par les coups de fouets. Pour pouvoir les frapper, les maîtres les accusent de crimes mensongers pour justifier leur propre sadisme satanique. On fait servir jusqu’au miracle de Dieu pour les accuser et avoir le droit de les martyriser. Ni la puissance de Dieu, ni la sainteté de l’esclave ne convertit leur âme torve. Elle ne peut être guérie. Le bien n’entre pas dans ce qui est saturé par le mal. Mais Dieu voit et dit : “ Ça suffit ! ”

Trop nombreux sont les Caïn qui tuent les Abel. Que croyez-vous, sépulcres immondes dont l’extérieur est blanchi et recouvert des paroles de la Loi et à l’intérieur desquels Satan est devenu roi, où pullule le satanisme le plus rusé, que croyez-vous ? Qu’il n’y a eu d’Abel que le fils d’Adam et que le Seigneur regarde avec bienveillance ceux-là seuls qui ne sont pas esclaves d’homme, et qu’il rejette l’unique offrande que puisse faire l’esclave : celle de son honnêteté baignée de larmes ? Non, en vérité je vous dis que chaque juste est un Abel, même s’il est chargé de chaînes, mourant sur la glèbe ou ensanglanté par vos flagellations, et que sont des Caïn tous les hommes injustes qui présentent des dons à Dieu par orgueil, non pas pour lui rendre un culte vrai ; en réalité, leurs dons sont souillés par leurs péchés et entachés de sang.

Profanateurs du miracle, profanateurs de l’homme, tueurs, sacrilèges ! Dehors ! Eloignez-vous de ma présence ! Assez ! Je vous le dis : assez. Et je puis le dire car je suis la Parole divine qui exprime la Pensée divine. Partez ! »

Debout sur la pauvre estrade, Jésus effraie par sa majesté. Le bras tendu, il indique la porte de sortie, et ses yeux, comme des feux d’azur, semblent foudroyer les pécheurs présents. La petite fille qui était à ses pieds se met à pleurer et court vers sa maman. Etonnés, les disciples se regardent et cherchent à voir à qui s’adresse l’invective. La foule aussi se retourne, le regard interrogateur.

126.10

Finalement le mystère s’explique. Au fond, de l’autre côté de la porte, à moitié caché derrière un groupe de gens du peuple de grande taille, Doras apparaît, plus sec, jaune et ridé que jamais, tout nez et menton. Il est accompagné d’un serviteur qui l’aide à se déplacer car il paraît à moitié accidenté. Qui donc l’avait aperçu, là, au milieu de la cour ? Il ose parler de sa voix éraillée :

« C’est à moi que tu t’adresses ? C’est moi qui suis visé ?

– C’est toi, oui. Sors de ma maison.

– Je sors. Mais nous règlerons cela bientôt, n’en doute pas.

– Bientôt ? Tout de suite. Le Dieu du Sinaï, je te l’ai dit[2], t’attend.

– Toi aussi, malfaisant, qui as fait arriver sur moi le malheur et les animaux nuisibles de la terre. Nous nous reverrons. Et ce sera ma joie.

– Oui. Et tu ne voudras pas me revoir car c’est moi qui te jugerai.

– Ha ! Ha ! Maléd… »

Il se débat, gargouille quelques syllabes et tombe.

« Il est mort ! Crie le serviteur. Le maître est mort ! Béni sois-tu, Messie, notre vengeur !

– Non, pas moi, mais Dieu, le Seigneur éternel. Que personne ne se souille. Que le serviteur seul s’occupe de son maître. Et sois bon pour son corps. Soyez bons, vous tous, ses serviteurs. Ne vous réjouissez pas, par haine du mort, pour ne pas mériter une condamnation. Que Dieu et le juste Jonas soient toujours pour vous des amis et moi avec eux. Adieu.

– Mais il est mort par ta volonté ? demande Pierre.

– Non, mais le Père est entré en moi… C’est un mystère que tu ne peux comprendre. Sache seulement qu’il n’est pas permis de s’attaquer à Dieu. Il se venge lui-même.

– Dans ce cas, ne pourrais-tu pas demander au Père de faire mourir tous ceux qui te haïssent ?

– Tais-toi ! Tu ne sais pas de quel esprit tu es ! Je suis la Miséricorde et non la Vengeance. »

Le vieux maître de la synagogue s’approche :

« Maître, tu as répondu à toutes mes questions et la lumière est en moi. Sois béni. Viens dans ma synagogue. Ne refuse pas ta parole à un pauvre vieillard.

– J’irai. Va en paix. Le Seigneur est avec toi. »

Tout prend fin pendant que la foule s’en va très lentement.

126.1

«It is said: “You shall not kill”. To which of the two groups of commandments does this one belong? Are you saying: “To the second”? Are you sure? I will ask you another question: is it a sin which offends God or the man who has been struck? You say: “The man who has been struck”? Are you sure also of that? And another question: is it only a sin of homicide? By killing a person does one commit but this one sin? You say: “Only this one”? Does no one doubt it? Give Me your answers in a loud voice. Let one speak on behalf of everybody. I will wait.» And Jesus bends to caress a little girl who has come near Him and looks at Him enraptured, forgetting to nibble at the apple her mother gave her to keep her quiet.

A stately old man stands up and says: «Listen, Master. I am an old synagogue leader and I have been asked to speak on behalf of everybody. And I am going to speak. I think, we all think, that we have replied according to justice and according to what we have been taught. My certainty is based on the Law concerning homicide and blows. But You know why we have come: to be taught, as we know that You are Wisdom and Truth. If, therefore, I am wrong, enlighten my darkness, that the old servant may go to his King clad in light. And similarly, enlighten also these people who belong to my flock and have come with their shepherd to drink at the source of Life» and before sitting down, he bows with the greatest respect.

«Who are you, father?»

«Cleopas, of Emmaus, Your servant.»

«Not Mine: of Him Who sent Me, because the Father is to be given all priority and all love in Heaven, on the earth and in hearts. And the first to give Him this honour is His Word, Who, on the faultless table takes and offers the hearts of good people, as the priest does with the bread of the proposition. But listen, Cleopas, that you may go to God enlightened as is your holy desire.

126.2

When judging a fault, it is necessary to take into consideration the circumstances that precede, prepare, justify and explain the fault. A man who has committed murder, before presenting himself to God to ask forgiveness, must ask himself: “Whom did I strike? What did I strike? Where, with what means, why, how, when did I strike?”

“Whom did I strike?”

A man. I say: a man. I do not consider whether he is rich or poor, free or a slave. As far as I am concerned, there are neither slaves nor mighty ones. There are only men, created by One God, therefore, they are all equal. In fact, also the most powerful king on the earth is dust before the majesty of God. And in His eyes, as well as in Mine, there is only one slavery: sin, and therefore a slavery under Satan. The old Law discriminates between free men and slaves, and subtilises between killing with one blow and killing when the person struck survives for a day or two and likewise, whether a pregnant woman is killed by blows or only the fruit of her womb dies. But that was said when the light of perfection was still far away. Now it is amongst you and says: “He who kills his fellow-creature commits a sin”. And he sins not only against man, but also against God.

What is man? Man is the sovereign creature whom God created to be the king of creation and He created him in His image and likeness, giving him His likeness according to the spirit, and His image by drawing his perfect image from His perfect thought. Look at the air, at the earth, at the seas. Can you see an animal or a plant, however beautiful it may be, which is equal to man? Animals run, eat, drink, sleep, procreate, work, sing, fly, creep, climb. But they do not speak. Man can also run and jump, and is so agile in jumping as to emulate birds; he can swim, and is so fast that he seems like a fish; he can creep and looks like a reptile; he climbs like a monkey; he can sing like a bird. He can procreate and reproduce. And, besides, he can speak.

Do not say: “Every animal has its language”. True, one moos, another bleats, another brays, another chirps, another warbles, but the last bull will bellow exactly the same as the first one, and so sheep will bleat until the end of the world, and donkeys will always bray like the first one, and sparrows will always chirp, whilst the lark and the nightingale will sing their songs: the former to the sun, the latter to a starry night, also on the last day of the world, exactly as they greeted the first sun and the first night. Man, instead, having not only a voice and a tongue, but also a nervous system, the centre of which is the brain, the seat of intelligence, is capable of perceiving new sensations, meditating on them and giving them names.

Adam called dog his friend and gave the name of lion to the animal that seems most like it because of its mane round its short-bearded face. He called sheep the lamb that greeted him mildly and gave the name of bird to the beautiful flower of feathers that flies like a butterfly but sings a sweet song that a butterfly cannot sing. And later, throughout the centuries, the children of Adam created new names, as and when they “became acquainted” with the works of God in His creatures, or, through the divine spark which is in man, they not only procreated children, but they also created things which were useful or harmful to their children, according to whether they were with God or against God. Those who create and do good things are with God. Those who create wicked things, harmful to their neighbours, are against God. God avenges His children tortured by man’s wickedness.

126.3

Man is thus the favoured creature of God. Even if he is now guilty, he is still the dearest creature to Him. That is witnessed by the fact the He sent His own Word, not an angel, not an archangel, not a cherub, not a seraph, but His own Word, clad with human flesh, to save man. He did not deem that flesh unworthy to make Him liable to suffer and expiate, Who being a Most Pure Spirit Himself, could not have suffered and expiated the sin of man.

The Father said to Me: “You shall become man: the Man. I made one. He was as perfect as everything I make. He was destined to a peaceful life, a most peaceful final sleep, a happy awakening and a most happy eternal life in My celestial Paradise. But You know that nothing contaminated may enter our Paradise, because there I-We, one and trine God, have Our throne. Only holiness is allowed to stand before it. I am He Who I am. My divine nature, our mysterious being can be known only to those who are without sin. Now man, in Adam and through Adam, is foul. Go. Cleanse him. I want it. From now on You shall be the Man. The First-Born. Because You will be the first to enter here with mortal flesh deprived of sin, with a soul deprived of the original sin. Those who have preceded You on the earth and those who will come after You, will receive life through Your death of a Redeemer”. Only one who was born can die. I was born and I will die.

Man is the favoured creature of God. Now tell Me: if a father has many children, but one is his darling, the apple of his eye, and that one is killed, will that father not suffer more than he would have suffered if another son had been killed? That should not happen because a father should be just to all his children. But it happens because man is not perfect. God can do so with justice because man is the only creature, amongst all created things, who has a spiritual soul in common with his Creator Father, an undeniable sign of his divine paternity.

If one kills the son of a father, does one offend only the son? No. One offends also the father. One offends the son in his flesh and the father in his heart. Both are wounded. By killing a man, does one offend only the man? No. Also God. Man in His flesh, God in His right. Because life and death are to be given and taken by Him only. To kill is to do violence to God and to man. To kill is to enter God’s domain. To kill is to go against the commandment of love. He who kills does not love God, because he dissipates one of His works: a man. He who kills does not love his neighbour, because he takes away from his neighbour what a murderer wants for himself: life.

I have thus replied to the first two questions.

126.4

“Where did I strike?”

One can strike in the street, in the house of the person assaulted, or by alluring the victim to one’s own home. One can strike either one or another organ causing a more severe pain, or committing two homicides in one, by striking a woman whose womb is bearing its fruit.

One may strike in the street unintentionally. An animal that escapes from our hands may kill a passer-by. In which case there is no premeditation. But if a man, armed with a dagger and wearing refined dissembling clothes, goes to the house of his enemy — and often an enemy is a person whose only fault is to be better — invites him to his own house under the pretext of honouring him, and then cuts his throat and throws him into a well, then there is premeditation and his guilt is complete in malice, ferocity and violence.

If I kill a mother and her child, then God will ask me to account for two deaths. Because the womb that gives birth to a man according to the commandment of God is sacred and sacred is the young life that grows within it, to whom God has given a soul.

126.5

“By which means did I strike?”

In vain one says: “I did not intend to strike” if he went armed with a specific arm. In a fit of anger, also one’s hand may become a weapon, or a stone picked off the ground, or a branch taken from a tree. But he who inspects his dagger or an axe, with cold determination, and sharpens it if he thinks that it is not sharp enough, then conceals it safely on his body so that, although it is not seen, it may be easily grasped, and being thus ready goes to his enemy, cannot certainly say: “I did not intend to strike”. He who prepares a poison picking poisonous herbs and fruits, makes a powder or drink with them which he then offers to the victim as spices or as cyder, cannot certainly say: “I did not want to kill”.

And now listen, you women, tacit unpunished murderesses of so many lives. It is also murder to detach a fruit that is growing in a womb, because it is of a guilty seed, or because it is an embryo which is not wanted, being a useless burden to your bodies and your wealth. There is only one way not to have that burden: being chaste. Do not join homicide to lust, violence to disobedience, and do not think that God does not see, simply because man does not see. God sees everything and remembers everything. You ought to remember that, too.

126.6

“Why did I strike?”

Oh! for how many reasons! The sudden mental turmoil which causes in you a violent emotion, such as finding your nuptial bed polluted, or a thief at home, or a dirty fellow intent on doing violence to your young daughter, the cold premeditated planning to get rid of a dangerous witness, of someone who encumbers your way, or of someone at whose position or purse you aim; those are some of the many reasons. And if God can still forgive him who, in a painful derangement, becomes a murderer, He will not forgive him who becomes such through lust for power or for men’s esteem.

Always behave properly and you will fear nobody’s eye or word. Be happy with what you possess, and you will not aspire to other people’s property, to the extent of becoming murderers in order to have what belongs to your neighbour.

126.7

“How did I strike?”

Being pitiless also after the first impulsive outburst? Sometimes man cannot control himself. Because Satan throws him into evil as a slinger hurls a stone. But what would you say of a stone, which, after reaching its target, should fly back by itself to the sling, to be hurled again and strike once more? You would say: “It is possessed of a magic hellish power”. And such is man, when after the first blow he strikes a second, a third, a tenth time, with unbridled ferocity. Because wrath abates and reason takes over after the first outburst, if it is an outburst caused by a justifiable reason. Whereas ferocity increases the more the victim is struck by a genuine murderer, that is, by a satan, who does not feel and cannot feel pity for a brother because, being satan, he is hatred personified.

126.8

“When did I strike?”

During the first outburst? After it had subsided? Pretending I had forgiven whereas my grudge grew more and more? Did I perhaps wait for years before striking, to cause double pain by killing the father through his children?

You can see that by killing one offends the first and second group of commandments. Because you unduly claim the right of God and you oppress your neighbour. It is therefore a sin against God and against your neighbour. You do not only commit a sin of homicide. But you commit a sin of wrath, of violence, of pride, of disobedience, of sacrilege, and sometimes, if you kill to steal a position or a purse, of greed. I will only mention this now, and I will explain it to you in greater detail some other day, one does not commit homicide only by means of a weapon or poison. But also by slander. Meditate on that.

126.9

I also say to you: the master, who striking a slave, does it cunningly, so that he may not die in his hands, is twice guilty. A slave is not money of his master: he is a soul of his God. And cursed be forever he who treats him worse than a bull.»

Jesus’ eyes sparkle with majesty and His voice thunders. They all look at Him amazed, because before He was speaking quietly.

«May he be cursed. The New Law repeals that hardness which was still justice when in the people of Israel there were no hypocrites who pretend to be saints and sharpen their wits only to take advantage of the Law of God or elude it. But now that Israel is overflowing with such vipers, for whom all caprices are lawful when it suits them, the miserable mighty ones whom God looks at with hatred and disgust, I say: it is no longer so.

Slaves fall in the fields or at the millstones. They fall with fractured bones and with nerves laid bare by scourges. They accuse them of false crimes, so that they may strike them and thus justify their diabolical sadism. They even make use of God’s miracles, as an accusation, to have the right to strike them. Neither God’s power nor a slave’s holiness convert their wicked souls. They cannot be converted. Good will not enter a soul glutted with evil. But God sees and says: “It is enough”.

There are too many Cains who kill the Abels. And what do you think, you foul sepulchres, whose outsides are whitewashed and covered with the words of the Law, and in whose insides Satan dominates as a king and the most cunning satanism flourishes, what do you think? That only Abel was Adam’s son and that God looks benignantly only at those who are not slaves of man, and that He refuses the only offer that a slave can make: His honesty seasoned with tears? No, I solemnly tell you that every just man is an Abel, even if he is laden with fetters, even if he is dying on the furrows, or bleeding because of your scourging, and that all the unjust people are Cains, who out of pride, not out of true veneration, give to God what is contaminated with their sins and stained with blood.

Desecrators of miracles! Desecrators of men, murderers, impious people! Out! Away from My sight! Enough! I say: enough. And I can say that, because I am the divine Word Who translates the Divine Thought. Away!»

Jesus, standing on the rough platform, is so imposing as to be frightening. With His right arm stretched out towards the door, His eyes like two blue flames, He seems to be striking by lightning the sinners present. The little girl at His feet starts crying and runs to her mother. The disciples look at one another amazed and they look to see to whom the diatribe is addressed. Also the crowd turn around and look inquisitively.

126.10

At last the mystery is clarified. At the other end of the room, outside the door, half hidden behind a group of tall country men, Doras appears. He looks thinner, yellower, more wrinkled, with his big nose and protruding chin. A servant helps him to move because he seems to be semi-paralysed. No one had seen him there, in the middle of the yard. He dares to speak in his clucking voice: «Are You speaking to me? Is it for me?»

«Yes, for you. Go out of My house.»

«I am going out. But I will soon have a reckoning with You, don’t worry.»

«Soon? At once. The God of Sinai, as I told you, is waiting for you.»

«And You too, baleful fellow, because You are the cause of my infirmity and of the noxious animals in my land. I will see You again. And it will be a joy for me.»

«Yes. And you will not be wishing to see Me. Because I will be your judge.»

«Ah! Ah! curs…» He gropes, he mumbles and falls.

«He is dead!» shouts his servant. «The master is dead! May You be blessed, Messiah, our avenger!»

«Not I, but God, the eternal Lord. Let no one be contaminated. Only the servant is to see to his master. And be kind to his body. And you all, his servants, be good. Do not rejoice, out of bitter hatred, because he has been struck, so that you may not deserve to be condemned. May God and just Jonah be always your friends, and I with them. Goodbye.»

«But did he die by Your request?» asks Peter.

«No. But the Father came into Me… It is a mystery that you cannot understand. It is enough for you to know that it is not right to strike God. He avenges Himself by Himself.»

«Then, could You not tell the Father to let all those who hate You die?»

«Be quiet! You do not understand what your mentality is! I am Mercy and not Revenge.»

The old man, the head of the synagogue, comes near and says: «Master, You have answered all my questions and light is in me. May You be blessed. Come to my synagogue. Do not refuse an old man Your word.»

«I will come. Go in peace. The Lord is with you.»

While the crowds go away very slowly, it all ends.


Notes

  1. Loi que l’on trouve en: Ex 21, 12-36 ; Lv 24, 17-22, Nb 35, 9-34 ; Dt 19, 1-13.
  2. je te l’ai dit en 109.12.