The Writings of Maria Valtorta

129. A la Belle Eau, Jésus guérit un Romain possédé.

129. At the Clear Water,

129.1

Jésus se trouve aujourd’hui avec les neuf qui sont restés, puisque les trois autres sont partis pour Jérusalem. Thomas, toujours gai, se partage entre ses légumes et ses autres charges plus spirituelles. Pendant ce temps, Pierre, Philippe, Barthélemy et Matthieu s’occupent des pèlerins et les autres vont au fleuve pour baptiser. C’est vraiment un baptême de pénitence, avec la bise qui souffle !

Jésus est encore dans son coin à la cuisine pendant que Thomas s’active en silence pour laisser en paix le Maître. A cet instant André entre et dit :

« Maître, il y a un malade. A mon avis, ce serait bien de le guérir tout de suite parce que… Comme ils ne sont pas juifs, ils disent qu’il est fou, mais nous dirions, nous, qu’il est possédé. Il crie, il braille, il se débat. Viens le voir, toi.

– Tout de suite. Où est-il ?

– Il est encore dans la plaine. Entends-tu ces hurlements ? C’est lui. On dirait une bête, mais c’est lui. Il doit être riche, car celui qui l’accompagne est bien vêtu, et le malade a été descendu d’un char très luxueux et par plusieurs serviteurs. Ce doit être un païen car il blasphème les dieux de l’Olympe.

– Allons-y.

– Je viens voir aussi » dit Thomas, plus curieux de voir que préoccupé de ses légumes.

Ils sortent et, au lieu prendre la direction du fleuve, ils tournent du côté des champs qui séparent cette ferme (ainsi dirions-nous) de la maison du régisseur.

Des brebis broutaient dans un pré mais, apeurées, elles se sont maintenant éparpillées de tous côtés. Des bergers et un chien – c’est le second qui se présente dans mes visions – ont vainement essayé de les rassembler. Au milieu du pré, il y a un homme que l’on tient solidement attaché et qui, malgré cela, bondit comme un forcené. Il pousse des cris effrayants, toujours plus forts à mesure que Jésus s’approche de lui.

Pierre, Philippe, Matthieu et Nathanaël sont tout près, perplexes. Il y a aussi des gens : des hommes, car les femmes ont peur.

« Tu es venu, Maître ? Tu vois cette furie ? dit Pierre.

– Ça va passer.

– Mais… il est païen, le sais-tu ?

– Quelle importance cela peut-il avoir ?

– Eh bien… à cause de son âme !… »

Jésus a un bref sourire et s’avance. Il rejoint le groupe du fou qui s’agite de plus en plus.

129.2

Un homme se détache du groupe. Son vêtement et son visage rasé prouvent manifestement que c’est un Romain. Il salue :

« Salut, Maître. Ta réputation est arrivée jusqu’à moi. Tu es plus grand qu’Hippocrate pour les guérisons et que la statue d’Esculape pour opérer des miracles sur les malades. Je le sais. C’est pour cela que je viens. Tu vois mon frère ? Il est devenu fou à cause d’un mal mystérieux. Les médecins n’y comprennent rien. Je suis allé avec lui au temple d’Esculape, mais il en est sorti plus fou encore. J’ai un parent à Ptolémaïs. Il m’a envoyé un message par galère. Il disait qu’ici un homme guérit tout le monde. Et je suis venu. Terrible voyage !

– Il mérite une récompense.

– Mais voilà, nous ne sommes même pas prosélytes. Juste des Romains, fidèles aux dieux. Des païens, dites-vous. De Sybaris, et maintenant à Chypre.

– C’est vrai, vous êtes païens.

– Alors… n’y a-t-il rien pour nous ? Ton Olympe chasse le nôtre ou est chassé par lui.

– Mon Dieu, unique et trine règne, unique et seul.

– Je suis venu pour rien, dit le Romain déçu.

– Pourquoi ?

– Parce que j’appartiens à un autre dieu.

– Il n’y a qu’un Dieu qui crée l’âme.

– L’âme… ?

– L’âme, cette essence divine créée par Dieu pour chaque homme. C’est notre compagne pendant notre vie, mais elle survit à l’existence.

– Et où est-elle ?

– Dans les profondeurs du moi. Etant divine, elle a beau se trouver dans le sanctuaire le plus sacré, on peut dire d’elle – et je dis bien “ elle ”, pas “ cela ”, parce qu’elle n’est pas une chose, mais un être vrai et digne de tout respect – qu’elle n’est pas contenue, mais qu’elle contient.

– Par Jupiter ! Mais tu es philosophe ?

– Je suis la Raison unie à Dieu.

– Je croyais que tu l’étais à cause de ce que tu disais…

– Et qu’est-ce que la philosophie quand elle est vraie et honnête, sinon une élévation de la raison humaine vers la Sagesse et la Puissance infinies, c’est-à-dire vers Dieu ?

– Dieu ! Dieu !… J’ai ce malheureux qui me trouble, mais j’en oublie presque son état pour t’écouter toi, qui es divin.

– Je ne le suis pas de la manière dont tu le dis. Toi, tu qualifies de divin ce qui dépasse l’humain. Moi, j’affirme qu’un tel nom ne doit être donné qu’à celui qui est de Dieu.

– Qu’est-ce que Dieu ? Qui l’a jamais vu ?

– On a écrit : “ Toi qui nous as formés, salut ! Quand je décris la perfection humaine, les harmonies de notre corps, je célèbre ta gloire. ” Il a été dit : “ Ta bonté brille en ce que tu as distribué tes dons à tous les vivants, pour que tout homme ait ce qui lui est nécessaire. Et tes dons témoignent de ta sagesse, comme l’accomplissement de tes volontés témoigne de ta puissance. ” Reconnais-tu ces paroles ?

– Si Minerve vient à mon secours… elles sont de Galien[1]. Mais comment les connais-tu ? Je suis stupéfait !… »

Jésus sourit et répond :

« Viens au vrai Dieu et son Esprit divin t’instruira “ de la vraie sagesse et de la piété qui consistent à se connaître soi-même et à adorer la Vérité. ”

– Mais c’est toujours de Galien ! Maintenant, j’en suis sûr. En plus d’être médecin et mage, tu es également philosophe. Pourquoi ne viens-tu pas à Rome ?

– Je ne suis ni médecin, ni mage, ni philosophe, comme tu dis, mais le témoignage de Dieu sur la terre.

129.3

Amenez-moi le malade. »

On le traîne là, tout criant et gesticulant.

« Tu vois ? Tu dis qu’il est fou, qu’aucun médecin ne peut le guérir. C’est vrai. Aucun médecin : car il n’est pas fou. Mais un être des enfers – je parle ainsi pour toi qui es païen – est entré en lui.

– Mais il n’a pas l’esprit d’une pythie. Au contraire, il ne dit que des choses fausses.

– Nous donnons à cet esprit le nom de “ démon ”, non de pythie. Il y a celui qui parle et celui qui est muet. Celui qui trompe par des raisons teintées de vérités et celui qui n’est que désordre mental. Le premier de ces deux est le plus complet et le plus dangereux. Ton frère a le second. Mais maintenant, il va en sortir.

– Comment ?

– Lui-même te le dira. »

Jésus ordonne :

« Quitte cet homme ! Retourne à ton abîme.

– J’y vais. Contre toi, mon pouvoir est trop faible. Tu me chasses et me muselles. Pourquoi es-tu toujours victorieux… ? »

L’esprit a parlé par la bouche de l’homme qui s’affaisse ensuite, comme épuisé.

« Il est guéri. Déliez-le sans crainte.

– Guéri ? En es-tu sûr ? Mais… mais moi, je t’adore ! »

Le Romain veut se prosterner, mais Jésus refuse.

« Elève ton âme. C’est au Ciel qu’est Dieu. Adore-le et va à lui. Adieu.

– Non. Pour ça, non. Accepte au moins quelque chose. Permets-moi de te traiter comme les prêtres d’Esculape. Permets-moi de t’entendre parler… Permets-moi de parler de toi dans ma patrie…

– D’accord, et viens avec ton frère. »

Le frère regarde autour de lui, stupéfait, et demande :

« Mais où suis-je ? Ce n’est pas Cintium, ici ! Où est la mer ?

– Tu étais… »

Jésus fait un signe pour lui imposer le silence :

« Tu étais pris par une grande fièvre et on t’a conduit sous un autre climat. Maintenant, tu vas mieux. Viens. »

Ils vont tous dans la grande salle, mais tous ne sont pas émus de la même manière : il y a les admirateurs et ceux qui critiquent la guérison du païen.

129.4

Jésus gagne sa place ; justement, les Romains se placent au premier rang de l’assemblée.

« Permettez-moi de vous citer un passage[2] des Rois.

On y dit que le roi de Syrie, étant sur le point de déclarer la guerre à Israël, avait à sa cour un homme puissant et respecté du nom de Naamân, qui était lépreux. Une petite fille juive, prise par les Syriens, était devenue son esclave et lui dit : “ Si mon seigneur s’était adressé au prophète de Samarie, certainement, il l’aurait guéri de la lèpre. ” A la suite de cela, Naamân demanda au roi la permission de suivre le conseil de la petite fille. Mais le roi d’Israël fut fortement troublé et dit : “ Suis-je donc Dieu pour que le roi de Syrie m’envoie les malades ? C’est un piège pour déclarer la guerre. ” Mais le prophète Elisée, mis au courant, dit : “ Que ce lépreux vienne me trouver, je le guérirai et il saura qu’il y a un prophète en Israël. ” Naamân se rendit alors chez Elisée, mais Elisée ne le reçut pas. Il lui envoya dire : “ Va te baigner sept fois dans le Jourdain et tu seras purifié. ” Naamân s’indigna, car il lui parut avoir fait pour rien une si longue route, et il était sur le point de repartir. Mais ses serviteurs lui firent observer : “ Il t’a seulement demandé de te laver sept fois, et même s’il t’avait commandé beaucoup plus, tu aurais dû le faire parce que c’est un prophète. ” Alors Naamân se rendit à ces raisons. Il alla au fleuve, se lava et fut guéri. Ravi, il revint chez le serviteur de Dieu et lui dit : “ Je sais désormais la vérité : il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre que le Dieu d’Israël. ” Et comme Elisée refusait ses cadeaux, il lui demanda la permission de prendre de la terre, suffisamment pour pouvoir sacrifier au Dieu vrai sur de la terre d’Israël.

Je sais que vous n’approuvez pas tous ce que j’ai fait. Je sais aussi que je ne suis pas tenu de me justifier devant vous. Mais puisque je vous aime d’un amour vrai, je veux que vous compreniez mon geste et qu’il vous éclaire, et que toute pensée de critique ou de scandale disparaisse de votre âme.

Nous avons là deux sujets d’un Etat païen. L’un était malade et on leur a dit par l’intermédiaire d’un parent, mais certainement par la bouche d’un juif : “ Si vous allez trouver le Messie d’Israël, il guérira le malade. ” Et eux, de très loin, sont venus à moi. Leur confiance était plus grande encore que celle de Naamân, car ils ne savaient rien d’Israël et du Messie, tandis que le Syrien appartenait à une nation voisine et était en contact permanent avec les esclaves d’Israël ; par conséquent, il savait déjà qu’en Israël il y a Dieu. Le vrai Dieu. N’est-ce pas une bonne chose qu’un païen puisse retourner dans sa patrie en proclamant désormais : “ Vraiment, il existe en Israël un homme de Dieu et en Israël on adore le vrai Dieu ” ?

Je n’ai pas dit : “ Lave-toi sept fois. ” Mais j’ai parlé de Dieu et de l’âme, deux choses qu’ils ignorent et qui, telles les bouches d’une fontaine intarissable, apportent les sept dons. Car là où se trouve l’idée de Dieu et de l’âme, ainsi que le désir de les trouver, naissent les arbres de la foi, de l’espérance, de la charité, de la justice, de la tempérance, de la force et de la prudence. Or ces vertus restent ignorées de ceux qui ne peuvent que copier chez leurs dieux les passions humaines communes, plus perverses parce que possédées par des êtres supposés supérieurs. Désormais, ils retournent dans leur patrie mais, plus que la joie d’avoir été exaucés, ils ont celle de dire : “ Nous savons que nous ne sommes pas des brutes, mais qu’après la vie il y a encore une autre Vie. Nous savons que le vrai Dieu est bonté, qu’il nous aime, nous aussi, et nous fait du bien pour nous persuader d’aller à lui. ”

129.5

Que croyez-vous donc ? Qu’eux seuls ignorent la vérité ? Tout à l’heure un de mes disciples croyait que je ne pourrais guérir le malade parce qu’il avait une âme païenne. Mais l’âme, qu’est-elle ? Et d’où vient-elle ? L’âme est l’essence spirituelle de l’homme. C’est elle qui, créée à un âge parfait, investit, accompagne, anime toute la vie de la chair et continue à vivre lorsque la chair n’est plus, car elle est immortelle comme celui qui l’a créée : Dieu. Puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a pas d’âmes de païens ou d’âmes de non-païens créées par différents dieux. Il n’y a qu’une seule force qui crée les âmes : celle du Créateur, de notre Dieu, unique, puissant, saint, bon, n’ayant d’autre passion que l’amour, la charité parfaite, toute spirituelle ; comme j’ai employé, pour être compris de ces Romains, le terme de : charité, je précise : charité toute morale. Car l’idée d’esprit n’est pas comprise par ces enfants qui ne savent rien des termes saints.

Que croyez-vous donc ? Que c’est seulement pour Israël que je suis venu ? Je suis celui qui rassemblera sous une seule houlette toutes les nations, celle du Ciel. Et, en vérité, je vous dis que bientôt viendra le temps où beaucoup de païens diront : “ Permettez-nous d’avoir tout ce qu’il faut pour pouvoir sur notre sol païen faire des sacrifices au Dieu vrai, un et trine ” dont je suis, moi, la Parole.

Désormais, ils repartent plus convaincus que si je les avais chassés avec mépris. Grâce à mes miracles et à mes paroles, ils ont pris conscience de Dieu, et ils le raconteront là où ils retournent.

J’ajoute : n’était-il pas juste de récompenser une si grande foi ? Désorientés par les réponses des médecins, déçus par leurs voyages inutiles vers les temples, ils ont su avoir suffisamment de foi pour venir encore vers l’Inconnu, le grand Inconnu du monde, le Méprisé, le grand Méprisé et Calomnié d’Israël et lui dire : “ Je crois que, toi, tu le peux. ” Le premier chrême pour leur mentalité nouvelle leur vient de ce qu’ils ont su croire. Ce n’est pas tant de la maladie que de leur foi erronée que je les ai guéris. En effet, j’ai porté à leurs lèvres une coupe dont la soif croît au fur et à mesure que l’on boit : la soif de connaître le vrai Dieu.

J’ai fini. Je vous le dis à vous, hommes d’Israël : sachez avoir la foi qu’ils ont su avoir. »

129.6

Le Romain s’approche, accompagné de son frère guéri :

« Mais… je n’ose plus dire : par Jupiter ! Je dis : mais sur mon honneur de citoyen romain, je te jure que j’aurai cette soif ! Maintenant, il me faut partir. Qui désormais me donnera encore à boire ?

– Ton esprit, l’âme que tu sais maintenant posséder jusqu’au jour où l’un des mes envoyés viendra vers toi.

– Pas toi ?

– Moi… Moi, non. Mais j’aurai beau ne pas être présent, je ne serai pas absent. Et il se passera guère plus de deux ans seulement pour que je te fasse un don plus grand que la guérison de celui qui t’était cher. Adieu à vous deux. Sachez persévérer dans ce sentiment de foi.

– Salut, Maître. Que le vrai Dieu te sauve. »

Les deux Romains s’en vont, et on les entend appeler leurs serviteurs avec le char.

« Et ils ignoraient même qu’ils avaient une âme ! Murmure un vieillard.

­– Oui, père. Mais ils ont su recevoir ma parole mieux que beaucoup en Israël. Maintenant, puisqu’ils ont donné une obole si importante, faisons-en profiter les pauvres de Dieu en doublant ou triplant l’aumône. Et que les pauvres prient pour ces bienfaiteurs plus pauvres qu’eux-mêmes, afin qu’ils arrivent à la vraie, à l’unique richesse : connaître Dieu. »

129.7

La femme voilée pleure sous son voile qui empêche de voir ses larmes, mais pas d’entendre ses sanglots.

« Cette femme est en larmes, dit Pierre. Peut-être n’a-t-elle plus d’argent. Pouvons-nous lui en donner ?

– Ce n’est pas pour cela qu’elle pleure, mais va lui dire ceci : “ Les patries passent, mais le Ciel demeure. Il appartient à ceux qui savent avoir la foi. Dieu est bonté, c’est pourquoi il aime même les pécheurs. Et il te donne ses bienfaits pour te convaincre de venir à lui. ” Va. Dis-lui cela puis laisse-la pleurer. C’est du poison qui s’en va. »

Pierre va trouver la femme qui se dirige déjà vers les champs. Il lui parle et revient.

« Elle s’est mise à pleurer plus fort, dit-il. Je croyais la consoler… » et il regarde Jésus.

« Elle est consolée, en effet. On peut aussi pleurer de joie.

– Hum !… Eh bien, je serai content quand je verrai son visage ! Le verrai-je ?

– Au jour du Jugement.

– Miséricorde divine ! Mais alors je serai mort ! Et qu’est-ce que cela me fera de le voir, à ce moment-là ? J’aurai l’Eternel à contempler !

– Fais-le tout de suite. C’est la seule chose utile.

– Oui… mais… Maître, qui est-elle ? »

Tout le monde rit.

« Si tu le demandes une autre fois, nous partons tout de suite. Ainsi tu n’y penseras plus.

– Non, Maître. Cependant… il suffit que tu restes… »

Jésus sourit.

« Cette femme, dit-il, est un reste et des prémices.

– Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas. »

Mais Jésus le plante là pour aller au village.

« Il va chez Zacharie. Sa femme est mourante, explique André. Il m’a envoyé prévenir le Maître.

– Tu m’énerves ! Tu sais tout. Tu fais tout et tu ne me dis jamais rien. Tu es pire qu’un poisson ! »

Pierre décharge sur son frère sa déception.

« Mon frère, ne t’en fais pas. Toi aussi, tu parles à ma place. Allons relever nos filets. Viens. »

Les uns partent à droite, les autres à gauche et tout prend fin.

129.1

Today Jesus is with the nine remaining disciples, as the other three have left for Jerusalem. Thomas, who is always cheerful, is therefore engaged both with his vegetables and with other more spiritual tasks, while Peter, Philip, Bartholomew and Matthew look after the pilgrims, and the others go to the river to baptise. A real baptism of penance, owing to the bitterly cold wind!

Jesus is still in His corner in the kitchen, while Thomas bustles about, but is very quiet so as to leave the Master in peace, when Andrew comes in and says: «Master, there is a very sick man, who I think should be cured at once because… They say that he is insane, because they are not Israelites. We would say that he is possessed. He howls, bawls and writhes. Come and see him Yourself.»

«I am coming at once. Where is he?»

«He is still in the field. Can You hear that howling? It’s him. It sounds like a beast, but it’s him. He must be rich because he is accompanied by a well dressed man and he was taken out of a magnificent wagon by many servants. He must be a heathen because he curses the gods of Olympus.»

«Let us go.»

«I am coming to see him, too» says Thomas, who is more curious to see than worried about his vegetables.

They go out and instead of going towards the river, they turn towards the fields, which separate this farmstead (as we would call it) from the steward’s house.

Some sheep browsing in a meadow become frightened and disappear in all directions. The shepherds and a dog — it is the second dog which has appeared in my visions — endeavour in vain to gather them together. In the middle of the meadow there is a man who is bound fast, but nevertheless he jumps like a madman and utters frightful cries, which increase more and more as Jesus draws near.

Peter, Philip, Matthew and Nathanael are standing nearby, perplexed. There are also some other people there, all men, because the women are afraid.

«You have come, Master? See what a fury he is!» says Peter.

«It will soon be over.»

«But… he is a heathen, You know?»

«And what does that matter?»

«Eh!… because of his soul!…»

Jesus smiles slightly and proceeds. He reaches the group around the madman, who is becoming more and more agitated.

129.2

A man, clearly a Roman by his dress and his clean-shaven face, comes away from the group and greets: «Hail, Master. Your fame reached me. You are greater than Hippocrates in curing and greater than Aesculapius’ simulacrum in working miracles for sick people. I know. That is why I have come. My brother, see him? Insane because of some mysterious disease. No doctor understands it. I went with him to Aesculapius’ temple. But he came out worse than before. At Ptolomais I have a relative, who sent me a message by a galley. It said that there is One here Who cures everybody. And I came. What a dreadful journey!»

«It deserves a reward.»

«But, mind. We are not even proselytes. We are Romans, faithful to our gods. You call us heathens. We come from Sybaris, but we are now at Cyprus.»

«It is true. You are heathens.»

«So… there is nothing for us? Your Olympus rejects ours or is rejected.»

«My God, One and Trine reigns, one and alone.»

«I have come in vain» says the disappointed Roman.

«Why?»

«Because I belong to another god.»

«Souls are created by One God Only.»

«Soul?..»

«A soul. The divine thing that is created by God for every man. A companion in lifetime, it survives after lifetime.»

«And where is it?»

«In the depth of one’s ego. But, although as a divine thing it is inside the most sacred sanctuary we can say of her — and I say her and not it, because she is not a thing, but a true being worthy of full respect — we can say that she is not contained but contains.»

«By Jove! Are You a philosopher?»

«I am Reason united to God.»

«What You said made me think that You were…»

«And what is philosophy when it is true and honest, but an elevation of human reason towards the infinite Wisdom and Power, that is towards God?»

«God! God!… I have that poor wreck there who upsets me. But I am almost forgetting his state to listen to You, Divine One.»

«I am not divine as you understand the term. You call divine who is superior to man. I say that that word is to be given only to him who is from God.»

«Who is God? Who has ever seen Him?»

«It has been written: “Hail, You who formed us! When I describe human perfection, the harmony of our body, I celebrate your glory”. It was said: “Your bounty shines in the distribution of your gifts to all those who live, so that every man might have what is necessary. And your wisdom is revealed by your gifts, and your power by the fulfilment of your will”. Do you recognise these words?»

«If Minerva assists me… they are of Galen. But how do You know them? I am dumbfounded!…»

Jesus smiles and replies: «Come to the true God and His divine spirit will indoctrinate you in the “true wisdom and mercy, which is to know yourself and worship the Truth”.»

«But that is Galen again! Now I am certain. Besides being a doctor and a magician, You are also a philosopher. Why don’t You come to Rome?»

«I am neither a doctor, nor a magician, nor a philosopher, as you say. But I am the Witness of God on the earth.

129.3

Bring Me the invalid.»

They drag him there, while he howls and writhes.

«See? You say that he is insane and that no doctor can cure him. It is true. No doctor: because he is not insane. But one of the infernal gods, I say so for you, a heathen, has entered him.»

«But he does not have the python spirit. On the contrary, he only says false things.»

«We call him “demon”, not python. There is a speaking one and a dumb one. One that deceives by means of seemingly true reasons, and one that is only mental derangement. The former is more complete and dangerous. Your brother is possessed by the latter. But now he will get rid of it.»

«How?»

«He will tell you himself.» Jesus’ orders: «Leave the man! Go back to your abyss.»

«I am going. My power is too weak against You. You expel me and gag me. Why do You always beat us?…» The spirit has spoken through the lips of the man, who then collapses exhausted.

«He is cured. Release him without any fear.»

«Cured? Are You sure? But… I adore You!» The Roman is about to prostrate himself.

But Jesus does not allow him. «Raise your spirit. God is in Heaven. Worship Him and go towards Him. Goodbye.»

«No. Not so. At least accept something. Allow me to treat You like Aesculapius’ priests. Allow me to hear You speak… Allow me to speak of You in my fatherland…»

«Do so. And come with your brother.»

His brother is looking around himself, amazed, and he asks: «Where am I? This is not Cintium! Where is the sea?»

«You were…» Jesus commands silence with a gesture and says: «You were suffering from a high temperature and they brought you to a different climate. You are now better. Come.»

They all go. But they are not all equally moved, because in the large room some admire, others criticise the recovery of the heathen.

129.4

Jesus goes to His place, with the Romans in the very front of the crowd.

«I hope you do not mind if I quote a passage of the Kings. It is said that when the king of Syria was about to declare war on Israel, there was a great honourable man at his court, a leper, whose name was Naaman. A young girl of Israel, who had been captured by the Syrians and had become his slave, said to him: “If my lord went to the prophet who is in Samaria, he would certainly cure him of his leprosy”. Upon hearing that, Naaman asked the king’s leave and followed the girl’s advice. But the king of Israel was greatly irritated and said: “Am I perhaps God that the king of Syria should send invalids to me? This is a trap to make war against us”. But when the prophet Elisha was informed of the incident, he said: “Let the leper come to me and I will cure him and he will know that there is a prophet in Israel”. So Naaman went to Elisha. But Elisha did not receive him. He only sent word to him: “Wash yourself seven times in the Jordan and you will be cleansed”. Naaman got angry, because he thought he had gone such a long way for nothing and indignant as he was he was about to leave. But his servants said to him: “He only asked you to wash yourself seven times, and even if he had ordered you to do much more, you should have done it, because he is the prophet”. Naaman then surrendered. He went, washed himself and was cured. Overjoyed he went back to the servant of God and said to him: “Now I know the truth: there is no other God on the whole earth. There is only the God of Israel”. And since Elisha would not accept any gift, Naaman asked him to be allowed to take as much soil as would enable him to make sacrifices to the true God on soil of Israel.

I know that you do not all approve of what I have done. I also know that I am not obliged to justify Myself with you. But since I love you with true love, I want you to understand My gesture and learn by it, so that all feelings of criticism and scandal may vanish from your souls.

We have here two subjects of a pagan country. One of them was ill and they were told by a relative, certainly through the words of an Israelite: “If you went to the Messiah of Israel, he would cure the sick man”. And they have come to Me from very far. Their confidence was greater than Naaman’s, because they knew nothing of Israel and the Messiah, whereas the Syrian, being of a nearby country and in continuous touch with the slaves of Israel, already knew that God is in Israel. The true God. Is it not right therefore that a pagan may now go back to his fatherland and say: “There is truly a man of God in Israel and they worship the true God in Israel”?

I did not say: “Wash yourself seven times”. But I spoke of God and their souls, two things with which they were unacquainted and which bring the seven gifts, like inexhaustable sources. Because the plants of faith, hope, charity, justice, temperance, strength, prudence grow where there is the concept of God and of the spirit, and a desire to reach them. Such virtues are unknown to those who from their gods can only copy common human passions, increased in licentiousness, as pertaining to alleged supreme beings. They are now going back to their country. But rather than the joy of having been granted their request, there is the joy of being able to say: “We know that we are not brutes, and that beyond this life there is a future. We know that the true God is Bounty and He therefore loves us, too, and He helps us to persuade us to go to Him”.

129.5

And do you think that they are the only ones to ignore the truth?

A short while ago one of My disciples thought that I could not cure the sick man because he had a pagan soul. What is a soul? From Whom does it come? A soul is the spiritual essence of man. It is the being, created of a perfect age, which invests, accompanies, vivifies the life of the flesh and continues to live when the flesh no longer exists, because it is immortal like Him Who created it: God. As there is only One God, there is no such thing as souls of pagans or of non pagans created by different gods. There is only one Power that creates souls: and that is the Power of the Creator, of our one, only, powerful, holy, good God, with no other passion but love, perfect charity, a completely spiritual charity, which I call also a completely moral charity, in order to be understood by these Romans. Because the concept of spirit is not understood by these little children who know nothing of the holy words.

Do you think that I have come only for Israel?

I am the One Who will gather all races under one pastoral staff, the Heavenly one. And I solemnly tell you that the time will soon come when many heathens will say: “Let us have that much that will enable us to consummate sacrifices to the true God, to the one and trine God in our pagan land”. I am the Word of that true God. They are now going. They are more convinced than if I had crushed them with disdain. They have perceived God in the miracle and in My words and they will tell when they go back.

Further, I ask you: was it not fair to reward so much faith? Although disconcerted by the opinion of doctors, and disappointed by useless visits to temples, they still had faith to come to the Unknown One, to the great Unknown One in the world, the One Derided and Mocked at and Calumniated by Israel and say to Him: “I believe You can”. The first chrism to the new mentality is granted to them because they believed. I did not cure them so much of a disease as I did of their wrong faith, because I placed a chalice near their lips and the more they drink of it the thirstier they will become: the thirst for the knowledge of the true God.

I have finished. I say to you people of Israel: have the same faith as they had.»

129.6

The Roman draws near with his cured brother: «Well… I no longer dare say: by Jove. But on my honour as a Roman citizen I swear to You that I shall thirst after what You said! But now I must go. Who will give me more to drink?»

«Your spirit, the soul that you now know you have, until the day when a messenger of Mine will come to you.»

«Not You?»

«No… Not I. But I shall not be absent, although I am not present. And just in a little more than two years’ time I will present you with a gift which is greater than the recovery of your brother so dear to you. Goodbye, both of you. Persevere in sentiments of faith.»

«Hail, Master. May the true God save You.» The two Romans go away and they can be heard calling the servants with the wagon.

«And they did not even know that they had a soul!» exclaims an old man.

«Yes, father. And they accepted My word more than many in Israel. Now, since they have given such rich alms, let us help the poor people of God with a double and triple measure. And let the poor pray for those benefactors, who are poorer than they are, that they may achieve the true and only wealth, which is to know God.»

129.7

The veiled woman is weeping under her veil, which prevents one from seeing her tears, but not from hearing her sobs.

«That woman is weeping» says Peter. «Perhaps she has no money left. Shall we give her some?»

«She is not crying for that. But go and say to her: “Fatherlands pass away. Heaven remains. It belongs to those who have faith. God is Bounty and He therefore also loves sinners. And he helps you to persuade yourself to go to Him”. Go. Tell her that and then let her weep. It is poison coming out of her.»

Peter goes towards the woman who has already started walking towards the fields. He speaks to her and then comes back. «She started crying louder» he says. «I thought I was going to comfort her…» and he looks at Jesus.

«She is, in fact, relieved. Also joy makes people weep.»

«H’m… Who knows! Well, I will be happy when I see her face. Will I see it?»

«On Doomsday.»

«Divine Mercy! But I will be dead then! And what shall I care to know that? I shall be looking at the Eternal Father then!»

«Start doing that now. It is the only useful thing.»

«Yes… but… Master, who is she?»

They all laugh.

«If you ask that question again, we will go away at once, so you will forget her.»

«No, Master. However, it is enough if You stay…»

Jesus smiles. «That woman» He says, «is the remains of a meal and an early fruit.»

«What do You mean? I do not understand.»

But Jesus leaves him and goes towards the village.

«He is going to Zacharias’. His wife is dying» explains Andrew. «He sent me to tell the Master.»

«You make me angry! You know everything, you do everything and you never tell me anything. You are worse than a fish.» Peter vents his disappointment on his brother.

«Brother, don’t get angry. You speak also in my place. Let us go and haul our nets. Come.»

Some go to the right, some to the left and it all ends.


Notes

  1. Galien, cité ici et quelques lignes plus bas, est le nom d’un personnage différent du médecin et philosophe du deuxième siècle après J. C.
  2. passage que l’on peut lire en: 2 R 5, 1-19.