Gli Scritti di Maria Valtorta

129. A la Belle Eau, Jésus guérit un Romain possédé.

129. La guarigione, all’Acqua Speciosa, di un romano indemoniato.

129.1

Jésus se trouve aujourd’hui avec les neuf qui sont restés, puisque les trois autres sont partis pour Jérusalem. Thomas, toujours gai, se partage entre ses légumes et ses autres charges plus spirituelles. Pendant ce temps, Pierre, Philippe, Barthélemy et Matthieu s’occupent des pèlerins et les autres vont au fleuve pour baptiser. C’est vraiment un baptême de pénitence, avec la bise qui souffle !

Jésus est encore dans son coin à la cuisine pendant que Thomas s’active en silence pour laisser en paix le Maître. A cet instant André entre et dit :

« Maître, il y a un malade. A mon avis, ce serait bien de le guérir tout de suite parce que… Comme ils ne sont pas juifs, ils disent qu’il est fou, mais nous dirions, nous, qu’il est possédé. Il crie, il braille, il se débat. Viens le voir, toi.

– Tout de suite. Où est-il ?

– Il est encore dans la plaine. Entends-tu ces hurlements ? C’est lui. On dirait une bête, mais c’est lui. Il doit être riche, car celui qui l’accompagne est bien vêtu, et le malade a été descendu d’un char très luxueux et par plusieurs serviteurs. Ce doit être un païen car il blasphème les dieux de l’Olympe.

– Allons-y.

– Je viens voir aussi » dit Thomas, plus curieux de voir que préoccupé de ses légumes.

Ils sortent et, au lieu prendre la direction du fleuve, ils tournent du côté des champs qui séparent cette ferme (ainsi dirions-nous) de la maison du régisseur.

Des brebis broutaient dans un pré mais, apeurées, elles se sont maintenant éparpillées de tous côtés. Des bergers et un chien – c’est le second qui se présente dans mes visions – ont vainement essayé de les rassembler. Au milieu du pré, il y a un homme que l’on tient solidement attaché et qui, malgré cela, bondit comme un forcené. Il pousse des cris effrayants, toujours plus forts à mesure que Jésus s’approche de lui.

Pierre, Philippe, Matthieu et Nathanaël sont tout près, perplexes. Il y a aussi des gens : des hommes, car les femmes ont peur.

« Tu es venu, Maître ? Tu vois cette furie ? dit Pierre.

– Ça va passer.

– Mais… il est païen, le sais-tu ?

– Quelle importance cela peut-il avoir ?

– Eh bien… à cause de son âme !… »

Jésus a un bref sourire et s’avance. Il rejoint le groupe du fou qui s’agite de plus en plus.

129.2

Un homme se détache du groupe. Son vêtement et son visage rasé prouvent manifestement que c’est un Romain. Il salue :

« Salut, Maître. Ta réputation est arrivée jusqu’à moi. Tu es plus grand qu’Hippocrate pour les guérisons et que la statue d’Esculape pour opérer des miracles sur les malades. Je le sais. C’est pour cela que je viens. Tu vois mon frère ? Il est devenu fou à cause d’un mal mystérieux. Les médecins n’y comprennent rien. Je suis allé avec lui au temple d’Esculape, mais il en est sorti plus fou encore. J’ai un parent à Ptolémaïs. Il m’a envoyé un message par galère. Il disait qu’ici un homme guérit tout le monde. Et je suis venu. Terrible voyage !

– Il mérite une récompense.

– Mais voilà, nous ne sommes même pas prosélytes. Juste des Romains, fidèles aux dieux. Des païens, dites-vous. De Sybaris, et maintenant à Chypre.

– C’est vrai, vous êtes païens.

– Alors… n’y a-t-il rien pour nous ? Ton Olympe chasse le nôtre ou est chassé par lui.

– Mon Dieu, unique et trine règne, unique et seul.

– Je suis venu pour rien, dit le Romain déçu.

– Pourquoi ?

– Parce que j’appartiens à un autre dieu.

– Il n’y a qu’un Dieu qui crée l’âme.

– L’âme… ?

– L’âme, cette essence divine créée par Dieu pour chaque homme. C’est notre compagne pendant notre vie, mais elle survit à l’existence.

– Et où est-elle ?

– Dans les profondeurs du moi. Etant divine, elle a beau se trouver dans le sanctuaire le plus sacré, on peut dire d’elle – et je dis bien “ elle ”, pas “ cela ”, parce qu’elle n’est pas une chose, mais un être vrai et digne de tout respect – qu’elle n’est pas contenue, mais qu’elle contient.

– Par Jupiter ! Mais tu es philosophe ?

– Je suis la Raison unie à Dieu.

– Je croyais que tu l’étais à cause de ce que tu disais…

– Et qu’est-ce que la philosophie quand elle est vraie et honnête, sinon une élévation de la raison humaine vers la Sagesse et la Puissance infinies, c’est-à-dire vers Dieu ?

– Dieu ! Dieu !… J’ai ce malheureux qui me trouble, mais j’en oublie presque son état pour t’écouter toi, qui es divin.

– Je ne le suis pas de la manière dont tu le dis. Toi, tu qualifies de divin ce qui dépasse l’humain. Moi, j’affirme qu’un tel nom ne doit être donné qu’à celui qui est de Dieu.

– Qu’est-ce que Dieu ? Qui l’a jamais vu ?

– On a écrit : “ Toi qui nous as formés, salut ! Quand je décris la perfection humaine, les harmonies de notre corps, je célèbre ta gloire. ” Il a été dit : “ Ta bonté brille en ce que tu as distribué tes dons à tous les vivants, pour que tout homme ait ce qui lui est nécessaire. Et tes dons témoignent de ta sagesse, comme l’accomplissement de tes volontés témoigne de ta puissance. ” Reconnais-tu ces paroles ?

– Si Minerve vient à mon secours… elles sont de Galien[1]. Mais comment les connais-tu ? Je suis stupéfait !… »

Jésus sourit et répond :

« Viens au vrai Dieu et son Esprit divin t’instruira “ de la vraie sagesse et de la piété qui consistent à se connaître soi-même et à adorer la Vérité. ”

– Mais c’est toujours de Galien ! Maintenant, j’en suis sûr. En plus d’être médecin et mage, tu es également philosophe. Pourquoi ne viens-tu pas à Rome ?

– Je ne suis ni médecin, ni mage, ni philosophe, comme tu dis, mais le témoignage de Dieu sur la terre.

129.3

Amenez-moi le malade. »

On le traîne là, tout criant et gesticulant.

« Tu vois ? Tu dis qu’il est fou, qu’aucun médecin ne peut le guérir. C’est vrai. Aucun médecin : car il n’est pas fou. Mais un être des enfers – je parle ainsi pour toi qui es païen – est entré en lui.

– Mais il n’a pas l’esprit d’une pythie. Au contraire, il ne dit que des choses fausses.

– Nous donnons à cet esprit le nom de “ démon ”, non de pythie. Il y a celui qui parle et celui qui est muet. Celui qui trompe par des raisons teintées de vérités et celui qui n’est que désordre mental. Le premier de ces deux est le plus complet et le plus dangereux. Ton frère a le second. Mais maintenant, il va en sortir.

– Comment ?

– Lui-même te le dira. »

Jésus ordonne :

« Quitte cet homme ! Retourne à ton abîme.

– J’y vais. Contre toi, mon pouvoir est trop faible. Tu me chasses et me muselles. Pourquoi es-tu toujours victorieux… ? »

L’esprit a parlé par la bouche de l’homme qui s’affaisse ensuite, comme épuisé.

« Il est guéri. Déliez-le sans crainte.

– Guéri ? En es-tu sûr ? Mais… mais moi, je t’adore ! »

Le Romain veut se prosterner, mais Jésus refuse.

« Elève ton âme. C’est au Ciel qu’est Dieu. Adore-le et va à lui. Adieu.

– Non. Pour ça, non. Accepte au moins quelque chose. Permets-moi de te traiter comme les prêtres d’Esculape. Permets-moi de t’entendre parler… Permets-moi de parler de toi dans ma patrie…

– D’accord, et viens avec ton frère. »

Le frère regarde autour de lui, stupéfait, et demande :

« Mais où suis-je ? Ce n’est pas Cintium, ici ! Où est la mer ?

– Tu étais… »

Jésus fait un signe pour lui imposer le silence :

« Tu étais pris par une grande fièvre et on t’a conduit sous un autre climat. Maintenant, tu vas mieux. Viens. »

Ils vont tous dans la grande salle, mais tous ne sont pas émus de la même manière : il y a les admirateurs et ceux qui critiquent la guérison du païen.

129.4

Jésus gagne sa place ; justement, les Romains se placent au premier rang de l’assemblée.

« Permettez-moi de vous citer un passage[2] des Rois.

On y dit que le roi de Syrie, étant sur le point de déclarer la guerre à Israël, avait à sa cour un homme puissant et respecté du nom de Naamân, qui était lépreux. Une petite fille juive, prise par les Syriens, était devenue son esclave et lui dit : “ Si mon seigneur s’était adressé au prophète de Samarie, certainement, il l’aurait guéri de la lèpre. ” A la suite de cela, Naamân demanda au roi la permission de suivre le conseil de la petite fille. Mais le roi d’Israël fut fortement troublé et dit : “ Suis-je donc Dieu pour que le roi de Syrie m’envoie les malades ? C’est un piège pour déclarer la guerre. ” Mais le prophète Elisée, mis au courant, dit : “ Que ce lépreux vienne me trouver, je le guérirai et il saura qu’il y a un prophète en Israël. ” Naamân se rendit alors chez Elisée, mais Elisée ne le reçut pas. Il lui envoya dire : “ Va te baigner sept fois dans le Jourdain et tu seras purifié. ” Naamân s’indigna, car il lui parut avoir fait pour rien une si longue route, et il était sur le point de repartir. Mais ses serviteurs lui firent observer : “ Il t’a seulement demandé de te laver sept fois, et même s’il t’avait commandé beaucoup plus, tu aurais dû le faire parce que c’est un prophète. ” Alors Naamân se rendit à ces raisons. Il alla au fleuve, se lava et fut guéri. Ravi, il revint chez le serviteur de Dieu et lui dit : “ Je sais désormais la vérité : il n’y a pas d’autre Dieu sur toute la terre que le Dieu d’Israël. ” Et comme Elisée refusait ses cadeaux, il lui demanda la permission de prendre de la terre, suffisamment pour pouvoir sacrifier au Dieu vrai sur de la terre d’Israël.

Je sais que vous n’approuvez pas tous ce que j’ai fait. Je sais aussi que je ne suis pas tenu de me justifier devant vous. Mais puisque je vous aime d’un amour vrai, je veux que vous compreniez mon geste et qu’il vous éclaire, et que toute pensée de critique ou de scandale disparaisse de votre âme.

Nous avons là deux sujets d’un Etat païen. L’un était malade et on leur a dit par l’intermédiaire d’un parent, mais certainement par la bouche d’un juif : “ Si vous allez trouver le Messie d’Israël, il guérira le malade. ” Et eux, de très loin, sont venus à moi. Leur confiance était plus grande encore que celle de Naamân, car ils ne savaient rien d’Israël et du Messie, tandis que le Syrien appartenait à une nation voisine et était en contact permanent avec les esclaves d’Israël ; par conséquent, il savait déjà qu’en Israël il y a Dieu. Le vrai Dieu. N’est-ce pas une bonne chose qu’un païen puisse retourner dans sa patrie en proclamant désormais : “ Vraiment, il existe en Israël un homme de Dieu et en Israël on adore le vrai Dieu ” ?

Je n’ai pas dit : “ Lave-toi sept fois. ” Mais j’ai parlé de Dieu et de l’âme, deux choses qu’ils ignorent et qui, telles les bouches d’une fontaine intarissable, apportent les sept dons. Car là où se trouve l’idée de Dieu et de l’âme, ainsi que le désir de les trouver, naissent les arbres de la foi, de l’espérance, de la charité, de la justice, de la tempérance, de la force et de la prudence. Or ces vertus restent ignorées de ceux qui ne peuvent que copier chez leurs dieux les passions humaines communes, plus perverses parce que possédées par des êtres supposés supérieurs. Désormais, ils retournent dans leur patrie mais, plus que la joie d’avoir été exaucés, ils ont celle de dire : “ Nous savons que nous ne sommes pas des brutes, mais qu’après la vie il y a encore une autre Vie. Nous savons que le vrai Dieu est bonté, qu’il nous aime, nous aussi, et nous fait du bien pour nous persuader d’aller à lui. ”

129.5

Que croyez-vous donc ? Qu’eux seuls ignorent la vérité ? Tout à l’heure un de mes disciples croyait que je ne pourrais guérir le malade parce qu’il avait une âme païenne. Mais l’âme, qu’est-elle ? Et d’où vient-elle ? L’âme est l’essence spirituelle de l’homme. C’est elle qui, créée à un âge parfait, investit, accompagne, anime toute la vie de la chair et continue à vivre lorsque la chair n’est plus, car elle est immortelle comme celui qui l’a créée : Dieu. Puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a pas d’âmes de païens ou d’âmes de non-païens créées par différents dieux. Il n’y a qu’une seule force qui crée les âmes : celle du Créateur, de notre Dieu, unique, puissant, saint, bon, n’ayant d’autre passion que l’amour, la charité parfaite, toute spirituelle ; comme j’ai employé, pour être compris de ces Romains, le terme de : charité, je précise : charité toute morale. Car l’idée d’esprit n’est pas comprise par ces enfants qui ne savent rien des termes saints.

Que croyez-vous donc ? Que c’est seulement pour Israël que je suis venu ? Je suis celui qui rassemblera sous une seule houlette toutes les nations, celle du Ciel. Et, en vérité, je vous dis que bientôt viendra le temps où beaucoup de païens diront : “ Permettez-nous d’avoir tout ce qu’il faut pour pouvoir sur notre sol païen faire des sacrifices au Dieu vrai, un et trine ” dont je suis, moi, la Parole.

Désormais, ils repartent plus convaincus que si je les avais chassés avec mépris. Grâce à mes miracles et à mes paroles, ils ont pris conscience de Dieu, et ils le raconteront là où ils retournent.

J’ajoute : n’était-il pas juste de récompenser une si grande foi ? Désorientés par les réponses des médecins, déçus par leurs voyages inutiles vers les temples, ils ont su avoir suffisamment de foi pour venir encore vers l’Inconnu, le grand Inconnu du monde, le Méprisé, le grand Méprisé et Calomnié d’Israël et lui dire : “ Je crois que, toi, tu le peux. ” Le premier chrême pour leur mentalité nouvelle leur vient de ce qu’ils ont su croire. Ce n’est pas tant de la maladie que de leur foi erronée que je les ai guéris. En effet, j’ai porté à leurs lèvres une coupe dont la soif croît au fur et à mesure que l’on boit : la soif de connaître le vrai Dieu.

J’ai fini. Je vous le dis à vous, hommes d’Israël : sachez avoir la foi qu’ils ont su avoir. »

129.6

Le Romain s’approche, accompagné de son frère guéri :

« Mais… je n’ose plus dire : par Jupiter ! Je dis : mais sur mon honneur de citoyen romain, je te jure que j’aurai cette soif ! Maintenant, il me faut partir. Qui désormais me donnera encore à boire ?

– Ton esprit, l’âme que tu sais maintenant posséder jusqu’au jour où l’un des mes envoyés viendra vers toi.

– Pas toi ?

– Moi… Moi, non. Mais j’aurai beau ne pas être présent, je ne serai pas absent. Et il se passera guère plus de deux ans seulement pour que je te fasse un don plus grand que la guérison de celui qui t’était cher. Adieu à vous deux. Sachez persévérer dans ce sentiment de foi.

– Salut, Maître. Que le vrai Dieu te sauve. »

Les deux Romains s’en vont, et on les entend appeler leurs serviteurs avec le char.

« Et ils ignoraient même qu’ils avaient une âme ! Murmure un vieillard.

­– Oui, père. Mais ils ont su recevoir ma parole mieux que beaucoup en Israël. Maintenant, puisqu’ils ont donné une obole si importante, faisons-en profiter les pauvres de Dieu en doublant ou triplant l’aumône. Et que les pauvres prient pour ces bienfaiteurs plus pauvres qu’eux-mêmes, afin qu’ils arrivent à la vraie, à l’unique richesse : connaître Dieu. »

129.7

La femme voilée pleure sous son voile qui empêche de voir ses larmes, mais pas d’entendre ses sanglots.

« Cette femme est en larmes, dit Pierre. Peut-être n’a-t-elle plus d’argent. Pouvons-nous lui en donner ?

– Ce n’est pas pour cela qu’elle pleure, mais va lui dire ceci : “ Les patries passent, mais le Ciel demeure. Il appartient à ceux qui savent avoir la foi. Dieu est bonté, c’est pourquoi il aime même les pécheurs. Et il te donne ses bienfaits pour te convaincre de venir à lui. ” Va. Dis-lui cela puis laisse-la pleurer. C’est du poison qui s’en va. »

Pierre va trouver la femme qui se dirige déjà vers les champs. Il lui parle et revient.

« Elle s’est mise à pleurer plus fort, dit-il. Je croyais la consoler… » et il regarde Jésus.

« Elle est consolée, en effet. On peut aussi pleurer de joie.

– Hum !… Eh bien, je serai content quand je verrai son visage ! Le verrai-je ?

– Au jour du Jugement.

– Miséricorde divine ! Mais alors je serai mort ! Et qu’est-ce que cela me fera de le voir, à ce moment-là ? J’aurai l’Eternel à contempler !

– Fais-le tout de suite. C’est la seule chose utile.

– Oui… mais… Maître, qui est-elle ? »

Tout le monde rit.

« Si tu le demandes une autre fois, nous partons tout de suite. Ainsi tu n’y penseras plus.

– Non, Maître. Cependant… il suffit que tu restes… »

Jésus sourit.

« Cette femme, dit-il, est un reste et des prémices.

– Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas. »

Mais Jésus le plante là pour aller au village.

« Il va chez Zacharie. Sa femme est mourante, explique André. Il m’a envoyé prévenir le Maître.

– Tu m’énerves ! Tu sais tout. Tu fais tout et tu ne me dis jamais rien. Tu es pire qu’un poisson ! »

Pierre décharge sur son frère sa déception.

« Mon frère, ne t’en fais pas. Toi aussi, tu parles à ma place. Allons relever nos filets. Viens. »

Les uns partent à droite, les autres à gauche et tout prend fin.

129.1

Gesù è oggi con i nove rimasti, perché gli altri tre sono partiti per Gerusalemme. Tommaso, sempre allegro, si divide perciò fra le sue verdure e le altre più spirituali incombenze, mentre Pietro con Filippo, Bartolomeo e Matteo si occupano dei pellegrini, e gli altri vanno al fiume per il battesimo. Veramente di penitenza con la sizza che tira!

Gesù è ancora nel suo angolo nella cucina, mentre Tommaso traffica e tace per lasciare in pace il Maestro, quando entra Andrea e dice: «Maestro, c’è un malato che io dico bene guarirlo subito perché… Dicono che è folle perché non sono israeliti. Ma noi diremmo che è posseduto. Urla, sbraita, si divincola. Vieni a vedere Tu».

«Subito. Dove è?».

«Ancora nel campo. Senti questo ululato? È lui. Pare una bestia ma è lui. Deve essere un ricco perché chi lo accompagna è ben vestito, ed il malato è stato tirato giù da un carro, molto di lusso, da molti servi. Deve essere pagano perché bestemmia gli dèi dell’Olimpo».

«Andiamo».

«Vengo anche io a vedere», dice Tommaso, più curioso di vedere che preoccupato delle sue verdure.

Escono e, in luogo di piegare verso il fiume, girano verso i campi che separano questo cascinale (noi lo diremmo così) dalla casa del fattore.

In mezzo ad un prato dove prima brucavano delle pecore, che ora spaurite si sono sparpagliate in ogni senso, invano radunate dai pastori e da un cane – è il secondo cane che vedo da quando vedo – vi è un uomo tenuto legato solidamente e che, ciò nonostante, fa dei balzi da forsennato, con urli atroci che sempre più crescono più Gesù si avvicina.

Pietro, Filippo, Matteo e Natanaele sono lì vicino, perplessi. E c’è anche della gente: uomini, perché le donne hanno paura.

«Sei venuto, Maestro? Vedi che furia?», dice Pietro.

«Ora passerà».

«Ma… è pagano, sai?».

«E che valore ha questo?».

«Eh!… per via dell’anima!…».

Gesù ha un breve sorriso e procede. Raggiunge il gruppo del matto, che sempre più si agita.

129.2

Si stacca dal gruppo uno che l’abito e il volto rasato denunciano per romano, e saluta: «Salve, Maestro. Fama di Te mi è giunta. Sei più grande d’Ippocrate nel guarire e del simulacro di Esculapio per operare miracolo sui morbi. Lo so. Vengo per questo. Mio fratello, lo vedi? Folle per misterioso male. Nessun medico ne capisce. Sono andato con lui nel tempio di Esculapio. Ma ne uscì ancora più folle. A Tolemaide ho un parente. Mi mandò un messaggio con una galera. Diceva che qui è Uno che tutti guarisce. E sono venuto. Tremendo viaggio!».

«Merita premio».

«Ma, bada. Neppure proseliti siamo. Romani, fedeli agli dèi.

Pagani, voi dite. Di Sibari, ora a Cipro».

«È verità. Pagani siete».

«Allora… nulla per noi? Il tuo Olimpo caccia il nostro od è cacciato».

«Il mio Dio, unico e trino regna, unico e solo».

«Sono venuto invano», dice il romano deluso.

«Perché?».

«Perché io sono d’un altro dio».

«L’anima è creata da Un solo».

«L’anima?…».

«L’anima. Quella cosa divina che da Dio viene creata per ogni uomo. Compagna nell’esistenza, superstite oltre l’esistenza».

«E dove è?».

«Nel profondo dell’io. Ma pure essendo, come cosa divina, nell’interno del delubro più sacro, si può dire di lei – e lei dico, non essa, perché non cosa è, ma ente vero e degno d’ogni rispetto – che non è contenuta ma contiene».

«Per Giove! Ma sei filosofo?».

«Sono la Ragione unita a Dio».

«Credevo lo fossi per quanto dicevi…».

«E che è filosofia, quando è vera e onesta, se non elevazione della umana ragione verso la Sapienza e la Potenza infinite, ossia verso Dio?».

«Dio! Dio!… Ho quello sciagurato che mi disturba. Ma quasi dimentico il suo stato per ascoltare Te, divino».

«Non come tu dici lo sono. Tu divino chiami chi è superiore all’umano. Io dico che tal nome va dato solo a chi è da Dio».

«Che è Dio? Chi mai l’ha visto?».

«È stato scritto: “Tu che ci formasti, salve! Quando io descrivo la perfezione umana, le armonie del corpo nostro, io celebro la tua gloria”. Fu detto: “La tua bontà rifulge nell’avere distribuito i tuoi doni a tutti coloro che vivono, perché ogni uomo avesse ciò che gli è necessario. E la tua sapienza si testimonia per i tuoi doni, come la tua potenza nel compiersi dei tuoi voleri”. Riconosci queste parole?».

«Se Minerva mi soccorre… sono di Galeno[1]. Ma come le sai? Io strabilio!…».

Gesù sorride e risponde: «Vieni al Dio vero ed il suo divino spirito ti farà dotto della “vera sapienza e pietà che è conoscere te stesso ed adorare la Verità”».

«Ma questo è sempre Galeno! Ora ne sono sicuro. Oltre che medico e mago, sei anche filosofo. Perché non vieni a Roma?».

«Non medico, non mago, non filosofo, come tu dici. Ma testimonianza di Dio sulla Terra.

129.3

Portatemi vicino il malato».

Fra urla e divincolii lo trascinano lì.

«Vedi? Tu lo dici folle. Dici che nessun medico poté guarirlo. È vero. Nessun medico, perché folle non è. Ma un degli inferi, così dico per te, pagano, è entrato in lui».

«Ma non ha lo spirito pitone. Anzi dice solo errori».

«Noi lo chiamiamo “demonio”, non pitone. Vi è il parlante e il muto. Colui che inganna con ragioni intinte di vero, e quello che è solo disordine mentale. Il primo di questi due è il più completo e pericoloso. Tuo fratello ha il secondo. Ma ora ne uscirà».

«Come?».

«Esso stesso te lo dirà».

Gesù ordina: «Lascia l’uomo! Torna al tuo abisso».

«Vado. Contro Te troppo debole è il mio potere. Mi cacci e mi imbavagli. Perché sempre ci vinci?…». Lo spirito ha parlato per bocca dell’uomo, che poi si accascia come spossato.

«È guarito. Scioglietelo senza paura».

«Guarito? Ne sei certo? Ma… Ma io ti adoro!». Il romano fa per prostrarsi.

Ma Gesù non vuole. «Alza lo spirito. In Cielo è Dio. Lui adora, e va’ verso di Lui. Addio».

«No. Così no. Almeno prendi. Permettimi ti tratti come i sacerdoti di Esculapio. Permettimi di udirti parlare… Permettimi di parlare di Te nella mia patria…».

«Fallo. E vieni col fratello».

Il quale fratello si guarda intorno stupito e chiede: «Ma dove sono? Questa non è Cintium! Il mare dove è?».

«Eri…». Gesù fa un cenno per imporre silenzio e dice: «Eri sofferente per grande febbre e ti hanno condotto in altro clima. Ora stai meglio. Vieni».

Vanno tutti – e non tutti ugualmente commossi, perché vi è chi ammira e chi critica la guarigione del pagano – nello stanzone.

129.4

E Gesù va al suo posto, avendo sul davanti dell’assemblea proprio i romani.

«Non vi spiaccia se Io cito un brano[2] dei Re. È detto in esso che, essendo il re di Siria in procinto di guerra contro Israele, aveva nella sua corte un uomo grande ed onorato di nome Naaman, che era lebbroso. E che una fanciulla d’Israele, predata dai siri, divenuta sua schiava, gli disse: “Se il mio signore fosse stato dal profeta che è in Samaria, certamente egli lo avrebbe guarito dalla lebbra”. Al che Naaman, chiestane licenza al re, seguì il consiglio della fanciullina. Ma il re d’Israele fortemente si agitò dicendo: “Son forse io Dio che il re di Siria mi manda i malati? Questo è un tranello per giungere alla guerra”. Ma il profeta Eliseo, saputo del fatto, disse: “Venga da me il lebbroso ed io lo guarirò ed egli saprà che vi è un profeta in Israele”. Naaman andò allora da Eliseo. Ma Eliseo non lo ricevette. Solo gli mandò a dire: “Lavati per sette volte nel Giordano e sarai mondato”. Naaman se ne sdegnò, parendogli aver fatto per nulla tanta strada, e fece per ripartire sdegnato.

Ma i servi gli dissero: “Non ti ha chiesto che di lavarti sette volte, e anche ti avesse ordinato molto di più avresti dovuto farlo, perché egli è il profeta”. Allora Naaman si arrese. Andò, si lavò e tornò sano. Giubilante, fece ritorno dal servo di Dio e gli disse: “Ora so la verità: non vi è altro Dio su tutta la Terra. Ma vi è solo il Dio d’Israele”. E, poi che Eliseo non voleva doni, gli chiese di poter prendere almeno tanta terra da poter sacrificare, su terra d’Israele, al Dio vero.

So che voi non tutti approvate quanto Io ho fatto. So anche che non sono tenuto a giustificarmi a voi. Ma, posto che vi amo di amor vero, voglio che voi comprendiate il mio gesto e da esso impariate, e cada dal vostro animo ogni senso di critica e di scandalo.

Qui abbiamo due sudditi di uno stato pagano. Uno era malato, e loro fu detto per tramite di un parente, ma certo per bocca d’Israele: “Se andaste dal Messia d’Israele, Egli sanerebbe il malato”. Ed essi da molto lontano sono venuti a Me. Più grande ancora la loro fiducia di quella di Naaman, perché nulla sapevano di Israele e di Messia, mentre il siro, per vicinanza di nazione e continuo contatto con schiavi d’Israele, già sapeva che in Israele è Dio. Il vero Dio. Non è bene che ora un uomo pagano possa tornare in patria dicendo: “Veramente in Israele è un uomo di Dio, e in Israele adorano il vero Dio”?

Io non ho detto: “Lavati sette volte”. Ma ho parlato di Dio e dell’anima, due cose da essi ignorate e che, come le bocche di una inesausta sorgente, portano con sé i sette doni. Perché dove è concetto di Dio e di spirito, e desiderio di pervenire ad essi, nascono le piante della fede, speranza, carità, giustizia, temperanza, fortezza, prudenza. Virtù ignote a coloro che dai loro dèi non possono che copiare le comuni passioni umane, aumentate in licenza perché compiute da supposti eccelsi. Ora essi tornano in patria. Ma più della gioia di essere esauditi c’è quella di dire: “Sappiamo che bruti non siamo, che oltre la vita è ancora un futuro. Sappiamo che il vero Dio è Bontà e perciò ama pure noi e ci benefica per persuaderci ad andare a Lui”.

129.5

E che credete? Che essi solo ignorino il vero? Poco fa un mio discepolo credeva Io non potessi guarire il malato perché aveva un’anima pagana. Ma l’anima che è? E da chi viene? L’anima è l’essenza spirituale dell’uomo. È quella che, creata di età perfetta, investe, accompagna, avviva tutta la vita della carne e continua a vivere dopo che la carne non è più, essendo immortale come Colui che la crea: Iddio. Essendo un solo Dio, non vi sono anime di pagani o anime di non pagani create da diversi dèi. Vi è una sola Forza che crea le anime, ed è quella del Creatore, del Dio nostro, unico, potente, santo, buono, senza altra passione che non sia l’amore, la carità perfetta, tutta spirituale; e, per essere inteso da questi romani, come ho detto carità, dico anche carità tutta morale. Perché il concetto: spirito, non è compreso da questi pargoli che non sanno nulla delle parole sante.

E che credete? Che solo per Israele Io sia venuto? Sono Colui che radunerà le stirpi sotto un solo pastorale: quello del Cielo. E in verità vi dico che presto verrà il tempo che molti pagani diranno: “Lasciateci avere quel tanto da potere nel nostro suolo pagano consumare sacrifici al Dio vero, al Dio uno e trino”, di cui Io sono la Parola.

Ora essi vanno. Convinti più che se Io li avessi schiacciati con lo sdegno. Essi e nel miracolo e nelle mie parole sentono Dio, e questo diranno dove essi tornano.

Inoltre vi dico: non era giusto premiare tanta fede? Disorientati dai responsi dei medici, delusi dagli inutili viaggi nei templi, hanno saputo avere ancora fede per venire allo sconosciuto, al grande Sconosciuto del mondo, al deriso, al grande Deriso e Calunniato d’Israele, e dirgli: “Credo che Tu possa”. Il primo crisma alla loro nuova mentalità viene loro da questo avere saputo credere. Non tanto della malattia quanto della errata fede Io li ho sanati, perché ho messo le loro labbra su un calice la cui sete cresce più se ne beve: la sete di conoscere il Dio vero.

Ho finito. Dico a voi di Israele: sappiate avere fede come questi seppero».

129.6

Il romano si accosta col guarito: «Ma… Non oso più dire: per Giove. Dico: ma sul mio onore di cittadino romano io ti giuro che avrò questa sete! Ma ora io devo andare. Chi mi darà più da bere?».

«Il tuo spirito, l’anima che ora sai di avere, fino al giorno che un mio messo verrà a te».

«E Tu no?».

«Io… Io no. Ma non sarò assente pur non essendo presente.

E non passeranno che poco più di due anni che Io ti farò un dono più grande della guarigione di costui che ti era caro. Addio ad ambedue. Sappiate perseverare in questo sentimento di fede».

«Salve, Maestro. Il Dio vero ti salvi».

I due romani se ne vanno e si ode che chiamano i servi col carro.

«E neppure sapevano di avere un’anima!», mormora un vecchio.

«Sì, padre. Ed hanno saputo accettare la parola mia meglio di tanti in Israele. Ora, posto che hanno dato tanto obolo, benefichiamo i poveri di Dio con doppia e tripla misura. E i poveri preghino per questi benefattori, più poveri di loro stessi, perché giungano alla vera, unica ricchezza che è conoscere Iddio».

129.7

La velata piange sotto il suo velo che impedisce di vederne le lacrime, ma non di udirne i singhiozzi.

«Quella donna piange», dice Pietro. «Forse non ha più denaro. Gliene diamo?».

«Non piange per questo. Ma va’ a dirle così: “Le patrie passano. Ma il Cielo resta. Esso è di chi sa avere fede. Dio è Bontà e perciò ama anche i peccatori. E ti benefica per persuaderti di andare a Lui”. Va’. Dille così e poi lasciala piangere. È veleno che esce».

Pietro se ne va dalla donna già incamminata verso i campi. Le parla e torna. «Si è messa a piangere più forte», dice. «Credevo di consolarla…», e guarda Gesù.

«È consolata, infatti. Anche la gioia fa piangere».

«Uhm!… Mah!… Ecco, io sarò contento quando la vedrò in volto. La vedrò?».

«Al giorno del Giudizio».

«Divina Misericordia! Ma allora sarò morto! E che me ne farò di sapere questo? Avrò da guardare l’Eterno allora!».

«Fallo sin da questo momento. È l’unica cosa utile».

«Sì… ma… Maestro, chi è?».

Ridono tutti.

«Se lo chiedi un’altra volta partiamo subito; così la dimentichi».

«No. Maestro. Però… basta che resti Tu…».

Gesù sorride. «Quella donna», dice, «è un avanzo e una primizia».

«Che vuoi dire? Io non capisco».

Ma Gesù lo lascia in asso per andare verso il paese.

«Va da Zaccaria. Ha la donna morente», spiega Andrea.

«Ha mandato me a dirlo al Maestro».

«Tu mi fai stizza! Sai tutto, fai tutto e non dici mai nulla.

Peggio di un pesce sei». Pietro si sfoga sul fratello della sua delusione.

«Fratello, non te la prendere. Parli tu anche per me. Andiamo a ripescare le nostre reti. Vieni».

Chi va a destra e chi a sinistra e tutto ha fine.


Notes

  1. Galien, cité ici et quelques lignes plus bas, est le nom d’un personnage différent du médecin et philosophe du deuxième siècle après J. C.
  2. passage que l’on peut lire en: 2 R 5, 1-19.

Note

  1. Galeno, qui e qualche rigo più sotto, se non è un nome scritto in modo inesatto, è comunque il nome di un personaggio diverso dal noto medico e filosofo vissuto nel secondo secolo dopo Cristo. Nomi di persona sbagliati dalla scrittrice sono segnalati in: 14.4 - 78.1 - 134.1 - 234.1 - 331.5 - 342.1 - 417.1 - 443.1 - 532.1 - 538.8 - 552.2 - 554.6 - 576.4 (e in 236.12 un nome di città).
  2. brano che è in: 2 Re 5, 1-19.