The Writings of Maria Valtorta

133. André est le modèle idéal du prêtre.

133. Andrew, the ideal model of the priest.

133.1

Pas le moindre pèlerin à la Belle Eau. Cela paraît étrange de la voir ainsi, sans bivouacs de gens qui restent une nuit ou au moins qui prennent leur repas dans la cour ou sous l’appentis. Tout n’est que propreté et ordre, aujourd’hui, sans aucun de ces détritus qu’une foule laisse derrière elle.

Les disciples s’occupent à des travaux manuels. Certains tressent l’osier pour en faire de nouvelles nasses, d’autres s’affairent à de petits travaux de terrassement et de canalisation des eaux des toits pour qu’elles ne stagnent pas dans la cour. Debout au milieu d’un pré, Jésus émiette du pain pour les passereaux. Pas le moindre être vivant à perte de vue, bien que la journée soit sereine.

De retour de quelque tâche, André s’approche de Jésus :

« Paix à toi, Maître.

– A toi aussi, André. Viens ici, un peu avec moi. Tu peux rester auprès des oiseaux : tu es comme eux. Mais vois-tu ? Quand ils savent que celui qui les approche les aime, ils n’ont plus peur. Regarde comme ils sont confiants, tranquilles, joyeux. Tout à l’heure ils étaient presque à mes pieds. Maintenant que tu es là, ils sont en alerte… Mais regarde, regarde… Voici ce passereau plus hardi qui s’approche. Il a compris qu’il n’y a pas de danger, et derrière lui, voilà les autres. Vois-tu comme ils se régalent à satiété ? N’est-ce pas la même chose pour nous aussi, les enfants du Père ? Il nous rassasie de son amour. Et quand nous sommes sûrs d’être aimés et d’être appelés à son amitié, pourquoi avoir peur de lui et de nous ? Son amitié doit rendre audacieux, même devant les hommes. Sois-en sûr : seul celui qui a une mauvaise conduite doit avoir peur de son semblable. Pas un juste comme toi. »

André a rougi et garde le silence.

Jésus l’attire à lui et lui dit en riant :

« Il faudrait vous unir, Simon et toi, vous fondre ensemble puis vous refaire. Vous seriez parfaits. Et pourtant…Tu as beau être si dissemblable de Pierre au début, si je te dis que tu seras parfaitement égal à lui à la fin de ta mission, le croiras-tu ?

– Puisque tu le dis, c’est certain. Je ne me demande même pas comment cela pourra se faire, car tout ce que tu dis est vrai. Et je serai content d’être comme Simon, mon frère, parce que c’est un juste et qu’il te fait plaisir. Il est droit, Simon ! Je suis si content qu’il soit brave, courageux, fort. Mais les autres aussi … !

– Pas toi ?

– Oh, moi !… Toi seulement, tu peux être content de moi…

– Et me rendre compte que tu travailles sans bruit, et plus profondément que les autres.

133.2

Parce que, parmi les Douze, il y en a qui font autant de bruit que de travail. Il y en a qui font beaucoup plus de bruit que de travail et un qui se contente de travailler, d’un travail humble, actif, ignoré… Les autres peuvent croire qu’il ne fait rien. Mais celui qui voit, sait. Ces différences viennent de ce que vous n’êtes pas encore parfaits. Et il en sera toujours ainsi parmi les futurs disciples, parmi ceux qui viendront après vous, jusqu’au moment où l’ange dira d’une voix de tonnerre : “ Le temps n’est plus. ” il y aura toujours des ministres du Christ qui sauront attirer le regard sur leur travail et sur leur personne de manière équilibrée : ce sont les maîtres. Et il y en aura, malheureusement, qui ne seront que bruit et gestes extérieurs, seulement extérieurs, les faux bergers aux poses théâtrales… Des prêtres ? Non : des mimes. Rien de plus. Ce n’est pas le geste qui fait le prêtre, ni l’habit. Ce ne sont pas sa culture profane ni ses relations avec le monde ou les puissants qui font le prêtre. C’est son âme. Une âme grande au point d’anéantir la chair. Mon prêtre est spirituel, entièrement… le prêtre de mon rêve. Ainsi seront mes saints prêtres. Le spirituel n’a ni le ton ni la pose du tragédien. Il ne pose pas, parce qu’il est spirituel et par conséquent ne peut porter ni costume ni masque. Il est ce qu’il est : esprit, flamme, lumière, amour. Il s’adresse aux âmes. Il parle par la pureté des regards, de ses actes, de ses paroles, de ses œuvres.

L’homme regarde. Et il voit quelqu’un qui lui est semblable. Mais, au-delà et au-dessus de la chair, que voit-il ? Quelque chose qui freine sa démarche pressée, qui le fait réfléchir et conclure : “ Cet homme, mon semblable, n’a de l’homme que l’extérieur. Il a l’âme d’un ange. ” Et, s’il est incroyant, il conclut : “ Grâce à lui, je crois qu’il y a un Dieu et un Ciel. ” Si c’est un débauché, il dit : “ Cet homme, mon égal, a un regard céleste. Je retiens ma sensualité pour ne pas les profaner. ” Si c’est un avare, il décide : “ A l’exemple de celui-ci qui n’est pas attaché à la richesse, je cesse d’être cupide. ” Et si c’est un homme coléreux, féroce, devant cette douceur il devient un être plus paisible. Voilà quelle peut être l’influence d’un saint prêtre. Sois-en bien sûr, il y aura toujours parmi les prêtres des saints qui sauront encore mourir pour l’amour de Dieu et de leur prochain ; mieux, ils sauront le faire si discrètement, après avoir pratiqué la perfection pendant toute leur vie avec une pareille discrétion, que le monde ne les remarquera même pas. Mais si le monde ne devient pas tout entier impureté et idolâtrie, ce sera grâce à eux : les héros du silence et de l’activité fidèle. Et ils auront ton sourire, pur et timide. Car il y aura toujours des André. Il y en aura, grâce à Dieu et pour le bonheur du monde !

– Je ne croyais pas mériter ces paroles… Je n’ai rien fait pour me les attirer…

– Tu m’as aidé à attirer un cœur à Dieu et c’est le second que tu amènes à la lumière.

– Oh ! Pourquoi a-t-elle parlé ? Elle m’avait promis…

– Personne n’a parlé. Mais moi, je sais. Quand nos compagnons se reposent, épuisés, il y en a trois qui veillent à la Belle Eau : l’apôtre à l’amour silencieux et actif à l’égard de ses frères pécheurs ; la personne que son âme aiguillonne vers le salut ; et le Sauveur qui prie et veille, qui attend et espère… Mon espoir, c’est qu’une âme trouve son salut… Merci, André. Continue et sois-en béni.

– Oh Maître !… N’en dis rien aux autres… De seul à seul, quand je m’adresse à une lépreuse sur une plage déserte, ou ici à une personne dont je ne vois pas le visage, je sais encore m’y prendre un tout petit peu. Mais si les autres l’apprennent, surtout Simon, et s’il veut venir… moi, je ne sais plus rien faire… Toi non plus, ne viens pas… parce que j’ai honte de parler devant toi.

– Je ne viendrai pas. Jésus ne viendra pas. Mais l’Esprit de Dieu t’a toujours accompagné. Allons à la maison. On nous appelle pour le repas. »

Et tout prend fin entre Jésus et le doux disciple.

133.3

Ils sont encore en train de manger et déjà les lampes sont allumées car la nuit tombe très vite ; en outre, la bise invite à garder la porte fermée, mais on frappe et la voix joyeuse de Jean se fait entendre.

« Bon retour !

– Vous avez vite fait !

– Qu’y a-t-il donc ?

– Comme vous êtes chargés ! »

Tout le monde parle à la fois, tous aident les trois hommes à décharger les sacs très lourds qu’ils portent sur les épaules.

« Doucement !

– Laissez-nous saluer le Maître !

– Mais un moment ! »

Il y a un vacarme joyeux, familier, à cause de la joie d’être ensemble. « Je vous salue, mes amis. Dieu vous a donné des journées tranquilles.

– Oui, Maître, mais pas des nouvelles rassurantes. Je le prévoyais, annonce Judas.

– Qu’est-ce qu’il y a ?… »

La curiosité est éveillée.

« Attendez qu’ils se soient d’abord restaurés, dit Jésus.

– Non, Maître, nous te donnons d’abord ce que nous avons pour toi et pour les autres. Et pour commencer… Jean, donne la lettre.

– C’est Simon qui l’a. Je craignais de l’abîmer dans le chargement. »

Simon le Zélote, qui se débattait jusqu’alors avec Thomas qui voulait lui apporter de l’eau pour ses pieds fatigués, accourt en disant :

« Je l’ai ici, dans la bourse de ma ceinture. »

Il ouvre cette poche intérieure de sa large ceinture de cuir rouge, et en sort un rouleau tout aplati.

« C’est de ta Mère. Quand nous avons été près de Béthanie, nous avons rencontré Jonathas qui allait chez Lazare avec la lettre et beaucoup d’autres choses. Jonathas va à Jérusalem car Kouza remet en ordre son palais… Peut-être qu’Hérode se rend à Tibériade… et Kouza ne veut pas voir sa femme près d’Hérodiade » explique Judas pendant que Jésus défait les nœuds du rouleau et le déroule.

Les apôtres bavardent, pendant que Jésus lit avec un sourire bienheureux le message de sa Mère.

133.4

« Ecoutez, dit-il ensuite. Il y a aussi quelque chose pour les Galiléens. Ma Mère écrit :

“ A Jésus, mon doux Fils et Seigneur, paix et bénédiction.

Jonathas, serviteur de son Seigneur, m’a apporté de gentils cadeaux de la part de Jeanne qui demande des bénédictions à son Sauveur pour elle, pour son époux et toute sa maison. Jonathas m’apprend que, sur l’ordre de Kouza, il va à Jérusalem avec mission de rouvrir son palais de Sion. Je bénis Dieu de cela, car je peux te transmettre mes paroles et mes bénédictions. Marie, femme d’Alphée, et Salomé envoient aussi à leurs fils baisers et bénédictions. Et puisque Jonathas a été bon outre mesure, il y a aussi les salutations de la femme de Pierre à son mari lointain, et même des familles de Philippe et de Nathanaël. Toutes vos femmes, ô chers hommes lointains, grâce à leurs travaux d’aiguille, du métier à tisser et au jardin, vous envoient des vêtements pour ces mois d’hiver et du doux miel, vous recommandant de le prendre avec de l’eau bien chaude pendant les soirées humides. Prenez bien soin de vous. C’est ce que les mères et les épouses me disent de vous recommander et je vous le transmets. Je le dis aussi à mon Fils. Nous ne nous sommes pas sacrifiées pour rien, croyez-le bien. Profitez des humbles cadeaux que nous, qui sommes les disciples des disciples du Christ, donnons aux serviteurs du Seigneur et donnez-nous seulement la joie de vous savoir en bonne santé.

Maintenant, mon Fils bien aimé, je pense que depuis presque un an tu n’es plus tout à moi. Et il me semble être revenue au temps où je te savais déjà là, car je sentais ton petit cœur battre dans mon sein, mais je pouvais dire aussi que tu ne l’étais pas, puisque tu étais séparé de moi par une barrière qui m’empêchait de caresser ton corps bien-aimé, et je pouvais seulement adorer ton esprit, ô mon cher Fils et adorable Dieu. Maintenant aussi, je sais que tu es ici et que ton cœur est à l’unisson du mien, jamais séparé de moi, même s’il est au loin, mais je ne puis te caresser, t’entendre, te servir, te vénérer, Messie du Seigneur et de sa pauvre servante.

Jeanne voulait que j’aille chez elle pour ne pas rester seule pendant la fête des Lumières. J’ai cependant préféré rester ici, avec Marie, pour allumer les lampes. Pour moi et pour toi. Mais même si j’étais la plus grande reine de la Terre et si je pouvais allumer des dizaines de milliers de lampes, je serais dans la nuit parce que tu es absent. En revanche j’étais dans la parfaite lumière dans cette grotte obscure, quand je t’avais sur mon cœur, Lumière à moi et Lumière du monde. Ce sera la première fois que je me dis : ‘ aujourd’hui, mon Enfant a une année de plus ’ sans l’avoir auprès de moi. Et ce sera plus triste que ton premier anniversaire à Mataréa. Mais tu accomplis ta mission et moi la mienne. Et tous les deux, nous faisons la volonté du Père et travaillons pour la gloire de Dieu. Cela essuie toute larme.

Cher Fils, je comprends ce que tu fais, d’après ce que l’on me rapporte. Comme les flots de la mer libre apportent la voix du large jusqu’à l’intérieur d’une baie solitaire et close, ainsi l’écho de ton saint travail pour la gloire du Seigneur parvient dans notre tranquille maisonnette jusqu’à ta maman qui s’en réjouit et tremble en même temps car, si tous parlent de toi, ils n’ont pas les mêmes sentiments. Des amis et des gens qui ont profité de tes bienfaits viennent me dire : ‘ Béni soit le Fils de ton sein ’, mais il vient aussi certains de tes ennemis qui blessent mon cœur en disant : ‘ Qu’il soit anathème ! ’ Mais je prie pour ces derniers car ce sont des malheureux, encore plus que les païens qui viennent me demander : ‘ Où est le mage, le divin ? ’ et ne savent pas que, dans leur erreur, ils disent une grande vérité : car vraiment tu es prêtre et grand selon le sens qu’avait ce mot dans notre ancienne langue, et tu es divin, mon Jésus. Alors je te les envoie en disant : ‘ Il est à Béthanie ’, car je pense que c’est ce que je dois dire jusqu’à ce que tu me donnes d’autres instructions. Et je prie pour ceux qui viennent chercher le salut pour ce qui est mortel, afin qu’ils puissent le trouver pour leur âme, qui est éternelle.

Je t’en prie, ne t’afflige pas de ma douleur. Elle est compensée par toutes les joies que m’apportent les paroles de ceux dont tu as guéri l’âme et la chair. Mais Marie a eu et a encore une douleur plus forte que la mienne. Ce n’est pas à moi seulement que l’on parle. Joseph, fils d’Alphée, veut que tu saches qu’il a été arrêté au cours d’un récent voyage d’affaires qu’il a fait à Jérusalem, et menacé à cause de toi. C’étaient des hommes du Grand Conseil. Je pense qu’il leur avait été signalé par quelque grand d’ici. Sinon, qui pouvait savoir que Joseph était chef[1] de famille et ton frère ? Je te rapporte cela parce que je dois obéir en tant que femme. Mais, pour mon compte, je te dis : je voudrais être près de toi pour te réconforter. Mais après cela, prends ta décision, toi la Sagesse du Père, sans tenir compte de mes larmes. Simon, ton frère, était presque décidé à venir après cette affaire. Et avec moi. Mais la rigueur de la saison l’a retenu, et davantage encore la crainte de ne pas te trouver, car on nous a dit, d’un ton menaçant, que tu ne peux rester là où tu es.

Mon Fils ! Mon Fils ! Mon Fils adoré et saint ! Je me tiens, les bras étendus comme Moïse sur la montagne, afin de prier pour toi dans la bataille contre les ennemis de Dieu et tes ennemis, mon Jésus que le monde n’aime pas.

Ici, Lia, femme d’Isaac, est morte, et j’en ai éprouvé du chagrin car elle avait toujours été pour moi une bonne amie. Mais ma plus grande peine, c’est toi, qui es loin et qu’on n’aime pas.

Je te bénis, mon Fils, et de même que je te donne paix et bénédiction, je te prie de les donner à ta Maman. ”

133.5

– Ils viennent jusqu’à cette maison, ces effrontés ! » s’écrie Pierre.

Et Jude s’exclame :

« Joseph… pouvait se la garder pour lui, cette nouvelle. Mais… il était pressé de la faire connaître !

– Le cri d’une hyène n’effraie pas les vivants, dit sentencieusement Philippe.

– Le malheur, c’est que ce ne sont pas des hyènes, mais des tigres. Ils cherchent une proie vivante » réplique Judas et, se tournant vers Simon le Zélote : « Dis ce que nous avons appris.

– Oui, Maître. Judas avait bien raison de craindre. Nous sommes allés chez Joseph d’Arimathie et chez Lazare et, là, comme tes amis déclarés. Ensuite, Judas et moi, comme si j’étais l’un de ses amis d’enfance, chez certains de ses amis de Sion… Et… Joseph et Lazare te disent de partir tout de suite pendant ces fêtes. N’insiste pas, Maître. C’est pour ton bien. Les amis de Judas, ensuite, ont dit : “ Attention : on a déjà décidé de venir le surprendre pour l’accuser. Et cela précisément en ces jours de fête où il n’y a pas de monde. Qu’il se retire quelque temps pour tromper ces vipères. La mort de Doras a excité leur venin et leur peur. Car ils éprouvent, non seulement de la haine, mais aussi de la peur. La peur leur fait voir des choses qui n’existent pas et la haine les fait aller jusqu’au mensonge. ”

– Ils savent tout, tout sur notre compte ! C’est odieux ! Ils défigurent tout ! Ils exagèrent tout, et quand cela ne leur paraît pas suffisant pour maudire, ils inventent. J’en suis dégoûté et accablé. Il me vient le désir de m’exiler, d’aller… je ne sais pas où… loin. Mais hors de cet Israël qui n’est que péché… »

Judas est déprimé.

« Judas, Judas ! Pour mettre un homme au monde, une femme travaille pendant neuf lunes. Toi, pour donner au monde la connaissance de Dieu, tu voudrais faire plus vite ? Ce n’est pas neuf lunes, mais des millénaires de lunes qu’il faudra. Et, comme la lune naît et meurt à chaque lunaison, nous semble naître à nouveau, puis devenir pleine, puis décroissante, ainsi en sera-t-il dans le monde, tant qu’il existera : il y aura toujours des phases de croissance et de décroissance de la religion. Mais, même quand elle semblera morte, elle n’en sera pas moins vivante, à l’instar de la lune qui continue d’exister quand elle paraît finie. Et celui qui aura travaillé pour cette religion en tirera un grand mérite, même s’il ne reste sur la terre qu’un très petit nombre d’âmes fidèles. Allons, allons ! Pas de faciles enthousiasmes dans les triomphes et pas de faciles dépressions dans les défaites.

– Néanmoins… pars d’ici. Nous ne sommes pas, nous, encore assez forts. Et nous sentons que, face au Sanhédrin, nous aurions peur. Moi du moins… Les autres, je ne sais pas… Mais je crois imprudent de tenter l’expérience. Nous n’avons pas le cœur des trois enfants[2] de la cour de Nabuchodonosor.

– Oui, Maître, ça vaut mieux.

– C’est plus prudent.

– Judas a raison.

– Tu vois que même ta Mère et ta parenté…

– Et aussi Lazare et Joseph.

– Laissons les autres venir pour rien. »

Jésus ouvre les bras et dit :

« Qu’il soit fait comme vous le voulez. Mais ensuite, nous reviendrons ici. Vous voyez combien il vient de gens. Je ne force pas et ne tente pas votre âme. Je ne la sens pas prête, en effet…

133.6

Mais voyons les travaux des femmes. »

Les yeux rayonnants, tous poussent des cris de joie en sortant des besaces les paquets avec les vêtements, les sandales, les vivres des mères et des femmes, et tentent d’intéresser Jésus pour qu’il admire une si grande grâce de Dieu. Mais lui reste triste et distrait. Il lit et relit la lettre de sa Mère. Il s’est blotti avec une lampe dans le coin le plus reculé de la table sur laquelle sont les vêtements, les pommes, les vases de métal et les fromages. Une main en visière sur les yeux, il semble méditer. Mais il souffre.

« Mais regarde, Maître, quel beau vêtement ma pauvre épouse m’a fait ! Et ce manteau avec un capuchon ! Qui sait combien elle s’est fatiguée car elle n’est pas adroite comme ta Mère, dit Pierre qui jubile, les bras chargés de ses trésors.

– Ils sont beaux, oui, très beaux. C’est une brave femme » répond Jésus poliment.

Mais son regard est bien loin des objets qu’on lui montre.

« Pour nous, notre mère a fait deux vêtements doublés. Pauvre maman ! Ils te plaisent, Jésus ? Ils ont une belle couleur, n’est-ce pas ? dit Jacques, fils de Zébédée.

– Très beau, Jacques. Il t’ira bien.

– Regarde. Je parie que ces ceintures, c’est ta Mère qui les a faites. C’est elle qui brode si bien. Et aussi ce voile doublé pour abriter du soleil, je dis que c’est Marie qui l’a fait. Il est pareil au tien. Mais pas le vêtement : c’est sûrement notre mère qui l’a tissé. Pauvre maman ! Après toutes les larmes qu’elle a versées cet été, elle n’y voit plus bien, et souvent le fil se casse. Chère maman ! »

Et Jude embrasse le lourd vêtement d’un rouge qui tire sur le marron.

133.7

« Tu n’es pas joyeux, Maître ? demande finalement Barthélemy.

Tu ne regardes même pas les choses que l’on t’envoie.

– Il ne peut l’être, réplique Simon le Zélote.

– Je réfléchis… Mais… Refaites les paquets. Mettez tout en place. Ce n’est pas le moment de se faire prendre et on ne nous prendra pas. Quand la nuit sera avancée, au clair de lune, nous irons à Docco, puis à Béthanie.

– Pourquoi à Docco ?

– Parce qu’il y a une femme qui meurt et qui attend de moi sa guérison.

– Ne passons-nous pas chez le régisseur ?

– Non, André, chez personne. Ainsi personne n’aura besoin de mentir en prétendant ne pas savoir où nous sommes. Si vous tenez à n’être pas poursuivis, moi, je tiens à ne pas créer d’ennuis à Lazare.

– Mais Lazare t’attend.

– Et nous allons chez lui. Ou plutôt… Simon, nous logerais-tu dans la maison de ton vieux serviteur ?

– Avec joie, Maître. Tu sais tout, désormais. Je puis donc te dire, au nom de Lazare, en mon nom, et au nom de celui qui s’y trouve : elle est à toi.

– Allons, faites vite pour que nous arrivions à Béthanie avant le sabbat. »

Et pendant que tous se dispersent avec des lanternes afin de faire le nécessaire pour ce départ imprévu, Jésus reste seul.

André rentre, s’approche de Jésus et lui dit :

« Et cette femme ? Je regrette de l’abandonner maintenant qu’elle était tout près de venir… Elle est prudente… Tu l’as vu…

– Va lui dire que nous reviendrons dans quelque temps et qu’en attendant elle se souvienne de tes paroles…

– Des tiennes, Seigneur. Je ne lui ai dit que les tiennes.

– Va, fais vite et veille à ce que personne ne te voie. Vraiment, dans ce monde mauvais, il faut que les innocents prennent l’aspect des plus perfides… »

Pour moi, tout s’arrête là, sur cette grande vérité.

133.1

There are no pilgrims at the Clear Water. It is a strange sensation to see the place without any people stopping there for the night or taking their meals on the threshing-floor or under the shed. Everything is clean and tidy today, without any of the traces that crowds usually leave.

The disciples spend their time in manual work, some make wickerwork fish traps, some dig out the ground to make drains for the rain water and thus prevent it from stagnating on the threshing-floor. Jesus is standing in the middle of a meadow crumbling bread for some sparrows. There is not a soul as far as the eye can see, notwithstanding the clear day.

Andrew, who is coming back from an errand, goes towards Jesus and says: «Peace to You, Master.»

«And to you, Andrew. Come here with Me for a moment. You can stay here near these little birds. You are like them. See? When they know that who goes near them loves them, they are no longer afraid. See how confident, safe and happy they are. Before they were almost near My feet. Now that you are here they are on the look-out… But look… There is a bolder sparrow which is coming forwards. It has realised that there is no danger. And the others are following it. See how they eat to their fill? Is it not the same with us, the children of the Father? He sates us with His love. And when we are sure that we are loved and are asked to be His friends, why should we be afraid of Him or of ourselves? His friendship must make us bold also with men. Believe Me, only a criminal must be afraid of his fellow-creature. Not a just man like you.»

Andrew blushes but does not say anything.

Jesus draws him to Himself and smiling says to him: «You and Simon should be put into one crucible to be melted and formed again. You would then be both perfect. And yet… If I told you that although you are so different now, you will be perfectly identical to Peter at the end of your mission, would you believe Me?»

«If You say so, it must be certain. I will not even ask how that may happen. Because everything You say is true. And I will be happy to be like my brother Simon, because he is just and makes You happy. Simon is clever! And I am so happy that he is clever. He is also brave and strong. But the others as well!…»

«And are you not?»

«Oh! I… You are the only one who can be satisfied with me…»

«And I am the only one to realise that you work noiselessly but more deeply than the others.

133.2

Because amongst the twelve disciples, there are some who make as much noise as the work they do. There are some who make much more noise than the work they do, and there are some who do nothing but work. A humble, active, ignored work… The others may think that he does nothing. But He Who sees, knows. There are such differences because you are not yet perfect. And there will always be such differences amongst future disciples, also amongst those who will come after you, until the angel will thunder: “Time no longer exists”. There will always be ministers of Christ who are equally able to work and to draw upon themselves the eyes of the world: they are the masters. And unfortunately there will be also those who are nothing but noise and exterior gestures, false shepherds with a histrionic attitude… Priests? No, they are mimers. Nothing else. Gestures do not make the priest, neither does the cassock. Neither worldly knowledge nor mighty worldly relations make the priest. It is his soul. So great a soul as to crush the flesh. My priest is completely spiritual… That is how I dream him. That is what My holy priests will be like. The spirit has neither the voice nor the attitude of the stage player. It is insubstantial because it is spiritual and therefore it cannot wear peplos or masks. It is what it is: spirit, fire, light, love. It speaks to the spirits. It speaks with the chastity of eyes, of gestures, of words, of deeds. Man looks. And he sees a fellow-creature. But what does he see above and beyond the flesh? Something that makes him slow down his hurried steps, that makes him meditate and conclude: “This man, who is like me, has only the appearance of man. He has the soul of an angel”. If he is a misbeliever, he concludes: “Because of him I believe that there is a God and a Heaven”. And if he is lustful, he says: “This fellow-creature of mine has heavenly eyes. I will restrain my sensuality so that I may not desecrate them”. And if he is a miser, he decides: “Because of the instance of this man who is not attached to riches, I will stop being a miser”. And if he is a man quick to anger or a cruel fellow, in front of a gentle person, he will become more quiet and calm. That is what a holy priest will be able to do. And, believe Me, amongst the holy priests there will always be some ready to die for the love of God and of their neighbour, and they will do it so quietly, after practising perfection throughout their lives also very quietly, that the world will not even notice them. But if the whole world does not become utter lewdness and idolatry, it will be through those heroes of silence and loyal activity. And their smiles will be like yours: pure and timid. Because there will always be some Andrews. They will exist through the grace of God and for the fortune of the world!»

«I did not think I deserved such words… I had done nothing to provoke them…»

«You helped Me to attract a heart to God. And it is the second one that you have led towards the Light.»

«Oh! Why did she speak! She had promised…»

«No one has spoken. But I know. When your tired companions rest, there are three sleepless people at the Clear Water. The apostle of the silent active love for his brother sinners. The creature urged by her soul towards salvation. And the Saviour Who prays and keeps watch, Who waits and hopes… My hope: that a soul may find salvation… Thank you, Andrew. Continue like that and be blessed for it.»

«Oh! Master!… Do not say anything to the others. When I am alone with a person, speaking to a leprous woman on a deserted beach, or speaking here to a woman whose face I do not see, I am still capable of doing very little. But if the others, and above all Simon, know about it and they want to come… then I am not able to do anything at all. You must not come either… I am shy of speaking before You.»

«I will not come. Jesus will not come. But the Spirit of God has always been with you. Let us go home. They are calling us for our meal.»

And it all ends between Jesus and His gentle disciple.

133.3

They are still eating and they have already lit the lamp, because night falls very rapidly and because of the bitterly cold wind it is advisable to keep the door closed, when someone knocks at the door and John’s happy voice is heard.

«Welcome!»

«You were quick!»

«What is the news?»

«You are heavily laden!»

They are all speaking at the same time, helping the three to take off the very heavy bags which they are carrying on their backs.

«Slowly!»

«Let us say hello to the Master!»

«Just a moment!»

There is a bright homely excitement due to the joy of being all together.

«I greet you, My friends. God gave you good weather.»

«Yes, Master. But not good news. I foresaw that» says the Iscariot.

«What’s the matter? What happened?..» Their curiosity is aroused.

«Let them have some refreshment first» says Jesus.

«No, Master. We will give You and the others what we have first. And the first thing… John, give the letter.»

«Simon has it. I was afraid of ruining it in my bag.»

The Zealot, who has been struggling so far with Thomas who wanted to serve him with water for his tired feet, comes forward saying: «I have it here, in my belt purse.» And he opens a pocket inside his wide red leather belt and pulls out a roll which has now been flattened out.

«It’s from Your Mother. When we were near Bethany, we met Jonathan who was going to Lazarus’ house with the letter and many other things. Jonathan is going to Jerusalem because Chuza is putting his mansion in order… Herod is perhaps going to Tiberias… and Chuza does not want his wife to stay with Herodias» explains the Iscariot while Jesus undoes the knots of the roll and unrolls it.

The apostles whisper while Jesus reads the words of His Mother smiling blissfully.

133.4

«Listen» He then says. «There is also something for the Galileans. My Mother writes:

“To Jesus, My gentle Son and Lord, peace and blessing. Jonathan, a servant of the Lord, has brought Me kind presents from Johanna, who asks her Saviour to bless her, her husband and the whole household. Jonathan tells Me that he has been instructed by Chuza to go to Jerusalem to open his palace in Zion. I bless the Lord for that, because I can thus let You have My words and blessings. Also Mary of Alphaeus and Salome send their love and blessings to their sons. And since Jonathan has been extremely kind, there are also the regards of Peter’s wife to her far-away husband and also the relatives of Philip and Nathanael send their kind regards. All your women, o dear far-away men, have worked with needles, looms, or in the kitchen gardens and are sending you clothes for the winter months, and sweet honey, reminding you to take it with hot water in the damp evenings. Take care of yourselves. That is what your mothers and wives have told Me and I am telling you. And My Son. We have not sacrificed ourselves for nothing, believe us. Enjoy the humble gifts that we, the disciples of Christ’s disciples, are offering to the servants of the Lord, and give us only the joy of hearing that you are all well.

Now, My beloved Son, I think that for almost a year You have not been entirely Mine. And I seem to have gone back to the time when I knew that You were already here, because I felt Your little heart beat within My womb, but I could also say that You were not yet here, because You were separated from Me by a barrier which prevented Me from caressing Your beloved body and I could only adore Your spirit, o My dear Son and adorable God. Also now I know that You are here and that Your heart beats with Mine, never separated from Me even if we are not together, but I cannot caress, hear, serve and venerate You, the Messiah of the Lord and His poor maid.

Johanna wanted Me to go and stay with her, so that I would not be alone during the Feast of Lights. But I preferred to remain here with Mary and light the lamps for You and for Me. But if I were the greatest queen on the earth and I could light a thousand or ten thousand lamps, I would still be in darkness because You are not here. Whereas I was in a bright light in that dark grotto, when I pressed You to My heart, My Light and Light of the world. This will be the first time that I will say to Myself: ‘My Child is a year older today and I have not My Child with Me. And it will be sadder than Your first birthday at Matarea. But You are fulfilling Your mission and I Mine. And we are both doing the will of the Father and we are acting for the glory of God. That wipes all tears.

Dear Son, I know what You are doing from what I am told. As the waves carry the voice of the open sea as far as a solitary enclosed gulf, so the echo of Your holy work for the glory of God reaches our quiet little house and Your Mother rejoices and trembles, because if they all speak of You, not everyone expresses the same hearty feelings. Friends and people You have helped, come to Me and say: ‘Blessed be the Son of Your womb’, and also Your enemies come to pierce My heart saying: ‘Anathema on Him’. But I pray for the latter ones because they are poor unhappy people, even more than the pagans who come and ask: ‘Where is the magician, the divine one?’ and they do not realise that, while committing a mistake, they state a great truth, because You really are a priest and great, according to the ancient meaning of the word and You are Divine, My Jesus. And I send them on to You saying: ‘He is in Bethany’. Because I know that I have to say so, until You give Me different instructions. And I pray for those who come seeking health for what is to die, that they may find salvation for their eternal souls.

Please do not worry about My sorrows. They are compensated by the great joy of the words of those whose bodies and souls have been cured. But Mary has had a greater sorrow than Mine; I am not the only one to be spoken to. Joseph of Alphaeus wants You to know that in one of his recent business trips to Jerusalem he was stopped and threatened because of You. They were men of the Great Council. I think he must have been pointed out by one of the great men here. Otherwise who would have known that Joseph is the head of the family and Your brother? I am telling You this, because as a woman I have to obey, But for what concerns Me I say to You: I would like to be near You, to comfort You. But I leave it to You to decide, since You are the Wisdom of the Father, without taking into account My tears. Your brother Simon was on the point of coming to see You after that incident. And he wanted Me to go with him. But he was held back by the bad weather and even more by the fear he might not find You, because we were told, as a threat, that You cannot stay where You are.

Son! My adored and holy Son! I am keeping My arms raised, as Moses did on the hill top, praying for You in Your battle against the enemies of God and Yours, My Jesus, Whom the world does not love.

Leah of Isaac died here. And I was very sorry because she was always a good friend of Mine. But My greatest sorrow is that You are far away and not loved by people. I bless You, My Son, and as I give You peace and blessing, I ask You to give Yours to Mother”.»

133.5

«Those impudent fellows reach even that house!» shouts Peter.

And Judas Thaddeus exclaims: «Joseph… might have kept the news to himself. But… I am sure he was dying to let people know!»

«The howl of hyenas does not frighten living people» states Philip.

«The trouble is that they are not hyenas, they are tigers. They are after a living prey» says the Iscariot, who then says to the Zealot: «Tell them what we have learned.»

«Yes, Master. Judas was right in being afraid. We went to see Joseph of Arimathea and Lazarus, and we went there as known friends of Yours. Then Judas and I, as if we were very old friends, went to see some of his friends in Zion… And… Joseph and Lazarus tell You to go away from here at once during these feast days. Don’t insist, Master. It is for Your own good. Judas’ friends then said: “Be careful, they have already decided to come and catch Him so that they may accuse Him, during these feast days when there are no people. Let Him retire for some time and thus disappoint those vipers. Doras’ death has roused their poison and their fear. Because they are afraid besides being full of hatred. And fear causes them to see what does not exist and hatred makes them lie”.»

«They know everything about us! It’s a hideous situation! And they distort and exaggerate everything! And when they think that there is not enough to curse us, then they start inventing. They make me feel sick and discouraged. I feel like going into exile, like going… I don’t know… far away. Away from Israel which is nothing but sin…» The Iscariot is depressed.

«Judas, Judas! A woman to bear a child to the world carries it for nine lunations. Do you want to be quicker in giving the world the knowledge of God? Not nine, but thousands of lunations will be required. And as at each lunation the moon waxes and then wanes appearing to us as a new moon, then as a full moon, then as a waning moon, so in the world there will always be growing, full and decreasing phases of religion. But even when religion will seem to be dead, it will be alive, exactly as the moon is still there also when she seems to have disappeared. And those who have worked at this religion will have full merits even if only a tiny minority of faithful souls will be left on the earth. Cheer up! Do not be easily roused in triumph, or easily depressed in defeat.»

«But… let us go away. We are not yet strong enough. And we feel that in front of the Sanhedrin we would be afraid. At least I would. I don’t know about the others… But I don’t think it would be wise to try. Our hearts are not like the hearts of the three young men at Nebuchadnezzar’s court.»

«Yes, Master. It is better.»

«It’s wise.»

«Judas is right.»

«You see that also Your Mother and relatives…»

«And Lazarus and Joseph.»

«We should not let them come at all.»

Jesus stretches out His arms and says: «Let it be done as you wish. But later we will come back here. You have seen how many people come. I will not force your souls or put them to the test.

In fact, I feel that they are not yet ready…

133.6

But let us see the work of the women.»

But while everybody with bright eyes and a joyful voice pulls out from the haversacks the parcels containing clothes, sandals, and the foodstuffs sent by the mothers and wives, and they all endeavour to get Jesus interested in admiring so many good things, He remains sad and self-absorbed. He reads His Mother’s letter over and over again. Taking with Him a small lamp, He has withdrawn to the farthest corner from the table on which the clothes, apples, small jars of honey, small cheeses are, and shading His eyes with a hand, He seems to be meditating. But He is suffering.

«Look, Master, what a lovely tunic and mantle with hood my wife, poor woman, has made for me. I wonder how much she has worked on them, because she is not so skilled as Your Mother» says Peter, who is overjoyed while holding his treasures in his arms.

«Lovely, yes, they are lovely. She is a clever wife» says Jesus kindly. But His thoughts are far from the articles shown to Him.

«Our mother has made two tunics for us with thick woven cloth. Poor mother! Do You like them, Jesus? They are a lovely colour, aren’t they?» says James of Zebedee.

«Really beautiful, James. It will suit you.»

«Look. I bet these belts were made by Your Mother. Only She can embroider like that. And I say that this double veil to protect us from sunshine was also made by Mary. It is like Yours. The tunic is not. Mother certainly wove it. Poor mother! After all the tears she shed last summer, she cannot see very well and often breaks the thread. What a dear!» And Judas of Alphaeus kisses the dark red heavy tunic.

133.7

«You are not very cheerful, Master» remarks Bartholomew at last. «You are not even looking at the things which were sent to You.»

«He cannot be» points out Simon Zealot.

«I am thinking… Well…. Make the parcels up again. Sort everything out. It is not the time to be caught and we shall not be caught. At the dead of night, in the moonlight, we will go towards Doco and then to Bethany.»

«Why to Doco?»

«Because there is a dying woman there, who is waiting to be cured by Me.»

«Are we not calling at the steward’s?»

«No, Andrew. We are not calling anywhere. So no one will have to tell lies saying that they do not know where we are. If you are anxious not to be persecuted, I am anxious not to cause trouble to Lazarus.»

«But Lazarus is waiting for You.»

«And we are going to him. Or rather… Simon, will you give Me hospitality in the house of your old servant?»

«With pleasure, Master. You know everything now. I can therefore say to you, on behalf of Lazarus, of myself and of him who lives in the house: it is Yours.»

«Let us go. Hurry up, so that we may be at Bethany before the Sabbath.»

And while they all scatter with lamps to do what is necessary for the sudden departure, Jesus is left alone.

Andrew comes back in, he goes near Jesus and asks: «What about that woman? I am sorry to leave her now that she was about to come… She is wise… You saw that…»

«Go and tell her that we will be coming back after some time and that in the meantime she should remember your words…»

«Your words, Lord. I only repeated Yours.»

«Go. Hurry up. And do not let anybody see you. Truly in this world of bad people, those who are innocent must look like wicked people…»

Everything ends on this great truth.


Notes

  1. chef est corrigé par Maria Valtorta en « un des chefs » sur une copie dactylographiée. Des quatre fils d’Alphée, Simon est devenu le chef de famille à la mort de son père (105.3), puisqu’il était l’aîné (105.4 et 246.11). Toutefois, il paraîtra toujours soumis à son frère Joseph, au caractère plus fort et qui sera appelé chef, premier, ancien, l’aîné (comme ici et, par exemple, en 437.1 ; 440.7.8 ; 441.5 ; 460.7 ; 477.5 ; 478.11 ; 491.9 ; 562.4 ; 614.11). Joseph et Simon sont dits « les deux aînés » de leur frère Jude en 56.3.
  2. trois enfants desquels on parle en : Dn 3, 13-97 inclut le Cantique d’Azarias mentionné au chapitre suivant (en 134.4) et à d’autres reprises dans cet ouvrage (comme en 176.3).