The Writings of Maria Valtorta

143. Photinaï, la Samaritaine.

143. Photinai, the Samaritan woman.

143.1

« Je m’arrête ici. Allez en ville et achetez tout ce qu’il faut pour le repas. Nous mangerons ici.

– Nous y allons tous ?

– Oui, Jean. Il est bon que vous restiez en groupe.

– Et toi ? Tu restes seul … Ce sont des samaritains …

– Ce ne sont pas les pires ennemis du Christ. Allez, allez. Je prie, en vous attendant, pour vous et pour eux. »

Les disciples partent à regret, et à trois ou quatre reprises ils se retournent pour regarder Jésus qui s’est assis sur un petit muret ensoleillé qui se trouve près du bord bas et large d’un puits. C’est un grand puits, presque une citerne, tant il est large. En été il doit être ombragé par de grands arbres, maintenant sans feuilles. On ne voit pas l’eau, mais le terrain, près du puits, montre clairement qu’on en a puisé, à cause des petites mares et des empreintes circulaires laissées par les brocs humides.

Jésus s’assied et médite, dans son attitude ordinaire, les coudes appuyés sur les genoux et les mains jointes en avant, le corps légèrement incliné et la tête penchée vers le sol. Puis il sent qu’un bon soleil le réchauffe et il laisse glisser son manteau de sa tête et de ses épaules tout en le gardant encore replié sur sa poitrine.

Il lève la tête pour sourire à une bande de moineaux querelleurs qui se disputent une grosse mie de pain perdue par quelque personne près du puits. Mais les oiseaux s’enfuient à l’arrivée d’une femme qui vient au puits avec une amphore vide qu’elle tient par une anse de la main gauche, pendant que sa main droite écarte avec surprise son voile pour voir quel est l’homme assis là.

Jésus sourit à cette femme d’environ trente-cinq à quarante ans, grande, aux traits fortement dessinés, mais beaux. Elle a, dirions-nous, le type presque espagnol : un teint mat, les lèvres très rouges et plutôt épaisses, des yeux démesurément grands et noirs sous des sourcils très touffus et les tresses couleur de jais qui transparaissent sous son léger voile. Ses formes elles-mêmes, qui tendent à l’embonpoint, présentent nettement le type oriental un peu mou des femmes arabes. Elle est vêtue d’une étoffe à rayures multicolores, serrée à la ceinture, tendue sur les fortes hanches et la poitrine ronde, et retombant ensuite en une sorte de volant ondulant jusqu’à terre. Elle porte quantité de bagues et de bracelets à ses mains potelées et brunes ainsi qu’aux poignets, que l’on aperçoit sous les manches de lin. Elle porte au cou un large collier d’où pendent des médailles, je dirais des amulettes car il y en a de toutes les formes. De lourdes boucles d’oreilles descendent jusqu’au cou et brillent sous son voile.

143.2

« Que la paix soit avec toi, femme. Me donnes-tu à boire ? J’ai beaucoup marché et j’ai soif.

– Mais n’es-tu pas juif ? Et tu me demandes à boire à moi, une Samaritaine ? Qu’est-il donc arrivé ? Sommes-nous réhabilités ou est-ce vous qui êtes humiliés ? Quelque grand événement a sûrement eu lieu, si un juif parle poliment à une samaritaine. Je devrais cependant te dire : “ Je ne te donne rien pour punir en toi toutes les insultes que depuis des siècles les juifs nous adressent. ”

– Tu as raison. Un grand événement a eu lieu, cela a changé bien des choses et un plus grand nombre encore changeront. Dieu a fait un grand don au monde et cela change beaucoup de choses. Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “ Donne-moi à boire ”, c’est peut-être toi-même qui lui aurais demandé à boire et lui t’aurait donné de l’eau vive.

– L’eau vive est dans les veines de la terre, et ce puits en possède. Mais il est à nous. »

La femme est railleuse et présomptueuse.

« L’eau appartient à Dieu. Comme la bonté appartient à Dieu, ou encore la vie. Tout appartient à un Dieu unique, femme. Et tous les hommes viennent de Dieu : les samaritains comme les juifs. Ce puits n’est-il pas celui de Jacob[1] ? Or Jacob n’est-il pas le chef de notre race ? Si, par la suite, une erreur nous a séparés, cela ne change rien à notre origine.

– Notre erreur, n’est-ce pas ? demande la femme sur un ton cinglant.

– Ni la nôtre, ni la vôtre. C’est l’erreur de quelqu’un qui avait perdu de vue la charité et la justice. Moi, je ne t’attaque pas et je n’attaque pas ta race. Pourquoi veux-tu être agressive ?

– Tu es le premier juif que j’entends parler ainsi. Les autres… Mais, pour revenir au puits, oui, c’est bien celui de Jacob et il a une eau si abondante et si claire que nous, qui sommes de Sychar, nous la préférons aux autres fontaines. Mais il est très profond. Tu n’as ni amphore ni outre. Comment pourrais-tu donc atteindre l’eau vive pour moi ? Es-tu plus grand que Jacob, notre saint patriarche, qui a trouvé cette veine abondante, pour lui, ses enfants et ses troupeaux et nous l’a laissée en souvenir de lui et comme cadeau ?

– Tu l’as dit. Mais qui boit de cette eau aura encore soif. Moi, en revanche, j’ai une eau telle que celui qui en aura bu n’aura plus jamais soif. Mais elle n’appartient qu’à moi et je la donnerai à qui me la demande. Et, en vérité, je te dis que celui qui aura de l’eau que je lui donnerai aura toujours en lui la fraîcheur et n’aura plus jamais soif, car mon eau deviendra en lui une source intarissable, éternelle.

– Comment ? Je ne comprends pas. Es-tu un mage ? Comment un homme peut-il devenir un puits ? Le chameau boit et fait provision d’eau dans son ventre. Mais ensuite il la consomme et elle ne lui dure pas toute la vie. Et tu prétends que ton eau dure toute la vie ?

– Davantage encore : elle jaillira jusqu’à la vie éternelle. En celui qui la boit, elle jaillira jusqu’à la vie éternelle et donnera des germes de vie éternelle, car c’est une source de salut.

– Donne-moi de cette eau s’il est vrai que tu la possèdes. Je me fatigue à venir jusqu’ici. Si je l’ai, je n’aurai plus soif et je ne deviendrai jamais malade ni vieille.

143.3

– Il n’y a que cela qui te fatigue ? Rien d’autre ? Et tu n’éprouves pas d’autre besoin que de puiser pour boire, pour ton misérable corps ? Penses-y. Il y a quelque chose de plus grand que le corps : c’est l’âme. Jacob n’a pas seulement donné de l’eau du sol, pour lui et pour les siens. Mais il s’est préoccupé de se procurer pour lui la sainteté, l’eau de Dieu, et de la donner.

– Vous, vous nous traitez de païens… Si ce que vous dites est vrai, nous ne pouvons pas être saints… »

La femme a perdu son ton impertinent et ironique et elle est soumise, légèrement confuse.

« Même un païen peut être vertueux. Et Dieu, qui est juste, le récompensera pour le bien qu’il aura fait. Ce ne sera pas une récompense parfaite, mais, je te le dis, entre un fidèle souillé par une faute grave et un païen sans faute, Dieu regarde avec moins de rigueur le païen. D’ailleurs pourquoi, si vous reconnaissez être païens, ne venez-vous pas au vrai Dieu ? Comment t’appelles-tu ?

– Photinaï.

– Eh bien, réponds-moi, Photinaï. Ne souffres-tu pas de ne pouvoir aspirer à la sainteté parce que tu es païenne, comme tu dis, parce que tu es dans les brumes d’une vieille erreur, comme je le dis, moi ?

– Bien sûr, j’en souffre.

– Et alors, pourquoi ne vis-tu pas au moins en païenne ver­tueuse ?

– Seigneur !

– Oui, peux-tu le nier ? Va appeler ton mari et reviens avec lui.

– Je n’ai pas de mari… »

La confusion de la femme grandit.

« Tu as raison. Tu n’as pas de mari. Tu as eu cinq hommes et maintenant tu as avec toi quelqu’un qui n’est pas ton mari. Etait-ce nécessaire ? Même ta religion ne conseille pas l’impureté. Vous aussi, vous avez le Décalogue. Pourquoi donc, Photinaï, vis-tu ainsi ? N’es-tu pas lasse d’être la chair de tant d’hommes, au lieu d’être l’honnête épouse d’un seul ? N’as-tu pas peur de ta vieil­lesse, quand tu te trouveras seule avec tes souvenirs ? Avec tes regrets ? Avec tes peurs ? Oui, même celles-là. La peur de Dieu et des spectres. Où sont tes enfants ? »

La femme baisse complètement la tête et ne répond pas.

« Tu ne les as pas sur la terre. Mais leurs petites âmes, auxquelles tu as interdit de voir la lumière du jour, t’adressent des reproches. Toujours. Bijoux… beaux vêtements… riche maison… table bien garnie… Certes, mais aussi le vide, les larmes et la misère intérieure. Tu es une délaissée, Photinaï. Et ce n’est que par un repentir sincère, moyennant le pardon de Dieu et par conséquent de tes enfants, que tu peux redevenir riche.

143.4

– Seigneur, je vois que tu es un prophète, et j’ai honte…

– Et à l’égard du Père qui est aux Cieux, n’éprouvais-tu pas cette honte, quand tu faisais le mal ? Ne pleure pas de découragement devant l’Homme… Viens ici, Photinaï, près de moi. Je te parlerai de Dieu. Peut-être ne le connaissais-tu pas bien. Et c’est pour cela, certainement pour cela, que tu as tant erré. Si tu avais bien connu le vrai Dieu, tu ne te serais pas ainsi avilie. Il t’aurait parlé et t’aurait soutenue…

– Seigneur, nos pères ont adoré sur cette montagne. Vous, vous dites que c’est seulement à Jérusalem que l’on doit adorer. Mais, tu le dis : il n’y a qu’un seul Dieu. Aide-moi à voir où et comment je dois adorer…

– Femme, crois-moi. Bientôt viendra l’heure où ce ne sera ni sur la montagne de Samarie ni à Jérusalem que sera adoré le Père. Vous adorez celui que vous ne connaissez pas. Nous adorons celui que nous connaissons, car le salut vient des juifs. Je te rappelle les prophètes. Mais l’heure vient – et elle est même déjà commencée – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, non plus suivant les rites antiques, mais selon le rite nouveau où il n’y aura plus ni sacrifices ni hosties d’animaux consumés par le feu, mais le sacrifice éternel de l’Hostie immaculée brûlée par le feu de la charité. Ce sera un culte spirituel dans un Royaume spirituel. Et il sera compris de ceux qui savent adorer en esprit et en vérité. Dieu est Esprit. Ceux qui l’adorent doivent l’adorer spirituellement.

– Tu as de saintes paroles. Moi, je sais – car nous aussi nous savons quelque chose – que le Messie est sur le point de venir, celui qu’on appelle aussi “ le Christ ”. Quand il sera venu, il nous enseignera toutes choses. Tout près d’ici se trouve aussi celui qu’on dit être son Précurseur. Beaucoup vont l’écouter. Mais il est si sévère… ! Toi, tu es bon… et les pauvres âmes n’ont pas peur de toi. Je pense que le Christ sera bon. On l’appelle le Roi de la paix. Tardera-t-il beaucoup à venir ?

– Je t’ai dit que son temps est déjà présent.

– Comment le sais-tu ? Tu es peut-être son disciple ? Le Précurseur a beaucoup de disciples. Le Christ aussi en aura.

– C’est moi, qui te parle, qui suis le Christ Jésus.

– Toi !… Oh !… »

La femme, qui s’était assise près de Jésus, se lève et va s’enfuir.

« Pourquoi t’enfuis-tu, femme ?

– C’est que je suis horrifiée de m’asseoir près de toi. Tu es saint…

– Je suis le Sauveur. Je suis venu ici – je n’y étais pas obligé – parce que je savais que ton âme était lasse d’être errante. Ta nourriture te donne la nausée… Je suis venu te donner une nourriture nouvelle qui t’enlèvera nausée et fatigue…

143.5

Voici mes disciples qui reviennent avec mon pain. Mais déjà je suis nourri de t’avoir donné les premières miettes de ta rédemption. »

Les disciples lorgnent plus ou moins discrètement la femme, mais personne ne dit mot. Elle s’en va sans plus penser à l’eau ni à son amphore.

« Voici, Maître, dit Pierre. Ils nous ont bien traités. Il y a du fromage, du pain frais, des olives et des pommes. Prends ce que tu veux. Cette femme a bien fait de laisser son amphore. Nous aurons plus vite fait qu’avec nos petites gourdes. Nous boirons et nous les remplirons sans avoir à demander autre chose aux samaritains, et sans les côtoyer à leurs fontaines. Tu ne manges pas ? Je voulais trouver du poisson pour toi, mais il n’y en a pas. Peut-être cela t’aurait-il plu davantage. Tu es fatigué et pâle.

– J’ai une nourriture que vous ne connaissez pas. Ce sera mon repas. Je serai bien restauré. »

Les disciples se regardent, s’interrogeant du regard.

Jésus répond à leurs muettes interrogations :

« Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé pour achever l’œuvre qu’il désire que j’accomplisse. Quand le semeur jette la semence, peut-il prétendre avoir déjà tout fait pour dire qu’il a obtenu la récolte ? Non, certainement pas. Que de labeurs encore avant de pouvoir se dire : “ Voilà, mon travail est achevé ” ! Et avant ce moment, il ne peut se reposer. Regardez ces champs sous le gai soleil de la sixième heure. Il y a seulement un mois, et même moins, la terre était nue, sombre à force d’être battue par les pluies. Maintenant, regardez. Des tiges innombrables de blé, qui viennent de percer, d’un vert très tendre qui semble encore plus clair sous cette grande lumière, la couvrent, pour ainsi dire, d’un léger voile presque blanc. C’est la moisson future et vous dites en la voyant : “ Dans quatre mois, c’est la récolte. Les semeurs engageront des moissonneurs, car s’il suffit d’un semeur pour ensemencer son champ, il faut un grand nombre d’ouvriers pour le moissonner. Semeurs et moissonneurs sont heureux. Celui qui a semé un petit sac de grains et qui doit maintenant préparer ses greniers pour engranger la récolte, aussi bien que ceux qui, en quelques jours, gagnent de quoi vivre pendant plusieurs mois. ” Dans le domaine spirituel il en est de même : ceux qui moissonneront ce que j’ai semé se réjouiront avec moi et comme moi, parce que je leur donnerai mon salaire et ce qu’il leur est dû. Je leur donnerai de quoi vivre dans mon Royaume éternel. Vous, vous n’avez qu’à moissonner ; le travail le plus dur, c’est moi qui l’ai fait. Et pourtant je vous dis : “ Venez faire la moisson dans mon champ. Je suis heureux de vous voir chargés des gerbes de ma récolte. Quand vous aurez récolté tout le grain que j’aurai semé partout, inlassablement, alors la volonté de Dieu sera accomplie et je m’assiérai au banquet de la Jérusalem céleste. ” Voici qu’arrivent les samaritains avec Photinaï. Faites preuve de charité à leur égard. Ce sont des âmes qui viennent à Dieu. »

143.1

«I will stop here. You go into town and buy what is necessary for our meal. We shall eat here.»

«Shall we all go?»

«Yes, John. You had better be all together.»

«And what about You? You will be left alone… They are Samaritans…»

«They will not be the worst enemies of Christ. Go. I will pray, while waiting for you. I will pray for you and for them.»

The disciples reluctantly go away, and they turn around three or four times to look at Jesus, Who has sat down on a little wall, exposed to the sun, near the low broad edge of a well. It is a big well, so wide that it seems like a cistern. In summer it is shaded by tall trees, which are now bare. It is not possible to see the water, but the little puddles and ring marks of wet pitchers on the ground near the well, are clear signs that water has been drawn. Jesus sits down and meditates, in His usual attitude, His elbows resting on His knees, His hands stretched out and joined, His body slightly bent forward and His head lowered. When He feels the mild warmth of the sun, He lets His mantle drop from His head and shoulders and holds it around His waist. He raises His head and smiles at a flight of wrangling sparrows quarreling over a large crumb of bread, which someone has dropped near the well.

But the sparrows fly away when a woman arrives near the well. With her left hand she is holding an empty amphora by one of its handles, whilst her right hand with a gesture of surprise pushes aside her veil to see who the man is who is sitting there. Jesus smiles at the thirty-five/forty year old woman. She is tall, with a beautiful strongly marked features. A Spanish type, we would say: a pale olive complexion, rather thick bright-red lips, dark eyes which are even exceedingly large, very dark eyebrows and hair, visible through her transparent veil. Also her rather plump figure is typically oriental and slightly soft, as is customary with Arab women. Her dress is a multicoloured striped robe, which is held very tight round her waist and her plump sides and breast, and then falls to the ground in a kind of flounce. She is wearing several rings on her rather plump dark fingers and bracelets on her wrists, which appear under her linen sleeves. Round her neck she wears a heavy necklace from which some medals are hanging; I should call them amulets because they are of all shapes. Heavy earrings hang down as far as her neck and shine under her veil.

143.2

«Peace be with you, woman. Will you give Me some water to drink? I have walked a long way and I am thirsty.»

«Are You not a Judaean? And You ask me, a Samaritan woman, to give You a drink? What has happened? Have we been rehabilitated, or have you been routed? A great event must have taken place, if a Judaean speaks kindly to a Samaritan woman. But I should say to You: “I will not give You anything, to punish in You all the insults the Jews have been heaping on us for centuries”.»

«You are right. A great event has taken place. And because of it many things have changed and many more will change. God has granted a great gift to the world and through it many things have changed. If you knew the gift of God and Who is saying to you: “Give Me a drink”, perhaps you would have asked Him to give you a drink and He would have given you living water.»

«Living water is in the veins of the earth. It is in this well. But it is ours.» The woman’s tone is derisory and arrogant.

«Water comes from God. As bounty comes from God. As life comes from God. Everything belongs to the One Only God, woman. And all men come from God: Samaritans and Judaeans. Is this not Jacob’s well? And is not Jacob the head of our race? If later on an error divided us, that does not change our origin.»

«Of course, it was our error, was it not?» the woman asks aggressively.

«Neither ours nor yours. It was the error of one who had lost sight of Charity and Justice. I do not wish to offend you or your race. Why do you wish to strike an offensive attitude?»

«You are the first Judaean whom I hear speak thus. The others… But reverting to the well, yes, it is Jacob’s and its water is so plentiful and clear that we in Sychar prefer it to other fountains. But it is very deep. You have neither amphora nor bucket. How could You, therefore, draw living water for me? Are You greater than our holy Patriarch Jacob, who found this abundant vein for himself, his sons and his cattle and left it to us in his memory and as a gift?»

«You are right. But whoever drinks this water, will be thirsty again. I instead have a water that whoever drinks it will not be thirsty again. But it is only Mine. And I will give it to whoever asks Me for it. And I solemnly tell you that whoever has the water I give him, will always be satisfied and will never be thirsty again, because My water will be an unfailing eternal spring.»

«What? I do not understand. Are You a magician? How can a man become a well? A camel drinks and lays a supply of water in his big stomach. But he then consumes it and it does not last all his life. And You say that Your water lasts a whole lifetime?»

«Even longer: it will last until eternal life. In those who drink it, it will gush until eternal life and will give germs of eternal life, because it is a spring of health.»

«Give me some of that water, if You really have it. I get tired coming here. If I have it, I will not be thirsty anymore and I will never be ill or become old.»

143.3

«Is that the only thing of which you get tired? Of nothing else? And do you only feel the need of drawing water to drink and satisfy your poor body? Think about it. There is something more important than your body. Your soul. Jacob did not procure only the water of the earth for himself and his sons. He was anxious to be holy and to bestow holiness, the water of God.»

«You call us heathens… If what You say is true, we cannot be holy…» The woman’s tone is no longer insolent and ironical and she is submissive and somewhat confused.

«Also a heathen can be virtuous. And God, Who is just, will reward him for the good he has done. It will not be a complete reward, but I can tell you that between a guilty believer and an innocent heathen, God looks at the latter with less severity. And if you know you are such, why do you not come to the True God? What is your name?»

«Photinai.»

«Well, tell me, Photinai, are you sorry that you cannot aspire to holiness because you are a heathen, as you say, or because you are in the haze of an old error, as I say?»

«Yes, I am sorry.»

«Well, then, why do you not live at least as a virtuous heathen?»

«Lord!…»

«Yes, can you deny it? Go and call your husband and come back here with him.»

«I have no husband.» The embarrassment of the woman increases.

«You have spoken the truth. You have no husband. But you have had five men and you have one with you now who is not your husband. Was that necessary? Also your religion condemns lewdness. You have the Decalogue, too. Why, then, Photinai, do you live thus? Are you not tired of the exertion of being flesh foreverybody, instead of being the honest wife of one man only? Are you not afraid of the evening of your life, when you will be all alone with your memories and regrets? And with your fears? Yes, all those. Fear of God and of ghosts. Where are your children?»

The woman lowers her head completely and does not reply.

«You have none in this world. But their little souls, whom you prevented from seeing the day of their birth, are reproaching you. And they always will. Jewels… beautiful dresses… a splendid house… a bountiful table… But emptiness, and tears, and interior misery. You are forlorn, Photinai. And only through sincere repentance, through God’s forgiveness and consequently through your children’s forgiveness, you can become rich again.»

143.4

«Lord, I see that You are a prophet. And I am ashamed…»

«And when you were doing evil things, were you not ashamed of yourself before the Father Who is in Heaven? Do not weep out of dejection before the Man… Come here, Photinai. Come near Me. I will speak to you of God. Perhaps you did not know Him well. And that is why you have been so faulty. If you had known the True God well, you would not have degraded yourself so much. He would have spoken to you and supported you…»

«Lord, our ancestors have worshipped on this mountain. You say that one must worship only in Jerusalem. But You said that there is only One God. Help me to see what I must do and where…»

«Woman, believe Me. Before long the Father will be worshipped neither on the mountain in Samaria nor in Jerusalem. You worship Him Whom you do not know. We worship Him Whom we know, because salvation comes from the Judaeans. I remind you of the Prophets. But the time will come, in fact it has already arrived, when the true worshippers will worship the Father in spirit and truth, no longer according to the ancient rite, but to the new one, where there will be no sacrifice of animals consumed by fire. There will be the eternal sacrifice of the Immaculate Victim consumed by the Fire of Charity. It will be a spiritual cult in a spiritual Kingdom. And it will be understood by those who are able to worship in spirit and truth. God is Spirit. Those who worship Him must do so spiritually.»

«You speak holy words. I know, because we also know something, that the Messiah is about to come: the Messiah, He Who is called also “Christ”. When He comes, He will teach us everything. Not far from here there is also one who is said to be His Precursor. And many go and listen to him. But he is so severe!… You are kind… and the souls of poor people are not afraid of You. I think that Christ will be good. They say that He is the King of Peace. Will it be long before He comes?»

«I have told you that His hour has already come.»

«How do You know? Are You perhaps one of His disciples? The Precursor has many disciples. Also Christ will have them.»

«I, Who am speaking to you, am Jesus Christ.»

«You!… Oh!…» The woman, who had sat down near Jesus, stands up and is about to run away.

«Woman, why are you running away?»

«Because I am struck with terror at being near You. You are holy.»

«I am the Saviour. I came here, although it was not necessary, because I knew that your soul was tired of wandering. You are disgusted with your food… I have come to give you a new food, which will remove your nausea and tiredness…

143.5

Here are My disciples coming back with My food. But I have already been fed by giving you the first crumbs of your redemption.»

The disciples glance at the woman out of the corners of their eyes, more or less prudently, but no one speaks. She goes away forgetting about her amphora and the water.

«Here, Master» says Peter. «The people have treated us very well. Here is some cheese, fresh bread, olives and apples. Take what You want. It’s a good job that woman left her amphora. We shall draw water with it quicker than with our small flasks. We shall have a drink and then we shall fill them. And we shall not have to ask the Samaritans for anything else. Neither shall we have to go near their fountains. Are You not eating? I wanted to get some fish for You, but there was none. Perhaps You would have preferred it. You look tired and pale.»

«I have a food which is unknown to you. I will have some of it and it will restore Me considerably.»

The disciples look at one another inquisitively.

Jesus replies to their silent questions: «My food is to do the will of Him Who sent Me and to accomplish the work which He wants Me to complete. When a sower sows the seed, can he say that he has done everything and thus state that he can reap the harvest? Most certainly not. How much more there is still to be done before he may say: “My work is accomplished”. And he cannot rest until that moment. Look at these little fields in the bright midday sunshine. Only a month ago, even less than a month ago, the soil was bare and dark because it was wet with rain. Look now. It looks as if it were covered by a light whitish veil, because of the many very pale-green corn stems, which have just come up and look even lighter because of the bright sunshine. That is the future crop and seeing it you say: “It will be harvest time in four months. The sowers will employ reapers, because if one man is quite sufficient to sow his field, many men are required to reap the harvest. And they are all happy. Both the man who sowed a small sack of corn, and now must prepare his granaries to store the crop, and those who in a few days earn enough to live on for a few months”. Also in the spiritual field those who reap what I have sown will rejoice with Me and like Me, because I will give them the wages and crops due to them. I will give them what to live on in My eternal Kingdom. You have but to reap. I have done the hardest work. And yet I say to you: “Come. Reap the harvest in My field. I am glad that you burden yourselves with the sheaves of My corn. When you have harvested all the corn that I, without ever tiring, have sown everywhere, then the will of God will be fulfilled and I will sit at the banquet in the Celestial Jerusalem”. Here the Samaritans are coming with Photinai. Be kind to them. They are souls coming to God.»


Notes

  1. Jacob : Jacob est le fils d’Isaac et le frère d’Esaü. Son histoire est rapportée en Gn 25, 19-34 ; 26-36 ; 37, 1 ; 46, 1-7 ; 47, 27-31 ; 48-49 ; 50, 1-14. Mais c’est en Gn 33, 18-19 et Jos 24, 32 qu’il est fait mention d’un puits en Samarie. Une fois pour toutes, nous renvoyons à Gn 28, 10-15 tout ce qui a trait au songe ou à l’échelle de Jacob (cités au moins en 5.2, 50.7 ; 89.1 ; 111.5 ; 130.7 ; 194.2). A Gn 25, 29-34 ce qui concerne le droit d’aînesse vendu par Esaü à Jacob contre un plat de lentilles (épisode rappelé en 239.8 ; 402.2 ; 503.8 ; 604.39). D’autres renvois, comme celui de 364.9 sont notés au fur et à mesure. Surnommé « Israël » (Gn 32, 29), Jacob eut douze fils, dont on fait descendre les douze tribus (citées à plusieurs reprises dans l’œuvre de Maria Valtorta, en particulier en 600.8.24). Ces tribus formèrent le peuple hébreu : les israélites. La prophétie de « l’Etoile de Jacob » que nous citons en note en 436.2 n’appartient pas au texte de la Genèse. Les renvois bibliques sur Jacob incluent l’histoire de Rachel, femme citée à plusieurs reprises (à partir de 27.3), essentiellement à cause de son tombeau près de Bethléem. Elle fut la seconde épouse de Jacob, après Lia, sa sœur aînée. Il est fait mention de sa maternité en 104.4, de ses vertus en 300.2 , de sa beauté en 525, 5.