153.1
« Qu’as-tu donc, Pierre ? Tu sembles mécontent », demande Jésus, qui suit un sentier de campagne sous les branches des amandiers en fleurs qui annoncent à l’homme la fin de la mauvaise saison.
« Je réfléchis, Maître.
– Tu réfléchis. Je le vois bien, mais ta physionomie révèle que tu ne penses pas à des choses gaies.
– Mais toi qui connais tout sur nous, tu le sais déjà.
– Oui. Je le sais déjà. Dieu le Père aussi connaît ce qui vous est nécessaire, mais il veut que l’homme lui montre assez de confiance pour lui exposer ses besoins et lui demander de l’aide. Moi, je peux te dire que tu as tort de te tourmenter.
– Alors mon épouse ne t’est pas moins chère ?
– Mais non, Pierre. Pourquoi devrait-elle l’être moins ? Au Ciel, les demeures de mon Père sont nombreuses tout comme le sont, sur terre, les tâches de l’homme. Pourvu qu’elles soient accomplies saintement, toutes sont bénies. Pourrais-je dire que toutes les femmes qui ne suivent pas Marie et Suzanne sont mal vues de Dieu ?
– Ah non ! Mon épouse aussi croit au Maître et ne suit pas l’exemple des autres, intervient Barthélemy.
– La mienne et ses filles non plus. Elles restent à la maison, mais sont toujours prêtes à offrir l’hospitalité, comme elles l’ont fait hier, déclare Philippe.
– Je crois que ma mère en fera autant. Elle ne peut tout quitter… elle est seule, dit Judas.
– C’est vrai ! C’est vrai ! J’étais tout triste parce qu’il me semblait que la mienne était si… si peu… Ah, je ne sais comment dire !
– Ne la critique pas, Pierre. C’est une honnête femme, dit Jésus.