The Writings of Maria Valtorta

154. A Césarée Maritime, discours aux galériens et rencontre de Claudia Procula.

154. At Caesarea on Sea. Sermon to the galley-slaves

154.1

Jésus est au milieu d’une place, grande et assez belle, que prolonge une route très large jusqu’au bord de la mer. Une galère a dû quitter le port depuis peu et, faisant force de rames, elle gagne le large sous la poussée par le vent. Une autre est en train de manœuvrer pour entrer, car on cargue les voiles et on pousse sur les rames d’un seul côté pour faire tourner le navire dans la position qui convient. De la place on ne voit pas le port, mais il ne doit pas être bien loin. Sur les côtés de la place sont alignées de vastes demeures aux murs extérieurs caractérisés par l’absence presque totale d’ouvertures. Pas de boutiques.

« Où allons-nous, maintenant ? Tu as voulu venir ici plutôt qu’au quartier oriental, or ce sont des lieux de païens. Qui veux-tu qui t’écoute ? demande Pierre qui en fait reproche à Jésus.

– Nous allons là-bas, dans cet angle, près de la mer, et là je parlerai.

– Aux flots ?

– Eux aussi ont été créés par Dieu. »

Ils y vont. Maintenant qu’ils sont dans ce recoin, ils peuvent voir le port où entre lentement la galère vue auparavant et qu’on amarre. Quelques marins flânent le long des quais. Quelques marchands de fruits se risquent à aller vers le bâtiment romain pour vendre leurs produits. Rien d’autre.

154.2

Adossé au mur, Jésus semble vraiment parler à la mer. Les apôtres, peu satisfaits de la situation, se tiennent autour de lui, les uns debout, les autres assis sur des rochers dispersés çà et là qui leur servent de sièges.

« Sot est l’homme qui, se voyant puissant, en bonne santé et heureux, se dit : “ De quoi ai-je besoin désormais ? Et de qui ? De personne. Rien ne me manque, je me suffis à moi-même. Les lois et décrets de Dieu ou ceux de la morale sont inexistants à mes yeux. Ma loi, c’est de faire ce qui m’est possible sans réfléchir si c’est bien ou mal pour les autres. ” »

Un vendeur se retourne en entendant cette voix sonore et vient vers Jésus, qui continue :

« C’est ainsi que parlent l’homme et la femme sans sagesse et sans foi. Mais si, de cette façon, ils manifestent qu’ils possèdent une puissance plus ou moins grande, ils montrent également leur parenté avec le Mal. »

Des hommes descendent de la galère et d’autres barques et s’approchent de Jésus.

« L’homme montre, non par des paroles mais par les faits, sa parenté avec Dieu et avec la vertu quand il se rend compte que la vie est plus changeante que la mer, qui maintenant est tranquille et demain sera en fureur. De la même façon, le bien-être et la puissance d’aujourd’hui peuvent se changer demain en misère et en impuissance. Que fera alors l’homme privé de l’union à Dieu ? Combien, sur cette galère, furent autrefois heureux et puissants, mais sont aujourd’hui esclaves et considérés comme coupables ! Coupables, par conséquent esclaves deux fois : de la loi humaine dont on s’est moqué en vain car elle existe et elle punit ceux qui la transgressent, et de Satan qui éternellement prend possession des coupables qui n’arrivent pas à haïr leur faute.

154.3

– Salut, Maître ! Toi ici ? Tu me reconnais ?

– Que Dieu vienne à toi, Publius Quintilianus. Tu vois, je suis venu.

– Et justement ici, dans le quartier romain. Je n’espérais plus te voir, mais j’ai plaisir à t’entendre.

– Moi aussi. Il y a beaucoup de rameurs, sur cette galère ?

– Beaucoup. Des prisonniers de guerre en majeure partie. Ils t’intéressent ?

– Je voudrais m’approcher du bateau.

– Viens. Faites place, vous autres » ordonne-t-il aux quelques personnes qui s’étaient approchées et qui s’écartent rapidement en grommelant des injures.

« Laisse-les donc. Je suis habitué à être entouré de monde.

– Jusqu’ici, c’est possible, mais pas plus loin : galère militaire.

– Cela me suffit. Que Dieu t’en récompense ! »

Jésus reprend son discours pendant que le Romain semble monter la garde à ses côtés, dans sa tenue magnifique.

« Esclaves par suite d’un douloureux événement, c’est-à-dire esclaves une seule fois. Esclaves pour toute la vie. Mais chaque larme qui tombe sur leurs chaînes, chaque coup qui vient inscrire une douleur sur leur chair, desserre leurs menottes, orne ce qui ne meurt pas, leur ouvre enfin la paix de Dieu ; car il est l’ami de ses pauvres enfants malheureux et il les comblera de joie en échange de tout ce qu’ils ont souffert jusqu’à ce jour. »

De l’intérieur de la galère des hommes de la chiourme s’a­vancent et écoutent. Naturellement, les galériens ne sont pas avec eux. Mais certainement, les ouvertures par où passent les rames leur permettent d’entendre la voix puissante de Jésus qui se propage dans l’air serein à cette heure de marée basse. Publius Quintilianus, appelé par un soldat, est parti.

« Je veux dire à ces malheureux que Dieu aime, d’être résignés à leur souffrance, d’en faire seulement une flamme qui rompt plus vite les chaînes de la galère et de la vie en consumant dans le désir de Dieu cette pauvre journée qu’est la vie, journée sombre, orageuse, remplie de peurs et de privations, pour entrer dans le jour de Dieu, lumineux, serein, sans plus aucune peur ni souffrance. Vous entrerez dans la grande paix, dans l’infinie liberté du paradis, vous qui êtes les martyrs d’un sort douloureux, pourvu que dans votre souffrance vous sachiez être bons et aspiriez à Dieu. »

154.4

Publius Quintilianus revient avec d’autres soldats et derrière lui arrive une litière portée par des esclaves et à laquelle les soldats font faire une place.

« Qui est Dieu ? Je parle à des païens qui ne savent pas qui est Dieu. Je parle à des fils de peuples soumis qui ne savent pas qui est Dieu. Gaulois, Ibères, Thraces, Germains ou Celtes, quelque chose dans vos forêts vous parle de Dieu. L’âme tend spontanément à l’adoration, car elle se souvient du Ciel. Mais vous ne savez pas trouver le vrai Dieu qui a déposé une âme dans vos corps, une âme égale à la nôtre, qui sommes fils d’Israël, égale aussi à celle des Romains puissants qui vous ont assujettis, une âme qui a les mêmes devoirs et les mêmes droits à l’égard du Bien et à laquelle le Bien – c’est-à-dire le vrai Dieu – sera fidèle. Soyez-le vous aussi à l’égard du Bien. Le dieu ou les dieux que vous avez adorés jusqu’à présent, dont vous avez appris le nom ou les noms sur les genoux de votre mère, le dieu auquel vous ne pensez peut-être plus aujourd’hui parce que vous n’en voyez pas venir de réconfort dans vos souffrances, que vous arrivez peut-être même à haïr et à maudire dans le désespoir de votre journée, ce dieu-là n’est pas le vrai Dieu.

Le vrai Dieu est amour et pitié. Vos dieux l’étaient-ils donc ? Non : ils n’étaient que dureté, férocité, mensonge, hypocrisie, vice, vol. Et maintenant ils vous ont laissés sans le minimum de réconfort qu’est l’espérance d’être aimé et la certitude du repos après tant de souffrances. La raison en est que vos dieux n’existent pas. Mais Dieu, le vrai Dieu qui est amour et pitié et dont je vous affirme l’existence certaine, c’est celui qui a fait les cieux, les mers, les montagnes, les forêts, les arbres, les fleurs, les animaux, l’homme. C’est celui qui inculque à l’homme victorieux de la pitié et un amour semblables aux siens à l’égard des pauvres de la terre.

154.5

Quant à vous, les puissants et les maîtres, souvenez-vous que vous avez tous la même origine. Ne vous acharnez pas sur ceux qu’un malheur a fait tomber entre vos mains et faites preuve d’humanité envers ceux qu’une faute a liés aux bancs de la galère. L’homme pèche à bien des reprises. Personne n’est sans fautes plus ou moins secrètes. Si vous y réfléchissiez, vous vous montreriez bons pour des frères qui, moins chanceux que vous, ont été punis pour des fautes que vous avez vous aussi commises, tout en restant impunis.

La justice humaine a des jugements si peu sûrs qu’il serait malheureux que la justice divine lui ressemble. Il y a des coupables qui ne semblent pas l’être, et des innocents que l’on estime coupables. Ne cherchons pas à savoir pourquoi. Ce serait trop d’accusation pour l’homme injuste et rempli de haine envers son semblable ! Il y a des coupables qui le sont réellement, mais qui ont été portés au crime par des forces puissantes qui excusent en partie leur faute. Vous, par conséquent, qui êtes préposés aux galères, faites preuve d’humanité. Au-dessus de la justice humaine, il y a la justice divine qui est bien plus élevée : celle du vrai Dieu, de celui qui a créé le roi et l’esclave, le rocher et le grain de sable. Il vous regarde : vous les rameurs, et vous qui êtes préposés à la chiourme, et malheur à vous si vous êtes cruels sans raisons. Moi, Jésus le Christ, le Messie du vrai Dieu, je l’assure : à votre mort, il vous attachera à une galère éternelle en confiant le fouet maculé de sang aux démons, et vous subirez les mêmes tortures et les mêmes coups que vous avez infligés. Car, s’il existe une loi humaine qui prévoit la punition du coupable, il faut dans la punition ne pas dépasser la mesure. Sachez vous en souvenir. Celui qui est puissant aujourd’hui peut être misérable demain. Dieu seul est éternel.

Je voudrais vous changer le cœur et surtout rompre vos chaînes, vous rendre la liberté et vos patries perdues. Mais, frères galériens, si vous ne voyez pas mon visage, je n’ignore pas votre cœur et toutes ses blessures. En échange de la liberté et de la patrie terrestre que je ne puis vous procurer, ô pauvres hommes esclaves des puissants, je vous donnerai une plus haute liberté et une meilleure Patrie. Pour vous, je me suis fait prisonnier et j’ai quitté ma patrie ; pour vous racheter, je me donnerai moi-même ; pour vous, même pour vous qui n’êtes pas l’opprobre de la terre comme on vous appelle, mais la honte de l’homme oublieux de la juste mesure des rigueurs de la guerre et de la justice, je ferai une nouvelle Loi sur la terre et une douce demeure au Ciel.

Rappelez-vous mon nom, vous qui êtes enfants de Dieu et qui pleurez. C’est le nom de l’Ami. Invoquez-le dans vos peines. Soyez assurés que si vous m’aimez, vous me posséderez, même si sur la terre nous ne nous voyons jamais. Je suis Jésus-Christ, le Sauveur, votre Ami. Au nom du vrai Dieu, je vous réconforte. Que la paix vienne bien vite sur vous. »

154.6

La foule, en majeure partie romaine, s’est groupée autour de Jésus dont les idées nouvelles ont étonné tout le monde.

« Par Jupiter ! Tu m’as fait penser à des choses nouvelles. Je n’y avais jamais songé, mais je sens qu’elles sont vraies… »

Publius Quintilianus, à la fois pensif et enthousiaste, regarde Jésus.

« C’est comme ça, mon ami. Si l’homme s’adonnait à la réflexion, il n’en viendrait jamais à commettre le crime.

– Par Jupiter, par Jupiter ! Quelles paroles ! Il faut que je m’en souvienne ! Tu as dit : “ Si l’homme s’adonnait à la réflexion… ”

– … il n’en viendrait jamais à commettre le crime.

– Mais c’est vrai ! Par Jupiter ! Mais sais-tu que tu es grand ?

– Tout homme qui le voudrait pourrait l’être comme moi, s’il ne faisait qu’un avec Dieu. »

Le Romain continue sa litanie des « par Jupiter », plus admiratifs les uns que les autres.

Mais Jésus lui dit :

« Pourrais-je apporter quelque réconfort à ces galériens ? J’ai de l’argent… Un fruit, une douceur pour qu’ils sachent que je les aime.

– Donne-le ici, je peux le faire. D’ailleurs, il y a là une dame qui a de grands pouvoirs. Je vais le lui demander. »

Publius s’avance vers la litière et parle près du rideau à peine entrouvert. Il revient :

« J’ai les pleins pouvoirs. Je vais surveiller moi-même la distribution pour que les argousins n’en profitent pas abusivement pour eux-mêmes. Et ce sera l’unique fois qu’un soldat de l’empire fera preuve de pitié envers des esclaves de guerre.

– La première fois, pas la seule. Il viendra un jour où il n’y aura plus d’esclaves ; mais auparavant mes disciples seront descendus parmi les galériens et les esclaves pour les appeler frères. »

Une autre série de « par Jupiter » traverse l’air paisible, pendant que Publius attend d’avoir suffisamment de fruits et de vin pour les galériens.

154.7

Puis, avant de monter sur la galère, il dit à l’oreille de Jésus :

« Là, à l’intérieur, se trouve Claudia Procula. Elle voudrait t’entendre encore mais, en attendant, elle veut te demander quelque chose. Vas-y. »

Jésus se dirige vers la litière.

« Salut, Maître. »

Le rideau s’écarte à peine, laissant voir une belle femme d’environ trente ans.

« Que le désir de la sagesse vienne en toi.

– Tu as dit que l’âme se souvient des Cieux. Elle est donc éternelle, cette chose que vous dites exister en nous ?

– Oui, elle est éternelle. C’est pour cela qu’elle se souvient de Dieu[1], son Créateur.

– Qu’est-ce que c’est que l’âme ?

– L’âme est la vraie noblesse de l’homme. Tu es fière d’appartenir à la noble famille des Claudii. L’homme est quelque chose de plus, car il appartient à la famille de Dieu. Tu as en toi le sang des Claudii, une famille puissante, certes, mais qui a eu une origine et aura une fin. Par l’âme, c’est le sang de Dieu qui coule en l’homme. Car l’âme est le sang spirituel – Dieu étant un très pur Esprit – du Créateur de l’homme : du Dieu éternel, puissant, saint. L’homme est donc éternel, puissant, saint par l’âme qui est en lui et qui est vivante tant qu’elle est unie à Dieu.

– Je suis païenne. Je n’ai donc pas d’âme …

– Si, tu en as une, mais elle est tombée en léthargie. Eveille-la à la Vérité et à la Vie …

– Adieu, Maître.

– Que la Justice te conquière. Adieu.

154.8

– Comme vous le voyez, même ici j’ai eu des auditeurs, dit Jésus à ses disciples.

– Oui, mais à part les romains, qui t’aura compris ? Ce sont des barbares !

– Qui ? Tous. La paix est en eux et ils se souviendront de moi bien plus que beaucoup d’autres en Israël. Allons prendre notre repas dans la maison qui nous offre l’hospitalité.

– Maître, cette femme est la même qui m’a parlé le jour[2] où tu as guéri ce malade. Je l’ai vue et reconnue, dit Jean.

– Vous voyez donc qu’il y avait aussi ici quelqu’un qui nous attendait. Mais vous ne semblez pas très satisfaits. J’aurai beaucoup fait, le jour où je vous aurai persuadés que ce n’est pas seulement pour Israël, mais pour tous les peuples que je suis venu et que c’est pour tous que je vous ai préparés. Je vous dis donc : gardez en mémoire tout ce qui vient de votre Maître. Il n’y a pas de fait, aussi insignifiant qu’il soit, qui ne doive devenir un jour une règle pour l’apostolat. »

Personne ne répond, et Jésus a un sourire triste, plein de compassion.

154.9

Ce matin, il en a eu un pour moi aussi…

Un tel découragement m’avait envahie que je me suis mise à pleurer pour beaucoup de raisons. La dernière n’était pas la fatigue d’écrire encore et encore avec la conviction que tant de bonté de la part de Dieu et tant de fatigue pour le petit Jean étaient bien inutiles. Dans mes larmes, j’ai invoqué mon Maître. Et puisque, par bonté, il est venu tout exprès pour moi, je lui ai fait part de mes pensées.

Il a eu un haussement d’épaules qui équivalait à : « Laisse tomber le monde et ses histoires », puis il m’a fait une caresse en me disant :

« Eh quoi ? Tu ne voudrais plus m’aider ? Le monde ne veut pas connaître mes paroles ? Eh bien, racontons-les-nous entre nous pour la joie que j’ai de les répéter à un cœur fidèle et pour celle que tu as de les entendre. Les lassitudes de l’apostolat !… Elles sont plus accablantes que celles de tout autre travail ! Elles assom­brissent le jour le plus serein et remplissent d’amertume la plus douce des nourritures. Tout devient cendre et boue, nausée et fiel. Mais, mon âme, ce sont les heures où nous prenons sur nous le fardeau de la lassitude, du doute, de la misère des gens du monde qui meurent de ne pas posséder ce que nous avons. Ce sont les heures où nous agissons le plus. Je te l’ai déjà dit l’an passé. “ A quoi bon ? ” se demande l’âme submergée par tout ce qui submerge le monde, c’est-à-dire les flots qu’envoie Satan et où le monde se noie. Mais l’âme clouée avec son Dieu sur la croix ne se noie pas. Elle perd pour un instant la lumière et est engloutie sous les eaux nauséeuses du découragement spirituel, puis se dégage, plus fraîche et plus belle. Ce que tu dis : “ Je ne suis plus bonne à rien ” est une conséquence de cette lassitude. Tu ne serais jamais bonne à rien. Mais moi, je suis toujours moi, par conséquent tu seras toujours bonne pour ta fonction de porte-parole. Certainement, si je voyais que, tel un joyau lourd et très précieux, mon don était enfoui avarement, utilisé imprudemment ou que, par paresse, on ne cherchait pas à le protéger par ces garanties que la méchanceté humaine impose de prendre dans certains cas pour protéger le don et la personne par l’entremise de laquelle il arrive, je dirais mon “ ça suffit ! ”. Et cette fois, sans retour. Ça suffit pour tous, excepté pour ma petite âme qui, aujourd’hui, ressemble tout à fait à une petite fleur sous une averse. Et ces caresses peuvent-elles te faire douter que, moi, je t’aime ? Allons ! Tu m’as aidé en temps de guerre. Aide-moi, maintenant, encore… Il y a tant à faire ! »

Je me suis alors calmée sous la caresse de la longue main et du sourire si doux de mon Jésus, vêtu de blanc, comme toujours quand il est tout à moi.

154.1

Jesus is in the centre of a beautiful wide square, from which a very wide road leads off, one which is almost an extension of the square as far as the seaside. A galley must have left the harbour just a short time before and it is taking to the open sea driven by the wind and by the oarsmen. Another one is manoeuvring to enter the harbour, because its sails are being furled and the oars are worked on one side only to veer round into a suitable position. The harbour cannot be seen from the square, but it must be nearby. On the sides of the square there are rows of large houses, the typical walls of which have almost no openings. There are no shops.

«Where are we going now? You wanted to come here, instead of going to the eastern side and this is the heathen district. Who do You think will listen to You here?» says Peter reproachfully.

«Let us go over there, to that corner towards the seaside. I will speak there.»

«You will be speaking to the waves.»

«Also the waves were created by God.»

They go. They are now just at the corner and they can see the harbour into which the galley they saw before is now slowly entering and is moored at its place. Some sailors are idling along the quays. Some fruit-sellers attempt going towards the Roman boat to sell their goods. Nothing else.

154.2

Jesus, leaning with His back against the wall, really seems to be speaking to the waves of the sea. The apostles, not very happy with the situation, are all around Him, some standing, some sitting on stones scattered here and there, to be used as benches.

«Foolish is the man who, seeing that he is powerful, healthy and happy, says: “What do I need? Whom do I need? Nobody. I need nothing, I am self-sufficient; therefore God’s decrees and moral laws mean nothing to me. My only law is to do what I can, without considering whether it is good or bad for other people”.»

A vendor turns round on hearing the sonorous voice and comes near Jesus Who continues: «That is how a man and a woman without wisdom and faith speak. But if that proves a more or less great power, it also evidences a relationship with Evil.»

Some men come off the galley and other boats and come towards Jesus.

«A man, not by words of mouth, but by deeds proves that he is related to God and to Virtue, when he considers that life is more changeable than the waves of the sea, which one moment are calm and soon after stormy. Likewise the power and wealth of today may turn into misery and incapacity tomorrow. Then what will a man do if he is bereft of union with God? How many on the galley were one day happy and mighty and are now slaves and considered criminals! Criminals: therefore twice slaves, of the human law, which is derided in vain because it exists and punishes its transgressors, and of Satan who forever takes possession of criminals, who do not repent and hate their crimes.»

154.3

«Hail, Master! You are here!? Do You know me?»

«May God come to you, Publius Quintilianus. See? I have come.»

«And You are here, in the Roman district. I was not hoping to see You again. But I am very happy to hear You.»

«And I am happy, too. Are there many men chained to the oars on that galley?»

«Yes, quite a large number. Mostly war prisoners. Are You interested in them?»

«I would like to approach that boat.»

«Come. Get away from here» he orders the few people who had come near and who draw back at once, mumbling rude remarks.

«You may leave them. I am accustomed to being pressed by crowds.»

«I can take You so far, not any farther. It’s a military galley.»

«It is enough. May God reward you.»

Jesus resumes speaking while the Roman, in his splendid uniform, seems to be mounting guard beside Him.

«Slaves by misfortune, that is, slaves only once. Slaves for a lifetime. But every tear that falls on their chains, every blow that strikes them writing pain on their flesh files their handcuffs, adorns what does not die, opens to them the peace of God, Who is the friend of His poor unhappy children, and Who will give them as much joy as the pain they suffered here.»

Some men of the crew look out from the bulwarks of the galley and listen. None of the galley slaves are there, of course. But Jesus’ powerful voice certainly reaches them through the rowlock sockets and it spreads through the quiet air at low tide. Publius Quintilianus is called by a soldier and goes away.

«I want to tell these unhappy men who are loved by God, to be resigned to their misfortune, and to turn their pains into flames that will soon unfasten the chains of the galley and of their lives, ending in a desire for God. Having endured the poor day, which is our life, a dark, stormy, fearful, painful day, they thus enter the day of God, a bright, serene, fearless and joyful day. You will enter the great peace, the infinite freedom of Paradise, o martyrs of a painful destiny, provided you are good in your suffering and you aspire to God.»

154.4

Publius Quintilianus comes back with other soldiers and he is followed by a litter carried by slaves, and the soldiers make room for it.

«Who is God? I am speaking to Gentiles who do not know who God is. I am speaking to the children of the peoples subdued who do not know who God is. In your forests, o Gauls, Iberians, Thracians, Germans, Celts, you have a sham god. A soul is naturally inclined to worship, because it remembers Heaven. But you cannot find the True God, Who put a soul into your bodies, a soul equal to the soul we people of Israel have, equal to the soul of the mighty Romans who have subdued you, a soul that has the same duties and the same rights to Good and to which the Good One, that is the true God will be faithful. Be equally faithful to Good. The god or gods that you have worshiped so far, learning his or their names on your mothers’ knees; the god of whom you no longer think because you do not feel any comfort coming from him to relieve your suffering, the god that perhaps you hate and curse in your daily despair, is not the True God. The True God is Love and Piety. Were perhaps your gods like that? No, they were not. They were hard, cruel, false, hypocrites, vicious, thieves. And now they have abandoned you, without the least comfort, which is the hope of being loved and the assurance of rest after so much suffering. It is so because your gods do not exist. But God, the True God, Who is Love and Piety, and Who I can assure you exists, is He Who made the sky, the seas, the mountains, the forests, the plants, the flowers, the animals and man. He is the One Who inspires conquerors to treat the poor people of the world with mercy and love, as He is Mercy and Love.

154.5

O mighty masters, consider that you all come from the same origin. Do not act cruelly against those who by misfortune have come under your power, and be human also to those whom a crime has tied to the bench of a galley. Man sins many times. No man is without sins which are more or less secret. If you considered that, you would be really good to your brothers, who, not so lucky as you are, have been punished for crimes which you too have committed, without, however, being punished for them.

Human justice is such a doubtful thing in judging, that it would be dreadful if divine justice were like it. There are guilty people who do not appear to be so, whereas innocent people are considered guilty. Let us not ask why. It would be too serious an accusation against unjust men who hate their fellow men! There are people who are really guilty, but have been led to perpetrate a crime by overbearing circumstances that somewhat extenuate their crime. Be therefore human, you who are in charge of galleys. Above human justice there is a much higher divine justice. The justice of the True God, Who created kings and slaves, rocks and grains of sand. He watches you; both you on the oars and you who are in charge of the crew; woe betide you if you are cruel without any reason. I, Jesus Christ, the Messiah of the True God can assure you: at your death He will tie you to an eternal galley, and will entrust the demons with a blood-stained lash and you will be tortured and struck exactly as you did. Because, if according to human law a criminal is to be punished, you must not overstep all limits. Remember that. A man who is powerful today may be miserable tomorrow. God only is eternal.

I would like to change your hearts, and above all I would like to untie your fetters, give you back your freedom and send you back to your fatherlands. But, My dear galley-slaves, you are My brothers, you cannot see My face, but your sorely wounded hearts are well known to Me; instead of the freedom and fatherlands, which I cannot give you now, while you are the poor slaves of mighty men, I will give you a greater freedom and Fatherland. For your sake I have become a prisoner Myself, far from My fatherland, I will redeem you by offering Myself in ransom, because you are not the disgrace of the world, as men call you, but the shame of man, who forgets the limits of the rigours of war and justice. I will make a new law for you on the earth and a pleasant abode for you in Heaven. Remember My Name, o children of God, who are weeping. It is the name of a Friend. Repeat it in your suffering. Be sure that, if you love Me, you will have Me, even if we never see one another on the earth. I am Jesus Christ, the Saviour, your Friend. I comfort you in the name of the True God. May peace come to you soon.»

154.6

A crowd of people, mainly Romans, have gathered round Jesus, Whose new ideas have astonished everybody.

«By Jove! You have made me ponder on new things, of which I had never thought before. I feel they are true…» Publius Quintilianus looks at Jesus, pensive and moved at the same time.

«It is so, My friend. If man used his brains, he would never go so far as to commit a crime.»

«By Jove, by Jove! Wonderful words! I must remember them! You said: “If man used his brains…”.»

«… he would never go so far as to commit a crime.»

«It is true. You are really a great man, You know?»

«Every man who wanted, could be as great as I am, if he were all one with God.»

The Roman continues his sequence of «by Jove» in increasing admiration.

Then Jesus says to him: «Can I give some solace to those galley-slaves? I have some money… some fruit, some comfort, that they may know that I love them.»

«Give me it. I can do that. On the other hand there is a lady over there who can do a lot. I will ask her.» Publius goes to the litter and speaks through the curtains that have been slightly drawn. He comes back. «I am authorised to do it. I will see to the distribution, so that the jailors may not take advantage of it. And it will be the only time a soldier of the Empire deals mercifully with war slaves.»

«The first, but not the only time. The day will come when there will be no slaves, and even before that My disciples will go among galley-men and slaves and call them brothers.»

A further sequence of «by Joves» can be heard in the calm air while Publius is waiting to have enough wine and fruit for the galley-slaves.

154.7

Before going on board the galley he whispers near Jesus’ ear: «Claudia Procula is in there. She would like to hear You again. In the meantime she wants to ask You something. Go and see her.»

Jesus goes towards the litter.

«Hail, Master.» The curtain is drawn a little, showing a beautiful woman about thirty years old.

«May the desire for wisdom come upon you.»

«You said that a soul remembers Heaven. Therefore, that thing which You say we have within us, is it eternal?»

«Yes, it is eternal. That is why it remembers God. It remembers the God Who created it.»

«What is the soul?»

«The soul is the true nobility of man. You are famous because you belong to the Claudi family. A man is even more so because he belongs to God. In your veins there is the blood of the Claudi, the mighty family, which, however, had a beginning and will come to an end. In man, because of his soul, there is the blood of God. Because a soul is the spiritual blood — as God is a Most Pure Spirit — of the Creator of man: of the Eternal, Almighty, Holy God. Because of the soul, which is in him and which is alive as long as it is united to God, man is eternal, powerful and holy.»

«I am a pagan. So I have no soul…»

«You do have it. But it has fallen into a state of lethargy. Wake it up to the Truth and to Life…»

«Goodbye, Master.»

«May Justice conquer you. Goodbye.»

154.8

«As you have seen, here too I had people listening to Me» says Jesus to the disciples.

«Yes, but with the exception of the Romans, who will have understood You? They are barbarians!»

«Who? All of them. Peace is with them and they will remember Me more than many others in Israel. Let us go to the house where they are offering us hospitality for our meal.»

«Master, that woman is the same one who spoke to me[1] on the day that You cured the sick man. I saw her and I recognised her» says John.

«You can see, therefore, that even here there was someone waiting for us. But you do not seem to be very happy about it. I will have accomplished a great deal when I succeed in persuading you that I have come not only for the Jews, but for all the peoples, and I have prepared you for them all. And I tell you: remember everything of your Master. There is no event, however trifling it may seem, that may not be a lesson for you one day during your apostolate.»

No one replies and a sad smile of pity appears on Jesus’ lips.

154.9

This morning He had such a smile for me as well…

I was in a state of such deep depression that I began to weep over so many things, not being the least the tiredness of writing and writing with the firm belief that so much bounty of God and work of little John are utterly useless. Weeping I invoked my Master, and when out of kindness He came exclusively for me, I told Him what worried me.

He shrugged His shoulders as if He wished to say: «Forget about the world and its nonsense», and then He caressed me saying: «So what? Would you not like to help Me any more? Does the world not want to know My words? Well, let us repeat them to each other, for My joy in mentioning them to a faithful heart, for yours in hearing them. The weariness of the apostolate!… More depressing than any other work! It deprives the most tranquil day of its light and the sweetest food of its sweetness. Everything becomes ashes and dirt, nausea and bitterness. But, My dear soul, these are the hours in which we take upon ourselves the weariness, the doubts, the misery of the worldly people who die because they do not possess what we have. And they are the hours in which we do more. I told you last year as well. “To what advantage?” wonders the soul submerged by what submerges the world, that is, by the waves sent by Satan. And the world drowns. But the soul nailed to the cross with its God does not drown. It is in darkness for a moment and sinks under the nauseating wave of spiritual tiredness, then it emerges fresher and more beautiful. Your expression: “I am no longer good for anything” is the consequence of such tiredness. You would never be good for anything. But I am always I, and thus you will always be good for your task of mouthpiece. Of course, if I saw that My gift were hidden avariciously like a heavy most valuable gem, or it were used imprudently, or if out of indolence it were not protected by means of the safety precautions commanded by human wickedness in such cases, to guard the gift and the person through whom the gift is granted, I would say: “Enough of that”. And this time without any possible recurrence. Enough for everybody, with the exception of My little soul, which today looks just a little flower in a downpour. And with such caresses can you doubt My love for you? Cheer up! You helped Me in wartime. Help Me again, now… There is so much to be done.»

And I calmed down under the caress of the long hand and of the very kind smile of My Jesus, so candid as when He is all for me.


Notes

  1. elle se souvient de Dieu… coule en l’homme : Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : « Dans son infinie bonté de Père, Dieu fait en sorte que chaque âme humaine soit un aiguillon vers la Source dont elle provient ; ce qui fonde la loi naturelle même chez les sauvages. Lorsqu’il s’adresse à des païens ou à des ignorants, Jésus emploie des termes matériels, comme “ sang ”, pour se faire comprendre. » En ce qui concerne la loi naturelle, il sera démontré en 288.4 que les dix commandements en sont le reflet.
  2. la même qui m’a parlé le jour : cf. 116.1.

Notes

  1. spoke to me, chapter 116.1.