The Writings of Maria Valtorta

156. Annalia, la première vierge consacrée.

156. Annaleah, the first of the consecrated virgins.

156.1

Jésus, accompagné de Pierre, André et Jean, frappe à la porte de sa maison de Nazareth. Sa Mère ouvre aussitôt, et son visage s’éclaire d’un lumineux sourire à la vue de son Jésus.

« Tu arrives bien à propos, mon Fils ! Depuis hier j’ai avec moi une pure colombe qui t’attend. Elle vient de loin et la personne qui l’accompagnait ne pouvait rester plus longtemps. Comme elle demandait conseil, je lui ai dit ce que je pouvais. Mais toi seul, mon Fils, tu es la Sagesse. Bienvenue à vous aussi. Venez tout de suite vous restaurer.

– Oui, restez ici. Moi, je vais immédiatement voir la jeune fille qui m’attend. »

La curiosité est vive chez les trois disciples, mais prend des aspects différents : Pierre lorgne de tous côtés avec intérêt, comme s’il espérait voir à travers les murs. Jean semble vouloir lire sur le visage souriant de Marie le nom de l’inconnue. André, au contraire, qui a vivement rougi, dirige tous ses regards vers Jésus, et une muette supplication fait frémir son regard et ses lèvres.

Mais Jésus ne s’occupe de personne. Tandis que les trois hommes se décident à entrer dans la cuisine où Marie leur offre de la nourriture et la tiédeur du feu, Jésus soulève le rideau qui cache l’ouverture conduisant au jardin et il sort.

Un doux soleil rend encore plus aériens et irréels les rameaux tout fleuris du grand amandier du jardin. Seul à être en fleurs, le plus grand des arbres du jardin, magnifique dans son vêtement de soie blanc rosé qui tranche sur la nudité des autres – poirier, pommier, figuier, vigne, grenadier tous encore secs et nus –, son voile mousseux de couleur vive le fait paraître somptueux en comparaison de l’humble grisaille des oliviers. On dirait que ses longues branches ont attrapé un très léger nuage perdu dans le bleu du ciel et qu’il s’en est enrubanné pour annoncer au monde entier : « Les noces du printemps arrivent : exultez, arbres et animaux ! Voici l’heure des baisers échangés avec les vents, avec les abeilles ou les fleurs. Vous les oiseaux de Dieu, vous les blanches brebis, voici l’heure des baisers sous les tuiles ou dans le feuillage des buissons. Aujourd’hui les baisers, demain les petits pour perpétuer l’œuvre du Créateur, notre Dieu. »

Les bras croisés, Jésus se tient debout dans le soleil et sourit à la grâce pure, tranquille, du jardin de sa Mère, avec ses parterres de lys que dénoncent les premières touffes de feuilles, ses rosiers aux branches encore nues, l’olivier argenté, et les autres familles de fleurs éparses au milieu des humbles rangées de légumes et de salades qui commencent tout juste à verdir. Pur, ordonné, plein de grâce, ce jardin paraît exhaler la candeur d’une parfaite virginité.

156.2

« Mon Fils, viens dans ma chambre. Je vais te l’amener. Elle s’est réfugiée là-bas quand elle a entendu tant de voix. »

Jésus entre dans la petite chambre de sa Mère, cette chaste, très chaste petite chambre qui a entendu les paroles du dialogue avec l’ange et qui exhale, plus encore que le jardin, la nature virginale, angélique, sainte de celle qui l’habite depuis des années et de l’archange qui en elle a vénéré sa Reine. S’est-il écoulé plus de trente ans ou bien cette rencontre date-t-elle de la veille ? Aujourd’hui encore, une quenouille porte sa touffe de laine cardée douce et presque argentée, et voilà le fil sur le fuseau. Une broderie pliée se trouve sur la petite table près de la porte entre un rouleau de parchemin et une amphore de cuivre contenant un gros rameau de l’amandier en fleurs ; le rideau rayé tombé sur le mystère de cette demeure virginale frissonne toujours sous une brise légère, et le lit bien rangé dans son coin a gardé son aspect gracieux de lit d’une toute jeune fille. Que de songes se sont faits et se feront sur le petit oreiller !

Le rideau se soulève lentement sous la main de Marie. Jésus, debout, qui tournait le dos à la porte et contemplait ce nid de pureté, se retourne.

« Voici, mon Fils, je te l’amène. C’est une agnelle et tu es son Berger. »

Marie est entrée en tenant par la main une toute jeune fille brune et élancée qui rougit vivement à la vue de Jésus, puis elle se retire doucement en laissant tomber le rideau.

156.3

« Que la paix soit avec toi, mon enfant.

– La paix… Seigneur… »

La jeune fille, très émue, reste sans voix, mais elle s’agenouille, la tête courbée vers le sol.

« Lève-toi, que veux-tu de moi ? N’aie pas peur …

– Ce n’est pas la peur… mais… maintenant que je suis devant toi… après l’avoir tant désiré… tout ce qu’il me paraissait facile, nécessaire de te dire… je ne le trouve plus… cela ne me paraît plus… Je suis sotte… pardonne-moi, mon Seigneur…

– Tu demandes grâce pour la terre ? Tu as besoin de quelque miracle ? Tu as des âmes à convertir ? Non ? Alors ? Allons, parle ! Tu as eu tant de courage et maintenant il te manque ? Ne sais-tu pas que je suis celui qui fortifie ? Oui ? Tu le sais ? Dans ce cas, parle comme si j’étais un père pour toi. Tu es jeune. Quel âge as-tu ?

– Seize ans, mon Seigneur.

– D’où viens-tu ?

– De Jérusalem.

– Comment t’appelles-tu ?

– Annalia …

– C’est un nom qui m’est cher car il comprend, en en formant un seul[1], celui de ma grand-mère et de bien d’autres saintes femmes d’Israël, et celui de l’épouse de Jacob, qui était si bonne, douce, fidèle, affectueuse. Il te portera bonheur. Tu seras une épouse et une mère exemplaires. Non ? Tu secoues la tête ? Tu pleures ? As-tu donc été repoussée ? Non plus ? L’homme que tu devais épouser est-il mort ? Personne ne t’a encore demandée en mariage ? »

La jeune fille secoue toujours la tête. Jésus fait un pas, lui fait une caresse, la force à lever la tête et à le regarder… Le sourire de Jésus triomphe du trouble de la jeune fille.

Elle s’enhardit :

« Seigneur, je serais épouse et heureuse grâce à toi. Tu ne me reconnais pas, mon Seigneur ? Je suis la phtisique[2], la fiancée mourante que tu as guérie sur la prière de ton Jean… Depuis ta grâce, je… j’ai eu un autre corps – sain, celui-là – à la place de celui que j’avais auparavant, quand j’étais mourante ; et j’ai eu une autre âme… Je ne sais pas, mais j’avais l’impression de n’être plus moi-même… La joie d’être guérie, donc la certitude de pouvoir me marier – c’était mon regret en mourant de ne pas pouvoir être épouse –, tout cela n’a duré que pendant les premières heures. Et puis… »

La jeune fille s’enhardit toujours plus ; elle retrouve les idées et les mots qu’elle avait perdus dans son trouble d’être seule avec le Maître…

« … Et puis j’ai compris que je ne devais pas être égoïste, ni penser seulement : “ Maintenant, je vais être heureuse ”, mais que je devais penser à faire quelque chose de plus pour toi et pour Dieu, ton Père et le mien. Une petite chose, mais qui te manifeste ma reconnaissance. J’ai beaucoup réfléchi et quand, le sabbat suivant, j’ai vu mon époux, je lui ai dit : “ Ecoute, Samuel : sans ce miracle, je serais morte en quelques mois et tu m’aurais perdue pour toujours. Maintenant, je voudrais faire à Dieu un sacrifice, et toi avec moi, pour dire à Dieu que je le loue et que je le remercie. ” Samuel a aussitôt répondu – car il m’aime – : “ Allons au Temple ensemble immoler la victime. ” Mais moi, ce n’était pas ce que je voulais. Je suis pauvre et fille du peuple, mon Seigneur. Je suis ignorante et j’ai peu de moyens. Mais par l’intermédiaire de ta main posée sur ma poitrine malade, quelque chose était entré non seulement dans mes poumons rongés, mais aussi à l’intérieur de mon cœur. Dans les poumons la santé, dans le cœur la sagesse. Et j’ai compris que le sacrifice d’un agneau n’était pas le sacrifice voulu par mon âme qui… qui t’aimait. »

Rougissante, la jeune fille se tait après sa déclaration d’amour.

156.4

« Continue sans crainte. Qu’est-ce que ton âme désirait ?

– Te sacrifier quelque chose qui soit digne de toi, Fils de Dieu ! Et alors… et alors j’ai pensé que ce devait être quelque chose de spirituel, comme ce qui vient de Dieu, c’est-à-dire le sacrifice de suspendre mes noces pour l’amour de toi, mon Sauveur. Un mariage, c’est une grande joie, tu sais… Quand on s’aime, c’est une grande chose ! On le désire, on en a hâte !… Mais je n’étais plus celle de quelques jours auparavant. Je ne le désirais plus comme la plus belle des choses… Je l’ai dit à Samuel… et il m’a comprise. Lui aussi a voulu devenir nazir pour un an à dater du jour qui aurait dû être celui des noces, c’est-à-dire le lendemain des calendes d’Adar. En attendant, il est allé à ta recherche pour aimer celui qui lui avait rendu son épouse, l’aimer et le connaître : toi. Et il t’a trouvé après plusieurs mois à la Belle Eau. Moi aussi, je suis venue… et ta parole a fini de changer mon cœur. Maintenant le vœu d’avant ne me suffit plus. Comme cet amandier là-dehors, qui sous le soleil toujours plus chaud est revenu à la vie après être resté mort pendant des mois et s’est garni de fleurs, et puis viendront les feuilles et les fruits, ainsi j’ai toujours progressé dans la sagesse de ce qui est meilleur. La dernière fois que je suis venue à la Belle Eau, désormais sûre de moi et de ce que je voulais – pendant tous ces derniers mois-ci, j’y ai réfléchi –, tu n’y étais plus… Ils t’avaient chassé. J’ai tant pleuré et tant prié le Très-Haut qu’il m’a exaucée, en persuadant ma mère de m’envoyer ici avec un parent qui se rendait à Tibériade pour parler aux courtisans du Tétrarque. Le régisseur m’avait appris que je pourrais te trouver ici. J’ai trouvé ta Mère… et ses paroles. Rien que de l’entendre et de rester à côté d’elle pendant ces deux jours a fini de mûrir le fruit de ta grâce. »

La jeune fille s’est agenouillée comme devant un autel, les bras croisés sur sa poitrine.

« C’est bien.

156.5

Mais que veux-tu de précis ? Que puis-je faire pour toi ?

– Seigneur, je voudrais… je voudrais une grande chose. Et toi seul, qui es Maître de la vie et de la santé, tu peux me la donner. Car je pense que ce que tu peux donner, tu peux aussi l’enlever… Je voudrais que, cette vie que tu m’as donnée, tu me l’enlèves au cours de l’année de mon vœu, avant qu’elle ne se termine…

– Mais pourquoi ? N’es-tu pas reconnaissante à Dieu pour la santé que tu as recouvrée ?

– Infiniment ! Sans mesure ! Mais pour une seule chose : car en vivant de sa grâce et de ton miracle j’ai compris ce qui était le meilleur.

– Qu’est-ce ?

– C’est vivre comme les anges. Comme ta Mère, mon Seigneur… comme toi, tu vis… comme vit ton Jean… Les trois lys, les trois flammes blanches, les trois béatitudes de la terre, Seigneur. Oui, parce que je pense que c’est une béatitude de posséder Dieu et que Dieu est en possession des purs. Celui qui est pur est un ciel avec Dieu au centre, et tout autour les anges… Oh ! Mon Seigneur ! C’est cela que je voudrais !… Je t’ai peu entendu, j’ai peu entendu ta Mère, et ton disciple et Isaac. Je n’ai pas fréquenté d’autres personnes qui m’aient rapporté tes paroles. Mais il me semble que mon âme t’entend toujours et que tu es son Maître… J’en ai terminé, mon Seigneur…

– Annalia, tu demandes beaucoup et tu donnes beaucoup… Ma fille, tu as compris Dieu et la perfection à laquelle la créature peut s’élever pour ressembler au Très-Pur et pour lui plaire. »

Jésus a pris entre ses mains la tête brune de la jeune fille agenouillée et il se penche sur elle pour lui parler.

« Ma fille, celui qui est né d’une Vierge – car il ne pouvait faire son nid que sur un bouquet de lys – est écœuré par la triple convoitise du monde, et il serait écrasé par cet écœurement si le Père, qui sait de quoi vit son Fils, n’intervenait pas par des aides d’amour pour soutenir mon âme angoissée. Les purs font ma joie. Tu me rends ce que le monde m’enlève par son inépuisable bassesse. Que le Père en soit béni, et toi aussi, jeune fille. Sois tranquille. Il se produira quelque chose pour rendre ton vœu éternel. Sois l’un des lys répandus sur le chemin sanglant du Christ.

156.6

– Oh ! Mon Seigneur… je voudrais encore une chose …

– Laquelle ?

– Ne pas assister à ta mort… Je ne pourrais voir mourir celui qui est ma vie. »

Jésus sourit doucement et, de sa main, il essuie deux ruisseaux de larmes qui coulent le long du visage mat.

« Ne pleure pas. Les lys ne sont jamais en deuil. Tu riras avec toutes les perles de ta couronne angélique, quand tu verras le Roi couronné entrer dans son Royaume. Va. Que l’Esprit du Seigneur t’instruise entre l’une et l’autre de mes venues. Je te bénis par les flammes de l’Amour éternel. »

Jésus sort dans le jardin et appelle :

« Mère ! Voici une petite fille toute à toi. Maintenant, elle est heureuse. Mais toi, plonge-la dans ta blancheur, maintenant et chaque fois que nous irons à la Cité sainte, pour qu’elle devienne une neige de pétales célestes répandus sur le trône de l’Agneau. »

Puis Jésus revient vers les siens, pendant que Marie caresse la jeune fille en restant avec elle.

156.7

Pierre, André et Jean le regardent, l’air interrogateur, et le visage resplendissant de Jésus leur montre qu’il est heureux.

N’y tenant plus, Pierre demande :

« Avec qui as-tu tant parlé, mon Maître ? Et qu’as-tu entendu pour que la joie t’illumine ainsi ?

– Avec une femme à l’aube de la vie, avec celle qui sera l’aube de tant d’autres qui viendront.

– Qui ?

– Les vierges. »

André murmure tout bas, pour lui-même :

« Ce n’est pas elle…

– Non, ce n’est pas elle, mais ne te lasse pas de prier avec patience et bonté. Chaque mot de ta prière est comme un rappel, une lumière dans la nuit qui la soutient et la guide.

– Mais qui mon frère attend-il ?

– Une âme, Pierre, une grande misère qu’il veut transformer en une grande richesse.

– Mais où André l’a-t-il trouvée, lui qui ne bouge jamais, ne parle jamais, ne prend jamais d’initiatives ?

– Sur mon sentier. Viens avec moi, André. Allons chez Alphée le bénir au milieu de ses nombreux petits-enfants. Quant à vous, attendez-moi dans la maison de Jacques et de Jude. Ma Mère a besoin qu’on la laisse seule toute la journée. »

Ils partent ainsi, les uns par ici, les autres par là, et le secret entoure la joie de la première femme qui, pour l’amour du Christ, s’est vouée à la virginité.

156.1

Jesus with Peter, Andrew and John, knocks at the door of His house in Nazareth. The door is opened at once by His Mother, Whose face brightens with a beautiful smile on seeing Jesus.

«Welcome home, My Son! Since yesterday I have had with Me a pure dove waiting for You. She came from far away. The person who brought her here could not stay longer. As she asked for My advice, I told her what I could. But only You, My Son, are the Wisdom. You are welcome too,» She says to the disciples. «Come in and refresh yourselves.»

«Yes, stay here. I am going at once to see the girl who is waiting for Me.»

The three disciples are very curious, but show their curiosity in different ways. Peter stares intently in all directions, almost hoping to see through the walls. John looks as if he wanted to read the name of the unknown girl on Mary’s face. Andrew, who on the other hand has blushed, stares intently at Jesus and both his eyes and his lips seem to be trembling with a silent entreaty.

Jesus pays no attention to any of them. While the three make up their minds and go into the kitchen, where Mary offers them some food in the warmth of the fireplace, Jesus draws the curtain that conceals the door opening onto the kitchen garden and goes out into it.

The mild sunshine makes more airy and dream-like all the blooming branches of the tall almond-tree. The only tree in blossom, the tallest in the kitchen garden, looks splendid in its silk white-pink dress, compared with the poverty of all the others: the pear-tree, the apple-tree, the fig-tree, the pomegranate, the vines which are still all barren. It looks stately in its soft bright veil, which contrasts with the drab humbleness of the olive trees: it seems to have caught with its long branches a wispy cloud, lost in the blue field of the sky, and to have adorned itself with it to say to everybody: «The wedding of springtime is coming. Rejoice, plants and animals. It is the time for kisses with the winds, the bees, the flowers. It is the time for kisses under the tiles, or in the thick of woods, o little birds of God and snow-white sheep. Kisses today, offspring tomorrow, to perpetuate the work of our Creator God.»

Jesus with His arms folded on His chest, standing in the sun, smiles at the serene gracefulness of His Mother’s kitchen garden, with its bed of lilies recognizable from their first leaves, its still bare rose-bushes and silvery olive leaves, and many other families of flowers spread among the humble beds of legumes and vegetables, which are just becoming green. Clean, tidy and unassuming, it also seems to exhale the purity of perfect virginity.

156.2

«Son, come to My room. I will bring her to You, because she ran there when she heard so many voices.»

Jesus enters His Mother’s room, the chaste, the most chaste little room, which heard the words of the angelical conversation and which exhales, even more than the kitchen garden, the virginal, angelical, holy essence of Her Who has lived in it for years and of the Archangel who venerated his Queen in it. Have thirty years gone by or did the meeting take place only yesterday? Also today a distaff holds its soft and almost silvery tuft of wool and the thread is on the spindle, a folded embroidery is on the shelf near the door, between a parchment roll and a copper amphora in which there is a thick almond branch in bloom; also today the striped curtain, lowered on the mystery of the virginal dwelling, is moved by a gentle breeze, and the bed, neat in its corner, still has the genteel look of the bed of a girl who has just reached the threshold of youth. What will one dream or has dreamt of on the low pillow?…

The curtain is softly raised by Mary’s hand; Jesus, Who was contemplating that abode of purity, standing with His back to the door, turns round.

«Here, My Son. I have brought her to You. She is a little lamb. You are her Shepherd» and Mary, Who has come in holding by the hand a slender brunette young girl, who blushes vehemently when she appears in Jesus’ presence, quietly withdraws letting the curtain down.

156.3

«Peace to you, child.»

«Peace… Lord…» The girl, deeply moved, is speechless, but she kneels down and bows her head.

«Stand up. What do you want from Me? Do not be afraid…»

«I am not afraid… but… now that I am in front of You… after longing so much… what seemed easy and necessary to tell You… I cannot remember… it does not seem what it was… I am silly… forgive me, my Lord…»

«Do you want a grace for this world? Do you need a miracle? Have you souls to convert? No? What, then? Speak up! You had so much courage and now are losing heart? Do you not know that I am the One Who increases strength? Yes? You do? Well, then, speak as if I were a father for you. You are young. How old are you?»

«Sixteen years, my Lord.»

«Where have you come from?»

«From Jerusalem.»

«What is your name?»

«Annaleah…»

«The dear name of My grandmother and of many more holy women of Israel, and joined to it, to make one only, the name of the good, faithful, loving, meek wife of Jacob. It will be a good omen to you. You will be a model wife and mother. No? You are shaking your head? You are weeping? Have you been rejected? No? Your fiance perhaps died? Has no one proposed to you yet?»

The girl always shakes her head. Jesus takes a step forward, caresses her and forces her to raise her head and look at Him… Jesus’ smile overcomes the girl’s excitement. She takes heart:

«My Lord, I could be a wife and a happy one, thanks to You. Do You not recognise me, my Lord? I am the girl who suffered from tuberculosis, the dying fiancee, whom You cured at Your John’s request… After Your grace I… I have had another body: this healthy one in the place of the dying one I had before; and I have had another soul… I do not know. I did not feel the same… The joy of being cured, and consequently the certainty I could get married — my regret in dying was that I could not get married — they only lasted for a few hours. And then…»

The girl becomes franker and franker, she finds the words and the ideas that she had lost in the excitement of being alone with the Master…

«…And then I felt that I should not be only selfish, and say only: “Now I will be happy”, but that I should think of something else, something that came to You and to God, Your Father and mine. Something that, although small, should express my gratitude. I gave the matter a lot of thought and when the following Sabbath I saw my fiance I said to him: “Listen, Samuel. Without the miracle I would have died in a few months’ time and you would have lost me forever. Now I would like to offer a sacrifice to God, with you, to say to God that I praise Him and thank Him”. And Samuel, because he loves me, said at once: “Let us go to the Temple together and offer a sacrifice”. But that was not what I wanted. I am a poor and common girl, my Lord. I know very little and I can do much less. But through Your hand, which You laid on my diseased breast, something had come not only into my corroded lungs, but also into my heart. It was health to my lungs, and wisdom to my heart. And I realised that the sacrifice of a lamb was not the sacrifice wanted by my soul that… that loved You.»

The girl becomes silent, blushing after her profession of love.

156.4

«Go on without any fear. What did your soul want?»

«To sacrifice something worthy of You, the Son of God! And so… so I thought it should be something spiritual like what comes from God, that is, the sacrifice of postponing my wedding, for Your sake, my Saviour. A wedding, You know, is a great joy. When one is in love it is a great thing! One longs to… is anxious to celebrate it!… But I no longer the same person as a few days before. But I was no longer wanted my wedding as the dearest thing… I told Samuel… and he understood me. He also wanted to be a nazirite for one year, starting on the day which was to be the day of our wedding, that is the day after the calends of Adar. In the meantime he has been looking for You, because he wanted to love and know Him Who had given him back his fiancee: You. And he found You, after many months, at the Clear Water. I came too… and Your word completed the change of my heart. Now my previous vow is no longer sufficient for me… Like that almond-tree out there, which in the warmer and warmer sunshine has revived after being dead for months and has blossomed and will leaf and then bear fruit, so I have continuously grown in the knowledge of what is better. The last time, when I was already sure of myself and of what I wanted — I have pondered on the matter all these past months — the last time I went to the Clear Water, You were no longer there… They had driven You away. I wept and prayed so much that the Most High heard me and persuaded my mother to send me here with a relative who was going to Tiberias to speak to the courtiers of the Tetrarch. The steward told me that I would find You here. I found Your Mother… and Her words, only listening to Her and being beside Her these two days, have completely matured the fruit of Your grace.» The girl has knelt down as if she were in front of an altar, her arms folded on her breast.

«All right.

156.5

But what do you want exactly? What can I do for you?»

«Lord, I would like… I would like a great thing. And only You, the Donor of life and health, can give it to me, because I think that what You can give, You can also take away… I would like You to take the life You gave me, during the year of my vow, before it ends…»

«Why? Are you not grateful to God for the life you received?»

«So grateful! Infinitely! But for one thing only: because by living by His grace and by Your miracle I have understood what is best.»

«Which is?»

«Which is to live like angels. As Your Mother, my Lord… as You live… as Your John lives… The three lilies, the three white flames, the three beatitudes of the earth, my Lord. Yes. Because I think that it is a beatitude to possess God and God is possessed by the pure. I believe that he who is pure is a Heaven with God in its centre and the angels around… Oh! My Lord! That is what I would like… Little have I heard of what You, Your Mother, the disciple and Isaac have said. Neither have I approached anyone else who could tell me Your words. But I feel as if my soul heard You all the time and You were its Master… I have told You everything, my Lord…»

«Annaleah, you are asking for very much and are giving very much… Daughter: you have understood God and the perfection to which a creature may rise to be like the Most Pure and to please the Most Pure.»

Jesus has laid His hands on the sides of the head of the dark-haired girl, who is kneeling in front of Him and speaks bending over her: «He Who was born of a Virgin — because He could but build His nest on a pile of lilies — is nauseated, My dear daughter, by the triple lechery of the world and He would be crushed by so much nausea if His Father, Who knows on what His Son lives, did not intervene with loving help to support My soul in anguish. The pure are My joy. You are giving Me what the world takes from Me through its unexhausted baseness. May the Father and you, dear girl, be blessed for that. Go happily. Something will intervene to make your vow an eternal one. Be one of the lilies scattered on the blood-stained ways of Christ.»

156.6

«Oh! my Lord… there is still one thing I would like…»

«Which?»

«Not to be present at Your death… I could not see Him, Who is my Life die.»

Jesus smiles kindly and with His hand He wipes the tears streaming down her little dark face. «Do not weep. Lilies are never in mourning. You shall smile with all the pearls of your angelical crown when you see the crowned King enter His Kingdom. Go. May the Spirit of the Lord teach you while I am away. I bless you with the fire of Eternal Love.»

Jesus looks out onto the kitchen garden and calls: «Mother! Here is a little daughter, she is all Yours. She is now happy. But immerse her in Your purity every time we go to the Holy City, that she may become snow of celestial petals spread on the throne of the Lamb.» And Jesus goes back to His disciples, while Mary caresses the girl and stays with her.

156.7

Peter, Andrew and John look at Him inquisitively. And Jesus’ bright face tells them that He is happy. Peter cannot help asking: «To whom did You speak so long, my Master? And what have You heard to be so beaming with joy?»

«To a woman at the dawn of life, to her who will be the dawn of many more that will come.»

«Who?»

«The virgins.»

Andrew mumbles, in a low voice, to himself: «It is not her…»

«No. It is not she. But do not tire of praying, be good and patient. Every word of your prayer is like a call, a light in the dark and it supports and guides her.»

«But who is my brother waiting for?»

«For a soul, Peter. A great poverty that he wants to change into a great wealth.»

«And where did Andrew find it, since he never goes about, he never speaks, and he is a helpless sort of chap?»

«On My way. Come with Me, Andrew. Let us go and see Alphaeus and bless Him amongst his many grandchildren. You wait for Me at James and Judas’. My Mother wants to be left alone all day.»

And while they go away, some here, some there, secrecy shrouds the joy of the first girl consecrated to virginity for Christ’s sake.


Notes

  1. il comprend, en en formant un seul, parce qu’il unit les prénoms Anne (Anna en italien) et Léa (Lia en italien).
  2. la phtisique rencontrée en 85.6 et 86.4/5.