The Writings of Maria Valtorta

160. Rencontre de Gamaliel sur la route de Nephtali à Giscala.

160. The meeting with Gamaliel

160.1

« Maître ! Maître ! Tu ne sais pas qui est devant nous ? C’est le rabbin Gamaliel ! Il est assis avec ses serviteurs, dans une caravane, à l’ombre des bois et à l’abri des vents ! Ils sont en train de faire cuire un agneau. Qu’allons-nous faire ?

– Mais ce que nous avions l’intention de faire, mes amis : nous continuons notre route.

– Mais Gamaliel appartient au Temple !

– Gamaliel n’est pas perfide. Ne craignez rien. Moi, je vais de l’avant.

– Alors moi aussi » disent ensemble les cousins, tous les Galiléens et Simon. Seuls Judas et – un peu moins – Thomas paraissent peu décidés à avancer. Mais ils suivent les autres.

Ils parcourent encore quelques mètres sur une route de montagne encaissée entre des parois boisées. Après un tournant, elle débouche sur une sorte de plateau qu’elle traverse en s’élargissant, pour redevenir étroite et sinueuse sous une voûte de branches entrelacées. Dans une clairière ensoleillée, mais en même temps ombragée par les premières feuilles de la forêt, de nombreuses personnes se tiennent sous une riche tente pendant que d’autres, dans un coin, s’emploient à faire tourner l’agneau au-dessus du feu.

Il n’y a pas à dire, Gamaliel ne se refuse rien ! Pour un homme en voyage, il a mis en mouvement tout un régiment de serviteurs et déplacé je ne sais combien de bagages. Et le voilà assis au milieu de sa tente : c’est une toile tendue sur quatre piquets dorés, une espèce de baldaquin sous lequel on a placé des sièges bas couverts de coussins ainsi qu’une table montée sur des trépieds ornés de marqueterie et recouverte d’une nappe très fine ; les serviteurs y disposent de la vaisselle précieuse. Gamaliel ressemble à une idole. Les mains ouvertes sur les genoux, raide, hiératique, il me fait l’effet d’une statue. Les serviteurs tournoient autour de lui comme des papillons. Mais il n’en a cure. Il réfléchit, les paupières presque abaissées sur ses yeux sévères ; quand il les relève, ses yeux très noirs, profonds et songeurs se découvrent dans toute leur beauté sévère, de chaque côté d’un nez long et fin. Il a le front un peu dégarni d’un homme âgé, haut et strié de trois rides parallèles. Une grosse veine bleuâtre dessine presque un V au milieu de sa tempe droite.

160.2

Le bruit des pas des arrivants fait se retourner les serviteurs. Gamaliel en fait autant. Il voit Jésus marcher en tête et a un mouvement de surprise. Il se lève et s’avance jusqu’au bord de la tente, pas plus loin. Mais, de là, il s’incline profondément, les bras croisés sur la poitrine. Jésus répond de la même manière.

« Toi ici, Rabbi ? demande Gamaliel.

– Oui, rabbi, répond Jésus.

– Puis-je me permettre de te demander où tu vas ?

– Il m’est agréable de te répondre : je viens de Nephtali et je vais à Giscala.

– A pied ? Mais la route est longue et difficile à travers ces montagnes. Tu te fatigues trop.

– Crois-moi : si l’on me reçoit, si l’on m’écoute, toute fatigue disparaît.

– Dans ce cas… permets-moi, pour une fois, d’être celui qui fait disparaître ta fatigue. L’agneau est prêt. Nous aurions laissé les restes aux oiseaux car je n’ai pas l’habitude d’emporter les restes. Tu vois, cela ne me dérange pas de vous inviter, tes disciples et toi. Je suis pour toi un ami, Jésus. Je ne te considère pas comme inférieur à moi, mais plus grand.

– Je le crois, et j’accepte. »

Gamaliel s’adresse à un serviteur qui paraît être le chef, lequel transmet les ordres ; on allonge la tente et l’on décharge de nombreux mulets des sièges pour les disciples de Jésus, ainsi que de la vaisselle.

On apporte des coupes pour se purifier les doigts. Jésus procède au rite avec une grande distinction tandis que les Douze, que Gamaliel examine attentivement, le font tant bien que mal, à l’exception de Simon, Judas, Barthélemy et Matthieu, plus rompus aux usages raffinés juifs.

Jésus est placé à côté de Gamaliel, qui occupe à lui seul un côté de la table. En face de Jésus se trouve Simon le Zélote. Après la prière d’offrande, que Gamaliel récite avec une lenteur solennelle, les serviteurs découpent l’agneau, le partagent entre les hôtes et remplissent les coupes de vin ou d’hydromel selon les goûts.

160.3

« C’est le hasard qui nous réunit, Rabbi. Je ne pensais vraiment pas te trouver en route pour Giscala.

– Je suis en route vers le monde entier.

– Oui, tu es le Prophète infatigable. Jean est stable, toi tu es itinérant.

– Il est ainsi plus facile aux âmes de me trouver.

– Je ne dirais pas cela. Avec tous ces déplacements, tu les désorientes.

– Je désoriente mes ennemis. Mais ceux qui veulent me voir, parce qu’ils aiment la Parole de Dieu, me trouvent. Et le Maître, qui les veut tous, va à eux ; ainsi il fait du bien aux bons et déjoue les manœuvres de ceux qui le haïssent.

– C’est pour moi que tu dis cela ? Je ne te hais pas, moi !

– Non, ce n’est pas pour toi. Mais puisque tu es juste et sincère, tu peux reconnaître que je dis vrai.

– Oui, c’est vrai. Mais… vois-tu… c’est que nous autres, les anciens, nous te comprenons mal.

– Oui. Le vieil Israël me comprend mal. Pour son malheur… et par sa volonté.

– Oh non !

– Si, Rabbi. Il ne met pas toute sa volonté à comprendre le Maître. Et qui se borne à faire cela agit mal, même s’il s’agit d’un mal relatif. En revanche, beaucoup appliquent leur volonté à comprendre de travers ma parole et à la déformer pour nuire à Dieu.

– A Dieu ? Il est bien au-dessus de toutes les machinations des hommes.

– Oui, mais toute âme qui s’égare ou qu’on égare – et c’est s’égarer que déformer ma parole et mes œuvres pour soi-même ou pour les autres – nuit à Dieu dans l’âme qui se perd. Or chaque âme qui se perd est une atteinte à Dieu. »

Gamaliel baisse la tête et réfléchit, les yeux clos. Puis il se frotte le front de ses doigts longs et maigres, en un mouvement involontaire de peine. Jésus l’observe. Gamaliel relève la tête, ouvre les yeux, regarde Jésus et dit :

« Tu sais cependant que je ne suis pas de ceux-là.

– Je le sais. Mais tu appartiens aux premiers.

– Ah ! C’est vrai… mais ce n’est pas faute de m’appliquer à te comprendre. C’est que ta parole s’arrête à mon intelligence, mais ne pénètre pas plus avant. Mon intelligence l’admire en tant que parole d’un savant, et l’âme…

– L’âme ne peut la recevoir, Gamaliel, parce qu’elle est encombrée de trop de choses. Or ces choses sont des ruines.

160.4

Il y a peu de temps, alors que je venais, cette fois, de Nephtali, je suis passé par un mont qui s’avance au-delà de la chaîne. J’ai désiré passer par-là pour admirer la beauté des deux lacs de Génésareth et de Mérom vus d’en haut, comme les voient les aigles et les anges du Seigneur, et pour redire : “ Merci, Créateur, de la beauté que tu nous donnes. ” Toute la montagne n’était que fleurs, bourgeonnements, feuillages nouveaux dans les prés, les vergers, les champs et les forêts ; les lauriers embaumaient auprès des oliviers qui préparaient déjà la neige de milliers de fleurs, et même les robustes rouvres semblaient plus attrayants en se revêtant de couronnes de clématites et de chèvrefeuilles. Mais là, en revanche, il n’y a aucune floraison, aucune fertilité. Tout travail humain n’y aboutit à rien, et pas plus celui de la nature. Tous les efforts du vent ou de l’homme échouent à cet endroit, car les ruines cyclopéennes de l’antique Hatzor encombrent tout et, au milieu de ces pierres et de ces rochers, il ne peut pousser qu’orties et ronces ; seuls les serpents y nichent… Gamaliel…

– Je te comprends. Nous sommes nous aussi des ruines… Je comprends la parabole, Jésus. Mais… je ne peux pas… je ne peux pas agir autrement. Les pierres sont enterrées trop profondément.

– Quelqu’un en qui tu crois t’a dit : “ Les pierres frémiront à mes dernières paroles. ” Pourquoi donc attendre les dernières paroles du Messie ? N’éprouveras-tu pas de remords de ne pas avoir voulu me suivre plus tôt ? Les dernières… ! Tristes paroles que celles d’un ami qui meurt et que nous sommes venus écouter trop tard. Or les miennes sont plus importantes que celles d’un ami.

– Tu as raison. Mais je ne peux pas. J’attends ce signe pour croire.

– Quand un terrain est désolé, un coup de foudre ne suffit pas à le défricher. Ce n’est pas le sol qui la reçoit, mais les pierres qui le recouvrent. Travaille au moins à les déplacer, Gamaliel. Sans quoi, si elles restent ainsi enterrées au plus profond de toi, le signe ne suffira pas pour que tu croies. »

Pensif, Gamaliel se tait.

160.5

Le repas prend fin. Jésus se lève et dit :

« Je te rends grâce, mon Dieu, pour ce repas, mais aussi pour avoir pu parler au sage. Et merci à toi, Gamaliel.

– Maître, ne pars pas comme cela. J’ai peur que tu ne sois fâché contre moi.

– Oh non ! Tu dois me croire.

– Alors, ne pars pas. Je vais sur la tombe d’Hillel. Accepterais-tu de m’y accompagner ? Nous aurons vite fait, parce que j’ai des mules et des ânes pour tout le monde. Nous n’aurons qu’à les débarrasser des bâts que les serviteurs porteront. Qui plus est, cela raccourcira la partie la plus difficile de ton chemin.

– C’est même un honneur pour moi que de t’accompagner sur la tombe d’Hillel. Allons-y donc. »

Gamaliel donne des ordres et, pendant que tous s’affairent à démonter la salle à manger provisoire, Jésus et le rabbin montent sur des mules et cheminent côte à côte sur la route escarpée et silencieuse, sur laquelle les sabots ferrés de leurs montures résonnent bruyamment.

Gamaliel se tait. Il se contente de demander une fois ou deux à Jésus si sa selle est confortable. Jésus répond puis garde le silence, perdu dans ses pensées au point de ne pas se rendre compte que Gamaliel retient un peu sa mule pour le laisser passer devant lui d’une encolure afin d’étudier tous ses mouvements. Les yeux du vieux rabbin ressemblent à des yeux de faucon qui guettent leur proie tant ils sont attentifs et fixes. Mais Jésus ne s’aperçoit de rien. Il avance calmement en s’adaptant au pas ondulant de sa monture. Il réfléchit, et néanmoins examine ce qui l’entoure sous tous ses aspects. Il allonge la main pour cueillir une grappe de cytise d’or qui pend, sourit à deux oiseaux qui font leur nid dans un genévrier touffu, arrête sa mule pour écouter une fauvette à tête noire et acquiesce, comme en une bénédiction, au cri angoissé par lequel une tourterelle sauvage encourage son compagnon au travail.

« Tu aimes beaucoup les plantes et les animaux, n’est-ce pas ?

– Oui, beaucoup. C’est mon livre vivant. L’homme a toujours devant lui les fondements de la foi. La Genèse vit dans la nature. Qui sait regarder sait aussi croire. Cette fleur, au parfum si délicat et dont les corolles pendantes sont d’une matière si douce contrastant tellement avec ce genévrier épineux et cet ajonc piquant, a-t-elle pu se faire toute seule ? Et regarde ici : comment ce rouge-gorge aurait-il pu se faire tout seul, avec cette pincée de sang séché sur sa gorge douce ? Quant à ces deux tourterelles, où et comment ont-elles pu se peindre ce collier d’onyx sur le voile de leurs plumes grises ? Et là encore : ces deux papillons, l’un noir aux grands yeux d’or et de rubis, l’autre blanc aux rayures bleues, où ont-ils trouvé les pierres précieuses et les rubans de leurs ailes ? Et ce ruisseau ? C’est de l’eau. D’accord, mais d’où vient-elle ? Quelle est la source première de l’élément eau ? Ah ! Regarder veut dire croire, si l’on sait voir.

– regarder veut dire croire. Nous regardons trop peu la Genèse vivante qui est sous nos yeux.

– Il y a trop de science, Gamaliel, et trop peu d’amour, trop peu d’humilité. »

Gamaliel soupire et hoche la tête.

160.6

« Voilà, je suis arrivé, Jésus. C’est ici qu’Hillel est enseveli. Descendons et laissons là nos montures. Un serviteur les prendra. »

Ils descendent de leurs montures, les attachent à un tronc d’arbre et se dirigent vers un tombeau qui sort de la montagne, près d’une vaste demeure complètement fermée.

« je viens méditer ici, pour me préparer aux fêtes d’Israël, dit Gamaliel en désignant la maison.

– Que la Sagesse te donne toutes ses lumières.

– Et ici (Gamaliel désigne le tombeau) pour me préparer à la mort. C’était un juste.

– Oui, c’était un juste. J’aime à prier auprès de ses cendres. Mais, Gamaliel, Hillel ne doit pas seulement t’enseigner à mourir : il doit t’enseigner à vivre.

– Comment, Maître ?

– “ L’homme est grand quand il s’humilie ” était sa devise préférée…

– Comment le sais-tu si tu ne l’as pas connu ?

– Je l’ai connu… du reste, même si je n’avais pas connu le rabbin Hillel personnellement, j’aurais connu sa pensée, car je n’ignore rien de la pensée des hommes. »

Gamaliel baisse la tête et murmure :

« Dieu seul peut dire cela.

– Dieu et son verbe. Car le Verbe connaît la Pensée et la Pensée connaît le Verbe et l’aime, et elle lui communique ses trésors pour le faire participer à elle-même. L’Amour resserre les liens et en fait une seule Perfection. C’est la Trinité qui s’aime et divinement se forme, s’engendre, procède et se complète. Toute sainte pensée est née dans l’Esprit parfait et en est un reflet dans l’âme du juste. Alors le Verbe peut-il ignorer les pensées des justes, qui sont celles de la Pensée ? »

Ils prient longuement auprès du tombeau fermé. Les disciples puis les serviteurs les rejoignent, les premiers à dos de mule, les autres ployant sous le poids des bagages. Mais ils s’arrêtent en bordure du pré au-delà duquel se trouve le tombeau. La prière s’achève.

« Adieu, Gamaliel. Elève-toi comme Hillel.

– Que veux-tu dire ?

– Elève-toi. Il te précède parce qu’il a su croire avec plus d’humilité que toi. Paix à toi. »

160.1

«Master! Master! Do You know who is ahead of us? There is rabbi Gamaliel! He is sitting with his servants, in a caravan, in the shade in a wood, sheltered from the winds! They are roasting a lamb. What are we going to do now?»

«What we were going to do, My friends. We will proceed along our way…»

«But Gamaliel is of the Temple.»

«Gamaliel is not wicked. Do not be afraid. I will go ahead.»

«Oh! I am coming too» say His cousins at the same time, as well as all the Galileans and Simon. Only the Iscariot, and to a lesser degree, Thomas do not seem very anxious to proceed. But they follow the others.

They walk for a few yards along a mountainous road set deep between the wooded slopes of the mountain. The road then bends and opens onto a kind of tableland and crosses it, widening out, and soon after that it becomes once again narrow and winding under a roof of interwoven branches. In a sunny bare patch, which is however shaded by the first leaves of the wood, there are many people under a rich tent, while other people are busy in a corner turning the lamb on the fire.

There is no doubt about it! Gamaliel took very good care of himself. For one person traveling he set a crowd of servants in motion with I do not know how much luggage. He is now sitting in the centre of his tent: a cloth supported by four gilt poles, a kind of canopy under which there are low seats covered with cushions and a table, the top of which rests on carved wooden legs. A very fine tablecloth is spread on the table and the servants are laying precious dishes on it. Gamaliel looks like an idol. With his hands open on his knees, stiff and hieratic, he looks like a statue to me. The servants move around him like large butterflies. But he pays no attention to them. He is pondering, his eyelashes rather lowered on his severe eyes, and when he raises them, his deep very dark pensive eyes are displayed in all their severe beauty at the sides of a long thin nose and under the high rather bald forehead of an elderly man. His forehead is marked by three parallel wrinkles and by a large bluish vein which forms a V shaped angle in the centre of his right temple.

160.2

The noise of the oncoming people causes the servants to turn around. Gamaliel also looks around. He sees Jesus approaching ahead of everyone and he makes a gesture of surprise. He stands up and moves to the edge of the tent, but no farther. From there he bows low with his arms crossed on his chest. Jesus replies to him in the same way.

«You are here, Rabbi?» asks Gamaliel.

«I am here, rabbi» replies Jesus.

«May I ask You where You are going?»

«It is a pleasure for Me to tell you. I am coming from Naphtali and I am going to Giscala.»

«On foot? But it is a hard and long road along these mountains. You are tiring Yourself too much.»

«Believe Me. If I am welcomed and listened to, all fatigue disappears.»

«Well, then… allow me to be for once the one who will remove Your fatigue. The lamb is ready. We would have left the remains to the birds because I never take them with me. You can see that it is no trouble for me to offer food to You and to Your followers. I am friendly to You, Jesus. I do not consider You inferior to me, but greater than I am.»

«I believe you. And I accept your hospitality.»

Gamaliel speaks to a servant who appears to be the highest in authority and who passes on the order. The tent is extended and more seats and dishes for Jesus’ disciples are taken off the many mules.

They bring bowls to purify their fingers. Jesus performs the rite with the greatest courtliness, whereas the apostles, on whom Gamaliel is casting sharp sidelong glances, do so as well as they can, with the exception of Simon, Judas of Kerioth, Bartholomew and Matthew, who are more accustomed to Jewish refinements.

Jesus is beside Gamaliel who is alone on one side of the table. The Zealot is in front of Jesus. After the prayer of thanksgiving, which Gamaliel says with calm solemnity, the servants carve the lamb and divide it among the guests and they fill the cups with wine or water sweetened with honey, for those who prefer it.

160.3

«We have met by chance, Rabbi. I was never expecting to see You and on the way to Giscala.»

«I am going towards the whole world.»

«Yes, You are the untiring Prophet. John is the stationary one, You are the roaming One.»

«It is easier, therefore, for souls to find Me.»

«I would not say so. Your continuous moving about disorientates them.»

«I disorient My enemies. But those who want Me, because they love the Word of God, find Me. Not everybody can come to the Master. And the Master, Who wants everybody, goes to everybody, helping thus the good and warding off the conspiracies of those who hate Me.»

«Are You referring to me? I do not hate You.»

«Not to you. But since you are just and frank, you can say that I am speaking the truth.»

«Yes, it is so. But… see… The fact is that we old people do not understand You well.»

«Yes, old Israel does not understand Me well. That is her misfortune… and because of her will.»

«No, no.»

«Yes, rabbi. They are not willing to understand the Master. And who confines himself to that, does evil, but a comparative evil. Many instead deliberately misunderstand and distort My word to harm God.»

«God? He is above human snares.»

«Yes. But every soul that goes astray or is led astray — and it is misleading to distort My word or My work, both with regards to oneself and to other people — harms God in the soul which is lost. Every soul that is lost is a wound to God.»

Gamaliel lowers his head, and closing his eyes, he meditates. He then presses his forehead between his long thin fingers, in an involuntary gesture of pain. Jesus watches him. Gamaliel raises his head, opens his eyes, looks at Jesus and says: «But You know that I am not one of those.»

«I know. But you are one of the former.»

«Oh! It is true. But it is not true that I am not willing to understand You. The truth is that Your word stops on my mind and does not penetrate further. My mind admires it as the word of a learned man and the spirit…»

«And the spirit cannot receive it, Gamaliel, because it is encumbered with too many things. And ruined things.

160.4

A short while ago, coming here from Naphtali, I passed near a mountain, which juts out from the mountain chain. I was pleased to pass there to see the two beautiful lakes of Gennesaret and Merom, from high above, as eagles and the angels of the Lord see them, to say once again: “Thank You, Creator, for the beauty You grant us”. Well, whilst the whole mountain is covered with flowers, green meadows, orchards, fields, woods, and the laurels smell sweet near the olive-trees, preparing the white host of thousands and thousands of flowers and also the strong oak-tree seems to become gentler as it dresses itself with wreaths of clematis and woodbine: over there, there is no flowering, no fertility, neither of man nor of nature. All the efforts of the winds, all the toil of men are frustrated because the Cyclopean ruins of ancient Hatzor encumber everything and between one large stone and another only nettles and bushes can grow and snakes can hide. Gamaliel…»

«I understand. We are ruins, too… I understand the parable, Jesus. But… I cannot… I cannot… do otherwise. The stones are too heavy.»

«One in Whom you believed said to you: “The stones shall vibrate hearing My last words”. But why wait for the last words of the Messiah? Will you not regret that you did not follow Me before? The last!… Sad words, like those of a friend who is dying, and to whom we have to listen, but too late. But My words are more important than the words of a friend.»

«You are right… But I cannot. I am waiting for that sign, that I may believe.»

«When a piece of ground is barren, a thunderbolt is not sufficient to till it. The soil will not receive it. But the stones that cover the soil will receive it. Endeavour at least to remove them, Gamaliel. Otherwise, if they are left where they are, in the depth of your heart, the sign will not lead you to believe.»

160.5

Gamaliel is silent, engrossed in thought. The meal is over.

Jesus stands up and says: «I thank You, My God, both for the meal and for the opportunity of speaking to a wise man. And thank you, Gamaliel.»

«Master, do not go away like that. I am afraid You are angry with me.»

«Oh! no! You must believe Me.»

«Then, do not go away. I am going to Hillel’s tomb. Would You disdain coming with me? It will not take us long, because I have mules and donkeys for everybody. All we have to do is to take off their pack-saddles, which the servants will carry. And the hardest part of the road will be shortened for You.»

«I do not mind coming with you or going to Hillel’s tomb. It is an honour. Let us go.»

Gamaliel gives the necessary instructions, and while they are all busy taking down the temporary dining-room, Jesus and Gamaliel mount two mules and they go ahead, one beside the other, along a quiet steep road, on which the iron shod hooves resound loudly.

Gamaliel is silent. Only twice he asks Jesus whether His saddle is comfortable. Jesus replies and then turns quiet, engrossed in thought. So much so that He does not notice that Gamaliel, holding his mule back a little, lets Him go forward by a full neck, so that he may study every gesture of His. The eyes of the old rabbi are so keen in penetration that they look like the eyes of a hawk gazing at its prey. But Jesus is not aware of it. He proceeds calmly, following the undulant pace of His mount, He is pensive and yet He observes all the features of what is around Him. He stretches out a hand to pick a hanging bunch of golden cytisus, He smiles at two little birds which are building their nest in a thick juniper, He stops the mule to listen to a black cap and, as a blessing, He nods assent to the anxious cry by which a wild dove urges her mate to work.

«You love herbs and animals very much, do You not?»

«Yes, very much. They are My living book. Man always has the foundations of faith in front of him. Genesis lives in nature. Now, one who knows how to see, knows also how to believe. This flower, so sweet in its scent and in the substance of its pendulous corollas, and in such a contrast with this thorny juniper and with that furze, how could it have made itself by itself? And look: that robin red-breast, could it have made itself with that dried bloodstain on its soft throat? And those two doves, where and how have they been able to paint those onyx collars on the veil of their grey feathers? And over there, those two butterflies: a black one with large gold and ruby rings, while the other, with blue stripes, where have they found the gems and ribbons for their wings? And this stream? It is water. Agreed. But where did it come from? Which is the first source of the water-element? Oh! To look means to believe, if one knows how to look.»

«To look means to believe. We look too little at the living Genesis that is in front of us.»

«Too much science, Gamaliel. And too little love, and too little humility.»

Gamaliel sighs and shakes his head.

160.6

«Here. We have arrived, Jesus. Hillel is buried over there. Let us dismount and leave our mules here. A servant will take them.»

They dismount tying the two mules to a tree trunk and they turn their steps towards a burial ground which protrudes from the mountain near a large house completely closed up.

«I come here to meditate and prepare myself for the feasts of Israel» says Gamaliel pointing at the house.

«May Wisdom grant you all its light.»

«And here (and Gamaliel points at the sepulchre) to prepare myself to meet death. He was a just man.»

«He was a just man. I will be pleased to pray near his ashes. But, Gamaliel, Hillel must not teach you only to die. He must teach you to live.»

«How, Master?»

«“A man is great when he humbles himself” was his favourite saying…»

«How do You know if You have not met him?»

«I did meet him… in any case, even if I had never met Hillel, the rabbi, personally, I know his thought, because there is nothing I ignore of human thoughts.»

Gamaliel lowers his head and whispers: «God only can say that.»

«God and His Word. Because the Word knows the Thought and the Thought knows the Word, and loves Him, communicating with Him and granting Him all His treasures, to make Him participate in Himself. Love fastens the bonds and makes one Perfection of them. It is the Trinity that loves Itself, is divinely formed, generates, proceeds and is completed. Every holy thought was born in the Perfect Mind, and is reflected in the mind of the just man. Can the Word therefore ignore the thoughts of the just, since they are the thoughts of the Thought?»

They pray near the closed sepulchre. They pray for a long time. The disciples and then the servants reach them, the former on horseback, the latter carrying the luggage. But they stop at the edge of the meadow, beyond which is the sepulchre. The prayer is over.

«Goodbye, Gamaliel. Ascend as Hillel did.»

«What do You mean?»

«Ascend. He is ahead of you because he knew how to believe more humbly than you do. Peace be with you.»