Os Escritos de Maria Valtorta

160. Rencontre de Gamaliel sur la route de Nephtali à Giscala.

160. Encontro com Gamaliel

160.1

« Maître ! Maître ! Tu ne sais pas qui est devant nous ? C’est le rabbin Gamaliel ! Il est assis avec ses serviteurs, dans une caravane, à l’ombre des bois et à l’abri des vents ! Ils sont en train de faire cuire un agneau. Qu’allons-nous faire ?

– Mais ce que nous avions l’intention de faire, mes amis : nous continuons notre route.

– Mais Gamaliel appartient au Temple !

– Gamaliel n’est pas perfide. Ne craignez rien. Moi, je vais de l’avant.

– Alors moi aussi » disent ensemble les cousins, tous les Galiléens et Simon. Seuls Judas et – un peu moins – Thomas paraissent peu décidés à avancer. Mais ils suivent les autres.

Ils parcourent encore quelques mètres sur une route de montagne encaissée entre des parois boisées. Après un tournant, elle débouche sur une sorte de plateau qu’elle traverse en s’élargissant, pour redevenir étroite et sinueuse sous une voûte de branches entrelacées. Dans une clairière ensoleillée, mais en même temps ombragée par les premières feuilles de la forêt, de nombreuses personnes se tiennent sous une riche tente pendant que d’autres, dans un coin, s’emploient à faire tourner l’agneau au-dessus du feu.

Il n’y a pas à dire, Gamaliel ne se refuse rien ! Pour un homme en voyage, il a mis en mouvement tout un régiment de serviteurs et déplacé je ne sais combien de bagages. Et le voilà assis au milieu de sa tente : c’est une toile tendue sur quatre piquets dorés, une espèce de baldaquin sous lequel on a placé des sièges bas couverts de coussins ainsi qu’une table montée sur des trépieds ornés de marqueterie et recouverte d’une nappe très fine ; les serviteurs y disposent de la vaisselle précieuse. Gamaliel ressemble à une idole. Les mains ouvertes sur les genoux, raide, hiératique, il me fait l’effet d’une statue. Les serviteurs tournoient autour de lui comme des papillons. Mais il n’en a cure. Il réfléchit, les paupières presque abaissées sur ses yeux sévères ; quand il les relève, ses yeux très noirs, profonds et songeurs se découvrent dans toute leur beauté sévère, de chaque côté d’un nez long et fin. Il a le front un peu dégarni d’un homme âgé, haut et strié de trois rides parallèles. Une grosse veine bleuâtre dessine presque un V au milieu de sa tempe droite.

160.2

Le bruit des pas des arrivants fait se retourner les serviteurs. Gamaliel en fait autant. Il voit Jésus marcher en tête et a un mouvement de surprise. Il se lève et s’avance jusqu’au bord de la tente, pas plus loin. Mais, de là, il s’incline profondément, les bras croisés sur la poitrine. Jésus répond de la même manière.

« Toi ici, Rabbi ? demande Gamaliel.

– Oui, rabbi, répond Jésus.

– Puis-je me permettre de te demander où tu vas ?

– Il m’est agréable de te répondre : je viens de Nephtali et je vais à Giscala.

– A pied ? Mais la route est longue et difficile à travers ces montagnes. Tu te fatigues trop.

– Crois-moi : si l’on me reçoit, si l’on m’écoute, toute fatigue disparaît.

– Dans ce cas… permets-moi, pour une fois, d’être celui qui fait disparaître ta fatigue. L’agneau est prêt. Nous aurions laissé les restes aux oiseaux car je n’ai pas l’habitude d’emporter les restes. Tu vois, cela ne me dérange pas de vous inviter, tes disciples et toi. Je suis pour toi un ami, Jésus. Je ne te considère pas comme inférieur à moi, mais plus grand.

– Je le crois, et j’accepte. »

Gamaliel s’adresse à un serviteur qui paraît être le chef, lequel transmet les ordres ; on allonge la tente et l’on décharge de nombreux mulets des sièges pour les disciples de Jésus, ainsi que de la vaisselle.

On apporte des coupes pour se purifier les doigts. Jésus procède au rite avec une grande distinction tandis que les Douze, que Gamaliel examine attentivement, le font tant bien que mal, à l’exception de Simon, Judas, Barthélemy et Matthieu, plus rompus aux usages raffinés juifs.

Jésus est placé à côté de Gamaliel, qui occupe à lui seul un côté de la table. En face de Jésus se trouve Simon le Zélote. Après la prière d’offrande, que Gamaliel récite avec une lenteur solennelle, les serviteurs découpent l’agneau, le partagent entre les hôtes et remplissent les coupes de vin ou d’hydromel selon les goûts.

160.3

« C’est le hasard qui nous réunit, Rabbi. Je ne pensais vraiment pas te trouver en route pour Giscala.

– Je suis en route vers le monde entier.

– Oui, tu es le Prophète infatigable. Jean est stable, toi tu es itinérant.

– Il est ainsi plus facile aux âmes de me trouver.

– Je ne dirais pas cela. Avec tous ces déplacements, tu les désorientes.

– Je désoriente mes ennemis. Mais ceux qui veulent me voir, parce qu’ils aiment la Parole de Dieu, me trouvent. Et le Maître, qui les veut tous, va à eux ; ainsi il fait du bien aux bons et déjoue les manœuvres de ceux qui le haïssent.

– C’est pour moi que tu dis cela ? Je ne te hais pas, moi !

– Non, ce n’est pas pour toi. Mais puisque tu es juste et sincère, tu peux reconnaître que je dis vrai.

– Oui, c’est vrai. Mais… vois-tu… c’est que nous autres, les anciens, nous te comprenons mal.

– Oui. Le vieil Israël me comprend mal. Pour son malheur… et par sa volonté.

– Oh non !

– Si, Rabbi. Il ne met pas toute sa volonté à comprendre le Maître. Et qui se borne à faire cela agit mal, même s’il s’agit d’un mal relatif. En revanche, beaucoup appliquent leur volonté à comprendre de travers ma parole et à la déformer pour nuire à Dieu.

– A Dieu ? Il est bien au-dessus de toutes les machinations des hommes.

– Oui, mais toute âme qui s’égare ou qu’on égare – et c’est s’égarer que déformer ma parole et mes œuvres pour soi-même ou pour les autres – nuit à Dieu dans l’âme qui se perd. Or chaque âme qui se perd est une atteinte à Dieu. »

Gamaliel baisse la tête et réfléchit, les yeux clos. Puis il se frotte le front de ses doigts longs et maigres, en un mouvement involontaire de peine. Jésus l’observe. Gamaliel relève la tête, ouvre les yeux, regarde Jésus et dit :

« Tu sais cependant que je ne suis pas de ceux-là.

– Je le sais. Mais tu appartiens aux premiers.

– Ah ! C’est vrai… mais ce n’est pas faute de m’appliquer à te comprendre. C’est que ta parole s’arrête à mon intelligence, mais ne pénètre pas plus avant. Mon intelligence l’admire en tant que parole d’un savant, et l’âme…

– L’âme ne peut la recevoir, Gamaliel, parce qu’elle est encombrée de trop de choses. Or ces choses sont des ruines.

160.4

Il y a peu de temps, alors que je venais, cette fois, de Nephtali, je suis passé par un mont qui s’avance au-delà de la chaîne. J’ai désiré passer par-là pour admirer la beauté des deux lacs de Génésareth et de Mérom vus d’en haut, comme les voient les aigles et les anges du Seigneur, et pour redire : “ Merci, Créateur, de la beauté que tu nous donnes. ” Toute la montagne n’était que fleurs, bourgeonnements, feuillages nouveaux dans les prés, les vergers, les champs et les forêts ; les lauriers embaumaient auprès des oliviers qui préparaient déjà la neige de milliers de fleurs, et même les robustes rouvres semblaient plus attrayants en se revêtant de couronnes de clématites et de chèvrefeuilles. Mais là, en revanche, il n’y a aucune floraison, aucune fertilité. Tout travail humain n’y aboutit à rien, et pas plus celui de la nature. Tous les efforts du vent ou de l’homme échouent à cet endroit, car les ruines cyclopéennes de l’antique Hatzor encombrent tout et, au milieu de ces pierres et de ces rochers, il ne peut pousser qu’orties et ronces ; seuls les serpents y nichent… Gamaliel…

– Je te comprends. Nous sommes nous aussi des ruines… Je comprends la parabole, Jésus. Mais… je ne peux pas… je ne peux pas agir autrement. Les pierres sont enterrées trop profondément.

– Quelqu’un en qui tu crois t’a dit : “ Les pierres frémiront à mes dernières paroles. ” Pourquoi donc attendre les dernières paroles du Messie ? N’éprouveras-tu pas de remords de ne pas avoir voulu me suivre plus tôt ? Les dernières… ! Tristes paroles que celles d’un ami qui meurt et que nous sommes venus écouter trop tard. Or les miennes sont plus importantes que celles d’un ami.

– Tu as raison. Mais je ne peux pas. J’attends ce signe pour croire.

– Quand un terrain est désolé, un coup de foudre ne suffit pas à le défricher. Ce n’est pas le sol qui la reçoit, mais les pierres qui le recouvrent. Travaille au moins à les déplacer, Gamaliel. Sans quoi, si elles restent ainsi enterrées au plus profond de toi, le signe ne suffira pas pour que tu croies. »

Pensif, Gamaliel se tait.

160.5

Le repas prend fin. Jésus se lève et dit :

« Je te rends grâce, mon Dieu, pour ce repas, mais aussi pour avoir pu parler au sage. Et merci à toi, Gamaliel.

– Maître, ne pars pas comme cela. J’ai peur que tu ne sois fâché contre moi.

– Oh non ! Tu dois me croire.

– Alors, ne pars pas. Je vais sur la tombe d’Hillel. Accepterais-tu de m’y accompagner ? Nous aurons vite fait, parce que j’ai des mules et des ânes pour tout le monde. Nous n’aurons qu’à les débarrasser des bâts que les serviteurs porteront. Qui plus est, cela raccourcira la partie la plus difficile de ton chemin.

– C’est même un honneur pour moi que de t’accompagner sur la tombe d’Hillel. Allons-y donc. »

Gamaliel donne des ordres et, pendant que tous s’affairent à démonter la salle à manger provisoire, Jésus et le rabbin montent sur des mules et cheminent côte à côte sur la route escarpée et silencieuse, sur laquelle les sabots ferrés de leurs montures résonnent bruyamment.

Gamaliel se tait. Il se contente de demander une fois ou deux à Jésus si sa selle est confortable. Jésus répond puis garde le silence, perdu dans ses pensées au point de ne pas se rendre compte que Gamaliel retient un peu sa mule pour le laisser passer devant lui d’une encolure afin d’étudier tous ses mouvements. Les yeux du vieux rabbin ressemblent à des yeux de faucon qui guettent leur proie tant ils sont attentifs et fixes. Mais Jésus ne s’aperçoit de rien. Il avance calmement en s’adaptant au pas ondulant de sa monture. Il réfléchit, et néanmoins examine ce qui l’entoure sous tous ses aspects. Il allonge la main pour cueillir une grappe de cytise d’or qui pend, sourit à deux oiseaux qui font leur nid dans un genévrier touffu, arrête sa mule pour écouter une fauvette à tête noire et acquiesce, comme en une bénédiction, au cri angoissé par lequel une tourterelle sauvage encourage son compagnon au travail.

« Tu aimes beaucoup les plantes et les animaux, n’est-ce pas ?

– Oui, beaucoup. C’est mon livre vivant. L’homme a toujours devant lui les fondements de la foi. La Genèse vit dans la nature. Qui sait regarder sait aussi croire. Cette fleur, au parfum si délicat et dont les corolles pendantes sont d’une matière si douce contrastant tellement avec ce genévrier épineux et cet ajonc piquant, a-t-elle pu se faire toute seule ? Et regarde ici : comment ce rouge-gorge aurait-il pu se faire tout seul, avec cette pincée de sang séché sur sa gorge douce ? Quant à ces deux tourterelles, où et comment ont-elles pu se peindre ce collier d’onyx sur le voile de leurs plumes grises ? Et là encore : ces deux papillons, l’un noir aux grands yeux d’or et de rubis, l’autre blanc aux rayures bleues, où ont-ils trouvé les pierres précieuses et les rubans de leurs ailes ? Et ce ruisseau ? C’est de l’eau. D’accord, mais d’où vient-elle ? Quelle est la source première de l’élément eau ? Ah ! Regarder veut dire croire, si l’on sait voir.

– regarder veut dire croire. Nous regardons trop peu la Genèse vivante qui est sous nos yeux.

– Il y a trop de science, Gamaliel, et trop peu d’amour, trop peu d’humilité. »

Gamaliel soupire et hoche la tête.

160.6

« Voilà, je suis arrivé, Jésus. C’est ici qu’Hillel est enseveli. Descendons et laissons là nos montures. Un serviteur les prendra. »

Ils descendent de leurs montures, les attachent à un tronc d’arbre et se dirigent vers un tombeau qui sort de la montagne, près d’une vaste demeure complètement fermée.

« je viens méditer ici, pour me préparer aux fêtes d’Israël, dit Gamaliel en désignant la maison.

– Que la Sagesse te donne toutes ses lumières.

– Et ici (Gamaliel désigne le tombeau) pour me préparer à la mort. C’était un juste.

– Oui, c’était un juste. J’aime à prier auprès de ses cendres. Mais, Gamaliel, Hillel ne doit pas seulement t’enseigner à mourir : il doit t’enseigner à vivre.

– Comment, Maître ?

– “ L’homme est grand quand il s’humilie ” était sa devise préférée…

– Comment le sais-tu si tu ne l’as pas connu ?

– Je l’ai connu… du reste, même si je n’avais pas connu le rabbin Hillel personnellement, j’aurais connu sa pensée, car je n’ignore rien de la pensée des hommes. »

Gamaliel baisse la tête et murmure :

« Dieu seul peut dire cela.

– Dieu et son verbe. Car le Verbe connaît la Pensée et la Pensée connaît le Verbe et l’aime, et elle lui communique ses trésors pour le faire participer à elle-même. L’Amour resserre les liens et en fait une seule Perfection. C’est la Trinité qui s’aime et divinement se forme, s’engendre, procède et se complète. Toute sainte pensée est née dans l’Esprit parfait et en est un reflet dans l’âme du juste. Alors le Verbe peut-il ignorer les pensées des justes, qui sont celles de la Pensée ? »

Ils prient longuement auprès du tombeau fermé. Les disciples puis les serviteurs les rejoignent, les premiers à dos de mule, les autres ployant sous le poids des bagages. Mais ils s’arrêtent en bordure du pré au-delà duquel se trouve le tombeau. La prière s’achève.

« Adieu, Gamaliel. Elève-toi comme Hillel.

– Que veux-tu dire ?

– Elève-toi. Il te précède parce qu’il a su croire avec plus d’humilité que toi. Paix à toi. »

160.1

– Mestre! Mestre! Sabes quem é que está aí à nossa frente? O rabi Gamaliel! Ele está sentado com muitos dos seus criados, à sombra do bosque e ao abrigo do vento. Estão preparando um cordeiro para ser assado. E agora? Que vamos fazer?

– Vamos fazer o que queríamos fazer, meus amigos. Iremos adiante pelo nosso caminho…

– Mas Gamaliel é do Templo.

– Gamaliel não é um traiçoeiro. Não tenhais medo. Eu vou à frente.

– Oh! Eu também vou –dizem juntos os primos, todos os outros galileus e Simão. Só Iscariotes e, um pouco menos, Tomé mostram pouca vontade de ir para frente. Mas vão acompanhar os outros.

Andam alguns metros ainda por uma estrada escarpada beirada pelo mato da montanha. Depois a estrada faz uma volta, desemboca numa espécie de patamar e o atravessa, tornando-se então mais larga para, em seguida, ficar de novo estreita e sinuosa, indo por baixo de um emaranhado de ramos. Numa clareira do bosque exposta ao sol e, ao mesmo tempo sombreada pelas primeiras folhas das árvores, estão muitas pessoas debaixo de uma bela tenda, enquanto outras estão a um canto, virando o cordeiro sobre o fogo.

Não há o que dizer! Gamaliel sabia tratar-se bem. Como um homem que se põe em viagem, ele pôs em movimento todo um regimento de criados e arrumou não sei quantos equipamentos. Agora está lá sentado no meio de sua tenda: é uma tela estendida, pendente de quatro bastões dourados, formando uma espécie de baldaquim, sob o qual estão umas cadeiras baixas, recobertas com almofadas, e uma mesa montada sobre uns cavaletes embutidos e coberta com uma finíssima toalha, sobre a qual os servos colocam louça de grande beleza. Gamaliel parece um ídolo. Com as mãos abertas sobre os joelhos, rígido, hierático, mais parece uma estátua. Ao redor dele os criados circulam como umas grandes borboletas. Mas ele não lhes dá atenção. Fica pensando, com as pálpebras um pouco abaixadas sobre os olhos sisudos e, quando as levanta, seus olhos, muito escuros, profundos e cheios de pensamentos, se mostram em toda a sua sisuda beleza, aos lados de um nariz longo e afilado e, sob a fronte já um pouco calva de velho, alta e marcada por três rugas paralelas e sobre a qual uma veia grossa, azulada, faz aparecer o sinal de um V, no meio da têmpora direita.

160.2

O barulho dos que vêm chegando faz com que os criados se virem. Também Gamaliel se vira. Vê Jesus que vem à frente dos outros e faz um gesto de surpresa. Põe-se de pé e vai até o limiar da tenda. Não passa dali. E dali mesmo faz uma profunda inclinação, conservando os braços cruzados sobre o peito. Jesus responde do mesmo modo.

– Estás aqui, Rabi? –pergunta Gamaliel.

– Aqui estou, rabi –responde Jesus.

– Posso saber aonde vais?

– Tenho prazer em responder-te. Estou vindo de Neftali, e vou indo para Gíscala.

– Mas, vais a pé? A viagem por estas montanhas é longa e penosa. Tu te cansas demais.

– Acredita-me. Se Eu sou bem aceito e ouvido, o meu cansaço desaparece.

– Então… permite-me, pelo menos uma vez, ser quem vai fazer com que o teu cansaço desapareça. O cordeiro já está assado. Nós teríamos que deixar os restos para os passarinhos porque não costumo levar comigo o que sobra. Vê que não me prejudica nada oferecê-lo a Ti e aos teus acompanhantes. Eu sou teu amigo, Jesus. Não te acho inferior a mim, mas superior.

– Eu acredito. E aceito.

Gamaliel fala com um dos criados, que parece ser o que manda nos outros, e este passa adiante a ordem recebida. A tenda passa, então, a ser alargada, dos burros são descarregadas muitas cadeiras para os discípulos de Jesus e mais louças.

Trazem as jarras de água para purificarem os dedos. Jesus, com a maior dignidade dá começo ao rito, enquanto os apóstolos, observados atentamente por Gamaliel, fazem-no de qualquer jeito, com exceção de Simão, de Judas de Keriot, de Bartolomeu e de Mateus acostumados aos refinamentos judaicos.

Jesus está ao lado de Gamaliel, que se acha sozinho num dos lados da mesa. À frente de Jesus está o Zelotes. Depois da oração de oferecimento, que Gamaliel diz com uma lentidão solene, os servos trincham o cordeiro e o distribuem entre os hóspedes, enchem as taças de vinho, ou de água com mel, para quem assim prefere.

160.3

– O acaso nos reuniu, Rabi. Não esperava encontrar-te, e ainda mais indo para Gíscala.

– Eu vou indo ao mundo todo.

– Sim. És o Profeta incansável. João é o estável. Tu és o peregrinante.

– Assim, para as almas é mais fácil encontrar-me.

– Não o diria. Ao deslocar-te, Tu as desorientas.

– Desoriento os inimigos. Mas os que me querem, porque amam a Palavra de Deus, esses me encontram. Nem todos podem ir ao Mestre. Mas o Mestre, que quer a todos, vai a eles, fazendo assim o bem aos bons e desviando as tramas de quem me odeia.

– É a respeito de mim que dizes isso? Eu não te odeio.

– Não é a respeito de ti. Mas, como és justo e sincero, podes dizer se o que Eu digo é verdade.

– Sim. Assim é. Mas… vê… É que nós, velhos, te entendemos mal.

– Sim. O velho Israel me compreende mal. Para sua desventura… e porque assim quer.

– Naaão!

– Sim, rabi. Ele não aplica sua vontade em procurar entender o Mestre. E quem se limita a fazer isso, já faz um mal, ainda que seja um mal relativo. Muitos, ao invés disso, aplicam sua vontade em entender mal e em alterar as minhas palavras, para prejudicarem a Deus.

– A Deus? Mas Ele está acima das insídias humanas.

– Sim. Mas cada alma que se desvia, ou é desviada, — e já é um desvio o desfigurar diante de si mesmos ou dos outros a minha palavra ou as minhas obras — prejudica a Deus naquela alma que se perde. Cada alma que se perde é uma ferida feita a Deus.

Gamaliel inclina a cabeça, e fica pensando de olhos fechados. Depois, aperta a fronte com os seus longos e magros dedos fazendo um movimento involuntário de desgosto. Jesus o observa. Gamaliel levanta a cabeça, abre os olhos, olha para Jesus, e diz:

– Mas Tu sabes que eu não sou destes.

– Eu sei. Mas tu pertences aos primeiros.

– Oh! É verdade. Mas não é que eu não faça esforços para compreender-te. É que a tua palavra para na minha mente, e não passa daí. Minha mente a admira como palavra de um douto, mas o espírito….

– E o espírito não pode recebê-la, Gamaliel, porque está entulhado demais com muitas coisas. E de coisas que já perderam o valor.

160.4

Há pouco tempo, vindo de Neftali, passei por um monte que se destaca da cordilheira. Tive prazer de passar por lá para ver a beleza dos dois lagos de Genezaré e de Meron, vistos lá do alto, como são vistos pelas águias e pelos Anjos do Senhor, para dizer uma vez mais: “Obrigado, Senhor, pelas belezas que nos concedes ver.” Pois bem. Enquanto toda a montanha está coberta de flores e de árvores, que de tantas que são, estão como que esbarrando umas nas outras, enquanto as pradarias, os pomares e os bosques se cobrem de folhas e frutos, os loureiros exalando seu odor junto às oliveiras, preparando assim a neve das mil flores, quando o robusto carvalho parece tornar-se mais condescendente, ao deixar-se cobrir com as coroas das clematites e madressilvas, enquanto isso, eis que naquele monte não há floradas, não há fertilidade, nem do homem nem da natureza. Todo o trabalho dos ventos, todas as canseiras dos homens, naquele lugar abortam, porque as ruínas ciclópicas da antiga Hatzor entopem tudo e, entre um bloco de pedra e outro, só pode crescer a urtiga e a sarça, e servir de ninho para serpentes, Gamaliel…

– Eu te compreendo. Nós também somos uns escombros… Entendi a parábola, Jesus. Mas… não posso… Não posso agir de outro modo. As pedras estão profundamente enterradas.

– Alguém, em quem tu crês, te disse: “As pedras tremerão, às minhas últimas palavras.” Mas, por que ficar esperando as últimas palavras do Messias? Não ficarás com remorso por não teres querido acompanhar-me antes? As últimas!… Tristes palavras estas, também por serem as de um amigo que está morrendo, e que fomos ouvir tarde demais. Mas as minhas são muito mais do que palavras de um amigo.

– Tens razão… Mas eu não posso. Fico esperando aquele sinal para crer.

– Quando um terreno está desolado, não basta um raio para desbravá-lo. Pois o terreno não o recebe bem, e sim, com as pedras que o cobrem. Trabalha, pelo menos para removê-las, Gamaliel. Senão, se elas ficarem assim, nas profundezas do teu ser, o próprio sinal ainda não te levará a crer.

Gamaliel, absorto, se cala.

160.5

A refeição chega ao fim.

Jesus se levanta e diz:

– Eu te dou graças, meu Deus, pela refeição e por ter podido falar ao sábio. E agradeço a ti, Gamaliel.

– Mestre, não te vás assim. Tenho medo de que tenhas ficado com raiva de mim.

– Oh! Não! Podes crer em Mim.

– Então, não te vás. Eu vou ao túmulo de Hilel. Não gostarias de ir comigo? Chegaremos lá em pouco tempo, porque tenho mulas e asnos para todos. Basta que tiremos deles as albardas, que os criados levarão. Além disso, se abreviará o teu caminho no trecho mais difícil.

– De ir contigo até o túmulo de Hilel, não sinto desgosto, mas me sinto até honrado. Então, vamos.

Gamaliel dá as suas ordens e, enquanto todos trabalham para desmontar aquele refeitório improvisado, Jesus e o rabino montam a cavalo, um ao lado do outro, vão indo pela estrada íngreme e silenciosa, sobre a qual fazem grande barulho os cascos ferrados.

Gamaliel está calado. Só duas vezes pergunta a Jesus se a sela está cômoda. Jesus responde, depois se cala, absorto em seus pensamentos, a tal ponto, que nem vê quando Gamaliel, retendo um pouco a sua mula, deixa que ele passe para a frente, o tanto necessário para que ele possa estudar todos os seus movimentos. Os olhos do velho rabino parecem os olhos de um falcão, que fixa a vista numa presa, de tão atentos que estão. Mas Jesus não percebe, e vai calmamente, deixando-se levar pelo passo ondulante da cavalgadura, pensa e no entanto aprecia os aspectos de todas as coisas que vão aparecendo ao seu lado. Estende a mão para apanhar um cacho pendente de citiso dourado, sorri para dois passarinhos que estão fazendo seu ninho em um copado junípero, para a mula a fim de ouvir uma toutinegra, e aprova, como que abençoando, o grito aflito com que uma rola selvagem estimula ao trabalho o seu companheiro.

– Tu gostas muito das ervas e dos animais, não é?

– Muito. São o meu livro vivo. O homem tem sempre diante dos olhos os fundamentos da fé. O Gênesis vive na natureza. Agora, se alguém souber ver, saberá também crer. Estas flores, de tão suave perfume, e a matéria com que foram feitas estas suas corolas pendentes, contrastando tanto com este junípero espinhoso e com aquela giesta agressiva, pode tudo isso ter-se feito por si mesmo? E olha lá, aquele pintarroxo pode ter-se feito assim sozinho, com aquela dedada de sangue dessecado sobre o seu pescoço flexível? E aquelas duas rolas, onde e como conseguiram pintar-se com aquele colar de ônix posto sobre o véu de suas penas cinzentas? E lá, aquelas duas borboletas: uma preta, com grandes círculos de ouro e rubi, e a outra branca, com listras azuis, onde terão elas encontrado aquelas jóias e fitas para as suas asas? E este rio? É água. Tudo bem. Mas, de onde veio? Qual é a primeira fonte da água como elemento? Olhar já quer dizer crer, se soubermos ver.

– Olhar quer dizer crer. Mas nós olhamos pouco demais o Gênesis vivo, que está à nossa frente.

– Ciência demais, Gamaliel. E muito pouco amor, e muito pouca humildade.

Gamaliel suspira e sacode a cabeça.

160.6

– Aí está. Eu já cheguei, Jesus. Ali está sepultado Hilel. Vamos descer, deixando aqui nossas cavalgaduras. Um dos criados cuidará delas.

Apeiam, amarrando num tronco as duas mulas, e se dirigem para um sepulcro que se destaca no monte, junto a uma grande casa completamente fechada.

– Eu costumo vir até aqui para meditar, em preparação para as festas de Israel –diz Gamaliel, mostrando a casa.

– Que a Sabedoria te dê todas as suas luzes.

– E aqui –(Gamaliel mostra o sepulcro)–, para fazer minha preparação para a morte. Ele era um justo.

– Era um justo. De boa vontade Eu rezo junto às suas cinzas. Mas, Gamaliel, Hilel não deve ensinar-te somente a morrer. Deve ensinar-te a viver.

– Como, Mestre?

– “O homem é grande quando se humilha” foi a divisa preferida dele…

– Como sabes disso, se não o conheceste?

– Eu o conheci… e afinal, mesmo que não tivesse conhecido Hilel pessoalmente como rabi, mas o pensamento dele Eu conheci, porque não deixo de conhecer nada do pensamento humano.

Gamaliel inclina a cabeça, e murmura:

– Só Deus pode dizer isto.

– Deus e o seu Verbo. Porque o Verbo conhece o Pensamento, e o Pensamento conhece o Verbo, e o ama, comunicando-se a Ele com os seus tesouros, para fazê-lo participante deles. O Amor aperta os laços, fazendo uma só Perfeição. É a Trindade que se ama e que divinamente se forma, gera a si mesma, procede, e se completa. Todo pensamento santo nasce na Mente Perfeita, e se reflete na mente do justo. Pode, então, o Verbo deixar de conhecer os pensamentos dos justos, que são os pensamentos do Pensamento?

Rezam ao lado do sepulcro fechado. Rezam longamente. Os discípulos se unem a eles, e depois os criados. Os primeiros chegam a cavalo, e os outros debaixo do peso das bagagens. Eles param ao lado do campo, depois do qual está o sepulcro. A oração termina.

– Adeus, Gamaliel, sobe como Hilel.

– Que queres dizer?

– Sobe. Ele está na tua frente, porque soube crer mais humildemente do que tu. A paz esteja contigo.