The Writings of Maria Valtorta

165. L’élection des douze apôtres.

165. Nomination of the Twelve as apostles.

165.1

L’aube blanchit les montagnes et semble adoucir cette pente sauvage où l’on n’entend que le bruit du petit torrent qui bondit au fond, mugissement qui, répercuté par les monts truffés de cavernes, résonne bien particulièrement. A l’endroit où ont fait halte les disciples, on n’entend qu’un timide bruissement dans les frondaisons et les plantes : celui des premiers oiseaux qui s’éveillent, ou des derniers animaux qui regagnent leur tanière.

Une bande de lièvres ou de lapins sauvages en train de ronger un mûrier bas s’enfuient, effrayés par la chute d’une pierre. Puis ils reviennent prudemment, en tendant l’oreille pour écouter le moindre bruit ; voyant que tout est paisible, ils retournent à leur buisson. La rosée humecte feuillages et pierres, et la forêt exhale une forte odeur de mousse, de menthe et de marjolaine.

Un rouge-gorge descend jusqu’au rebord d’une caverne à laquelle une pierre en saillie sert de toit et, bien droit sur ses pattes soyeuses, prêt à s’enfuir, il bouge la tête, regarde à l’intérieur, regarde par terre, lance quelques tchip tchip interrogateurs et… gourmands à la vue de miettes de pain par terre. Mais il ne se décide à descendre que lorsqu’il se voit devancé par un gros merle qui s’avance en sautillant de biais ; avec son air de gamin et son profil de vieux notaire à qui il ne manque que des lunettes pour faire vrai, il est amusant. Alors le rouge-gorge descend lui aussi et se met derrière ce hardi monsieur qui, de temps à autre, plonge son bec jaune dans la terre humide à la recherche… d’archéologie comestible, puis s’en va sur un tchop ou un bref sifflement tout à fait polisson. Le rouge-gorge se gave de miettes et semble ébahi de voir le merle, qui est entré avec assurance dans la caverne silencieuse, en ressortir avec une croûte de fromage, qu’il bat tant et plus sur une pierre pour la fragmenter et s’en faire un copieux repas. Puis il retourne à l’intérieur, jette un regard furtif et comme il ne trouve rien, il fait un beau sifflement moqueur et s’envole finir son chant sur la cime d’un rouvre dans l’azur du matin. A son tour, le rouge-gorge s’envole à cause d’un bruit qu’il entend venir de l’intérieur de la caverne… et il reste sur une petite branche qui pend au-dessus du vide.

165.2

Jésus s’avance sur le seuil et émiette du pain en appelant doucement les oiseaux par un sifflement modulé qui imite bien le pépiement de plusieurs petits oiseaux. Puis il s’écarte, monte plus haut et s’immobilise contre une paroi rocheuse pour ne pas effrayer ses amis, qui descendent vivement : d’abord le rouge-gorge, puis beaucoup d’autres de différentes espèces. J’aime à penser – et j’en ai fait l’expérience – que les animaux les plus méfiants n’hésitent pas à s’approcher de ceux que, d’instinct, ils reconnaissent, non pas comme des ennemis, mais comme des protecteurs. L’immobilité de Jésus ou même son regard font que bien vite les oiseaux sautillent à quelques centimètres de lui. Le rouge-gorge, maintenant rassasié, vole au-dessus du rocher où s’appuie Jésus, s’agrippe à un brin de clématite et se balance au-dessus de Jésus avec le désir de descendre sur sa tête blonde ou sur son épaule.

Le repas est fini. Le soleil dore le sommet des montagnes puis les plus hautes branches des fourrés, tandis que la vallée est encore plongée dans la pâle lueur de l’aube. Satisfaits et repus, les oiseaux s’envolent vers le soleil et chantent à plein gosier.

165.3

« Maintenant, allons réveiller mes autres enfants » dit Jésus. Comme sa grotte est la plus élevée, il descend et, passant d’une grotte à l’autre, il appelle par leur nom les douze dormeurs.

Simon, Barthélemy, Philippe, Jacques et André répondent aussitôt. Matthieu, Pierre et Thomas sont plus lents. Et alors que Jude vient à la rencontre de Jésus dès qu’il le voit sur le seuil, déjà prêt et bien éveillé, l’autre cousin, Judas et Jean dorment à poings fermés, à tel point que Jésus doit les secouer sur leur lit de feuillage pour les réveiller.

Jean, appelé le dernier, dort si profondément qu’il ne reconnaît pas celui qui l’appelle. Dans les brumes de son sommeil à demi interrompu, il marmonne : « Oui, maman, j’arrive tout de suite… », puis il se retourne.

Jésus sourit, s’assied sur la couche de feuilles ramassées dans les bois, et se penche pour déposer un baiser sur la joue de son Jean, qui ouvre les yeux et reste un instant ébahi de voir Jésus. Il s’assied d’un seul coup et dit :

« Tu as besoin de moi ? Me voici.

– Non, je t’ai réveillé comme tous les autres. Mais tu m’as pris pour ta mère, alors je t’ai donné un baiser, comme une mère. »

Jean ne porte que ses sous-vêtements car il a mis son habit et son manteau comme couvertures. Il saisit Jésus par le cou, se réfugie contre lui, la tête entre l’épaule et la joue et s’exclame :

« Oh, pour moi tu es bien plus qu’elle ! Je l’ai quittée pour toi, mais toi, je ne te quitterais pas pour elle ! Elle m’a enfanté sur la terre, mais toi tu m’enfantes au Ciel. Ah ! Je le sais bien !

165.4

– Que sais-tu de plus que les autres ?

– Ce que le Seigneur m’a dit dans cette grotte. Tu vois, je ne suis jamais venu te trouver et je suppose que mes compagnons t’auront dit que c’était par indifférence et orgueil. Mais ce qu’ils pensent ne m’intéresse guère. Je sais que tu connais la vérité. Je ne suis pas venu à Jésus Christ, le Fils de Dieu incarné, mais à ce que tu es au sein du Feu qu’est l’Amour éternel de la très sainte Trinité, sa nature, son essence, sa véritable essence, je suis venu à ce que tu es, toi la deuxième Personne de l’ineffable Mystère qui est Dieu et que je pénètre, car il m’a aspiré à lui, je l’ai toujours eu avec moi… Ah ! Je ne saurais redire tout ce que j’ai compris dans cette grotte sombre, noire, qui est devenue pour moi pleine de lumières, dans cette froide caverne où j’ai été brûlé d’un feu invisible, mais qui est descendu au plus profond de mon être et l’a enflammé d’un doux martyre, dans cet antre silencieux qui m’a chanté des vérités célestes[1]. Tous mes désirs, toutes mes larmes, toutes mes demandes, je les ai déversés sur ton sein divin, à toi le Verbe de Dieu. De tout ce que j’ai pu entendre de ta part, jamais aucune parole n’a été aussi vaste que celle que tu m’as dite ici, toi le Fils de Dieu, qui es Dieu comme le Père et Dieu comme l’Esprit Saint, toi qui es le pivot de la Trinité… Ah ! Je blasphème peut-être, mais c’est ce qu’il me semble, car si tu n’existais pas, toi, l’Amour venu du Père et qui retourne au Père, il manquerait l’Amour, l’Amour divin, et la Divinité ne serait plus trine, il y manquerait l’attribut le plus essentiel de Dieu : son amour ! Ah, j’ai tant ici ! Mais c’est comme de l’eau qui bouillonne contre une écluse et ne peut sortir… j’ai l’impression de mourir tant est violent et sublime le tumulte qui m’est descendu dans le cœur à partir du moment où je t’ai compris… mais pour rien au monde je ne voudrais en être libéré… Fais-moi mourir de cet amour, mon doux Dieu ! »

Jean sourit et pleure, haletant, enflammé d’amour, et il s’abandonne sur la poitrine de Jésus comme si cette flamme l’épuisait. Jésus, brûlant d’amour à son tour, le caresse.

Jean se ressaisit sous un flot d’humilité qui le fait supplier :

« Ne répète pas aux autres ce que je t’ai dit. Eux aussi ont certainement su vivre de Dieu comme je l’ai fait ces jours-ci. Mais pose sur mon secret la pierre du silence.

– Sois tranquille, Jean, personne ne saura rien de tes noces avec l’Amour. Habille-toi, et viens. Nous devons partir. »

165.5

Jésus sort sur le sentier où les autres se trouvent déjà. Leurs visages paraissent plus vénérables, plus recueillis. Les plus âgés ressemblent à des patriarches ; les jeunes ont quelque chose de plus mûr, de plus digne, ce qu’auparavant leur jeunesse dissimulait. Judas regarde Jésus avec un timide sourire sur un visage marqué par les larmes. En passant, Jésus lui fait une caresse. Pierre… ne parle pas. C’est si étrange chez lui que cela étonne plus que tout autre changement. Il regarde attentivement Jésus, mais avec une dignité nouvelle qui paraît lui agrandir le front aux tempes, un peu dégarnies, et rendre plus sévère son regard où jusqu’alors brillait toujours une lueur de malice. Jésus l’appelle à venir auprès de lui et le tient tout proche en attendant Jean, qui sort finalement. Je ne saurais dire si son visage est plus pâle ou plus rouge, mais toujours est-il qu’il y brille une flamme qui n’en change pas la couleur, mais est pourtant visible. Tous le regardent.

« Viens ici près de moi, mon Jean, et toi aussi, André, et toi, Jacques, fils de Zébédée. Puis toi aussi, Simon, et Barthélemy, Philippe, et vous, mes frères, et puis Matthieu. Judas, viens là, face à moi. Thomas, viens ici. Asseyez-vous. J’ai à vous parler. »

Calmes comme des enfants, ils s’asseyent, tous un peu absorbés par leur monde intérieur et pourtant attentifs à Jésus comme jamais ils ne l’ont été.

165.6

« Savez-vous ce que je vous ai fait ? Vous le savez tous. Votre âme l’a dit à votre raison. Mais l’âme, la reine de ces derniers jours, a enseigné à la raison deux grandes vertus : l’humilité et le silence, fils de l’humilité et de la prudence, elles-mêmes filles de la charité. Il y a huit jours seulement, vous seriez venus, comme des enfants désireux d’épater et de surpasser leur rival, proclamer vos prouesses, vos nouvelles connaissances. Maintenant, vous vous taisez. D’enfants, vous êtes devenus des adolescents. Vous savez désormais qu’en agissant ainsi vous pourriez humilier votre compagnon peut-être moins favorisé par Dieu, donc vous gardez le silence.

Vous êtes en outre comme des jeunes filles qui ne sont plus impubères. Il est né en vous une sainte pudeur sur les métamorphoses que vous a révélées le mystère nuptial des âmes avec Dieu. Le premier jour, ces grottes vous ont paru froides, hostiles, repoussantes… et vous les regardez aujourd’hui comme des chambres nuptiales parfumées et lumineuses. C’est là que vous avez connu Dieu. Auparavant, vous saviez quelque chose de lui, mais vous ne le connaissiez pas dans cette intimité qui, de deux êtres, en fait un seul. Il y a parmi vous des hommes qui sont mariés depuis des années, d’autres qui ont eu avec les femmes des rapports fallacieux, d’autres encore qui, pour diverses raisons, sont chastes. Mais les chastes savent ce qu’est l’amour parfait autant que ceux qui sont mariés. Je peux même dire que personne ne le sait mieux que celui qui ignore le désir de la chair. Car Dieu se révèle aux vierges dans toute sa plénitude, en raison de la joie qu’il trouve à se donner à une personne pure, car il retrouve quelque chose de lui-même, le très Pur, dans la créature pure de toute luxure, et pour compenser ce qu’elle se refuse par amour pour lui.

165.7

En vérité, je vous dis qu’en raison de l’amour que j’éprouve pour vous et de la sagesse que je possède, si je n’avais pas le devoir d’accomplir l’œuvre du Père, je désirerais vous garder ici et rester avec vous, isolés ; je serais alors certain de faire rapidement de vous de grands saints, sans plus de défaillances, de défections, de chutes, de ralentissements ou de retours en arrière. Mais je ne puis. Je dois partir. Vous devez partir. Le monde nous attend, ce monde profané et profanateur qui a besoin de maîtres et de rédempteurs. J’ai voulu vous faire connaître Dieu pour que vous le préfériez de loin au monde dont toutes les affections ne valent pas un seul sourire de Dieu. J’ai voulu que vous puissiez méditer sur ce qu’est le monde et sur ce qu’est Dieu pour vous faire désirer le meilleur. En ce moment, vous n’aspirez qu’à Dieu. Ah ! Si je pouvais vous garder à cette heure-ci, à ce désir ! Mais le monde nous attend. Et nous allons vers le monde qui nous attend, au nom de la sainte charité : de même qu’elle m’a envoyé dans le monde, elle vous envoie elle aussi, par mon commandement. Mais je vous en conjure ! Comme on garde une perle dans son écrin, gardez bien le trésor de ces jours où vous vous êtes regardés, soignés, relevés, revêtus, unis à Dieu. Telles les pierres du témoignage élevées par les patriarches en souvenir des alliances avec Dieu, conservez ces précieux souvenirs dans votre cœur.

165.8

A compter de ce jour, vous n’êtes plus mes disciples préférés, mais mes apôtres, les chefs de mon Eglise. Dans les siècles des siècles, c’est de vous que proviendront ses hiérarchies, on vous appellera maîtres, car vous avez pour Maître votre Dieu et sa triple puissance, sagesse et charité.

Je ne vous ai pas choisis parce que vous êtes les plus méritants mais pour tout un ensemble de raisons qu’il n’est pas nécessaire que vous connaissiez aujourd’hui. Je vous ai choisis à la place des bergers qui sont mes disciples depuis l’époque où j’étais un bébé vagissant. Pourquoi donc ? Parce qu’il convenait de le faire. Il y a parmi vous des Galiléens et des Judéens, des hommes instruits et des ignorants, des riches et des pauvres. Tout cela du point de vue du monde. Afin que l’on ne puisse m’accuser d’avoir préféré une seule catégorie de disciples. Mais vous ne suffirez pas pour tout le travail à accomplir, ni maintenant ni plus tard.

Vous n’avez pas tous présent à la mémoire un passage du Livre. Je vous le rappelle. Au deuxième livre des Paralipomènes, au chapitre 29, il est raconté[2] comment Ezéchias, roi de Juda, fit purifier le Temple. Après cette purification, il fit faire des sacrifices pour les péchés, pour le royaume, pour le sanctuaire et pour Judas, après quoi commença l’offrande individuelle. Mais comme les prêtres ne suffisaient pas pour les immolations, on appela à l’aide les lévites, consacrés par un rite plus court que les prêtres.

C’est ce que je ferai. Vous êtes les prêtres que moi, le Prêtre éternel, j’ai longuement et soigneusement préparés. Mais vous ne suffisez pas à la tâche toujours plus vaste des immolations individuelles à leur Seigneur Dieu. C’est pourquoi je vous associe ceux qui restent disciples, ceux qui attendent au pied de la montagne, ceux qui sont déjà un peu plus élevés, ceux qui sont répandus sur la terre d’Israël et seront plus tard disséminés aux quatre coins du monde. Il leur sera attribué des fonctions de même importance : car, si la mission est unique, leur classement aux yeux du monde sera différent. Mais pas aux yeux de Dieu auprès de qui réside la Justice. Ainsi, le disciple obscur, ignoré des apôtres et de ses confrères, qui vivra saintement en conduisant des âmes à Dieu sera plus grand que l’apôtre renommé connu qui n’aura d’apôtre que le nom et rabaissera sa dignité apostolique en poursuivant des buts humains.

La tâche des apôtres et des disciples sera toujours celle des prêtres et des lévites d’Ezéchias : pratiquer le culte, abattre les idolâtries, purifier les cœurs et les lieux, annoncer le Seigneur et sa Parole. Il n’est pas de tâche plus sainte sur la terre, ni de dignité plus élevée que la vôtre. C’est bien pour cette raison que je vous ai dit : “ Ecoutez-vous, examinez-vous. ”

165.9

Malheur à l’apôtre qui tombe ! Il entraîne beaucoup de disciples, qui à leur tour entraînent un nombre encore plus grand de fidèles. Cette ruine grossit sans cesse, comme une avalanche qui tombe ou le cercle qui s’étend sur le lac si l’on lance des pierres au même endroit.

Serez-vous tous parfaits ? Non. L’esprit qui vous anime actuellement durera-t-il ? Non. Le monde lancera ses tentacules pour étrangler votre âme. Ce sera la victoire du monde, fils de Satan pour les cinq dixièmes, esclave de Satan pour encore trois dixièmes, indifférent à Dieu pour les deux dixièmes qui restent. Cette victoire éteindra la lumière dans le cœur des saints. Défendez-vous tout seuls contre vous-mêmes, contre le monde, la chair, le démon. Mais surtout défendez-vous de vous-mêmes. Soyez en garde, mes enfants, contre l’orgueil, la sensualité, la duplicité, la tiédeur, l’assoupissement spirituel, et encore contre l’avarice ! Quand votre “ moi inférieur ” élève la voix et pleurniche sous prétexte de cruautés à son endroit, faites-le taire par ces mots : “ pour un instant de privation que je te cause, je te procure, et pour l’éternité, le banquet extatique que tu as eu dans la caverne de la montagne à la fin de la lune de Shebat[3]. ”

165.10

Partons. Allons à la rencontre des autres : ils sont nombreux à attendre ma venue. Ensuite, j’irai pour quelques heures à Tibériade et vous, vous parlerez de moi en allant m’attendre au pied de la montagne sur la route directe de Tibériade à la mer. J’y viendrai et je monterai pour prêcher. Prenez les sacs et les manteaux. Notre séjour est terminé et votre élection est faite. »

Le 17 mai 1945.

165.11

Jésus dit :

« Tu vas mal et je te laisse tranquille. Je te fais seulement remarquer comment une seule phrase omise ou un mot mal retranscrit peut tout changer. Et toi qui écris, tu es vive et tu peux réparer l’erreur aussitôt. Réfléchis donc et comprends comment vingt siècles ont pu priver l’Evangile apostolique de certaines parties ; certes, cela ne nuit pas à la doctrine, mais à la facilité de comprendre l’Evangile apostolique. Cela explique bien des choses. Si nous remontons aux origines, nous y découvrons encore une fois une manœuvre du Désordre, et l’on en attribue aux fils du Désordre beaucoup d’autres. Tu vois comme il est facile de faire des erreurs de transcription… Petit Jean, sois bon aujourd’hui. Tu es une fleur brisée. Je passerai plus tard moi-même redresser ta tige. Pour aujourd’hui, les larmes de ta blessure me sont nécessaires. Dieu est avec toi. »

165.1

It is dawning and the soft light whitens the mountains and seems to soften the wild mountain side. Only the gurgling sound of the foamy stream at the bottom of the valley can be heard, a sound which becomes a strange noise, when echoed by the mountain and its many caves. Where the disciples have rested, there is some gentle rustling among the leaves and the herbs: the first birds to awake, or the last night-birds returning to their hiding places. A group of hares or wild rabbits, gnawing at a low bush of blackberries, run away frightened by a falling stone. Then they go back cautiously, moving their ears in all directions to pick up every sound and when they see that everything is peaceful, they return to the bush. All the leaves and stones are wet with dew and in the wood there is a strong smell of moss, mint and marjoram.

A redbreast flies down to the edge of a cave, the roof of which is formed by a huge protruding stone and standing up straight on its very thin legs, ready to fly away, it moves its little head round, looks into the cave and at the ground, chirping inquisitively and… gluttonously, because of some bread crumbs on the ground. But it does not make up its mind to fly down until it sees that it has been preceded by a big blackbird, which proceeds hopping sideways and is extremely comical in its urchin-like attitude with its profile of an old notary, who requires only a pair of spectacles to be the complete dignitary. The robin then flies down, hopping behind its daring fellow creature, which now and again thrusts its yellow beak into the moist ground, in archaeological research… for food and then proceeds further, after whistling, just like a real little rascal. The redbreast stuffs itself with the little bread crumbs and is amazed when it sees the blackbird, which had confidently gone into the silent cave, come out of it with a cheese-rind, which it knocks repeatedly against a stone to break it up and make a sumptous meal of it. It goes back in again, has a look around, and not finding anything else, it whistles scoffingly and flies away to complete its song on the top of an oak-tree, in the blue morning sky. Also the robin flies away, because of a noise from the interior of the cave… and it perches on a thin bough that dangles loosely.

165.2

Jesus goes to the entrance of His cave and crumbles some bread, calling the little birds very gently, by means of a modulated whistle, which is a very good imitation of the twittering of many birds. He then moves away, climbing higher up and resting against a rock in order not to frighten His little friends, which soon fly down: the robin being the first and then many more of various kinds. Jesus’ stillness and also His look are such that after a short time many birds are hopping only a few inches from Him. I like to believe, because of my own experience, that also the most distrustful animals go near people when their instinct tells them that they are not enemies but friends. The redbreast, which is now satisfied, flies to the top of the rock against which Jesus is leaning, it rests on a very thin branch of clematis, swings above Jesus’ head and seems to be anxious to descend upon His fair hair or His shoulder. The meal is now over. The rising sun gilds the mountain tops and then the highest branches of the trees, whereas down below, the valley is still in the dim dawn light. The little birds, satisfied and full, fly towards the sun and sing at the top of their voices.

165.3

«And now let us go and wake up these other children of Mine» says Jesus, and He walks down, as His cave is the highest one, and He enters the various caves calling the sleeping apostles by their names.

Simon, Bartholomew, Philip, James and Andrew reply at once. Matthew, Peter and Thomas take a little longer to reply. And while Judas Thaddeus goes to meet Jesus as soon as he sees Him appear at the entrance of his grotto, as he is already ready and wide awake, the other cousin, the Iscariot and John are fast asleep, so much so that Jesus has to shake them on their beds, made with tree branches and leaves, in order to wake them up.

John, the last one to be called, is so sound asleep, that he does not realise Who is calling him, and in the haze of his interrupted sleep, he whispers: «Yes, mother, I am coming at once…» But he turns round on his other side.

Jesus smiles, sits on the rustic mattress made of foliage picked in the wood, He bends and kisses the cheek of John, who opens his eyes and is dumbfounded at seeing Jesus. He sits up and says: «Do you need me? Here I am.»

«No. I woke you up as I did the others. But you thought it was your mother. So I kissed you, as mothers do.»

John, half naked in his under tunic, because he used his tunic and mantle as bed covers, clasps Jesus’ neck and lays his head between Jesus’ shoulder and cheek saying: «Oh! You are much more than a mother! I left her for You, but I would not leave You for her! She bore me to the earth. You are bearing me to Heaven. Oh! I know!»

165.4

«What do you know more than the others?»

«What the Lord told me in this cave. See, I never came to You and I think my companions said it was due to indifference and pride. But I am not concerned with what they think. I know that You know the truth. I was not coming to Jesus Christ, the Incarnate Son of God, but to what You are in the bosom of the Fire, that is the eternal Love of the Most Holy Trinity, its Nature, its Essence, its Real Essence – oh! I cannot tell, however, what I have understood in this dark gloomy cavern that has become so full of light for me, in this cold grotto where I have been burnt by a featureless fire that has descended into the depth of my being and has inflamed me with a sweet martyrdom, in this silent cave, which has, however, sung celestial truths to me – but to what You are, the Second Person of the ineffable Mystery, which is God and which I penetrated because God has drawn me to Himself and I have always had Him with me. And I have poured all my desires, all my tears, all my requests on Your divine bosom, Word of God. Amongst the many words I have heard from You, there never was one so comprehensive as the one You told me here, You, God the Son, You, God like the Father, You, God like the Holy Spirit, You, centre of the Trinity… oh! perhaps I am blaspheming, but that is what I think, because if You were not the love of the Father and the love for the Father, then the Love, the Divine Love would be missing, and Divinity would no longer be Triune and it would lack the most becoming attribute of God: His love! Oh! I have so much in here, but it is like water gurgling against a dam and cannot flow out… and I seem to be dying of it, so violent and sublime is the turmoil in my heart, since I have understood You… but I would not like to be freed of it for the whole world… Let me die of that love, my sweet God!» John smiles and weeps, panting, inflamed by his love, relaxing on Jesus’ chest, as if he were exhausted by his ardour. And Jesus caresses him, burning with love Himself.

John composes himself and with deep humbleness he begs: «Do not tell the others what I told You. I am sure that they too have lived with God as I did during these past days. But leave the stone of silence on my secret.»

«Do not worry, John. No one will be aware of your wedding with the Love. Get dressed, come. We must leave.»

165.5

Jesus goes out onto the path where the others are already gathered. Their faces look more venerable and serene. The old ones look like patriarchs, the younger ones have a maturity and dignity, which were previously concealed by their youth. The Iscariot looks at Jesus with a shy smile on his face marked by tears. Jesus caresses him passing by. Peter… is silent. And his silence is so strange that it is more striking than any other change. He looks at Jesus attentively, but with a new dignity that makes his bald forehead look more spacious and his eyes more severe, whereas before they were full of gentle intelligence only. Jesus calls him near Himself and keeps him there while waiting for John, who at last comes out. I could not say whether his face looks more pale or more flushed, it is certainly burning with a flame that does not change its colour, and yet is most obvious. They all look at him.

«Come here, John, near Me. And you, too, Andrew, and you, James of Zebedee. Then you, Simon, and you, Bartholomew, Philip, and you, My cousins, and Matthew. Judas of Simon here, in front of Me. Thomas, come here. Sit down. I must speak to you.»

They all sit down quietly, like good children, all engrossed in their internal world and yet paying attention to Jesus, as they never did before.

165.6

«Do you know what I have done to you? You all know. Your souls told your minds. But your souls, which were the queens these past days, have taught your minds two great virtues: humility and silence, the son of humility and prudence, which are the daughters of charity. Only eight days ago you would have come to proclaim your cleverness and your new knowledge, like clever children who are eager to astound people and overcome their rivals. Now you are silent. You have grown from children into adolescents and you are already aware that such a proclamation might humiliate a companion who was perhaps less helped by God, and therefore you do not speak.

You are also like pubescent girls. The holy reserve, concerning the change that revealed the nuptial mystery of souls with God, was born in you. These caves seemed cold, hostile and repulsive on the first day… now you are looking at them as if they were bright scented nuptial rooms. You have met God in them. Before you were aware of Him. But you did not know Him in the intimacy that blends two into one. Amongst you there are some who have been married for years, some who have had but a disappointing relationship with women, some who are chaste owing to various reasons. But the chaste ones now know what perfect love is, as the married ones know. Rather, I can say that nobody knows what perfect love is, as he who is unaware of carnal lusts. Because God reveals Himself in His fullness to the pure, both because He takes delight in giving Himself to those who are pure, as He, the Most Pure One, finds part of Himself in the creature free from lust, and because He wishes to compensate the creature for what it denies itself for His love.

165.7

I solemnly tell you that because of the love I have for you and of the wisdom I possess, if I did not have to accomplish the work of the Father, I would keep you here and be with you, isolated, as I am sure that I would soon make great saints of you, and you would no longer be subject to confusion, defections, failures, slackening, recurrences. But I cannot. I must go. And you must go. The world is waiting for us. The desecrated and desecrating world, which needs teachers and redeemers, is waiting for us. I wanted you to know that you may love Him more than you love the world, which with all its affections is not worth one single smile of God. I wanted to make it possible for you to meditate on what the world is and what God is, so that you may yearn for what is better. At present you are yearning only for God. Oh! I wish I could secure you in your yearning of the present moment! But the world is waiting for us. And we shall go to the world, which is waiting for us, for the sake of the holy Charity that by My order is sending you to the world as it sent Me. But I implore you! Lock in your hearts, like a pearl in a coffer, the treasure of the past days in which you have examined, cured, elevated, renovated and united yourselves to God. And keep and preserve these precious memories in your hearts, like the witness stones erected by the Patriarchs in remembrance of the alliance with God.

165.8

As from today you are no longer My favourite disciples, but the apostle, the chiefs of My Church. All the hierarchies of the Church, throughout centuries, shall descend from you, and will call you masters, having as their Master your God in His triple power, wisdom and charity. I have not chosen you because you are the most worthy, but for a number of reasons that you need not know now. I have chosen you instead of the shepherds who have been My disciples since I was born. Why did I do it? Because it was right to do so. Amongst you there are Galileans and Judaeans, learned and unlearned, rich and poor people. And that is because of the world, that it may not say that I have chosen one category only. But you will not be sufficient for everything there is to be done. Neither now, nor later.

Not all of you will remember a passage of the Book. I will remind you. Book 2 of Chronicles, Chapter 29, tells how Hezekiah, King of Judah, had the Temple purified, and after it was purified he had sacrifices offered in atonement, for his kingdom, for the Temple and for the whole of Judah, and then the offerings of the single individuals began. But as the priests were not sufficient for the sacrifices, the levites, who are consecrated with a shorter rite, were summoned.

That is what I will do. You are the priests, who have been prepared by Me, the Eternal Pontiff, diligently and for a long time. But you will not suffice for the work, which is much more extensive than the sacrifice of the offerings of individuals to the Lord their God. I will therefore associate with you the disciples who will remain such, those who are waiting for us at the foot of the mountain, those who are already higher up, those who are spread all over Israel and that later will be spread all over the world. They will be entrusted with equal tasks, because the mission is only one, but their position will be different in the eyes of the world. But not in the eyes of God, where there is justice, so that the obscure disciple, ignored by the apostles and by his brethren, who lives a holy life taking souls to God, will be greater than a known apostle, who has only the name of apostle and lowers his apostolic dignity for human purposes.

The task of the apostles and disciples will still be the same as the task of the priests and levites of Hezekiah: to perform the rites of the cult, to demolish idolatries, to purify hearts and places, to preach God and His Word. There is not a more holy task on the earth. Neither is there a dignity higher than yours. That is why I said to you: “Listen to yourselves and examine yourselves”.

165.9

Woe betide the apostle who falls! He drags many disciples with him, and they drag a greater number of believers and the ruin grows larger and larger like a falling avalanche or a ring that expands on the lake when several stones are thrown in the same spot.

Will you all be perfect? No. Will the spirit of the present moment last? No. The world will throw its tentacles to choke your souls. That will be the victory of the world: to extinguish the light in the hearts of saints; the world, a son of Satan for five tenths, a servant of Satan for three more tenths, indifferent to God for the remaining two tenths. Defend yourselves from yourselves, against yourselves, against the world, flesh and the demon. Above all, defend yourselves from yourselves. Stand on your guard, My children, against pride, sensuality, duplicity, tepidity, spiritual drowsiness and against avarice! When your inferior ego speaks and moans over alleged cruelty to it, hush it up by saying: “For a moment of hardship, which I give you now, I will procure for you, and forever, the banquet of ecstasy that you enjoyed in the mountain cave at the end of the month of Shebat”.

165.10

Let us go. Let us go and meet the others who in large numbers are awaiting My coming. And then I will go for a few hours to Tiberias and you, preaching Me, will go to wait for Me at the foot of the mountain that is on the road leading from Tiberias to the sea. I will come up there to preach. Take your bags and mantles. The retreat is over and the election has been made.»

17th May 1945.

165.11

Jesus says:

«You are not feeling well and I will leave you in peace. I only wish to point out to you how a sentence omitted or a word wrongly copied can alter everything. And you, My writer, are alive and can make the correction at once. So consider and try to understand how twenty centuries have deprived the Gospel, the apostolic Gospel, of parts that did no harm to the doctrine, but prevented it from being easily understood. This – if we go back to the origin we find that it is still the work of Disorder – explains many things and lends itself to the children of Disorder for so many more things. And you can see how easy it is to make errors in copying… Little John, be good today. You are a broken flower. I will come later and mend your stalk. I need the tears of your wound today. God is with you.»


Notes

  1. m’a chanté des vérités célestes : Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : “ Ces mots de l’apôtre de l’Amour illustrent bien le mystère de l’inhabitation de Dieu en nous. Dans le sanctuaire de l’âme, l’Esprit divin rencontre notre esprit. Alors Dieu parle, se dévoile et se révèle à l’âme, il l’instruit à l’amour de lui et lui communique ainsi une ressemblance plus vive avec lui, il la transforme en lui, non pas substantiellement puisque Dieu seul est Dieu, mais par participation. ” Sur cette même copie, au passage qui se trouve en 170.11, Maria Valtorta inscrit la note suivante : “ L’Esprit de Dieu éclaire et révèle d’autant plus qu’elle peut mieux faire sa demeure dans une âme pure, vide des ‘riens’ qui emplissent l’homme qui n’est pas spirituel. Quand l’homme libère son ‘moi’ des réalités terrestres et passagères, alors Dieu comble ce vide de lui-même, et l’homme, devenu pur – et mieux encore s’il le reste – voit et comprend Dieu de façon intellectuelle, il le possède mystérieusement comme il en est possédé et autant que peut l’être l’homme encore en exil, il le possède par son ardent désir auquel répond le désir de Dieu de posséder ses enfants. Cela constitue le petit paradis sur terre, annonciateur de la Béatitude éternelle et complète du Ciel. ” Ce thème de la possession divine, opposée à celle de Satan, sera traité en 502.2. L’amour chez l’apôtre Jean est traité en particulier en 88.2, 149.6, 166.9/11, 224.3/4, 356.6, 597.3, 602.8, 649.6, 650.10.
  2. il est raconté en : 2 Ch 29.
  3. fin de la lune de Shebat : février.