The Writings of Maria Valtorta

186. Les deux possédés géraséniens.

186. The two demoniacs in the region of the Gherghesenes.

186.1

Il faut insérer ici la “ Tempête apaisée ” reçue le 30 janvier 1944, puis la vision suivante :

186.2

Jésus, après avoir traversé le lac du nord-ouest au sud-est, recommande à Pierre de débarquer près de Hippos. Pierre obéit sans discuter et descend en barque jusqu’à l’embouchure d’un torrent que les pluies de printemps et un récent orage ont rempli et rendu bruyant, et qui débouche dans le lac par une gorge resserrée et rocheuse comme toute la côte à cet endroit. Les employés attachent les barques – il y en a un par barque – et reçoivent l’ordre d’at­tendre jusqu’au soir pour le retour à Capharnaüm.

« Et soyez muets comme les poissons si l’on vous interroge, conseille Pierre. Si l’on vous demande où se trouve le Maître, répondez avec assurance : “ Je ne sais pas. ” La même chose si l’on veut savoir quelle direction il a prise. C’est la vérité : vous l’ignorez. »

On se sépare et Jésus entreprend la montée d’un sentier abrupt qui grimpe presque à pic sur le rocher. Les apôtres le suivent par ce chemin difficile jusqu’au sommet du rocher, qui s’adoucit en un plateau planté de chênes sous lesquels paissent de nombreux porcs.

« Ces animaux puants ! S’exclame Barthélemy. Ils nous empêchent de passer…

– Non, ils ne nous empêchent pas de passer. Il y a de la place pour tous » répond calmement Jésus.

D’ailleurs les gardiens, à la vue de juifs, cherchent à rassembler les porcs sous les chênes pour dégager le sentier. Les apôtres passent donc, en faisant mille grimaces, au milieu des ordures laissées par les animaux ; ceux-ci ont beau être bien gras, ils cherchent à grossir encore en fouillant le sol de leur groin.

Jésus est passé sans faire tant d’histoires, en disant aux gardiens du troupeau :

« Que Dieu vous récompense pour votre gentillesse. »

Les gardiens, de pauvres gens à peine moins sales que leurs porcs, mais en revanche infiniment plus maigres, le regardent avec étonnement et discutent. L’un d’eux dit :

« Mais n’est-ce pas un juif ? »

A quoi les autres répondent :

« Mais tu ne vois pas qu’il a des franges à son vêtement ? »

Les Douzes apôtres se réunissent, maintenant qu’ils peuvent avancer en groupe sur un petit chemin suffisamment large.

186.3

Le panorama est superbe. Surélevé de quelques dizaines de mètres à peine au-dessus du lac, il permet pourtant de dominer tout le miroir d’eau avec les villes éparses sur ses rives. En face de l’endroit où se trouvent les apôtres, Tibériade resplendit de toutes ses belles constructions. Juste au-dessous d’eux, au pied du rocher de basalte, la grève étroite ressemble à un petit coussin de verdure, alors que, sur la rive opposée, de Tibériade à l’embouchure du Jourdain, il y a une plaine plutôt large que les eaux du fleuve rendent marécageuse. Après avoir ralenti dans le lac paisible, le fleuve semble s’y attarder avant de reprendre sa course. Cette plaine est remplie de toutes sortes de plantes et de buissons particuliers aux marécages. On y voit toute une population d’oiseaux aquatiques aux couleurs bariolées comme s’ils étaient couverts de joyaux. On pourrait prendre cet endroit pour un jardin. Les oiseaux s’envolent des touffes d’herbe et des roseaux, s’élèvent au-dessus du lac, y plongent pour attraper un poisson, en ressortent encore plus merveilleux grâce à l’eau qui a ravivé les couleurs de leur plumage et reviennent vers la plaine fleurie sur laquelle le vent s’amuse à déplacer les couleurs.

Ici, au contraire, se trouvent des bois de très grands chênes sous lesquels l’herbe est douce et d’un vert émeraude. Au-delà de cette bande boisée, la montagne remonte après un vallon, en formant un mamelon abrupt et rocailleux sur lequel s’incrustent les maisons construites sur des terrasses rocheuses. Je crois que la montagne ne fait qu’un avec les constructions, offrant ses cavernes pour l’habitat, en un mélange de cité troglodytique et de ville ordinaire. C’est bien caractéristique, avec cette montée en terrasses grâce à laquelle le toit des maisons inférieures est au même niveau que l’entrée du rez-de-chaussée des maisons du plateau du dessus. Sur les côtés où la montagne est plus abrupte, abrupte au point d’interdire toute construction, il y a des cavernes, des excavations profondes et des sentiers escarpés qui descendent vers la vallée. Par forte pluie, ces sentiers doivent devenir autant de petits torrents capricieux. Des blocs de toutes sortes, entraînés dans la vallée par les alluvions, forment un piédestal chaotique à cette petite montagne si abrupte et si sauvage, bossue et impertinente comme un hobereau qui veut à tout prix qu’on le respecte.

« N’est-ce pas Gamla ? demande Simon le Zélote.

– Si, c’est Gamla. Tu connais ? dit Jésus.

– J’y suis passé comme fugitif, une nuit, il y a bien longtemps. Plus tard, la lèpre est venue et je ne suis plus sorti des tombeaux.

– On t’a poursuivi jusqu’ici ? demande Pierre.

– Je venais de Syrie où j’étais allé chercher refuge, mais ils m’ont découvert et seule la fuite en ces terres a empêché ma capture. Après, je suis descendu lentement – et toujours menacé – jusqu’au désert de Teqoa et de là, désormais lépreux, à la Vallée des Morts. La lèpre me sauvait de mes ennemis…

– Ces gens-là sont païens, n’est-ce pas ? demande Judas Iscariote.

– Presque tous. Quelques juifs pour le commerce et un mélange de croyants et de gens tout à fait incroyants. Ils ne se sont pourtant pas montrés mauvais envers moi, qui étais un fugitif.

– Un pays de bandits ! Quelles gorges ! S’exclament plusieurs.

– Oui. Mais, vous pouvez en être sûrs, il y a bien plus de bandits de l’autre côté, dit Jean encore sous le coup de la capture de Jean-Baptiste.

– De l’autre côté, il y a des bandits même parmi ceux qu’on qualifie de justes » ajoute son frère.

186.4

Jésus prend la parole :

« Et pourtant nous les approchons sans dégoût. Alors qu’ici vous avez fait des grimaces pour passer près des animaux.

– Ils sont impurs…

– Le pécheur l’est beaucoup plus. Ces bêtes sont faites ainsi et ce n’est pas leur faute. L’homme, au contraire, est responsable d’être impur par suite du péché.

– Alors pourquoi ont-ils été classés comme impurs[1] pour nous ? demande Philippe.

– J’y ai déjà fait allusion. A cette classification, il y a une raison surnaturelle et une raison naturelle. La première, c’est d’enseigner au peuple élu la manière de vivre en ayant présent à l’esprit son élection et la dignité de l’homme, même dans une action banale comme celle de manger. Le sauvage se nourrit de tout. Il lui suffit de s’emplir le ventre. Le païen, même s’il n’est pas sauvage, mange également de tout, sans penser que la suralimentation fomente les vices et les tendances qui avilissent l’homme. Les païens cherchent même à arriver à cette frénésie du plaisir qui pour eux est presque une religion. Les plus cultivés parmi vous sont au courant des fêtes obscènes en l’honneur de leurs dieux, qui dégénèrent en une orgie de luxure. Le fils du peuple de Dieu doit savoir se maîtriser et, par l’obéissance et la prudence, se perfectionner lui-même en pensant à son origine et à sa fin : Dieu et le Ciel. La raison naturelle, d’autre part, enjoint de ne pas exciter le sang par des nourritures qui amènent à des élans passionnels indignes de l’homme. L’amour, même charnel, ne lui est pas interdit, mais il doit toujours le tempérer par la fraîcheur de l’âme qui tend au Ciel. Ce doit donc être l’amour et non la sensualité qui unit l’homme à sa compagne en qui il voit sa semblable et non une femelle. Mais les pauvres bêtes ne sont coupables ni d’être des porcs, ni des effets que la chair de porc peut à la longue produire dans le sang. Moins encore les hommes qui sont préposés à leur garde. S’ils sont honnêtes, quelle différence y aura-t-il dans l’autre vie entre eux et le scribe penché sur ses livres mais qui, malheureusement, n’y apprend pas la bonté ? En vérité je vous dis que nous verrons des gardiens de porcs parmi les justes et des scribes parmi les injustes.

186.5

Mais qu’est-ce que ce fracas ? »

Tout le monde s’écarte du flanc de la montagne parce que des pierres et de la terre roulent et rebondissent sur la pente ; étonnés, ils regardent autour d’eux.

« Là-bas ! Là-bas ! Deux hommes… complètement nus… qui viennent vers nous en gesticulant. Des fous…

– Ou des possédés » répond Jésus à Judas, le premier à avoir vu les deux possédés venir vers Jésus.

Ils doivent être sortis de quelque caverne dans la montagne. Ils crient. Le plus rapide à la course se précipite vers Jésus. On dirait un étrange et gros oiseau déplumé tant il est rapide, brassant l’air de ses bras comme si c’étaient des ailes. Il s’abat aux pieds de Jésus en s’écriant :

« Te voilà ici, Maître du monde ? Qu’ai-je à faire avec toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? l’heure de notre châtiment est-elle déjà arrivée ? Pourquoi es-tu venu nous tourmenter avant l’heure ? »

L’autre possédé, soit que sa langue soit liée, soit que le démon le paralyse, ne fait que se jeter à plat ventre par terre et pleurer ; une fois assis, il reste comme inerte, jouant avec des cailloux et avec ses pieds nus.

Le démon continue de parler par la bouche du premier, qui se tord par terre en un paroxysme de terreur. On dirait qu’il veut réagir et ne peut qu’adorer, attiré et repoussé en même temps par la puissance de Jésus. Il crie :

« Je t’en conjure, au nom de Dieu, cesse de me tourmenter. Laisse-moi partir !

– Oui, mais hors de cet homme. Esprit immonde, sors de ces hommes et dis ton nom.

– Légion est mon nom, car nous sommes nombreux. Nous les possédons depuis des années et par eux nous brisons cordes et chaînes, et il n’est pas de force d’homme qui puisse nous résister. A cause de nous, ils sont une terreur et nous nous servons d’eux pour que les gens te blasphèment. Nous nous vengeons sur eux de ton anathème. Nous abaissons l’homme plus bas que les animaux pour qu’on se moque de toi. Il n’est pas de loup, de chacal ou d’hyène, pas de vautour ni de vampire semblables à ceux que nous tenons. Mais ne nous chasse pas. L’enfer est trop horrible !

– Sortez ! Au nom de Jésus, sortez ! »

Jésus a une voix de tonnerre, et ses yeux dardent des éclairs.

« Au moins, laisse-moi entrer[2] dans ce troupeau de porcs que tu as rencontré.

– Allez. »

Avec un hurlement bestial, les démons quittent les deux malheureux et, à travers un tourbillon de vent qui fait ondoyer les chênes comme des herbes, ils s’abattent sur les porcs très nombreux. Les animaux se mettent à courir comme des possédés à travers les chênes avec des cris vraiment démoniaques. Ils se heurtent, se blessent, se mordent, et finalement se précipitent dans le lac lorsque, arrivés à la cime de la haute falaise, ils n’ont plus pour refuge que l’eau qu’elle domine. Pendant que les gardiens, bouleversés et désolés, hurlent d’épouvante, les bêtes se précipitent par centaines en une succession de bruits sourds dans les eaux tranquilles qu’ils brisent en des tourbillons d’écume. Ils coulent, reviennent à la surface, se retournent, montrant leurs panses rondes ou leurs museaux pointus avec des yeux terrifiés, et finalement se noient.

Les bergers courent en criant vers la ville.

186.6

Les apôtres, arrivés sur le lieu du désastre, reviennent en disant :

« Il n’y en a pas eu un seul de sauvé ! Tu leur as rendu un bien mauvais service ! »

Jésus répond calmement :

« Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu’un seul homme. Donnez leur un vêtement. Ils ne peuvent rester comme ça. »

Simon le Zélote ouvre un sac et donne une de ses tuniques. Thomas donne la seconde. Les deux hommes sont encore un peu étourdis, comme s’ils sortaient d’un lourd sommeil plein de cauchemars.

« Donnez-leur à manger. Qu’ils recommencent à vivre en hommes. »

Pendant qu’ils mangent le pain et les olives qu’on leur a donnés et boivent à la gourde de Pierre, Jésus les observe.

Finalement, ils parlent :

« Qui es-tu ? interroge l’un.

– Jésus de Nazareth.

– Nous ne te connaissons pas, dit l’autre.

– Votre âme m’a connu. Levez-vous maintenant et rentrez chez vous.

– Nous avons beaucoup souffert, je crois, mais je ne me rappelle pas bien. Qui est celui-là ? demande celui que le démon faisait parler en désignant son compagnon.

– Je ne sais pas. Il était avec toi.

– Qui es-tu ? Et pourquoi es-tu ici ? » demande-t-il à son compagnon.

Celui qui était comme muet et qui est encore le plus inerte, répond :

« Je suis Démétrius. C’est Sidon, ici ?

– Sidon est au bord de la mer, homme. Ici, tu es de l’autre côté du lac de Galilée.

– Et pourquoi suis-je ici ? »

Personne ne peut donner de réponse.

186.7

Sur ces entrefaites, des gens arrivent, suivis des gardiens. Ils semblent apeurés et curieux. Quand ensuite ils voient les deux possédés habillés, leur stupeur augmente.

« Lui, c’est Marc de Josias ! Et celui-là, le fils du marchand païen !…

– Cet autre, c’est celui qui les a guéris et qui a fait périr nos porcs, car les démons qui étaient entrés en eux les ont rendus fous, disent les gardiens.

– Seigneur, tu es puissant, nous le reconnaissons. Mais tu nous as déjà fait trop de mal ! Un dommage de plusieurs talents. Va-t’en, nous t’en prions, que ta puissance ne fasse pas écrouler la montagne pour la plonger dans le lac. Va-t’en…

– Je m’en vais. Je ne m’impose à personne. »

Sans discuter, Jésus revient sur ses pas par le chemin qu’ils avaient parcouru. Le possédé qui parlait suit les apôtres. Derrière, à distance, plusieurs habitants de la ville surveillent s’il part réellement.

186.8

Ils reprennent le sentier escarpé et reviennent à l’embouchure du petit torrent, près des barques. Les habitants restent sur la berge à regarder. Le possédé délivré descend derrière Jésus.

Dans les barques, les employés sont épouvantés. Ils ont vu la pluie de porcs qui tombait dans le lac et regardent encore les corps qui surnagent en toujours plus grand nombre, toujours plus gonflés avec leurs panses arrondies à l’air et leurs courtes pattes raidies fixées comme quatre pieux sur une grosse vessie de lard.

« Mais qu’est-ce qui est arrivé ? demandent-ils.

– Nous allons vous le dire. Maintenant, détachez les amarres et partons… Où, Maître ? demande Pierre.

– Dans le golfe de Tarichée. »

L’homme qui les a suivis, maintenant qu’il les voit monter dans les barques, supplie :

« Prends-moi avec toi, Seigneur.

– Non, rentre chez toi. Ta famille a le droit de t’avoir avec elle. Parle-leur des grandes choses que le Seigneur a faites pour toi et rapporte-leur comment il a eu pitié de toi. Cette région a besoin de croire. Allume les flammes de la foi par reconnaissance pour ton Seigneur. Va. Adieu.

– Réconforte-moi au moins par ta bénédiction, afin que le démon ne me reprenne pas.

– Ne crains pas. Si tu ne le veux pas, il ne reviendra pas. Mais je te bénis. Va en paix. »

Les barques s’éloignent de la rive en direction est-ouest. Alors seulement, pendant qu’elles fendent les flots où flottent les cadavres épars des porcs, les habitants de la cité qui n’a pas voulu le Seigneur quittent la berge et s’en vont.

186.1

The vision «The calming of the storm» which you saw on 30th January 1944, is to be put here. Then the following vision.

186.2

Jesus, after crossing the lake from north-west to south-east, asks Peter to land near Hippos. Peter obeys without objection and takes the boat down to the mouth of a little river, which is in flood because of the springtime rains and of the recent storm and flows into the lake through one of the wild rocky gorges common to this coastal area. The assistants – there is one in each boat – fasten the boats and are ordered to wait until evening to go back to Capernaum.

«And be as dumb as an ox» suggests Peter. «If they ask you where the Master is, reply without hesitation: “I don’t know”. And if anyone wants to know where He is going to, give the same reply. In any case it is the truth, for you don’t know.»

They part and Jesus begins to ascend a steep path which climbs the almost upright cliff. The apostles follow Him along a very hard path up to the top of the cliff which levels over to a tableland strewn with oak-trees under which there are many pigs pasturing.

«Stinking animals!» exclaims Bartholomew. «They prevent us from passing…»

«No, they do not. There is room for everybody» replies Jesus calmly.

In any case the swineherds, when they see the Israelites, endeavour to gather the pigs under the oak-trees, leaving the path free. And the apostles pass by, making endless grimaces, among the filth left by the grouting animals, which fat as they are, seem anxious to become even fatter.

Jesus passes without any fuss, saying to the swineherds: «May God reward you for your kindness.»

The swineherds, poor people not much cleaner than their pigs but infinitely thinner, look at Him amazed and then whisper to one another. One of them says: «Is He perhaps not an Israelite?» And the others reply to him: «Don’t you see that His tunic is fringed?»

The group of the apostles gather together, now that they can proceed in one group along a fairly wide path.

186.3

The view is beautiful. Only a few score of feet above the lake, it commands a view over the whole lake with the towns spread along its shores. Tiberias is splendid with its beautiful buildings on the opposite shore facing the apostles. Below this spot, at the foot the basaltic cliff, the short beach looks like a green pillow, whereas on the opposite shore, from Tiberias to the mouth of the Jordan, there is a rather widespread marshy plain due to the river having difficulty in resuming its course after delaying in the placid lake. But the plain looks like a garden, because it is so thick with marsh flora, and is densely populated with colourful variegated water fowl, which seem bedecked with jewels. The birds rise from the thick grass and from the reed-thickets, they fly over the lake, they dive into it to steal a fish from its water, and they rise even more brilliant, because the water has brightened up their plumage, and then they fly back to the plain where the wind plays swaying its many-coloured flowers.

Up here, instead, there are woods of very tall oak trees, under which the grass is soft and emerald-green, and beyond this strip of woods, on the other side of a large valley, the mountain climbs again, forming a very steep rocky summit, on which houses rise built on terraces. I think that the mountain side and the walls of the houses are all one, for its caves are used as dwellings, in a mixture of a troglodyte and ordinary village. It is a village characteristic of structures on large rising terraces, so that the roof of the house on the terrace below is at the height of the ground entrance of the terrace above it. On the sides where the mountain is very steep, so steep that no house can be built there, there are caves, deep crevices and descents dropping down to the valley. In the season of downpours the descents must become like many whimsical little torrents. All kinds of blocks, which the floods have rolled down to the valley, form a chaotic pedestal for the little mountain which is so wild and steep, hunchbacked and overbearing that it looks like a squire who wants to be respected at all costs.

«Is that not Gamala?» asks the Zealot.

«Yes, it is Gamala. Do you know the town?» says Jesus.

«I was a fugitive there, one night, a long time ago. Then I was affected by leprosy and I did not come out of the sepulchres any more.»

«Did they pursue you so far?»

«I was coming from Syria, where I had gone seeking protection. But they discovered me and only my flight to this place saved me from being captured. Afterwards slowly and continuously threatened I went down as far as the desert of Tekoa and from there, suffering already from leprosy, to the Valley of the Dead. Leprosy saved me from my enemies…»

«These people are heathens, are they not?» asks the Iscariot.

«Almost everybody. Only a few Jews are here on business, and then there is a mixture of beliefs, or no beliefs at all. But they did not treat the fugitive badly.»

«These are places for bandits. What gorges!» exclaim many.

«Yes, but believe me, there are more bandits on the other side» says John who is still impressed by the capture of the

Baptist.

«On the other side there are also bandits among those who enjoy the reputation of being just» concludes his brother.

186.4

Jesus begins to speak: «And yet we go near them without feeling disgusted. Whereas here you were making grimaces because you had to pass near some animals.»

«They are unclean…»

«A sinner is much more so. These animals are made like that, and it is not their fault if they are like that. Man instead is responsible for being unclean because of his sins.»

«Why, then, are they classified as unclean[1] for us?» asks Philip.

«I have mentioned that once. In this commandment there is a supernatural reason and a natural one. The former reason is to teach the chosen people to live bearing in mind its election and the dignity of man, also in a common action like eating. A savage feeds on everything. It is enough for him to fill his stomach. A pagan, too, even if he is not a savage, eats everything, without considering that overeating foments vices and inclinations which degrade man. Indeed, pagans endeavour to reach this frenzy for pleasure, which is almost a religion for them. The more learned amongst you are aware of obscene celebrations in honour of their gods, which degenerate into lecherous orgies. A son of the people of God must be able to control himself, perfecting himself through obedience and prudence, bearing in mind his origin and his end: God and Heaven. The natural reason is not to stimulate the blood by means of food that causes a heat unbecoming of man, who is not forbidden also carnal love, but must always moderate it with the freshness of his soul tending to Heaven. Man must therefore make sure that the sentiment that joins him to his wife, in whom he must see a fellow creature like himself, not a female, is love, not sensuality. But the poor animals are neither guilty of being pigs nor of the effects that the flesh of pigs may cause in man’s blood on the long run. And the swineherds are much less guilty. If they are honest, what difference will there be, in the next life, between them and the scribe who is bent over his books but does not learn to be good? I solemnly tell you that we shall see swineherds among the just and scribes among the unjust.

186.5

But what are these ruins?»

They all move away from the side of the mountain because stones and earth are rolling down and bouncing on the slope and they all look around amazed.

«There, there! Over there! Two men completely naked… are coming towards us gesticulating. Mad…»

«Or demoniacs» replies Jesus to the Iscariot, who was the first to see the two demoniacs come towards Jesus.

They must have come out of some cave on the mountain side. They are howling. And one, who is running faster, rushes towards Jesus. He is running so fast and moving his arms up and down so much as if they were wings, that he looks like a strange ugly big bird stripped of its feathers. He collapses at Jesus’ feet shouting: «You are here, Master of the world? What have I got to do with You, Jesus, Son of the Most High God? Has the hour of our punishment already come? Why have You come to torture us before the time?» The other demoniac, both because his tongue is tied and because he is possessed by a demon who causes him to be dullwitted, does nothing but throw himself on the ground, face down, and weep. He then sits up, remains inert, playing with little stones and his bare feet. The demon continues to speak through the lips of the other man who writhes on the ground in a paroxysm of terror. I would say that he wants to react, whereas he can but worship, attracted and rejected at the same time by Jesus’ power. He howls: «I entreat You in the name of God, stop tormenting me. Let me go.»

«Yes. But out of this man. Unclean spirit, go out of them and tell Me your name.»

«Legion is my name because we are many. We have possessed these men for years and through them we break bonds and chains, and there is no strength of man capable of holding them. They are a terror, because of us, and we make use of them to have You cursed. We revenge ourselves on them for Your anathema. We degrade man below a beast to mock at You and there is no wolf, jackal, hyena, vulture or vampire like these whom we possess. But don’t cast us out. Hell is too horrid!…»

«Go out! In the name of Jesus, go out!» Jesus’ voice thunders and His eyes fire splendour.

«At least let us go into the herd of pigs You met.»

«Go.»

With a beastly howl the demons part from the two wretched men and in a sudden whirlwind, which causes the oak-trees to sway like reeds, they run into the large herd of pigs that with real demoniac cries begin to run, as possessed beings, through the oak trees, pushing, wounding, biting one another and hurl themselves into the lake, when, after reaching the edge of the cliff, they have but the water below as a shelter. The swineherds are overwhelmed and dumbfounded and while they shout seized by fear, hundreds of animals fall headlong into the calm water in a succession of splashes, causing the water to surge and foam; they sink, refloat, showing in turn their round bellies or their pointed snouts with terrified eyes, and in the end drown.

186.6

The swineherds run towards the town howling.

The apostles go towards the place of the disaster and come back saying: «Not one of them is saved! He has done them a bad turn.»

Jesus replies calmly: «It is better if two thousand pigs perish than one man. Give them some clothes. They cannot stay like that.»

The Zealot opens his bag and gives one of his tunics. Thomas another one. The two men are still somewhat stunned as if they were just awaking from a sound sleep full of nightmares.

«Give them some food. Let them go back to the normal life of men.»

Jesus watches them while they eat the bread and olives given to them and they drink out of Peter’s flask.

At last they speak: «Who are You?» asks one.

«Jesus of Nazareth.»

«We don’t know You» says the other.

«Your souls know Me. Get up now and go home.»

«We have suffered very much, I think, but I cannot remember very well. Who is this man?» asks the one who spoke on behalf of the demon, and he points at his companion.

«I do not know. He was with you.»

«Who are you? Why are you here?» he asks his companion.

The one who was dumb, and is still more inert, says: «I am Demetrius. Is this Sidon?»

«Sidon is on the sea, man. Here you are beyond the lake of Galilee.»

«Why am I here?»

Nobody can reply.

186.7

Some people are arriving followed by the swineberds. They look frightened and curious. When they see the two men dressed and tidy, their astonishment increases.

«That is Mark of Josiah!… And that is the son of the heathen merchant!…»

«And He is the one who cured them and caused our pigs to perish, because they became mad when the demons entered them» say the swineherds.

«Lord, You are powerful, we admit it. But You have already caused us too much harm! A damage of many talents. Go away, please, lest Your power should bring the mountain down and hurl it into the lake. Go away…»

«I will go. I do not impose Myself on anybody» and Jesus without further discussion goes back the way He came.

The demoniac who spoke follows Him, behind the apostles. Farther back, at some distance, there are many citizens watching whether He is really leaving.

186.8

They go down the steep path back to the mouth of the little rent, near the boats. The citizens remain on the terrace watching. The demoniac who has been cured goes down behind Jesus.

In the boats the assistants are terrified. They saw the pigs raining into the lake and are still contemplating their bodies which surface more and more numerous, more and more swollen, with their round bellies in the air and their stiff short legs like four pegs stuck into a huge fat bladder. «What happened?» they ask.

«We will tell you later. Loosen the boats and let us go… Where, my Lord?»

«To the gulf of Tarichea.»

The man who has followed them, now that he sees them getting into the boats, implores: «Take me with You, Lord.»

«No. Go home: your relatives are entitled to have you. Speak to them of the great things the Lord has done to you and tell them how He had mercy on you. This area is in need of faith. Light the flames of faith out of gratitude to the Lord. Go. Goodbye.»

«Comfort me at least with Your blessing, that the demon may not possess me again.»

«Be not afraid. If you do not want, he will not come. But I bless you. Go in peace.»

The boats depart from the shore westwards. Only then, when the boats are ploughing through the waters strewn with the swine victims, the inhabitants of the town, which did not want the Lord, withdraw from the terrace and go away.


Notes

  1. impurs : les porcs sont qualifiés ainsi en Lv 11, 7 ; Dt 14, 8 (noter, à ce sujet, la prise de bec en 292.1). La classification des animaux purs et impurs et les prescriptions afférentes se trouve en Gn 7, 2-3 ; Lv 11 ; Dt 14, 3-21).
  2. Au moins, laisse-moi entrer… : cette demande singulière sera interprétée avec ingénuité par Pierre en 203.3.

Notes

  1. classified as unclean. Specification of clean or unclean animals in: Genesis 7:2-3; Leviticus 11; Deuteronomy 14:3-21.