186.1
Il faut insérer ici la “ Tempête apaisée ” reçue le 30 janvier 1944, puis la vision suivante :
186.1
Il faut insérer ici la “ Tempête apaisée ” reçue le 30 janvier 1944, puis la vision suivante :
186.2
Jésus, après avoir traversé le lac du nord-ouest au sud-est, recommande à Pierre de débarquer près de Hippos. Pierre obéit sans discuter et descend en barque jusqu’à l’embouchure d’un torrent que les pluies de printemps et un récent orage ont rempli et rendu bruyant, et qui débouche dans le lac par une gorge resserrée et rocheuse comme toute la côte à cet endroit. Les employés attachent les barques – il y en a un par barque – et reçoivent l’ordre d’attendre jusqu’au soir pour le retour à Capharnaüm.
« Et soyez muets comme les poissons si l’on vous interroge, conseille Pierre. Si l’on vous demande où se trouve le Maître, répondez avec assurance : “ Je ne sais pas. ” La même chose si l’on veut savoir quelle direction il a prise. C’est la vérité : vous l’ignorez. »
On se sépare et Jésus entreprend la montée d’un sentier abrupt qui grimpe presque à pic sur le rocher. Les apôtres le suivent par ce chemin difficile jusqu’au sommet du rocher, qui s’adoucit en un plateau planté de chênes sous lesquels paissent de nombreux porcs.
« Ces animaux puants ! S’exclame Barthélemy. Ils nous empêchent de passer…
– Non, ils ne nous empêchent pas de passer. Il y a de la place pour tous » répond calmement Jésus.
D’ailleurs les gardiens, à la vue de juifs, cherchent à rassembler les porcs sous les chênes pour dégager le sentier. Les apôtres passent donc, en faisant mille grimaces, au milieu des ordures laissées par les animaux ; ceux-ci ont beau être bien gras, ils cherchent à grossir encore en fouillant le sol de leur groin.
Jésus est passé sans faire tant d’histoires, en disant aux gardiens du troupeau :
« Que Dieu vous récompense pour votre gentillesse. »
Les gardiens, de pauvres gens à peine moins sales que leurs porcs, mais en revanche infiniment plus maigres, le regardent avec étonnement et discutent. L’un d’eux dit :
« Mais n’est-ce pas un juif ? »
A quoi les autres répondent :
« Mais tu ne vois pas qu’il a des franges à son vêtement ? »
Les Douzes apôtres se réunissent, maintenant qu’ils peuvent avancer en groupe sur un petit chemin suffisamment large.
186.3
Le panorama est superbe. Surélevé de quelques dizaines de mètres à peine au-dessus du lac, il permet pourtant de dominer tout le miroir d’eau avec les villes éparses sur ses rives. En face de l’endroit où se trouvent les apôtres, Tibériade resplendit de toutes ses belles constructions. Juste au-dessous d’eux, au pied du rocher de basalte, la grève étroite ressemble à un petit coussin de verdure, alors que, sur la rive opposée, de Tibériade à l’embouchure du Jourdain, il y a une plaine plutôt large que les eaux du fleuve rendent marécageuse. Après avoir ralenti dans le lac paisible, le fleuve semble s’y attarder avant de reprendre sa course. Cette plaine est remplie de toutes sortes de plantes et de buissons particuliers aux marécages. On y voit toute une population d’oiseaux aquatiques aux couleurs bariolées comme s’ils étaient couverts de joyaux. On pourrait prendre cet endroit pour un jardin. Les oiseaux s’envolent des touffes d’herbe et des roseaux, s’élèvent au-dessus du lac, y plongent pour attraper un poisson, en ressortent encore plus merveilleux grâce à l’eau qui a ravivé les couleurs de leur plumage et reviennent vers la plaine fleurie sur laquelle le vent s’amuse à déplacer les couleurs.
Ici, au contraire, se trouvent des bois de très grands chênes sous lesquels l’herbe est douce et d’un vert émeraude. Au-delà de cette bande boisée, la montagne remonte après un vallon, en formant un mamelon abrupt et rocailleux sur lequel s’incrustent les maisons construites sur des terrasses rocheuses. Je crois que la montagne ne fait qu’un avec les constructions, offrant ses cavernes pour l’habitat, en un mélange de cité troglodytique et de ville ordinaire. C’est bien caractéristique, avec cette montée en terrasses grâce à laquelle le toit des maisons inférieures est au même niveau que l’entrée du rez-de-chaussée des maisons du plateau du dessus. Sur les côtés où la montagne est plus abrupte, abrupte au point d’interdire toute construction, il y a des cavernes, des excavations profondes et des sentiers escarpés qui descendent vers la vallée. Par forte pluie, ces sentiers doivent devenir autant de petits torrents capricieux. Des blocs de toutes sortes, entraînés dans la vallée par les alluvions, forment un piédestal chaotique à cette petite montagne si abrupte et si sauvage, bossue et impertinente comme un hobereau qui veut à tout prix qu’on le respecte.
« N’est-ce pas Gamla ? demande Simon le Zélote.
– Si, c’est Gamla. Tu connais ? dit Jésus.
– J’y suis passé comme fugitif, une nuit, il y a bien longtemps. Plus tard, la lèpre est venue et je ne suis plus sorti des tombeaux.
– On t’a poursuivi jusqu’ici ? demande Pierre.
– Je venais de Syrie où j’étais allé chercher refuge, mais ils m’ont découvert et seule la fuite en ces terres a empêché ma capture. Après, je suis descendu lentement – et toujours menacé – jusqu’au désert de Teqoa et de là, désormais lépreux, à la Vallée des Morts. La lèpre me sauvait de mes ennemis…
– Ces gens-là sont païens, n’est-ce pas ? demande Judas Iscariote.
– Presque tous. Quelques juifs pour le commerce et un mélange de croyants et de gens tout à fait incroyants. Ils ne se sont pourtant pas montrés mauvais envers moi, qui étais un fugitif.
– Un pays de bandits ! Quelles gorges ! S’exclament plusieurs.
– Oui. Mais, vous pouvez en être sûrs, il y a bien plus de bandits de l’autre côté, dit Jean encore sous le coup de la capture de Jean-Baptiste.
– De l’autre côté, il y a des bandits même parmi ceux qu’on qualifie de justes » ajoute son frère.
186.4
Jésus prend la parole :
« Et pourtant nous les approchons sans dégoût. Alors qu’ici vous avez fait des grimaces pour passer près des animaux.
– Ils sont impurs…
– Le pécheur l’est beaucoup plus. Ces bêtes sont faites ainsi et ce n’est pas leur faute. L’homme, au contraire, est responsable d’être impur par suite du péché.
– Alors pourquoi ont-ils été classés comme impurs[1] pour nous ? demande Philippe.
– J’y ai déjà fait allusion. A cette classification, il y a une raison surnaturelle et une raison naturelle. La première, c’est d’enseigner au peuple élu la manière de vivre en ayant présent à l’esprit son élection et la dignité de l’homme, même dans une action banale comme celle de manger. Le sauvage se nourrit de tout. Il lui suffit de s’emplir le ventre. Le païen, même s’il n’est pas sauvage, mange également de tout, sans penser que la suralimentation fomente les vices et les tendances qui avilissent l’homme. Les païens cherchent même à arriver à cette frénésie du plaisir qui pour eux est presque une religion. Les plus cultivés parmi vous sont au courant des fêtes obscènes en l’honneur de leurs dieux, qui dégénèrent en une orgie de luxure. Le fils du peuple de Dieu doit savoir se maîtriser et, par l’obéissance et la prudence, se perfectionner lui-même en pensant à son origine et à sa fin : Dieu et le Ciel. La raison naturelle, d’autre part, enjoint de ne pas exciter le sang par des nourritures qui amènent à des élans passionnels indignes de l’homme. L’amour, même charnel, ne lui est pas interdit, mais il doit toujours le tempérer par la fraîcheur de l’âme qui tend au Ciel. Ce doit donc être l’amour et non la sensualité qui unit l’homme à sa compagne en qui il voit sa semblable et non une femelle. Mais les pauvres bêtes ne sont coupables ni d’être des porcs, ni des effets que la chair de porc peut à la longue produire dans le sang. Moins encore les hommes qui sont préposés à leur garde. S’ils sont honnêtes, quelle différence y aura-t-il dans l’autre vie entre eux et le scribe penché sur ses livres mais qui, malheureusement, n’y apprend pas la bonté ? En vérité je vous dis que nous verrons des gardiens de porcs parmi les justes et des scribes parmi les injustes.
186.5
Mais qu’est-ce que ce fracas ? »
Tout le monde s’écarte du flanc de la montagne parce que des pierres et de la terre roulent et rebondissent sur la pente ; étonnés, ils regardent autour d’eux.
« Là-bas ! Là-bas ! Deux hommes… complètement nus… qui viennent vers nous en gesticulant. Des fous…
– Ou des possédés » répond Jésus à Judas, le premier à avoir vu les deux possédés venir vers Jésus.
Ils doivent être sortis de quelque caverne dans la montagne. Ils crient. Le plus rapide à la course se précipite vers Jésus. On dirait un étrange et gros oiseau déplumé tant il est rapide, brassant l’air de ses bras comme si c’étaient des ailes. Il s’abat aux pieds de Jésus en s’écriant :
« Te voilà ici, Maître du monde ? Qu’ai-je à faire avec toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? l’heure de notre châtiment est-elle déjà arrivée ? Pourquoi es-tu venu nous tourmenter avant l’heure ? »
L’autre possédé, soit que sa langue soit liée, soit que le démon le paralyse, ne fait que se jeter à plat ventre par terre et pleurer ; une fois assis, il reste comme inerte, jouant avec des cailloux et avec ses pieds nus.
Le démon continue de parler par la bouche du premier, qui se tord par terre en un paroxysme de terreur. On dirait qu’il veut réagir et ne peut qu’adorer, attiré et repoussé en même temps par la puissance de Jésus. Il crie :
« Je t’en conjure, au nom de Dieu, cesse de me tourmenter. Laisse-moi partir !
– Oui, mais hors de cet homme. Esprit immonde, sors de ces hommes et dis ton nom.
– Légion est mon nom, car nous sommes nombreux. Nous les possédons depuis des années et par eux nous brisons cordes et chaînes, et il n’est pas de force d’homme qui puisse nous résister. A cause de nous, ils sont une terreur et nous nous servons d’eux pour que les gens te blasphèment. Nous nous vengeons sur eux de ton anathème. Nous abaissons l’homme plus bas que les animaux pour qu’on se moque de toi. Il n’est pas de loup, de chacal ou d’hyène, pas de vautour ni de vampire semblables à ceux que nous tenons. Mais ne nous chasse pas. L’enfer est trop horrible !
– Sortez ! Au nom de Jésus, sortez ! »
Jésus a une voix de tonnerre, et ses yeux dardent des éclairs.
« Au moins, laisse-moi entrer[2] dans ce troupeau de porcs que tu as rencontré.
– Allez. »
Avec un hurlement bestial, les démons quittent les deux malheureux et, à travers un tourbillon de vent qui fait ondoyer les chênes comme des herbes, ils s’abattent sur les porcs très nombreux. Les animaux se mettent à courir comme des possédés à travers les chênes avec des cris vraiment démoniaques. Ils se heurtent, se blessent, se mordent, et finalement se précipitent dans le lac lorsque, arrivés à la cime de la haute falaise, ils n’ont plus pour refuge que l’eau qu’elle domine. Pendant que les gardiens, bouleversés et désolés, hurlent d’épouvante, les bêtes se précipitent par centaines en une succession de bruits sourds dans les eaux tranquilles qu’ils brisent en des tourbillons d’écume. Ils coulent, reviennent à la surface, se retournent, montrant leurs panses rondes ou leurs museaux pointus avec des yeux terrifiés, et finalement se noient.
Les bergers courent en criant vers la ville.
186.6
Les apôtres, arrivés sur le lieu du désastre, reviennent en disant :
« Il n’y en a pas eu un seul de sauvé ! Tu leur as rendu un bien mauvais service ! »
Jésus répond calmement :
« Mieux vaut que périssent deux milliers de porcs qu’un seul homme. Donnez leur un vêtement. Ils ne peuvent rester comme ça. »
Simon le Zélote ouvre un sac et donne une de ses tuniques. Thomas donne la seconde. Les deux hommes sont encore un peu étourdis, comme s’ils sortaient d’un lourd sommeil plein de cauchemars.
« Donnez-leur à manger. Qu’ils recommencent à vivre en hommes. »
Pendant qu’ils mangent le pain et les olives qu’on leur a donnés et boivent à la gourde de Pierre, Jésus les observe.
Finalement, ils parlent :
« Qui es-tu ? interroge l’un.
– Jésus de Nazareth.
– Nous ne te connaissons pas, dit l’autre.
– Votre âme m’a connu. Levez-vous maintenant et rentrez chez vous.
– Nous avons beaucoup souffert, je crois, mais je ne me rappelle pas bien. Qui est celui-là ? demande celui que le démon faisait parler en désignant son compagnon.
– Je ne sais pas. Il était avec toi.
– Qui es-tu ? Et pourquoi es-tu ici ? » demande-t-il à son compagnon.
Celui qui était comme muet et qui est encore le plus inerte, répond :
« Je suis Démétrius. C’est Sidon, ici ?
– Sidon est au bord de la mer, homme. Ici, tu es de l’autre côté du lac de Galilée.
– Et pourquoi suis-je ici ? »
Personne ne peut donner de réponse.
186.7
Sur ces entrefaites, des gens arrivent, suivis des gardiens. Ils semblent apeurés et curieux. Quand ensuite ils voient les deux possédés habillés, leur stupeur augmente.
« Lui, c’est Marc de Josias ! Et celui-là, le fils du marchand païen !…
– Cet autre, c’est celui qui les a guéris et qui a fait périr nos porcs, car les démons qui étaient entrés en eux les ont rendus fous, disent les gardiens.
– Seigneur, tu es puissant, nous le reconnaissons. Mais tu nous as déjà fait trop de mal ! Un dommage de plusieurs talents. Va-t’en, nous t’en prions, que ta puissance ne fasse pas écrouler la montagne pour la plonger dans le lac. Va-t’en…
– Je m’en vais. Je ne m’impose à personne. »
Sans discuter, Jésus revient sur ses pas par le chemin qu’ils avaient parcouru. Le possédé qui parlait suit les apôtres. Derrière, à distance, plusieurs habitants de la ville surveillent s’il part réellement.
186.8
Ils reprennent le sentier escarpé et reviennent à l’embouchure du petit torrent, près des barques. Les habitants restent sur la berge à regarder. Le possédé délivré descend derrière Jésus.
Dans les barques, les employés sont épouvantés. Ils ont vu la pluie de porcs qui tombait dans le lac et regardent encore les corps qui surnagent en toujours plus grand nombre, toujours plus gonflés avec leurs panses arrondies à l’air et leurs courtes pattes raidies fixées comme quatre pieux sur une grosse vessie de lard.
« Mais qu’est-ce qui est arrivé ? demandent-ils.
– Nous allons vous le dire. Maintenant, détachez les amarres et partons… Où, Maître ? demande Pierre.
– Dans le golfe de Tarichée. »
L’homme qui les a suivis, maintenant qu’il les voit monter dans les barques, supplie :
« Prends-moi avec toi, Seigneur.
– Non, rentre chez toi. Ta famille a le droit de t’avoir avec elle. Parle-leur des grandes choses que le Seigneur a faites pour toi et rapporte-leur comment il a eu pitié de toi. Cette région a besoin de croire. Allume les flammes de la foi par reconnaissance pour ton Seigneur. Va. Adieu.
– Réconforte-moi au moins par ta bénédiction, afin que le démon ne me reprenne pas.
– Ne crains pas. Si tu ne le veux pas, il ne reviendra pas. Mais je te bénis. Va en paix. »
Les barques s’éloignent de la rive en direction est-ouest. Alors seulement, pendant qu’elles fendent les flots où flottent les cadavres épars des porcs, les habitants de la cité qui n’a pas voulu le Seigneur quittent la berge et s’en vont.
186.1
Aqui vai colocada a visão da tempestade acalmada, tida a 30 de janeiro de 1944. Depois a seguinte visão.
186.2
Jesus, tendo atravessado o lago de noroeste para sudeste, recomenda a Pedro que faça o desembarque perto de Hipos. Pedro obedece sem discutir, descendo com a barca até a foz de um riozinho, que a primavera e o último temporal fizeram que ficasse cheio e barulhento, e que desemboca no lago, passando por uma garganta áspera e rochosa, como é a costa toda nesta região. Os empregados cuidam da segurança das barcas — há um deles em cada barca — e recebem a ordem de ficarem esperando até a tarde, para voltarem a Cafarnaum.
– E ficai como peixes com quem vos interroga –aconselha Pedro–. A quem vos perguntar onde está o Mestre, respondei firmes: “Eu não sei.” E a quem quiser saber para onde Ele foi, dizei o mesmo. Tudo é verdade. Vós não sabeis.
Separam-se, e Jesus começa a subida por um íngreme caminho, que cada vez mais se eleva, por entre os rochedos, até ficar quase a pino. Os apóstolos o acompanham por aquele caminho difícil, até chegarem ao alto da escarpa, que se estende por um planalto coberto de carvalhos, debaixo dos quais muitos porcos estão pastando.
– Que animais fedorentos! –exclama Bartolomeu–. Eles nos impedem a passagem…
– Não. Não nos impedem. Há lugar para todos –responde calmamente Jesus.
Afinal, os guardas dos porcos, vendo os israelitas, procuram juntar os animais debaixo dos carvalhos, deixando livre o caminho. E os apóstolos passam, fazendo mil caretas, por entre as sujeiras deixadas pelos porcos, que estão continuamente fuçando, já bem gordos e procurando engordar ainda mais.
Jesus passou, sem conversar com ninguém, mas apenas dizendo aos pastores da manada:
– Deus vos pague por vossa gentileza.
Os guardas, pobre gente pouco menos suja do que os seus porcos, mas, em compensação, muito mais magra do que eles, estão olhando, espantados, o que está acontecendo e depois cochicham entre eles. Um deles diz:
– Não é israelita?
E a isto os outros respondem:
– Não estás vendo as vestes com franjas?
O grupo dos apóstolos se reúne, agora que todos já podem andar em grupo, indo por uma vereda bem mais larga.
186.3
O panorama é muito bonito. Elevado umas poucas dezenas de metros acima do lago, permite que se veja todo o espelho d’água, com as cidades espalhadas pelas margens. Tiberíades se distingue por suas belas construções, bem em frente do lugar em que se acham os apóstolos. Abaixo daqui, aos pés da escarpa basáltica, a pequenina praia mais parece uma pequena almofada de verdura, enquanto que, na margem oposta, de Tiberíades até a desembocadura do Jordão, há uma planície bastante ampla e pantanosa, por causa das águas do rio, — que parece a custo retomar a correnteza, depois de ter parado no lago, — mas, de tal modo cheia de todas as ervas e moitas nos lugares mais pantanosos, e de tal modo povoada por pássaros aquáticos das mais variadas cores, como se estivessem recobertos de jóias, que, ao olhar para aquele lugar, mais parece um jardim. Os pássaros levantam vôo do meio das ervas e dos caniços, e vão por sobre o lago, mergulham aqui e ali para arrancarem das águas algum peixe, levantam-se em seguida mais brilhantes, porque a água limpou e reavivou as cores de suas penas, e voltam para a planície florida, sobre a qual o vento está brincando de fazer aparecer as cores dela. Por aqui já há bosques de carvalhos muito altos, debaixo dos quais a erva é macia e cor de esmeralda e, para lá desta faixa de bosques, o monte torna a subir do outro lado de um grande vale, fazendo um íngreme cocuruto rochoso, sobre o qual estão incrustadas as casas, construídas sobre os degraus de pedra. Creio que o monte forme um todo com seus muros, servindo suas cavernas como moradias, uma mistura de cidade de trogloditas e de cidade comum.
É característica, com esta subida para os patamares, para os quais o telhado das casas do patamar inferior fica à altura da entrada térrea das casas do patamar superior. Dos lados, por onde o monte é mais íngreme, tão íngreme que nele nenhuma construção pode ser feita, há cavernas, fendas profundas e descidas que se inclinam para o vale. Em tempos de aguaceiros, aquelas descidas devem tornar-se outras tantas pequenas e lindas torrentes. Pedras de todos os tamanhos, roladas para o vale pelos aluviões, formam um caótico pedestal para o pequeno monte, tão áspero e selvagem, corcovado e petulante, como um senhor que quer ser respeitado a todo custo.
– Aquela não será Gamala? –pergunta Zelotes.
– Sim, é Gamala. Tu a conheces? –diz Jesus.
– Eu estive lá, quando eu estava fugitivo em certa noite, já faz muito tempo. Depois veio a lepra, e eu não saí mais dos sepulcros.
– Até aqui foste perseguido? –pergunta Pedro.
– Eu estava vindo da Síria, para onde tinha ido em busca de proteção. Mas me descobriram e somente a fuga para estas terras me podia livrar de ser capturado. Depois, fui descendo devagar, mas sempre ameaçado, cheguei ao deserto de Tecué, e de lá — já leproso — fui para o vale dos mortos. Assim a lepra me livrou dos inimigos…
– Eles eram pagãos, não é? –pergunta Iscariotes.
– Quase todos. Poucos hebreus para os negócios, e depois uma mistura de crenças, ou de incredulidades, para dizer tudo. Mas eles não foram maus para com o fugitivo.
– Lugares de bandidos! Que gargantas! –exclamam muitos.
– Sim. Mas, podeis acreditar que mais bandidos há do outro lado
–diz João, ainda impressionado com a prisão do Batista.
– Do outro lado há bandidos, mesmo entre aqueles que querem levar nome de justos –termina o seu irmão.
186.4
Jesus toma a palavra:
– No entanto, vamos nos aproximando deles, sem sentirmos arrepios. Ao passo que vós virastes para o outro lado os vossos rostos, porque tínheis que passar pelo meio daqueles animais.
– Mas eles são imundos…
– O pecador o é muito mais. Os animais são feitos assim e não são culpados de o serem. Mas o homem sim é responsável por tornar-se imundo com o pecado.
– Mas, então, por que é que por nós foram classificados como animais imundos[1]? –pergunta Filipe.
– Já uma vez fiz menção disso. Nessa ordem há uma razão sobrenatural, e outra natural. A primeira é para ensinar ao povo eleito a saber viver, tendo sempre presente a lembrança de sua eleição e a dignidade do homem, até mesmo em uma ação comum, como o comer. O homem selvagem come de tudo. Basta encher a barriga. O homem pagão, mesmo que não seja um selvagem, também come de tudo, sem pensar que a alimentação exagerada e refinada fomenta vícios e tendências que aviltam o homem. Os pagãos chegam até a se deixarem levar a este frenesi de prazer que, para eles, é quase uma religião.
Os mais cultos entre vós sabem das festas obscenas em honra dos deuses deles e que degeneram em uma orgia de libidinagem. O filho do povo de Deus deve saber conter-se e, na obediência e na prudência, aperfeiçoar-se a si mesmo, tendo sempre presente a sua origem e o seu fim: Deus e o Céu.
A razão natural nos diz que não devemos excitar o sangue com alimentos que conduzem a calores indignos do homem, ao qual não se nega que possa ter um amor, até carnal, mas ele deve temperá-lo sempre com o frescor da alma, que tende para o Céu, e fazer, por isso, um amor, e não uma sensualidade, daquele sentimento que une o homem à companheira, na qual ele deve ver a sua semelhante, e não uma fêmea. Mas os pobres animais não são culpados de serem porcos, nem dos efeitos que a carne dos porcos pode, a longo prazo, produzir no sangue. Menos culpados ainda, são os homens que tomam conta dos porcos. Se forem honestos, que diferença haverá, na outra vida, entre estes e o escriba que vive inclinado sobre os livros, mas que, infelizmente, não aprende, por meio deles, a ser bom? Em verdade, Eu vos digo, que veremos guardadores de por cos entre os justos, e escribas entre os injustos.
186.5
Mas que desmoronamento é este?
Todos se afastam daquele lado do monte, porque pedras e terriço vêm rolando ou dando saltos pelo declive e, assombrados, olham em torno de si.
– Eis, Eis! Eis lá! Dois… completamente nus… eles vêm vindo para nós, e gesticulam. São doidos…
– Ou endemoninhados –responde Jesus a Iscariotes, que viu primeiro os dois possessos que vinham vindo para Jesus.
Eles devem ter saído de alguma das cavernas do monte. Estão urrando. Um deles, mais rápido na corrida, se precipita sobre Jesus. Parece um passarão estranho, despojado de penas, de tão ágil que é, e faz com os braços movimentos de vôo, como se seus braços fossem asas. E vem cair aos pés de Jesus, gritando:
– Quem és Tu, ó Dono do Mundo? Que tenho que fazer contigo, Jesus, Filho do Deus Altíssimo? Terá já chegado a hora do nosso castigo? Por que vieste atormentar-nos antes do tempo?
O outro endemoninhado, ou porque estivesse privado da fala, ou porque possuído por um demônio que o faz ficar lerdo, não faz nada mais do que jogar-se de bruços e ficar chorando baixinho e depois, tendo ido sentar-se, fica como se fosse inerte, entretendo-se com as pedras e com seus pés desnudos. O demônio continua a falar pela boca do primeiro, que se contorce no chão, em um paroxismo de terror. Dir-se-ia que ele quer reagir, mas não pode fazer outra coisa senão adorar, atraído e, em seguida, repelido pelo poder de Jesus. Ele urra:
– Eu Te conjuro em nome de Deus, para de me atormentar. Deixa-me ir embora!
– Sim. Mas para fora deste homem. Espírito imundo, sai deles, e dize-me o teu nome.
– Legião é o meu nome, porque somos muitos. Dominamos estes, há muitos anos e, por meio deles, arrebentamos laços e correntes, e não há força humana que possa com os dois. Eles são um terror por causa de nós, que deles nos servimos para blasfemar contra Ti. Neles nós nos vingamos do teu anátema. Rebaixamos o homem abaixo das feras, para zombarmos de Ti, e não existe lobo, nem chacal ou hiena, nem abutre ou vampiro semelhante a estes, que são dominados por nós. Mas, não nos expulses. O inferno é horrível demais!…
– Saí! Em nome de Jesus, saí!
Jesus tem uma voz de trovão e seus olhos dardejam esplendores.
– Deixa-nos pelo menos entrar[2] naquela manada de porcos, que encontraste lá atrás.
– Ide.
Com um urro infernal os demônios se separam dos dois infelizes e, por entre um repentino turbilhão de vento, que faz os carvalhos balançarem como se fossem frágeis hastes, caem sobre aquele grande número de porcos que, com estridores verdadeiramente demoníacos, põem-se a correr, endemoninhados que estão, chocando-se uns com os outros, ferindo-se, mordendo-se e, enfim, precipitando-se no lago quando, tendo chegado ao cume do alto rochedo, não encontram mais nenhum outro lugar para nele se refugiarem, a não ser na água, que está lá em baixo. Enquanto isso, os guardas dos porcos, profundamente perturbados e desolados urram de espanto, e os animais, em número de várias centenas vão, em precipitações sucessivas, caindo nas águas tranquilas, agitando-as e transformando-as em uma fervura de espumas, e vão-se submergindo aqui e flutuando, pondo à mostra suas barrigas redondas e seus focinhos pontudos, com uns olhos cheios de terror e, por fim, se afogam.
Os pastores, urrando ainda, correm para a cidade.
186.6
Os apóstolos, depois de terem ido ao lugar da calamidade, voltam dizendo:
– Não se salvou nenhum. Prestaste a eles um feio serviço!
Jesus, com calma, responde:
– É melhor que morram dois mil porcos do que um só homem. Arranjai umas vestes a estes. Não podem ficar assim.
O Zelotes abre um saco e dá uma de suas vestes. Tomé dá a outra. Os dois estão ainda um pouco aturdidos, como se tivessem acabado de sair de um sono pesado, cheio de pesadelos.
– Dai-lhes alimento. Que voltem a viver como homens.
E, enquanto os dois comem pão com azeitonas que lhes é dado e bebem do frasco de Pedro, Jesus os observa.
Finalmente, falam:
– Quem és Tu? –diz um deles.
– Jesus de Nazaré.
– Não te conhecemos, diz o outro.
– Mas a vossa alma me conheceu. Levantai-vos agora e ide para as vossas casas.
– Temos sofrido muito, penso eu, mas não me lembro bem. Quem é este? –diz o que falava por meio do demônio, e mostra seu companheiro.
– Eu não sei. Ele estava contigo
– Quem és? E por que estás aqui –pergunta ao companheiro.
O que tinha estado como mudo e que ainda é o mais lerdo, diz:
– Eu sou Demétrio. Aqui é Sidon?
– Sidon está à beira do mar, homem. Aqui estás do outro lado do lago da Galileia.
– E por que estou aqui?
Ninguém pode dar uma resposta.
186.7
Vêm chegando umas pessoas, acompanhadas pelos pastores. Parecem cheias de medo e curiosas. Mas, ao verem os dois já vestidos e bem dispostos, seu assombro aumenta.
– Aquele é Marcos de Josias. E aquele é filho do mercador pagão!…
– E aquele é o que os curou e fez perecer os nossos porcos porque os demônios entraram neles –dizem os guardas dos animais.
– Senhor, Tu és poderoso, nós o reconhecemos. Mas já nos fizeste mal demais. Foi um prejuízo de muitos talentos. Vai-te embora, nós te pedimos, e que o teu poder não vá fazer que se rache o monte, e que ele se afunde no lago. Vai-te embora…
– Eu vou. Eu não me imponho a ninguém –e Jesus volta pelo caminho já feito, sem discutir.
Acompanham-no, indo atrás dos apóstolos, o endemoninhado que falava. Atrás, a certa distância, muitos cidadãos, para verem se parte realmente.
186.8
Vão andando de novo pelo caminho íngreme e voltam à foz do riozinho, perto das barcas. Os habitantes da cidade ficam na beira, olhando. O que ficou livre vai descendo, atrás de Jesus.
Nas barcas os empregados estão aterrorizados. Eles viram a chuva dos porcos caindo no lago, e ainda estão vendo os corpos que vão boiando, sempre em maior número, cada vez mais inchados, com suas barrigas redondas viradas para cima e suas patas curtas, ressecadas como quatro estacas fincadas em uma grande bexiga cheia de gordura.
– Mas, que foi que aconteceu? –perguntam eles.
– Depois, vo-lo diremos. Agora, soltai as barcas, e vamos… Para onde, Senhor? –pergunta Pedro.
– Para o golfo de Tariqueia.
O homem, que os acompanhou, agora que os está vendo subir para as barcas, suplica:
– Leva-me contigo, Senhor.
– Não. Vai para tua casa; os teus têm o direito de te verem. E conta a eles as grandes coisa que te fez o Senhor e como Ele teve dó de ti. Essa gente do território precisa ter fé. Acende as chamas da fé, em reconhecimento para com o Senhor. Vai. Adeus.
– Conforta-me pelo menos com a tua bênção, e que o demônio não se apodere de mim outra vez.
– Não tenhas medo. Se não queres, ele não virá. Mas Eu te abençôo. Vai em paz.
As barcas se afastam da beira, indo em direção do leste para oeste. Somente agora, enquanto vão fendendo as ondas cobertas pelas vítimas suínas, é que os habitantes da cidade que não quiseram o Senhor se retiram da beira, e vão-se embora.
Aqui no verso está a figura do lugar[3].