The Writings of Maria Valtorta

187. De Tarichée à Jérusalem pour la Pâque.

187. From Tarichea towards Jerusalem

187.1

Jésus congédie les barques en disant :

« Je ne reviendrai pas. »

Puis, suivi des apôtres à travers la région qui, de la rive opposée déjà, paraissait fertile, il se dirige vers une montagne qui se dresse en direction du sud sud-ouest.

La traversée de cette région belle, mais sauvage, n’enthousiasme guère les apôtres : le chemin est couvert de joncs qui s’accrochent aux pieds ; de roseaux qui font pleuvoir sur la tête une pluie de rosée retenue par les couperets des feuilles ; de broussins qui frappent le visage de la masse dure de leurs fruits séchés ; de saules pleureurs effilochés dont les branches retombent de tous côtés en vous chatouillant ; de plaques d’herbes traîtresses qui semblent pousser sur un terrain solide et qui au contraire cachent des flaques d’eau où le pied s’enfonce, car ce ne sont que des enchevêtrements de queues-de-renard et de vesces qui ont poussé sur des flaques d’eau et sont si serrées qu’elles cachent l’élément qui leur a donné naissance. Les apôtres marchent en silence, ne se parlant que du regard.

J’indique ici la configuration du lieu[1].

Jésus, de son côté, paraît merveilleusement heureux au milieu de cette verdure aux mille couleurs, de toutes ces fleurs qui rampent, qui se tiennent droites, qui s’agrippent pour monter, qui tendent de jolis festons parsemés de légers liserons d’un rose mauve très léger, qui forment un délicat tapis bleu sous l’effet des milliers de corolles des myosotis des marais qui ouvrent la coupe parfaite de leur corolle blanche, rosée ou bleue au milieu des larges feuilles plates des nénuphars. Jésus admire les panaches des roseaux de marais, soyeux et emperlés de rosée, et il se penche avec ravissement pour observer la délicatesse des queues-de-renard qui couvrent l’eau d’un voile émeraude. Jésus tombe en extase devant les nids que les oiseaux construisent en de joyeuses allées et venues agrémentées de trilles, voletant, s’empressant allègrement, le bec rempli de brins de paille, de duvet pris aux roseaux, de flocons de laine arrachés aux haies qui les avaient elles-mêmes arrachés aux troupeaux en migration… Il semble le plus heureux sur terre. Où est le monde, avec ses méchancetés, sa fausseté, ses douleurs, ses embûches ? Le monde est au-delà de cette oasis de verdure fraîche et fleurie, où tout sent bon, resplendit, rit, chante. C’est ici la terre créée par le Père et que l’homme n’a pas profanée, et l’on peut y oublier l’homme.

187.2

Il veut faire partager son bonheur aux autres, mais il ne trouve pas d’accueil favorable. Les cœurs sont fatigués et exaspérés par tant d’irritation. Ils la reportent sur les choses et même sur le Maître en un mutisme qui ressemble à l’immobilité de l’air avant un orage. Seuls son cousin Jacques, Simon le Zélote et Jean s’intéressent à ce qui intéresse Jésus. Les autres sont tout simplement… absents, pour ne pas dire hostiles. Ils gardent le silence entre eux, peut-être pour ne pas bougonner, mais intérieurement ils doivent s’échauffer, et même bouillir.

C’est justement une plus vive exclamation admirative devant le joyau vivant d’un pigeon qui vient en volant apporter à sa compagne un petit poisson argenté, qui les fait parler.

Jésus dit :

« Mais peut-il y avoir rien de plus délicat ? »

Pierre répond :

« De plus délicat, peut-être pas… mais, je t’assure que la barque, c’est plus pratique. Ici, il y a aussi de l’eau, mais c’est une vraie pataugeoire…

– Moi, je préférerais le chemin des caravanes à ce… jardin, s’il te plaît de l’appeler ainsi, et je suis tout à fait d’accord avec Simon, approuve Judas.

– Le chemin des caravanes, c’est vous qui ne l’avez pas voulu, répond Jésus.

– Eh, bien sûr… Mais moi, je n’aurais pas cédé aux Géraséniens. J’aurais quitté cet endroit, mais j’aurais continué ma route au-delà du fleuve en continuant par Gadara, Pella et toujours en descendant » grommelle Barthélemy.

Son grand ami Philippe termine :

« Les routes appartiennent à tout le monde, enfin, et nous pouvions y passer, nous aussi.

– Mes amis, mes amis ! Je suis tellement affligé, j’ai une telle nausée… N’augmentez pas ma peine par vos mesquineries ! Laissez-moi chercher un peu de réconfort auprès de ce qui ne connaît pas la haine… »

Ce reproche, par sa douce tristesse, touche les apôtres.

« Tu as raison, Maître. Nous sommes indignes de toi. Pardonne notre sottise. Tu es capable de voir ce qui est beau parce que tu es saint et que tu regardes avec les yeux du cœur. Nous qui sommes de pauvres êtres de chair, nous n’écoutons que cette chair… Mais ne t’en soucie pas. Tu peux être sûr que, même si nous étions dans un paradis, sans toi ce serait triste. Mais avec toi… ah ! C’est toujours beau pour le cœur. Ce sont les membres qui s’y refusent, murmurent-ils à plusieurs.

187.3

– Nous allons bientôt sortir d’ici et nous allons trouver un terrain plus praticable, même s’il est moins frais, promet Jésus.

– Où allons-nous précisément ? demande Pierre.

– Apporter la Pâque aux gens qui souffrent. Je voulais le faire depuis un certain temps. Je ne l’ai pas pu. Je l’aurais fait à notre retour en Galilée. Maintenant qu’on nous force à suivre des routes que nous n’aurions pas choisies, je vais bénir les pauvres amis de Jonas.

– Mais nous allons perdre du temps ! La Pâque est proche ! Il y a toujours des retards pour diverses raisons. »

Un autre chœur de lamentations s’élève vers le ciel. Je ne sais comment Jésus peut avoir tant de patience… Il dit, sans faire de reproches à personne :

« Je vous en prie, ne me créez pas d’obstacles ! Comprenez mon besoin d’aimer et d’être aimé. Je n’ai que ce réconfort sur la terre : aimer et faire la volonté de Dieu.

– Et nous y allons d’ici ? N’était-ce pas plus beau d’y aller par Nazareth ?

– Si je vous l’avais proposé, vous vous seriez rebellés. Personne ne me croira dans ces parages… et je le fais pour vous… qui avez peur.

– Peur ? Ah non ! Nous sommes prêts à combattre pour toi !

– Priez le Seigneur de ne pas vous mettre à l’épreuve. Je vous sais bagarreurs, rancuniers, avec la manie de vous en prendre à ceux qui m’attaquent, de mortifier le prochain. Tout cela, je le sais. Mais j’ignore si vous êtes courageux. Pour moi, je serais passé, même seul, par la route ordinaire, et rien ne me serait arrivé, car ce n’est pas mon heure. Mais j’ai pitié de vous, j’obéis à ma Mère et enfin – oui, même cela – je ne veux pas blesser le pharisien Simon. Je ne blesserai pas les pharisiens. Mais eux me blesseront.

– Et, d’ici, par où passe-t-on ? Je ne connais pas cette région, dit Thomas.

– Nous rejoignons le mont Thabor, nous le longeons en partie et, en passant près d’En-Dor, nous allons à Naïm. De là, dans la plaine d’Esdrelon. Ne craignez rien !… Doras, fils de Doras et Yokhanan sont déjà à Jérusalem.

187.4

– Oh, ce sera beau ! On dit que du sommet, à un certain endroit, on voit la grande mer, celle de Rome. Cela me fait tellement plaisir ! Tu nous emmènes la voir ? »

Jean prie Jésus, son beau visage d’enfant tourné vers lui.

« Pourquoi est-ce que cela te fait tellement plaisir de la voir ? lui demande Jésus avec une caresse.

– Je ne sais pas… parce qu’elle est grande et qu’on n’en voit pas la fin… Elle me fait penser à Dieu… Quand nous sommes allés sur le mont Liban, j’ai vu la mer pour la première fois parce que je n’avais jamais été ailleurs que le long du Jourdain ou sur notre petite mer… et j’en ai pleuré d’émotion. Tant de bleu azur ! Tellement d’eau ! Et qui ne déborde jamais !… Quelle chose merveilleuse ! Et les astres qui sur la mer dessinent des routes lumineuses… Ah, ne riez pas de moi ! Je regardais la voie dorée du soleil jusqu’à en être ébloui, la voie argentée de la lune jusqu’à n’avoir plus dans les yeux que son éclatante blancheur, et je les voyais se perdre dans le lointain. Ces voies me parlaient. Elles me disaient : “ Dieu est dans ce lointain infini et ce sont les voies de feu et de pureté qu’une âme doit suivre pour aller à Dieu. Viens. Plonge-toi dans l’infini, en ramant sur ces deux voies, et tu trouveras l’Infini. ”

– Tu es poète, Jean, dit Jude, admiratif.

– Je ne sais pas si c’est de la poésie. Je sais que cela m’enflamme le cœur.

– Mais tu as vu la mer aussi à Césarée et à Ptolémaïs, et de bien près. Nous étions sur la rive ! Je ne vois pas la nécessité de faire tant de chemin pour voir une autre étendue de mer. Au fond… nous sommes nés sur l’eau…, souligne Jacques, fils de Zébédée.

– Et nous y sommes même maintenant, malheureusement ! » s’exclame Pierre, qui, à cause d’un moment de distraction pour écouter Jean, n’a pas vu une flaque traîtresse et s’y est enfoncé copieusement… On rit, et Pierre le premier.

Mais Jean répond :

« C’est vrai, mais vu d’en haut c’est plus beau. On voit plus large et plus loin. On pense plus haut et plus vaste… On désire… on songe… »

Et, vraiment, Jean rêve déjà… Il regarde devant lui, sourit à son rêve… On dirait une rose thé, humide d’une très fine rosée, tant sa peau lisse et claire de jeune blond prend un velouté carné couvert d’une légère sueur qui le rend encore plus semblable à un pétale de rose.

« Que désires-tu ? A quoi rêves-tu ? » demande doucement Jésus à son préféré.

On dirait un père qui interroge tendrement son enfant chéri qui parle dans un doux sommeil. C’est vraiment à l’âme de Jean que Jésus s’adresse, tant sa question se fait douce pour ne pas déchirer ce rêve plein d’amour.

« Je désire parcourir cette mer infinie… vers d’autres terres qui sont au-delà… Je désire y aller pour parler de toi… Je rêve, je rêve d’un voyage à Rome, en Grèce, vers des lieux ténébreux pour y apporter la lumière… pour que ceux qui vivent dans les ténèbres prennent contact avec toi et vivent en communion avec toi, la Lumière du monde… Je rêve d’un monde meilleur… de le rendre meilleur en te faisant connaître, c’est-à-dire par la connaissance de l’Amour qui crée la bonté, qui rend pur, héroïque, un monde où l’on s’aime en ton nom et qui élève ton nom, la foi en toi, ta doctrine par-dessus la haine, par-dessus le péché, la chair, le vice de l’esprit, par-dessus l’or, par-dessus toute chose… Je rêve de parcourir avec mes frères que voici la mer de Dieu, sur des chemins de lumière pour te porter, toi… comme autrefois ta Mère t’a porté du Ciel à nous… Je rêve… je rêve d’être le petit enfant qui, ne connaissant rien d’autre que l’amour, reste serein, même devant les tourments… et chante pour réconforter les adultes qui réfléchissent trop, et qui va de l’avant… à la rencontre de la mort avec un sourire… à la rencontre de la gloire avec l’humilité de celui qui ne sait pas ce qu’il fait, mais sait seulement qu’il va vers toi, l’Amour… »

Les apôtres ont retenu leur respiration durant cette confession de foi de Jean en extase… Arrêtés là où ils étaient, ils regardent le plus jeune d’entre eux parler, les paupières baissées sur ses yeux, comme un voile jeté sur l’ardeur qui s’élève de son cœur. Ils regardent Jésus transfiguré sous l’effet de la joie de se retrouver si complètement dans son disciple…

Quand Jean se tait, tout en restant un peu incliné – cela rappelle la grâce de l’humble Marie à l’Annonciation de Nazareth –, Jésus lui donne un baiser sur le front en disant :

« Nous irons voir la mer pour te faire rêver encore à l’avenir de mon Royaume dans le monde.

187.5

– Seigneur… tu as dit que nous allons ensuite à En-Dor. Alors, fais-moi plaisir à moi aussi… pour me faire passer l’amertume du jugement de cet enfant…, dit Judas.

– Oh ! Tu y penses encore ? demande Jésus.

– Toujours. Je me sens diminué à tes yeux et à ceux de mes compagnons. Je réfléchis à ce que vous pouvez penser…

– Comme tu te tortures le cerveau pour rien ! Pour moi, je ne pensais même plus à cette bagatelle, et il en était sûrement de même pour les autres. C’est toi qui nous le rappelles… Tu es un enfant habitué uniquement aux caresses, et la parole d’un enfant t’est apparue comme la condamnation d’un juge. Or ce n’est pas cette parole que tu dois craindre, mais plutôt ta conduite et le jugement de Dieu. Mais pour te persuader que tu m’es aussi cher qu’avant, comme toujours, je te dis que je vais te faire ce plaisir. Que veux-tu voir à En-Dor ? C’est un pauvre endroit au milieu des rochers…

– Je te le dirai. Accepte de m’y conduire.

– D’accord. Mais attention à ne pas en souffrir par la suite…

– Si, pour lui, voir la mer ne peut le faire souffrir, voir En-Dor ne peut me nuire.

– Voir ?… Non, mais ce qui peut te faire du mal, c’est le désir de ce que tu cherches à voir. Mais nous irons là-bas. »

Ils reprennent la route en direction du mont Thabor dont la masse apparaît toujours plus proche alors que le sol perd son aspect marécageux, devient solide, et la végétation se fait plus clairsemée et laisse place à des plantes plus hautes ou à des buissons d’aubé­pines et de ronces dont les frondaisons nouvelles et les fleurs précoces sont tout épanouies.

187.1

Jesus dismisses the boats saying: «I am not coming back» and followed by His apostles, and across the area which appeared to be very fertile also from the opposite shore, He turns His steps towards a mountain, which appears towards the south-west.

The apostles are walking in silence, communicating with one another only by casting glances. In fact they are not enthusiastic for the journey across this beautiful but wild area, which is full of bog grass that gets entangled with their feet; of reeds that cause drizzle of dew to fall on their heads from the edges of the leaves; of hazels that strike their faces with the hard canes of their dry fruit; of willow trees the fragile branches of which hang down everywhere tickling them; of treacherous patches of grass that seems to be growing on solid ground, whereas it conceals puddles of water into which their feet sink, they are in fact patches of foxtails and tares, growing in tiny pools and so thick as to conceal the element in which they have come up.

Jesus, instead, seems to be extremely happy in the midst of all that greenery and the thousand hues of all the flowers, which creep on the ground, or stand upright, or cling to other plants to climb up, forming thin festoons strewn with light convolvuli of a very delicate mallow pink, or forming delicate blue carpets for the thousand corollas of water myosotises, which open the perfect cups of white, pink, blue corollas among the large flat

leaves of the water lilies. Jesus admires the tufts of the water reeds, as soft as silk and pearled with dew, and He bends joyfully to watch the delicate features of foxtails, which lay an emerald veil on the water. He stops ecstatically in front of the nests which the birds are building, flying happily to and fro, trilling, darting from branch to branch, working joyfully, with their beaks full of wisps of hay, of down of reeds, of flocks of wool picked on hedges, which had torn it from migrating sheep… He seems the happiest person in the world. Where is the world with its wickedness, falsehood, sorrows, snares? The world is beyond this green flowery oasis, where everything scents, shines, smiles, sings. This is the earth created by the Father and not desecrated by man and man can be forgotten here.

187.2

He wants to share His happiness with the others. But He does not find a favourable ground. The hearts of the apostles are tired and embittered by so much ill-will and they react against things and also against the Master by means of a stubborn silence, which is like the stillness of the air before a storm. Only His cousin James, the Zealot and John take an interest in what interests Jesus. All the others are… absent, if not hostile. Perhaps they are keeping quiet, not to grumble. But inside they must be speaking, and speaking too much.

It is a more lively exclamation of admiration before the living jewel of a kingfisher which flies down, taking a little silver fish to its mate, that makes them open their mouths.

Jesus says: «Can there be anything more gentle?»

Peter replies: «Perhaps not more gentle… but I can assure You that a boat is more comfortable. Here it is damp just the same, but we are not comfortable…»

«I would prefer the track for caravans to this… garden, if You wish to call it so, and I am in full agreement with Simon» says the Iscariot.

«It was you who did not want the caravan route» replies Jesus.

«Ehi! certainly… But I would not have given in to the Gherghesenes. I would have gone away from there, but I would have continued beyond the river to Gadara, Pella and down to the south» grumbles Bartholomew.

And his great friend Philip concludes: «The roads belong to everybody, after all, and we could have passed through them well.»

«My friends! I am so anguished and disgusted… Do not increase My grief with your pettiness! Let Me seek some comfort in things which do not know how to hate…»

The reproach, kind in its sadness, moves the apostles.

«You are right, Master. We are not worthy of You. Forgive our foolishness. You can see the beautiful, because You are holy You look with the eyes of Your heart. We are coarse flesh and can only perceive coarse flesh… But never mind. Believe me, even if we were in paradise, we would be sad without You. But with You… oh! it is always beautiful for our hearts. It is only our limbs that refuse» many of them whisper.

187.3

«We will soon be going out of here and will find a more comfortable ground, even if not so cool» promises Jesus.

«Where are we going exactly?» asks Peter.

«To give Passover to those who suffer. I have been wanting to do it for a long time. But I could not. I would have done it going back to Galilee. Now that they compel us to go along roads that we have not chosen, I am going to bless Jonah’s poor friends.»

«We will be wasting a lot of time! Passover is near! There are always delays for various reasons.» Another chorus of complaints rises to the sky. I do not know how Jesus can be so patient…

Without reproaching anyone He says: «Please, do not hinder Me! Endeavour to understand My need to love and to be loved. I have but this solace on the earth: to love and do the will of God.»

«And are we going from here? Was it not better to go from Nazareth?»

«If I had suggested that, you would have rebelled. No one will suspect that I am here… and I am doing it for you… because you are afraid.»

«Afraid? Ah! No! We are ready to fight for You.»

«Pray the Lord not to put you to the test. I know that you are quarrelsome, resentful, anxious to offend those who offend Me and to humble your neighbour. I know all that. But I do not know you to be brave. As far as I am concerned, I would have also gone by Myself and along the main road and nothing would have happened because it is not yet the time. But I feel sorry for you. I have to obey My Mother, yes, but I do not want to upset Simon the Pharisee. I will not disgust them. But they will disgust Me.»

«And where do we go from here? I am not familiar with this area» says Thomas.

«We will reach Tabor, we will coast part of it and will go to Nain via Endor; from there to the plain of Esdraelon. Be not afraid!… Doras, the son of Doras, and Johanan are already in Jerusalem.»

187.4

«Oh! It will be beautiful! They say that from the summit, from a certain spot, one can see the Great Sea, the Sea of Rome. I like it so much! Will You take us to see it?» John begs with his kind childish face raised towards Jesus.

«Why do you like to see it so much?» asks Jesus caressing him.

«I do not know… Because it is huge and you cannot see its end… It makes me think of God… When we were up on Lebanon I saw the sea for the first time, because I had never been anywhere else, except along the Jordan or on our little sea… and I was moved so much that I wept. So much blue! So much water! And it never overflows!… What a wonderful thing! And the stars make paths of light on the sea… Oh! do not laugh at me! I looked at the golden way of the sun until I was dazzled, at the silvery way of the moon, until I could see nothing but whiteness and I saw them getting lost far far away. Those ways spoke to me. They said: “God is in that infinite distance and these are the ways of fire and purity, which a soul must follow to go to God. Come. Dive into the infinite, travelling on these two ways, and you will find the Infinite One”.»

«You are a poet, John» says Thaddeus admiringly.

«I do not know whether this is poetry. I know that it inflames my heart.»

«But you have seen the sea also at Caesarea and at Ptolomais, and quite close, too. We were on the beach! I do not see the need to go all that way to see some more sea water. After all… we were born on the water…» remarks James of Zebedee.

«And we are in it now as well, unfortunately!» exclaims Peter, who diverting his mind for a moment to listen to John, has not noticed a treacherous puddle and has got soaked… They all laugh, and he laughs too.

But John replies: «That is true. But from high above it is more beautiful. You see more and farther. You think that it is deeper and vaster… You wish… you dream…» and John is already dreaming… He looks in front of himself and smiles at his dream… He looks like a flesh-coloured rose spread with minute dew drops, so downy becomes his smooth clear skin of a young fair-haired man and as it gets sprinkled with a light perspiration it looks more like the petal of a rose.

«What do you wish? What are you dreaming?» Jesus asks His favourite disciple in a low voice and He looks like a father who questions a dear son speaking in his sleep. Jesus speaks to John’s soul, questioning him so gently as not to spoil the dream of His loving disciple.

«I wish to go onto the infinite sea… towards other lands beyond it. I wish to go and speak of You. I am dreaming… of going towards Rome, towards Greece, towards dark places to take the Light there… so that those living in darkness may get in touch with You and may live in communion with You, Light of the world… I am dreaming of a better world… to be bettered through the knowledge of You, that is, through the knowledge of the Love that makes people good, pure, heroic, of the Love that makes the world love and raise Your Name, Your Faith, Your Doctrine above hatred, sin, flesh, above the vices of the mind, above gold, above everything… and I dream of going with my brothers on the sea of God, on the road of light to take You… as Your Mother once brought You down to us from Heaven… I dream that I am a child, who knowing nothing but love, is happy also when facing trouble… and sings to comfort the adults who ponder too much, and moves forward… facing death smiling… towards glory with the humility of one who does not know what he is doing, but knows only that he is coming to You, Love…»

The apostles have not breathed during John’s ecstatic confessions… They remained still where they were, looking at the youngest one speaking with his eyes covered by his eyelids, like a veil thrown over the ardour rising from his heart, and looking at Jesus Who is enraptured finding Himself so completely in His disciple…

When John stops speaking, slightly bent forward – he reminds me of the gracefulness of the humble Mary of Nazareth – Jesus kisses his forehead saying: «We shall go and contemplate the sea, to let you dream My future Kingdom in the world once again.»

187.5

«Lord… You said that afterwards we shall be going to Endor. Make me happy too… that I may get over the bitterness of the boy’s judgement…» says the 1scariot.

«Oh! are you still thinking about that?» asks Jesus.

«Yes, always. I feel degraded in Your eyes and in the eyes of my companions. I think of what Your thoughts…»

«Why do you fret over trifles? I was not thinking of that trifle any longer, neither were the others. You are reminding us… You are a child accustomed only to being caressed and the word of a little boy seems the sentence of a judge to you. But you must not be afraid of that word, but of your actions and of God’s judgement. But to convince you that you are as dear to Me as previously, as always, I tell you that I will satisfy you. What do you wish to see at Endor? It is a poor village among the rocks…»

«Take me there… and I will tell You.»

«All right. But mind it does not cause you to suffer afterwards…»

«If it cannot be painful for him to contemplate the sea, it cannot be harmful to me to see Endor.»

«To see?… But it is the desire of what one seeks to see in looking that can be harmful. But we shall go…»

And they carry on along the road towards Mount Tabor, the huge mass of which appears to be nearer and nearer, while the marshy aspect of the ground changes, as the soil becomes solid and dry and the vegetation thinner, making room for taller plants and bushes of clematis and blackberries, the new leaves and early flowers of which are a pleasant sight.


Notes

  1. la configuration du lieu est reproduite comme Maria Val­torta l’a dessinée sur la dernière page du cahier manuscrit. De gauche à droite, les noms des villes bordant le lac sont : Tarichée, Tibériade, Magdala, Capharnaüm, Bethsaïde, Guerguesa, Hippos. Au sud de Hippos, après le torrent, il est indiqué « lieu du débarquement » et Gamla dans l’arrière-pays. Entre ces derniers se trouvent des petits points, expliqués en bas de page de la manière suivante : « L’endroit en pointillé représente les bois de chênes. » Au nord se trouve Chorazeïn.