The Writings of Maria Valtorta

204. La foi et l’âme expliquées aux païens par la parabole des temples.

204. Faith and the soul explained to

204.1

Dans la paix du sabbat, Jésus se repose près d’un champ de lin tout en fleurs, qui appartient à Lazare – plutôt que « près » du lin, je dirais : immergé dans le lin très haut – ; assis au bord d’un sillon, il est absorbé dans ses pensées. Il n’y a près de lui que quelque silencieux papillon ou quelque lézard qui arrive silencieusement et le regarde de ses yeux de jais en levant sa tête triangulaire à la gorge claire et palpitante. Rien d’autre. En cette fin d’après-midi, il n’y a pas le moindre souffle de vent parmi les hautes tiges.

De loin, peut-être du jardin de Lazare, parvient le chant d’une femme et avec lui les cris joyeux de l’enfant qui joue avec quelqu’un. Puis une, deux, trois voix qui appellent : “ Maître ! ”, “ Jésus ! ”.

Jésus se secoue et se lève. Si haut que soit le lin à son complet développement, Jésus émerge largement de cette mer verte et bleue.

« Le voici, là, Jean ! » crie Simon le Zélote.

Et Jean, à son tour crie :

« Mère ! Jésus est ici, dans le lin. »

Et pendant que Jésus s’approche du sentier qui conduit aux maisons, voici venir Marie.

« Que veux-tu, Mère ? »

– Mon Fils, il est arrivé des païens avec des femmes. Ils disent avoir appris par Jeanne que tu es ici. Ils disent aussi qu’ils t’ont attendu tous ces derniers jours près de l’Antonia…

– Ah ! J’ai compris ! J’arrive tout de suite. Où sont-ils ?

– Dans la maison de Lazare, dans son jardin. Les romains l’aiment bien et lui, il n’éprouve pas pour eux la répulsion que nous avons, nous. Il les a fait entrer, avec leurs chars, dans le grand jardin pour ne scandaliser personne.

– C’est bien, Mère.

204.2

Ce sont des soldats et des dames romaines. Je le sais.

– Et que veulent-ils de toi ?

– Ce que beaucoup de gens en Israël ne veulent pas : la lumière.

– Mais comment, et qui croient-ils que tu es ? Dieu, peut-être ?

– A leur façon, oui. Il leur est facile, plus facile à eux qu’à nous, d’accueillir l’idée de l’incarnation d’un dieu dans une chair mortelle.

– dans ce cas, ils en sont arrivés à la foi en toi…

– Pas encore, Maman. Je dois d’abord détruire la leur. Pour le moment, je suis à leurs yeux un sage, un philosophe, comme ils disent. Mais, soit par ce désir de connaître les doctrines philosophiques, soit par leur tendance à croire possible l’incarnation d’un dieu, ils m’aident grandement à les amener à la vraie foi. Tu peux en être sûre, ils ont plus de simplicité dans leur pensée que beaucoup en Israël.

– Mais seront-ils sincères ? On dit que Jean-Baptiste…

– Non. Si la chose avait dépendu d’eux, Jean serait libre et en sécurité. Celui qui n’est pas rebelle, ils le laissent tranquille. En outre, je te l’assure, pour eux le fait d’être prophète – ils emploient le mot de philosophe, parce que l’élévation de la sagesse surnaturelle, pour eux, c’est toujours de la philosophie – est une garantie pour qu’ils le respectent. N’en sois pas préoccupée, Maman. Ce n’est pas de là que me viendra le mal…

– Mais les pharisiens… s’ils l’apprennent, que vont-ils dire de Lazare également ? Toi… tu es toi, et tu dois apporter la Parole au monde. Mais Lazare !… Ils l’ont déjà tant offensé…

– Mais il est intouchable. Ils savent qu’il est protégé par Rome.

– Je te quitte, mon Fils. Voici Maximin qui va te conduire aux païens. »

Et Marie qui, pendant tout ce temps, avait marché auprès de Jésus, se retire rapidement et se dirige vers la maison de Simon le Zélote ; de son côté, Jésus entre par un portillon en fer ouvert dans l’enceinte du jardin, dans une partie qui en est éloignée, là où le jardin se change en verger, près du lieu où se trouvera, plus tard, la sépulture de Lazare.

Lazare se trouve là, et personne d’autre :

« Maître, je me suis permis de les recevoir…

– Tu as bien fait. Où sont-ils ?

– Là, à l’ombre des buis et des lauriers. Comme tu le vois, ils sont éloignés d’au moins cinq cents pas de la maison.

– Bon, bon…

204.3

Que la Lumière vienne sur vous tous.

– Salut, Maître ! » dit Quintilianus, qui est en civil.

Les dames se lèvent pour saluer. Il y a Plautina, Valéria et Lydia et en plus une autre, âgée, dont je ne sais qui elle est ni ce qu’elle est, si elle est du même rang ou d’un rang inférieur. Elles sont toutes vêtues très simplement, sans rien qui les distingue.

« Nous avons voulu t’entendre. Tu n’es pas venu. J’étais de… garde à ton arrivée, mais je ne t’ai pas vu.

– Moi non plus, je n’ai pas vu un soldat, qui était mon ami, à la Porte des Poissons. Il s’appelait Alexandre…

– Alexandre ? J’ignore s’il s’agit effectivement de lui, mais je sais qu’il y a quelque temps nous avons dû, pour calmer les juifs, éloigner un soldat, coupable… d’avoir parlé avec toi. Il est maintenant à Antioche, mais peut-être reviendra-il. Ouf ! Comme ils sont ennuyeux, ces gens… qui veulent commander, même maintenant qu’ils sont sujets ! Et il faut manœuvrer pour ne pas en arriver à des affaires importantes… Ils nous rendent la vie difficile, crois-moi… Mais toi, tu es bon et sage. Tu vas nous parler ? Peut-être vais-je bientôt quitter la Palestine. Je voudrais garder quelque souvenir de toi.

– Je vais vous parler, oui. Je ne déçois jamais. Que voulez-vous savoir ? »

Quintilianus regarde les dames d’un air interrogatif…

« Ce que tu veux, Maître » dit Valéria.

204.4

Plautina se lève de nouveau et dit :

« J’ai beaucoup réfléchi… j’aurais tant à apprendre… tout, pour juger. Mais, s’il m’est permis de le demander, je voudrais savoir comment se construit une foi, en toi par exemple, sur un terrain que tu as dit être privé d’une vraie foi. Tu as dit que nos croyances sont vaines. Dans ce cas, nous restons sans rien. Comment arriver à avoir ?

– Je vais prendre l’exemple d’une chose que vous possédez : les temples. Vos édifices sacrés, vraiment beaux, dont l’unique imperfection est d’être dédiés au Néant, peuvent vous enseigner comment l’on peut arriver à avoir une foi et où la placer. Observez : où sont-ils construits ? Quel lieu choisit-on si possible pour eux ? Comment sont-ils construits ? L’endroit est généralement spacieux, dégagé et en hauteur. Et, s’il n’est pas spacieux et dégagé, on le rend tel en démolissant tout ce qui encombre ou limite le terrain. S’il n’est pas en hauteur, on le surélève sur un stéréobate plus élevé que celui de trois marches, utilisé d’habitude pour les temples situés déjà sur un lieu naturellement élevé. Enfermés la plupart du temps dans une enceinte sacrée formée de colonnades et de portiques à l’intérieur desquels se trouvent des arbres consacrés aux dieux, des fontaines et des autels, des statues et des stèles, ils sont d’ordinaire précédés du propylée, au-delà duquel se trouve l’autel où l’on fait les prières aux divinités. En face se trouve le lieu du sacrifice, car le sacrifice précède la prière. Souvent, en particulier pour les plus grands, un péristyle les borde d’une guirlande de marbres précieux. A l’intérieur se trouvent le vestibule antérieur, à l’extérieur ou à l’intérieur du péristyle, la chambre du dieu, le vestibule postérieur. Les marbres, les statues, les frontons, les acrotères et les tympans tous polis, précieux, ornés font du temple un édifice très noble, même au regard des plus rustres. Est-ce bien cela ?

– Oui, Maître. Tu les as vus et très bien étudiés, confirme en le louant Plautina.

– Mais s’il est bien établi qu’il n’a jamais quitté la Palestine… ? s’exclame Quintilianus.

– Je n’en suis jamais sorti pour aller à Rome ou à Athènes, mais je n’ignore pas l’architecture de la Grèce et de Rome. Dans le génie de l’homme qui a décoré le Parthénon, j’étais présent, car je suis partout où il y a vie et manifestation de la vie. Là où un sage pense, un sculpteur sculpte, un poète compose, une mère chante sur un berceau, un homme se fatigue sur les sillons, un médecin lutte contre les maladies, un vivant respire, un animal vit, un arbre pousse, je suis là avec Celui de qui je viens. Dans le grondement d’un tremblement de terre ou le fracas de la foudre, dans la lumière des étoiles ou le mouvement des marées, dans le vol de l’aigle ou dans le bruit du moustique, je me trouve avec le très-haut, le Créateur.

– De sorte que… tu… tu connais tout ? Aussi bien les pensées que les œuvres humaines ? demande encore Quintilianus.

– Oui. »

Les romains se regardent avec stupéfaction.

204.5

Un silence prolongé… puis, timidement, Valéria requiert :

« Développe ta pensée, Maître, pour que nous sachions que faire.

– Oui. La foi se construit comme on construit les temples dont vous êtes si fiers. On fait un emplacement pour le temple, on dégage les alentours, on surélève son emplacement.

– Mais où se trouve le temple pour y mettre la foi, cette divinité vraie ? demande Plautina.

– la foi n’est pas une divinité, Plautina. C’est une vertu. Il n’y a pas de divinité dans la vraie foi, mais il existe un Dieu unique et vrai.

– Alors… il est là-haut, tout seul, dans son Olympe ? Et que fait-il s’il est seul ?

– Il se suffit à lui-même et s’occupe de la création et de tout ce qui s’y trouve. Je viens de te le dire : Dieu est présent même au bruit du moustique. Il ne s’ennuie pas, n’en doute pas. Ce n’est pas un pauvre homme, maître d’un immense empire où il se sent haï et où il vit dans la crainte. Il est l’Amour, et il vit en aimant. Sa vie est un amour continu. Il se suffit à lui-même parce qu’il est infini et très puissant. Il est la Perfection même. Mais si nombreuses sont les choses créées qui vivent de sa volonté continuelle qu’il n’a guère le temps de s’ennuyer. L’ennui est le fruit de l’oisiveté et du vice. Au Ciel du vrai Dieu, il n’y a ni oisiveté ni vice. Mais bientôt il aura — en plus des anges qui le servent actuellement —, un peuple de justes qui jubileront en lui. Et ce peuple s’accroîtra sans cesse de ceux qui à l’avenir croiront au vrai Dieu.

– Les anges, ce sont les génies ? demande Lydia.

– Non, ce sont des êtres spirituels comme l’est Dieu qui les a créés.

– Et les génies, alors, que sont-ils ?

– Tels que vous les imaginez, ils ne sont que mensonge. Tels que vous les imaginez, ils n’existent pas. Mais ils correspondent à un besoin instinctif de l’homme de rechercher la vérité. Cela vient d’une incitation de l’âme, qui est vivante et présente chez les païens eux-mêmes. Elle souffre aussi en eux, car elle voit son désir déçu : elle reste en effet sur sa faim, dans sa nostalgie du vrai Dieu dont elle garde le souvenir, dans ce corps où elle habite et qui est régi par un esprit païen. Même vous, vous avez eu conscience que l’homme n’est pas seulement de la chair et qu’à son corps périssable est uni quelque chose d’immortel. C’est en ce sens que les villes et les nations possèdent un génie. Voilà donc pourquoi vous croyez, vous éprouvez le besoin de croire aux “ génies ”. Et vous vous donnez les génies de l’individu, de la famille, de la ville, des nations… Vous avez le “ génie de Rome ”, “ le génie de l’empereur ”, et vous les adorez comme des divinités mineures. Entrez dans la vraie foi. Vous aurez la connaissance et l’amitié de votre ange gardien auquel vous devrez vénération, mais pas adoration. Dieu seul doit être adoré. »

204.6

Publius Quintilianus demande :

« Tu as dit : “ Incitation de l’âme qui est vivante et présente même chez les païens, et qui souffre en eux parce qu’elle voit son désir déçu. ” Mais de qui vient l’âme ?

– De Dieu. C’est lui son Créateur.

– Mais ne naissons-nous pas d’une femme par son union avec un homme ? Même nos dieux sont engendrés de cette manière.

– Vos dieux n’existent pas. Ce sont des fruits de votre imagination qui a besoin de croire, car ce besoin est plus impérieux que celui de respirer. Même celui qui affirme qu’il ne croit pas, a une croyance. Il croit en quelque chose. Le seul fait de dire : “ Je ne crois pas en Dieu ” présuppose une autre foi. En soi-même, peut-être, en son propre esprit orgueilleux. Mais, pour ce qui est de croire, on croit toujours. C’est comme la pensée. Si vous dites : “ Je ne veux pas penser ” ou bien : “ Je ne crois pas en Dieu ”, rien que par ces deux phrases vous montrez que vous pensez, que vous ne voulez pas croire en Celui dont vous savez qu’il existe, et auquel vous ne voulez pas penser. En ce qui concerne l’homme, pour en exprimer correctement le concept, vous devez dire : “ L’homme est engendré comme tous les animaux par une union entre un mâle et une femelle. Mais l’âme, c’est-à-dire ce qui différencie l’animal-homme de l’animal tout court, vient de Dieu. Il la crée chaque fois qu’un homme est engendré – ou plutôt : chaque fois qu’il est conçu dans un sein – et il la greffe en cette chair, qui autrement serait seulement animale.

– Et nous en possédons une, nous les païens ? A entendre tes concitoyens, il ne semble pas… ironise Quintilianus.

– Tout être né de la femme en possède une.

– Tu as dit pourtant que le péché la tue. Comment donc est-elle vivante en nous, qui sommes pécheurs ? demande Plautina.

– Vous ne péchez pas en matière de foi, puisque vous croyez être dans la vérité. Quand vous connaîtrez la Vérité et que vous persisterez dans l’erreur, alors vous pécherez. De même, beaucoup de choses qui sont péché pour les juifs ne le sont pas pour vous, parce qu’aucune loi divine ne vous les interdit. Le péché, c’est quand quelqu’un se révolte sciemment contre l’ordre donné par Dieu et dit : “ Je sais que ce que je fais est mal, mais je veux le faire quand même. ” Dieu est juste. Il ne peut punir quelqu’un qui fait le mal en croyant faire le bien. Il punit celui qui, ayant eu la possibilité de connaître le bien et le mal, choisit ce dernier et y persiste.

– Dans ce cas, l’âme existe en nous, vivante et présente ?

– Oui.

– Et elle souffre ? Crois-tu vraiment qu’elle se souvienne de Dieu ? Nous, nous ne nous souvenons pas du sein qui nous a portés. Nous ne pourrions pas dire comment il est fait intérieurement. L’âme, si j’ai bien compris, est spirituellement engendrée par Dieu. Comment peut-elle se souvenir de lui si le corps ne se souvient pas de son long séjour dans le sein ?

– L’âme n’est pas de la matière brute, Plautina. L’embryon, oui[1]. L’âme est, à la ressemblance de Dieu, éternelle et spirituelle. Eternelle à partir du moment où elle est créée, tandis que Dieu est le très-parfait, l’Eternel, et pour cette raison il n’a pas de commencement dans le temps, comme il n’aura pas de fin. L’âme[2], lucide, intelligente, spirituelle, œuvre de Dieu, s’en souvient. Et elle souffre, car elle désire Dieu, le vrai Dieu de qui elle vient ; elle a faim de Dieu. Voilà pourquoi elle incite le corps engourdi à chercher à s’approcher de Dieu.

204.7

– Nous avons donc une âme comme ceux de votre peuple que vous appelez “ justes ” ? Vraiment la même ?

– Non, Plautina. Cela dépend de ce que tu veux dire. Si tu veux parler de l’origine et de la nature, votre âme est en tout point égale à celle de nos saints. Si tu parles de la formation, alors je te dis qu’elle est déjà différente. Si tu veux parler de la perfection atteinte avant la mort, alors la différence peut être absolue. Mais cela ne vaut pas seulement pour vous, les païens. Même un fils de ce peuple peut être absolument différent d’un saint dans la vie future. L’âme passe par trois phases : la première est la création. La deuxième est une nouvelle création. La troisième est la perfection. La première phase est commune à tous les hommes. La deuxième est propre aux justes qui, par leur volonté, amènent l’âme à une création encore plus complète, en unissant leurs bonnes actions à la bonté de l’œuvre de Dieu et rendent leur âme déjà plus parfaite spirituellement que la première. C’est un trait d’union entre la première phase et la troisième. La troisième est propre aux bienheureux, aux saints, s’il vous plaît de les appeler ainsi, qui ont fait grandir de mille degrés l’âme qu’ils avaient au point de départ, une âme simplement humaine et en ont fait une âme capable de reposer en Dieu.

204.8

– Comment pouvons-nous donner à l’âme espace, liberté, élévation ?

– En détruisant ce qu’il y a d’inutile dans votre moi. Il vous faut le libérer de toutes les idées fausses et, avec les débris de ces destructions, l’élever pour y établir le temple souverain. Il faut que l’âme monte toujours plus haut, sur les trois degrés.

Vous autres romains, vous aimez les symboles. Considérez les trois degrés à la lumière d’un symbole. Ils peuvent vous dire leurs trois noms : pénitence, patience, constance. Ou bien : humilité, pureté, justice. Ou encore : sagesse, générosité, miséricorde. Ou enfin le trinôme lumineux : foi, espérance, charité. Considérez encore le symbole de l’enceinte ornée et robuste qui entoure l’aire du temple. Il faut savoir entourer l’âme, reine d’un corps qui est le temple de l’Esprit éternel, d’une barrière qui la défende sans pourtant lui ôter la lumière ni l’accabler par la vue de laideurs. C’est une enceinte sûre et affranchie du désir de tout ce qui est inférieur : la chair et le sang, pour s’élever vers ce qui est supérieur : l’esprit. L’affranchir à force de volonté, faire disparaître les angles, les ébréchures, les taches, les veines d’imperfection du marbre de notre moi, pour donner à l’âme une enceinte parfaite. Et, en même temps, faire de cette enceinte établie pour protéger le temple un refuge miséricordieux pour les plus malheureux qui ne savent pas ce qu’est la charité.

Les portiques, quant à eux, symbolisent l’effusion de l’amour, de la pitié, du désir que d’autres viennent à Dieu, semblables à des bras aimants qui s’étendent pour faire un voile sur le berceau d’un orphelin.

Au-delà de l’enceinte, se trouvent les plantes les plus belles et les plus parfumées en hommage au Créateur. Semées sur un terrain d’abord nu, puis cultivées, elles symbolisent les vertus de tous noms et forment la seconde enceinte vivante et fleurie autour du sanctuaire ; et au milieu des plantes, au milieu des vertus, il y a les fontaines, autre amour, autre purification avant de s’approcher du propylée qui en est proche ; et c’est là que, avant de monter à l’autel, on doit sacrifier l’attachement à la chair, se dépouiller de toute luxure. Il faut ensuite aller plus loin, près de l’autel, pour y présenter son offrande, puis encore vous approcher de la chambre où se trouve Dieu, en dépassant le vestibule. Or que sera cette chambre ? Un trésor de richesses spirituelles, car rien n’est trop beau pour servir de cadre à Dieu.

Avez-vous compris ? Vous m’avez demandé comment se construit la foi. Je vous ai répondu : “ En suivant la méthode qu’on emploie pour construire les temples. ” Vous voyez que c’est vrai.

204.9

Avez-vous autre chose à me dire ?

– Non, Maître. Je crois que Flavia a écrit tout ce que tu nous as dit. Claudia veut en prendre connaissance. As-tu écrit ?

– Exactement, confirme la femme en passant les tablettes enduites de cire.

– Cela restera pour permettre de les relire, dit Plautina.

– C’est de la cire, cela s’efface. Ecrivez-les dans vos cœurs. Ces paroles ne s’effaceront plus.

– Maître, ils sont encombrés de temples illusoires. Nous lancerons contre eux ta Parole pour les jeter à terre. Mais c’est un long travail » soupire Plautina.

Et elle termine :

« Souviens-toi de nous dans ton Ciel…

– Partez avec la certitude que je le ferai. Je vous quitte. Sachez que votre venue m’a été bien chère. Adieu, Publius Quintilianus. Souviens-toi de Jésus de Nazareth. »

Les femmes saluent et partent les premières. Puis, pensif, Quintilianus s’en va. Jésus les regarde partir en compagnie de Maximin, qui les reconduit à leurs chars.

204.10

« A quoi penses-tu, Maître ? demande Lazare.

– Qu’il y a beaucoup de malheureux au monde.

– Et je suis l’un d’entre eux.

– Pourquoi, mon ami ?

– Parce que tout le monde vient à toi, mais pas Marie. Sa ruine est donc plus grande ? »

Jésus le regarde et sourit.

« Tu souris ? Mais tu ne souffres pas que Marie soit impossible à convertir ? Tu ne souffres pas de me voir souffrir ? Marthe ne fait que pleurer depuis la soirée de lundi. Qui était cette femme ? Ne sais-tu pas que, pendant toute une journée, nous avons espéré que c’était elle ?

– Je souris parce que tu es un enfant impatient… Et je souris parce que je pense que vous gaspillez votre énergie et vos larmes. Si ç’avait été elle, je serais accouru vous le dire.

– Alors, ce n’était vraiment pas elle ?

– Oh, Lazare !

– Tu as raison. Patience ! Patience encore ! Voici, Maître, les bijoux que tu m’as donnés à vendre. Ils sont devenus de l’argent pour les pauvres. Ils étaient très beaux. Des bijoux de femme.

– C’étaient ceux de cette femme-là.

– J’y ai bien pensé. Ah ! S’ils avaient été ceux de Marie… Mais elle, elle ! Je perds espoir, mon Seigneur ! »

Jésus l’embrasse et reste un moment sans parler. Puis il dit :

« Je te prie de ne pas parler de ces bijoux à qui que ce soit. Elle doit échapper aux admirations et aux désirs comme une nuée que le vent emporte ailleurs, sans qu’il en reste trace sur l’azur.

– Sois tranquille, Maître… et, en échange, ramène-moi Marie, notre malheureuse Marie…

– Que la paix soit avec toi, Lazare. Ce que j’ai promis, je le ferai. »

204.1

In the peace of the Sabbath Jesus rests near a flax field in bloom belonging to Lazarus. Rather than «near» I should say that He is «immersed» in the tall flax, and sitting on the edge of a furrow He is engrossed in thought. Only an odd silent butterfly flutters near Him or a lizard rustles nearby, looking at Him with its jet-black eyes, raising its little triangular head with its light throbbing throat. There is nothing else. In the late afternoon, the least sigh of wind has also become silent among the tall stalks.

From far away, perhaps from Lazarus’ garden, the song of a woman can be heard and the joyful shouting of the boy who is playing with someone. Then one, two, three voices call: «Master! Jesus!»

Jesus arouses Himself and stands up. Although the fully grown flax is very tall, Jesus emerges a good height above the blue-green sea.

«There He is, John!» shouts the Zealot.

And John in turn calls: «Mother! The Master is here, in the flax field.»

And while Jesus approaches the path leading to the houses, Mary arrives.

«What do You want, Mother?»

«My Son, some Gentiles have come with some ladies. They say that they heard from Johanna that You were here. They also said that they have been waiting for You all these past days near the Antonia…»

«Ah! I know! I will come at once. Where are they?»

«At Lazarus’ house, in his garden. He is loved by the Romans and does not feel the repugnance towards them that we do. He let them go into the large garden with their carts, so that no one would be scandalised…»

«All right, Mother.

204.2

They are Roman soldiers and ladies. I know.»

«And what do they want from You?»

«What many in Israel do not want: light.»

«But how and what do they believe You are? God perhaps?»

«Yes, in their way of thinking. It is easier for them to accept the idea of the incarnation of a god in mortal flesh, than it is for us.»

«So they believe in Your faith…»

«Not yet, Mother. I must destroy theirs, first. For the time being they consider Me a wise man, a philosopher, as they say. But both their desire to become acquainted with philosophical doctrines and their inclination to believe the incarnation of a god as possible, are of great help to Me in leading them to the true Faith. Believe Me, they are more ingenuous in their way of thinking, than many Israelites.»

«But are they sincere? It is rumoured that the Baptist…»

«No. Had it been for them, John would be free and safe. Non-rebellious people are left in peace. On the contrary I can assure You that for them to be a prophet – they say a philosopher because the loftiness of supernatural wisdom is still philosophy to them – is a guarantee of respect. Do not worry, Mother. No harm will come to Me from that end…»

«But the Pharisees… if they find out, what will they say also about Lazarus? You are You… and You are to bring the Word to the world. But Lazarus!… They already offend him so much…»

«But they cannot touch him. They know that he is protected by Rome.»

«I leave You, Son. Here is Maximinus, he will take You to the Gentiles» and Mary, Who had walked beside Jesus all the time, withdraws quickly, and goes towards the Zealot’s house. Jesus on the other hand, goes through a little iron door in the garden wall, into a distant part of the garden, where it actually becomes an orchard and precisely near the place where Lazarus will be buried later.

Lazarus is also there, but no one else. «Master, I took the liberty of giving them hospitality…»

«You did the right thing. Where are they?»

«Over there, in the shade of the boxes and laurels. As You can see they are at least five hundred steps from the house.»

«That is all right…

204.3

May Light come to you all.»

«Hail, Master!» greets Quintilian, who is wearing civilian clothes.

The ladies stand up to greet Jesus. They are Plautina, Valeria and Lydia; there is also another elderly woman, but I do not know who she is or whether she is of the same rank as the others. They are all wearing very plain clothes without any sign of distinction.

«We were anxious to hear You, but You never came. I was on duty when You arrived. But I never saw You.»

«Neither have I seen at the Gate of the Fish a soldier, who was a friend of Mine. His name was Alexander…»

«Alexander? I am not sure whether he is the one I am thinking of. I know that some time ago, in order to calm the Jews, we had to remove a soldier who was guilty of… speaking to You. He is now at Antioch. But perhaps he will come here again. How boring they are… they want to rule even now that they are subject! One has to be clever to avoid greater trouble… They make life difficult for us, believe me… But You are good and wise. Will You speak to us? I may be leaving Palestine soon, and I would like to have something to remind me of You.»

«Yes, I will speak to you. I never disappoint anyone. What do you wish to know?»

Quintilian looks at the ladies inquisitively.

«Whatever You wish, Master» says Valeria.

204.4

Plautina stands up again and says: «I have been thinking a lot… there is so much I would like to know… everything, to be able to judge. But if I may ask, I would like to know how can a faith, Yours, for instance, be built on a ground which You said is devoid of true faith. You said that our beliefs are vain. So we have nothing. How can we achieve something?»

«I will take as an example something that you have. Your temples. Your really beautiful sacred buildings, the only imperfection of which is that they are dedicated to Nothing, can teach you how one can achieve faith and where to place it. Watch. Where are they built? Which place, if at all possible, is chosen for them? How are they built? The place is generally spacious, open and elevated. And when it is not spacious and open, it is made so by demolishing what encumbers and obstructs it. If it is not elevated, they increase its height by means of a stereobate more elevated than the normal three steps used for temples placed on a natural elevation. They are generally surrounded by a sacred enclosure, formed by colonnades and porches inside which are enclosed the trees sacred to the gods, fountains and altars, statues and stelae and are usually preceded by a propylaeum beyond which is the altar where prayers to the deity are said. In front of it there is the place for the sacrifice, because the sacrifice precedes the prayer. Very often, and particularly in the more magnificent ones, a peristyle encircles them with a garland of precious marbles. Inside there is the front vestibule, outside or inside the peristyle, the cell of the deity and the rear vestibule. Marbles, statues, pediments, acroteria and gables, all polished, precious and decorated, make the temple a most noble building also for the coarsest sight. Is it not so?»

«Yes, it is, Master. You have seen and studied them very well» confirms Plautina praising Jesus.

«But we know that He never left Palestine!?» exclaims Quintilian.

«I never left Palestine to go to Rome or Athens. But I am acquainted with Greek and Roman architecture and I was present when the genius of man decorated the Parthenon because I am wherever there is life or a manifestation of life. Wherever a wise man meditates, a sculptor sculptures, a poet writes, a mother sings over a cradle, a man toils in fields, a doctor fights diseases, a living being breathes, an animal lives, a tree vegetates, I am there together with Him from Whom I come. In the rumble of the earthquake or in the peal of thunder, in the light of stars or in flood-tide and ebb-tide, in the flight of eagles or in the buzzing of mosquitoes, I am there with the Most High Creator.»

«So… You… You know everything. Both thoughts and deeds of men?» asks Quintilian again.

«Yes, I do.»

The Romans look at one another amazed.

204.5

There is a long silence then Valeria timidly begs: «Expand on Your idea, Master, so that we may know what to do.»

«Yes. Faith is built as they build the temples of which you are so proud. They make space for the temple, they free it from obstructions, they elevate it.»

«But where is the temple in which one should put faith, the true deity?» asks Plautina.

«Faith, Plautina, is not a deity. It is a virtue. There are no deities in true faith. There is only One and True God.»

«So… He is up there, in His Olympus, all by Himself? And what does He do if He is alone?»

«He is Self-sufficient and takes care of everything in creation. I have just told you that God is also present in the buzzing of a mosquito. He does not get bored, do not worry. He is not a poor man, the master of an immense empire in which he feels he is hated and lives trembling with fear. He is Love and lives loving. His Life is continuous Love. He is Self-sufficient because He is infinite and most powerful, He is Perfection. So numerous are the things created that live because of His continuous will, that He has no time to grow weary. Tedium is the fruit of idleness and vice. In the Heaven of the True God there is neither idleness nor vice. Soon, in addition to angels which now serve Him, He will have a great crowd of just people rejoicing in Him and the crowd will grow greater and greater with the future believers in the True God. »

«Are the angels genii?» asks Lydia.

«No, they are spiritual beings like God Who created them.»

«What are genii, then?»

«As you imagine them, they are falsehood. They do not exist, as you imagine them. But owing to the instinctive need of men to search for the truth, you have also realised that man is not only flesh and that there is something immortal in his perishable body. And that is the consequence of the incentive of the soul, which is alive and present also in heathens, and suffers in them, as it is disappointed in its desires, because it is famished longing for the True God Whom it remembers in the body in which it dwells and which is guided by a pagan mind. And the same applies to towns and nations. And thus you believe, you feel the need to believe in “genii”. And thus you give yourselves an individual genius, a family, a town, a national genius. You have the “genius of Rome”, the “genius of the emperor”. And you worship them as lesser deities. Come to the true faith. You will become acquainted and friendly with your angel, whom you will venerate, but not worship. Only God is worshipped.»

204.6

«You said: “Incentive of the soul which is alive and present also in heathens, and suffers in them because it is disappointed”. But from whom does the soul come?» asks Publius Quintilian.

«From God. He is the Creator.»

«But are we not born of woman through union with man? Also our gods are born thus.»

«Your gods do not exist. They are phantoms of your mind which needs to believe. Because such need is more peremptory than the need to breathe. Also he, who says he does not believe, does believe. He believes in something. The simple statement: “I do not believe in God” presupposes another faith. In oneself, perhaps, or in one’s proud mind. But one always believes. It is like thinking. If you say: “I do not want to think”, or: “I do not believe in God”, by those two simple sentences you prove that you are thinking that you do not want to believe in Him Whom you know to exist and that you do not want to think. With regards to man, to express the concept correctly you must say: “Man, like all animals, is born through the union of male and female. But the soul, that is the thing which distinguishes the animal-man from the animal-brute, comes from God. He creates it as and when a man is procreated, or rather: when he is conceived in a womb and He infuses it in the body which otherwise would be only animal”.»

«And have we got it? We pagans? According to Your fellow-countrymen it would not appear to be so…» says Quintilian ironically.

«Every man born of woman has it.»

«But You said that sin kills it. If so, how can it be alive in us sinners?» asks Plautina.

«You do not sin against faith, because you believe that you are in the Truth. When you become acquainted with the Truth and you persist in your error, then you will commit sin. Likewise, many things which are sinful for Israelites, are not so for you. Because no divine law forbids you. One sins when one consciously rebels against the order given by God and says: “I know that what I am doing is wrong. But I want to do it just the same”. God is just. He cannot punish one who does the wrong thing thinking that he is doing the right one. He punishes those, who being able to tell Good from Evil, choose the latter and persist in it.»

«So we have a soul and it is alive and present in us?»

«Yes, it is so.»

«And it suffers? Do You really think that it remembers God? We do not remember the womb that bore us. We could not tell what its inside was like. If I have understood You correctly, the soul is spiritually born of God. Can it possibly remember Him if our body does not remember the long time it was in a womb?»

«The soul is not material, Plautina. An embryo is. In fact the soul is infused when the foetus is already formed. The soul is, like God, eternal and spiritual. It is eternal from the moment it is created, whereas God is the Most Perfect Eternal Being and thus has no beginning in time and will have no end. The soul[1], the lucid, intelligent, spiritual work of God, does remember. And it suffers, because it longs for God, the True God, from Whom it comes, and it hungers for God. That is why it spurs the torpid body to endeavour to approach God.»

204.7

«So we have a soul as those whom you call “the just people” of your nation have? Exactly the same?»

«No, Plautina. It depends on what you mean. If you mean according to its origin and nature, it is exactly the same as the souls of our saints. But if you refer to its formation, then I say that it is different. And if you mean according to the perfection reached before death, then it may be completely different. But that does not apply to you heathens. Also a son of our people can be completely different from a saint, in future life. A soul is subjected to three phases, The first is creation. The second a new creation. The third is perfection. The first is common to all men. The second is peculiar to just people who through their will elevate their souls to a more complete revival, joining their good deeds to the perfection of God’s work, whereby their souls are spiritually more perfect and form a connection link between the first and third ones. The third is peculiar to the blessed souls, or saints, if you prefer so, who have exceeded by a thousand degrees the initial stage of their souls, a stage suitable to man, and have transformed them into something suitable to rest in God.»

204.8

«How can we make room, clearance and elevation for our souls?»

«By demolishing the useless things you have in your “ego”. Clear it of all wrong knowledge, and with the debris make the elevation for the sovereign temple. A soul is to be carried higher and higher, on the three steps. Oh! you Romans love symbols. Look at the three steps in a symbolic light. They can tell you their names: penance, patience, perseverance. Or: humbility, purity, justice. Or: wisdom, generosity, mercy. Or, finally, the splendid trinomial: faith, hope, charity. Look also at the symbol of the ornate strong enclosure which encircles the area of the temple. You must surround your soul, the queen of the body, the temple of the Eternal Spirit, with a barrier which may protect it without obstructing light or oppressing it with ugly sights. An enclosure that must be safe and free from the love and desire of what is inferior: flesh and blood, and must aim at what is superior: the spirit. The chisel of freedom is your will-power, which will smooth corners, and remove clefts, stains and flaws in the marble of your ego, so that it may be perfect around your souls. And at the same time, the enclosure protecting the temple is to be used by you as a merciful shelter for the more unhappy people who do not know what Charity is. The porches: they are the effusion of love, of piety, of your desire that more people may come to God, and are like the loving arms stretched like a veil over the cradle of an orphan. And beyond the enclosure: the most beautiful and most scented trees are a homage to the Creator. The trees, planted on a soil previously barren and subsequently cultivated, symbolise all kinds of virtues and form the second living flowery enclosure around the sanctuary; and among the trees, that is among the virtues, there are the fountains, a further effusion of love and another purification before approaching the propylaeum near which one must sacrifice one’s carnality and repudiate all forms of lust before ascending the altar. And then you may proceed further, to the altar and lay your offer on it and finally, crossing the vestibule, you may approach the cell, where God is. And what will the cell be like? Abundance of spiritual wealth, because you can never adorn God too much. Have you understood? You asked Me how Faith is built. I said to You: “Following the method used to build temples”. You can see that it is true.

204.9

Is there anything else you wish to ask Me?»

«No, Master. I think that Flavia has written what You said. Claudia wants to know. Have you written everything?»

«I have written everything most accurately» replies the woman handing over the waxed tablets.

«We will have time to read them again», says Plautina.

«It is wax. It is easily cancelled. Write everything in your hearts. It will never cancel.»

«Master, they are encumbered with vain temples. We are throwing Your words against them to demolish them. But it is a long tasks» says Plautina sighing. And she concludes: «Remember us in Your Heaven…»

«You may rest assured that I will. I leave you. I want you to know that your visit has been very dear to Me. Goodbye, Publius Quintilian. Remember Jesus of Nazareth.»

The ladies say goodbye and are the first to go away. Then Quintilian, who is somewhat pensive, leaves. Jesus watches them go away with Maximinus who leads them back to their wagons.

204.10

«What are You thinking of, Master?» asks Lazarus.

«That there are many unhappy people in the world.»

«And I am one of them.»

«Why, My dear friend?»

«Because everybody comes to You, except Mary. Is she the greatest ruin?»

Jesus looks at him and smiles.

«You are smiling? Are You not sorry that Mary cannot be converted? Are You not sorry that I am suffering? Martha has done nothing but weep since Monday evening. Who was that woman? Don’t You know that for the whole day we hoped it was she?»

«I am smiling because you are an impatient child… And I am smiling because I think that you are wasting energy and tears. Had it been she, I would have rushed to tell you.»

«So it was not she?»

«Oh! Lazarus!…»

«You are right. Patience! Still patience!… Master, here are the jewels that You gave me to sell. They have become money for the poor. They were beautiful. Ladies’ jewels.»

«They belonged to “that” woman.»

«I thought so. Ah! Had they been Mary’s… But she!… I am losing hope, my Lord!…»

Jesus embraces him without speaking for a little while. He then says: «Please do not mention those jewels to anybody. She must disappear, without being admired or desired any longer, like a cloud driven elsewhere by the wind, without leaving any trace in the blue sky.»

«You may be sure, Master… and, in exchange, bring me Mary, our unhappy Mary…»

«Peace be with you, Lazarus. I will keep My promise.»


Notes

  1. L’embryon, oui, au lieu de : le fœtus, si, est une correction de Maria Valtorta sur le manuscrit original, où elle insère : « Tant il est vrai que l’âme est donnée quand le fœtus est déjà formé. » Nous n’insérons pas dans le texte cette phrase, car elle n’est pas en accord avec ce qu’on lit quelques lignes plus haut « Il la crée [Dieu crée l’âme] chaque fois qu’un homme est engendré – ou plutôt : chaque fois qu’il est conçu dans un sein – et il la greffe en cette chair, qui autrement ne serait qu’animale. »
  2. L’âme… s’en souvient : cela a déjà abordé plus haut, en 204.5, ainsi qu’en 94.7, 121.7, 154.7 (avec une note), 157.5, 169.5, 344.7 (dans la bouche d’un enfant), 428.4 (avec note), 534.6 (dans la bouche d’un vieillard), 554.10, 556.8. Le souvenir que les âmes ont de Dieu est traité plus spécifiquement en : 10.9, 286.7, 290.9. Par ailleurs, Marie “ ne fut jamais privée du souvenir de Dieu ”, comme on peut le lire en 4.6 ; cela est illustré en 10.8/10 et dans les dernières lignes de 11.4. Il est encore question de l’âme de Marie en 136.6 ainsi qu’en 348.9/10.

Notes

  1. The soul… does remember. An illuminating description of the so-called “memory of souls” that is different from the one conceived by Socrates, is that of 8th September 1945 and is found in the volume “The Notebooks. 1945-1950”.