The Writings of Maria Valtorta

212. Une onde d’amour pour Jésus, qui parle à Yutta dans la petite maison d’Isaac.

212. A wave of love for Jesus who, in Juttah,

212.1

Toute la ville de Yutta est accourue à la rencontre de Jésus avec des fleurs sauvages des pentes de la montagne et les prémices de ses cultures, sans compter le sourire de ses enfants et les bénédictions de ses habitants. Et, avant même que Jésus puisse mettre les pieds dans le village, il est entouré par tous ces braves gens qui, prévenus par Judas et Jean envoyés en avant, sont accourus avec ce qu’ils ont trouvé de mieux pour faire honneur au Sauveur, et surtout avec leur amour.

Jésus ne cesse de bénir du geste et de la parole toutes ces personnes, grandes et petites, qui se serrent contre lui en baisant ses vêtements et ses mains et qui lui mettent leurs bébés dans les bras pour qu’il les bénisse par un baiser. La première à le faire, c’est Sarah qui lui met sur le cœur ce splendide petit amour de dix mois qu’est maintenant Jésaï.

Leur amour est si impétueux qu’il gêne les marcheurs. C’est comme une vague qui soulève. Je crois que Jésus avance moins par ses pieds que porté par tout ce flot, et son cœur est certainement soulevé bien haut, dans la sérénité, sous l’effet du bonheur que cet amour lui procure. Son visage resplendit comme aux moments de sa plus vive joie d’Homme-Dieu. Il n’a pas le visage puissant au regard magnétique des heures de miracle, ni le visage majestueux des moments où il exprime son union continuelle avec son Père, et encore moins l’expression sévère qu’il a quand il s’oppose à une faute. Tous ces visages resplendissent d’une lumière différente ; mais celle de maintenant est la lumière des heures de détente de tout son être, si souvent assailli de toutes parts, contraint de surveiller constamment ses moindres gestes ou paroles, ou de déjouer les pièges tendus par les plus pervers. Ces derniers, comme une araignée malfaisante, jettent leurs filets sataniques autour du divin Papillon qu’est l’Homme-Dieu dans l’espoir de paralyser son vol, d’emprisonner son esprit, pour l’empêcher de sauver le monde ; ils espèrent bâillonner sa parole pour qu’il n’instruise pas les suprêmes et coupables ignorances de la terre, lui lier les mains, ses mains de Prêtre éternel, pour qu’elles ne sanctifient pas les hommes dépravés par le démon et par la chair, lui voiler les yeux pour que la perfection de son regard — qui est aimant, pardon, amour et fascination victorieuse de toute résistance qui n’est pas celle d’un vrai satan — n’attire pas à lui les cœurs.

212.2

Ah ! N’en va-t-il pas encore et toujours de même à l’instigation des ennemis du Christ ? Est-ce que la science et l’hérésie, la haine et l’envie, les ennemis de l’humanité issus de cette humanité même comme des rameaux empoisonnés d’un bon arbre, ne font pas tout cela, aujourd’hui encore, pour faire mourir l’humanité ? Oui, c’est ce qu’ils font, car ils la haïssent plus encore qu’ils ne haïssent le Christ : en effet, ils s’en prennent activement à elle en la privant de sa joie par la déchristianisation, alors qu’ils ne peuvent rien ôter à Jésus, puisqu’il est Dieu, et eux poussière.

Mais le Christ se réfugie dans les cœurs fidèles et c’est de là qu’il regarde, parle, bénit l’humanité, et puis… et puis il se donne à ces cœurs, et eux… et eux touchent le Ciel avec sa béatitude, tout en restant ici-bas, mais en brûlant jusqu’à en éprouver un délicieux tourment de tout l’être : dans les sens et les organes, les sentiments et la pensée et dans leur âme enfin… Larmes et sourires, gémissements et chants, épuisement et même activité vitale sont nos compagnons ; encore plus que des compagnons, ils sont notre être même. En effet, de même que les os sont entourés de chair et que veines et nerfs sont situés sous l’épiderme, mais que tout ne fait qu’un seul homme, ainsi également toutes ces choses embrasées, nées du fait que Jésus s’est donné à nous, se trouvent en nous, dans notre pauvre humanité. Et que sommes-nous à ces moments qui ne pourraient durer éternellement, car s’ils duraient plus que quelques instants on mourrait brûlé et brisé ? Nous ne sommes plus des hommes. Nous ne sommes plus des animaux doués de raison qui vivent sur la terre. Nous sommes… nous sommes… oh ! Seigneur, laisse-moi le dire une fois, non par orgueil, mais pour chanter ta gloire, puisque ton regard me brûle et me fait délirer… Nous sommes alors des séraphins ! Et je m’étonne qu’il ne sorte pas de nous des flammes et des ardeurs sensibles aux êtres et à la matière, comme cela se produit lors des apparitions des damnés. En effet, si le feu de l’enfer est tel qu’un seul reflet émanant d’un damné peut brûler le bois et faire fondre les métaux, qu’en est-il donc de ton feu, mon Dieu, en qui tout est infini et parfait ?

On ne meurt pas de cette fièvre, non, ce n’est pas elle qui nous brûle. Ce n’est pas la fièvre des maladies physiques qui nous consume. C’est toi qui es notre fièvre, Amour ! Et c’est de lui que nous brûlons, que nous mourons, que nous nous consumons, c’est de lui et par lui que se déchirent les fibres du cœur qui ne peut résister à chose si grande. Mais je me suis mal exprimée car l’amour est délire, c’est une cascade qui brise les digues et descend en renversant tout ce qui n’est pas elle. L’amour est, dans l’âme, affolement des sensations de l’esprit, toutes vraies, toutes présentes. Mais la main ne peut les transcrire tant l’esprit est rapide pour traduire en pensée le sentiment qu’éprouve le cœur. Ce n’est pas vrai que nous mourons. Nous vivons. Nous vivons d’une vie décuplée, d’une vie double, en tant qu’hommes et que bienheureux : la vie de la terre, celle du Ciel. Nous atteignons et nous dépassons – j’en suis bien certaine – la vie sans défauts, sans amoindrissement ni limites que toi, Père, Fils et Esprit Saint, toi, Dieu Créateur, un et trine, avais donnée à Adam, en prélude à la Vie qui suit la montée vers toi, la Vie dont on jouit au Ciel après un tranquille passage du paradis terrestre au paradis céleste et un voyage fait dans les bras aimants des anges comme le fut le doux sommeil et la douce montée de Marie au Ciel pour venir à toi, à toi, à toi ! Nous vivons la vraie vie.

Et puis nous nous retrouvons ici et, comme je le fais en ce moment, nous nous étonnons, nous avons honte d’être allés jusque là, et nous disons : « Seigneur, je ne suis pas digne de telles hauteurs. Pardon, Seigneur. » Nous nous battons la poitrine par peur d’être tombés dans l’orgueil et nous laissons tomber un voile plus épais sur cette splendeur qui, si elle ne continue pas à flamber d’une ardeur plus que complète, par pitié pour nos limites, se rassemble pourtant au centre de notre cœur, prête à s’enflammer puissamment pour un nouveau moment de béatitude voulu de Dieu. Nous descendons le voile sur le sanctuaire où Dieu brûle de ses feux, de ses lumières, de ses amours… et, épuisés mais régénérés, nous reprenons notre marche… ivres d’un vin fort et suave qui n’émousse pas la raison, mais qui empêche de tourner ses yeux et ses pensées vers ce qui n’est pas le Seigneur, toi, mon Jésus, anneau qui joins notre misère à la Divinité, moyen de rédemption pour notre faute, créateur de béatitude pour notre âme, toi, le Fils qui, de tes mains blessées, mets nos mains dans les mains spirituelles du Père et de l’Esprit, pour que nous soyons en vous, maintenant et toujours. Amen.

212.3

Mais où suis-je allée pendant que Jésus me brûle en brûlant de son regard d’amour les habitants de Yutta ? Vous aurez remarqué que je ne parle plus de moi, ou bien rarement. Que de choses je pourrais dire ! Mais la fatigue et la faiblesse physique qui m’ac­cablent aussitôt après les dictées ainsi que la pudeur spirituelle toujours plus forte à mesure que j’avance m’incitent, m’o­bligent à me taire. Mais aujourd’hui… je suis montée trop haut et, vous savez, l’air de la stratosphère fait perdre tout contrôle… Je suis montée beaucoup plus haut que la stratosphère… et je n’avais plus la possibilité de me contrôler… Et puis, je crois que, si nous nous taisions toujours, nous qui sommes pris par ces tourbillons d’amour, nous finirions par éclater comme des projectiles ou plutôt comme des chaudières surchauffées et closes. Pardonnez-moi, Père. Et maintenant poursuivons.

212.4

Jésus entre à Yutta, et il est conduit sur la place du marché, puis à la pauvre cabane où Isaac a souffert pendant trente ans. On lui explique :

« C’est ici que nous venons pour parler de toi et pour prier comme dans une synagogue, la plus vraie. Car c’est ici que nous avons commencé à te connaître et ici que les prières d’un saint t’ont rappelé à nous. Entre. Vois comment nous avons arrangé sa demeure. »

Jusqu’à l’an dernier, la maisonnette comprenait trois petites pièces : celle où mendiait Isaac infirme, un débarras et une petite cuisine qui donnait sur la cour. On les a réunies en une seule pièce et il y a des bancs qui servent pour les rassemblements. Dans la cour, dans une petite baraque, on a rangé les quelques meubles d’Isaac comme des reliques ; le respect des habitants de Yutta a rendu la cour moins désolée, on y a mis des plantes grimpantes qui couvrent maintenant de fleurs la palissade rustique et forment un commencement de tonnelle en suivant des cordes tendues à la manière de filets au-dessus de la cour, au niveau du toit peu élevé.

Jésus les félicite et ajoute :

« Nous pouvons séjourner ici. Je vous prie seulement de loger les femmes et l’enfant.

– Oh, notre Maître ! Jamais de la vie ! Nous viendrons ici avec toi et tu nous parleras, mais tes disciples et toi, vous êtes nos hôtes. Accorde-nous la bénédiction de te recevoir ainsi que les serviteurs de Dieu. La seule chose qui nous déplaise, c’est qu’il n’y en ait pas autant que de maisons… »

Jésus accepte et sort de la maisonnette pour aller dans la maison de Sarah, qui ne cède à personne son droit de recevoir à dîner Jésus et ses disciples…

212.5

… Jésus, dans la maison d’Isaac, parle. Les gens occupent la pièce et la cour et s’entassent même dehors. Pour que tout le monde l’entende bien, Jésus se met au milieu de la pièce, de façon à ce que sa voix se fasse entendre tant dans la cour que sur la place. Il doit traiter un sujet suggéré par une question qu’on lui a posée ou par un événement. Il dit :

« …Mais, n’en doutez pas. Comme le dit[1] Jérémie, ils verront à l’épreuve combien il est douloureux et amer d’avoir abandonné le Seigneur. Pour certaines fautes, mes amis, il n’existe ni salpêtre ni bore capable d’en effacer l’empreinte. Même le feu de l’enfer ne peut enlever cette marque. Elle est indélébile.

Là encore, il faut remarquer la justesse de la parole de Jérémie. Nos grands d’Israël ressemblent vraiment aux ânes sauvages dont parle le prophète. Ils sont habitués au désert de leur cœur. Pourtant, croyez-le bien, tant qu’on est avec Dieu, même si on est pauvre comme Job, seul ou nu, on n’est jamais seul, on n’est jamais pauvre, jamais dépouillé, jamais un désert. Mais eux, ils ont chassé Dieu de leur cœur et se trouvent ainsi dans un désert aride. Comme les ânesses sauvages, ils flairent dans le vent l’odeur des mâles, qui, dans notre cas et en raison de leurs passions, s’appellent puissance, argent, sans oublier la luxure proprement dite et ils suivent cette odeur jusqu’au crime. Oui, ils la suivent et la suivront de plus en plus. Ils ignorent que ce ne sont pas leurs pieds qui sont nus, mais leur cœur exposé aux flèches de Dieu, qui vengera leurs crimes. Comme ils seront alors confondus, le roi et les princes, les prêtres et les scribes qui en vérité ont dit et disent à ce qui est néant ou, pire, est péché : “ Tu es pour moi un père. C’est toi qui m’as engendré ” !

En vérité, en vérité je vous dis[2] que Moïse brisa avec colère les Tables de la Loi à la vue du peuple idolâtre, puis il retourna sur la montagne, pria, adora, obtint grâce. Il y a des siècles de cela. Mais l’idolâtrie n’a pas encore disparu du cœur des hommes, elle ne disparaîtra pas : au contraire, elle grandit comme le levain qu’on met dans la pâte. Maintenant, presque tout le monde a son veau d’or. La terre est une forêt d’idoles, car chaque cœur est un autel et il est bien difficile d’y trouver Dieu. Celui qui n’a pas une passion mauvaise en a une autre, celui qui n’a pas un désir mauvais en a un qui porte un autre nom. Celui qui ne pense pas à l’or ne pense qu’à sa situation sociale, celui qui n’est pas obnubilé par la chair est possédé par l’égoïsme. Combien d’êtres devenus des veaux d’or ne reçoivent-ils pas l’adoration des cœurs ! A cause de cela, le jour viendra où ils seront frappés. Alors ils appelleront le Seigneur et s’entendront répondre : “ Adresse-toi à tes dieux. Moi, je ne te connais pas. ”

Je ne te connais pas ! Parole redoutable, si c’est Dieu qui la dit à un homme. Dieu a créé l’espèce humaine et connaît chaque homme en particulier. Donc si Dieu dit : “ Je ne te connais pas ”, c’est signe que, de toute la force de sa volonté, il a effacé cet homme de sa mémoire. Je ne te connais pas ! Dieu est-il trop sévère en prononçant ce verdict ? Non. L’homme a crié au Ciel : “ Je ne te connais pas ” et le Ciel a répondu à l’homme : “ Je ne te connais pas. ” Fidèle comme l’écho…

212.6

D’ailleurs, réfléchissez : l’homme est obligé de connaître Dieu par devoir de reconnaissance, et par respect pour sa propre intelligence.

Par reconnaissance : Dieu a créé l’homme en lui faisant le don ineffable de la vie et en le pourvoyant du don encore plus ineffable de la grâce. Une fois celle-ci perdue par sa propre faute, l’homme s’entend faire une grande promesse : “ Je te rendrai la grâce. ” C’est Dieu, l’offensé, qui parle à l’offenseur comme s’il était lui, Dieu, le coupable tenu de réparer. Et Dieu tient sa promesse. Voilà, je suis ici pour rendre la grâce à l’homme. Dieu ne se borne pas aux dons surnaturels, mais il abaisse son Essence spirituelle à pourvoir aux lourdes nécessités de la chair et du sang de l’homme : il lui procure la chaleur du soleil, le soulagement de l’eau, les grains, les vignes, les arbres de toute sorte et les animaux de toute espèce. Ainsi l’homme reçoit-il de Dieu tout ce qu’il lui faut pour vivre. C’est le Bienfaiteur. Il faut lui en être reconnaissant et le lui montrer en s’efforçant de le connaître.

Par respect pour sa propre raison. Le fou, le simple d’esprit ne sont pas reconnaissants envers ceux qui les soignent parce qu’ils ne comprennent pas la valeur réelle des soins. Ils n’éprouvent que de la haine à l’égard de celui qui les lave ou les fait manger, les conduit ou les met au lit, ou encore veille à leur faire éviter les dangers, car, étant semblables à des animaux à cause de leur infirmité, ils prennent les soins pour des tortures. Mais l’homme qui manque à ses devoirs envers Dieu se déshonore lui-même, car il est un être doué de raison. Seuls les attardés mentaux ou les déments n’arrivent pas à distinguer le père de l’étranger, le bienfaiteur de l’ennemi. Mais l’homme intelligent connaît son père et son bienfaiteur et il se plaît à le connaître toujours mieux, même dans les choses qu’il ignore parce qu’elles sont arrivées avant sa naissance ou avant que son père ou son bienfaiteur ne l’en aient fait bénéficier. On doit donc agir de même avec le Seigneur pour montrer que l’on est un être intelligent et pas un sauvage.

Mais trop de personnes en Israël ressemblent à ces fous qui ne reconnaissent pas leur père ni leur bienfaiteur.

Jérémie se demande : “ La vierge peut-elle oublier ses pa­rures et une épouse sa ceinture ? ” Oh, oui ! Israël est rempli de ces vierges folles, de ces épouses impudiques qui oublient leurs pa­rures et leurs ceintures honnêtes pour se revêtir d’oripeaux de prostituées ; et cela prend une proportion d’autant plus grande que l’on monte davantage dans l’échelle sociale, chez ceux qui devraient donner l’exemple au peuple. C’est donc à eux que s’adressent les reproches de Dieu, accompagnés de son courroux et de ses pleurs : “ Pourquoi essaies-tu de faire valoir l’honnêteté de ta conduite pour chercher l’amour, toi qui, au contraire, enseignes la perversion et tes manières d’agir et dont les pans de ton vêtement évoquent le sang des pauvres et des innocents ? ”

212.7

Mes amis, la distance est un bien et un mal. Etre très loin des endroits où je parle facilement est un mal, car cela vous empêche d’entendre les paroles de la vie. Vous vous en plaignez. C’est vrai. Mais c’est un bien parce que cela vous tient éloignés des lieux où fermente le péché, où bouillonne la corruption, où siffle le serpent insidieux pour agir sur moi en me gênant dans mon œuvre, et dans les cœurs en insinuant doutes et mensonges sur ma personne. Mais je préfère que vous soyez loin des corrompus. Je pourvoirai moi-même à votre formation. Vous voyez que Dieu a pourvu d’abord à ce que nous nous connaissions et donc que nous nous aimions. Je vous étais connu avant que nous ne nous soyons jamais vus. C’est Isaac qui m’a annoncé à vous. J’enverrai beaucoup d’Isaac pour vous transmettre mes paroles. Sachez, du reste, que Dieu peut parler partout, seul à seul avec l’âme de l’homme, et le perfectionner par son enseignement.

Ne craignez pas que la solitude puisse vous conduire à l’erreur. Non. Si vous ne le voulez pas, vous ne serez pas infidèles au Seigneur et à son Christ. D’ailleurs, que celui qui ne peut vraiment pas rester loin du Messie sache que le Messie lui ouvre son cœur et ses bras et lui dit : “ Viens. ” Venez, vous qui voulez venir. Restez, vous qui voulez rester. Mais, les uns comme les autres, annoncez le Christ par une vie honnête. Annoncez-le à l’encontre de la malhonnêteté qui se niche dans trop de cœurs. Annoncez-le à l’encontre de la légèreté des personnes innombrables qui ne savent pas rester fidèles et qui oublient leurs parures et leurs ceintures d’âmes invitées à leurs noces avec le Christ.

Vous m’avez dit avec joie : “ Depuis que tu es venu, nous n’avons pas eu de malades ni de morts. Ta bénédiction nous a protégés. ” Oui, la santé est importante. Mais faites en sorte que ma venue présente vous procure à tous la santé de l’âme, toujours, et en toute chose. C’est dans ce but que je vous bénis et vous donne ma paix, à vous-mêmes, à vos enfants, à vos champs, à vos maisons, à vos moissons, à vos troupeaux, à vos vergers. Servez-vous-en saintement, c’est-à-dire non pas en vivant pour eux, mais grâce à eux et en donnant le surplus aux nécessiteux, en achetant ainsi la pleine mesure des bénédictions du Père et une place aux Cieux.

Allez. Moi, je reste pour prier… »

Le 9 juillet [1945].

212.8

Je relis, Père, ce que j’ai écrit hier, pour réécrire certains mots inintelligibles, par pitié pour vos yeux. Je suis désolée en le relisant… c’est tellement au-dessous de ce que j’éprouvais pendant que je décrivais mon état d’âme ! J’ai pourtant appelé mon saint Jean pour m’aider à exprimer ce que le Seigneur me faisait éprouver, à la fois par peur de mal m’expliquer et pour trouver en lui un réconfort – car c’est aussi une souffrance, savez-vous ? –. Je lui ai dit : « Tu connais bien ces choses. Tu les as éprouvées. Aide- moi. » Et sa présence ne m’a pas fait défaut, ni son sourire d’éternel enfant bon, ni ses caresses. Néanmoins, je sens maintenant que ma pauvre parole est tellement inférieure au sentiment que j’éprouvais… Tout est paille de ce qui est humain, il n’y a que le surnaturel qui soit de l’or. Mais l’humain ne peut pas même le décrire !

212.1

The whole population of Juttah has run to meet Jesus with the wild flowers picked on the mountain sides and the early fruits they cultivate, besides the smiles of the children and the blessings of the citizens. And before Jesus can set foot in the village, He is surrounded by the good people who, warned by Judas of Kerioth and by John, sent ahead as messengers, have rushed with what they found best to honour the Saviour, and above all with their love.

Jesus blesses with gestures and words both adults and young people who press against Him kissing His tunic and hands, and lay sucklings on His arms so that He may bless them with a kiss. The first to do so is Sarah, who places against His heart the beautiful ten month old baby, whose name is Jesai.

Their love is so impetuous that it prevents progress. And yet it is like a rising wave. I think that Jesus proceeds carried more by that wave than by His own feet, and His heart is certainly carried very high, into the clear sky, by the joy of such love. His face shines with the brightness of the moments of greatest joy of Man-God. It is not the powerful magnetic looking face of the moments when He works miracles, nor the majestic face as when He discloses His continuous union with the Father, nor the severe one as when He condemns sin. They all sparkle with different lights, but the present one is the light of the hours of relaxation of His whole ego, assailed from so many sides, compelled to be always vigilant of every slightest gesture or word, both of His own or of others, surrounded by all the traps of the world that, like a malefic cobweb, throw their satanic threads around the Divine Butterfly of the Man-God, hoping to paralyze His flight and imprison His spirit, so that He may not save the world; to gag His word, so that He may not instruct the supreme guilty ignorance of the earth; to tie His hands, the hands of the Eternal Priest, so that they may not sanctify men, depraved by demon and flesh; to dim His eyes, so that the perfection of His look may not attract hearts to Himself, His look in fact is a magnet, forgiveness, love, charm overwhelming every resistance that is not the resistance of a perfect satan.

212.2

Oh! Is the work of the enemies of the Christ still not always the same against the Christ? Science and Heresy, Hatred and Envy, the enemies of Mankind, who sprang from Mankind itself like poisoned branches from a good tree, do they not do all that, so that Mankind may die, as they hate it more than they hate the Christ, because they hate it in an active way, unchristianising it in order to deprive it of its joy, whereas they can bereave Jesus of nothing, as He is God, whilst they are dust? Yes, they do that.

But the Christ takes shelter in faithful hearts, whence He looks, speaks and blesses Mankind and then… and then He gives Himself to those hearts and they… and they touch Heaven with its blessedness, still remaining here, but burning their senses and organs, in their feelings and thoughts and in their souls, to the extent of being delightfully tortured in their whole being… Tears and smiles, groans and songs, exhaustion and dire urgency for life are our companions, more than companions they are our very being, because as bones are in the flesh and veins and nerves are under our skin and they all make one man, thus, likewise, all these burning things originating from the fact that Jesus gave Himself to us, are within us, in our poor humanity. And what are we in those moments which could not last forever, because if they lasted a few moments longer, we would die burnt and broken? We are no longer men. We are no longer the animals gifted with reason living on the earth. We are, we are, oh! Lord! Let me say it once, not out of pride, but to sing Your glories because Your glance burns me and makes me rave… We are then seraphim. And I am surprised that we do not emit flames and fierce heat perceptible by people and matter, as it happens in the apparitions of damned souls. Because if it is true that the fire of Hell is such that even the reflection emitted by a damned soul can set a piece of wood on fire and melt metals, what is Your fire like, o God, in Whom everything is infinite and perfect?

One does not die of fever, one does not burn because of it, one is not consumed by the fever of bodily diseases. You are our fever, Love! And by it we are burnt, we die, we are consumed and the fibres of our hearts, which cannot resist so much, are torn apart by it and for it. But I expressed myself badly, because love is delirium, love is a waterfall that shatters dams and descends knocking down everything that is not love, love is the thronging in the mind of sensations, which are all true and present, but no hand can write them down, as the mind is so fast in translating the feelings of the heart into thoughts. It is not true that one dies. One lives. Life is decupled. One lives a double life: as a man and as a blessed soul: the life of the earth, and that of Heaven. Oh! I am sure of it: one achieves and exceeds the life without faults, without restrictions and limitations, that You, Father, Son and Holy Spirit, You, God Creator, One and Triune, had given to Adam a prelude to the Life, after ascending to You, to be enjoyed in Heaven, following a placid transition from the Earthly Paradise to the Heavenly one, a transfer made in the loving arms of angels, like the sweet sleep and assumption of Mary into Heaven, to come to You!

One lives the true Life. Then one finds oneself here, and as I am doing now, one is amazed and ashamed of going so far and one says: «Lord, I am not worthy of so much. Forgive me, Lord» and one beats one’s breast, because we are terrified at having been proud and a thicker veil is lowered over the splendour, because if it does not continue to blaze with overwhelming ardour, out of pity for our limitation, it gathers in the centre of our hearts, ready to blaze once again in a mighty way for another moment of blessedness wanted by God. The veil is lowered on the sanctuary where the fire, the light and love of God are burning… and exhausted and yet regenerated we carry on like… people inebriated with a strong sweet wine that does not dim reason but prevents us from having eyes and thoughts for what is not the Lord, You, my Jesus, ring linking our misery to divinity, means of redemption for our sin, creator of blessedness for our souls. You, Son, Who with Your wounded hands put our hands in the spiritual ones of the Father and of the Spirit, that we may be in You, now and forever. Amen.

212.3

But where have I been while Jesus inflames me, inflaming the people of Juttah with His loving glance? You may have noticed that I no longer speak of myself or I do so only seldom. How many things I could say. But the tiredness and physical weakness, which oppress me immediately after dictations, and spiritual modesty, which grows stronger and stronger the more I proceed, convince me and compel me to be silent. But today… I went too high and, we know, the air of the stratosphere makes one lose one’s control… I went much higher than the stratosphere… and I could not control myself anymore… And I think that if we always kept quiet – we who are caught in these vortices of love – we would end up by deflagrating like projectiles, or rather, like overheated or closed boilers. Forgive me, Father. And now let us go on.

212.4

Jesus enters Juttah and is led to the market square and then to the poor little house where Isaac languished for thirty years. They say to Him: «We come here to speak of You and to pray, as in a synagogue, the most true one. Because it is here that we became acquainted with You and here the prayers of a saint have asked You to come to us. Come in and see how we have arranged the place…»

The little house, which the previous year consisted only of three tiny rooms — the first one where Isaac, a sick man, begged, the second, a lumber room and the third, a kitchenette which opened onto the yard — is now one room only with benches in it for those who meet there. The few household implements of Isaac have been placed, like so many relics, in a little hut in the yard and the respectful people of Juttah have made the yard less dreary looking, as they have planted there some climbing plants, which now cover the rustic stockade with their flowers and form an incipient pergola, growing on a network of rope stretched out over the yard, at the height of the low roof.

Jesus praises them and says: «We can stop here. I only beg you to give hospitality to the women and the boy.»

«Oh! Master! That will never be needed! We will come here with You and You will speak to us, but You and Your friends are our guest. Grant us the blessing of giving You and the servants of God hospitality. We only regret that they are not as many as the houses…»

Jesus agrees and leaves the little house going towards that of Sarah who will not give up her right to anybody to entertain Jesus and His friends at a meal…

212.5

… Jesus is speaking in Isaac’s house. The people crowd the room and the yard and throng also the square, and Jesus, in order to be heard by everybody, stands in the middle of the room, so that His voice will carry both through the yard and through the square.

He must be dealing with a subject brought on by a question or an event. He says[1]: «… But have no doubt. As Jeremiah says, they will find out at the test how sorrowful and bitter it is to abandondon the Lord. Neither potash nor lye can remove the stains of certain crimes, My friends. Not even the fire of Hell can corrode that stain. It is indelible.

Also here we must acknowledge the justice of Jeremiah’s words. Our great ones in Israel really look like the wild she-asses mentioned by the Prophet. They are accustomed to the desert of their hearts, because, believe Me, as long as one is with God, even if one is as poor as Job, even if one is alone, even if one is naked, one is never alone, poor or naked, one is never a desert, but they have rejected God in their hearts and thus they are an arid desert. Like wild she-asses they sniff in the air the smell of males, which in our case, because of their lust, are named power, money, as well as true and proper lechery, and they follow that smell, as far as crime. Yes. They follow it and will follow it even more so in future. They do not know that their hearts, not their feet, are exposed to the darts of God Who will avenge their crime. How confused kings, princes, priests and scribes will be, because they really said and still say to what is nothing, or worse, is sin: “You are my father. You have begotten me”!

I solemnly tell you that Moses in a fit of anger broke the Tables of the Law[2] when he saw the people in idolatry. Later he climbed the mountain, prayed, adored and obtained grace. That happened centuries ago. But idolatry has not yet died in the hearts of men, and will never rest, on the contrary it will rise, like yeast in flour. Almost every man now has his own golden calf. The earth is a forest of idols, because every heart is an altar, but hardly ever there is God upon it. He who is not a slave of one evil passion, is slave of another and he who has not one wicked desire, has another with a different name. He who has no greed for gold, has a greed for positions, he who has no lust for the flesh, is an utter egoist. How many egos are worshipped in hearts like golden calves! The day, therefore, will come when they are struck and they will call the Lord and will hear Him reply: “Go to your gods. I do not know you”. I do not know you! A dreadful word when uttered by God to man. God created the race of Men and He knows each individual. If He therefore says: “I do not know you” it means that by the power of His will He has erased that man from His memory. I do not know you! Is God too severe because of that verdict? No. Man cried to Heaven: “I do not know you”, as faithfully as an echo…

212.6

Consider: man is obliged to acknowledge God out of gratitude and out of respect for his own intelligence.

Out of gratitude. God created man and granted him the ineffable gift of life and provided him with the super-ineffable gift of Grace. When man lost Grace through his own fault, he heard a great promise being made to him: “I will give Grace back to you”. It is God, the offended party, Who says so to the offender, as if He, God, were guilty and obliged to make amends. And God keeps His promise. Behold, I am here to give Grace to man. God has not confined Himself to giving only what is supernatural, but He has lowered His Spiritual Essence to provide for the coarse necessities of man’s flesh and blood, and He gives the heat of the sun, the relief of water, corn, vines, all kinds of trees and all races of animals. Thus man received from God all the means of life. He is the Benefactor. Man must be grateful and show his gratitude by endeavouring to know Him.

Out of respect for one’s own reason. A madman and an idiot are not grateful to those who cure them, because they do not understand the true value of the cure. And they hate those who wash them and feed them, who accompany them and put them to bed, who watch that they do not get hurt, because beastly as they are on account of their illness, they mistake cures for tortures. The man who fails in his duties towards God disgraces himself, a being gifted with reason. Only a fool or an idiot cannot tell his father from a stranger, a benefactor from an enemy. But an intelligent man knows his father and his benefactor and takes pleasure in knowing him better and better, also with regards to things of which he is unaware, as they happened before he was born or before he was helped by his father or benefactor. That is what you must do with the Lord to show that you are intelligent and not brutes.

But too many people in Israel are like those fools who do not know their father or their benefactor. Jeremiah asks: “Can a girl forget her ornaments and a bride her sash?” Oh! yes. Israel is made of such foolish girls, of such wanton brides who forget honest ornaments and sashes to put on tinsels of prostitutes; and this is found to happen more and more frequently, the more one climbs the classes that should be the teachers of the people. And God’s reproach, with His wrath and regret, is addressed to them: “Why do you endeavour to prove that your behaviour is good to obtain love, whereas you teach the wickedness of your ways of living, and the blood of poor and innocent people was found on the hems of your garments?”.

212.7

My friends, distance is good and evil. To be very far from the places where I am likely to speak is an evil, because it prevents you from hearing the words of Life. And you regret it. That is true. But it is good inasmuch that it keeps you away from the places where sin ferments, corruption boils and snares hiss to act against Me, hampering Me in My work, and against the hearts of people, by insinuating doubts and falsehood with regards to Me. But I prefer you to be far away rather than corrupted. I will see to your formation. You know that God had provided before we were acquainted with one another, so that we might love one another. I was known before we met. Isaac was your announcer. I will send many Isaacs to speak My words to you. However, you must know that God can speak everywhere and privately to the spirit of man and instruct him in His doctrine.

Do not be afraid that by being alone you may be led into error. No. If you do not want, you will not be unfaithful to the Lord and to His Christ. On the other hand, he who just cannot stay away from the Messiah should know that the Messiah opens His heart and stretches out His arms to him and says: “Come”. Come, whoever wishes to come. Stay here, whoever wishes to stay. But both the former and the latter should preach Christ by means of an honest life. Preach Him against the dishonesty that nestles in too many hearts. Preach Him against the levity of the numerous people who do not know how to persevere faithfully and forget their ornaments and sashes of souls called to the wedding with Christ. You said to Me in your happiness: “Since You came here, we have had neither sick nor dead people. Your blessing has protected us”. Yes, health is a great thing. But make sure that My present coming makes you all wholesome spiritually, always and in everything. To that effect I bless you and I give My peace to you, to your children, to your fields, crops, homes, herds and orchards. Make a holy use of them, do not live for them, but by them, giving what is superfluous to those in need, and you will thus obtain an overflowing measure of the Father’s blessings and a place in Heaven. You may go. I will stay here to pray…»

9th July.

212.8

I am reading again what I wrote yesterday, rewriting some incomprehensible words, out of pity for your eyes, Father. It is distressing to read it… it is so inferior to what I felt while describing my mood! And yet, to be helped to say what the Lord made me feel, lest I should describe it in the wrong way and also for my own relief – because it is also painful, you know? – I invoked my St. John. I said to him: «You know these things very well. You experienced them. Help me.» And I was comforted by his presence, by his smile of an eternal good simple-minded man and by his caress. But now I feel that my poor word is so inferior to the feelings I experienced… All human things are straw, only the supernatural is gold. And a human being cannot even describe it.


Notes

  1. dit en : Jr 2, qui traite de l’apostasie d’Israël.
  2. je vous dis, en rappelant ce que l’on peut lire en Ex 32-34.

Notes

  1. He says in Jeremiah 2, referring to Israel’s apostasy.
  2. broke the Tables of the Law: Exodus 32-34.