The Writings of Maria Valtorta

242. A Tibériade avec Marie de Magdala.

242. In Tiberias with Mary of Magdala.

242.1

Quand la barque s’arrête dans le minuscule port de Tibériade, quelques désœuvrés qui se promènent près du petit môle ac­courent pour les voir. Il y a des gens de toutes classes et de toutes nationalités. Ainsi, les vêtements longs et multicolores des Hébreux, les tignasses et les barbes imposantes des juifs se mêlent aux habits de laine blanche plus courts et sans manches, aux visages glabres, aux cheveux courts des romains robustes, et aux vêtements encore plus réduits qui couvrent les corps agiles et efféminés des grecs. Ces derniers semblent avoir assimilé jusque dans leurs poses l’art de leur nation lointaine, ils ressemblent à des statues de dieux descendus sur terre dans des corps d’hommes, enveloppés dans leurs tuniques souples, figures classiques sous des chevelures frisées et parfumées, bras chargés de bracelets qui scintillent dans leurs mouvements étudiés.

De nombreuses courtisanes se mêlent à ces deux dernières catégories de personnes car romains et grecs n’hésitent pas à afficher leurs amours sur les places et dans les rues, alors que les palestiniens s’en abstiennent, quitte ensuite à se livrer joyeusement à l’amour libre avec des courtisanes à l’intérieur de leurs maisons. C’est bien visible car les courtisanes, malgré les gros yeux que leur font ceux qu’elles interpellent, appellent familièrement par leurs noms divers juifs, parmi lesquels se trouve un pharisien enrubanné.

242.2

Jésus se dirige vers la ville, à l’endroit précis où la foule la plus élégante se rassemble en plus grand nombre. Cette foule élégante est romaine et grecque en majorité, avec une poignée de courtisans d’Hérode et d’autres individus que je crois être de riches marchands de la côte phénicienne, vers Sidon et Tyr, car ils parlent de ces villes, de magasins et de bateaux.

Les portiques extérieurs des thermes sont remplis de cette multitude et oisive qui perd ainsi son temps à discuter sur des sujets sans grande importance tels que le discobole ou l’athlète le plus agile et le plus harmonieux en lutte gréco-romaine ; ou encore ils papotent de mode et de banquets et prennent rendez-vous pour des promenades joyeuses en allant inviter les plus belles courtisanes ou les dames qui, parfumées et frisées, sortent des thermes ou des palais, en se dispersant dans ce centre de Tibériade tout de marbre et décoré artistement comme un salon.

Naturellement, le passage du groupe provoque une vive curiosité, qui devient tout à fait extraordinaire quand quelqu’un reconnaît Jésus pour l’avoir vu à Césarée ou quand on reconnaît Marie-Madeleine. Pourtant, elle marche tout enveloppée dans son manteau, avec un voile blanc qui lui tombe très bas sur le front et sur les joues, de sorte qu’ainsi voilée, et de plus la tête baissée, on voit bien peu son visage.

« C’est le Nazaréen qui a guéri la petite fille de Valeria, dit un romain.

– J’aimerais bien voir un miracle, lui répond un autre Romain.

– Moi, je voudrais l’entendre parler. On dit que c’est un grand philosophe. Est-ce que nous lui demandons de parler ? demande un grec.

– Ne te donne pas cette peine, Théodate. Il ne prêche que du vent. Il aurait convenu à un tragédien pour une satire, répond un autre grec.

– Ne t’inquiète pas, Aristobule. On dirait qu’il est maintenant redescendu des nuées et qu’il marche sur la terre ferme. Tu vois son escorte de femmes jeunes et belles ? plaisante un romain.

242.3

– Mais celle-là, c’est Marie de Magdala ! » s’écrie un grec ; puis il appelle :

« Lucius ! Cornélius ! Titus ! Regardez, c’est Marie !

– Mais non, ce n’est pas elle ! Marie dans cette tenue ! Tu es ivre ?

– C’est elle, je te l’affirme. Je ne peux pas me tromper, même si elle est déguisée comme cela. »

Les romains et les grecs se rassemblent du côté du groupe des apôtres qui traverse en biais la place remplie de portiques et de fontaines. Même des femmes se joignent aux curieux et c’est justement une femme qui va presque se mettre sous le nez de Marie pour mieux la voir et reste interdite en voyant que c’est bien elle. Elle demande : « Que fais-tu ainsi mise ? » avec un rire de mépris.

Marie s’arrête, se redresse, lève la main et découvre son visage en rejetant son voile en arrière. C’est Marie de Magdala, dame souveraine sur tout ce qui est méprisable, et maîtresse, déjà maîtresse de ses impressions, qui apparaît.

« C’est bien moi, oui » dit-elle de sa splendide voix et avec des éclairs dans ses très beaux yeux. « C’est bien moi, et j’enlève mon voile pour que vous ne pensiez pas que j’aie honte d’être avec ces saints.

– Oh ! Oh ! Marie avec des saints ! Mais viens, quitte-les ! Ne t’humilie pas toi-même ! Dit la femme.

– Humiliée, je l’ai été jusqu’à présent. Maintenant, je ne le suis plus.

– Mais tu es folle ? Ou c’est un caprice ? » dit-elle.

Un romain lui fait un clin d’œil et dit pour plaisanter :

« Viens avec moi. Je suis plus beau et plus gai que cette pleureuse moustachue qui rend la vie mortelle et en fait un enterrement.

– La vie est belle ! Un triomphe ! Une orgie de joie ! Viens ! Je saurai les surpasser tous pour te rendre heureuse », dit un jeune homme un peu brun, au visage pointu et pourtant agréable.

Il fait mine de la toucher.

« Arrière ! Ne me touche pas. Tu as raison : la vie que vous menez est une orgie et des plus honteuses. Elle me donne la nausée.

– Oh ! Oh ! Il y a peu de temps, c’était pourtant ta vie, répond le grec.

– Maintenant elle fait la vierge, raille un hérodien.

– Tu détruis les saints ! Ton Nazaréen perdra son auréole avec toi. Viens avec nous, insiste un romain.

– Vous, venez avec moi à sa suite. Cessez d’être des bêtes et devenez au moins des hommes. »

Un chœur d’éclats de rire et de railleries lui répond.

Seul, un vieux romain dit :

« Respectez cette femme. Elle est libre de faire ce qu’elle veut. Moi, je la défends.

– Quel démagogue ! Tu l’entends ? Il t’a fait mal, le vin d’hier soir ? demande un jeune.

– Non, il est hypocondriaque parce qu’il a mal au dos, lui répond un autre.

– Approche-toi du Nazaréen pour qu’il te le gratte.

– J’y vais pour qu’il me gratte la boue que j’ai prise à votre contact, répond le vieillard.

– Oh ! Crispus s’est débauché à soixante ans ! » plaisantent un grand nombre en faisant cercle autour de lui.

242.4

Mais l’homme appelé Crispus ne se soucie guère des railleries et se met à marcher derrière Marie-Madeleine, qui rejoint le Maître. Ce dernier s’est installé à l’ombre d’un très bel édifice qui s’étend en forme d’exèdre sur les deux côtés d’une place.

Jésus est déjà aux prises avec un scribe qui lui reproche de se trouver à Tibériade, surtout en telle compagnie.

« Et toi, pourquoi y es-tu ? Pourquoi me reproches-tu d’être à Tibériade ? Je t’affirme même qu’à Tibériade aussi – et même ici plus qu’ailleurs –, il y a des âmes à sauver, lui répond Jésus.

– Elles ne peuvent être sauvées : ce sont des gentils, des païens, des pécheurs.

– C’est pour les pécheurs que je suis venu. Pour faire connaître à tous le vrai Dieu. Je suis venu pour toi aussi.

– Je n’ai besoin ni de maître ni de rédempteur. Je suis pur et instruit.

– Si au moins tu l’étais assez pour connaître ton état !

– Et toi, pour savoir combien t’est préjudiciable la compagnie d’une prostituée !

– Je te pardonne aussi en son nom. Elle, par son humilité, efface son péché. Toi, par ton orgueil, tu redoubles tes fautes.

– Je n’ai pas de fautes.

– Tu as la plus grande : tu es sans amour. »

Le scribe dit : « Raca ! » et lui tourne le dos.

« C’est ma faute, Maître ! » dit Marie-Madeleine et, voyant la pâleur de la Vierge Marie, elle gémit :

« Pardonne-moi. Je fais insulter ton Fils. Je vais me retirer…

– Non. Toi, reste où tu es ! C’est moi qui le veux », dit Jésus d’une voix dominatrice et avec une telle maîtrise de toute sa personne et un tel éclair dans les yeux qu’on a presque du mal à le regarder.

Puis il reprend, plus doucement :

« Toi, reste où tu es. Si quelqu’un ne supporte pas ton voisinage, c’est à lui seul de partir. »

Et Jésus se remet en route en direction de la partie occidentale de la cité.

242.5

« Maître ! », crie le romain corpulent et âgé qui a défendu Marie-Madeleine.

Jésus se retourne.

« Ils t’appellent Maître et moi aussi je te donne ce nom. Je désirais t’entendre parler. Je suis à moitié philosophe, à moitié jouisseur, mais tu pourrais peut-être, toi, faire de moi un homme honnête. »

Jésus le regarde fixement et dit :

« Je quitte la ville où règne la bassesse de l’animalité humaine et où le mépris est souverain. »

Et il se remet en route.

L’homme le suit, transpirant et se fatiguant car le pas de Jésus est alerte – or il est, lui, gros et plutôt vieux, alourdi aussi par les vices. Pierre, qui s’est retourné, en avertit Jésus.

« Laisse-le marcher. Ne t’en occupe pas. »

Peu après, c’est Judas qui dit :

« Mais cet homme nous suit. Ce n’est pas bien !

– Pourquoi ? Par pitié ou pour un autre motif ?

– Pitié de lui ? Non. C’est parce que, un peu plus en arrière, le scribe de tout à l’heure nous suit avec d’autres juifs.

– Laisse-les faire. Mais il aurait mieux valu que tu aies pitié de lui que de toi.

– De toi, Maître.

– Non, de toi, Judas. Sois franc pour te rendre compte de tes sentiments et pour les reconnaître.

– Moi, j’ai vraiment pitié de ce vieil homme aussi. On se fatigue, tu sais, à te suivre, dit Pierre tout en sueur.

– Pour suivre la Perfection, on se fatigue toujours, Simon. »

L’homme les suit, infatigable, en cherchant à rester près des femmes, auxquelles pourtant il n’adresse jamais la parole.

242.6

Marie-Madeleine pleure silencieusement sous son voile.

« Ne pleure pas, Marie, lui dit la Vierge pour la réconforter en lui prenant la main. Après, le monde te respectera. Ce sont les premiers jours qui sont les plus pénibles.

– Oh ! Ce n’est pas pour moi ! Mais pour lui. Si je devais lui faire du mal, je ne me le pardonnerais pas. Tu as entendu le scribe, ce qu’il a dit ? Moi, je le compromets.

– Ma pauvre fille ! Mais ne sais-tu pas que ces paroles sifflaient comme autant de serpents autour de lui avant même que tu n’aies pensé à venir vers lui ? Simon m’a dit qu’ils l’accusaient de cela dès l’an dernier parce qu’il avait guéri une lépreuse, autrefois pécheresse, qu’il avait vue au moment du miracle et puis plus jamais par la suite, une femme plus âgée que moi, qui suis sa mère. Et ne sais-tu pas qu’il a dû s’enfuir de la Belle Eau parce qu’une de tes malheureuses sœurs y était allée pour se racheter ? Comment veux-tu qu’ils l’accusent puisqu’il est sans péché ? Par des mensonges. Et où les trouver ? Dans sa mission parmi les hommes. On présente un acte bon comme preuve d’une faute. Et, quoi que fasse mon Fils, ce sera toujours une faute pour eux. S’il s’enfermait dans un ermitage, il serait coupable de négliger le peuple de Dieu. Il descend dans le peuple de Dieu et il est coupable de le faire. Pour eux, il est toujours coupable.

– Ils sont odieusement méchants, alors !

– Non, ils sont obstinément fermés à la lumière. Lui, mon Jésus, est l’éternel Incompris et il le sera toujours plus.

– Et tu n’en souffres pas ? Tu me parais tellement sereine…

– Tais-toi… C’est comme si mon cœur était entouré d’épines acérées[1]. A chaque respiration, elles me blessent mais, surtout, qu’il ne le sache pas ! Je me montre comme cela pour le soutenir par ma sérénité. Si sa Mère ne le réconforte pas, où mon Jésus pourra-t-il trouver quelque réconfort ? Sur quel sein pourra-t-il pencher sa tête sans se trouver blessé ou calomnié parce qu’il le fait ? Il est donc bien juste que moi, sans égard pour les épines qui déjà me déchirent le cœur, et pour les larmes que je bois aux heures de solitude, je mette un délicat manteau d’amour, que je donne un sourire, à n’importe quel prix, pour le laisser plus tranquille, plus tranquille… jusqu’au moment où le flot de la haine sera tel que rien ne servira plus, pas même l’amour de sa Mère… »

Deux larmes sillonnent le visage pâle de Marie. Les deux sœurs la regardent, vivement émues.

« Mais il nous a, nous qui l’aimons. Et les apôtres aussi…, dit Marthe pour la consoler.

– Il vous a, oui. Il a les apôtres… encore bien inférieurs à leur tâche… Et ma douleur est plus forte, parce que je sais qu’il n’ignore rien…

– Alors, il doit savoir aussi que je veux lui obéir jusqu’à l’immolation, s’il le faut ? demande Marie-Madeleine.

– Il le sait. Tu es une grande joie sur son pénible chemin.

– Oh, Mère ! »

Marie-Madeleine saisit la main de Marie et l’embrasse avec effusion.

242.7

Tibériade finit dans les jardins du faubourg. Au-delà, il y a la route poussiéreuse qui mène à Cana, bordée d’un côté de vergers, de l’autre par une suite de prés et de champs brûlés par le soleil de l’été.

Jésus pénètre dans un verger et s’arrête à l’ombre des arbres touffus. Les femmes le rejoignent, et enfin le romain essoufflé qui n’en peut vraiment plus. Il se place un peu à l’écart, ne parle pas, mais regarde.

« Pendant que nous nous reposons, prenons quelque nourriture » dit Jésus. « Il y a là un puits et un paysan à côté. Allez lui demander de l’eau. »

Jean et Jude y vont. Ils reviennent avec une cruche remplie d’eau jusqu’au bord, suivis du paysan qui offre des figues magnifiques.

« Que Dieu t’en récompense dans ta santé et dans ta récolte !

– Que Dieu te protège. Tu es le Maître, n’est-ce pas ?

– Je le suis.

– Tu parles ici ?

– Il n’y a personne qui le désire.

– Moi, Maître. Plus que l’eau qui est si bonne quand on a soif, crie le romain.

– Tu as soif ?

– Très soif ! Je t’ai suivi depuis la ville.

– Ce ne sont pas les fontaines d’eau fraîche qui manquent, à Tibériade !

– Ne te méprends pas, Maître, ou ne fais pas semblant. Je t’ai suivi pour t’entendre parler.

– Mais pourquoi ?

– Je ne sais pas pourquoi ni comment. C’est quand je l’ai vue… (il montre Marie-Madeleine). Je ne sais pas… Quelque chose m’a dit : “ Il va te dire des choses que tu ne sais pas encore. ” Alors je suis venu.

– Donnez à cet homme de l’eau et des figues. Qu’il restaure son corps.

– Et l’esprit ?

– L’esprit se restaure dans la vérité.

– C’est pour cela que je t’ai suivi. J’ai cherché la vérité dans la science. J’ai trouvé la corruption. Dans les doctrines, même les meilleures, il y a toujours quelque chose qui n’est pas bon. Je me suis avili jusqu’à en avoir la nausée et devenir un homme nauséabond sans autre avenir que l’instant présent. »

Jésus le regarde longuement, tout en mangeant le pain et les figues que les apôtres lui ont apportés.

Le repas est vite terminé.

242.8

Jésus, resté assis, commence à parler comme s’il faisait une simple instruction à ses apôtres. Le paysan lui aussi reste tout près.

« Nombreux sont ceux qui recherchent la vérité leur vie durant sans arriver à la trouver. Ils ressemblent à des fous qui veulent voir tout en tenant une plaque de bronze sur leurs yeux, et ils tâtonnent convulsivement de sorte qu’ils s’éloignent toujours plus de la vérité, ou bien ils la cachent en renversant sur elle des choses que leur recherche folle déplace et fait tomber. Il ne peut leur arriver que cela, parce qu’ils cherchent la vérité là où elle ne peut être.

Pour trouver la vérité, il faut unir l’intelligence à l’amour, et regarder les choses non seulement avec des yeux sages, mais avec des yeux bons, car la bonté a plus de valeur que la sagesse. Celui qui aime arrive toujours à trouver un chemin vers la vérité.

Aimer ne signifie pas jouir de la chair et par la chair. Cela, ce n’est pas de l’amour, c’est de la sensualité. L’amour est une affection d’âme à âme, de partie supérieure à partie supérieure de l’âme. Par elle, on ne voit pas dans sa compagne une esclave, mais celle qui donne le jour aux enfants, seulement cela, c’est-à-dire la moitié qui forme avec l’homme un tout capable de créer une vie, plusieurs vies ; c’est-à-dire la compagne qui est mère, sœur et fille de l’homme, qui est faible plus qu’un nouveau-né ou plus forte qu’un lion suivant les cas, et qui, en tant que mère, sœur, fille doit être aimée avec un respect confiant et protecteur. Ce qui n’est pas cela n’est pas de l’amour, mais du vice. Il ne mène pas en haut mais en bas, pas vers la lumière mais vers les ténèbres, pas vers les étoiles mais vers la boue. Aimer sa femme pour savoir aimer son prochain, aimer son prochain pour savoir aimer Dieu.

242.9

Voilà trouvée la route de la vérité. La vérité est ici, ô hommes qui la cherchez. La vérité est Dieu. C’est la clé pour comprendre la science. Il n’y a de doctrine sans défaut que celle de Dieu. Comment l’homme peut-il apporter des réponses à ses pourquoi, s’il n’a pas Dieu pour lui répondre ? Qui peut dévoiler les mystères de la création, même seulement et simplement ceux-ci, sinon le suprême Ouvrier qui a fait toute cette création ? Comment comprendre ce prodige vivant qu’est l’homme, en qui s’unissent la perfection animale et cette perfection immortelle qu’est l’âme, par laquelle nous sommes des dieux si nous avons en nous une âme vivante, c’est-à-dire libre des fautes qui aviliraient la brute et que pourtant l’homme accomplit et se vante d’accomplir ?

Je vous répète ces mots de Job[2], à vous qui cherchez la vérité : “ Interroge les bêtes de somme et elles t’instruiront, les oiseaux et ils te feront comprendre. Parle à la terre et elle te répondra, aux poissons et ils te feront savoir. ”

Oui, la terre, cette terre verdoyante et fleurie, ces fruits qui se gonflent sur les arbres, ces oiseaux qui prolifèrent, ces courants de vents qui répartissent les nuages, ce lever de soleil qui ne se trompe pas depuis des millénaires, tout parle de Dieu, tout explique Dieu, tout dévoile et découvre Dieu. Si la science ne s’appuie pas sur Dieu, elle devient une erreur qui avilit au lieu d’élever. Le savoir n’est pas corruption s’il est religion. Qui connaît en Dieu ne tombe pas, car il a le sentiment de sa dignité, parce qu’il croit en son avenir éternel. Encore faut-il chercher le Dieu réel. Pas les fantômes qui ne sont pas des dieux mais des délires des hommes encore enveloppés dans les langes de l’ignorance spirituelle, pour lesquels il n’y a pas ombre de sagesse dans leur religion ni ombre de vérité dans leur foi.

242.10

Tout âge est bon pour devenir sage. Cela aussi est dit dans Job[3] : “ Sur le soir, il se lèvera pour toi une lumière qui ressemble à celle du midi et, quand tu te croiras fini, tu te lèveras comme l’étoile du matin. Tu seras plein de confiance par l’espérance qui t’attend. ”

La bonne volonté suffit pour trouver la vérité et, tôt ou tard, elle se laissera découvrir. Mais une fois qu’elle est trouvée, malheur à qui ne la suit pas, imitant par là les personnes têtues d’Israël qui, ayant déjà en main le fil conducteur pour trouver Dieu – tout ce qui est dit de moi dans le Livre –, ne veulent pas se rendre à la vérité et la haïssent, accumulant sur leur intelligence et sur leur cœur les sécheresses de la haine et des formules. Ils ne savent pas que, par leur pesanteur, la terre s’ouvrira sous leurs pas, car ce qu’ils prennent pour une marche triomphale n’est que la démarche asservissante des formalismes, de la rancœur, des égoïsmes. Ils seront engloutis et tomberont là où vont les coupables conscients d’un paganisme plus coupable encore que celui que des peuples se sont inventé pour avoir une religion sur laquelle régler leur conduite.

Pour moi, tout comme je ne repousse pas les enfants d’Israël qui se repentent, je ne repousse pas non plus ces idolâtres qui croient à ce qu’on leur a enseigné et qui au-dedans, dans leur for intérieur, disent en gémissant : “ Donnez-nous la vérité ! ”

242.11

J’ai parlé. Maintenant, reposons-nous dans cette verdure si cet homme le permet. Ce soir, nous irons à Cana.

– Seigneur, je te quitte. Mais comme je ne veux pas profaner la parole que tu m’as confiée, je partirai ce soir de Tibériade. Je quitte cette terre. Je vais me retirer avec mon serviteur sur les côtes de Lucanie. J’y ai une maison. Tu m’as beaucoup appris. Je comprends que tu ne puisses donner davantage au vieil épicurien que je suis. Mais avec ce que tu m’as révélé, j’ai déjà de quoi reconstruire ma pensée. Et… prie ton Dieu pour le vieux Crispus, ton unique auditeur de Tibériade. Prie pour que, avant l’étreinte de Libitine, je puisse t’entendre de nouveau et, avec les ressources que je crois pouvoir créer en moi grâce à tes paroles, te comprendre mieux et comprendre mieux la vérité. Salut, Maître. »

Et il salue à la romaine. Mais ensuite, en passant près des femmes assises un peu à part, il s’incline devant Marie de Magdala et lui dit :

« Merci, Marie, il a été bon pour moi de te connaître. Tu as donné à ton vieux compagnon de festins le trésor qu’il cherchait. Si j’arrive là où tu es déjà, c’est à toi que je le devrai. Adieu. »

Et il s’en va.

Marie-Madeleine serre ses mains sur son cœur, l’air étonné et radieux. Puis, à genoux, elle se traîne devant Jésus.

« Oh, Seigneur ! Seigneur ! C’est donc vrai que je peux conduire au bien ? Oh, mon Seigneur ! C’est trop de bonté ! »

Et se baissant, le visage dans l’herbe, elle baise les pieds de Jésus, les lavant de nouveau des pleurs, maintenant reconnaissants, de la grande amante de Magdala.

242.1

When the boat moors in the little harbour of Tiberias, many idlers walking near the little pier come to see who has arrived. There are people of all ranks and nationalities. Thus the long multi-coloured Jewish tunics, the dark heads and imposing beards of Israelites mix with the short, sleeveless, white woolen garments and the clean shaven short-haired heads of sturdy Romans and with the even scantier garments covering the agile effeminate bodies of Greeks. The latter seem to have absorbed the skillful art of their remote fatherland even in posing, and look like statues of gods descended upon the earth in mortal bodies wrapped as they are in white tunics, with classic faces adorned with curly scented hair and arms laden with bracelets, which their affected movements cause to shine.

Many women of pleasure are mingled with the Romans and Greeks, who do not hesitate to show off their love affairs in squares and streets, whereas Palestinians refrain from this, although many gaily indulge in free love with ladies of leisure at home. This clearly appears to be the case because courtesans call several Jews familiarly by their names, among them being a Pharisee adorned with ribbons, notwithstanding the fact that the Jews give the women dirty looks.

242.2

Jesus moves towards that part of the town where the more elegant people gather together. These people are mainly Romans and Greeks with a few courtiers of Herod’s and some rich merchants from the Phoenician coast, presumably from Sidon and Tyre, as they are talking of those towns and emporia and ships. The external porches of the Thermal baths are full of such elegant idle people who kill time discussing petty topics, such as the favourite discobolus or the most agile and smartest athlete in Greek-Roman wrestling. Or they chatter of fashion and banquets and make appointments for pleasure trips inviting to them the most beautiful courtesans or the perfumed curly-haired ladies who come out from the Thermal baths or other buildings, pouring into this hall-like artistic marmoreal centre of Tiberias.

The passing group is bound to rouse intense curiosity that becomes really morbid when someone recognises Jesus, having seen Him at Caesarea and there is also someone who recognises the Magdalene, although she is completely wrapped in her mantle, with her veil lowered over her forehead and cheeks, so that little of her face can be seen, as she is walking with her head bent.

«It’s the Nazarene Who cured Valeria’s daughter» says a Roman.

«I would love to see a miracle» another Roman replies to him.

«I would like to hear Him speak. They say He is a great philosopher. Shall we ask Him to speak?» asks a Greek.

«Don’t interfere, Theodate. His head is in the clouds and He talks accordingly. A tragedian would like Him for a satire» replies another Greek.

«Don’t become impatient, Aristobolus. He is apparently descending from the clouds and is discussing sound arguments. See how many lovely young women He has got with Him» exclaims a Roman jokingly.

242.3

«But that is Mary of Magdala!» shouts a Greek, who then calls: «Lucius! Cornelius! Titus! Look: Mary is over there.»

«It’s not her! Mary like that? Are you drunk.»

«It is Mary, I am telling you. She cannot deceive me, even if she is so disguised.»

Romans and Greeks crowd around the apostolic group, which is crossing the square adorned with arcades and fountains. Some women join the curious men and it is a woman who goes almost under Mary’s face to see her properly and is dumbfounded when she sees that it is Mary.

She asks her: «What are you doing in this guise?» and laughs mockingly.

Mary stops, straightens herself, raises one hand and uncovers her face throwing her veil back. It is Mary of Magdala, the powerful lady against whatever is despicable and mistress of her own feelings, who appears. «It is I, yes» she says in her beautiful voice while her beautiful eyes are flashing. «It is I. And I am revealing myself, so that you may not think that I am ashamed of being with these holy people.»

«Oh! Mary with holy people! Come away. Do not degrade yourself!» exclaims the woman.

«I have been degraded up till now. But not now.»

«Are you mad? Or is it a whim?» she replies.

A Roman winking and joking says: «Come with me. I am more handsome and merrier than that moustached hired mourner who mortifies life and makes a funeral of it. Life is beautiful! A triumph. A joyful orgy! Come. I will excel everybody in making you happy» and the swarthy young man whose foxlike face is rather handsome, endeavours to touch her.

«Go away! Don’t touch me. You spoke the truth: the life you lead is an orgy. And a most shameful one. I loathe it.»

«Oh! But up till recently it was your kind of life» replies the Greek.

«She is playing the virgin now!» sneers a Herodian.

«You will ruin those holy people! The Nazarene will lose His halo with you. Come with us» insists a Roman.

«You had better come with me and follow Him. Stop being animals and become at least men.»

A chorus of laughter and mockery is their reply.

Only an elderly Roman says: «Respect the woman. She is free to do what she likes. I will defend her.»

«Listen to the demagogue! Did last nights wine upset you?» asks a young man.

«No. He is hypochondriac because his back is aching» replies another.

«Go to the Nazarene and ask Him to scratch it for you.»

«I will go and ask Him to scratch off the filth I picked up being with you» replies the elder.

«Oh! Crispus has become corrupt at the age of sixty» say many laughing, while they form a circle around him.

242.4

But the man named Crispus is not worried at being scorned and he begins to walk behind the Magdalene and they reach Jesus Who has stopped in the shade of a beautiful building which occupies two sides of the square with porticoes and benches.

And Jesus has already come to grips with a scribe who reproaches Him for being in Tiberias with such company.

«And why are you here? So far with regards to Tiberias. And I tell you also that there are souls to be saved in Tiberias as well, or rather, more here than anywhere else» replies Jesus.

«They cannot be saved: they are Gentiles, heathens, sinners.»

«I came for sinners. To make the True God known to everybody. To everybody. I came for you too.»

«I do not need masters or redeemers. I am pure and learned.»

«I wish you were learned enough to understand your own condition!»

«And You to know how prejudicial is to You the company of a prostitute.»

«I forgive you also on her behalf. In her humbleness she has cancelled her sin. You have doubled yours in your pride.»

«I have no sins.»

«You have the capital one. You are loveless.»

The scribe says: «Raca!» and goes away.

«It is my fault, Master!» says the Magdalene. And seeing the pale face on the Blessed Virgin she moans: «Forgive me. I am causing Your Son to be insulted. I will withdraw…»

«No. You shall stay where you are. I want it» says Jesus in an incisive voice. His eyes flash with majesty and there is such authority emanating from His whole person that it is almost impossible to look at Him! He then adds more kindly: «Stay where you are. If anyone cannot bear being near you, let him go away by himself.»

And Jesus resumes walking towards the western part of the town.

242.5

«Master!» calls the stout elderly Roman who defended the Magdalene.

Jesus turns around.

«They call You Master, and I call You thus as well. I was anxious to hear You speak. I am part philosopher and part worldly sinner. But perhaps You could make an honest person of me.»

Jesus stares at him saying: «I am leaving the town where basic human animality reigns and mockery is sovereign.» And He carries on walking.

The man follows Him with difficulty and perspiring, because Jesus is striding and he is bulky and rather old and weighed down by vices. Peter looks back and tells Jesus.

«Let him walk. Do not bother about him.»

Shortly afterwards the Iscariot says: «But that man is following us. It is not right!»

«Why? Out of pity or is there another reason?»

«Pity him? No. Because farther back there is the scribe and other Jews following us.»

«Leave them alone. It would have been better if you had pitied him instead of pitying yourself.

«You, Master.»

«No: yourself, Judas. Be frank in acknowledging your feelings and confessing them.»

«I really pity the elder as well. It is difficult, You know, to keep up with You!» says Peter perspiring.

«It is always difficult to follow Perfection, Simon.»

The man follows them without tiring, endeavouring to stay near the women, to whom, however, he does not speak.

242.6

The Magdalene is weeping silently under her veil.

«Do not weep, Mary» says Our Lady comforting her and taking her by the hand. «Later the world will respect you. The first days are the most painful ones.»

«Oh! It is not for my own sake! It is because of Him! I would never forgive myself if I were the cause of trouble for Him. Did You hear what the scribe said? I am prejudicial to Him.»

«Poor daughter! Do you not know that such words have been hissing around Him like so many snakes long before you thought of coming to Him? Simon told Me that they accused Him of that even last year, because He cured a woman leper, once a sinner, whom He saw only when He worked the miracle and never again, and was older than I am, and I am His Mother. Do you not know that He had to come away from the Clear Water because a poor sister of yours had gone there to be redeemed? How can they accuse Him if He is without sin? By telling lies. And where do they find them? In His mission among men. His good deed is used as evidence of His sin. Whatever My Son should do, they would always consider it a sin. If He retired to a hermitage, He would be guilty of neglecting the people of God. If He comes among the people, He is guilty of doing that. He is always guilty, as far as they are concerned.»

«Then, they are hatefully wicked!»

«No. They are stubbornly blind to the Light. My Jesus is the Eternal Misunderstood One. And He will be more and more so.»

«And does that not grieve You? You seem so serene to me.»

«Be quiet. I feel as if My heart were wrapped in burning thorns. And every time I breathe I am pierced by them. But He must not know! I strive to appear serene, in order to support Him by My serenity. If His Mother does not console Him, where is My Jesus going to find comfort? On which breast can He recline His head without being wounded or calumniated by doing so? It is only fair that I, forgetting the thorns that rend My heart and the tears that I drink in My hours of solitude, should lay a soft loving mantle, a smile, at any cost, to leave Him quieter… quieter, until… until the wave of hatred will be such that nothing will be of any avail. Not even the love of His Mother…» Two tears pour down Mary’s pale face.

The two sisters, deeply moved, look at Her. «But we are here and we love Him. Then the apostles…» says Martha to comfort Her.

«Yes, you are here. And He has the apostles… They are still much inferior to their task… And My grief is deeper because I know that He is aware of everything…»

«So He knows that I am willing to obey, even to the extent of immolating myself, if necessary?» asks the Magdalene.

«He does. You are a great joy for Him on His hard way.»

«Oh! Mother!» and the Magdalene takes Mary’s hand and kisses it effusively.

242.7

Tiberias ends at the vegetable gardens of the suburbs. Beyond them there is the dusty road that leads to Cana; on one side there are orchards, on the other meadows and fields parched by the summer sun.

Jesus proceeds into an orchard to rest in the shade of thick trees. The women reach Him first and then the panting Roman arrives; he is utterly exhausted. He remains a little aside, he does not speak but watches.

«Let us take some food while we are resting» says Jesus. «There is a well over there and a peasant near it. Go and ask him to let us have some water.»

John and Thaddeus go. They come back with a pitcher dripping water, followed by the peasant who offers some wonderful figs.

«May God reward you with good health and a rich harvest.»

«May God protect You. You are the Master, are You not?»

«I am.»

«Will You be speaking here?»

«There is no one here who wants Me to speak.»

«I do, Master. I wish it more that I wish water which is so good when one is thirsty» shouts the Roman.

«Are you thirsty?»

«Yes, very. I have followed You from town.»

«Fountains of cool water are not lacking in Tiberias.»

«Do not misunderstand me, Master, or feign to misinterpret me. I followed You to hear You speak.»

«Why?»

«I do not know why or how. It happened seeing her (and he points at the Magdalene). I do not know. Something said to me: “He will tell you what you do not yet know”. And I came.»

«Give the man some water and figs. That he may refreshen his body.»

«And what about my mind?»

«Minds are refreshened by the Truth.»

«That is why I followed You. I looked for the truth in human knowledge. I found corruption. Even in the best doctrines there is something which is not good. I have become so disheartened that I am disgusted and a disgusting man without any other future but the hour I live.»

Jesus stares at him while eating the bread and figs that the apostles have brought Him.

The meal is soon over.

242.8

Jesus, still sitting, begins to speak as if He were just giving a simple lesson to His apostles. Also the peasant remains nearby.

«Many are those who look for the Truth throughout their lives, without reaching it. They look like fools who are anxious to see and yet hold bronze blinkers before their eyes and they grope searching convulsively so that they go farther and farther away from the Truth, or they hide It by throwing on it various things that their foolish search shifts and causes to fall. Nothing but that can happen to them, because they look for the Truth where the Truth cannot be. To find the Truth you must join intellect to love and look at things not only with wise eyes, but with good eyes. Because bounty is worth more than wisdom. He who loves will always find a path leading to the Truth.

To love does not mean to take delight in the flesh or for the flesh. That is not love. It is sensuality. Love is affection from soul to soul, from superior part to superior part, so that man does not see in his companion a slave, but the mother of his children, and nothing else, that is, the half that forms with man a whole, capable of procreating life or more lives; that is, the companion who is the mother and sister and daughter of man, who is weaker than a new-born baby or stronger than a lion, according to circumstances, and who as mother, sister and daughter is to be loved with confident protective respect. Whatever is not what I say, is not love. It is vice. It does not lead upwards, but downwards: not to the Light, but to Darkness; not to the stars, but to filth. You must love your woman to be able to love your neighbour. And you must love your neighbour to know how to love God.

242.9

And the way to the Truth is found.

That is where the Truth is, o men who are looking for it. The Truth is God. That is where the key to understanding knowledge is to be found. The faultless doctrine is God’s doctrine. How can man answer all his questions if God is not with him to give him the answers? Who can disclose the mysteries of creation, only and simply those mysteries, but our Supreme Maker, Who made creation? Who can understand the living marvel, which is man, the being in whom the animal perfection is united to the immortal perfection, which is the soul, whereby we are gods, if our souls are alive, that is free from those actions which would abase a brute, and which, however, man commits and of which he is proud?

O men, searching for the Truth, I will repeat Job’s words[1] to you: “If you would learn more, ask the cattle, seek information from the birds of the air. The creeping things of the earth will give you lessons, and the fishes of the sea will tell you all”. Yes, the earth, this verdant flowery earth, the fruit swelling on trees, the proliferating birds, the winds blowing clouds, the sun that for centuries and millennia has risen unerringly, everything speaks of God, everything explains God, everything reveals and discovers God.

If Science is not based on God, it becomes error and does not elevate but abases. Knowledge is not corruption if it is religion. He whose knowledge is based on God will not fall, because he is conscious of his dignity and believes in his eternal future. But you must look for the real God, not for phantoms that are not gods, but mere frenzies of men still enveloped in spiritual ignorance so that there is not even the shadow of wisdom in their religions or the shadow of truth in their faith.

242.10

Every age is capable of becoming wise. In fact, once again in Job it is written[2]: “At dusk a noonday light will rise for you and when you think your end has come, you will rise like the morning star. You will be full of confidence because of the hope waiting for you”.

Goodwill is sufficient to find the Truth, which sooner or later will be found. But once it has been found, woe to those who do not follow it but imitate the obstinate people of Israel, who, although already in possession of the thread to find God, that is, everything written in the Book about Me, will not surrender to the Truth, on the contrary they hate it, amassing in their minds and hearts the barrenness of hatred and formulae. And they do not know that because of excessive weight the earth will open under their steps, which they think are the steps of triumphers, whereas they are the steps of slaves of formalism, of hatred, of selfishness. And they will be swallowed up and will be thrown headlong into the abyss where those go who are consciously guilty of a paganism that is more guilty than the heathenism that people have adopted by themselves in order to have a religion on which to base their behaviour.

As I do not reject those who repent amongst the children of Israel so I do not reject those idolaters who believe in what they were given to believe and who inwardly implore: “Give us the Truth”.

242.11

I have spoken to you. Let us rest now under these green trees, if this man will allow us. We shall go to Cana in the evening.»

«Lord, I am leaving You. But as I do not wish to desecrate the wisdom that You have given me, I will leave Tiberias this evening. I am going away from this country. I will retire to the coast of Lucania with my servant. I have a house there. You have given me much. I realise that You cannot give more to the old Epicurean. But what You have given me is enough to enable me to build up my mind. And… pray Your God for old Crispus. He was Your only listener in Tiberias. Pray that I may hear You again before Libitina[3] clasps me, so that, through the capability which I think I will be able to create within me, I may understand You and the Truth better. Hail, Master.» And he salutes in the Roman way.

When he passes near the women who are sitting a little aside, he bows to Mary of Magdala and says: «Thank you, Mary. It was a good thing that I knew you. You have given the searched for treasure to your old feast companion. If I arrive where you already are, I will owe you that. Goodbye.» And He goes away.

The Magdalene presses her hands against her heart and her face shows wonder and radiance. Then, she drags herself on her knees before Jesus. «Oh! Lord! So it is true that I may lead people to Good? Oh! My Lord. That is too kind of You!» And bending until her face touches the grass, she kisses Jesus’ feet and wets them once again with tears: the tears of gratitude of the great lover of Madgala.


Notes

  1. C’est comme si mon cœur était entouré d’épines acérées : Parmi les catholiques aussi – ainsi commence une longue note de Maria Valtorta écrite sur les quatre pages d’un feuillet plié et inséré à ce passage de la copie dactylographiée –, certains prétendent que Marie, étant pleine de grâce, a connu uniquement la joie et n’a pas eu l’héritage de la souffrance, car celle-ci est l’un des châtiments dus au péché originel et à l’héritage d’Adam, déchu de son état de grâce. Ceux-là trouveront donc inexacts ces mots de Marie, Vierge et Mère, de même qu’ils jugeront inadmissible son déchirement du soir du vendredi-saint. Mais ils doivent considérer ceci – poursuit la note, que nous ne citons que partiellement – : s’il est vrai que Marie, étant immaculée, aurait dû être exemptée de la souffrance comme elle l’a été de la corruption de la mort, il est aussi vrai que, en tant que Corédemptrice, elle “ devait ” souffrir, dans son cœur et dans son âme immaculés, ce que son Fils souffrit dans sa chair, dans son cœur et dans son esprit.
  2. ces mots de Job : Jb 12, 7-8.
  3. dans Job : Jb 11, 17-18.

Notes

  1. words that are in Job 12:7-8.
  2. it is written in Job 11:17-18.
  3. Libitina: ancient Roman goddess of sepultures, whose name was used by Latin poets as synonymous with death.