The Writings of Maria Valtorta

253. Marie, femme d’Alphée, et la maternité spiritualisée.

253. Mary of Alphaeus and spiritualised maternity.

253.1

Il fait encore nuit, une très belle nuit de lune à son couchant, lorsque Jésus, les apôtres et les femmes ainsi que Jean d’En-Dor et Hermastée, font silencieusement leurs adieux à Isaac, le seul qui soit éveillé. Ils commencent à longer le rivage. Le bruit des pas ne fait entendre qu’un léger craquement sur les cailloux que foulent les sandales, et personne ne parle jusqu’à ce que la dernière petite maison soit dépassée de quelques mètres. C’est certain, ceux qui dorment dans celle-ci ou dans les autres qui la précèdent n’ont pas remarqué le départ silencieux du Maître et de ses amis. Le silence est profond. Seule la mer parle à la lune qui va bientôt se coucher, et elle raconte à la plage les histoires des profondeurs par son flot allongé de haute marée qui commence, laissant sur la grève un espace sec toujours plus étroit.

Cette fois, les femmes marchent devant avec Jean, Simon le Zélote, Jude et Jacques, fils d’Alphée, qui aident les femmes à franchir les petits écueils disséminés ici et là, humides de sel et glissants. Simon le Zélote marche avec Marie-Made­leine, Jean avec Marthe, alors que Jacques, fils d’Alphée, s’occupe de sa mère et de Suzanne et que Jude ne cède à personne l’honneur de prendre dans sa robuste et longue main – ce qui est une autre ressemblance avec Jésus – la petite main de Marie pour l’aider dans les passages difficiles. Chacun parle à voix basse avec celle qu’il accompagne. Tous veulent, semble-t-il, respecter le sommeil de la terre.

Simon le Zélote ne cesse de discuter avec Marie de Magdala et je le vois plusieurs fois ouvrir les bras en un geste qui exprime : « C’est comme cela, il n’y a rien d’autre à faire » mais je n’entends pas ce qu’ils disent, car ce sont ceux qui se trouvent le plus en avant.

Jean parle seulement de temps en temps avec Marthe qu’il accompagne, en lui montrant la mer et le mont Carmel dont la pente orientée vers le couchant reçoit encore la lumière blanche de la lune. Peut-être parle-t-il de la route qu’il a parcourue l’autre fois en côtoyant le mont Carmel de l’autre côté.

253.2

Jacques se trouve entre Marie, femme d’Alphée, et Suzanne. Lui aussi, il parle du mont Carmel. Il dit à sa mère :

« Jésus m’a promis de monter là-haut seul avec moi, et de me dire quelque chose, à moi seulement.

– Que voudra-t-il te dire, mon fils ? Tu me le répéteras après ?

– Maman, si c’est un secret, je ne peux pas te le dire » répond Jacques en souriant de son sourire si affectueux.

Par ses traits et encore davantage par sa paisible douceur, il ressemble fortement à Joseph, l’époux de la Vierge Marie.

« Il n’y a pas de secret pour sa mère.

– Je n’en ai pas, en effet. Mais si Jésus veut m’emmener là-haut pour me parler seul à seu1, c’est signe qu’il veut que personne ne sache ce qu’il désire me dire. Et toi, maman, tu es ma chère maman que j’aime tant, mais Jésus est au-dessus de toi et aussi sa volonté. Mais je lui demanderai, quand le moment sera venu, si je peux te répéter ses paroles. Tu es contente ?

– Tu oublieras de le lui demander…

– Non, maman. Je ne t’oublie jamais, même si tu es loin de moi. Quand j’entends ou que je vois quelque chose de beau, je pense toujours : “ si maman était là ! ”

– Mon chéri ! Donne-moi un baiser, mon fils. »

Marie, femme d’Alphée, est émue. Mais l’émotion ne tue pas sa curiosité. Elle revient à l’assaut après quelques instants de silence :

« Tu as dit : sa volonté. Alors tu as compris qu’il veut te faire part d’une de ses volontés. Allons, cela au moins tu peux le répéter. Il te l’a dit en présence des autres.

– A vrai dire, j’étais devant avec lui seul, dit Jacques en souriant.

– Mais les autres pouvaient entendre.

– Il ne m’a pas beaucoup parlé, maman. Il m’a rappelé les paroles[1] et la prière d’Elie sur le mont Carmel : “ Des prophètes du Seigneur, je suis le seul qui soit resté. ” “ Exauce-moi, afin que le peuple reconnaisse que tu es le Seigneur Dieu. ”

– Et que voulait-il dire ?

– Que de choses tu veux savoir, maman ! Va donc trouver Jésus et il te le dira, esquive Jacques.

– Il aura voulu dire que, puisque Jean-Baptiste est pris, lui seul reste prophète en Israël et que Dieu doit le garder longtemps pour que le peuple soit instruit, intervient Suzanne.

– Hum ! J’ai du mal à croire que Jésus demande à rester longtemps. Il ne demande rien pour lui-même… Allons, mon Jacques, dis-le à ta mère !

– La curiosité est un défaut, maman. C’est une chose inutile, dangereuse, parfois douloureuse. Fais un bel acte de mortification…

– Hélas ! N’aura-t-il pas voulu dire que ton frère sera emprisonné, tué peut-être ? demande Marie, femme d’Alphée, toute bouleversée.

– Jude n’est pas “ tous les prophètes ”, maman, même si, pour ton amour, chacun de tes fils est le monde entier…

– Je pense aussi aux autres parce que… parce que vous faites certainement partie des prophètes de l’avenir. Alors… alors, si tu restes seul… Si, toi, tu restes seul, c’est signe que les autres, que mon Jude… oh !… »

253.3

Marie, femme d’Alphée, plante là Jacques et Suzanne et, avec la vivacité d’une jeune fille, elle revient en arrière sans se soucier de la question que lui pose Jude et arrive dans le groupe de Jésus comme si on lui courait après.

« Mon Jésus… je parlais avec mon fils… de ce que tu lui as dit… du mont Carmel… d’Elie … des prophètes… Tu as dit… que Jacques resterait seul… Et de Jude, qu’adviendra-t-il ? C’est mon fils, tu sais ? dit-elle tout essoufflée par l’angoisse et par la course.

– Je sais, Marie. Et je sais aussi que tu es heureuse qu’il soit mon apôtre. Tu vois que tu as tous les droits comme mère et moi, je les ai comme Maître et Seigneur.

– C’est vrai… c’est vrai… mais Jude est mon enfant !… »

Marie, entrevoyant l’avenir, pleure abondamment.

« Oh ! Que de larmes versées inutilement ! Mais on pardonne tout à un cœur de mère. Viens ici, Marie. Ne pleure pas : je t’ai déjà réconfortée une autre fois[2]. A l’époque aussi, je t’ai promis que ta souffrance allait te valoir de grandes grâces de la part de Dieu, pour toi, pour ton Alphée, pour tes enfants… »

Jésus a passé son bras sur l’épaule de sa tante et l’a attirée tout contre lui. Il ordonne à ceux qui étaient avec lui :

« Vous autres, allez de l’avant… »

Puis, seul avec Marie, il reprend :

« Et je n’ai pas menti. Alphée est mort en m’appelant. Pour cette raison, toutes ses dettes envers Dieu ont été effacées. Cette conversion à son parent incompris, au Messie qu’il n’avait pas voulu reconnaître auparavant, c’est ta douleur qui l’a obtenue, Marie. Maintenant cette douleur que tu éprouves obtiendra que l’indécis Simon et l’entêté Joseph imitent ton Alphée.

– Oui, mais… Que feras-tu à Jude, à mon Jude ?

– Je l’aimerai encore plus que je ne l’aime maintenant.

– Non, non. Il y a une menace dans ces mots. Ah, Jésus ! Ah, Jésus !… »

253.4

La Vierge Marie revient en arrière elle aussi pour consoler sa belle-sœur de la douleur dont elle ne connaît pas encore la cause. Mais, quand elle l’apprend – car, à sa vue, sa belle-sœur pleure encore plus fort en lui expliquant ce dont il s’agit –, alors elle devient plus pâle que la lune.

Marie, femme d’Alphée, gémit :

« Dis-le-lui, toi. Non, non, pas la mort pour mon Jude… »

La Vierge Marie, encore plus exsangue, lui dit :

« comment puis-je demander cela pour toi si je ne peux même pas demander pour mon Fils qu’il soit sauvé de la mort ? Marie, dis avec moi : “ Que ta volonté soit faite, Père, au Ciel, sur la terre et dans le cœur des mères. ” Faire la volonté de Dieu, à travers le sort des enfants, c’est notre martyre rédempteur, à nous, les mères… Et, d’autre part… Il n’est pas dit que Jude doive être tué, ou tué avant que tu ne meures. Ta prière de maintenant pour qu’il arrive jusqu’à un âge très avancé, comme elle te pèserait alors, quand, dans le Royaume de la vérité et de l’amour, tu verras toutes choses à travers les lumières de Dieu et à travers ta maternité spiritualisée. Alors, j’en suis certaine, à la fois comme bienheureuse et comme mère, tu voudras que Jude soit semblable à mon Jésus, dans son sort de rédempteur, et tu brûleras de l’avoir près de toi de nouveau, pour toujours. Car le tourment des mères, c’est d’être séparées de leurs enfants. C’est un si grand tourment qu’il subsistera, je crois, comme une angoisse d’amour même dans le Ciel qui nous accueillera. »

253.5

Les pleurs de Marie, si forts dans le silence de l’aube naissante, ont fait revenir tout le monde en arrière pour savoir ce qui est arrivé. Ils entendent ainsi les paroles de la Vierge Marie et l’émotion gagne tout le monde.

Marie de Magdala pleure en murmurant :

« Et moi, j’ai causé ce tourment à ma mère dès cette terre. »

Marthe pleure en disant :

« la séparation des enfants d’avec leur mère est une douleur réciproque. »

Pierre aussi a des larmes aux yeux, et Simon le Zélote dit à Barthélemy :

« Quelles paroles de sagesse pour expliquer ce que sera la maternité d’une bienheureuse !

– Et comme une mère bienheureuse donnera la juste valeur des choses au travers des lumières de Dieu et de la maternité spiritualisée ! Cela vous coupe le souffle comme devant un lumineux mystère » lui répond Nathanaël.

Judas dit à André :

« Présentée de cette façon, la maternité se dépouille de toute pesanteur des sens et est comme portée par des ailes. Il nous semble voir nos mères déjà transformées en une inconcevable beauté.

– C’est vrai. La nôtre, Jacques, nous aimera de cette manière. Imagines-tu comme son amour sera alors parfait ? » dit Jean à son frère.

C’est le seul qui ait un sourire lumineux tant il est ému et joyeux à la pensée que sa mère arrivera à aimer d’une manière parfaite.

253.6

« Je regrette d’avoir causé tant de douleur » dit Jacques, fils d’Alphée. « Mais elle en a deviné plus que je ne lui en ai dit… Crois-moi, Jésus…

– Je le sais, je le sais. Mais Marie est en train de se travailler elle-même et c’est un coup plus fort de scalpel. Il lui enlève pourtant un bien grand poids mort, dit Jésus.

– Allons, mère. Assez pleuré ! Cela me fait de la peine que tu souffres comme une pauvre femme qui ne connaît pas les certi­tudes du Royaume de Dieu. Tu ne ressembles en rien à la mère des fils Maccabées[3] » lui reproche sévèrement Jude tout en embrassant sa mère.

Et il finit avec un baiser sur la tête sur ses cheveux grisonnants :

« Tu as l’air d’une fillette qui a peur du noir et des histoires qu’on lui raconte pour l’épouvanter. Et pourtant tu sais où me trouver : en Jésus. Quelle maman ! Quelle maman ! Tu aurais pu pleurer si on t’avait dit que, plus tard, je devais trahir Jésus, l’abandonner, devenir un damné. Alors, oui. Il t’aurait même fallu pleurer du sang. Mais, avec l’aide de Dieu, je ne te ferai jamais cette peine, ma mère. Je veux rester avec toi pour toute l’éternité… »

Le reproche d’abord, les caresses ensuite, finissent par tarir les pleurs de Marie, femme d’Alphée, maintenant toute honteuse de sa faiblesse.

253.7

Au moment où la nuit laisse place au jour, la lumière s’est affaiblie car la lune s’est couchée et le jour n’a pas encore commencé. Mais c’est un court intermède crépusculaire. Tout de suite après, la lumière, d’abord couleur de plomb, puis grisâtre, ensuite verdâtre, puis laiteuse avec des traces bleues, finalement claire presque comme de l’argent immatériel, s’affirme toujours plus. Cela rend plus facile la marche sur la grève humide restée découverte par la marée, et l’œil se réjouit à la vue de la mer qui devient d’un bleu plus franc et va bientôt s’éclairer de fa­cettes brillantes comme des joyaux. Puis l’air imprègne son argent d’un rose toujours plus net jusqu’à ce que ce rose doré de l’aurore devienne une pluie rose rouge sur la mer, sur les visages, sur les campagnes, avec des contrastes de teintes toujours plus vives. Celles-ci atteignent leur plus grande perfection au moment qui est pour moi le plus beau du jour, lorsque le soleil, bondissant hors des limites de l’orient, darde son premier rayon sur les montagnes et les pentes, les bois, les prés et les immenses espaces de la mer et du ciel, accentuant toutes les couleurs, que ce soit la blancheur des neiges ou des lointains montagneux d’un indigo qui se change en un vert de jaspe, ou que ce soit le cobalt d’un ciel qui pâlit pour recevoir le rose, ou encore le saphir veiné de jade et rayé de perles de la mer.

Et, aujourd’hui, la mer est un véritable miracle de beauté : non pas morte dans un calme pesant, non pas bouleversée par la lutte des vents, mais d’une vie majestueuse, rendue vivante par de très faibles vagues que marquent des rides couronnées d’une crête d’écume.

« Nous arriverons à Dora avant que le soleil ne soit brûlant et nous repartirons au crépuscule. Demain, à Césarée, ce sera la fin de votre fatigue, mes sœurs. Nous aussi, nous nous reposerons. Votre char vous attend certainement. Nous nous séparerons là-bas…

253.8

Pourquoi pleures-tu, Marie ? Me faudra-t-il donc voir aujour­d’hui pleurer toutes les Marie ? dit Jésus à Marie-Madeleine.

– C’est dû à la peine de te quitter, dit sa sœur pour l’excuser.

– Il n’est pas dit que l’on ne se revoie pas, et bientôt. »

Marie fait signe que non : ce n’est pas pour cela qu’elle pleure. Simon le Zélote explique :

« Elle craint de ne pas savoir être bonne sans ta présence. Elle redoute… elle redoute d’être tentée trop fortement quand tu n’es pas tout près pour éloigner le démon. Elle m’en parlait tout à l’heure.

– N’aie pas cette crainte. Je ne retire jamais une grâce que j’ai accordée. Veux-tu pécher ? Non ? Alors, sois tranquille. Veille, cela oui, mais ne crains pas.

– Seigneur… je pleure aussi, parce qu’à Césarée… Césarée est remplie de mes péchés. Maintenant, je les vois tous… J’aurai beaucoup à souffrir dans mon humanité…

– Cela me fait plaisir. Plus tu souffriras et mieux cela vaudra. Car, ensuite, tu ne souffriras plus de ces peines inutiles. Marie, fille de Théophile, je te rappelle que tu es la fille d’un homme fort, que tu es une âme forte, et que je veux te rendre très forte. Je suis indulgent pour les faiblesses chez les autres, parce qu’elles ont toujours été des femmes douces et timides, y compris ta sœur. Chez toi, je ne les supporte pas. Je te travaillerai par le feu et sur l’enclume. Car tu as un tempérament qu’il faut travailler ainsi pour ne pas gâter le miracle de ta volonté et de la mienne. Sache cela, toi et ceux qui, parmi les personnes présentes ou absentes, pourraient croire que de t’avoir tant aimée pourrait me rendre faible avec toi. Je te permets de pleurer par repentir et par amour, pas pour autre chose. Tu as compris ? »

Jésus est suggestif et sévère.

Marie de Magdala s’efforce d’avaler ses larmes et ses sanglots et tombe à genoux. Elle baise les pieds de Jésus et, s’appliquant à affermir sa voix, elle dit :

« Oui, mon Seigneur. Je ferai ce que tu veux.

– Alors lève-toi et sois sereine. »

253.1

It is still night, a beautiful night with a waning moon, when Jesus, the apostles and the women, John of Endor and Ermasteus, silently take leave of Isaac, the only one to be awake, and set out along the shore. The noise of their steps is only a slight creaking of gravel pressed by their sandals, and no one speaks until they have gone a few metres beyond the last house. The people sleeping in it, or in the ones before it, were certainly not aware of the silent departure of the Lord and His friends. There is dead silence. Only the sea speaks to the moon about to set in the west and it tells the sand the stories of its depths with the long wave at high tide, which begins leaving a narrower and narrower dry margin on the beach.

This time the women are in front, together with John, the Zealot, Judas Thaddeus and James of Alphaeus, who help them to get over small rocks spread here and there, which are damp and also slippery with the humidity of the night. The Zealot is with the Magdalene, John with Martha, while James of Alphaeus takes care of his mother and of Susanna, and Thaddeus does not surrender to anybody the honour of taking in his long strong hand – which is like Jesus’ – the little hand of Mary to help Her in difficult spots. Each speaks in a low voice to his companion. They all seem to be wishing to respect the sleep of the Earth.

The Zealot is conversing intensely with Mary of Magdala and I can see that Simon stretches out his arms more than once, meaning: «it is so and there is nothing we can do about it» but I cannot hear what they are saying as they are ahead of everybody.

John speaks to his companion only now and again, pointing at the sea and Mount Carmel, the western side of which looks white in the moonlight. Perhaps he is talking of the road they took the last time, skirting Mount Carmel on the other side.

253.2

Also James, who is between Mary of Alphaeus and Susanna, is speaking of Mount Carmel. He says to his mother: «Jesus has promised me to climb up there with me alone and to tell me alone something.»

«What does He want to tell you, son? Will you tell me, afterwards?»

«Mother, if it is a secret, I cannot tell you» replies James smiling with his smile which is so tender; his similarity to Joseph, the spouse of the Blessed Virgin, is remarkable both with regards to his features and even more to his serene kindness.

«There are no secrets for a mother.»

«In fact I have none. But if Jesus wants me up there, all alone to speak to me, it means that He does not want anyone to know what He is going to tell me. And you, mother, are my dear mother, whom I love so much, but Jesus is above you, as His will is. But, when the time comes, I will ask Him whether I may repeat His words to you. Are you happy?»

«You will forget to ask Him…»

«No, mother. I never forget you, not even when you are far from me. Everytime I see or hear something beautiful, I always say: “I wish my mother were here!”»

«My dear! Give me a kiss, son.» Mary of Alphaeus is moved. But emotion does not kill curiosity. After being quiet for a few moments, she makes a fresh assault: «You said: His will. So you know that He wants to tell what His Will is. Come on, you can tell me at least that. He told you that in the presence of everybody.»

«In actual fact I was alone with Him, ahead of the others» says James smiling.

«But the others could hear you.»

«He did not tell me very much, mother. He reminded me of the words[1] and the prayer of Elijah on Mount Carmel: “Of all the prophets of the Lord, I alone am left”. “Hear me, that this people may acknowledge that You are the Lord God”.»

«And what did He mean?»

«How many things you want to know, mother! Go to Jesus, then, and He will tell you» replies James, to parry her embarrassing questions.

«He probably meant that, since the Baptist has been captured, He is the only prophet left in Israel and that God must preserve Him for a long time, so that the people may be taught» says Susanna.

«Hmm! I don’t believe that Jesus asks to be preserved for a long time. He asks nothing for Himself… Come on, dear James! Tell your mother.»

«Curiosity is a fault, mother; it is useless, dangerous, at times it is sorrowful. Make a nice act of mortification…»

«Alas! Did He mean that your brother will be put in prison, and killed perhaps?!» asks Mary of Alphaeus, who is thoroughly upset.

«Judas is not “all the prophets”, mother, even if, as far as your love is concerned, each son of yours is the whole world…»

«I am thinking also of the others… because you will certainly be among the future prophets. So… so if you are the only one to be left… If you are the only one left, it means that the others, that my Judas… oh!…»

253.3

Mary of Alphaeus leaves James and Susanna, and she runs back fast, as if she were a young girl, paying no attention to the question Thaddeus asks her.

She arrives in Jesus’ group like one who has been chased. «My Jesus… I was speaking to my son… about what You told him… of Mount Carmel… of Elijah… of the prophets… You said… that James will be the only one left… And what will happen to Judas? He is my son, You know?» she says panting because of her anguish and her racing.

«I know, Mary. And I also know that you are happy that he is My disciple. You see that you have all the rights of a mother, and I have them as Master and Lord.»

«That is true… it is true… but Judas is my boy!…» and Mary, foreseeing the future, bursts into tears.

«Oh! how badly shed your tears are! But the heart of a mother is forgiven everything. Come here, Mary. Do not weep. I comforted you once before[2]. On that occasion as well I promised you that your grief would obtain great graces from God, for you, for your Alphaeus for your sons…» Jesus has laid His arm on the shoulder of His aunt drawing her close to Himself… He tells those who were with Him: «Move forward…» When He is alone with Mary Clopas, He carries on speaking: «And I did not tell a lie. Alphaeus died invoking Me. Thus every debt he had with God was cancelled. It was your grief, Mary, that obtained that conversion to his misunderstood relative, to the Messiah Whom he did not recognise before. Your present grief will get your hesitant Simon and your stubborn Joseph to imitate your Alphaeus.»

«Yes, but … What will You do to Judas, to my Judas?»

«I will love him even more than I love him now.»

«No, no. There is a threat in those words. Oh! Jesus! Oh! Jesus!..»

253.4

The Blessed Virgin Mary comes back to comfort Her sister-in-law, although She does not yet know the nature of her grief, and when She knows, because when Mary sees Her beside her, she weeps more and informs Her, Our Lady becomes paler than the moon.

Mary of Alphaeus moans: «Will You tell Him, no, no, not death for my Judas…»

Our Lady, Who is deadly pale, says to her: «And can I ask that on your behalf, when I do not ask salvation from death for My own Son? Mary, say with Me: “Your will be done, Father, in Heaven, on the Earth and in the hearts of mothers”. To do the will of God through the destiny of our sons is the redeeming martyrdom of us mothers… In any case… No one said that Judas is to be killed, or killed before you die. How burdensome your present prayer, that he may live to the most long-lived age, would be for you, when in the Kingdom of Truth and Love, you will see everything in the light of God and in your spiritualised maternity. I am sure that you then, both as a blessed soul and a mother, would like your Judas to be like My Jesus in His destiny of Redeemer, and you would long to have him soon with you again, forever. Because it is a mother’s torture to be separated from her children. So great a torture, that I think it will last, as anxious love, also in Heaven, where we shall be received.»

253.5

Mary’s crying, so loud in the silence of early dawn, has caused everybody to come back, to learn what has happened, and they thus hear the words of the Blessed Virgin and everybody is moved.

Mary of Magdala whispers weeping: «And I gave my mother that torture even here on the Earth.»

Martha weeps saying: «To be separated is sorrowful for both mothers and children.»

Peter’s eyes are shining with tears and the Zealot says to Bartholomew: «Wonderful words of wisdom to explain what the maternity of a blessed soul will be!»

«And how things will be considered by a blessed mother: in the light of God and her spiritualised maternity… It takes your breath away as if you were facing a bright mystery» replies Nathanael.

The Iscariot says to Andrew: «Maternity is divested of all sensible weight and takes wings… when described thus. We seem to be seeing our mothers already transformed into inconceivable beauty.»

«That is true. Our mother, James, will love us thus. Can you imagine how perfect her love will be?» says John to his brother and he is the only one to smile brightly, so deeply moved he is at the thought that his mother will be able to love perfectly.

253.6

«I am sorry I caused so much sorrow» apologises James of Alphaeus. «But she apprehended more than I said… Believe me, Jesus.»

«I know, I know. But Mary is working on herself by herself, and that was a particularly hard stroke of the chisel. But it will relieve her of so much dead weight» says Jesus.

«Come on, mother, stop weeping. I am sorry that you should suffer like a poor little woman who is unaware of the certainties of the Kingdom of God. You are in no way like the mother of the Maccabean brothers[3]» says Thaddeus reproaching her severely, but he embraces her at the same time and kisses her grey-haired head. «You are like a little girl who is afraid of shadows and of the tales they tell her to frighten her. And yet you know where to find me: in Jesus. What a mother! You ought to weep if you had been told that, in the future, I was to become a traitor to Jesus or one who would abandon Him, or would be a damned soul. In that case I agree. You ought to weep tears of blood. But, with the help of God, I will never give you such deep sorrow, mother. I want to be with you forever and ever…»

The reproach first, and the subsequent caresses stop the tears of Mary of Alphaeus, who is now rather ashamed of her weakness.

253.7

Light, in the transition from night to day, has faded, because the moon has set, but it is not yet daylight. It is twilight. But immediately afterwards light begins to assert itself: at first it is leaden, then greyish, then greenish, afterwards whitish with bluish traces, and finally clear, like an incorporeal silver, and it makes it easy to walk on the damp shingly shore, from which the sea has receded, while it is delightful to contemplate the sea becoming pale blue and on the point of brightening up with facets of gems. And then the air blends its silver with a darker and darker pink, until the golden pink of dawn becomes a reddish pink shower on the sea, on faces, on the country, with brighter and brighter contrasting hues, which reach the perfect climax, which I consider the most beautiful of the day, when the sun bouncing out from the eastern horizon, darts its first rays on mountains and hills, forests, meadows and the large expanses of sea and sky, emphasizing each shade, whether it is the whiteness of snow, or remote mountains of indigo changing into jasper green, or cobalt sky attenuating to mix with pink, or sapphire veined with jade and lined with sea pearls. And today the sea is a real prodigy of beauty. It is not dead in dull calm, it is not ruffled by the fury of winds, but it is majestically alive in smiling little thin waves, just marked with ripplings crowned with a tiny crest of foam.

«We shall arrive at Dora before the heat of the day. And we shall depart at sunset. Sisters, your toilsome journey will end tomorrow at Caesarea. And we shall have a rest, too. Your wagon will be certainly waiting for you. We will part…

253.8

Why are you weeping, Mary? Am I supposed to see all the Maries weep today?» says Jesus to the Magdalene.

«She is sorry to leave You» says her sister excusing her.

«That does not mean that we shall not be meeting again and soon.»

Mary shakes her head. That is not the reason why she is weeping.

The Zealot explains: «She is afraid she will not be able to be good without being near You. She is afraid of… of being tempted too strongly, when You are not near her to keep the demon away. She was telling me a little while ago.»

«Do not be afraid for that. I never withdraw the grace I have granted. Do you want to sin? No? Then do not worry. Be watchful, of course, but be not afraid.»

«Lord… I am weeping because at Caesarea… Caesarea is full of my sins. I can see them all now… My human nature will have much to suffer…»

«I am glad of that. The more you suffer, the better. Because afterwards you will no longer suffer such useless pains. Mary of Theophilus, I remind you that you are the daughter of a strong man, that you are a strong soul and I want to make you most strong. I can bear with the weakness of the other women disciples, because they have always been meek and shy, including your sister. But I will not put up with it in your case. I will work you with fire and on the anvil. Because your character is to be dealt with thus, in order not to spoil the miracle of your will and Mine. Let that be known to you and to all those who among the people present or absent may think that, as I have loved you so much, I may become weak with you. I allow you to weep for repentance and for love. But nothing else. Is that clear?» Jesus is imposing and severe.

Mary of Magdala endeavours to swallow tears and sobs and she goes down on her knees, kisses Jesus’ feet and endeavouring to steady her voice she says: «Yes, my Lord. I will do what You want.»

«Get up then and be calm.»


Notes

  1. paroles que l’on peut trouver en 1 R 18, 22 et la prière en 1 R 18, 37.
  2. une autre fois : en 95.5/6.
  3. fils Maccabées, ainsi appelés parce que leur martyre, relaté en 2 M 7, a eu lieu “ au temps des Maccabées ” (voir en 157.5). Ces derniers s’appelaient comme cela en raison du surnom (qui pourrait signifier “ marteau ”) de leur principal héros, Judas Maccabée, déjà cité en 72.5. Leurs actions destinées à obtenir la liberté religieuse et politique du peuple juif sont relatées dans les deux livres des Maccabées, dont nous citons les chapitres et les versets chaque fois que l’œuvre mentionne un de leurs faits précis. Le rapprochement que fait le Sanhédrin entre Judas Iscariote et Judas Maccabée en 588.4 est un prétexte, rétracté par l’apôtre Jean en 600.2. En revanche, l’apôtre et cousin de Jésus, Jude, fils d’Alphée, est comparé à ce héros en 600.11.

Notes

  1. the words, in: 1 King 18:22; the prayer, in: 1 King 18:37.
  2. once before, in 95.5/6.
  3. the Maccabean brothers: the martyrdom of these seven young brothers is narrated in 2 Maccabees 7.