The Writings of Maria Valtorta

255. Mauvaise humeur des apôtres.

255. Discontent of the apostles. The parting

255.1

Ils sont de nouveau sur la route, en direction de l’est, vers la campagne.

Les apôtres et les deux disciples sont maintenant avec Marie, femme de Cléophas, et Suzanne, à quelques mètres de Jésus qui marche avec sa Mère et les deux sœurs de Lazare. Jésus parle sans arrêt. Les apôtres, eux, se taisent. Ils semblent fatigués ou découragés. Ils ne sont même pas attirés par la beauté de la campagne qui est vraiment splendide : ses légères ondulations sont jetées sur la plaine comme autant de coussins verts sous les pieds d’un roi géant, ses collines s’élèvent de quelques mètres, çà et là, en guise de prélude aux chaînes du Carmel et de Samarie. Tant dans la plaine, qui domine en ces parages, que sur les petites collines et les ondulations, il y a toute une floraison de plantes et une odeur de fruits qui arrivent à maturité. Ce doit être un endroit bien irrigué malgré sa situation et la saison, car il y a trop de fleurs pour qu’il n’y ait pas beaucoup d’eau. Je comprends maintenant pourquoi la plaine de Saron est tant de fois nommée avec enthousiasme dans l’Ecriture sainte. Mais les apôtres ne partagent pas du tout cet enthousiasme. Ils marchent, un peu maussades, seuls à être de mauvaise humeur en cette journée sereine et dans cette contrée riante.

La route consulaire, en très bon état, coupe de son ruban blanc cette campagne très fertile. A cette heure encore matinale, on rencontre fréquemment des paysans avec des chargements de denrées, ou des voyageurs qui se dirigent vers Césarée. L’un d’eux, avec une file d’ânes chargés de sacs, rejoint les apôtres et les force à s’écarter pour laisser place à sa caravane. Il demande avec arrogance :

« Kison, c’est ici ?

– Plus en arrière » répond sèchement Thomas ; et il bougonne entre ses dents : « Espèce de rustre !

– C’est un samaritain, c’est tout dire ! » répond Philippe.

255.2

Ils retombent dans le silence. Après quelques mètres, Pierre dit, comme s’il terminait un discours intérieur :

« Pour ce que cela a servi ! C’était bien la peine de faire tant de chemin !

– Mais, oui ! Pourquoi sommes-nous allés ensuite à Césarée, puisqu’il n’y a pas dit le moindre mot ? Je croyais qu’il voulait faire quelque miracle étonnant pour convaincre les romains. Au contraire… dit Jacques, fils de Zébédée.

– Il nous a fait tourner en dérision et c’est tout », ajoute Thomas.

Et Judas renchérit :

« Il nous a fait souffrir. Les offenses lui plaisent, à lui, et il croit qu’elles nous plaisent, à nous aussi.

– En réalité, celle qui a souffert en cette circonstance, c’est Marie, fille de Théophile », intervient paisiblement Simon le Zélote.

Judas s’emporte :

« Marie ! Marie ! Est-elle devenue le centre de l’univers ? Il n’y a qu’elle qui souffre, il n’y a qu’elle d’héroïque, il n’y a qu’elle qu’il faut former ! C’est à désirer être voleur et homicide pour devenir ensuite l’objet de tant d’égards !

– A vrai dire, la dernière fois que nous sommes venus à Césarée, et qu’il a fait un miracle et évangélisé, nous l’avons affligé par notre mécontentement parce qu’il l’avait fait » confesse le cousin du Seigneur.

Jean intervient sérieusement :

« Nous ne savons pas ce que nous voulons… S’il agit d’une façon, nous bougonnons, s’il fait le contraire, nous bougonnons aussi. Nous sommes pleins de défauts.

– Ah ! Voilà l’autre sage qui parle ! Il est certain qu’on ne fait rien de bon depuis longtemps.

– Rien, Judas ? Mais cette grecque, et Hermastée, Abel, Marie, ou encore…

– Ce n’est pas avec ces nullités qu’il fondera le Royaume, ré­plique Judas, obsédé par l’idée d’un triomphe terrestre.

– Judas, je te prie de ne pas juger les œuvres de mon Frère. C’est une prétention ridicule : celle d’un enfant qui veut juger son maître, pour ne pas dire : une nullité qui veut tout dominer, dit Jude qui, s’il a le même nom[1], a pourtant une invincible antipathie pour son homonyme.

– Je te remercie de t’être borné à me traiter d’enfant. Vraiment, après avoir vécu si longtemps au Temple, je croyais qu’on m’accorderait au moins la majorité, répond Judas d’un ton sarcastique.

255.3

– Ah ! Que ces disputes sont désagréables ! Soupire André.

– En effet ! » observe Matthieu. « Au lieu de nous unir, plus nous vivons ensemble, plus nous nous séparons. Et dire qu’à Sycaminon il a déclaré qu’il nous faut être unis au troupeau ! Comment le serons-nous, si entre pasteurs nous ne le sommes pas ?

– Alors, on ne doit pas parler ? On ne doit jamais dire sa pensée ? Nous ne sommes pas des esclaves, je crois.

– Non, Judas » réplique calmement Simon le Zélote. « Nous ne sommes pas esclaves, mais nous sommes indignes de le suivre parce que nous ne le comprenons pas.

– Moi, je le comprends très bien.

– Non, tu ne le comprends pas. Et, comme toi, tous ceux qui le critiquent ne le comprennent pas, plus ou moins. Comprendre, c’est obéir sans discuter parce que l’on est persuadé de la sainteté de celui qui guide, ajoute Simon le Zélote.

– Ah ! Mais tu fais allusion à l’intelligence de sa sainteté ! Moi, je parlais de ses paroles. Sa sainteté est indiscutée et indiscu­table, se hâte de dire Judas.

– peux-tu séparer l’une de l’autre ? Un saint possédera toujours la sagesse, et ses paroles seront sages.

– C’est vrai. Mais il fait des actes nuisibles. Certainement par excès de sainteté, je l’accorde. Mais le monde n’est pas saint, et Jésus se crée des ennuis.

255.4

Par exemple ce philistin et cette grecque, crois-tu qu’ils nous soient utiles ?

– Eh bien, si je dois nuire, je me retire. J’étais venu avec l’idée de l’honorer et de faire quelque chose de juste, dit Hermastée, blessé.

– Tu le peinerais de partir pour cette raison, lui répond Jacques, fils d’Alphée.

– Je lui laisserai croire que j’ai changé d’idée. Puis je le saluerai et… je m’en irai. »

Pierre s’emporte :

« Non, vraiment ! Toi, tu ne t’en vas pas ! Il n’est pas juste qu’à cause de la nervosité d’un autre, le Maître perde un bon disciple.

– Mais s’il veut s’en aller pour si peu, c’est le signe qu’il n’est pas sûr de sa volonté. Laisse-le donc partir » répond Judas.

Pierre perd patience :

« Quand il m’a donné Marziam, je lui ai promis de devenir paternel avec tout le monde, et ça me déplaît de manquer à ma promesse. Mais tu m’y obliges. Hermastée est ici, et il y restera. Tu sais ce que je dois te dire ? C’est toi qui troubles la volonté des autres et les rends indécis, tu es une cause de mésentente et de désordre. Voilà ce que tu es ! Et tu peux en avoir honte !

– Pour qui te prends-tu ? Pour le protecteur des…

– Parfaitement ! Tu as raison. Je sais ce que tu veux dire. Protecteur de la femme voilée, protecteur de Jean d’En-Dor, protecteur d’Hermastée, protecteur de cette esclave, protecteur de tous les autres que Jésus a trouvés et qui ne sont pas de magnifiques exemplaires des paons du Temple, ceux qui sont fabriqués avec le mortier sacré et les toiles d’araignées du Temple, les mèches malodorantes des lumières du Temple, ceux qui sont comme toi, en somme, pour rendre plus claire la parabole. Car si le Temple est beaucoup, le Maître – à moins que je ne sois devenu un imbécile – est plus grand que le Temple, et c’est à lui que tu manques… »

255.5

Il crie si fort que le Maître s’arrête, se retourne et s’apprête à quitter les femmes pour revenir en arrière.

« Il a entendu ! Il va avoir de la peine ! S’exclame l’apôtre Jean.

– Non, Maître. Ne viens pas. Nous discutions… pour tromper l’ennui de la route » se hâte de dire Thomas.

Mais Jésus reste arrêté de façon qu’ils le rejoignent.

« De quoi discutiez-vous donc ? Encore une fois dois-je vous dire que les femmes vous sont supérieures ? »

Ce doux reproche touche tous les cœurs. Ils baissent la tête et se taisent.

« mes amis, mes amis ! Ne soyez pas un objet de scandale pour ceux qui naissent seulement maintenant à la lumière ! Ne savez-vous pas qu’une imperfection en vous nuit davantage à la rédemption d’un païen ou d’un pécheur que toutes les erreurs du paganisme ? »

Personne ne répond, car ils ne savent que dire pour se justifier ou pour ne pas accuser.

255.6

le char des sœurs de Lazare est arrêté près d’un pont, sur un torrent à sec… sans doute depuis peu. Les deux chevaux paissent l’herbe drue des rives du torrent, couvertes encore d’un épais tapis vert. Le serviteur de Marthe et un autre, peut-être le conducteur, sont sur la grève alors que les femmes sont enfermées dans le char couvert d’une lourde capote faite de peaux tannées qui descendent comme d’épais rideaux jusqu’au plancher du char. Les femmes disciples se hâtent vers lui et le serviteur qui les voit le premier avertit la nourrice, pendant que le cocher se dépêche d’atteler les chevaux.

Entre-temps, le serviteur court vers ses maîtresses et s’incline jusqu’à terre. La vieille nourrice, une belle femme au teint olivâtre mais agréable, descend lestement et se dirige vers ses maîtresses. Mais Marie de Magdala lui dit quelque chose et elle s’avance tout de suite vers la Vierge en disant :

« Pardonne-moi… Mais la joie de la rencontrer est si grande que je ne vois qu’elle. Viens, femme bénie, le soleil est brûlant, et dans le char on est à l’ombre. »

Elles y montent toutes en attendant les hommes, restés très en arrière. Pendant qu’elles attendent et pendant que Syntica, revêtue de l’habit que Marie-Madeleine portait la veille, baise les pieds de ses maîtresses – comme elle s’obstine à les appeler, bien qu’à leur avis, disent-elles, elle ne soit ni servante ni esclave mais seulement une invitée reçue au nom de Jésus –, la Vierge montre le précieux paquet de pourpre, et demande comment on peut filer cette masse soyeuse qui refuse l’humidité et le tordage.

« Ce n’est pas ainsi qu’on l’emploie, Femme. Il faut la réduire en poudre, et on l’utilise comme n’importe quelle autre teinture. C’est la bave d’un coquillage, ce n’est pas un cheveu ni un poil. Vois-tu comme elle est friable maintenant qu’elle est sèche ? Tu la réduis en fine poudre, tu la tamises pour qu’il ne reste pas de longs filaments qui tacheraient le fil ou l’étoffe. Le fil se teint mieux en écheveau. Quand tu es sûre que tout est réduit en poudre, comme on fait avec la cochenille, le safran ou la poudre d’indigo, ou d’autres écorces, racines ou fruits, on peut s’en servir. On fixe la teinte avec du vinaigre fort au dernier rinçage.

– Merci, Noémi. Je ferai comme tu me l’indiques. J’ai déjà brodé avec des fils couleur de pourpre, mais on me les avait donnés déjà prêts à l’usage…

255.7

Voici Jésus qui arrive. C’est le moment de nous saluer, mes filles. Je vous bénis toutes au nom du Seigneur. Allez en paix, et apportez paix et joie à Lazare. Adieu, Marie. Souviens-toi que c’est sur ma poitrine que tu as versé tes premières larmes de bonheur. Je suis donc pour toi une mère, parce qu’un enfant verse ses premières larmes sur la poitrine de sa maman. Je suis pour toi une mère, et je le resterai toujours. Ce qu’il peut te coûter de dire à la plus douce des sœurs, à la plus aimante des nourrices, viens me le dire, à moi. Je te comprendrai toujours. Ce que tu n’oserais dire à mon Jésus, sous prétexte que c’est trop pétri d’une humanité qu’il ne veut pas en toi, viens me le dire, à moi. Je serai toujours indulgente envers toi. Et si, ensuite, tu veux aussi me faire part de tes triomphes – mais ceux-ci, je préfère que tu les lui présentes à lui, comme des fleurs parfumées, parce que c’est lui, ton Sauveur, et pas moi –, je me réjouirai avec toi.

Adieu, Marthe. Tu repars heureuse désormais, et tu resteras dans ce bonheur surnaturel. Tu n’as donc besoin que de progresser dans la justice au milieu de la paix que plus rien ne trouble en toi. Fais-le pour l’amour de Jésus qui t’a aimée au point d’aimer celle que tu aimes complètement.

Adieu, Noémi. Pars avec ton trésor retrouvé. Comme tu la nourrissais de ton lait, nourris-toi maintenant des paroles que Marthe et elle te diront, et arrive à voir en mon Fils beaucoup plus que l’exorciste qui délivre les cœurs du Mal.

Adieu, Syntica, fleur de la Grèce, qui as su voir par toi seule qu’il y a quelque chose de plus que la chair. Maintenant fleuris en Dieu, et sois la première des fleurs nouvelles de la Grèce du Christ.

Je suis très heureuse de vous laisser ainsi unies. Je vous bénis avec amour. »

Le bruit de pas est désormais tout proche. Elles lèvent la capote et voient que Jésus est à deux mètres à peine du char. Elles descendent sous le soleil brûlant qui embrase la route.

Marie de Magdala s’agenouille aux pieds de Jésus en disant :

« Je te remercie, de tout. Et aussi beaucoup de m’avoir fait faire ce voyage. Toi seule as la sagesse. Maintenant, je pars dépouillée des restes de la Marie d’autrefois. Bénis-moi, Seigneur, pour me fortifier toujours plus.

– Oui, je te bénis. Profite de la présence des frères et avec eux forme-toi toujours plus en moi. Adieu, Marie. Adieu, Marthe. Tu diras à Lazare que je le bénis. Je vous confie cette femme. Je ne vous la donne pas. Elle est ma disciple, mais je veux que vous lui donniez un minimum de possibilités de comprendre ma doctrine. Puis je viendrai. Noémi, je te bénis, et vous deux aussi. »

Marthe et Marie ont les larmes aux yeux. Simon le Zélote les salue en particulier, et leur remet un mot pour son serviteur. Les autres les saluent ensemble. Puis le char se met en mouvement.

255.8

« Et maintenant allons chercher de l’ombre. Que Dieu les accompagne… Tu regrettes tant leur départ, Marie ? demande-t-il à Marie, femme d’Alphée, qui pleure silencieusement.

– Oui. Elles étaient très bonnes…

– Nous les retrouverons bientôt, et plus nombreuses. Tu auras beaucoup de sœurs… ou de filles, si tu préfères. C’est tout de l’amour, tant le maternel que le fraternel », lui dit Jésus pour la réconforter.

– Pourvu que cela ne lui crée pas d’ennuis… dit Judas.

– Des ennuis, de s’aimer ?

– Non. Des ennuis d’avoir des personnes d’autres races et d’autres provenances.

– Tu veux parler de Syntica ?

– Oui, Maître. En fin de compte, c’était la propriété du romain et c’est mal de se l’approprier. Cela le disposera mal à notre égard et nous nous mettrons à dos Ponce Pilate et ses rigueurs.

– Mais que veux-tu que cela lui fasse, à Pilate, que quelqu’un qui dépend de lui perde une esclave ? » dit Pierre. « Il sait ce que vaut celui-là ! Et s’il est tant soit peu honnête – comme on dit qu’il l’est, en famille du moins –, il reconnaîtra que cette femme a bien fait de s’enfuir. D’ailleurs, s’il est malhonnête, il dira : “ C’est bien fait ! Comme cela, c’est peut-être moi qui vais la trouver ! ” Les gens malhonnêtes ne sont pas sensibles aux douleurs d’autrui. Et puis… Ah, pauvre Ponce ! Avec tous les ennuis que nous lui causons, il a bien autre chose à faire que de perdre du temps en raison des plaintes d’un individu qui laisse échapper une esclave ! ».

Plusieurs lui donnent raison en se moquant du romain lu­brique.

255.9

Mais Jésus porte la question sur un plan plus élevé :

« Judas, tu connais le Deutéronome ?

– Bien sûr, Maître. Et je n’hésite pas à dire : comme il y en a peu.

– Comment le considères-tu ?

– Comme le porte-parole de Dieu.

– Porte-parole : donc qui répète la parole de Dieu ?

– Exactement.

– Tu as bien jugé. Mais alors pourquoi ne juges-tu pas bien de faire ce qu’il commande ?

– Je n’ai jamais dit cela. Au contraire ! Je trouve que c’est justement nous qui le négligeons trop en suivant la nouvelle Loi.

– La nouvelle Loi est le fruit de l’ancienne, ou plutôt c’est la perfection atteinte par l’arbre de la foi. Mais aucun de nous ne la néglige, pour autant que je sache, car je suis, moi, le premier à la respecter et à empêcher que les autres la négligent. »

Jésus dit cela sur un ton très tranchant.

Il reprend :

« Le Deutéronome est intouchable. Même quand mon Royaume triomphera, et, avec mon Royaume, la nouvelle Loi avec ses nouveaux codes et paragraphes, il sera toujours appliqué aux nouveaux préceptes, tout comme les pierres de taille des anciennes constructions servent aux nouvelles parce que ce sont des pierres parfaites qui font de solides murailles. Mais mon Royaume n’est pas encore là et, en fidèle israélite, je n’offense pas ni ne néglige le livre mosaïque. C’est la base de ma façon d’agir et de mon enseignement. C’est sur la base de l’Homme et du Maître que le Fils du Père fait reposer la céleste construction de sa Nature et de sa Sagesse.

Dans le Deutéronome, il est dit[2] : “ Tu ne remettras pas à son maître un esclave qui s’est réfugié auprès de toi. Il demeurera avec toi à l’endroit qu’il jugera bon, il sera en paix dans une de tes cités et tu ne l’affligeras pas. ” Cela s’applique au cas où quelqu’un est contraint de fuir un esclavage inhumain. Dans mon cas, dans celui de Syntica, il s’agit d’une fuite, non pas vers une liberté limitée, mais vers la liberté illimitée du Fils de Dieu. Et tu veux que sur cette alouette, qui a échappé au filet des chasseurs, je jette de nouveau le filet pour la rendre à sa prison, pour lui enlever jusqu’à l’espoir après la liberté ? Non, jamais ! Je bénis Dieu de ce que, tout comme notre voyage à En-Dor a amené ce fils au Père, le voyage à Césarée m’ait amené cette jeune fille pour que je la conduise au Père. A Sycaminon, je vous ai parlé de la puissance de la foi. Aujourd’hui, je vous parlerai de la lumière de l’espérance. Mais pour l’instant, arrêtons-nous dans ce verger touffu pour manger et nous reposer, car le soleil est brûlant comme si l’enfer était ouvert. »

255.1

And they are once again on their way, going eastwards, towards the country.

The apostles and the two disciples are now with Mary Clopas and Susanna, a few yards behind Jesus, Who is with His Mother and the two sisters of Lazarus. Jesus is engrossed in talking. The apostles instead are silent. They look tired or disheartened. Their attention is not even attracted by the beauty of the country, which is really wonderful, with gentle undulations across the plain like many green pillows under the feet of a giant king and its tiny hills spread here and there, preluding the mountain chains of Mount Carmel and Samaria. Both the plain, which is the dominating part of the country, and the small decorated hills and undulated ground are completely covered with blooming flowers and full of ripening fruit. It must be a well-watered place, notwithstanding its position and the season, because it is too flourishing to be lacking in water. I now understand why the plain of Saron is so often mentioned enthusiastically in the Holy Scriptures. But that enthusiasm is not shared by the apostles, who look somewhat sulky, the only ones to look so, on this splendid day and in this charming country.

The consular road, which is well kept, cuts across the most fertile land like a white ribbon and in the early morning one frequently meets farmers laden with victuals and travellers going to Caesarea. One of the farmers, leading a line of donkeys laden with sacks, who catches up with the apostles and compels them to step aside to make room for the donkey caravan, asks arrogantly: «Is the Kishon here?»

«Further back» replies Thomas dryly, and mutters between his teeth: «You lout!»

«He is a Samaritan and that’s enough!» replies Philip.

255.2

They become silent again. After a few yards, as if he were concluding an internal speech, Peter says: «For what it was worth! Was it worth going all that road?»

«Of course! Why did we go to Caesarea if He did not say even one word? I thought He intended working some wonderful miracle to convince the Romans. Instead…» says James of Zebedee.

«He exposed us to ridicule, that’s all» comments Thomas.

The Iscariot aggravates the situation saying: «And He made us suffer. But He likes to be insulted and He thinks we like that as well.»

«In actual fact it was Mary of Theophilus who suffered in this case» remarks the Zealot calmly.

«Mary! Mary! Has Mary become the centre of the universe? She is the only one who suffers, the only heroine, the only one to be perfected. If I had known, I would have become a robber and a killer in order to be the object of so much care» bursts out the Iscariot.

«Actually the last time we came to Caesarea and He worked a miracle and evangelized, we vexed Him by expressing our discontent because He had done so» remarks the cousin of the Lord.

«The trouble is that we do not know what we want… If He does one thing, we grumble, if He does the opposite thing, we still grumble. We are full of faults» says John seriously.

«Oh! There is the other wise man speaking! One thing is certain: no good has been done for some time.»

«No good, Judas? What about the Greek woman, and Ermasteus, and Abel, and Mary, but…»

«It is not with such nonentities that He will establish the Kingdom» retorts the Iscariot, who is haunted by the idea of an earthly triumph.

«Judas, please do not judge the actions of my Brother. It is a ridiculous pretence. A boy who wants to judge his master or I should say: a nonentity wishing to be placed in high quarters» says Thaddeus, who has the same name and an invincible aversion for his namesake.

«Thank you for just calling me a boy. Actually, after living so long in the Temple I thought I could be considered at least of age» replies the Iscariot sarcastically.

255.3

«How dull these discussions are!» says Andrew with a sigh.

«True! Instead of being united, the more we live together, we are being divided. And yet at Sicaminon He told us that we must be united to the flock… How shall we ever be so, if we are not united as shepherds?» remarks Matthew.

«So we must not speak? We must never express our ideas? I don’t think that we are slaves.»

«No, Judas, we are not slaves. But we are not worthy of following Him, because we do not understand Him» says the Zealot peacefully.

«I understand Him very well.»

«No. You do not understand Him, and like you, those who criticise Him, do not understand Him either… To understand means to obey without discussing, because one is convinced of the holiness of the guide» says the Zealot.

«Ah! You are talking of understanding His holiness! I was referring to His words. His holiness is undisputed and indisputable» the Iscariot hastens to say.

«Can you separate one from the others? A saint will always possess Wisdom, and his words will be wise.»

«That is true. But He does harmful things. Because of His excessive holiness. I agree. But the world is not holy, and He causes trouble for Himself.

255.4

Now, for instance, do you think that this Philistine and that Greek woman will do us any good?»

«If I am going to be harmful, I will withdraw» says Ermasteus, who feels mortified. «I came with the idea of honouring Him and doing the right thing.»

«You would grieve Him by going away for this reason» James of Alphaeus replies to him.

«I will pretend that I have changed my mind. I will say goodbye to Him… and I will go.»

«Surely not! You will not go away. It is not fair that the Master should lose a good disciple because of the short temper of other people» replies Peter promptly.

«If he wants to go away for so little, it means that he is not sure of his own will. So let him go» insists the Iscariot.

Peter loses his temper: «I promised Him, when He gave me Marjiam, that I would become paternal to everybody, and I am sorry to break my promise. But you force me to. Ermasteus is here and is staying here. Do you know what I must tell you? That you are the one who upsets the will of other people and makes them feel uncertain. You are one who causes separations and disorder. That is what you are. Shame on you.»

«What are you? The protector of…»

«Yes. You are quite right. I know what you mean. I am the protector of the Veiled woman, of John of Endor, of Ermasteus, of the slave, of anyone else who has been found by Jesus and is not one of those splendid ostentatious examples of the Temple, who are formed with the sacred mortar and cobwebs of the Temple, the wicks scented with the dregs of the lamps of the Temple, those like you, in other words, to make the parable clearer, because if the Temple is much, unless I have become a fool, the Master is much more than the Temple and you are lacking…»

255.5

He shouts so loud that the Master stops and turns around and is about to walk back, leaving the women.

«He has heard! He will be sorrowful!» says the apostle John.

«No, Master. Don’t come. We were discussing… to kill the boredom of the journey» says Thomas promptly.

But Jesus remains still so that they can reach Him.

«What were you discussing? Must I tell you once again that the women disciples surpass you?» His kind reproach touches their hearts. They become silent and lower their heads. «My friends. Do not be the cause of scandal to those who are being born to the Light just now! Do you not know that an imperfection of yours is more harmful to the redemption of a heathen or a sinner, than all the errors of paganism?»

No one replies because they do not know what to say to justify themselves or to avoid accusing the others.

255.6

The wagon of Lazarus’ sisters is near a bridge over a dry torrent. The two horses are grazing the thick grass on the banks of the torrent, which has perhaps run dry only recently and thus the banks are thick with grass. Martha’s servant and another man, perhaps the driver, are also on the river-bed, whilst the women are in the closed wagon, which is completely enveloped with a heavy cover with tanned hides, which hang like heavy curtains down to the floor of the wagon. The women disciples move towards it, and the servant who is the first to see them informs the nurse, while the other man takes the horses to the shaft.

In the meantime the servant rushes towards his mistresses bowing to the ground. The elderly nurse, a fine woman with an olive complexion, but pleasant, comes down from the wagon quickly and goes towards her mistresses. But Mary of Magdala says something to her and she directs her steps towards the Blessed Virgin saying: «Forgive me… But my joy in seeing her is so great that I see nobody else. Come, blessed Mother. The sun is scorching. It is cool in the wagon.»

All the women get onto it waiting for the men who are far behind. And while they are waiting and Syntyche, who is wearing the dress which the Magdalene had on yesterday, kisses the feet of her mistresses, as she insists in calling them, although they tell her that she is neither their slave nor their servant, but their guest in the name of Jesus, the Virgin Mary shows the precious little parcel of purple asking how the very short threads can be spun as they refuse to be moistened or twisted.

«That is not how to do it, Donna. They are to be reduced to powder and used as any other dye. It’s the filament of the shell, not a hair. See how crumbly it is, now that it is dry? Reduce it to thin powder, sift it, to remove all long bits, which would stain the yarn or the cloth. It is better to dye the yarn in skeins. When You are sure that it is all fine powder, You dissolve it like cochineal, or saffron, or indigo powder or the powder of any other bark, root or fruit and You use it. Fasten the dye with strong vinegar the last time You rinse it.»

«Thank you, Naomi. I will do as you told Me. I have embroidered with purple threads, but they were given to Me ready to be used…

255.7

Here is Jesus. It is time to say goodbye, My daughters. I bless you all in the name of the Lord. Go in peace and take peace and joy to Lazarus. Goodbye, Mary. Remember that you wept on My breast your first happy tears. I am therefore your Mother because a baby weeps its first tears on its mother’s breast. I am your Mother and will always be such. What may be burdensome for you to tell even the most kind sister, the most loving nurse, come and tell Me. I will always understand you. What you would not dare say to My Jesus because it is still stained with humanity, which He does not want in you, come and tell Me. I will always be indulgent to you. And if you should like to inform Me also of your triumphs — but I would prefer you told Him, like sweet-smelling flowers, because He is your Saviour, not I — I will rejoice with you. Goodbye, Martha. You are now going away happily, and your supernatural happiness will last. So you need nothing else but to make progress in justice, in the peace which now nothing perturbs in you. Do it for the sake of Jesus, Who has loved you so much as to love your sister whom you love with complete love. Goodbye, Naomi. Go with the treasure you have found. As you used to satisfy her hunger with your milk, satisfy now your own, with the words that she and Martha will tell you, so that you may see in My Son much more than the exorciser who frees hearts from Evil. Goodbye, Syntyche, flower of Greece, you perceived by yourself that there is something more than flesh. Bloom now in God and be the first of the new Grecian flowers in Christ. I am very happy to leave you united thus. I bless you with My love.»

The shuffling of feet is now close at hand. They lift the heavy curtain and see Jesus Who is a few feet from the wagon. They get off in the parching sun, which is blazing down on the road.

Mary of Magdala kneels at Jesus’ feet saying: «I thank You, for everything. And I thank You also very much for making me do this pilgrimage. You only possess Wisdom. I am now leaving divested of the remains of the Mary of time ago. Bless me, My Lord, to fortify me more and more.»

«Yes. I bless you. Enjoy the company of your brother and sister and with them form yourself more and more in Me. Goodbye, Mary. Goodbye, Martha. Tell Lazarus that I bless him. I entrust this woman to you. I am not giving her to you. She is My disciple. But I want you to give her the opportunity, however small, of understanding My doctrine. I will come later. Naomi, I bless you, and you two, as well.»

255.8

Martha and Mary have tears in their eyes. The Zealot greets them in particular handing them a letter for his servant. The others greet them all together. The wagon then sets off.

«And now let us go and look for some shady spot. May God guide them… Are you so sorry, Mary, that they have gone?» He asks Mary of Alphaeus, who is weeping silently.

«Yes. They were very good…»

«We shall be meeting them again soon. And they will have grown in numbers. You will have many sisters… or daughters, if you prefer so. It is all love, whether it is maternal or brotherly» says Jesus comforting her.

«Providing that does not cause trouble…» grumbles the Iscariot.

«Trouble to love one another?»

«No. Trouble having people of different races or origin.»

«You mean Syntyche?»

«Yes, Master. After all she was the property of the Roman and it was wrong to take possession of her. He will be angry with us and we will draw upon ourselves the rigour of Pontius Pilate.»

«What do you think Pontius Pilate cares if one of his subordinates loses a slave? He will know what a slave is worth. And if he is generally honest, as they say he is, at least at home, he will say that the woman did the right thing to run away. If he is dishonest, he will say: “Serves him right. I may find her”. Dishonest people are not sensitive to other people’s sufferings. In any case, poor Pontius! With all the trouble we make for him, he has enough to worry about instead of wasting his time with the complaint of a man who let his slave run away!» says Peter. And many say that he is right and laugh at the anger of the lewd Roman.

255.9

But Jesus discusses the matter at a higher level. «Judas, are you familiar with Deuteronomy?»

«Certainly, Master. And, I do not hesitate to say, as very few people are.»

«And what do you consider it is?»

«The spokesman of God.»

«Spokesman. So it repeats the word of God.»

«Exactly.»

«You judge it correctly. But, then, why do you not think that it is right to do what it commands?»

«I never said that. On the contrary! I find that we neglect it too much by following the new Law.»

«The New Law is the fruit of the old one, that is, it is the perfection achieved by the tree of Faith. But none of us neglect it, as far as I know, because I am the first to respect it and to prevent others from neglecting it.» Jesus is very incisive in saying these words. He resumes: «The Deuteronomy is untouchable. Also when My Kingdom will triumph, and with My Kingdom the New Law and its new codes and clauses, the Deuteronomy will always be applied to the new dictates, as the squared stones of ancient buildings are used for new ones, because they are perfect and make very strong walls. But My Kingdom does not yet exist, and I, a faithful Israelite, do not offend or neglect the Mosaic Book. It is the basis of My behaviour and My teaching. Upon the basis of the Man and of the Master, the Son of the Father places the heavenly construction of His Nature and Wisdom. In Deuteronomy it is written[1]: “You shall not hand over to his master the slave who has come to you. He shall live with you, wherever he pleases, he shall stay peacefully in one of your towns and you shall not molest him”. This decree applies in any case where a slave has been compelled to run away from a cruel master. In My case, in the case of Syntyche, the flight is not towards a limited freedom, but towards the unlimited freedom of the Son of God. And now that this skylark has escaped from the hunters’ trap, do you expect Me to put her into a net once again and hand her over to her prison to deprive her also of hope, after taking away her freedom? No, never! I bless the Lord because, as our trip to Endor brought this son back to the Father, so our visit to Caesarea has brought this woman to Me, that I may lead her to the Father. At Sicaminon I spoke to you of the power of faith. Today I will speak to you of the light of Hope. But now let us eat and rest in this orchard. Because the sun is scorching as if hell were open.»


Notes

  1. s’il a le même nom : la langue française distingue les prénoms de ces deux apôtres, mais il s’agit à l’origine du même prénom, et l’italien ne fait pas la différence.
  2. il est dit : en Dt 23, 16-17.

Notes

  1. it is written, in: Deuteronomy 23:16-17.