The Writings of Maria Valtorta

261. Exhortation aux paysans de Doras passés sous la férule de Yokhanan.

261. Jesus exorts Johanan’s peasants

261.1

L’aurore ne fait encore que pointer. Jésus se tient debout au milieu du verger dévasté de Doras : des rangées d’arbres morts ou mourants dont beaucoup ont été déjà abattus ou arrachés ; autour de lui, les paysans de Doras et de Yokhanan et les apôtres, les uns debout, les autres assis sur des troncs couchés.

Jésus commence à parler :

« Voici une nouvelle journée et un nouveau départ. Et je ne suis pas le seul à partir : vous aussi vous partez, moralement sinon matériellement, en passant à un autre maître. Vous serez donc unis à d’autres paysans bons et pieux et vous formerez une famille où vous pourrez parler de Dieu et de son Verbe sans user de subterfuges pour le faire. Soutenez-vous les uns les autres dans la foi. Aidez-vous mutuellement. Soyez indulgents devant les défauts des autres. Soyez les uns pour les autres une source d’édification.

C’est cela, l’amour. Et, bien que de façons différentes, vous avez entendu hier soir des apôtres affirmer que le salut se trouve dans l’amour. Simon-Pierre, par sa parole simple et bonne, vous a fait remarquer comment l’amour change une nature pesante en une nature surnaturelle : il vous a montré comment un individu – qui sans l’amour peut devenir corrompu et corrupteur, comme un animal abattu qu’on n’a pas cuit, ou du moins être inutile comme le bois qui pourrit dans l’eau sans être bon à faire du feu – … comment l’amour peut faire de cet individu un homme qui vit déjà dans l’atmosphère de Dieu et par conséquent un être qui échappe à la corruption et devient utile à son prochain.

Car, soyez-en sûrs, mes enfants, l’amour est la grande force de l’univers. Je ne me lasserai jamais de le dire. Tous les malheurs de la terre viennent du manque d’amour, à commencer par la mort et par les maladies, qui sont nées du refus d’amour d’Adam et Eve pour le Seigneur très-haut. Car l’amour est obéissance. Celui qui n’obéit pas est un révolté. Un révolté n’aime pas celui contre lequel il se révolte. Mais aussi d’où viennent les autres malheurs généraux ou particuliers, comme les guerres ou les ruines dans une ou deux familles à cause de leurs rivalités ? De l’égoïsme, qui est manque d’amour. Et ces ruines des familles s’accompagnent de ruines matérielles par châtiment de Dieu, car Dieu, tôt ou tard, frappe toujours celui qui vit sans amour.

261.2

Je sais qu’ici il circule une légende, et qu’à cause d’elle, je suis haï par certains, regardé avec crainte par d’autres, cité comme un nouveau châtiment ou supporté par peur d’une punition : ce serait mon regard qui a apporté la malédiction sur ces champs. Ce n’est pas mon regard, mais la punition de l’égoïsme d’un homme injuste et cruel. Si mon regard devait brûler les terres de tous ceux qui me haïssent, en vérité il resterait bien peu de verdure en Palestine !

Je ne me venge jamais des offenses qui me sont faites à moi-même, mais je remets au Père ceux qui s’obstinent à rester dans leur péché d’égoïsme à l’égard du prochain et se moquent de manière sacrilège du commandement, et qui deviennent d’autant plus cruels qu’ils entendent des paroles qui cherchent à les persuader, des paroles capables de les gagner à l’amour. Je suis toujours prêt à lever la main pour dire à celui qui se repent : “ Je t’absous. Va en paix. ” Mais je n’offense pas l’Amour en consentant à des duretés qui ne veulent pas changer. Gardez toujours cela à l’esprit pour voir les choses dans une juste lumière et pour démentir les légendes causées par la vénération ou par quelque crainte coléreuse, qui ne correspondent jamais à la vérité.

261.3

Vous passez sous l’autorité d’un autre maître, mais vous ne quittez pas ces terres alors que, dans l’état où elles sont, il semble que ce soit une folie de s’en occuper. Et pourtant je vous le dis : faites-y votre devoir. Vous l’avez fait jusqu’à présent par peur de punitions inhumaines. Continuez maintenant, même si vous savez qu’on ne vous traitera plus comme avant. Je vous dis même : plus on vous traitera avec humanité, et plus il vous faut mettre un zèle joyeux à l’ouvrage pour faire preuve, par votre travail, d’humanité envers celui qui vous traite avec humanité.

Certes, les maîtres ont le devoir de se montrer humains envers ceux qui sont sous leur dépendance : ils doivent en effet se souvenir que nous venons tous d’une même souche et qu’en vérité tous les hommes naissent nus de la même manière et deviennent après la mort de la pourriture de la même manière, aussi bien les pauvres que les riches ; ils doivent aussi garder à l’esprit que les richesses ne viennent pas du travail de ceux qui les possèdent, mais du travail de ceux qui les ont accumulées, honnêtement ou malhonnêtement, et qu’il ne faut pas s’en glorifier ou s’en servir pour opprimer, mais en faire une chose bonne, pour les autres aussi, en les utilisant avec amour, discrétion et justice pour être regardés sans sévérité par le vrai Maître qui est Dieu : car on n’achète pas Dieu et on ne le séduit pas par des joyaux et des talents d’or, mais on trouve son amitié grâce à nos bonnes actions. Mais, si tout cela est vrai, il est vrai d’autre part que les serviteurs ont le devoir d’être bons avec leurs maîtres.

261.4

Faites avec simplicité et bonne volonté la volonté de Dieu qui vous veut dans cette humble condition. Vous connaissez la parabole[1] du mauvais riche. Vous voyez qu’au Ciel ce n’est pas l’or, mais la vertu qui est récompensée. Les vertus et la soumission à la volonté de Dieu rendent Dieu ami de l’homme. Je sais qu’il est très difficile d’être capable de voir Dieu à travers les œuvres des hommes. Dans la prospérité, c’est facile. Dans une situation mauvaise, c’est difficile parce qu’elle peut amener l’esprit à penser que Dieu n’est pas bon. Mais vous, triomphez du mal qui vous est fait par l’homme tenté par Satan et, au-delà de cette barrière qui vous coûte des larmes, voyez la vérité de la souffrance et sa beauté. La souffrance vient du Mal. Mais Dieu ne pouvant l’abolir – car cette force existe et c’est une épreuve de l’or spirituel des enfants de Dieu –, il contraint le Mal à extraire de son venin le suc d’un remède qui donne la vie éternelle. Car la douleur, par son mordant, provoque chez les bons des réactions telles qu’elles les spiritualisent toujours plus en faisant d’eux des saints.

261.5

Vous, donc, soyez bons, respectueux, soumis. Ne jugez pas vos maîtres. Ils ont déjà leur Juge. Je voudrais que celui qui vous donne ses ordres devienne un juste pour vous rendre la route plus facile et pour lui donner la vie éternelle. Mais rappelez-vous que, plus le devoir est pénible à accomplir, plus grand est le mérite aux yeux de Dieu. Ne cherchez pas à tromper votre maître : l’argent et les denrées pris frauduleusement n’enrichissent pas et ne rassasient pas. Gardez purs vos mains, vos lèvres et vos cœurs. Alors vous ferez vos sabbats, vos fêtes de précepte en grâce aux yeux de Dieu, même si l’on vous tient attachés à la glèbe.

En vérité, votre fatigue aura plus de valeur que la prière hypocrite de ceux qui vont accomplir les préceptes pour en recevoir les éloges du monde, en contrevenant en réalité aux préceptes par leur désobéissance à la Loi, qui dit d’obéir pour soi-même et pour ceux qui sont de la maison au précepte du sabbat et des solennités d’Israël. Car la prière n’est pas dans l’acte, mais dans le sentiment. Et si votre cœur aime Dieu saintement et en toutes circonstances, il accomplira les rites du sabbat et des fêtes mieux que les autres qui vous empêchent d’y participer.

Je vous bénis et je vous quitte parce que le soleil se lève et que je veux arriver aux collines avant que la chaleur ne soit trop forte. Nous nous reverrons bientôt car l’automne n’est plus très loin. Que la paix soit avec vous tous, nouveaux et anciens serviteurs de Yokhanan et qu’elle vous donne un cœur tranquille. »

Et Jésus s’éloigne en passant au milieu des paysans et en les bénissant un par un.

261.6

Derrière un grand pommier desséché se tient un homme à moitié caché. Mais au moment où Jésus va passer, en feignant de ne pas le voir, il surgit et dit :

« Je suis l’intendant de Yokhanan. Il m’a dit : “ Si le Rabbi d’Israël vient, laisse-le s’arrêter sur mes terres et parler aux serviteurs. J’en tirerai un meilleur travail, car il n’enseigne que de bonnes choses. ” Et hier, en m’apprenant qu’à partir d’aujourd’hui ceux-ci (il montre les serviteurs de Doras) sont avec moi, et que ces terres appartiennent à Yokhanan, il m’a écrit : “ Si le Rabbi vient, écoute ce qu’il dit et agis en conséquence. Qu’il ne nous arrive pas malheur. Couvre-le d’honneurs, mais vois s’il va révoquer la malédiction des terres. ” Car sache que Yokhanan s’est fait un point d’honneur de les acheter. Mais je crois qu’il le regrette déjà. Ce sera déjà beaucoup si nous en faisons des pâtu­rages…

– Tu m’as entendu parler ?

– Oui, Maître.

– Alors vous saurez comment vous comporter, ton maître et toi, pour obtenir les bénédictions de Dieu. Rapporte cela à ton maître et, pour ton compte, modère aussi ses ordres, toi qui vois dans la pratique ce qu’est la fatigue de l’homme des champs et qui es bien vu du maître. Il vaut mieux perdre sa bienveillance et ta place que de perdre ton âme. Adieu.

– Mais je dois te faire honneur.

– Je ne suis pas une idole. Je n’ai pas besoin d’honneurs intéressés pour donner des grâces. Honore-moi spirituellement, en mettant en pratique ce que tu as entendu, et tu auras servi Dieu et ton maître en même temps. »

Sur ce, Jésus, suivi des disciples et des femmes, puis de tous les paysans, traverse les champs et prend la route des collines, salué de nouveau par tous.

261.1

It is not yet daybreak. Jesus is standing in the middle of Doras’ ruined orchard: rows of withered or withering trees, many of which have already been felled or uprooted. Around Him there are Doras’ and Johanan’s peasants and the apostles some standing, some sitting on the felled trunks.

Jesus begins to speak: «Another day and another departure. And I am not the only one who is leaving. You are departing as well, if not physically, morally, as you are going to another master. You will thus be joined to other good and pious peasants and you will form one family, in which you will be able to speak of God and of His Word, without having to resort to subterfuges to do so. Sustain one another in your faith, help one another, bear one another’s faults and edify one another.

That is love. And you heard from My apostles last night, although in different ways, that love is salvation. Simon Peter with his simple kind word made you ponder how love changes your heavy nature into a supernatural nature, how a man without love may become corrupt and corrupting, like a slaughtered animal that is not cooked, or he may become useless like wood rotten with water that will not burn in a fire, and how love makes a man live in the atmosphere of God and thus he comes out of corruption and becomes useful to his neighbour. Because, believe Me, My dear children, love is the great strength of the Universe. I will never tire telling you. All the misfortunes on the earth come from lack of love, beginning from the death and diseases caused by the lack of love of Adam and Eve for the Most High Lord.

Because love is obedience. He who does not obey is a rebel. He who is a rebel does not love him against whom he rebels. Where do other general or particular misfortunes come from, such as wars or the downfall of contending families? From selfishness, which is estrangement. And the ruin of welfare through God’s punishment follows the downfall of families. Because God sooner or later will strike him who lives without loving.

261.2

I know that it is rumoured here – and because of such rumour I am hated by some, looked at with fearful hearts by others or invoked as a fresh punishment or tolerated for fear of a punishment – I know that it is rumoured here that it was My look that made these fields cursed. It was not My look: but the punished selfishness of an unjust and cruel man. If My eyes were to scorch the land of all those who hate Me, very little green would be left in Palestine! I never avenge Myself for ill-will manifested towards Me, but I hand over to the Father those who stubbornly persist in their sin of selfishness towards their neighbour and sacrilegiously deride the precept of love, and the more one endeavours to persuade them to love, by means of words and suitable deeds, the more cruel they become. I am always willing to raise My hand and say to a repentant soul: “I absolve you. Go in peace”. But I will not offend Love by agreeing to inconvertible harshness. Always bear in mind to see things in the right light and disprove tales, which are always different from the truth, whether they are told out of veneration or angry fear.

261.3

You are changing master, but you will not be leaving this land, to take care of which in its present state seems madness. And yet I say to you: do your duty on it. You have done it so far for fear of cruel punishment. Do it also now, although you are aware that you will not be dealt with as in the past. In fact, I say to you: the more humanely you are treated, the more diligently and cheerfully you are to work, to return humanity through your work to those who grant you humanity. Because while it is true that masters are obliged to be humane to their subordinates – remembering that we are all of one race and that every man is born nude in the same manner and dies putrifying in the same manner, whether he is rich or poor, and that wealth is not the work of those who possess it, but of those who either honestly or dishonestly have amassed it for them, and that one is not to be proud of it or make use of it to oppress other people, instead one should use it with love, discretion and justice in order not to be looked at with severity by the true Master, Who is God, Who cannot be bought or seduced by jewels or gold talents, but can be made our friend only through our good deeds – because while all that is true, it is also true that servants are obliged to be good to their masters.

261.4

Do the will of God, Who wants you in your humble condition, with simplicity and goodwill. You know the parable[1] of Dives. You know that not gold, but virtue is rewarded in Heaven. Virtue and submission to the will of God make God the friend of man. I know that it is very difficult to be able to always see God through the deeds of men. It is easy in good people. It is difficult in bad people, because your souls may be induced to think that God is not good. But you must overcome the evil done to you by men tempted by Satan, and beyond that barrier that costs so many tears, you must see the truth of sorrow and its beauty. Sorrow comes from Evil. But as God cannot abolish it, as the power of Evil exists and it is the assay of the spiritual gold of the children of God, He compels it to extract from its poison the juice of a medicine which gives eternal life. Because the pungency of sorrow inoculates good people with such reactions that spiritualize them more and more making them holy.

261.5

Be therefore good, respectful, submissive. Do not judge your masters. There is One Who judges them. I would like the man who commands you to become just, to make your life easier, and gain eternal life himself. But remember that the more burdensome the task to be accomplished is, the greater is the merit in the eyes of God. Do not try to defraud your master. Money or victuals obtained by fraud do not enrich or satisfy anybody’s hunger. Let your hands, lips and hearts be pure. You will then keep the Sabbaths and holy days of obligation with grace in the eyes of God, even if you are compelled to work in the fields. I solemnly tell you that your labour will be worth more than the hypocritical prayer of those who go to fulfil their duty to be praised by the world, because in actual fact they infringe the precept by disobeying the Law that prescribes that each man and all the members of his family are to keep the Sabbath and festivals of Israel for their own sake. Because prayer is not in the act itself, but in sentiments. And if your hearts love God in a holy manner they will celebrate the rites of the Sabbath and festivals, which other people prevent you from keeping, better than they do and under every circumstance.

I bless you and I will now leave you because the sun is rising and I want to be on the hills before the heat of the day. We shall meet again soon because autumn is not far. Peace be with you all, both the new and the old servants of Johanan and may your hearts be serene.»

And Jesus sets off passing through the peasants and blessing them one by one.

261.6

Behind a large withered apple-tree there is a man half-hidden. But when Jesus is about to pass by pretending He has not seen him, the man jumps out and says: «I am Johanan’s steward. He said to me: “If the Rabbi of Israel should come, let Him stop in my fields and let Him speak to my servants. They will do more work for us, because He teaches only good things”. And yesterday he wrote to me informing me that as from today, they (and he points to Doras’ men) are with me, and these fields belong to Johanan and he says: “If the Rabbi should come, listen to what He says and act accordingly. Let no calamity befall us. Load Him with honours but see if you can get Him to revoke the curse on the land”. Because You must know that Johanan bought it out of spite. But I think he already regrets it. It will be a great achievement if we can turn it into grazing ground…»

«Did you hear Me speak?»

«Yes, Master.»

«You know, then, how to behave, both you and your master, to have God’s blessing. Tell your master. And as far as you are concerned, moderate his orders, because you know how burdensome in actual fact is the work of a man in the fields and you are well-liked by your master. But it is better for you to lose his favour and your position, rather than lose your soul. Goodbye.»

«But I have to honour You.»

«I am not an idol. I do not need interested honours to grant graces. Honour Me with your soul, by practising what you have heard and you will serve God and your master at the same time.»

And Jesus, followed by the apostles and the women, and then by all the peasants, goes across the fields and directs His steps towards the hills, greeting everybody once again.


Notes

  1. parabole qui leur est racontée en 191.5/7.

Notes

  1. parable, narrated to them in 191.5/7.