The Writings of Maria Valtorta

293. Le discours et les miracles de Bozra, après l’irruption des deux pharisiens.

293. The sermon and the miracles at Bozrah

293.1

… Et le monde est aussi tellement proche avec ses flots de haine, de trahison, de douleur, de besoin, de curiosité. Et les flots viennent, comme ceux de la mer dans un port, mourir ici dans la cour de l’hôtellerie de Bozra que le respect de l’hôtelier, dont le cœur est meilleur que ne le laisse supposer sa figure, a nettoyé des excréments et des ordures. Il y a beaucoup de monde, de l’endroit ou d’ailleurs, mais pourtant de la région, et des gens dont les conversations me font comprendre qu’ils viennent de loin, des rives du lac ou d’au-delà du lac : des noms de villes, des témoignages de souffrances s’expriment dans les conversations qui s’entremêlent pendant que l’on attend Jésus. Gadara, Hippos, Guerguesa, Gamla, Afeca, et Naïm, En-Dor, Jezréël, Magdala et Chorazeïn passent de bouche en bouche et, avec eux, l’explication des motifs pour lesquels ils sont venus de si loin jusque là.

« Quand j’ai appris qu’il était venu à travers les pays d’au-delà du Jourdain, je me suis découragé. Mais alors que j’allais retourner à Jezréël, des disciples sont venus et nous ont dit, à nous qui attendions à Capharnaüm : “ A cette heure-ci il est certainement au-delà de Gérasa. Ne perdez pas de temps pour aller à Bozra ou à Arbel ”, et je suis venu avec eux…

– De mon côté, en venant de Gadara, j’ai vu passer des pharisiens. Ils demandaient si c’était Jésus de Nazareth qui était dans la région. Ma femme est malade. Je me suis uni à eux. Puis, hier à Arbel, j’ai appris qu’il venait d’abord à Bozra et je suis venu ici.

– Moi, je viens de Gamla à cause de cet enfant. Il a été frappé par une vache en furie. Il est resté dans cet état… »

Il montre son enfant tout recroquevillé, incapable même de remuer librement les bras.

« Moi, je n’ai pas pu amener le mien. Je viens de Mageddo. Qu’en dites-vous ? Me le guérira-t-il même depuis ici ? demande en gémissant une femme au visage rougi par les pleurs.

– Mais il faut le malade !

– Non. Il suffit d’avoir foi.

– Non. S’il n’impose pas les mains, pas de guérison. C’est ce que font aussi ses disciples.

– Tu as fait tant de chemin pour rien, femme ! »

La femme se met à pleurer :

« Ah ! Malheureuse que je suis ! Et je l’ai laissé presque moribond, en espérant… Il ne le guérira pas et moi, je ne le consolerai pas au moment de la mort… »

Une autre femme la console :

« Ne crois pas cela, femme. Moi, je viens le remercier car il m’a fait un grand miracle sans quitter la montagne sur laquelle il parlait.

– Quel mal avait ton enfant ?

– Ce n’était pas mon enfant, c’était mon mari qui était devenu fou… »

Et les deux femmes continuent à parler à voix basse.

« C’est vrai. La mère d’Arbel elle aussi a eu son fils racheté sans que le Maître l’ait vu » dit quelqu’un d’Arbel.

Et il continue de parler avec ses voisins…

« Place, par pitié ! Place ! » crient des hommes qui portent une litière toute couverte.

La foule s’ouvre et la litière passe avec sa charge de souffrance. Ils vont se mettre au fond, presque derrière une meule de paille. Est-ce un homme ou une femme sur la litière ? Qui peut le dire ?

293.2

Entrent alors deux pharisiens hautains et bien portants, fiers plus que jamais. Ils assaillent le pauvre hôtelier comme deux fous en criant :

« Maudit menteur ! Pourquoi nous as-tu dit qu’il n’était pas ici ? Tu es son complice ? Te moquer ainsi de nous, les saints d’Israël, pour favoriser… Qui ? Que sais-tu de lui ? Qu’est-ce qu’il est pour toi ?

– ce qu’il est ? Ce que vous n’êtes pas. Mais je n’ai pas menti. Il est venu peu de temps après votre arrivée. Il ne s’est pas caché et, moi, je ne le cache pas. Mais comme ici je suis le maître, je vous ordonne à l’instant : “ Sortez de chez moi ! ” Ici, on ne fait pas injure au Nazaréen. Vous comprenez ? Et si vous ne comprenez pas ces mots, je pourrai vous parler par des gestes, chacals que vous êtes ! »

L’hôtelier musclé paraît si décidé à l’action que les deux pharisiens changent de ton et se font rampants comme des chiens menacés de la cravache.

« Mais nous le cherchions pour le vénérer ! Que crois-tu ? Ce qui nous a rendus furieux, c’est la pensée de ne pouvoir le voir par ta faute. Nous, nous savons qui il est : le Messie saint et béni vers lequel nous ne sommes pas dignes de lever les yeux. Nous sommes la poussière, lui la gloire d’Israël. Conduis-nous à lui. Notre cœur brûle du désir d’entendre sa parole. »

L’hôtelier leur rend la monnaie de leur pièce en répondant :

« Ah ! Tiens donc ! Comment ai-je pu penser qu’il n’en était pas ainsi, moi qui connais de réputation la justice des pharisiens ! Mais bien sûr, vous êtes venus pour l’adorer ! Vous en brûlez de désir ! Je vais le lui dire. J’y vais… Non, par Satan ! Ne me suis pas ! Et toi non plus, ou je vous cogne l’un contre l’autre, vieilles momies venimeuses, au point de vous faire rentrer l’un dans l’autre. Restez ici. Toi, ici où je te plante, et toi là. Je regrette de ne pouvoir vous enfoncer dans la terre jusqu’au cou afin de me servir de vous comme d’un pieu pour y attacher les porcs qu’il me faut tuer. »

Unissant le geste à la parole, il saisit d’abord le pharisien le plus maigre par-dessous les bras, le soulève, puis le plante par terre si violemment que, si le sol n’avait pas été aussi dur, il y aurait pénétré au moins jusqu’à la cheville. Mais le sol est dur et, après une forte secousse, le pharisien reste debout comme un pantin. Puis l’hôtelier s’empare de l’autre et, bien que ce soit plutôt un obèse, il le soulève et le repose avec la même furie. Mais comme celui-ci réagit et se débat, au lieu de le planter debout, il le plaque, assis, par terre : c’est un vrai paquet de chair et d’é­toffes… Et il s’en va, en disant un vilain mot qui se perd dans les lamentations des deux hommes et les éclats de rire d’un grand nombre de spectateurs.

Il entre dans un couloir, passe par une petite cour, monte un escalier, pose le pied sur une galerie à portique et de là, dans une vaste pièce où Jésus, avec tous ses disciples et le marchand, achève son repas.

« Il est arrivé deux des quatre pharisiens. Vois un peu. Pour l’instant, je les ai remis en place. Ils voulaient me suivre, j’ai refusé. Ils sont maintenant en bas, dans la cour, où il y a beaucoup de malades et d’autres aussi.

– J’y vais tout de suite. Merci, Fara. Tu peux partir. »

293.3

Tout le monde se lève, mais Jésus ordonne aux disciples de rester à leur place, ainsi qu’aux femmes, sauf sa Mère, Marie, femme de Cléophas, Suzanne et Salomé. Voyant la peine qui paraît sur les visages des exclus, il dit :

« Allez sur la terrasse, vous entendrez aussi bien. »

Il sort avec les apôtres et les quatre femmes, parcourt en sens inverse le chemin fait par l’hôtelier et entre dans la grande cour. Les gens lèvent la tête pour voir et les plus malins montent sur le tas de paille, sur les chars à l’arrêt, sur le bord des bassins…

Les deux pharisiens vont à sa rencontre, tout obséquieux. Jésus leur adresse sa salutation habituelle, comme s’ils étaient ses plus fidèles amis. Cependant il ne s’arrête pas pour répondre à leurs questions mielleuses :

« Etes-vous si peu nombreux ? Sans disciples ? Ils t’ont donc abandonnés ? »

Jésus, tout en marchant, répond d’un air sérieux :

« Il n’y a aucun abandon. Vous venez d’Arbel où vous avez rencontré ceux qui m’ont précédé, et en Judée vous avez rencontré Judas, Thomas, Nathanaël et Philippe. »

Le pharisien corpulent n’ose plus le suivre et il s’arrête tout à coup, rouge comme une pivoine. L’autre, plus effronté, insiste :

« C’est vrai. Mais justement nous savions que tu étais avec des disciples fidèles et avec les femmes, et nous étions étonnés de te voir avec si peu de monde. Nous voulions voir tes nouvelles conquêtes pour nous en réjouir avec toi. »

Et il rit d’un rire faux.

« Mes nouvelles conquêtes ? Les voilà ! »

Jésus trace devant lui un demi-cercle désignant les foules venant pour la plus grande partie de l’autre rive du Jourdain, c’est-à-dire de ces régions où se trouve Bozra. Puis, sans laisser au pharisien le temps de répliquer, il commence à parler.

293.4

« Des gens m’ont cherché[1] qui d’abord ne s’enquéraient pas de moi. Des gens m’ont trouvé, qui d’abord ne me cherchaient pas. Et j’ai dit : “ Me voici, me voici ” à une nation qui n’invoquait pas mon Nom. ”

Gloire au Seigneur qui met la vérité sur la bouche des prophètes ! Vraiment, à la vue de cette foule qui se presse autour de moi, j’exulte dans le Seigneur, car je vois accomplies les pro­messes que l’Eternel m’a faites quand il m’a envoyé dans le monde. Ces promesses que moi-même j’ai allumées, avec le Père et le Paraclet, dans la pensée, dans la bouche et dans le cœur des prophètes, ces promesses que j’ai connues avant d’être chair et qui m’ont encouragé à revêtir une chair. Et qui me donnent force. Oui. Elles me réconfortent contre toute haine, rancœur, doute et mensonge. Ceux qui d’abord ne s’enquéraient pas de moi m’ont cherché. Ceux qui ne me cherchaient pas m’ont trouvé. Pourquoi, au contraire, m’ont-ils repoussé, ceux auxquels j’avais tendu les mains en leur disant : “ Me voici ” ? Et pourtant ces derniers me connaissaient alors que les premiers ne me connaissaient pas. Alors ?

Voici la clé du mystère. Ce n’est pas une faute d’ignorer, mais c’est une faute de renier. Or un trop grand nombre de personnes qui étaient informées sur mon compte et auxquelles j’ai tendu les mains, m’ont renié comme si j’étais un bâtard ou un voleur, un satan corrupteur. Car, dans leur orgueil, ils ont éteint la foi et se sont égarés dans des chemins qui n’étaient pas bons, mais tortueux, coupables en quittant la route que ma voix leur indiquait. Le péché est dans la tête, dans les plats, dans les lits, dans les cœurs, dans les intelligences de ce peuple qui me repousse et qui, voyant partout le reflet de sa propre impureté, la voit même sur moi. Et sa haine l’accumule encore plus, alors il me dit : “ Eloigne-toi, toi qui es impur. ”

Que dira donc Celui qui vient avec ses vêtements teints de rouge, si magnifiquement drapé, et qui marche avec grandeur et force ? Accomplira-t-il ce que dit Isaïe, et ne se taira-t-il pas, mais versera-t-il dans leur sein ce qu’ils méritent ? Non. Il faut d’abord qu’il foule dans son pressoir, tout seul, abandonné de tous, pour faire le vin de la Rédemption, le vin qui enivre les justes pour en faire des bienheureux, le vin qui enivre les coupables de la grande faute pour mettre en miettes leur puissance sacrilège. Oui. Mon vin, qui mûrit heure par heure au soleil de l’éternel Amour, sera la ruine et le salut de beaucoup, comme il est dit dans une prophétie qui n’est pas encore écrite, mais déposée dans la roche sans fissure d’où est jaillie la vigne qui donne le vin de la vie éternelle.

293.5

Vous comprenez ? Non, vous ne comprenez pas, docteurs d’Israël. Peu importe que vous compreniez. Les ténèbres dont parle Isaïe[2] vont descendre sur vous: “ Ils ont des yeux et ne voient pas. Ils ont des oreilles et n’entendent pas. ” Vous faites écran à la Lumière par votre haine, c’est pourquoi l’on peut dire que la Lumière a été repoussée par les ténèbres et que le monde n’a pas voulu la connaître.

Mais vous, vous exultez ! Vous qui, étant dans les ténèbres, avez su croire à la Lumière qui vous était annoncée, vous qui l’avez désirée, cherchée, trouvée. Exulte, peuple des fidèles qui, par monts, vallées, fleuves et lacs, es venu au salut sans tenir compte de la fatigue du long chemin. Il en sera de même pour le chemin spirituel qui, des ténèbres de l’ignorance, te conduira, ô peuple de Bozra, à la lumière de la Sagesse.

Exulte, peuple de l’Auranitide ! Exulte dans la joie de la connaissance. Vraiment, c’est de toi et des peuples qui t’entourent qu’il est parlé, quand le prophète chante que vos chameaux et vos dromadaires se presseront sur les chemins de Nephtali et de Zabulon pour venir adorer le vrai Dieu, et pour être ses serviteurs dans la sainte et douce loi qui n’impose rien d’autre, pour donner la paternité divine et la béatitude éternelle, que d’observer les dix commandements du Seigneur : aimer le vrai Dieu de tout son être, aimer son prochain comme soi-même, respecter les sabbats sans les profaner, honorer ses parents, ne pas tuer, ne pas voler, ne pas commettre d’adultère, ne pas porter de faux témoignages, ne pas désirer la femme ni les biens d’autrui. Ah ! Bienheureux êtes-vous si, venant de plus loin, vous surpassez ceux qui étaient de la maison du Seigneur et qui en sont sortis, à l’instigation des dix commandements de Satan de l’inimitié avec Dieu, de l’amour pour soi-même, de la corruption du culte, de la dureté envers ses parents, du désir d’homicide, de l’essai de voler la sainteté d’autrui, de la fornication avec Satan, des faux témoignages, de l’envie pour la nature et la mission du Verbe, et du péché horrible qui fermente et mûrit au fond des cœurs, de trop de cœurs.

293.6

Exultez, vous qui avez soif ! Exultez, vous qui avez faim ! Exultez, vous qui êtes affligés ! Vous étiez rejetés ? Vous étiez proscrits ? méprisés ? Etrangers ? Venez ! Exultez ! Ce n’est plus vrai désormais. Moi, je vous donne maison, biens, paternité, patrie. Je vous donne le Ciel. Suivez-moi, je suis le Sauveur ! Suivez-moi, je suis le Rédempteur ! Suivez-moi, je suis la Vie ! Suivez-moi, je suis Celui auquel le Père ne refuse pas de grâces ! Exultez dans mon amour ! Exultez ! Et pour que vous voyiez que je vous aime, ô vous qui m’avez cherché avec vos souffrances, ô vous qui avez cru en moi avant même de m’avoir connu, pour que ce jour soit un vrai jour d’exultation, je fais cette prière : “ Père ! Père saint ! Que sur toutes les blessures, les maladies, les plaies des corps, les angoisses, les tourments, les remords des cœurs, sur toute foi qui naît, qui vacille, qui se raffermit, descendent salut, grâce, paix ! Paix en mon nom ! Grâce en ton nom ! Salut pour notre amour réciproque ! Bénis, Père très saint ! Rassemble et fonds en un seul troupeau tous ces enfants dispersés, qui sont à toi et à moi ! Fais que là où je suis, ils y soient eux aussi. Que tous soient un avec toi, Père saint, avec toi, avec moi, et avec l’Esprit divin. ” »

Jésus, les bras en croix, les mains tournées vers le ciel, le visage levé, la voix éclatante comme une trompette d’argent, est irrésistible dans ses paroles… Il reste ainsi, en silence, pendant quelques minutes. Puis ses yeux de saphir cessent de contempler le ciel pour regarder la vaste cour pleine d’une foule qui soupire d’émotion, ou frémit d’espérance. Ses mains se joignent comme pour se porter en avant, et avec un sourire qui le transfigure, il lance un dernier cri :

« Exultez, vous qui croyez et espérez ! Peuple des souffrants, lève-toi et aime le Seigneur ton Dieu ! »

293.7

Et c’est la guérison simultanée et complète de tous les ma­lades. Des cris délirants, un tonnerre de voix qui louent le Sauveur. Et du fond de la cour, traînant encore le drap qui la couvrait, une femme fend la foule et tombe aux pieds du Seigneur. La foule pousse un autre cri, un cri de terreur :

« Marie, la lépreuse, la femme de Joachim ! »

Ils fuient dans toutes les directions.

« N’ayez pas peur ! Elle est guérie. Son contact ne peut plus vous faire de mal » rassure Jésus.

Puis il dit à la femme prosternée :

« Relève-toi, femme. Ta grande espérance t’a récompensée et te fait pardonner d’avoir manqué à la prudence envers tes frères. Rentre chez toi après les purifications salutaires. »

La femme, jeune et assez belle, pleure en se levant. Jésus la montre à la foule qui s’approche un peu et admire le miracle en criant son émerveillement.

« Son mari, qui l’adorait, lui avait construit un refuge au fond de ses terres et chaque soir, il allait vers son enclos et, en pleurant, lui apportait de quoi manger…

– Elle était tombée malade à cause de sa pitié, en soignant un mendiant qui ne s’était pas déclaré lépreux.

– Mais comment la brave Marie est-elle venue?

– Sur ce brancard. Comment n’avons-nous pas pensé que c’étaient des serviteurs de Joachim

– Pour cela, ils ont risqué la lapidation.

– C’est leur maîtresse ! Ils l’aiment, elle sait se faire aimer, plus qu’on ne s’aime soi-même… »

Jésus fait un geste et tout le monde se tait.

« Vous voyez que l’amour et la bonté amènent miracle et joie. Sachez donc être bons. Va, femme. Personne ne te fera de mal. Que la paix soit avec toi et dans ta maison. »

La femme, escortée de ses serviteurs, qui ont brûlé le brancard au milieu de la cour, sort en compagnie de nombreuses connaissances.

293.8

Jésus congédie la foule et, après avoir écouté quelques personnes, il se retire, suivi de ceux qui étaient avec lui.

« Quelles paroles, Maître !

– Comme tu étais transfiguré !

– Quelle voix !

– Et quels miracles !

– Tu as vu quand les pharisiens se sont enfuis ?

– Ils sont partis en rampant comme deux lézards dès les premiers mots.

– Les habitants de Bozra et des autres localités gardent de toi un souvenir merveilleux…

– Mère, et toi, que dis-tu ?

– Je te bénis, mon Fils, pour moi et pour eux.

– Eh bien, ta bénédiction me suivra jusqu’à ce que nous nous retrouvions.

– Pourquoi dis-tu cela, Seigneur ? Les femmes nous quittent donc ?

– Oui, Simon.

293.9

Demain, au point du jour, Alexandre part pour Aéra. Nous irons avec lui jusqu’à la route d’Arbel, puis nous le quitterons. Et c’est avec peine, crois-le bien, Alexandre Misace, toi qui as été un guide courtois du Pèlerin. Je me souviendrai toujours de toi, Alexandre… »

Le vieillard est profondément ému. Il reste, les bras croisés sur la poitrine, dans le profond salut oriental, un peu courbé en face de Jésus. Mais en entendant ces paroles, il dit :

« Surtout, souviens-toi de moi, quand tu seras dans ton Royaume.

– Tu le désires, Misace ?

– Oui, mon Seigneur.

– Moi aussi, je désire quelque chose de toi.

– Quoi, Seigneur ? Si je le peux, je te le donnerai, fût-ce le plus précieux des biens que je possède.

– C’est le plus précieux. C’est ton âme que je veux. Viens à moi. Je t’ai dit, au commencement du voyage, que j’espérais te donner un don à la fin. Ce don, c’est la foi. Crois-tu en moi, Misace ?

– Je crois, Seigneur.

– Alors sanctifie ton âme pour que la foi ne soit pas pour toi un don non seulement inerte mais dommageable.

– mon âme est vieille. Mais je m’efforcerai de la renouveler. Seigneur, je suis un vieux pécheur. Mais toi, absous-moi et bénis-moi pour qu’à partir de maintenant je commence une vie nouvelle. J’emporterai avec moi ta bénédiction comme la meilleure escorte sur mon chemin vers ton Royaume… Nous ne nous reverrons jamais plus, Seigneur ?

– Jamais plus sur cette terre. Mais tu auras de mes nouvelles et tu croiras encore davantage, car je ne te laisserai pas sans évangélisation. Adieu, Misace. Demain, nous aurons peu de temps pour le faire. Faisons-le maintenant, avant de prendre ensemble, pour la dernière fois, notre repas. »

Il l’étreint et l’embrasse. Les apôtres et les disciples en font autant. Les femmes lui adressent un salut unique.

Mais Misace s’agenouille presque devant Marie en disant :

« Que ta lumière de pure étoile du matin resplendisse dans ma pensée jusqu’à la mort.

– jusqu’à la Vie, Alexandre. Aime mon Fils et tu m’aimeras, et moi je t’aimerai. »

293.10

Simon Pierre demande :

« Mais d’Arbel, nous irons à Aéra ? J’ai peur que nous soyons surpris par le mauvais temps. Il y a un tel brouillard… Cela fait trois jours qu’il y en a à l’aube et au crépuscule…

– C’est parce que nous sommes descendus ici. Tu n’as pas l’impression d’être descendu beaucoup ? C’est pourtant le cas. Dès demain, tu remonteras vers les monts de la Décapole et tu n’auras plus de brouillard, explique Misace.

– Descendus ? Quand ? La route était plane…

– Oui, mais en continuelle descente. Ah ! Si lente qu’on ne s’en aperçoit pas. Mais sur des milles et des milles !

– A Arbel, combien de temps nous y restons ?

– Toi, Jacques et Jude, pas même une heure, répond Jésus d’un ton ferme.

– Moi… Jacques et Jude… pas même une heure ? Et où est-ce que je vais, si je ne reste pas avec vous tous ?

– Tu pars, jusqu’aux terres dont Kouza a la garde. Tu accompagneras, avec les autres, ma Mère et les femmes jusque là. Puis elles continueront seules avec les serviteurs de Jeanne et vous reviendrez me rejoindre à Aéra.

– Oh, Seigneur ! Tu es en colère contre moi et tu me punis… Quelle peine tu me fais, Seigneur !

– Simon, se sent puni celui qui est en faute. Cette culpabilité doit te faire de la peine, mais pas la punition en elle-même. Mais je ne crois pas que ce soit une punition d’accompagner ma Mère et les femmes disciples sur le chemin du retour.

– Mais ne valait-il pas mieux que tu viennes avec nous ? Laisse tomber Aéra et ces localités, et viens avec nous.

– J’ai promis d’y aller et j’y vais.

– Alors j’y viens moi aussi !

– Obéis comme le font mes frères, sans protester.

– Et si tu tombes sur les pharisiens ?

– Tu n’es certainement pas le plus indiqué pour les convertir. Mais c’est justement parce que je les trouverai que je veux que toi, avec Jacques et Jude, vous vous écartiez d’Arbel avec les femmes, Jean d’En-Dor et Marziam.

– Ah !… j’ai compris ! C’est bon. »

Jésus se tourne vers les femmes et il les bénit une à une, en donnant à chacune les conseils qui conviennent.

Marie-Madeleine, en s’inclinant pour baiser les pieds de son Sauveur, demande :

« Te verrai-je encore avant de retourner à Béthanie ?

– Sans aucun doute, Marie. Au mois d’Etanim, je serai sur le lac. »

293.1

…And the world is so close with its waves of hatred, betrayal, sorrow, need, curiosity. And the waves come, like those of the sea in a harbour, to die here, in the yard of the inn at Bozrah, which the respectful host, whose heart is better than his face makes one suppose, has cleaned of excrement and dirt. There is a large crowd of people, both local and strangers, but of the same region. And there are people whose conversation leads me to understand that they come from very far, from the lake area or beyond the lake. I catch the names of villages, and parts of sorrowful stories in the conversation of the people awaiting Jesus. Gadara, Hippo, Gerghesa, Gamala, Aphek, Nain, Endor, Jezreel, Magdala and Korazim are mentioned by many people together with the stories of the reasons why they have come from so far.

«When I heard that He had come through Trans-Jordan, I was discouraged. But some disciples came when I was about to go back to Jezreel and they said to us, who were waiting at Capernaum: “He is certainly beyond Gerasa by now. Waste no time, go to Bozrah or Arbela” and I came with these people…»

«I instead, saw some Pharisees pass through Gadara. They were asking where was Jesus of Nazareth, Whom they knew to be in the area. My wife is ill. I joined them. Then yesterday at Arbela I heard that He was coming to Bozrah first, so I came here.»

«I have come from Gadara for this boy. He was gored by a furious cow. He has been left in that state…» and he shows his son who is utterly shrivelled and unable to move his arms.

«I could not bring mine. I come from Megiddo. What do you think? Will He cure him from here also?» moans a woman whose face is red with weeping.

«No, the sick person must be present.»

«No. It is enough to have faith.»

«No. Unless He imposes His hands, one is not cured. His disciples also do that.»

«You have come a long way for nothing, woman.»

The woman begins to weep saying: «Poor me! I left him when he was almost dying, hoping… He will not cure him, and I will not comfort him in his death…»

Another woman consoles her: «Don’t believe that, woman. I have come to thank Him because He worked a great miracle for me, without leaving the mountain on which He was speaking.»

«What was the matter with your son?»

«It was not my son. It was my husband who had become mad…» and the two women continue speaking in low voices.

«It is true. Also a mother at Arbela had her son redeemed without the Master seeing him» says a man from Arbela and he goes on speaking to some people near him…

«Make way, for pity’s sake! Make way!» shout some bearers of a litter which is completely covered.

The crowds open out and the litter goes by with its sorrowful load and stops at the end of the yard, almost behind a rick of straw. Is it a man or a woman lying on the litter? Who knows!

293.2

Two Pharisees come in: they are vainglorious and well preserved and more proud than ever. They assault the poor host as if they were mad, shouting: «You cursed liar! Why did you tell us that He was not here? Are you His accomplice? How dare you despise us, the holy ones in Israel, to favour… Whom, after all? How do you know who He is? What is He to you?»

«What is He? What you are not. But I did not lie. He came a few hours after you had left. He did not hide Himself, neither do I hide Him. But as I am the boss here, I tell you at once: “Get out of my house!”. You do not insult the Nazarene here. Do you understand? And if you do not understand my words, I can speak to you in a more factual way, you jackals!»

The robust innkeeper seems so decided to come to blows that the two Pharisees change tone and become like creeping pups menaced by lash. «But we are looking for Him to revere Him! What are you thinking of? The thought that we might not see Him through your fault made us furious. We know Who He is. The holy and blessed Messiah, to Whom we are not worthy to raise our eyes. We are dust, He is the glory of Israel. Take us to Him. Our souls are yearning to hear His words.»

The host imitates their voices and gestures in a wonderful way: «Oh! Of course! And how could I ever suspect it was not so, since I am so well aware of the fame of Pharisees’ justice?! Of course! You have come to worship Him! You are yearning for that! I will go and tell Him! I am going… No, by Satan! You shall not follow me! Neither will you, or I will strike you so much, you poisonous mummies, that I will make one knock into the other. Stay here. You stay here, where I am putting you. And you here. And I am sorry I cannot knock you into the ground up to your necks and use you as pegs to tie the pigs to be slaughtered» and he passes from words to deeds by seizing the leaner Pharisee by his armpits, lifting him up and dropping him so violently on the ground, that if it were not very hard the poor fellow would have sunk into it up to his ankles. But the ground is hard and the Pharisee remains standing like a puppet, after being tossed about so much. Then the host gets hold of the other man and, although he is rather fat, the innkeeper raises and drops him with the same fury, and as the Pharisee reacts wriggling, he knocks him down and makes him sit: a bundle of flesh and cloth… He then goes away uttering a nasty word which is lost among the moans of the two and the laughter of many more.

He goes through a corridor into a small yard, he climbs a little staircase, reaches a porched gallery and enters a large room in which Jesus and His group are about to finish their meal with the merchant.

«Two of the four Pharisees have come. You had better see what You must do. For the time being I have seen to them. They wanted to come with me. But I did not want them. They are now down in the yard with many sick people and many others.»

«I will come at once. Thank you, Phara, You may go.»

293.3

They all get up. Jesus orders His disciples and the women to stay where they are, with the exception of His Mother, Mary Clopas, Susanna and Salome. But seeing the sad countenance of those who have been excluded, He says: «Go up to the terrace. You will hear Me just the same.»

He goes out with the apostles and the four women. He goes back the same way as the host came and enters the large yard. The crowds crane their necks to see, and those who are sly climb up on to straw stacks, on carts standing on one side, or on the edge of reservoirs…

The two Pharisees go and meet Him ceremoniously. Jesus greets them with His usual greeting as if they were His most faithful friends. But He does not stop to reply to their unctuous questions: «Are you so few? And without disciples? So they have left You?»

Jesus continuing to walk replies gravely: «No one left Me. You have come from Arbela where you met those who precede Me, and in Judaea you met Judas of Simon, Thomas, Nathanael and Philip.»

The stout Pharisee no longer dare follow Him and he stops all of a sudden blushing. The other, who is more barefaced, insists: «That is true. But as we knew that You were with faithful disciples and with some women, we were surprised at seeing You with so few people. We wanted to see Your new conquests and congratulate You» and he gives a false smile.

«My new conquests? There they are!» and Jesus makes a wide semicircular gesture, pointing at the crowds, which are mainly from the region beyond the Jordan, that is from this region where Bozrah is. And without giving the Pharisee time to retort, He begins to speak.

293.4

«Those who previously did not inquire about Me, have been looking for Me[1]. And those who previously did not look for Me have found Me. And I said: “Here I am” to a nation which did not invoke My Name. Glory be to the Lord Who speaks the truth through the lips of the prophets! Looking at this crowd which has gathered round Me I really rejoice in the Lord because I see that the promises, which the Eternal Father made to Me when He sent Me to the world, have been fulfilled. Those promises which I Myself, with the Father and the Paraclete, put in the thoughts, on the lips and in the hearts of the prophets, the promises of which I was aware before becoming Flesh and which encouraged Me to be made flesh. And they encourage Me. Yes, they encourage Me against hatred, malice, mistrust and falsehood. Those who previously did not inquire about Me, have been looking for Me. And those who did not look for Me, have found Me. How come, if I was instead rejected by those to whom I had stretched out My hands saying: “Here I am”? And yet they knew Me, whereas these people here did not know Me. So?

Here is the key to the mystery. It is not a fault to ignore, but it is a fault to deny. And too many of those who know Me, and to whom I stretched My hands, have denied Me as if I were illegitimate or a thief, a corrupting demon, because their pride has extinguished their faith and they have gone astray along bad, twisted sinful ways, leaving the way which My voice points out to them. Sin is in the heart, on the table, in the beds, in the hearts, in the minds of this people which rejects Me and which, seeing its own filth reflected everywhere, sees it on Me also, and its bitterness piles it up more and more, and it says to Me: “Go away, because You are unclean”.

So what will He say, Who is coming with His robe dyed red, handsome in His garment, and is walking in the power of His strength? Will He already accomplish what Isaiah says, and will He not be quiet, but will He pour on their laps what they deserve? No, He will not. First He has to tread the winepress alone, abandoned by everybody, to make the wine of Redemption. The wine that exhilarates the just and makes them blessed, the wine that exhilarates the guilty of the great sin, to crush their sacrilegious power into crumbs. Yes, My wine, which is maturing hour by hour in the sun of Eternal Love, will be the ruin and salvation of many, as it is stated in a prophecy not yet written, but deposited in the unsplit rock from which the Vine giving the Wine of eternal Life sprang up.

293.5

Do you understand? No, you doctors of Israel do not understand. But it does not matter whether you understand. The darkness of which Isaiah speaks[2] is descending upon you: “They have eyes and do not see. They have ears and do not hear”. You shield the Light with your hatred, so that one can say that the Light was repelled by darkness and the world refused to know it.

But exult, you who were in the dark and believed in the Light which was announced to you, and you desired it, sought it and found it. Exult, O faithful people who have come to Salvation crossing mountains, valleys and lakes without considering the burden of the long journey. The same applies to the other spiritual journey which will take you, O people of Bozrah, from the darkness of ignorance to the light of Wisdom.

Exult, O people of Hauran! Exult in the joy of knowledge. Truly it refers also to you and to your neighbouring peoples, when the Prophet sings that your camels and dromedaries will crowd the streets of Naphtali and Zebulun to worship the true God and to be His servants in the holy mild law, which does not impose anything in order to give divine paternity and eternal happiness but compliance with the ten commandments of the Lord: to love the true God with one’s whole being, to love one’s neighbour as oneself, to keep the Sabbath without desecrating it, to honour one’s parents, not to kill, not to steal, not to commit adultery, not to bear false witness, not to covet the wife or property of other people. Oh! you are blessed if coming from farther away you will go beyond those who belonged to the house of the Lord and went out of it, urged by the ten commandments of Satan: dislike of God, love of oneself, corruption of cult, harshness towards parents, murderous desire, attempt to steal other people’s holiness, fornication with Satan, false witness, envy of the nature and mission of the Word, and the horrible sin which ferments and matures in the depth of hearts, of too many hearts.

293.6

Exult, you who are thirsty! Exult, you who are hungry! Exult, you who are afflicted! Were you rejected? Were you proscribed? Were you despised? Were you strangers? Come! Exult! It is no longer so. I give you homes, wealth, paternity and fatherland. I give you Heaven. Follow Me, because I am the Saviour! Follow Me, because I am the Redeemer! Follow Me, because I am the Life! Follow Me, because I am He to Whom the Father refuses no grace! Exult in My love! Exult! And that you may realise that I love you, you who have sought Me in your sorrows, you who have believed in Me even before knowing Me, that this may be a day of true exultation, I pray thus: “Father, Holy Father! On all the wounds, diseases, sores of bodies, on the grief, tortures, remorse of hearts, on all the faithful who are springing up, on those who are vacillating, on those who are strengthening, let health, grace, peace descend! Peace in My Name! Grace in Your Name! Health through Our mutual love! Bless them, O Most Holy Father! Gather and form one fold with these lost children of Yours and Mine! Let them be where I will be, one with You, Holy Father, with You, with Me and with the Most Divine Spirit”.»

Jesus, with His arms stretched out crosswise, His palms upwards towards the sky, His face raised, His voice blaring like a silver tuba, is overwhelming in His speech… He remains thus, silent, for some moments. Then His sapphire eyes stop looking at the sky to look at the large yard crowded with people who are sighing deeply moved or are quivering with hope; He joins His hands moving them forward and with a smile which transfigures Him, He utters a final cry: «Exult, you who believe and hope! People of sufferers, rise and love the Lord your God!»

293.7

The healing of the diseased is simultaneous and general. Trilling voices and roaring shouts praise the Saviour. A woman squeezes through the crowd, from the far end of the yard, dragging the sheet that had covered her and collapses at the feet of the Lord. This time the terrified crowds utter a different shout: «Mary, the leprous wife of Joachim!» and they run in all directions.

«Be not afraid! She is cured. Contact with her can do you no harm» says Jesus reassuring them. And He says to the prostrated female: «Stand up, woman. You have been rewarded for your great hope and you are forgiven for neglecting prudence towards your brothers. Go back home after the salutary ablutions.»

The woman, who is young and quite beautiful, stands up weeping. Jesus shows her to the crowds who have come back and admire the miracle shouting out of astonishment.

«Her husband, who adored her, had built a shelter for her at the end of his fields and went to its border every evening and gave her some food weeping…»

«She became infected through her pity, taking care of a beggar who did not say that he was a leper.»

«But how did Mary, the good woman, come here?»

«On that stretcher. How did we not notice Joachim’s two servants?»

«They ran the risk of being stoned for that.»

«Their mistress! They love her, she is so kind that they love her more than themselves…»

Jesus makes a gesture and they all become silent: «You can see that love and goodness bring miracles and joy. So, be good. Go, woman. No one will do you any harm. Peace be with you and with your household.»

The woman, followed by the servants who have burnt the stretcher in the middle of the yard, goes out and many people follow her.

293.8

Jesus dismisses the crowd after listening to some people and He retires to the house followed by those who were with Him.

«What words, Master!»

«How transfigured You were!»

«What a voice!»

«And what miracles!»

«Did you see the Pharisees flee?»

«They went away like two creeping lizards immediately after the first words.»

«The people of Bozrah and of all the villages here have a wonderful recollection of You…»

«Mother, what do You say?»

«I bless You, Son, on their behalf and Mine.»

«Well, Your blessing will follow Me until we meet again.»

«Why do You say that, Lord? Are the women leaving us?»

«Yes, Simon,

293.9

Tomorrow at daybreak Alexander is leaving for Aera. We will go with him as far as the road to Arbela and we will then leave him. And with regret, believe Me, Alexander, because you have been a kind guide for the Pilgrim. I will always remember you, Alexander.»

The old man is moved. He is standing with his arms folded on his chest, in the deep eastern greeting, bending a little in front of Jesus. But when he hears His words, he says: «Above all, remember me when You are in Your Kingdom.»

«Do you wish that, Misace?»

«Yes, my Lord.»

«I also wish something of you.»

«Which, Lord? If I can I will give it to You, even if it were the most precious thing I possess.»

It is the most precious. I want your soul. Come to Me. I told you, at the beginning of our journey, that I hoped to give you a gift at the end of it. My gift is Faith. Do you believe in Me, Misace?»

«I do believe, Lord.»

«Then sanctify your soul so that faith may not be for you not only an inert but also a harmful gift.»

«My soul is old. But I will endeavour to make it new. Lord, I am an old sinner. Absolve me and bless me, because as from this moment I am beginning a new life. I will take Your blessing with me as the best escort in my journey towards Your Kingdom… Shall we ever meet again, Lord?»

«Not on this earth. But you will hear of Me and you will believe even more because I will not leave you without evangelization. Goodbye, Misace. We shall not have much time tomorrow to say goodbye to each other. Let us do so now, before taking our food together for the last time.» He embraces and kisses him.

The apostles and disciples also do so. The women greet him all together.

But Misace kneels down almost in front of Mary saying: «May Your light of a pure morning star shine in my mind until my death.»

«Until Life, Alexander. Love My Son and you will love Me, and I will love you.»

293.10

Simon Peter asks: «But shall we be going from Arbela to Aera? I am afraid we may be caught in bad weather. There is so much fog… We have had it for three days at dawn and sunset…»

«That is because we have been coming down here. Do you not think that we have come down a good deal? It is so. Tomorrow you will be climbing towards the mountains of the Decapolis and there will be no more fog there» explains Misace.

«Come down? When? It was a flat road…»

«Yes, but in continuous descent. Oh! so slowly that one does not notice it. But in many miles…»

«How long shall we be staying at Arbela?»

«You, James and Judas, not even one hour» replies Jesus resolutely.

«James and Judas… I… not even one hour? And where am I going if I am not staying with you all?»

«You are going away. As far as the land in the guardianship of Chuza. You will take My Mother and the women there, with the others. They will then proceed by themselves with Johanna’s servants and you will come back and join Me at Aera.»

«Oh! Lord! You are angry with me and You are punishing me… How much You grieve me, Lord!»

«Simon, he feels that he is punished who knows that he is guilty. Being guilty must grieve you, not the punishment in itself. But I do not think that it is a punishment to accompany My Mother and the women disciples on their way back home.»

«But would it not be better if You came with us? Never mind Aera and these places and come with us.»

«I promised to go and I will go.»

«Then I will come, too.»

«You will obey without complaining, as My brothers do.»

«And if You meet some Pharisees?»

«You are certainly not the most suitable to convert them. It is just because I will meet some that I want you, James and Judas to go away with the women and with John of Endor and Marjiam before Arbela.»

«Ah!… I see! All right.»

Jesus turns around to the women and blesses them one by one, giving each of them suitable advice.

The Magdalene on bending to kiss the feet of her Saviour asks: «Shall I see You again before I go back to Bethany?»

«Most certainly, Mary. In the month of Ethanim I will be on the lake.»


Notes

  1. m’ont cherché… est une citation d’Is 65, 1. Mais le discours qui suit fait aussi référence aux versets suivants et à Is 63.
  2. dont parle Isaïe, en Is 6, 9-10.

Notes

  1. looking for Me… a quote by Isaiah 65:1. But the following sermon also refers to subsequent verses and Isaiah 63.
  2. of which Isaiah speaks in: Isaiah 6:9-10.