The Writings of Maria Valtorta

298. Le secours apporté aux orphelins Marie et Matthias, et les enseignements qui en découlent.

298. Assitance to the poor orphans Mary and

298.1

Je revois le lac de Mérom en un sombre jour pluvieux… Boue et nuages. Silence et brouillard. L’horizon disparaît dans les nuées. Les chaînes de l’Hermon sont ensevelies sous des couches de brumeuses. Mais de cet endroit – un plateau surélevé situé près du petit lac tout gris et jaunâtre à cause de la boue des milliers de ruisseaux bien remplis, et en raison du ciel encombré de novembre – on découvre bien ce petit miroir d’eau alimenté par le Jourdain supérieur, qui en débouche ensuite pour alimenter l’autre lac, plus grand, de Génésareth.

Le soir descend, de plus en plus triste et pluvieux, pendant que Jésus marche sur la route qui coupe le Jourdain après le lac de Mérom, pour prendre ensuite un sentier qui mène directement à une maison…

(Jésus dit : « Vous insérerez ici la vision des orphelins Matthias et Marie, du 20 août 1944. » )

Le 20 août 1944.

298.2

Une autre douce vision de Jésus et de deux enfants.

Je vois Jésus passer par un petit chemin à travers les champs ; ils doivent avoir été ensemencés depuis peu, car la terre est encore moelleuse et sombre comme après un récent emblavement. Jésus s’arrête pour faire une caresse à deux enfants : un garçon de pas plus de quatre ans et une fillette qui peut en avoir huit ou neuf. Ce doit être des enfants très pauvres car ils ont deux misérables petits vêtements déteints et même déchirés, et une petite figure triste et souffrante.

Jésus ne demande rien. Il se contente de les regarder fixement tout en les caressant. Puis il se hâte vers une maison au bout du petit chemin. C’est une maison de campagne, bien tenue, avec un escalier extérieur qui monte jusqu’à la terrasse, sur laquelle se trouve une tonnelle de vigne, maintenant dépouillée de grappes et de feuilles. Seules quelques dernières feuilles déjà jaunies pendent et bougent sous le vent humide de cette maussade journée d’automne. Sur le parapet de la maison, des colombes roucoulent en attendant l’eau que le ciel gris et nuageux annonce.

Jésus, suivi de ses disciples, pousse la grille rustique du petit mur de pierres sèches qui entoure la maison, et entre dans la cour – nous dirions plutôt l’aire –, où se trouvent un puits et dans un coin le four. Je suppose que c’est la fonction de ce débarras aux murs plus sombres à cause de la fumée qui en sort maintenant et que le vent pousse vers la terre.

Alertée par le bruit des pas, une femme se présente sur le seuil du débarras et, à la vue de Jésus, elle le salue joyeusement et court vers la maison pour avertir.

Voici qu’un homme âgé et replet se présente à la porte de la maison et se hâte vers Jésus.

« C’est un grand honneur, Maître, de te voir ! » dit-il en guise de salutation.

Jésus répond :

« Que la paix soit avec toi », puis il ajoute : « La nuit tombe et la pluie s’annonce. Je te demande un abri et un pain pour mes disciples et moi.

– Entre, Maître. Ma maison est la tienne. La servante va défourner le pain. Je suis heureux de te l’offrir avec du fromage de mes brebis et des fruits de ma propriété. Entre, entre, le vent est humide et froid… »

Il tient avec empressement la porte ouverte en s’inclinant au passage de Jésus.

298.3

Mais ensuite il change subitement de ton pour s’adresser à quelqu’un qu’il voit et il dit avec colère :

« Tu es encore là ? Va-t-en. Il n’y a rien pour toi. Va-t-en. Tu as compris ? Ici, il n’y a pas de place pour les vagabonds… »

Et il murmure entre ses dents :

« … et peut-être aussi des voleurs comme toi. »

Une petite voix plaintive répond :

« Pitié, Seigneur. Un pain au moins pour mon petit frère. Nous avons faim… »

Jésus, qui était entré dans la vaste cuisine égayée par un grand feu qui fait office de lampe, s’avance sur le seuil. Son visage est changé. Sévère et triste, il demande, non pas à l’hôte, mais en général – il semble interroger l’aire silencieuse, le figuier dépouillé, le puits sombre – :

« Qui est-ce qui a faim ?

– Moi, Seigneur. Mon frère et moi. Un pain seulement, et nous nous en irons. »

Jésus est maintenant dehors, dans l’air de plus en plus sombre, à cause du crépuscule qui descend et de la pluie imminente.

« Avance, dit-il.

– J’ai peur, Seigneur !

– Viens, te dis-je. N’aie pas peur de moi. »

La fillette apparaît de derrière l’angle de la maison. Son petit frère se cramponne à son misérable petit vêtement. Ils s’a­vancent avec crainte. Un regard timide à Jésus, un coup d’œil apeuré vers le maître de maison qui lui fait les gros yeux et dit :

« Ce sont des vagabonds, Maître. Et des voleurs. Il y a un instant à peine, je l’ai surprise à fouiller près du pressoir. Elle voulait sûrement entrer pour voler. Qui sait d’où ils viennent. Ils ne sont pas du pays. »

Jésus semble l’écouter. Il regarde très fixement la fillette au petit visage pâle et aux tresses défaites, deux nattes qui lui tombent sur les oreilles, attachées au bout avec deux morceaux de chiffon. Mais le visage de Jésus n’est pas sévère. Il est triste, mais il sourit pour encourager la pauvre petite.

« Est-ce vrai que tu voulais voler ? Dis la vérité.

– Non, Seigneur. J’avais demandé un morceau de pain, parce que j’ai faim. On ne me l’a pas donné. J’ai vu une croûte huilée, là, par terre, près du pressoir et je suis allée la ramasser. J’ai faim, Seigneur. Hier on m’a donné un seul pain, et je l’ai gardé pour Matthias… Pourquoi ne nous ont-ils pas mis dans le tombeau avec maman? »

La fillette sanglote désespérément et son frère fait comme elle.

« Ne pleure pas. »

Jésus la console d’une caresse et il l’attire à lui.

« Réponds : d’où es-tu ?

– De la plaine d’Esdrelon.

– Et tu es venue jusqu’ici ?

– Oui, Seigneur.

– Il y a longtemps que ta mère est morte ? Et tu n’as plus ton père ?

– Mon père est mort tué par le soleil au temps de la moisson et maman à la dernière lune… elle et l’enfant qui allait naître sont morts… »

Elle pleure de plus belle.

« Tu n’as pas de parent ?

– Nous venons de si loin ! Nous n’étions pas pauvres… Puis notre père a dû se mettre en service. Maintenant il est mort, et maman avec lui.

– Qui était son maître ?

– Le pharisien Ismaël.

– Le pharisien Ismaël !…» (Impossible de traduire la manière dont Jésus répète ce nom). « Tu es partie volontairement ou bien il t’a renvoyée ?

– Il m’a renvoyée, Seigneur. Il a dit : “ Sur le chemin, les chiens affamés ! ”

298.4

– Et toi, Jacob, pourquoi n’as-tu pas donné un pain à ces enfants ? Un pain, un peu de lait et une poignée de foin pour délasser leur fatigue ?

– Mais… Maître… j’ai du pain juste pour moi… et du lait, il y en a peu… quant à les faire entrer dans la maison… ces gens-là sont de vraies bêtes vagabondes. Si on leur fait bon visage, ils ne repartent plus…

– Et tu manques de place et de nourriture pour ces deux malheureux ? Peux-tu vraiment dire cela, Jacob ? L’abondance de la moisson, du vin, la quantité d’huile, les fruits nombreux ont rendu célèbre ton domaine cette année. Quelle en est la raison ? Te le rappelles-tu encore ? L’année dernière, la grêle avait abîmé tes biens et tu étais inquiet pour ta vie… Je suis venu[1] et je t’ai demandé un pain… Tu m’avais entendu parler un jour et tu m’étais resté fidèle… Et dans ta peine, tu m’as ouvert ton cœur et ta maison et tu m’as donné un pain et un abri. Et moi, en sortant le matin suivant, que t’ai-je dit ? “ Jacob, tu as compris la Vérité. Montre-toi toujours miséricordieux et tu obtiendras miséricorde. Pour le pain que tu as donné au Fils de l’homme, ces champs te donneront abondance de blé et seront chargés comme s’ils étaient recouverts des grains de sable de la mer, les oliviers seront pleins d’olives et tes pommiers plieront sous le poids des fruits. ” Tu as eu tout cela et tu es le plus riche de la région, cette année. Et tu refuse un pain à deux enfants !…

– Mais toi, tu étais le Rabbi…

– Justement parce que je l’étais, je pouvais faire du pain avec des pierres. Eux, non. Maintenant, je te dis : tu vas voir un nouveau miracle et tu en éprouveras de la peine, une grande peine… Mais alors, dis en te frappant la poitrine : “ Je l’ai mérité ”. »

298.5

Jésus s’adresse aux enfants :

« Ne pleurez pas. Allez à cet arbre et cueillez.

– Mais il est dépouillé, Seigneur, objecte la fillette.

– Va. »

La fillette y va et revient avec son vêtement relevé et rempli de belles pommes rouges.

Jésus leur dit :

« Mangez et venez avec moi », et aux apôtres : « Emmenons ces deux enfants chez Jeanne, femme de Kouza. Elle, elle sait se rappeler les bienfaits reçus et elle est miséricordieuse pour l’amour de Celui qui a été miséricordieux avec elle. Allons. »

L’homme, abasourdi et désolé, essaie de se faire pardonner :

« Il fait nuit, Maître. La pluie peut tomber pendant que tu es en route. Rentre chez moi. La servante va défourner le pain… Je t’en donnerai pour eux aussi.

– Inutile. Tu le donnerais non par amour, mais par peur du châtiment annoncé.

– Ce n’est donc pas cela (il montre les pommes cueillies sur l’arbre nu et que les deux affamés dévorent avidement), ce n’est donc pas cela le miracle ?

– Non. »

Jésus est très sévère.

« Ah ! Seigneur, Seigneur, aie pitié de moi ! J’ai compris ! Tu veux me punir dans mes récoltes ! Pitié, Seigneur !

– Ce ne sont pas tous ceux qui m’appellent “ Seigneur ” qui me possèderont car ce n’est pas par la parole, mais par les actes que l’on montre de l’amour et du respect. Tu auras la pitié dont tu as fait preuve.

– Je t’aime, Seigneur.

– Ce n’est pas vrai. M’aime celui qui aime, c’est mon enseignement. Tu n’aimes que toi-même. Quand tu m’aimeras comme je l’ai enseigné, le Seigneur reviendra.

298.6

Maintenant, je m’en vais. Ma demeure est dans l’accomplissement du bien, dans la consolation des affligés, quand j’essuie les larmes des orphelins. Comme une poule déploie ses ailes sur ses poussins sans défense, je déploie mon pouvoir sur ceux qui souffrent et qui sont tourmentés. Venez, mes enfants. Vous aurez bientôt une maison et du pain. Adieu, Jacob. »

Et, non content de s’en aller, il fait prendre dans les bras la fillette fatiguée. C’est André qui la soulève et l’enveloppe dans son manteau. Jésus prend le petit garçon et ils s’en vont par le petit chemin désormais obscur, avec leur charge pitoyable qui ne pleure plus.

Pierre dit :

« Maître ! C’est une grande chance pour ces enfants que tu sois arrivé. Mais pour Jacob… Que vas-tu faire, Maître ?

– Justice. Il ne connaîtra pas la faim, car ses greniers sont garnis pour longtemps encore, mais la disette, car la semence ne donnera pas de grain, et les oliviers et les pommiers n’auront que des feuilles. Ces innocents ont obtenu, non pas de moi, mais du Père, du pain et un toit. Car mon Père est aussi le Père des orphelins, lui qui donne un nid et de la nourriture aux oiseaux des bois. Eux pourront dire, et tous les malheureux avec eux, les malheureux qui savent rester pour lui “ des fils innocents et affectueux ”, que dans leur petite main Dieu a mis la nourriture et qu’avec un soin paternel il les conduit sous un toit hospitalier. »

La vision se termine et il m’en reste une grande paix.

298.7

Jésus dit :

« Ceci est spécialement pour toi, âme qui pleure en regardant les croix du passé et les nuages de l’avenir. Le Père aura toujours un pain à mettre dans ta main et un nid pour recueillir sa tourterelle plaintive.

Pour tous, ce passage enseigne que je sais être le ‘ Seigneur ’ avec justice. Mais on ne me trompe pas et on ne me flatte pas par quelque respect mensonger. Qui ferme son cœur à son frère, le ferme aussi à Dieu et Dieu à lui.

C’est le premier commandement, ô hommes : l’Amour et l’amour. Celui qui n’aime pas ment quand il se dit chrétien. Il est vain de fréquenter les sacrements et les offices, il est vain de prier s’il manque la charité. Cela devient des formules et même des sacrilèges. Comment pouvez-vous venir au Pain éternel et vous rassasier quand vous avez refusé un pain à un affamé ? Votre pain est-il plus précieux que le mien ? Plus saint ? Hypocrites ! Moi, je ne mets pas de limite en me donnant à votre pauvreté et vous, vous qui êtes misère, vous n’avez pas pitié des misères qui, aux yeux de Dieu, ne sont pas odieuses comme les vôtres, car ce sont des malheurs, alors que les vôtres sont des péchés. Trop souvent vous me priez : “ Seigneur, Seigneur ” pour que je sois bienveillant à l’égard de vos intérêts personnels. Mais vous ne le dites pas par amour du prochain. Vous ne faites rien au nom du Seigneur pour le prochain. Regardez : dans les collectivités et chez les individus, que vous a valu votre religion mensongère et votre vrai manque de charité ? L’abandon de Dieu. Le Seigneur reviendra quand vous saurez aimer comme je l’ai enseigné.

Mais pour vous, petit troupeau de ceux qui souffrent en étant bons, je dis : “ Vous n’êtes jamais orphelins. Vous n’êtes jamais abandonnés. Dieu ne serait pas Dieu si la Providence manquait à ses enfants. Tendez la main : le Père vous donne tout en ‘ père ’, c’est-à-dire avec un amour qui n’humilie pas. Essuyez vos larmes. Je vous prends et je vous porte, car j’ai pitié de votre faiblesse. ”

La plus aimée des créatures, c’est l’homme. Craindriez-vous que le Père montre plus de pitié pour l’oiseau que pour l’homme fidèle ? A ce dernier, lui qui fait preuve d’indulgence même pour le pécheur et lui donne le temps et la possibilité de venir à lui ? Ah ! Si le monde comprenait qui est Dieu !

Va en paix, Maria. Tu m’es chère comme les deux orphelins que tu as vus, et plus encore. Va en paix. Je suis avec toi. »

[…]

Le 21 août 1944.

[…]

298.8

Marie dit :

« Maria, c’est la Mère qui parle. Mon Jésus t’a parlé de l’enfance spirituelle[2], nécessaire pour conquérir le Royaume. Hier, il t’a montré une page de sa vie de Maître. Tu as vu des enfants, de pauvres enfants. N’y aurait-il rien d’autre à dire ? Si, et c’est moi qui le fait. A toi, que je veux rendre toujours plus chère à Jésus. C’est une nuance dans le tableau qui a parlé à ton âme pour l’âme d’un grand nombre de gens. Mais ce sont les nuances qui font la beauté du tableau, ce sont elles qui révèlent les talents du peintre et la sagesse de l’observateur. Je veux te faire remarquer l’humilité de mon Jésus.

Cette pauvre fillette, dans la simplicité de son ignorance, ne traite pas autrement le pécheur au cœur de pierre que mon Fils. Elle ne sait rien du Rabbi ni du Messie. A peine moins qu’une petite sauvageonne, elle a vécu dans les champs, dans une maison où l’on méprisait le Maître – car le pharisien Ismaël méprisait mon Jésus –, de sorte qu’elle n’a jamais entendu parler de lui et ne l’a jamais vu.

Son père et sa mère, brisés par le travail épuisant qu’exigeait ce maître cruel, n’avaient pas le temps ni la possibilité de lever la tête de la terre qu’ils défrichaient. Peut-être avaient-ils entendu une clameur de louange, pendant qu’ils faisaient les foins, cueillaient des fruits et des grappes ou écrasaient les olives à la dure meule, et peut-être avaient-ils levé un moment leur tête exténuée. Mais la peur et la fatigue l’avaient tout de suite rabaissée sous le joug. Et ils étaient morts en pensant que le monde n’était que haine et souffrance, alors qu’au contraire le monde était amour et don, depuis le moment où mon Jésus le foulait de ses pieds très saints. Esclaves d’un maître sans pitié, ils sont morts sans avoir rencontré une seule fois le regard et le sourire de mon Jésus, ni entendu sa parole, qui donnait à l’âme une richesse grâce à laquelle les indigents se sentaient comblés, les affamés rassasiés, les malades en bonne santé, ceux qui souffraient consolés.

Eh bien ! Jésus ne dit pas : “ Moi qui suis le Seigneur, je te dis : fais cela. ” Il garde son anonymat. Et la petite, ignorante au point de ne pas comprendre, même devant le miracle du pommier dépouillé de ses feuilles qui charge une de ses branches de fruits pour apaiser leur faim, continue de l’appeler “ Seigneur ” comme elle appelait Ismaël son maître et le cruel Jacob. Elle se sent attirée par ce bon monsieur parce que la bonté attire toujours. Mais rien de plus. Elle le suit avec confiance. Elle l’aime immédiatement, instinctivement, pauvre petit être perdu sur terre et dans l’ignorance voulue par le monde, par “ le grand monde des puissants et des jouisseurs ” qui veulent tenir dans l’ombre les inférieurs pour pouvoir les torturer plus aisément et les exploiter plus odieusement.

298.9

Elle saura par la suite qui était ce “ Seigneur ” pauvre comme elle, sans maison ni nourriture, sans mère, parce qu’il avait tout quitté pour l’amour de l’homme, et même pour ce petit bout d’être humain qu’elle était, pauvre créature de fillette, ce “ Seigneur ” qui lui avait donné des fruits miraculeux ; il voulait effacer de ses lèvres et de son cœur l’amertume de la méchanceté humaine qui crée la haine des malheureux contre les puissants, grâce à un fruit du Père, pas par un quignon de pain offert tardivement et qui, pour elle, aurait toujours eu le goût de la dureté et des pleurs.

Vraiment, ces pommes rappelaient les fruits du Paradis terrestre. Fruits venus sur la branche pour le bien et pour le mal, ils auraient marqué la rédemption de toutes les misères, d’abord celle de l’ignorance de Dieu, pour les deux orphelins, et manifesté le châtiment pour celui qui, connaissant déjà la Parole, avait agi comme s’il ne la connaissait pas. Elle saura ensuite, par la femme de bien qui l’accueillit au nom de Jésus, qui était Jésus. Pour elle, il fut plusieurs fois Sauveur : de la faim, des intempéries, des périls du monde, de la faute originelle.

Mais elle a toujours vu Jésus dans la lumière de ce jour et il est toujours apparu comme le bon “ Seigneur ” d’une bonté de conte de fée, le “ Seigneur ” qui faisait des caresses et donnait des cadeaux, le “ Seigneur ” qui lui avait fait oublier qu’elle n’avait plus ni père ni mère, ni toit ni vêtements, parce qu’il avait été bon comme un père et doux comme une mère et qu’il avait donné un nid à leur fatigue, une couverture à leur nudité avec sa poitrine et son manteau et celui des autres gens de bien qui étaient avec lui.

Cette douce lumière paternelle n’a pas péri sous le flot de ses larmes, même lorsqu’elle a su qu’il était mort torturé sur une croix, et pas davantage lorsque, petite fidèle de la première Eglise, elle a vu ce qu’était devenu le visage de son “ Seigneur ” sous les coups et les épines et après avoir réfléchi comment il est maintenant, au Ciel, à la droite du Père. Une lumière qui lui a souri à sa dernière heure sur la terre, en la conduisant sans crainte vers son Sauveur, une lumière qui lui a souri encore, d’une manière si ineffablement douce, dans la splendeur du Paradis.

298.10

Toi aussi, Jésus te regarde comme cela. Considère-la toujours comme ta lointaine homonyme et sois heureuse de l’amour que mon Fils te porte. Sois simple, humble et fidèle comme la pauvre petite Marie que tu as connue. Vois où elle est arrivée, bien qu’elle fût une pauvre petite ignorante d’Israël : sur le cœur de Dieu. L’Amour s’est révélé à elle comme à toi, et elle est devenue savante de la véritable Sagesse.

Aie foi, reste en paix. Il n’est pas de misère que mon Fils ne puisse changer en richesse et il n’est pas de solitude qu’il ne puisse combler, comme il n’y a pas de manquement qu’il ne puisse effacer. Aucun passé n’existe plus lorsque l’amour l’annule, même un horrible passé. Veux-tu craindre, toi, alors que le larron Dismas[3] n’a pas craint ? Aime, aime et n’aie peur de rien.

La Mère te quitte avec sa bénédiction. »

298.1

I see the lake of Merom again, on a dull wet day… Mud and clouds. Silence and fog. The horizon disappears in the fog. The Hermon chains are buried under blankets of low clouds. But from the place where I am – a high tableland near the little lake, which is grey and yellowish because of the mud of a thousand swollen little streams and because of the November overcast sky – one has a good view of this little sheet of water fed by the High Jordan, which flows out of it to feed the larger lake of Gennesaret.

It is getting dark and the evening is becoming more and more gloomy and wet while Jesus walks along the road that crosses the Jordan after lake Merom, and He then takes a lane towards a house…

(Jesus says: «You will insert here the vision of the little orphans Matthias and Mary, which you saw on August 20th, 1944.»)

20th August 1944.

298.2

Another sweet vision of Jesus and two children.

I say so because I see that Jesus, while moving along a path between fields which must have been sown recently because the soil is still soft and dark as it looks just after being sown, stops to caress two children: a little boy not more than four years old and a little girl about eight or nine. They must be very poor children because they are wearing poor faded garments, which are also torn and their faces are sad and thin.

Jesus does not ask any questions. He only gazes at them while He caresses them. He then hastens towards a house at the end of the path. It is a country house, well built, with an outside staircase leading from the ground up to a terrace on which there is a vine pergola, now bare of grapes and leaves. Only an odd yellow leaf hangs swinging in the damp wind of a bad autumn day. Some doves are cooing on the parapet of the house waiting for the rain which the overcast sky is promising.

Jesus, followed by His apostles, pushes the little rustic gate of the low rubble wall surrounding the house and enters the yard, which we would rather call a threshing-floor, where there is a well and a stone-oven in a corner. I suppose that is what the little closet is, the walls of which are black with smoke, which is coming out even now and is blown towards the ground by the wind.

Hearing the sound of footsteps a woman looks out of the closet and when she sees Jesus she greets Him joyfully and runs to inform the people in the house.

An elderly stout man comes to the door of the house and hastens towards Jesus. «It is a great honour, Master, to see You!» he exclaims greeting Him.

Jesus greets him: «Peace be with you » and adds: «It is getting dark and it is about to rain. I beg you to give shelter and a piece of bread to Me and My disciples.»

«Come in, Master. My house is Yours. The maid-servant is about to take the bread out of the oven. I am happy to offer it to You with the cheese of my sheep and the fruit of my fields. Come in, because the wind is cold and damp…» and he kindly holds the door open and bows when Jesus passes.

298.3

But he suddenly changes tone addressing somebody he sees and he says wrathfully: «Are you still here? Go away. There is nothing for you. Go away. Have you understood? There is no room here for vagabonds…» And he mumbles: «…and perhaps thieves like you.»

A thin weeping voice replies: «Have mercy, sir. At least a piece of bread for my little brother. We are hungry…»

Jesus, Who had gone into the large kitchen, which is cosy because of the big fire which serves also as a light, comes to the threshold. His countenance has already changed. With a severe and sad expression He asks, not the host, but in general, He seems to be asking the silent yard, the bare fig-tree, the dark well: «Who is it that is hungry?»

«I, sir. I and my brother. Just a piece of bread and we shall go away.»

Jesus is outside by now, where it is getting darker and darker because of the twilight and the impending rain. «Come here» He says.

«I am afraid, sir!»

«Come, I tell you. Do not be afraid of Me.»

The poor girl appears from behind the corner of the house. Her little brother is holding onto her shabby little tunic. They look timidly at Jesus and with fear in their eyes at the landlord, who casts a nasty look at them and says: «They are vagabonds, Master. And thieves. Only a little while ago I found her scraping near the oil-mill. She certainly wanted to go and steal something. I wonder where they come from. They do not belong to this area.»

Jesus pays little or no attention to him. He gazes at the little girl’s emaciated face and untidy plaits, two pigtails beside her ears, tied at the ends with strips of a rag. But Jesus’ countenance is not severe while He looks at the poor wretch. He is sad, but He smiles to encourage her. «Is it true that you wanted to steal? Tell Me the truth.»

«No, sir. I asked for a little bread, because I am hungry. They did not give me any. I saw an oily crust over there, on the ground, near the oil-mill and I went there to pick it up. I am hungry, sir. I was given only one piece of bread yesterday and I kept it for Matthias… Why did they not put us into the grave with our mother?» The little girl weeps desolately and her little brother imitates her.

«Do not weep.» Jesus comforts her caressing her and drawing her close to Himself. «Tell Me: where are you from?»

«From the plain of Esdraelon.»

«And have you come so far?»

«Yes, sir.»

«Has your mother been dead long? Have you no father?»

«My father died killed by sunstroke at harvest time and my mother died last month… and the baby she was giving birth to died with her…» She weeps more and more.

«Have you no relatives?»

«We come from so far! We were not poor… Then my father had to work as a servant. But he is now dead and mother with him.»

«Who was his master?»

«Ishmael, the Pharisee.»

«Ishmael, the Pharisee! (it is not possible to describe how Jesus repeats that name). Did you come away of your own will, or did he send you away?»

«He sent me away, sir. He said: “The street is the place for starving dogs”.»

298.4

«And you, Jacob, why did you not give some bread to these children? Some bread, a little milk and a handful of hay on which they might rest their tired bodies?…»

«But… Master… I have just enough bread for myself… and there is only little milk in the house… They are like stray animals. If you treat them kindly, they will not go away anymore…»

«And you have no room and food for these two unhappy children? Can you truthfully say that? The rich crops, the plenty wine, the much oil and fruit which made your estate famous this year, why did they come to you? Do you remember? The previous year hail destroyed your crops and you were worried about your future life… I came[1] and I asked for some bread. You had heard Me speak one day and you remained faithful to Me… and in your affliction you opened your heart and your house to Me and you gave Me bread and shelter. And what did I say to you going out the following morning? “Jacob, you have understood the Truth. Always be merciful and you will receive mercy. Because of the bread you gave the Son of man, these fields will give you rich crops and your olive-trees will be laden with olives like the grains of sand on the sea shore and the branches of your apple-trees will bend towards the ground”. You received all that and this year you are the richest man in the district. And you refuse two children a piece of bread!…»

«But You were the Rabbi…»

«And because I was, I could have turned stones into bread. They cannot. I now say to you: you shall see a new miracle and you shall regret it very sorely… But beating your chest then say: “I deserved it”.»

298.5

Jesus turns to the children: «Do not weep. Go to that tree and pick the fruit.»

«But it is bare, sir » objects the little girl.

«Go.»

The girl goes and comes back with her dress lifted up and full of beautiful red apples.

«Eat them and come with Me» and to the apostles: «Let us go and take these two little ones to Johanna of Chuza. She remembers the benefits she received and out of love she is merciful to those who were merciful to her. Let us go.»

The dumbfounded and mortified man endeavours to be forgiven: «It is night, Master. It may rain while You are on the way. Come back into my house. There is the maid-servant going to take the bread out of the oven… I will give You some also for them.»

«It is not necessary. You would give it for fear of the punishment I promised you, not out of love.»

«So is this not the miracle?» (and he points at the apples picked on the bare tree and which the two starving children are eating greedily).

«No.» Jesus is most severe.

«Oh! Lord, have mercy on me! I understand. You want to punish me in the crops! Have mercy, Lord!»

«Not all those who call Me “Lord” will have Me, because love and respect are not testified by words, but by deeds. You will receive the mercy which you had.»

«I love You, my Lord.»

«That is not true. He who loves Me loves his neighbour. That is what I taught. You love but yourself. When you love Me as I taught, the Lord will come back.

298.6

I am now going. My abode is to do good, to comfort the afflicted, to wipe the tears of orphans. As a mother hen stretches its wings over the helpless chicks, so I spread My power over those who suffer and are tormented. Come, children. You will soon have a home and bread. Goodbye, Jacob.»

And not satisfied with going away, he orders the apostles to pick up the tired girl: Andrew takes her up in his arms and wraps her in his mantle, while Jesus takes the little boy and they thus proceed along the path which is now dark, with their pitiful loads which no longer weep.

Peter says: «Master! These children were very lucky that You arrived. But for Jacob!… What will You do, Master?»

«Justice. He will not starve, because his granaries are well stocked for a long time. But he will suffer shortage, because the seed he sows will yield no corn and his olive and apple-trees will be covered with leaves only. These innocent children have received bread and shelter from the Father, not from Me. Because My Father is the Father of orphans also. And He gives nests and food to the birds of forests. These children and all poor wretches with them, the poor wretches who are His “innocent and loving children” can say that God put food in their little hands and leads them with fatherly love to a hospitable home.»

The vision ends in this way and I am left with a great peace.

298.7

Jesus says:

«This is just for you, O soul which weeps looking at the crosses of the past and at the clouds of the future. The Father will always have bread to put in your hand and a nest to shelter His weeping dove.

The lesson that I am the “Just Lord” applies to everybody. And I am not deceived or adulated by false homage. He who closes his heart to his brother, closes it to God and God to him.

Men, it is the first commandment: Love and love. He who does not love lies in professing to be a Christian. It is useless to frequent the Sacraments and rites, it is useless to pray if one lacks charity. They become formulae and even sacrileges. How can you come to the eternal Bread and satisfy your hunger with it, when you have denied a starving person a piece of bread? Is your bread more precious than Mine? Is it more holy? O hypocrites! I put no limit in giving Myself to your misery, and you, who are misery itself, have no pity on the miseries which, in the eyes of God, are not so hideous as yours. Because those are misfortunes, yours are sins. Too often you say to Me: “Lord, Lord”, to have Me propitious to your interests. But you do not say so for your neighbour’s sake. You do nothing for your neighbour in the name of the Lord. Look: what have your false religion and true lack of charity given you, both with regards to your community and to its individuals? To be abandoned by God. And the Lord will come back when you learn to love as I taught.

But I say to you, little flock of good people who suffer: “You are never orphans. You are never waifs. There would have to be no God before His children could lack Providence. Stretch out your hands: the Father will give you everything, as a ‘father’, that is, with love which does not humiliate. Wipe your tears. I will take you and lead you because I have pity on your languor”. Man is the best loved in creation. Can you doubt that the Father may be more merciful to birds than to faithful men, since He is indulgent towards sinners and gives them time and the opportunity to come to Him? Oh! if the world understood what God is!

Go in peace, Mary. You are as dear to Me as the two little orphans you saw, and you are even dearer. Go in peace. I am with you.»

[…]

21st August 1944.

[…]

298.8

Mary says:

«Mary, Mother is speaking. My Jesus has spoken of the infancy of the spirit[2], a necessary requisite to conquer the Kingdom. Yesterday He showed you a page of His life as a Master. You saw some children. Some poor children. Is there nothing else to be said? Yes, there is, and I am saying it to you, as I want to make you dearer and dearer to Jesus. It is a nuance in the picture which spoke to your spirit, on behalf of the spirits of many people. But it is nuances that make a picture beautiful and reveal the skill of the painter and the erudition of the observer.

I want to point out the humility of My Jesus to you.

That poor girl, in her ignorant simplicity, does not treat the hard-hearted sinner differently from My Son. She is not aware of the Rabbi or the Messiah. She has never heard Him or seen Him, because she lived almost like a little savage in the fields and in a house where the Master was despised, in fact the Pharisee did despise My Jesus.

Her father and mother, worn out by the hateful work which their cruel master exacted, had no time and possibility of raising their heads from the clods they broke up. While they were mowing hay or cutting crops or picking fruit and grapes, or crushing olives at the mill, they may have heard people singing hosannas and may have raised their tired heads for a moment. But fear and fatigue lowered those heads at once under their yoke. And they died thinking that the world was nothing but hatred and sorrow. Whereas the world was love and wealth since the most holy feet of My Jesus trod upon it. The poor servants of a cruel master died without seeing the look and smile of My Jesus even once, without hearing His word, which gave comfort to souls, so that the poor felt as if they were rich, the hungry as if they were full, the sick as if they were healthy, the sorrowful as if they were comforted.

Jesus does not say: “I am the Lord and I say to you: do that”. He remains anonymous. And the little girl, who was so ignorant that she did not understand even when she saw the miracle of the apple-tree bare of leaves, a branch of which became laden with apples to satisfy their hunger, continues to call Him: “sir”, as she called Ishmael, her master, and the cruel Jacob. She feels attracted to the good Lord, because kindness always attracts. But nothing more. She follows Him confidently. And the poor girl lost in the world and in the ignorance encouraged by the world, by the “great world of mighty pleasure-loving people”, who are keen in keeping inferiors in darkness in order to torture them more easily and exploit them more greedily, the poor girl loves Him at once instinctively.

298.9

She will learn later who that “sir” was, who was as poor, as homeless and motherless as she was, who had no food, because He had left everything out of His love for men, also for her, a poor little frail girl; and she will understand that the Lord had given her miraculous fruit, to remove from her lips and from her heart the bitterness of human wickedness, which makes poor people hate mighty ones, and He had done so by means of a fruit of the Father, and not by means of a crust of bread, which was offered too late and in any case would have savoured of hardship and tears. Those apples really called to mind the apple of the Earthly Paradise. They appeared on the branch for Good and for Evil, they were the sign of redemption from all miseries, first of all from the ignorance of God, with regards to the two little orphans, and the sign of punishment for the man, who, although he already was aware of the Word, had behaved as if he were not. And she will learn from the good woman who made her welcome in Jesus’ name, who was Jesus. He was her manifold Saviour: from starvation, from the inclemency of the weather, from the dangers of the world and from original sin.

But Jesus always had for her the light of that day, and He always appeared to her in that light: the good Lord, as good as in fairy-tales, the Lord Who had caresses and gifts, the Lord Who had made her forget that she had no father, mother, home and clothes, because He had been as kind to her as a father, as sweet as a mother, He had given a home to their tired bodies and clothes to their naked limbs, with His own chest and mantle and with the assistance of other good people who were with Him. A kind fatherly light which did not fade in a stream of tears, not even when she learned that He had died tortured on a cross, not even when, a little faithful believer of the early Church, she saw how the face of her “Lord” had been disfigured by blows and thorns and she considered how He was now, in Heaven, at the right hand of the Father. A light that smiled at her in her last hour on the earth, leading her fearlessly towards her Saviour, a light that smiled once again at her, in such an ineffably sweet manner, in the splendour of Paradise.

298.10

Jesus looks also at you thus. Always think of Him as your remote namesake did and be happy to be loved by Him. Be as simple, humble, and faithful as the poor little Mary you have known. See how far she arrived, notwithstanding that she was a poor little ignorant girl of Israel: at the Heart of God. Love revealed Himself to her as He did to you and she became learned in the true Wisdom.

Have faith. Be at peace. There is no misery which My Son cannot turn into riches and there is no solitude which He cannot replenish as there is no fault which He cannot cancel. The past no longer exists, once love has cancelled it. Not even a dreadful past. Are you going to be afraid when Disma, the robber[3], was not? Love and be afraid of nothing.

Mother leaves you with Her blessing.»


Notes

  1. Je suis venu, en 110.5.
  2. a parlé de l’enfance spirituelle dans une “ dictée ” du même jour, rapportée dans le volume Les cahiers de 1944.
  3. le larron Dismas, en 609.11/14.

Notes

  1. I came, in 110.5.
  2. has spoken of the infancy of the spirit in a “dictation” of the same day, reported in the volume “The notebooks. 1944”.
  3. Disma, the robber, in 609.11/14.