The Writings of Maria Valtorta

300. Avec les scribes et les pharisiens chez Daniel, le ressuscité de Naïm.

300. With the scribes and Pharisees in the home of

300.1

Toute la ville de Naïm est en fête, Jésus est son hôte, pour la première fois depuis le miracle[1] de la résurrection du jeune Daniel.

Précédé et suivi par un grand nombre de personnes, Jésus traverse la ville en bénissant. Aux habitants de Naïm se sont joints des visiteurs d’autres lieux, venus de Capharnaüm où ils étaient allés le chercher et d’où on les avait envoyés à Cana, et de là à Naïm. J’ai l’impression que, maintenant qu’il a de nombreux disciples, Jésus a organisé une sorte de réseau d’informations permettant aux voyageurs qui le cherchent de le trouver malgré ses continuels déplacements – limités, il est vrai, à quelques milles par jour –, vu la mauvaise saison et la brièveté des jours. Et parmi ceux qui sont venus le chercher d’ailleurs, il ne manque pas de pharisiens et de scribes très polis en apparence…

300.2

Jésus est reçu dans la maison du jeune ressuscité. Les notables du pays s’y sont aussi rassemblés. La mère de Daniel, voyant les scribes et les pharisiens – sept comme les vices capitaux –, les invite humblement en s’excusant de ne pas leur offrir un logement plus digne.

« Il y a le Maître, il y a le Maître, femme. Cela donnerait de la valeur même à une caverne, mais ta demeure est bien mieux qu’une caverne et nous y entrons en disant : “ Paix à toi et à ta maison. ” »

En effet la femme, qui n’est certainement pas riche, s’est mise en quatre pour honorer Jésus. Toutes les richesses de Naïm ont sûrement été mises à contribution et rassemblées pour orner la maison et la table. Et les propriétaires respectives observent, de partout où c’est possible, la troupe qui passe dans le couloir d’entrée donnant accès à deux pièces dans lesquelles la maîtresse de maison a préparé les tables. Peut-être ont-elles demandé une seule faveur en échange du prêt de la vaisselle, des nappes et des sièges et pour leur travail au fourneau : voir de près le Maître et respirer là où il respire. Et maintenant elles se présentent ici et là, rouges, enfarinées, couvertes de cendre ou avec les mains dégoulinantes, selon leurs occupations culinaires. Pleines d’admiration, elles prennent leur petite part de regard divin et de voix divine, elles boivent de tous leurs yeux et de toutes leurs oreilles la douce figure et la douce bénédiction de Jésus, et elles retournent encore plus rouges à leurs fourneaux, leurs huches et leurs éviers : heureuses.

Celle qui aide à offrir les bassins des ablutions aux hôtes de marque est très heureuse aussi. C’est une adolescente aux cheveux et aux yeux noirs et au teint couleur de rose. Et elle rosit encore lorsque la maîtresse de maison avertit Jésus que c’est l’épouse de son fils et que ce sera bientôt les noces.

« Nous avons attendu ta venue pour les célébrer, afin que la maison tout entière soit sanctifiée par toi. Mais maintenant, bénis-la elle aussi, pour qu’elle soit une bonne épouse dans cette habitation. »

Jésus la regarde et, comme la jeune épouse s’incline, il lui impose les mains en disant :

« Que refleurissent en toi les vertus de Sarah, de Rébecca[2] et de Rachel et que de toi naissent de vrais enfants de Dieu, pour sa gloire et pour la joie de cette demeure. »

Maintenant que Jésus et les notables sont purifiés, ils pénètrent dans la salle du festin avec le jeune maître de maison, tandis que les apôtres et d’autres hommes de Naïm moins influents vont dans la pièce en face. Et le repas a lieu.

300.3

Je comprends d’après les conversations que, avant que la vision ne commence, Jésus avait prêché et opéré des guérisons à Naïm, mais les pharisiens s’arrêtent peu à cela. En revanche, ils accablent de questions les habitants de Naïm pour obtenir des détails sur la maladie dont était mort Daniel, combien d’heures s’étaient écoulées entre sa mort et sa résurrection, si on l’avait complètement embaumé, etc., etc.

Jésus s’abstrait de toutes ces recherches et il parle avec le ressuscité qui va tout à fait bien et qui mange avec un appétit formidable. Mais un pharisien interpelle Jésus pour lui demander s’il était au courant de la maladie de Daniel.

« J’arrivais d’En-Dor tout à fait par hasard, car j’avais voulu faire plaisir à Judas comme je l’avais fait pour Jean. Je ne savais même pas que je devrais passer par Naïm quand j’ai commencé mon voyage pour le pèlerinage pascal, répond Jésus.

– Ah ! Tu n’étais pas allé exprès à En-Dor ? demande un scribe avec étonnement.

– Non. A ce moment-là, je n’avais pas la moindre intention de m’y rendre.

– Dans ce cas, pourquoi y es-tu allé ?

– Je l’ai dit : parce que Judas le désirait.

– Et pourquoi ce caprice ?

– Pour voir la grotte de la magicienne.

– Peut-être lui en avais-tu parlé…

– Jamais ! Je n’avais pas de raison de le faire.

– Je veux dire… peut-être as-tu expliqué par cet épisode[3] d’autres sortilèges, pour initier tes disciples à…

– A quoi ? Pour initier à la sainteté, il n’est guère besoin de pèlerinages. Une cellule ou une lande déserte, un pic sur la montagne ou une maison solitaire convient aussi bien. Il suffit que celui qui enseigne fasse preuve d’austérité et de sainteté et que celui qui écoute ait la volonté de se sanctifier. Voilà ce que j’enseigne, et rien d’autre.

– Mais les miracles qu’ils font eux, les disciples, que sont-ils, sinon des prodiges et…

– Et volonté de Dieu. Cela seulement. Et plus ils deviendront saints, plus ils en accompliront. Par l’oraison, le sacrifice et l’obéissance à Dieu. Pas autrement.

– En es-tu sûr ? » demande un scribe qui, le menton dans la main, regarde Jésus par-dessous.

Son ton est discrètement ironique et même compatissant.

« Moi, je leur ai donné ces armes et cette doctrine. Si, par la suite, il se trouve l’un d’eux – et ils sont nombreux – qui s’abaisse à d’indignes pratiques, par orgueil ou autre vice, ce n’est pas de moi que sera venu le conseil. Je peux prier pour essayer de racheter le coupable. Je peux m’imposer de dures pénitences expiatoires pour obtenir de Dieu qu’il l’aide particulièrement par les lumières de sa sagesse à reconnaître son erreur. Je peux me jeter à ses pieds pour le supplier, de tout mon amour de Frère, de Maître, d’Ami, de renoncer à la faute. Et je ne penserais pas m’avilir en le faisant, car le prix d’une âme est tel qu’il vaut la peine de subir n’importe quelle humiliation pour obtenir cette âme. Mais je ne peux faire davantage. Et si malgré cela, la faute continue, mes yeux et mon cœur de Maître et d’Ami trahi et incompris répandront pleurs et sang. »

Quelle douceur et quelle tristesse dans la voix et dans l’attitude de Jésus !

Scribes et pharisiens se regardent. C’est tout un jeu de clins d’œil. Mais ils ne disent rien d’autre sur ce sujet.

300.4

En revanche, ils demandent au jeune Daniel s’il se rappelle ce qu’est la mort, ce qu’il a éprouvé en revenant à la vie, et ce qu’il a vu dans l’intervalle entre la vie et la mort.

« Moi, je sais que j’étais mortellement malade et j’ai souffert l’agonie. Ah ! Quelle expérience redoutable ! Ne m’y faites pas penser !… Et pourtant un jour viendra où je devrai la souffrir de nouveau ! Ah ! Maître !… »

Il le regarde d’un air terrorisé, pâle à la pensée de devoir mourir de nouveau. Jésus le réconforte doucement en disant :

« La mort en elle-même est expiation. Toi, en mourant deux fois, tu seras purifié de toute tache et tu jouiras aussitôt du Ciel. Que cette pensée te fasse vivre en saint, pour qu’il n’y ait en toi que des fautes involontaires et vénielles. »

Mais les pharisiens reviennent à l’attaque :

« Mais qu’as-tu éprouvé en revenant à la vie ?

– Rien. Je me suis retrouvé vivant et en bonne santé comme si je m’étais éveillé d’un long et lourd sommeil.

– Mais tu te rappelais que tu étais mort ?

– Seulement que j’avais été très malade, jusqu’à l’agonie. C’est tout.

– Et qu’est-ce que tu as retenu de l’autre monde ?

– Rien du tout. Un trou noir, un espace vide dans ma vie… Rien.

– Alors, pour toi, il n’y a pas de limbes, pas de purgatoire, pas d’enfer ?

– Qui dit qu’il n’y en a pas ? Bien sûr que cela existe. Mais moi, je ne me le rappelle pas.

– Mais es-tu sûr d’avoir été mort ? »

Tous les habitants de Naïm bondissent :

« S’il était mort ? Et que voulez-vous de plus ? Quand nous l’avons mis sur la civière, il commençait déjà à sentir mauvais. Et d’ailleurs, avec tous les baumes et toutes les bandelettes, même un colosse en serait mort.

– Mais toi, tu ne te souviens pas d’être mort ?

– Je vous ai dit que non. »

Le jeune homme s’impatiente et il ajoute :

« Mais qu’est-ce que vous voulez prouver par ces discours lugubres ? Que tout un village a fait semblant que j’étais mort, y compris ma mère, y compris mon épouse qui était au lit, mourant de chagrin, y compris moi-même, ligoté, embaumé, alors que ce n’était pas vrai ? Que dites-vous ? Qu’à Naïm tous étaient des enfants ou des idiots qui voulaient plaisanter ? Les cheveux de ma mère ont blanchi en quelques heures. On a dû soigner mon épouse parce que le chagrin, et puis la joie l’avaient rendue comme folle. Et vous, vous doutez ? D’ailleurs, pourquoi aurions-nous fait cela ?

– Pourquoi ? C’est vrai ! Pourquoi l’aurions-nous fait ? » disent les habitants de Naïm.

300.5

Jésus garde le silence. Il joue avec la nappe comme s’il était absent. Les pharisiens ne savent que dire… Mais Jésus se met à parler à l’improviste quand la conversation et la discussion semblent terminées :

« En voici la raison : eux (il désigne les pharisiens et les scribes) veulent prouver que ta résurrection n’est qu’un jeu bien combiné pour accroître ma réputation auprès des foules. J’en serais l’inventeur, et vous les complices pour trahir Dieu et le prochain. Non. Je laisse les tromperies aux indignes. Je n’ai pas besoin de sorcelleries ni de stratagèmes, de jeux ou de complicités, pour être ce que je suis. Pourquoi voulez-vous refuser à Dieu le pouvoir de rendre l’âme à une chair ? S’il la lui donne quand la chair se forme, et puisqu’il crée les âmes à chaque fois, ne pourra-t-il pas la rendre quand l’âme, revenant à la chair à la prière de son Messie, peut être la cause de la venue à la Vérité de foules nombreuses ? Pouvez-vous refuser à Dieu le pouvoir du miracle ? Pourquoi voulez-vous le lui refuser ?

– Es-tu Dieu ?

– Je suis celui qui suis. Mes miracles et ma doctrine disent qui je suis.

– Mais pourquoi ne se souvient-il de rien, alors que les esprits invoqués savent dire ce qu’est l’au-delà ?

– Parce que cette âme, déjà sanctifiée par la pénitence d’une première mort, dit la vérité, alors que ce qui parle par les lèvres des nécromanciens n’est pas vérité.

– Mais Samuel…

– Samuel est venu sur l’ordre de Dieu, pas de la magicienne, pour apporter à celui qui était traître à la Loi le verdict du Seigneur, car on ne se moque pas de ses commandements.

300.6

– Dans ce cas, pourquoi tes disciples le font-ils ? »

La voix arrogante d’un pharisien qui, piqué au vif, hausse le ton de la discussion, attire l’attention des apôtres qui sont dans la pièce en face, séparée par un couloir large d’un peu plus d’un mètre, sans portes ni lourdes tentures qui isolent. Entendant qu’on les met en cause, ils se lèvent et viennent, sans faire de bruit, écouter dans le couloir.

« En quoi le font-ils ? Explique-toi, et si ton accusation est vraie, je les avertirai de ne plus faire de choses contraires à la Loi.

– Moi, je sais en quoi ils le font, et beaucoup d’autres avec moi. Mais toi qui ressuscites les morts et qui prétends être plus grand qu’un prophète, découvre-le par toi-même. Nous ne te le dirons certainement pas. Tu as des yeux, du reste, pour voir aussi beaucoup d’autres actions commises par tes disciples alors qu’on ne doit pas les faire ou omises quand on doit les faire. Et tu ne t’en soucies pas.

– Veuillez m’en indiquer quelques-unes.

– Pourquoi tes disciples transgressent-ils les traditions[4] des anciens ? Aujourd’hui, nous les avons observés. Aujourd’hui même, pas plus tard qu’il y a une heure ! Ils sont entrés dans leur salle pour manger sans s’être purifiés les mains auparavant ! »

Si les pharisiens avaient dit : “ et ils ont égorgé des habitants auparavant ”, ils n’auraient pas pris un ton d’aussi profonde horreur.

300.7

« Vous les avez observés, oui. Il y a tant de choses à voir, et qui sont belles et bonnes ! Des choses qui font bénir le Seigneur de nous avoir donné la vie pour que nous ayons la possibilité de les voir et parce qu’il les a créées ou permises. Et pourtant vous ne les regardez pas, et avec vous beaucoup d’autres. Mais vous perdez votre temps et votre paix à poursuivre ce que vous ne jugez pas bon.

Vous ressemblez à des chacals, ou plutôt à des hyènes qui suivent à la trace une pestilence en négligeant les senteurs que le vent apporte des jardins parfumés. Les hyènes n’aiment pas les lys et les roses, le jasmin et le camphre, les cinnamomes et les œillets. Pour elles, ce sont des odeurs désagréables. Mais la puanteur d’un corps en putréfaction au fond d’un ravin, ou dans une ornière, enfoui sous les ronces où l’a enseveli un assassin, ou rejeté par la tempête sur une plage déserte, gonflé, violet, crevé, horrible, oh ! Quel fumet agréable pour les hyènes ! Et elles hument le vent du soir, qui condense et transporte toutes les émanations que le soleil a évaporées après les avoir chauffées, pour sentir cette vague odeur qui les attire. Après les avoir découvertes et en avoir trouvé la direction, les voilà qui partent en courant, le museau à l’air, les lèvres déjà retroussées dans ce frémissement des mâchoires semblable à un rire hystérique, pour aller là où se trouve la putréfaction. Et que ce soit un cadavre d’homme ou de quadrupède, celui d’une couleuvre tuée par un paysan, ou encore d’une fouine par une ménagère, que ce soit simplement un rat crevé, ah ! Voilà qui plaît ! Elles enfoncent alors leurs crocs dans cette puanteur repoussante, se régalent et se pourlèchent les babines…

Des hommes qui se sanctifient de jour en jour, cela n’a rien d’intéressant ! Mais si un seul fait du mal, ou si plusieurs négligent ce qui n’est pas un commandement divin mais une pratique humaine – appelez-la même tradition, précepte, comme vous voudrez, c’est toujours une règle humaine –, alors on se dérange, alors on note. On suit même un soupçon… seulement pour se réjouir, en voyant que le soupçon est réalité.

300.8

Mais répondez donc, répondez, vous qui êtes venus non par amour, non par foi, non par honnêteté, mais dans une intention malveillante, répondez : pourquoi transgressez-vous un commandement de Dieu par une de vos traditions ? Vous ne viendrez tout de même pas me dire qu’une tradition est plus importante qu’un commandement ? Et pourtant Dieu a dit[5] : “ Honore ton père et ta mère, et qui maudira son père ou sa mère mérite la mort ” ! Or vous déclarez au contraire : “ Quiconque a dit à son père et à sa mère : ‘ ce que tu devrais avoir de moi est corban ’, celui-là n’est plus obligé de s’en servir pour son père et sa mère. ” Par votre tradition, vous avez donc annulé le commandement de Dieu.

Hypocrites ! Isaïe a bien prophétisé à votre sujet : “ Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi, car son culte et ses doctrines ne sont que vrais commandements humains. ”

Alors que vous transgressez les commandements de Dieu, vous vous en tenez au cérémonial des hommes, au lavage des amphores et des calices, des plats et des mains, et autres usages semblables. Alors que vous justifiez l’ingratitude et l’avarice d’un fils en lui offrant l’échappatoire de l’offrande du sacrifice pour ne pas donner un pain à celui qui l’a engendré, qui a besoin d’aide et qu’on a l’obligation d’honorer parce qu’il est père, vous vous scandalisez devant quelqu’un qui ne se lave pas les mains. Vous altérez et violez la parole de Dieu pour obéir à des paroles que vous avez inventées et que vous avez élevées à la dignité de préceptes. Vous vous proclamez ainsi plus justes que Dieu. Vous vous arrogez un droit de législateurs alors que Dieu seul est le Législateur dans son peuple. Vous… »

Et il continuerait sur sa lancée, mais le groupe ennemi sort sous la grêle des accusations en bousculant les apôtres et ceux qui étaient dans la maison, hôtes ou aides de la maîtresse de maison, et qui s’étaient rassemblés dans le couloir, attirés par l’éclat de la voix de Jésus.

300.9

Jésus, qui s’était levé, s’assied en faisant signe aux assistants d’entrer tous là où il est, et il leur dit :

« Ecoutez-moi tous et comprenez cette vérité. Il n’est rien en dehors de l’homme qui puisse le contaminer en entrant en lui. C’est ce qui sort de l’homme qui contamine. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende, qu’il se serve de son intelligence pour comprendre, et de sa volonté pour agir. Maintenant, allons. Vous autres, habitants de Naïm, persévérez dans le bien et que ma paix soit toujours avec vous. »

Il se lève, salue en particulier le maître et la maîtresse de maison, et s’éloigne par le couloir.

Mais il voit les femmes amies, rassemblées dans un coin, qui le regardent d’un air admiratif et il va directement vers elles en disant :

« Paix à vous aussi. Que le Ciel vous récompense de m’avoir reçu avec un amour qui ne m’a pas fait regretter la table de ma Mère. J’ai ressenti votre amour de mère dans chaque miette de pain, dans chaque sauce ou rôti, dans la douceur du miel, dans le vin frais et parfumé. Aimez-moi toujours ainsi, braves femmes de Naïm. Mais, une autre fois, ne vous donnez pas autant de mal pour moi. Il me suffit d’un pain et d’une poignée d’olives assaisonnées de votre sourire maternel et de votre regard honnête et bon. Soyez heureuses dans vos maisons, car la reconnaissance du Persécuté est sur vous et il part consolé par votre amour. »

Les femmes, heureuses et pourtant en pleurs, sont toutes à genoux et il effleure leurs cheveux blancs ou noirs en passant, comme pour les bénir une par une. Puis il sort et reprend la route…

Les premières ombres du soir descendent, cachant la pâleur de Jésus, accablé par vraiment trop de haines.

300.1

It is a feast day for the people of Nain. Jesus is their guest for the first time since the miracle[1] of young Daniel, who was raised from the dead.

Jesus is going through the town, blessing, preceded and followed by a large number of people. The people of Nain have been joined by incomers from other villages, who have come from Capernaum, where they had gone looking for Jesus, and from where they were sent to Cana and then to Nain. I am under the impression that now that Jesus has many disciples, He has set up a kind of information network, so that pilgrims looking for Him can find Him, although He moves around continuously, even for a few miles a day, as the season and the short days allow. And among those who have come looking for Him, there are some Pharisees and scribes, apparently respectful…

300.2

Jesus is a guest in the house of the young man raised from the dead. The notables of the place have also gathered there. And Daniel’s mother, when she sees the scribes and Pharisees – seven of them, like the capital sins – humbly invites them, apologising for not being able to offer them a worthier abode.

«There is the Master, woman, and that attaches great importance even to a cave. But your house is much more than a cave and we enter it saying: “Peace to you and to your house”.»

The woman in fact, although she is certainly not rich, has done her utmost to honour Jesus. All the wealthy families in Nain have certainly entered the lists, joining their efforts to adorn the house and the table. And the various women who have collaborated are casting glances, from all possible spots, at the group passing through the hall towards two rooms, facing each other, in which the landlady has laid the tables. Perhaps that is all they have asked for, as compensation for the loan of kitchenware, tablecloths and seats, and for their work in the kitchen: to see the Master close at hand and breathe the same air as He does. And now they appear here and there, flushed, covered with flour or ashes, or with dripping hands, according to their tasks in the kitchen, they watch Him closely, they take their little share of divine sight, of divine voice, drinking in with their eyes and ears His kind blessing and figure and look delighted when they go back to the kitchen stove, cupboards and sink, more flushed than ever.

The happiest is the one who with the landlady offers the basins for the ablutions to the guests of consequence. She is a young dark-haired and dark-eyed girl, but her complexion is suffused with pink. And she blushes even more when the landlady informs Jesus that she is the fiancée of her son and that they will soon be getting married. «We waited for You so that the whole house might be sanctified by You. Please bless her as well, that she may be a good wife in this house.»

Jesus looks at her and, as the little bride bows, He imposes His hands on her head saying: «May the virtues of Sarah, Rebekah[2] and Rachel flourish again in you and may you give birth to true children of God, for His glory and the happiness of this house.»

Jesus and the notables have now completed the purification rite and they enter the dining-room, with the young landlord, while the apostles and less influential persons of Nain go into the opposite room. And the banquet begins.

300.3

From their conversation I gather that before my vision began, Jesus had preached and cured in Nain. But the Pharisees and scribes pay little attention to that; they, instead, harass with questions the people of Nain for details of the disease of which Daniel died, of how many hours had elapsed between his death and resurrection, and they ask whether they had completed his embalming etc. etc. Jesus pays no attention to such investigations and converses with the revived man who is very well and is eating with a wonderful appetite.

But a Pharisee calls Jesus to ask Him whether He was aware of Daniel’s disease.

«I was coming from Endor by mere chance, as I wanted to please Judas of Kerioth as I had pleased John of Zebedee. I did not even know I would be passing through Nain when I set out on our Passover pilgrimage» replies Jesus.

«Ah! Had you not gone to Endor deliberately?» asks an amazed scribe.

«No. I had not the least intention of going there, at that time.»

«Why did You go then?»

«I told you: because Judas of Simon wanted to go there.»

«And why that fancy?»

«To see the cave of the sorceress.»

«Perhaps You had spoken about it…»

«Never! There was no reason why I should.»

«I mean… perhaps with that episode[3] You explained other witchcraft, to initiate Your apostles in…»

«In what? To initiate anyone in holiness, there is no need of pilgrimages. A cell or a desert barren land, a mountain top or a solitary house serve the same purpose: providing there is austerity and holiness in the teacher, and the will to become holy in the disciple. That is what I teach and nothing else.»

«But the miracles that Your apostles now work, what are they if not wonders and…»

«The will of God. That is all. And the more holy they become, the more miracles they will work, through prayer, sacrifices and obedience to God. By no other means.»

«Are You sure of that?» asks a scribe holding his chin in his hand and looking Jesus up and down. His tone is rather ironical and pitiful.

«I gave them those weapons and that doctrine. If among them, and they are many, there should be anyone who becomes corrupted through basic practices, out of pride or for other reasons, he will not have received such advice from Me. I can pray to see the culprit redeemed. I can undertake hard penance in expiation, imploring God to help him particularly with the light of His wisdom so that he may see his error. I can throw Myself at his feet to entreat him with all My love of Brother, Master and Friend to abandon his sin. And I would not consider that a humiliation, because the price of a soul is such that it is worth suffering any humiliation to save that soul. But I can do no more. And if after all he perseveres in his fault, the eyes and heart of the betrayed and misunderstood Master and Friend will shed tears and blood.» How much kindness and sadness there is in Jesus’ voice and expression!

The scribes and Pharisees look at one another. They exchange meaningful glances, but say no more on the subject.

300.4

They instead ask young Daniel questions. Does he remember what death is? What did he feel when he came back to life? And what did he see in the gap between death and life?

«I know that I was suffering from a mortal disease and I suffered agony. Oh! what a dreadful thing! Don’t make me remember it!… And yet the day will come when I will have to suffer it once again! Oh! Master…» He looks at Him and is so terrified that he turns pale at the idea of having to die once again.

Jesus kindly comforts him saying: «Death is in itself expiation. By dying twice you will be completely cleansed of faults and you will rejoice at once in Heaven. Let this thought make you live a holy life, so that you may have only involuntary and venial faults.»

But the Pharisees return to the attack: «But what did you feel when you came back to life?»

«Nothing. I was alive and healthy as if I had awoken from a long sound sleep.»

«But did you remember that you had died?»

«I remembered that I was very ill, in agony, and that is all.»

«And what do you remember of the other world?»

«Nothing. There is nothing. A black hole, an empty space in my life… Nothing.»

«So, according to you, there is no Limbo, no Purgatory, no Hell?»

«Who says there isn’t? Of course there are. But I do not remember them.»

«But are you sure that you were dead?»

The people of Nain lose their temper: «Was he dead? What more do you want? When we put him into the coffin, he was about to start to smell. In any case, with all those balms and bandages even a giant would die!»

«But do you not remember that you were dead?»

«I have told that I don’t» the young man is losing his patience and he adds: «But what are you getting at with all these questions? That the whole village was pretending that I was dead, including my mother and my fiancée, who was dying with grief in her bed, including myself, all bandaged up and embalmed, while it was not true? What are you saying? That in Nain we were all children or idiots in a jesting mood? My mother’s hair turned white in a few hours. My fiancée had to be treated because sorrow and joy had almost driven her mad. And you doubt it? And why should we have done all that?»

«Why? That’s true! Why should we have done it» exclaim those of Nain.

300.5

Jesus does not speak. He plays with the tablecloth as if He were absent. The Pharisees do not know what to say… But Jesus begins to speak all of a sudden, when the conversation on the subject seemed to have come to an end, and He says: «I will tell you why. They (and He points at the Pharisees and scribes) want to prove that your resurrection from the dead was a cleverly contrived game to increase My reputation with the crowds. I, the inventor, you the accomplices to deceive God and our neighbour. No. I leave fraud to worthless people. I do not need witchcraft, or tricks or accomplices to be what I am. Why do you want to deny God the power of giving a soul back to a body? If He creates a soul and gives it when the body is being formed, will He not be able to give it back to the body, when the soul, being restored to the body through the prayer of His Messiah, is an incentive for many people to come to the Truth? Can you deny God the power of miracle? Why do you want to deny it?»

«Are You God?»

«I am Who I am. My miracles and My doctrine testify Who I am.»

«But why does he not remember while the spirits evoked can tell what the next world is?»

«Because this soul speaks the truth, sanctified as it is by the penance of a first death, instead what is spoken by the lips of necromancers is not the truth.»

«But Samuel…»

«Samuel came by the order of God, not of the sorceress, to bring to the traitor of the Law the verdict of the Lord, Who is not to be derided in His commandments.»

300.6

«Then why do Your disciples do it?» The arrogant voice of a Pharisee, who stung to the quick raises his voice, draws the attention of the apostles, who are in the opposite room, separated by a corridor a little more that a yard wide, but not isolated by doors or heavy curtains. When they hear themselves being referred to, they stand up and come noiselessly into the corridor to listen.

«In what do they do it? Speak frankly, and if your accusation is true, I will warn them not to do anything against the Law.»

«I know in what they do it, and many others know as well. But since You raise people from the dead and You say that You are more than a prophet, find out for Yourself. We shall certainly not tell You. In any case, You have eyes to see also many other things which Your apostles have done, when they are not to be done, or they did not do, when they are to be done. And You do not mind.»

«Tell Me some of them.»

«Why do Your disciples infringe the traditions[4] of our ancestors? We saw them today. Also today! Not more than an hour ago! They went into the dining-room to eat without purifying their hands beforehand!» If the Pharisees had said: «and they slaughtered citizens beforehand» they would not have spoken in such a horrified manner.

300.7

«You have watched them, of course. There are so many things to be seen. Good and beautiful things which make us bless the Lord for creating or permitting such things and for giving us our lives so that we may see them. And yet you do not watch them. And many others do as you do. But you waste your time and your peace running after things which are not good.

You look like jackals, or better still, like hyenas running in the trail of a stench, neglecting the waves of perfumes brought by the wind from gardens full of aromatic herbs. Hyenas do not love lilies and roses, jasmines and camphor, cinnamon and cloves. They are unpleasant smells to them. But the stench of a decomposing corpse in the bottom of a ravine, or on a cart road, or buried under bramble where a murderer threw it, or washed ashore by stormy waves, swollen, violaceous, burst, horrible, oh! that is a delightful smell for hyenas! And as the evening wind condenses and carries all the smells which the sun has distilled from the things it has warmed, they sniff at it to smell that vague inviting scent, and once they discover it and find where it comes from, they run away, with their snouts in the air, showing their uncovered teeth in their quivering jaws, like a hysterical laugh, to go where there is putrefaction. And be it the corpse of a man or a quadruped, or a snake killed by a peasant, or a beech-marten killed by a housewife, or be it a poor mouse, oh! they relish it! And they sink their fangs into the revolting stench, they feast and lick their lips…

But it is a matter of no interest, if some men improve in holiness day by day! But if one only does wrong, or more omit not a divine commandment, but a human practice – you may call it tradition, precept, as you wish, but it is always a human thing – then it is noticed. And one even runs after a suspicion… to rejoice, if the suspicion is true.

300.8

You who have come here not out of love, or faith or honesty, but for a wicked purpose, tell Me: why do you infringe the commandment of God, for the sake of your tradition? Are you going to tell Me that a tradition is more than a Commandment? And yet God said[5]: “Honour your father and your mother, anyone who curses father or mother must die”! You instead say: “Anyone who says to his father and mother: what you should have from me is corban[6] is no longer obliged to give it to his father and mother”. So with your tradition you have cancelled the commandment of God.

Hypocrites! Isaiah rightly said of you[7] when he prophesied: “These people honour Me only with their lips while its heart is far from Me, therefore they honour Me in vain as they teach human doctrine and commandments”.

And while you neglect the precepts of God, you keep the traditions of men, the ablutions of amphorae and chalices, of dishes and hands and other such things. While you justify the ingratitude and avarice of a son, by offering him the excuse of a sacrifice so that he may not give a piece of bread to those who gave birth to him and need his help and whom it is his duty to honour, because they are his parents, you are scandalised because one does not wash one’s hands. You alter and infringe the word of God in order to obey words invented by you and imposed by you as precepts. You therefore proclaim yourselves more just than God. You arrogate to yourselves the rights of legislators, whereas God alone is the Legislator of His people. You…» and He would continue, but the hostile group goes out, in the hail of accusations, bumping into the apostles and those who were in the house, guests or women helping the landlady, and who had gathered in the corridor, attracted by Jesus’ thundering voice.

300.9

Jesus, Who had stood up, sits down again, beckoning to all those present to enter where He is, and He says to them: «Listen to Me and understand the truth. There is nothing outside man which going into his mouth can make him unclean. It is what comes out of the mouth that makes him unclean. Let those who have ears hear and use their reason to understand and their will to act. And now let us go. People of Nain, persevere in good and may My peace be always with you.»

He stands up, He greets the landlord and landlady in particular and He sets out along the corridor. But He sees the friendly women, who are enraptured looking at Him and He goes towards them saying: «Peace to you as well. May Heaven reward you for assisting Me with such love that I did not regret My Mother’s table. I perceived your motherly love in every crumb of bread, in every sauce and bit of roast, in the sweet honey and in the cool scented wine. Love Me always thus, O good women of Nain. But do not work so hard for Me the next time. A piece of bread and a handful of olives, dressed with your motherly smiles and your honest good looks, are quite enough for Me. Be happy in your homes because the gratitude of the Persecuted One is upon you and He is leaving comforted by your love.»

The women, weeping in their happiness, are all on their knees, and in passing by He lightly touches their white or dark-haired heads, one by one, blessing them. He then goes out and sets out again…

The early shades of evening hide the pallor of Jesus, Who is embittered by too many things…


Notes

  1. le miracle relaté au chapitre 189.
  2. Rébecca était la mère d’Esaü et de Jacob, comme le raconte Gn 24 ; 25, 19-28. Quant à Sarah et à Rachel, on consultera les notes qui les concernent, qu’on trouvera dans la table thématique à la fin du volume.
  3. épisode relaté en 188.1, avec les renvois bibliques en note.
  4. transgressent-ils les traditions, pas la Loi. La Loi mosaïque prescrivait aux prêtres l’ablution des mains pour les actes du culte, comme en Ex 30, 19-21 ; 40, 30-32. Mais c’était la tradition qui imposait à tous les juifs de se laver les mains avant chaque repas, comme on le voit aussi en 160.2 et en 414.5/7.
  5. Dieu a dit : en Ex 20, 12 ; 21, 17 ; Lv 20, 9 ; Dt 5, 16. Corban est un terme hébraïque qui désigne ce qui a été offert au Temple. Isaïe a bien prophétisé à votre sujet : en Is 29, 13.

Notes

  1. the miracle, narrated in chapter 189.
  2. Rebekah, was the wife of Isaac and the mother of Esau and Jacob, as narrated in Genesis 24; 25:19-28.
  3. episode, as seen in 188.1.
  4. infringe the traditions, not the law. The mosaic law prescribed to priests purification of hands for religious acts, as in: Exodus 30:19-21; 40:30-32. But it was a tradition imposed by the Jews to wash one’s hands before all meals, as can be seen in 160.2 and 414.5/7.
  5. said, in: Exodus 20,12; 21,17; Leviticus 20,9; Deuteronomy 5,16.
  6. corban is a Hebrew term indicating offerings made to God in fulfilment of a vow. Often the oath was fictitious and the possessions were not actually granted but only set aside, with the purpose of avoiding to use them for the material care of the parents.
  7. Isaiah rightly said of you, in Isaiah 29,13.