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Les apôtres sont de retour dans la maison d’Antioche et avec eux les deux disciples et tous les hommes d’Antigonée, qui ne sont plus vêtus de leurs courts vêtements de travail, mais de longs habits de fête. J’en conclus que c’est le sabbat.
Philippe prie les apôtres de parler au moins une fois à tout le monde avant leur départ, désormais imminent.
« Sur quoi ?
– Sur ce que vous voudrez. Vous avez entendu ces jours-ci nos conversations, inspirez-vous-en. »
Les apôtres se regardent les uns les autres. A qui cela revient-il ? A Pierre, c’est naturel. C’est le chef ! Mais Pierre voudrait ne pas parler, et il donne à Jacques, fils d’Alphée, ou à Jean l’honneur de le commencer. Et c’est seulement quand il les voit inexorables qu’il se décide à parler.
« Aujourd’hui, nous avons entendu expliquer dans la synagogue le chapitre 52 d’Isaïe. Le commentaire en a été fait, doctement selon le monde, défectueusement selon la Sagesse.
Mais il n’y a pas lieu de le reprocher au commentateur, qui a donné ce qu’il pouvait avec sa sagesse mutilée de ce qu’il y a de meilleur : la connaissance du Messie et du temps nouveau amené par lui. Nous ne faisons pourtant pas de critiques, mais des prières pour qu’il arrive à connaître ces deux grâces et puisse les accepter sans y mettre d’obstacle.
Vous m’avez dit que, pendant la Pâque, vous avez entendu parler du Maître avec foi, mais aussi avec mépris. Et que c’est seulement grâce à la grande foi qui remplit les cœurs de la maison de Lazare, tous les cœurs, que vous avez pu résister au malaise que les insinuations des autres créaient dans votre cœur, d’autant plus que ces autres étaient justement les rabbis d’Israël.
Mais être savant ne signifie pas être saint ni posséder la vérité. La vérité, la voici : Jésus de Nazareth est le Messie promis, le Sauveur de qui parlent les prophètes, dont le dernier repose depuis peu dans le sein d’Abraham après le glorieux martyre qu’il a subi pour la justice. Jean-Baptiste a dit – et ceux qui ont entendu ses paroles sont présents ici – : “ Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. ”
Ces paroles ont été crues par les plus humbles de ceux qui sont ici, car l’humilité aide à parvenir à la foi, alors que pour les orgueilleux – empêtrés d’inutilités comme ils le sont –, le chemin est difficile pour atteindre le sommet de la montagne où, chaste et lumineuse, vit la foi. Ces humbles, parce qu’ils l’étaient et parce qu’ils ont cru, ont mérité d’être les premiers dans l’armée du Seigneur Jésus.
Voyez donc combien l’humilité est nécessaire pour avoir une foi prompte et combien on est récompensé de savoir croire, même contre les apparences contraires. Je vous exhorte et je vous pousse à faire grandir en vous ces deux vertus, car alors vous appartiendrez à l’armée du Seigneur et vous conquerrez le Royaume des Cieux…