Gli Scritti di Maria Valtorta

324. Les discours des huit apôtres avant de repartir d’Antioche.

324. I discorsi degli otto apostoli prima di ripartire da Antiochia. L’addio a Giovanni di Endor e a Sintica.

324.1

Les apôtres sont de retour dans la maison d’Antioche et avec eux les deux disciples et tous les hommes d’Antigonée, qui ne sont plus vêtus de leurs courts vêtements de travail, mais de longs habits de fête. J’en conclus que c’est le sabbat.

Philippe prie les apôtres de parler au moins une fois à tout le monde avant leur départ, désormais imminent.

« Sur quoi ?

– Sur ce que vous voudrez. Vous avez entendu ces jours-ci nos conversations, inspirez-vous-en. »

Les apôtres se regardent les uns les autres. A qui cela revient-il ? A Pierre, c’est naturel. C’est le chef ! Mais Pierre voudrait ne pas parler, et il donne à Jacques, fils d’Alphée, ou à Jean l’honneur de le commencer. Et c’est seulement quand il les voit inexorables qu’il se décide à parler.

« Aujourd’hui, nous avons entendu expliquer dans la synagogue le chapitre 52 d’Isaïe. Le commentaire en a été fait, doctement selon le monde, défectueusement selon la Sagesse.

Mais il n’y a pas lieu de le reprocher au commentateur, qui a donné ce qu’il pouvait avec sa sagesse mutilée de ce qu’il y a de meilleur : la connaissance du Messie et du temps nouveau amené par lui. Nous ne faisons pourtant pas de critiques, mais des prières pour qu’il arrive à connaître ces deux grâces et puisse les accepter sans y mettre d’obstacle.

Vous m’avez dit que, pendant la Pâque, vous avez entendu parler du Maître avec foi, mais aussi avec mépris. Et que c’est seulement grâce à la grande foi qui remplit les cœurs de la maison de Lazare, tous les cœurs, que vous avez pu résister au malaise que les insinuations des autres créaient dans votre cœur, d’autant plus que ces autres étaient justement les rabbis d’Israël.

Mais être savant ne signifie pas être saint ni posséder la vérité. La vérité, la voici : Jésus de Nazareth est le Messie promis, le Sauveur de qui parlent les prophètes, dont le dernier repose depuis peu dans le sein d’Abraham après le glorieux martyre qu’il a subi pour la justice. Jean-Baptiste a dit – et ceux qui ont entendu ses paroles sont présents ici – : “ Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde. ”

Ces paroles ont été crues par les plus humbles de ceux qui sont ici, car l’humilité aide à parvenir à la foi, alors que pour les orgueilleux – empêtrés d’inutilités comme ils le sont –, le chemin est difficile pour atteindre le sommet de la montagne où, chaste et lumineuse, vit la foi. Ces humbles, parce qu’ils l’étaient et parce qu’ils ont cru, ont mérité d’être les premiers dans l’armée du Seigneur Jésus.

Voyez donc combien l’humilité est nécessaire pour avoir une foi prompte et combien on est récompensé de savoir croire, même contre les apparences contraires. Je vous exhorte et je vous pousse à faire grandir en vous ces deux vertus, car alors vous appartiendrez à l’armée du Seigneur et vous conquerrez le Royaume des Cieux…

324.2

A ton tour, Simon le Zélote. Moi, j’ai fini. Prends la suite. »

Simon, pris ainsi à l’improviste, et si clairement désigné comme second orateur, doit s’avancer sans retard ni récrimination, ce qu’il fait en disant :

« Je vais continuer le discours de Simon-Pierre, notre chef à tous par la volonté du Seigneur. Et ce sera en m’appuyant sur le chapitre 52 d’Isaïe, vu par quelqu’un qui connaît la Vérité incarnée dont il est le serviteur, pour toujours. Il est dit : “ Lève-toi, revêts-toi de ta force, ô Sion, prends des vêtements de fête, cité du Saint. ”

Vraiment, il devrait en être ainsi. Car, quand une promesse s’accomplit, une paix se fait, une condamnation cesse et le temps de la joie arrive, les cœurs et les cités devraient prendre des vêtements de fête pour relever les fronts courbés, lorsqu’ils prennent conscience de n’être plus haïs, vaincus, frappés, mais aimés et délivrés.

Nous ne sommes pas ici pour faire un procès à Jérusalem. La charité, la première entre toutes les vertus, le défend. Cessons donc d’observer le cœur des autres et regardons le nôtre. Revêtons de force notre cœur par cette foi dont a parlé Simon, et prenons des vêtements de fête car notre foi séculaire au Messie est maintenant couronnée par la réalisation de sa venue. Le Messie, le Saint, le Verbe de Dieu, est réellement parmi nous. Ceux qui en ont la preuve, ce ne sont pas seulement les âmes qui entendent les paroles de la Sagesse qui les fortifient et répandent en elles la sainteté et la paix, ce sont aussi les corps qui, par l’œuvre du Saint auquel le Père a tout accordé, se voient délivrés des maladies les plus atroces et jusque de la mort, afin que les terres et les vallées d’Israël, notre patrie, résonnent de louanges au Fils de David et au Très-Haut, qui a envoyé son Verbe comme il l’avait promis aux patriarches et aux prophètes.

Moi qui vous parle, j’étais lépreux, destiné à mourir après des années d’angoisse cruelle, dans la solitude des bêtes fauves réservée aux lépreux. Un homme m’a dit : “ Va trouver le Rabbi de Nazareth, et tu seras guéri. ” J’ai eu foi. J’y suis allé. J’ai été guéri. Dans mon corps comme dans mon cœur : sur l’un, la maladie qui sépare des hommes est disparue, dans l’autre, la rancœur qui sépare de Dieu est aussi disparue. Et avec une âme nouvelle, après avoir été proscrit, malade, inquiet, je suis devenu son serviteur, appelé à l’heureuse mission d’aller parmi les hommes pour les aimer en son nom, et pour les instruire de la seule connaissance nécessaire : celle que Jésus de Nazareth est le Sauveur et que bienheureux sont ceux qui croient en lui.

324.3

A toi de parler, maintenant, Jacques, fils d’Alphée.

– Je suis le frère du Nazaréen. Mon père et son père étaient frères nés d’un même sein, et pourtant je ne peux pas me dire son frère, mais son serviteur. Car la paternité de Joseph, le frère de mon père, ne fut qu’une paternité spirituelle et, en vérité, je vous dis que le vrai Père de Jésus, notre Maître, c’est le Très-Haut que nous adorons. Il a permis que sa Divinité, une et trine, s’incarne dans la deuxième Personne et qu’elle vienne sur la terre tout en restant unie à Celles qui habitent le Ciel. Car Dieu peut le faire, lui l’infiniment Puissant, et il le fait par l’Amour qui est sa nature.

Jésus de Nazareth est notre Frère, ô hommes, parce qu’il est né d’une femme, et semblable à nous dans son humanité. Il est notre Maître car il est le Sage, il est la Parole même de Dieu, venue pour nous parler de Dieu, pour nous faire appartenir à Dieu. Et il est notre Dieu, étant un avec le Père et l’Esprit Saint, avec lesquels il est toujours en union d’amour, de puissance et de nature.

Que cette vérité soit en votre possession, elle qui, par des preuves manifestes, fut par grâce connue de ce Juste qu’était mon parent. Et à l’encontre du monde qui cherchera à vous arracher au Christ en disant : “ C’est un homme quelconque ”, répondez[1] : “ Non. C’est le Fils de Dieu, c’est l’Etoile née de Jacob, c’est la Verge qui se lève ici, en Israël, c’est le Dominateur. ” Ne vous laissez détourner par rien. Cela, c’est la foi.

324.4

A toi, André.

– Cela, c’est la foi. Moi, je suis un pauvre pêcheur du lac de Galilée et, dans les silencieuses nuits de pêche, sous la lumière des astres, j’avais de muettes conversations avec moi-même. Je me disais : “ Quand viendra-t-il ? Serai-je encore vivant ? Il manque encore plusieurs années, d’après la prophétie[2]. ” Pour l’homme dont la vie est limitée, même quelques dizaines d’années paraissent des siècles… Je me demandais : “ Comment viendra-t-il ? D’où ? De qui ? ” Et mon humanité obtuse me faisait rêver à des splendeurs royales, à des demeures souveraine, à des cortèges, à des sonneries retentissantes, à une puissance, à une majesté insoutenable… Et je me disais : “ Qui pourra regarder ce grand Roi ? ” Je pensais que ses manifestations inspireraient plus de terreur que Yahvé lui-même sur le Sinaï. Je me disais : “ Les Hébreux ont vu la montagne étinceler, mais ils n’ont pas été réduits en cendres car l’Eternel était au-delà des nuées. Mais ici, il nous regardera avec des yeux mortels et nous mourrons… ”

J’étais disciple de Jean-Baptiste et, dans les pauses de la pêche, j’allais le trouver avec d’autres compagnons. C’était un jour de cette lune… Les rives du Jourdain étaient pleines d’une foule qui tremblait sous les paroles de Jean-Baptiste. J’avais remarqué un jeune homme beau et calme qui, en suivant un sentier, venait vers nous. Son vêtement était modeste, son aspect plein de douceur. Il paraissait demander et donner de l’amour. Ses yeux bleus se sont posés un moment sur moi et j’ai éprouvé une sensation que je n’ai plus jamais retrouvée. J’ai eu l’impression qu’on caressait mon âme, que des ailes d’anges m’effleuraient. Pendant un moment, je me suis senti si loin de la terre, si différent, que j’ai pensé : “ Maintenant je vais mourir ! C’est l’appel de Dieu à mon âme. ”

Mais je ne suis pas mort. Je suis resté fasciné dans la contemplation du jeune inconnu qui, à son tour, avait fixé son regard bleu sur Jean-Baptiste. Celui-ci s’est retourné, a couru vers lui et s’est incliné. Ils se sont parlé. Et comme la voix de Jean était un continuel tonnerre, ses mystérieuses paroles arrivèrent jusqu’à moi qui écoutais, tendu par le désir de savoir qui était le fascinant personnage. Mon âme le sentait différent de tout le monde. Jean disait : “ C’est moi qui devrais être baptisé par toi… ” – “ Laisse faire maintenant, il convient d’accomplir toute justice… ”

Jean avait déjà dit : “ Celui dont je ne suis pas digne de dénouer les sandales va venir. ” Il avait déjà dit : “ Parmi vous en Israël, vient quelqu’un que vous ne connaissez pas. Il tient déjà le van en main et il nettoiera son aire en brûlant les pailles par son feu inextinguible. ”

J’avais devant moi un jeune homme du peuple, bienveillant et simble, et pourtant j’ai senti que c’était Celui auquel le Saint d’Israël, le dernier prophète, le Précurseur, n’était pas même digne de dénouer les sandales. J’ai senti qu’il était Celui que nous ne connaissions pas. Mais je n’en ai pas eu peur. Au contraire, quand Jean, après le ravissement suprême du tonnerre de Dieu, après l’inconcevable éclat de la Lumière en forme de colombe de paix, eut dit : “ Voici l’Agneau de Dieu ”, moi, par la voix de mon âme, dans la jubilation d’avoir pressenti le Roi Messie en ce jeune homme doux et humble, j’ai crié avec la voix de mon âme : “ Je crois ! ” C’est par cette foi que je suis son serviteur[3]. Soyez-le vous aussi et vous aurez la paix.

324.5

Matthieu, à toi de raconter les autres gloires du Seigneur.

– Moi, je ne peux me servir des paroles sereines d’André. Lui était un juste, moi un pécheur. Alors, si ma parole n’a pas l’accent joyeux d’un air de fête, elle a pourtant la paix confiante d’un psaume.

J’étais un pécheur, un grand pécheur. Je vivais dans l’erreur complète. J’étais endurci et je ne m’en sentais pas incommodé. Si quelquefois les pharisiens ou le chef de la synagogue me cinglaient de leurs insultes ou de leurs reproches, en me rappelant un Dieu qui était un Juge inexorable, j’avais un moment de terreur… et puis je me complaisais dans cette sotte idée : “ De toutes façons, désormais je suis damné. Jouissons donc, ô mes sens, tant que c’est possible. ” Et je sombrais plus que jamais dans le péché.

Il y a deux printemps, un inconnu est venu à Capharnaüm. Pour moi aussi, c’était un inconnu. Il l’était pour tout le monde, parce que c’était le commencement de sa mission. Seuls quelques hommes le connaissaient pour ce qu’il était réellement. Ceux que vous voyez, et quelques autres encore. Je fus étonné par sa merveilleuse virilité, chaste plus qu’une vierge. Ce fut la première chose qui m’a frappé. Je le voyais austère et pourtant tout disposé à écouter les enfants qui venaient à lui, comme les abeilles vont aux fleurs. Son unique distraction, c’était leurs jeux innocents et leurs propos sans malice. Puis c’est sa puissance qui m’a étonné. Il faisait des miracles. Je me suis dit : “ C’est un exorciste, un saint. ” Mais je me sentais tellement indigne devant lui que je le fuyais.

Lui me cherchait, ou j’en avais l’impression. Il ne passait pas une fois devant mon comptoir sans poser sur moi un regard doux et un peu triste. Et c’était chaque fois comme un sursaut de ma conscience engourdie, qui ne revenait plus au même niveau de torpeur.

Un jour – les gens exaltaient toujours sa parole –, j’ai eu le désir de l’écouter. Et, me cachant derrière une maison, je l’entendis parler à un petit groupe d’hommes. Il parlait familièrement sur la charité qui est comme une indulgence pour nos péchés… A partir de ce soir-là, moi qui étais avide et qui avais le cœur dur, j’ai voulu me faire pardonner par Dieu mes nombreux péchés. Je le faisais en secret… Mais lui savait que c’était moi, parce qu’il sait tout. Une autre fois, je l’ai entendu expliquer justement le chapitre 52 d’Isaïe : il disait que, dans son Royaume, la Jérusalem céleste, il n’y aurait pas d’impurs ni de gens qui n’ont pas le cœur circoncis. Il promettait cette Cité céleste, dont il célébrait les beautés, à tous ceux qui viendraient à lui, et sa parole était si persuasive que j’en ai éprouvé de la nostalgie.

Et puis… et puis… Ah ! Ce jour-là, ce ne fut pas un regard triste, mais un regard impérieux. Il m’a déchiré le cœur, mis à nu mon âme, il l’a cautérisée, prise en main, cette pauvre âme malade, et torturée par son amour exigeant… et j’eus une âme nouvelle. Je suis allé vers lui avec repentir et désir. Il n’a pas attendu que je lui dise : “ Seigneur, pitié ! ” C’est lui qui m’a dit : “ Suis-moi ! ”

Le Doux avait vaincu Satan dans le cœur du pécheur. Que cela vous apprenne, si l’un de vous est troublé par ses fautes, qu’il est le bon Sauveur et qu’il ne faut pas le fuir, mais plus on est pécheur plus il faut aller à lui avec humilité et repentir pour être pardonné.

324.6

Jacques fils de Zébédée, à toi de parler.

– Vraiment, je ne sais que dire. Vous avez parlé et dit ce que j’aurais dit, car c’est cela, la vérité, et on ne peut rien y changer.

Moi aussi, j’étais avec André au Jourdain, mais je n’ai pas remarqué le Seigneur avant l’indication de Jean-Baptiste. Moi aussi, j’ai tout de suite cru. Quand Jésus est parti après son éclatante manifestation, je suis resté comme un homme qui passe d’un sommet ensoleillé à une sombre prison. Je brûlais de retrouver le Soleil. Le monde était privé de toute lumière depuis que la Lumière de Dieu m’était apparue et avait disparu. J’étais seul au milieu des hommes. Pendant que je me rassasiais, j’avais faim. Pendant mon sommeil, la meilleure partie de moi-même veillait, et argent, métier, affections, tout s’était estompé très loin derrière ce désir ardent que j’avais de lui, et n’exerçait plus sur moi aucune attirance. Comme un enfant qui a perdu sa mère, je gémissais : “ Reviens, Agneau du Seigneur ! Très-Haut, comme tu as envoyé Raphaël[4] pour guider Tobie, envoie ton ange pour me conduire sur les chemins du Seigneur afin que je le trouve, que je le trouve, que je le trouve ! ”

Pourtant, quand il apparut, venant du désert, après des dizaines de jours[5] d’inutile attente, de recherches anxieuses qui, par leur inutilité, rendaient plus douloureuse la perte de notre Jean arrêté une première fois, moi, je ne l’ai pas immédiatement reconnu.

Et ici, mes frères dans le Seigneur, je veux vous enseigner une autre voie pour aller à lui et le reconnaître.

Pierre a dit qu’il faut foi et humilité pour le reconnaître. Simon le Zélote a réaffirmé l’absolue nécessité de la foi pour reconnaître en Jésus de Nazareth celui qui est au Ciel et sur la terre, comme cela a été dit[6]. Et le Zélote avait besoin d’une foi bien grande pour espérer aussi la guérison de son corps incurable. C’est la raison pour laquelle il dit que la foi et l’espérance sont les moyens de rencontrer le Fils de Dieu. Jacques, le frère du Seigneur, parle de la puissance de la force pour conserver ce que l’on a trouvé. La force empêche les pièges du monde et de Satan d’ébranler notre foi. André fait voir toute la nécessité d’unir à la foi une sainte soif de la justice, en cherchant à connaître et à garder la vérité, quelle que soit la bouche sainte qui l’annonce, non par orgueil humain d’être savant mais par désir de connaître Dieu. Celui qui s’instruit dans la vérité trouve Dieu.

Matthieu, autrefois pécheur, vous indique une autre voie pour atteindre Dieu : se dépouiller des sens par esprit d’imitation, je dirais en reflétant Dieu qui est Pureté infinie. Lui, le pécheur, fut d’abord frappé par la “ chaste virilité ” de l’Inconnu venu à Capharnaüm et, comme si celle-ci avait le pouvoir de faire revivre sa continence morte, il commença par s’interdire la sensualité charnelle, désencombrant ainsi la route pour la venue de Dieu et la résurrection des autres vertus mortes. De la continence, il passe à la miséricorde, de celle-ci à la contrition, après la contrition, il se domine tout entier et arrive à l’union à Dieu. “ Suis-moi”, “Je viens”. Mais son âme avait déjà dit : “ Je viens ”, et le Sauveur avait déjà dit : “ Suis-moi ! ”, à partir du moment où, pour la première fois, la vertu du Maître avait attiré l’attention du pécheur.

Imitez. Car toute expérience d’autrui, même pénible, nous guide pour éviter le mal et trouver le bien chez les hommes de bonne volonté.

En ce qui me concerne, je dis que plus l’homme s’efforce de vivre par l’esprit, plus il est capable de découvrir le Seigneur ; et la vie angélique favorise cela au suprême degré. Parmi nous, disciples de Jean, celui qui l’a reconnu après son absence, ce fut l’âme vierge. Mieux encore qu’André, il s’est fondu en Lui, bien que la pénitence ait changé le visage de l’Agneau de Dieu. Je vous dis donc : “ Soyez chastes pour pouvoir le rejoindre. ”

324.7

Jude, veux-tu parler maintenant ?

– Oui. Soyez chastes pour pouvoir le rejoindre. Mais soyez-le aussi pour pouvoir le garder en vous, avec sa sagesse, avec son amour, avec tout lui-même. C’est encore Isaïe qui dit au chapitre 52 : “ Ne touchez pas ce qui est impur… Purifiez-vous, vous qui portez les vases du Seigneur. ” C’est bien vrai que toute âme qui devient disciple est semblable à un vase plein de Dieu, et que le corps qui la contient est comme celui qui porte à Dieu le vase sacré. Dieu ne peut rester là où se trouve l’impureté.

Matthieu a dit comment le Seigneur expliquait qu’il n’y aura rien d’immonde ni de séparé de Dieu dans la Jérusalem céleste. Oui. Mais il ne faut pas être impur ici-bas, ni séparé de Dieu, pour pouvoir y entrer. Malheureux ceux qui attendent la dernière heure pour se repentir. Ils n’auront pas toujours le temps de le faire. De même que ceux qui maintenant le calomnient n’auront pas le temps de se refaire un cœur au moment de son triomphe et ne jouiront donc pas de ses fruits.

Ceux qui espèrent voir dans le Roi saint et humble un monarque terrestre, et plus encore ceux qui craignent de voir en lui un monarque terrestre, ne seront pas préparés pour cette heure ; induits en erreur, et déçus dans leur pensée, qui n’est pas la pensée de Dieu mais une pauvre pensée humaine, ils pécheront bien plus.

Il porte l’humiliation d’être l’Homme, nous devons nous le rappeler. Isaïe dit que tous nos péchés tiennent la Personne divine mortifiée sous une apparence commune. Quand je pense que le Verbe de Dieu a autour de lui, comme une croûte souillée, toute la misère de l’humanité depuis qu’elle existe, j’imagine avec une profonde compassion et une grande compréhension la souffrance que son âme sans tache doit en éprouver, la répulsion d’un homme sain qui se voit recouvert des haillons et des souillures d’un lépreux. Il a été vraiment transpercé par nos péchés, couvert de plaies par toutes les concupiscences de l’homme. Son âme, qui vit parmi nous, doit trembler à ce contact comme si elle éprouvait le dégoût de la fièvre.

Pourtant, il garde le silence. Il ne parle pas pour dire : “ Vous me faites horreur. ” Mais il ne parle que pour dire : “ Venez à moi, pour que j’enlève vos fautes. ” C’est le Sauveur. Dans son infinie bonté, il a voulu voiler son insoutenable beauté, elle qui, si elle nous était apparue telle qu’elle est au Ciel, nous aurait réduits en cendres, comme dit André. Maintenant elle s’est faite attrayante, comme celle d’un doux Agneau, pour pouvoir nous approcher et nous sauver. Son accablement, sa condamnation durera jusqu’à ce que, consumé par l’effort d’être l’Homme parfait parmi les hommes imparfaits, il se dresse au-dessus de la multitude des rachetés, dans le triomphe de sa royauté sainte. Dieu qui connaît la mort pour nous donner la Vie ! Que ces pensées vous le fassent aimer plus que tout. Il est le Saint. Je peux le dire, moi qui, avec Jacques, ai grandi avec lui. Je le dis et je le dirai, prêt à donner ma vie pour le reconnaître, pour que les hommes croient en lui et aient la vie éternelle.

324.8

Jean, à toi de parler.

– Qu’ils sont beaux[7], sur les montagnes, les pieds du messager ! Du Messager de paix, de celui qui annonce la félicité et prêche le salut, de celui qui dit à Sion : “ Ton Dieu règnera ! ” Et ces pieds marchent inlassablement depuis deux ans à travers les montagnes d’Israël, appelant les brebis du troupeau de Dieu pour les réunir, réconfortant, guérissant, pardonnant, apportant la paix. Sa paix.

Je suis vraiment étonné de voir que les collines ne tressaillent pas de joie et que les cours d’eau de notre patrie n’exultent pas d’allégresse sous la caresse de ses pieds. Mais ce qui m’étonne davantage, c’est de voir que les cœurs ne tressaillent pas et qu’ils n’exultent pas en disant : “ Louange au Seigneur ! L’Attendu est venu ! Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur ! ”, Celui qui répand grâces et bénédictions, paix et salut, et qui appelle au Royaume en nous en ouvrant le chemin, Celui, surtout, qui répand l’amour par tous ses actes ou paroles, par tous ses regards, à chacune de ses respirations.

Qu’est donc ce monde pour être aveugle devant la Lumière qui est parmi nous ? Quel rempart, plus épais que la pierre qui ferme les tombeaux, a donc emmuré la vue de l’âme pour qu’elle ne voie pas cette Lumière ? Quelle montagne de péchés ce monde porte-t-il sur lui pour être ainsi accablé, séparé, aveuglé, rendu sourd, enchaîné, paralysé, pour rester inerte devant le Sauveur ?

Qu’est-ce que le Sauveur ? C’est la Lumière unie à l’Amour. La bouche de mes frères a magnifié les louanges du Seigneur, évoqué ses œuvres, indiqué les vertus à pratiquer pour arriver à son chemin. Moi, je vous dis : aimez. Il n’y a pas de vertu plus grande et plus semblable à sa nature. Si vous aimez, vous pratiquerez toutes les vertus sans effort, en commençant par la chasteté. Et ce ne vous sera pas un poids d’être chaste car, en aimant Jésus, vous n’aimerez personne d’autre immodérément. Vous serez humbles car vous verrez en lui ses infinies perfections avec les yeux d’un amant, ainsi vous ne tirerez pas orgueil des vôtres, si petites. Vous serez croyants, et qui ne croit pas en celui qu’il aime ? Vous serez brisés par la douleur qui sauve, car votre douleur sera droite, c’est-à-dire une douleur pour la peine qui lui a été faite, non pour celle que vous méritez. Vous serez forts. Oh, oui ! Uni à Jésus, on est fort ! Fort contre tout. Vous serez pleins d’espérance car vous ne douterez pas du Cœur des cœurs qui vous aime de tout son être. Vous serez sages. Vous serez tout. Aimez Celui qui annonce la vraie félicité, qui prêche le salut, qui marche inlassablement à travers monts et vallées en appelant son troupeau pour le rassembler. C’est sur son chemin que se trouve la Paix, et la paix se trouve dans son Royaume qui n’est pas de ce monde, mais qui est vrai comme Dieu est vrai.

Abandonnez toute route qui n’est pas la sienne. Dégagez-vous de toute brume. Allez à la Lumière. Ne soyez pas comme le monde qui ne veut pas voir la Lumière, qui ne veut pas la connaître. Mais allez à notre Père qui est le Père des lumières, qui est Lumière sans mesure, par le Fils qui est la Lumière du monde, pour jouir de Dieu dans l’étreinte du Paraclet qui est la fulgurance des Lumières dans une seule béatitude d’amour, qui unit les trois Personnes en Un. Océan infini de l’Amour, sans tempêtes, sans ténèbres, accueille-nous ! Tous ! Les innocents comme les convertis. Tous ! Dans ta Paix ! Tous ! Pour l’éternité. Tous, sur la terre, pour que nous t’aimions toi, Dieu, et notre prochain comme tu le veux. Tous, dans le Ciel, pour qu’encore et toujours nous aimions, non seulement toi et les habitants célestes, mais aussi et encore nos frères qui combattent sur la terre dans l’attente de la paix, et pour que, comme les anges de l’amour, nous les défendions et les soutenions dans les luttes et les tentations, pour qu’ensuite, ils puissent être avec toi dans ta Paix, pour la gloire éternelle de notre Seigneur, Jésus, le Sauveur, l’Amant de l’homme jusqu’à l’anéantissement sans fin et sublime. »

324.9

Comme toujours, Jean, en s’élevant dans ses vols d’amour, entraîne avec lui les âmes là où l’amour se perd et dans le silence mystique.

Ce n’est qu’après un moment que la parole revient sur les lèvres des auditeurs. Et le premier à parler, c’est Philippe, s’adressant à Pierre :

« Et Jean, le pédagogue, il ne parle pas ?

– Il vous parlera continuellement à notre place. Pour l’instant, laissez-le dans sa paix et laissez-nous un peu avec lui. Toi, Saba, fais ce que je t’ai dit auparavant. Et, toi aussi, bonne Bérénice… »

324.10

Tout le monde sort, laissant dans la grande pièce les huit apôtres avec les deux disciples. Un silence grave s’installe. Ils sont tous un peu pâles, les apôtres parce qu’ils savent ce qui va arriver, les deux disciples parce qu’ils le pressentent.

Pierre prend la parole, mais ne trouve rien d’autre à dire que : « Prions », et il entonne le Notre Père. Puis – et il est vraiment pâle, comme il ne le sera peut-être pas le jour de sa mort –, il s’approche des deux disciples et dit en leur posant la main sur l’épaule :

« C’est l’heure des adieux, mes enfants. Que dois-je dire au Seigneur en votre nom, à lui qui attendra sûrement avec angoisse d’avoir des nouvelles de votre sainteté ? »

Syntica glisse à genoux en se couvrant le visage de ses mains et Jean l’imite. Pierre les a à ses pieds, et il les caresse machinalement tout en se mordant les lèvres pour ne pas céder à l’émotion.

Jean d’En-Dor lève un visage boulversé et dit :

« Tu diras au Maître que nous faisons sa volonté… »

Et Syntica :

« Qu’il nous aide à l’accomplir jusqu’à la fin… »

Mais les larmes leur interdisent de plus longues phrases.

« C’est bien. Donnons-nous le baiser d’adieu. Cette heure devait arriver… »

Pierre lui aussi s’arrête, la gorge serrée par un sanglot.

« Bénis-nous d’abord, lui demande Syntica.

– Non. Pas moi, il vaut mieux que ce soit un frère de Jésus…

– Non, c’est toi le chef. Nous, nous les bénirons par un baiser. Bénis-nous tous, tant les partants que ceux qui restent » dit Jude en s’agenouillant le premier.

Et Pierre, le pauvre Pierre, tout rougissant sous l’effort qu’il fait pour se donner de l’assurance et masquer son émotion, bénit, les mains tendues, le petit groupe qui est à ses pieds, et prononce la bénédiction mosaïque[8] d’une voix que la peine rend plus âpre, presque une voix de vieillard…

Puis il se penche, embrasse la femme sur le front comme si c’était une sœur, se relève et étreint intensément Jean, en lui donnant un baiser et… il s’échappe courageusement de la pièce pendant que les autres imitent son attitude envers les deux disciples qui restent…

Dehors, le char est déjà prêt. Il n’y a de présents que Philippe et Bérénice, ainsi que le serviteur qui tient le cheval. Pierre est déjà sur le char…

« Tu diras à mon maître d’être tranquille au sujet des disciples qu’il m’a recommandés, dit Philippe à Pierre.

– Tu diras à Marie que, depuis qu’elle est disciple, je ressens la paix d’Euchérie, dit doucement Bérénice à Simon le Zélote.

– Vous direz au Maître, à Marie, à tous, que nous les aimons et que… Adieu ! Adieu ! Ah ! Nous ne les reverrons plus ! Adieu, mes frères ! Adieu… »

Les deux disciples courent dehors sur le chemin… Mais le char, qui est parti au trot, a maintenant dépassé le tournant… Disparu…

« Syntica !

– Jean !

– Nous sommes seuls !

– Dieu est avec nous… Viens, mon pauvre Jean. Le soleil se couche, cela va te faire mal de rester ici…

– Le soleil est tombé pour toujours pour moi… Il ne se lèvera plus qu’au Ciel. »

Ils entrent dans la pièce où ils se tenaient auparavant avec les autres et, s’abandonnant sur une table, ils pleurent sans plus se retenir…

324.11

Jésus dit :

« Et le tourment causé par un homme, ce forfait que nul autre que l’homme n’avait tramé, fut accompli, en s’arrêtant comme le cours d’eau qui arrive dans un lac après avoir achevé son parcours…

Je te fais remarquer comment Jude, bien que nourri de sagesse plus que les autres, donne au passage d’Isaïe sur mes souffrances de Rédempteur une explication humaine. Et tel était Israël tout entier, qui se refusait à accepter la réalité prophétique et contemplait les prophéties relatives à mes souffrances comme des allégories et des symboles. C’est la grande erreur à cause de laquelle, à l’heure de la Rédemption, bien peu de personnes en Israël surent reconnaître le Messie dans le Condamné.

La foi n’est pas seulement une couronne de fleurs, elle a aussi des épines. Et il est saint, celui qui sait croire aux heures de gloire, mais aussi aux heures tragiques, et sait aimer quand Dieu le couvre de fleurs, mais également quand il l’étend sur les épines. »

324.1

Gli apostoli sono da capo nella casa di Antiochia e con loro sono i due discepoli e tutti gli uomini di Antigonio, non già vestiti di vesti succinte e da lavoro, ma di abiti lunghi, festivi. Da questo arguisco che sia il sabato.

Filippo prega gli apostoli di parlare almeno una volta a tutti, avanti la partenza, ormai imminente.

«Su che?».

«Su quanto volete. Avete udito in questi giorni i nostri discorsi. Regolatevi su quello».

Gli apostoli si guardano l’un l’altro. A chi tocca? A Pietro, è naturale. È il capo! Ma Pietro non vorrebbe parlare, deferendo a Giacomo d’Alfeo o a Giovanni di Zebedeo l’onore di farlo. E solo quando li vede inesorabili si decide a parlare.

«Oggi abbiamo sentito nella sinagoga spiegare il capo 52° di Isaia. Dottamente secondo il mondo, manchevolmente secondo la Sapienza, fu fatto il commento. Ma non è da farne rimprovero al commentatore, il quale ha dato ciò che poteva con la sua sapienza mutilata della parte migliore: la conoscenza del Messia e del tempo nuovo portato da Lui. Non facciamo però critiche ma preghiere, perché egli venga a conoscenza di queste due grazie e le possa accettare senza ostacolo. Voi mi avete detto che nella Pasqua sentiste parlare con fede e con scherno del Maestro. E che solo per la grande fede che riempie i cuori della casa di Lazzaro, tutti i cuori, avevate potuto resistere al disagio che le insinuazioni di altri vi mettevano in cuore, molto più che questi altri erano proprio i rabbi di Israele. Ma essere dotti non vuole dire essere santi né possedere la Verità. La Verità è questa: Gesù di Nazaret è il promesso Messia, il Salvatore del quale parlano i Profeti, l’ultimo dei quali da poco riposa nel seno d’Abramo dopo il glorioso martirio sofferto per la giustizia. Giovanni Battista ha detto, e qui sono presenti quelli che hanno udito, queste parole: “Ecco l’Agnello di Dio che leva i peccati del mondo”. Le sue parole sono state credute dai più umili fra i presenti, perché l’umiltà aiuta a giungere alla Fede, mentre ai superbi è difficile il cammino — carichi come sono di zavorra — per giungere in cima al monte dove vive casta e luminosa la Fede. Questi umili, perché erano tali e per aver creduto, hanno meritato di essere i primi nell’esercito del Signore Gesù. Vedete dunque quanto è necessaria l’umiltà per avere fede pronta, e quanto sia premiato il saper credere anche contro le apparenze contrarie. Io vi esorto e stimolo ad avere queste due qualità in voi, e allora voi sarete dell’esercito del Signore e conquisterete il Regno dei Cieli…

324.2

A te, Simone Zelote. Io ho detto. Tu continua».

Lo Zelote, preso così all’improvviso e così chiaramente indicato come secondo oratore, deve farsi avanti senza indugio né recriminazione. E lo fa dicendo:

«Continuerò il discorso di Simon Pietro, capo di noi tutti per volontà del Signore. E continuerò sempre prendendo l’argomento dal capo 52 di Isaia, visto da uno che conosce la Verità incarnata di cui è servo per sempre. È detto: “Sorgi, rivestiti della tua forza, o Sion, vestiti a festa, città del Santo”. Così veramente dovrebbe essere. Perché, quando una promessa si compie, una pace si fa, cessa una condanna e viene il tempo della gioia, i cuori e le città dovrebbero vestirsi a festa e rialzare le fronti abbattute, sentendo che non più odiati, vinti, percossi, ma amati e liberati sono. Non stiamo qui a fare il processo a Gerusalemme. La carità, prima fra tutte le virtù, lo vieta. Lasciamo dunque di osservare i cuori degli altri e guardiamo il nostro. Rivestiamo di forza il nostro cuore con quella fede della quale ha parlato Simone e vestiamoci a festa, perché la nostra fede secolare nel Messia ora si incorona della realtà della cosa. Il Messia, il Santo, il Verbo di Dio è realmente fra noi. E ne hanno la prova non soltanto le anime che si sentono dire parole di sapienza che le fortificano e infondono santità e pace, quanto anche i corpi che per opera del Santo, al quale tutto dal Padre è concesso, si vedono liberati dai morbi più atroci e persino dalla morte, perché le terre e le valli della nostra patria di Israele risuonino degli osanna al Figlio di Davide e all’Altissimo che ha mandato il suo Verbo, siccome aveva promesso ai Patriarchi e Profeti. Io che vi parlo ero lebbroso, destinato a morire, dopo anni di angoscia crudele, nella solitudine da belva propria dei lebbrosi. Un uomo mi disse: “Va’ a Lui, al Rabbi di Nazaret, e tu sarai guarito”. Ho avuto fede. Sono andato. Sono stato guarito. Nel corpo. Nel cuore. Sull’uno non più il morbo che separa dagli uomini. Nell’altro non più il rancore che separa da Dio. E con animo nuovo, da proscritto, malato, inquieto, sono divenuto il suo servo, chiamato alla felice missione di andare fra gli uomini, amandoli in nome suo, istruendoli nella sola necessaria conoscenza: quella che Gesù di Nazaret è il Salvatore e che beati sono coloro che credono in Lui.

324.3

Parla tu ora, Giacomo d’Alfeo».

«Io sono il fratello del Nazareno. Mio padre e suo padre erano fratelli nati da un seno. Ma pure non mi posso dire fratello, ma servo. Perché la paternità di Giuseppe, fratello a mio padre, fu una spirituale paternità, ed in verità vi dico che il vero Padre di Gesù, Maestro nostro, è l’Altissimo che noi adoriamo. Il quale ha permesso che la sua Divinità, Una e Trina, si incarnasse nella seconda Persona e venisse sulla Terra pur rimanendo sempre unita con Quelle che abitano il Cielo. Perché ciò Dio può fare, l’infinitamente Potente. E lo fa per l’Amore che è la sua natura. Gesù di Nazaret è il nostro fratello, o uomini, perché nato da donna e simile a noi per l’umanità sua. È il nostro Maestro perché è il Sapiente, è la Parola stessa di Dio venuta a parlarci per farci di Dio. Ed è il nostro Dio, uno essendo col Padre e con lo Spirito Santo, coi quali è sempre in unione di amore, potenza e natura. Questa verità, che con manifeste prove fu concesso conoscesse il Giusto che mi fu parente, sia pure vostro possesso. E contro al mondo che cercherà di strapparvi al Cristo dicendo: “È un uomo qualunque”, rispondete[1]: “No. È il Figlio di Dio, è la Stella nata da Giacobbe, è la Verga che si leva là in Israele, è il Dominatore”. Non lasciatevi smuovere da nessuna cosa. Questa è la Fede.

324.4

A te, Andrea».

«Questa è la Fede. Io sono un povero pescatore del lago di Galilea, e nelle silenziose notti di pesca, sotto la luce degli astri, avevo muti colloqui con me stesso. Dicevo: “Quando verrà? Sarò io vivo ancora? Molti anni ancora mancano, secondo la profezia[2]”. Per l’uomo dalla vita limitata anche poche decine d’anni sono secoli… Mi chiedevo: “Come verrà? Dove? Da chi?”. E la mia ottusità umana mi faceva sognare regali splendori, regali dimore e cortei e clangori e potenza e insostenibile maestà… E dicevo: “Chi potrà guardare questo grande Re?”. Lo pensavo più terrorizzante, nella sua manifestazione, dello stesso Jeovè sul Sinai. Mi dicevo: “Gli ebrei videro là il monte lampeggiare, ma non rimasero inceneriti perché l’Eterno era oltre i nembi. Ma qui ci guarderà con occhi mortali e noi morremo…”. Ero discepolo del Battista. E nelle pause della pesca andavo da lui, con altri compagni. Era un giorno di questa luna… Le rive del Giordano erano piene di folla che tremava sotto le parole del Battista. Avevo notato un giovane bello e calmo venire per un sentiero verso di noi. Umile la veste, dolce l’aspetto. Pareva chiedesse amore e desse amore. Il suo occhio azzurro si posò un momento su di me, ed io provai una cosa non mai più provata. Mi parve di essere carezzato sull’anima, di essere sfiorato da ali d’angelo. Mi sono per un momento sentito così lontano dalla Terra, così diverso, che ho detto: “Ora muoio! Questo è l’appello di Dio al mio spirito”. Ma non sono morto. Sono rimasto affascinato nel contemplare il giovane ignoto che, a sua volta, aveva fissato il suo sguardo azzurro sul Battista. E il Battista si volse, corse a Lui, lo inchinò. Si parlarono. E poiché la voce di Giovanni era un tuono continuo, le misteriose parole giunsero fino a me che ascoltavo, teso nel desiderio di conoscere chi era il giovane ignoto. La mia anima lo sentiva diverso da tutti. Dicevano: “Io dovrei essere battezzato da Te…”.“Lascia fare per ora. Conviene adempiere ogni giustizia”… Giovanni aveva già detto: “Verrà Colui al quale io non sono degno di sciogliere i lacci dei sandali”. Aveva già detto: “Fra di voi, in Israele, sta Uno che non conoscete. Egli tiene già in mano il ventilabro e netterà la sua aia bruciando le paglie col fuoco inestinguibile”. Io avevo davanti un giovane del popolo, dall’aspetto mite ed umile, eppure ho sentito che Egli era Colui al quale neppure il Santo di Israele, l’ultimo Profeta, il Precursore, era degno di sciogliere i calzari. Ho sentito che era Colui che noi non conoscevamo. Ma non ne ebbi paura. Anzi, quando Giovanni, dopo il superestasiante tuono di Dio, dopo l’inconcepibile splendore della Luce in forma di colomba di pace, disse: “Ecco l’Agnello di Dio”, io, con la voce dell’anima, giubilante di avere presentito il Re Messia nel giovane mite ed umile d’aspetto, ho gridato con la voce dello spirito: “Credo!”.

Per questa fede sono il suo servo[3]. Siatelo voi pure e avrete pace.

324.5

Matteo, a te narrare le altre glorie del Signore».

«Io non posso usare le parole serene di Andrea. Egli era un giusto, io ero un peccatore. Perciò non ha note di festa la mia parola, ma però ha la pace confidente di un salmo. Ero un peccatore. Un grande peccatore. Vivevo nell’errore completo. Mi ci ero indurito e non ne sentivo disagio. Se qualche volta i farisei o il sinagogo mi sferzavano dei loro insulti o dei loro rimproveri, ricordandomi Dio Giudice inesorabile, avevo un momento di terrore… e poi mi adagiavo nella stolta idea: “Tanto ormai io sono un dannato. Godiamo perciò, o sensi miei, finché lo possiamo”. E più che mai sprofondavo nel peccato. Due primavere fa venne un Ignoto a Cafarnao. Anche per me era un ignoto. Lo era per tutti poiché era all’inizio della sua missione. Solo pochi uomini lo conoscevano per ciò che era realmente. Questi che vedete e pochi altri ancora. Mi stupì la sua splendida virilità, casta più della castità[4] di una vergine. Questa la prima cosa che mi colpì. Lo vedevo austero eppure pronto ad ascoltare i bambini che andavano a Lui come le api al fiore. Unico suo svago i loro giuochi innocenti e le loro parole senza malizia. Poi mi stupì la sua potenza. Faceva miracoli. Dissi: “È un esorcista. Un santo”. Ma mi sentivo talmente obbrobrio rispetto a Lui che lo sfuggivo. Egli mi cercava. O ne avevo l’impressione. Non passava una volta vicino al mio banco senza guardarmi col suo occhio dolce e un poco mesto. E ogni volta era come un soprassalto della coscienza intorpidita, che non tornava più allo stesso livello di torpore. Un giorno — la gente magnificava sempre la sua parola — ebbi voglia di udirlo. E nascondendomi dietro uno spigolo di casa lo sentii parlare ad un gruppetto di uomini. Parlava alla buona, sulla carità che è come una indulgenza per i nostri peccati… Da quella sera io, l’esoso e duro di cuore, volli farmi perdonare da Dio molti peccati. Facevo le cose in segreto… Ma Egli sapeva che ero io, perché Egli tutto sa. Un’altra volta lo sentii spiegare proprio il capo 52 di Isaia. Diceva che nel suo Regno, nella Gerusalemme celeste, non saranno gli immondi e gli incirconcisi di cuore, e prometteva che quella Città celeste della quale diceva le bellezze con tale persuasiva parola che nostalgia di essa mi venne, sarebbe stata di chi fosse venuto a Lui. E poi,… e poi… Oh! quel giorno non fu uno sguardo di mestizia, ma di imperio. Mi lacerò il cuore, mise a nudo l’anima mia, la cauterizzò, la prese in pugno questa povera anima malata, la torturò col suo amore esigente… ed ebbi un’anima nuova. Sono andato verso di Lui con pentimento e desiderio. Non attese che gli dicessi: “Signore, pietà!”. Disse Lui: “Seguimi!”. Il Mite aveva vinto Satana nel cuore del peccatore. Questo vi dica, se alcuno fra voi è turbato da colpe, che Egli è il Salvatore buono e che non bisogna fuggirlo ma, quanto più si è peccatori, andare a Lui con umiltà e pentimento per essere perdonati.

324.6

Giacomo di Zebedeo, parla tu».

«Veramente non so cosa dire. Voi avete parlato e detto ciò che io avrei detto. Perché la verità è questa e non può mutare. Io pure ero con Andrea al Giordano, ma non mi accorsi di Lui altro che quando me lo indicò il richiamo del Battista. Pure ho subito creduto e quando Egli fu partito, dopo la sua luminosa manifestazione, io rimasi come uno che da una vetta piena di sole viene incarcerato in buia carcere. Smaniavo per ritrovare il Sole. Il mondo era tutto senza luce, dopo che m’era apparsa la Luce di Dio e poi m’era scomparsa. Fra gli uomini ero solo. Mentre mi saziavo avevo fame. Nel sonno vegliavo con la parte migliore, e denaro, mestiere, affetti, tutto, erano passati dietro questa mia smania di Lui, lontani, senza più attrattiva. Come un bambino che ha perduto la madre gemevo: “Torna, Agnello del Signore! Altissimo, come mandasti Raffaele[5] a guidare Tobia, manda il tuo angelo a condurmi sulle vie del Signore perché io lo trovi, lo trovi, lo trovi!”. Eppure, quando dopo diecine di giorni[6] di inutile attesa, di ricerche affannose — che per la loro inutilità ci facevano più crudele la perdita del nostro Giovanni, arrestato per una prima volta — Egli ci apparve sul sentiero, venendo dal deserto, io non lo riconobbi subito. E qui, fratelli nel Signore, io vi voglio insegnare un’altra via per andare a Lui e riconoscerlo. Simone di Giona ha detto che occorre fede e umiltà per riconoscerlo. Simone Zelote ha riconfermato l’assoluta necessità della fede per riconoscere in Gesù di Nazaret Colui che è, in Cielo e in Terra, secondo quanto è detto[7]. E Simone Zelote necessitava di una fede ben grande, anche per sperare per il suo corpo inesorabilmente malato. Perciò Simone Zelote dice che fede e speranza sono i mezzi per avere il Figlio di Dio. Giacomo, fratello del Signore, dice del potere della fortezza per conservare ciò che si è trovato. La fortezza che impedisce che le insidie del mondo e di Satana scalzino la nostra fede. Andrea mostra tutta la necessità di unire alla fede una santa sete di giustizia, cercando di conoscere e di ritenere la verità, quale che sia la bocca santa che l’annuncia, non per orgoglio umano d’essere dotti, ma per desiderio di conoscere Iddio. Chi si istruisce nelle verità trova Dio. Matteo, un tempo peccatore, vi indica un’altra via per la quale si raggiunge Dio: spogliarsi del senso per spirito di imitazione, direi per riflesso di Dio che è Purezza infinita. Egli, il peccatore, è per prima cosa colpito dalla “virilità casta” dell’Ignoto venuto a Cafarnao e, quasi questa avesse il potere di risuscitare la sua morta continenza, egli si interdice per prima cosa il senso carnale, sgombrando così la via alla venuta di Dio e alla risurrezione delle altre morte virtù. Dalla continenza passa alla misericordia, da questa alla contrizione, dalla contrizione al superamento di tutto se stesso e all’unione con Dio. “Seguimi”, “Vengo”. Ma la sua anima aveva già detto: “Vengo”, e il Salvatore aveva già detto: “Seguimi”, da quando per la prima volta la virtù del Maestro aveva attirato l’attenzione del peccatore. Imitate. Perché ogni esperienza altrui, anche se penosa, è guida ad evitare il male e a trovare il bene in coloro che sono di buona volontà. Io, per me, dico che più l’uomo si sforza di vivere per lo spirito e più è atto a riconoscere il Signore, e la vita angelica favorisce ciò al sommo. Fra noi, discepoli di Giovanni, colui che lo riconobbe, dopo l’assenza, fu l’anima vergine. Più ancora di Andrea egli lo riconobbe, nonostante la penitenza avesse mutato il volto dell’Agnello di Dio. Onde dico: siate casti per poterlo riconoscere.

324.7

Giuda, vuoi parlare tu, ora?».

«Sì. Siate casti per poterlo riconoscere. Ma siatelo anche per poterlo conservare in voi con la sua Sapienza, col suo Amore, con tutto Se stesso. È ancora Isaia che dice nel 52° capo: “Non toccate ciò che è impuro,… purificatevi voi che portate i vasi del Signore”. Veramente che ogni anima che si fa sua discepola è simile ad un vaso colmo del Signore, ed il corpo che la contiene è come colui che porta il vaso sacro al Signore. Non può Dio stare dove è impurità. Matteo ha detto come il Signore spiegasse che nulla di immondo e di separato da Dio sarà nella Gerusalemme celeste. Sì. Ma occorre non essere immondi quaggiù, né da Dio separati, per potervi entrare. Infelici coloro che si rimettono all’estrema ora per pentirsi. Non sempre avranno tempo di farlo. Così come coloro che ora lo calunniano non avranno tempo di rifarsi un cuore al momento del suo trionfo e non godranno perciò dei frutti di esso. Coloro che nel Re santo e umile sperano di vedere un monarca terreno, e più ancora quelli che temono di vedere in Lui un monarca terreno, saranno impreparati per quell’ora; tratti in inganno e delusi nel loro pensiero, che non è il pensiero di Dio ma un povero pensiero umano, peccheranno vieppiù. L’umiliazione di esser l’Uomo è su di Lui. Questo dobbiamo ricordarlo. Isaia lo dice che tutti i nostri peccati tengono mortificata la Persona Divina sotto un’apparenza comune. Quando io penso che il Verbo di Dio ha intorno a Sé, come una crosta sudicia, tutta la miseria dell’umanità da quando essa è, penso con profonda compassione e con profonda comprensione alla sofferenza che deve averne la sua anima senza colpa. Il ribrezzo di un sano che venisse ricoperto dei cenci e delle lordure di un lebbroso. È veramente il trafitto dai nostri peccati, il piagato da tutte le concupiscenze dell’uomo. La sua anima, vivente fra noi, deve tremare nei contatti come per ribrezzo di febbre. Eppure Egli non parla. Non apre bocca per dire: “Mi fate orrore”. Ma la apre solo per dire: “Venite a Me, che Io vi levi le vostre colpe”.

È il Salvatore. Nella sua infinita bontà ha voluto velare la sua insostenibile bellezza. Quella che, se fosse apparsa quale è nel Cielo, ci avrebbe inceneriti, come disse Andrea. Quella ora si è fatta attraente, come di Agnello mansueto, per poterci avvicinare e salvare. La sua oppressione, la sua condanna durerà finché, consumato dallo sforzo dell’essere l’Uomo perfetto fra gli uomini imperfetti, sarà innalzato sopra la moltitudine dei riscattati, nel trionfo della sua regalità santa. Dio che conosce la morte per salvare noi alla Vita! Questi pensieri ve lo facciano amare sopra ogni cosa. Egli è il Santo. Io lo posso dire, io che con Giacomo sono cresciuto con Lui. E lo dico e lo dirò, pronto a dare la mia vita per firmare questa confessione, perché gli uomini credano in Lui ed abbiano la Vita eterna.

324.8

Giovanni di Zebedeo, a te sta di parlare».

«Quanto sono belli[8] sui monti i piedi del messaggero! Del messaggero di pace, di Colui che annunzia la felicità e predica la salute, di Colui che dice a Sion: “Regnerà il tuo Dio!”. E questi piedi vanno instancabili da due anni per i monti d’Israele chiamando a raccolta le pecore del gregge di Dio, confortando, sanando, perdonando, dando pace. La sua pace. Veramente mi è stupore vedere che non ne trasalgano di gioia i colli e non esultino le acque della patria alla carezza del suo piede. Ma ciò che più mi stupisce è di vedere che non trasalgano di gioia i cuori e non esultino dicendo: “Lode al Signore! L’Atteso è venuto! Benedetto Colui che viene nel nome del Signore!”, Colui che sparge grazie e benedizioni, pace e salute, e chiama al Regno aprendocene la via, Colui, soprattutto, che effonde amore da ogni suo atto o parola, da ogni sguardo, da ogni respiro. Che è dunque questo mondo per essere cieco alla Luce che vive fra noi? Quali lastre, spesse più della pietra che è alle porte dei sepolcri, ha dunque murate sulla vista dell’anima per non vedere questa Luce? Quali montagne di peccati ha su se stesso per essere così oppresso, separato, acciecato, assordito, incatenato, paralizzato, di modo da rimanere inerte davanti al Salvatore? Cosa è il Salvatore? È la Luce fusa con l’Amore. La bocca dei miei fratelli ha magnificato le lodi del Signore, rievocato le sue opere, indicato le virtù da praticare per giungere alla sua via. Io vi dico: amate. Non c’è altra virtù più grande e più simile alla sua Natura. Se voi amerete, tutte le virtù praticherete senza fatica, cominciando dalla castità. Né vi sarà di peso essere casti, perché amando Gesù niun’altro amerete smodatamente. Sarete umili perché vedrete in Lui le sue infinite perfezioni con occhi d’amante, e perciò non insuperbirete delle vostre, minime. Sarete credenti. E chi non crede in chi ama? Sarete contriti dal dolore che salva, perché il vostro sarà retto dolore, ossia dolore per la pena a Lui data non per quella da voi meritata. Sarete forti. Oh! sì! Uniti a Gesù si è forti! Forti contro ogni cosa. Sarete pieni di speranza perché non dubiterete del Cuor dei cuori che vi ama con tutto Se stesso. Sarete sapienti. Tutto sarete. Amate Colui che annunzia la felicità vera, che predica la salute, che va instancabile per monti e valli, chiamando il gregge a raccolta, e sulla sua via è la Pace, e pace è nel suo Regno che non è di questo mondo, ma che è vero come vero è Dio.

Lasciate ogni strada che la sua non sia. Liberatevi da ogni nebbia. Andate alla Luce. Non siate come il mondo che non vuole vedere la Luce, che non la vuole conoscere. Ma andate al Padre nostro che è il Padre delle luci, che Luce senza misura è, attraverso al Figlio che è la Luce del mondo, per godere Dio nell’abbraccio del Paraclito che è il folgoreggiare delle Luci in una sola beatitudine d’amore, che i Tre accentra in Uno. Infinito oceano dell’Amore, senza tempeste, senza tenebre, accoglici! Tutti! Gli innocenti come i convertiti. Tutti! Nella tua pace! Tutti! Per l’eternità. Tutti, sulla Terra, perché amiamo Te, Dio, e il prossimo come Tu vuoi. Tutti, nel Cielo, perché ancora e sempre amiamo non solo Te e i celesti abitanti, ma anche, e ancora, i fratelli militanti sulla Terra in attesa della pace, e come angeli di amore li difendiamo e sorreggiamo nelle lotte e nelle tentazioni, perché poi possano essere teco nella tua pace, a gloria eterna del Signore nostro Gesù, Salvatore, Amatore dell’uomo, fino al limite senza limite dell’annichilimento sublime».

324.9

Come sempre, Giovanni, salendo nei suoi voli d’amore, porta seco le anime dove è rarefazione d’amore e silenzio mistico.

Solo dopo qualche tempo ritorna sulle labbra degli ascoltatori la parola. E il primo a dirla è Filippo, rivolgendosi a Pietro. «E Giovanni, pedagogo, non parla?».

«Egli vi parlerà per noi continuamente. Ora lasciatelo nella sua pace e lasciateci con lui alquanto. Tu, Saba, fa’ ciò che ti ho detto prima, e così pure tu, buona Berenice…».

324.10

Tutti escono, rimanendo nella vasta stanza gli otto coi due. Vi è un silenzio grave. Sono tutti un poco pallidi, gli apostoli perché sanno ciò che sta per accadere, i due discepoli perché lo presentono.

Pietro apre la bocca, ma non trova che questa parola: «Preghiamo», e intona il «Pater noster». Poi, ed è proprio pallido come forse non sarà nella morte, dice, andando fra i due e mettendo loro una mano sulla spalla: «È l’ora del commiato, figli. Che devo dire al Signore a nome vostro? A Lui che certo ansioso sarà di sapere la santità vostra?».

Sintica scivola in ginocchio coprendosi il volto con le mani e Giovanni la imita. Pietro li ha ai piedi e macchinalmente li carezza, mentre si morde le labbra per non cedere all’emozione.

Giovanni di Endor alza un volto straziato e dice: «Dirai al Maestro che noi facciamo la sua volontà…». E Sintica: «E che ci aiuti a compierla fino alla fine…». Ma il pianto impedisce più lunghe frasi.

«Sta bene. Diamoci il bacio di addio. Quest’ora doveva venire…». Anche Pietro si ferma, strozzato da un nodo di pianto.

«Prima benedicici», prega Sintica.

«No. Non io. Meglio uno dei fratelli di Gesù…».

«No. Tu sei il capo. Noi li benediremo col bacio. Benedicici tutti, sia noi che partiamo come essi che restano», dice il Taddeo inginocchiandosi per il primo.

E Pietro, il povero Pietro, che ora è rosso dallo sforzo di tenere ferma la voce e dall’orgasmo di benedire a mani tese verso il piccolo nucleo prono ai suoi piedi, dice, con voce fatta ancor più aspra dal pianto, una voce quasi di vecchio, la benedizione mosaica[9]… Poi si china, bacia sulla fronte la donna come fosse una sorella, alza e abbraccia, baciandolo forte, Giovanni e… scappa coraggiosamente fuori dalla stanza, mentre gli altri imitano il suo atto con i due che restano…

Fuori il carro è già pronto. Non è presente che Filippo e Berenice, e il servo che tiene il cavallo. Pietro è già sul carro…

«Dirai al padrone che abbia pace circa i suoi raccomandati», dice Filippo a Pietro.

«Dirai a Maria che io sento la pace di Eucheria da quando ella è la discepola», dice piano Berenice allo Zelote.

«Direte al Maestro, a Maria, a tutti, che li amiamo e che…

Addio! Addio! Oh! non li vedremo più! Addio, fratelli! Addio…».

Corrono fuori, sulla via, i due discepoli… Ma il carro, che è partito al trotto, ha ormai svoltato l’angolo… Sparito…

«Sintica!».

«Giovanni!».

«Siamo soli!» «Dio è con noi!… Vieni, povero Giovanni. Il sole cala, ti fa male restare qui…».

«Il sole è calato per sempre per me… Solo in Cielo risorgerà».

Ed entrano dove prima erano con gli altri, abbandonandosi su un tavolo, piangendo senza più freno…

324.11

Dice Gesù:

«E il tormento causato da un uomo, non voluto altro che dall’uomo cattivo, fu compìto, fermandosi come corso d’acqua che si ferma in un lago dopo aver fatto il suo corso…

Ti faccio osservare come anche Giuda d’Alfeo, per quanto nutrito di sapienza più degli altri, dia al brano di Isaia sulle mie sofferenze di Redentore una spiegazione umana. E così era tutto Israele, che si rifiutava di accettare la realtà profetica e contemplava le profezie sui miei dolori come allegorie e simboli. Il grande errore per cui, nell’ora della Redenzione, ben pochi in Israele seppero ancora vedere il Messia nel Condannato.

La Fede non è solo una corona di fiori. Ha spine anche. Ed è santo colui che sa credere nelle ore di gloria come nelle ore tragiche, e sa amare sia che Dio lo copra di fiori o lo adagi sulle spine».


Notes

  1. répondez : en le tirant de Nb 24, 17-19.
  2. prophétie qui se trouve en Dn 9, 22-27.
  3. je suis son serviteur : l’évocation de l’apôtre André est complétée par l’explication qu’en donne Jésus en 49.9.
  4. Raphaël est l’ange qui se révèle à Tobie (Tb 5, 4 ; 12, 15) dans le contexte du récit de Tb 5-13, auquel l’œuvre se réfère à diverses reprises, de 5.2 à 632.33. Une citation textuelle se trouve en 229.3.
  5. après des dizaines de jours (circonstance rappelée vers la fin du discours par les mots après l’absence) est une précision qui confirme l’explication donnée en 47.10 sur le temps passé entre la manifestation au Jourdain et la rencontre des premiers disciples.
  6. a été dit : en Ex 3, 14.
  7. Qu’ils sont beaux… est une citation d’Is 52, 7. Les discours des huit apôtres s’appuient presque tous sur le chapitre 52 du prophète Isaïe.
  8. la bénédiction mosaïque, prononcée en 108.6, prolongée en 363.3 et mentionnée d’autres fois ou rapportée dans l’œuvre (Jésus en utilise la formule aussi en 397.4) se trouve en Nb 6, 22-27.

Note

  1. rispondete, prendendo da: Numeri 24, 17-19.
  2. profezia, che è in: Daniele 9, 22-27.
  3. sono il suo servo. La rievocazione dell’apostolo Andrea si completa con la spiegazione data da Gesù in 49.9.
  4. più della castità, invece di più di quella, è correzione nostra.
  5. Raffaele è l’angelo che si svela a Tobia (Tobia 5, 4; 12, 15) nel contesto del racconto di Tobia 5-13, al quale l’opera attinge varie volte, da 5.2 a 632.33. Una citazione testuale è in 229.3.
  6. dopo diecine di giorni (circostanza ribadita verso la fine del discorso con le parole dopo l’assenza) è una precisazione che conferma la spiegazione data in 47.10 sul tempo intercorso tra la manifestazione al Giordano e l’incontro con i primi discepoli.
  7. è detto, in: Esodo 3, 14.
  8. Quanto sono belli… è citazione da: Isaia 52, 7. I discorsi degli otto apostoli sono, quasi tutti, fondati sul capitolo 52 del libro del profeta Isaia.
  9. la benedizione mosaica, pronunciata in 108.6, prolungata in 363.3 e altre volte menzionata o riportata nell’opera (Gesù ne usa la formula anche in 397.4), si trova in: Numeri 6, 22-27.