The Writings of Maria Valtorta

329. Au marché d’Alexandroscène.

329. In the market of Alexandroscene. The parable

329.1

La cour des trois frères est à moitié à l’ombre, à moitié au soleil. Elle est pleine de gens qui vont et viennent pour leurs achats alors que, de l’autre côté du porche, sur la petite place, on entend la rumeur du marché d’Alexandroscène avec le va-et-vient confus des acheteurs et des vendeurs, auquel se mêle le bruit des ânes, des brebis, des agneaux, des poules. On comprend qu’ici, il y a moins de complications et on apporte même les poulets au marché sans craindre de contaminations d’aucune sorte. Braiments, bêlements, gloussements des poules et cocoricos triomphants des coqs se mêlent aux voix des hommes en un joyeux chœur qui parfois atteint des notes aiguës et dramatiques à la suite de quelque empoignade.

Même dans la cour des frères, il règne un bruit confus et il se produit des altercations soit à propos du prix soit parce qu’un acheteur emporte quelque chose qu’un autre voulait acquérir. La plainte lamentable des mendiants n’est pas absente non plus : de la place, près du portail, ils font défiler la litanie de leurs misères sur un air triste comme la plainte d’un mourant.

Des soldats romains vont et viennent en maîtres dans l’entrepôt et sur la place. Je suppose que c’est un service d’ordre, car je les vois armés, et jamais seuls, parmi les Phéniciens tous armés.

Jésus lui aussi va et vient dans la cour, se promenant avec les six apôtres, comme s’il attendait le bon moment pour parler. Puis il sort un instant sur la place en passant près des mendiants auxquels il donne une obole. Les gens se distraient pendant quelques minutes pour regarder le groupe des Galiléens et se demandent qui sont ces étrangers. Et il en est qui les informent, parce qu’ils ont interrogé les trois frères qui sont leurs hôtes.

Un murmure suit les pas de Jésus qui marche tranquillement, tout en caressant les enfants qu’il trouve sur son chemin. Au milieu de ce brouhaha, on entend certes des ricanements et des qualificatifs peu flatteurs pour les Hébreux, mais aussi le désir honnête d’entendre ce “ Prophète ”, ce “ Rabbi ”, ce “ Saint ”, ce “ Messie ” d’Israël, auquel ils donnent ces noms lorsqu’ils en parlent, selon le degré de foi et de rectitude de leurs âmes.

329.2

J’entends deux mères :

« Mais est-ce que c’est vrai ?

– C’est Daniel qui me l’a dit, à moi personnellement. Il a parlé à Jérusalem avec des gens qui ont vu les miracles du Saint.

– Oui, d’accord ! Mais c’est bien cet homme-là ?

– Oh ! Daniel m’a dit que ce ne peut être que lui à cause de ce qu’il dit.

– Dans ce cas… qu’en penses-tu ? Est-ce qu’il me fera grâce même si je ne suis que prosélyte ?

– Je suppose que oui… Essaie. Il ne reviendra peut-être plus chez nous. Essaie, essaie ! Il ne te fera sûrement pas de mal !

– J’y vais » dit la petite femme en laissant en plan le vendeur de vaisselle avec lequel elle marchandait des assiettes creuses. Le vendeur qui a entendu la conversation des deux femmes, déçu, irrité à cause de la bonne affaire qui s’en va en fumée, s’en prend à la femme qui est restée et la couvre d’injures telles que : “ Prosélyte maudite, sang d’Hébreux, femme vendue ”, etc.

J’entends deux hommes graves et barbus :

« J’aimerais l’entendre. On dit que c’est un grand Rabbi.

– Un prophète, dois-tu dire. Plus grand que Jean-Baptiste. Elie m’a dit certaines choses ! Certaines choses ! Il est au courant, car il a une sœur mariée à un serviteur d’un grand homme riche d’Israël, et pour avoir de ses nouvelles, il s’informe auprès des serviteurs. Ce riche est très ami du Rabbi… »

Un troisième, un Phénicien peut-être, qui a entendu parce qu’il était tout près, amène sa figure sournoise, moqueuse entre les deux, et raille :

« Belle sainteté ! Confite dans la richesse ! A mon avis, un saint devrait vivre pauvrement !

– Tais-toi, Doro, langue maudite. Tu n’es pas digne, toi un païen, de juger de ces choses.

– Ah ! Et vous en seriez dignes, vous, et toi spécialement, Samuel ! Tu ferais mieux de me payer ce que tu me dois.

– Tiens ! Et ne me tourne plus autour, vampire à la face de faune ! »…

J’entends un vieillard à moitié aveugle, accompagné d’une fillette, qui chevrote :

– Où est-il ? Où est le Messie ? »

Et la fillette crie :

« Laissez passer le vieux Marc ! Veuillez dire au vieux Marc où se trouve le Messie ! »

Les deux voix, celle du vieillard, faible et tremblante, et celle de la fillette, argentine et assurée, se répandent en vain sur la place, jusqu’à ce qu’un autre homme dise :

« Vous voulez voir le Rabbi ? Il est revenu vers la maison de Daniel. Le voilà, arrêté, qui parle avec des mendiants. »

329.3

J’entends deux soldats romains :

« Ce doit être celui que persécutent les juifs, les bonnes peaux ! On voit, rien qu’à le regarder, qu’il vaut mieux qu’eux.

– C’est pour cela qu’il leur cause des ennuis !

– Allons le dire au porte-drapeau. C’est l’ordre.

– Un ordre stupide, Caïus ! Rome a peur des agneaux et elle supporte, il faudrait dire, caresse les tigres, dit un certain Scipion.

– Je n’en ai pas l’impression, Scipion ! Ponce massacre facilement ! Rétorque Caïus.

– Oui… mais il ne ferme pas sa maison aux hyènes qui le flattent, insiste Scipion.

– Politique, Scipion ! Politique ! Lance Caïus.

– Lâcheté, Caïus, et sottise. C’est de celui-ci qu’il devrait être l’ami, pour obtenir de l’aide pour garder dans l’obéissance cette racaille asiatique. Ponce ne sert pas bien Rome en négligeant cet homme qui est bon, et en flattant les mauvais, dit Scipion.

– Ne critique pas le Proconsul. Nous sommes des soldats, et le supérieur est sacré comme un dieu. Nous avons juré obéissance au divin César et le Proconsul est son représentant, répond Caïus.

– D’accord pour ce qui concerne notre devoir envers la Patrie, sacrée et immortelle. Mais cela ne vaut pas pour le jugement intérieur, objecte Scipion.

– Mais l’obéissance vient du jugement. Si ton jugement se révolte contre un ordre et le critique, tu n’obéiras plus totalement. Rome s’appuie sur notre obéissance aveugle pour protéger ses conquêtes, rétorque Caïus.

– On pourrait croire que tu es tribun : tu parles bien. Mais je te fais remarquer que si Rome est reine, nous ne sommes pas des esclaves, mais des sujets. Rome n’a pas, ne doit pas avoir, de citoyens esclaves. C’est l’esclavage qui impose le silence à la raison des citoyens. Moi, je dis que ma raison juge que Ponce agit mal en négligeant ce juif – appelle-le Messie, Saint, Prophète, Rabbi, comme tu voudras. Et j’ai l’impression que je peux le dire car ma fidélité à Rome n’en est pas amoindrie, pas plus que mon amour. Au contraire, je le voudrais car lorsque cet homme enseigne le respect envers les lois et les Consuls, comme il le fait, il coopère à la prospérité de Rome, observe Scipion.

– Tu es cultivé, Scipion… Tu feras ton chemin. Tu es déjà avancé ! Moi, je suis un pauvre soldat. Mais, en attendant, tu vois là ? Il y a un rassemblement autour de cet homme. Allons le dire aux chefs » conclut Caïus…

329.4

En effet, près du portail des trois frères, il y a foule autour de Jésus qui, par sa grande taille, est bien en vue. Puis tout à coup un cri s’élève, et les gens s’agitent. Certains accourent du marché alors que d’autres s’éloignent vers la place et au-delà. Questions… réponses…

« Qu’est-il arrivé ?

– Qu’est-ce qui se passe ?

– L’homme d’Israël a guéri le vieux Marc !

– Le voile de ses yeux a disparu. »

Jésus, entre-temps, est entré dans la cour avec toute une suite de gens. En arrière, se traînant péniblement, il y a l’un des mendiants, un boiteux qui se traîne avec les mains plutôt qu’avec les jambes. Mais si ses jambes sont tordues et sans force, – car, sans l’aide de béquilles, il ne saurait avancer –, sa voix est bien robuste ! On dirait une sirène qui déchire l’atmosphère ensoleillée du matin :

« Saint ! Saint ! Messie ! Rabbi ! Pitié pour moi ! »

Il ne cesse de crier à perdre haleine. Deux ou trois personnes se retournent :

« Garde ton souffle ! Marc est hébreu, pas toi.

– Il accorde des grâces aux vrais israélites, pas aux fils de chiens !

– Ma mère était juive…

– Et Dieu l’a frappée en te donnant à elle, espèce de monstre, à cause de son péché. Va-t’en, fils de louve ! Retourne à ta place, être pétri de boue… »

L’homme s’adosse au mur, humilié, effrayé par la menace des poings tendus…

Jésus s’arrête, se retourne, regarde, et ordonne :

« Homme, viens ici ! »

L’infirme le regarde, regarde ceux qui le menacent… et il n’ose avancer.

Jésus fend alors la petite foule et s’approche de lui. Il le prend par la main, ou plutôt il lui pose la main sur l’épaule, et dit :

« N’aie pas peur. Viens avec moi. »

Et, regardant les gens cruels, il déclare, l’air sévère :

« Dieu appartient à tous ceux qui le cherchent et sont miséricordieux. »

Les gens comprennent l’allusion, et ce sont eux maintenant qui restent en arrière, ou plutôt qui s’arrêtent là où ils sont.

Jésus se retourne. Il les voit là, tout confus, prêts à s’en aller, et il leur dit :

« Non, venez, vous aussi. Cela vous fera du bien à tous, cela redressera et fortifiera votre âme comme je redresse et fortifie cet homme parce qu’il a su avoir foi. Homme, je te le dis, sois guéri de ton infirmité. »

Et il retire la main de l’épaule du boiteux après que celui-ci eut éprouvé une sorte de secousse. L’homme se dresse avec assurance sur ses jambes, jette ses vieilles béquilles et s’écrie :

« Il m’a guéri ! Louange au Dieu de ma mère ! »

Puis il s’agenouille pour baiser le bord du vêtement de Jésus.

329.5

L’agitation des gens qui veulent voir, ou qui, ayant vu, font des commentaires, est à son comble. Dans le fond du porche qui mène de la place à la cour, les cris de la foule résonnent fortement et se répercutent contre les murs du Camp.

Les troupes doivent craindre qu’une rixe ait eu lieu – cela doit se produire facilement à ces endroits où il y a tant d’oppositions de races et de religions – et le porte-drapeau accourt en se frayant brutalement un chemin et en demandant ce qu’il se passe.

« Un miracle, un miracle ! Jonas, le boiteux, a été guéri ! Le voilà, près de l’homme de Galilée. »

Les soldats se regardent les uns les autres. Ils ne parlent pas jusqu’à ce que toute la foule se soit écoulée, mais en arrière, il s’en est rassemblé une autre que celle des gens qui étaient dans les magasins ou sur la place, où ne sont restés que les vendeurs pleins de dépit à cause de la diversion imprévue qui réduit à rien le marché de ce jour. Puis, voyant passer un des trois frères, ils demandent :

« Philippe, sais-tu ce que va faire maintenant le Rabbi ?

– Il parle, il enseigne, et cela dans ma cour ! » dit Philippe tout joyeux.

Les soldats s’interrogent : rester ? S’en aller ?

« Le chef nous a ordonné de surveiller…

– Qui ? L’homme ? Mais pour lui, nous pourrions jouer aux dés une amphore de vin de Chypre, dit Scipion, le soldat qui auparavant défendait Jésus auprès de son compagnon.

– Moi, je dirais que c’est lui qui a besoin qu’on le protège, pas le droit de Rome ! Vous le voyez là-bas ? De tous nos dieux, aucun n’est si doux et pourtant d’aspect si viril. Cette racaille n’est pas digne de le posséder, et les indignes sont toujours mauvais. Restons pour le protéger. A l’occasion, nous le tirerons d’affaire et nous caresserons les épaules de ces galériens, ajoute un autre avec un mélange de moquerie et d’admiration.

– Tu parles bien, Pudens. D’ailleurs, Atius, va appeler Pro­core, le chef. Il rêve toujours de complots contre Rome et… d’avancement pour lui, pour récompenser son activité toujours en éveil pour le salut du divin César et de la déesse Rome, mère et maîtresse du monde. Il pourra se persuader qu’il n’acquerra ici ni brassard ni couronne. »

329.6

Un jeune soldat part en courant, et revient de même :

« Procore ne vient pas. Il envoie le triaire Aquila…

– Bien ! Bien ! Mieux vaut lui que Cecilius Maximus lui-même. Aquila a servi en Afrique, en Gaule, et il a été dans les forêts cruelles qui nous ont enlevé Varus et ses légions. Il connaît les Grecs et les Bretons et il a un bon flair pour s’y reconnaître… Oh ! Salut ! Voilà le glorieux Aquila ! Viens, apprends-nous, à nous misérables, à reconnaître la valeur des êtres !

– Vive Aquila, chef des troupes ! » crient tous les soldats en donnant des tapes affectueuses au vieux soldat, dont on ne compte plus les cicatrices sur le visage, les bras et les mollets nus.

Lui sourit d’un air débonnaire et s’écrie :

« Vive Rome, maîtresse du monde ! Pas moi, pauvre soldat. Qu’y a-t-il donc ?

– Il faut surveiller cet homme grand et blond comme le cuivre le plus clair.

– Bien ! Mais qui est-ce ?

– Ils l’appellent le Messie. Il s’appelle Jésus et il est de Nazareth. C’est celui, tu sais, pour qui on a transmis l’ordre…

– Hum ! Peut-être… Mais il me semble que nous courons après les nuages.

– Ils disent qu’il veut se faire roi et supplanter Rome. Il a été dénoncé à Ponce par le Sanhédrin, les pharisiens, les sadducéens, et les hérodiens. Tu sais que les juifs ont ce ver dans le crâne et, de temps à autre, il en sort un roi…

– Oui, oui… Mais si c’est pour cela !… De toutes façons, écoutons ce qu’il dit. Il semble se disposer à parler.

– J’ai appris par un soldat qui est avec le centurion que Publius Quintilianus lui en a parlé comme d’un philosophe divin… Les femmes impériales en sont enthousiastes… dit un autre soldat, un jeune.

– Je le crois ! J’en serais enthousiaste moi aussi si j’étais une femme et je le voudrais bien dans mon lit, lance en riant franchement un autre jeune soldat.

– Tais-toi, impudique ! La luxure te dévore ! Plaisante un autre.

– Et pas toi, Fabius ? Anne, Sira, Alba, Marie…

– Tais-toi, Sabinus. Il parle et je veux écouter » ordonne le triaire. Tous se taisent.

329.7

Jésus est monté sur une caisse installée contre un mur, il est donc bien visible pour tout le monde. Sa douce salutation a déjà retenti et elle a été suivie par ces mots : “ Enfants d’un unique Créateur, écoutez” puis, dans le silence attentif des gens, il poursuit :

« Le temps de la Grâce est venu pour tous, non seulement pour Israël, mais pour le monde entier.

Hébreux, qui vous trouvez ici pour diverses raisons, prosélytes, Phéniciens, païens, écoutez tous la Parole de Dieu, comprenez la justice, connaissez la charité. Si vous possédez la sagesse, la justice et la charité, vous aurez le moyen d’arriver au Royaume de Dieu, à ce Royaume qui n’est pas réservé aux seuls fils d’Israël, mais à tous ceux qui désormais aimeront le vrai, l’unique Dieu et croiront à la parole de son Verbe.

329.8

Ecoutez : je suis venu de si loin non pas avec des visées d’usurpateur, ni avec la violence d’un conquérant. Je suis seulement venu pour être le Sauveur de vos âmes. La puissance, la richesse, les charges ne me séduisent pas. Elles ne sont rien pour moi, et je ne les regarde même pas. Ou plutôt, je les regarde pour m’en détourner parce qu’elles me font pitié, car ce sont autant de chaînes pour retenir votre âme prisonnière, en l’empêchant de venir au Seigneur éternel, unique, universel, saint et béni. Je les regarde et les considère comme les plus grandes misères. Et je cherche à guérir les hommes de leurs fascinantes et cruelles tromperies qui séduisent les êtres humains, pour qu’ils puissent s’en servir avec justice et sainteté, non comme des armes cruelles qui blessent et tuent l’homme, et toujours, pour commencer, l’âme de ceux qui ne savent pas s’en servir saintement.

Mais, en vérité, je vous dis que, pour moi, il est plus facile de guérir un corps difforme qu’une âme difforme. Il est plus facile de donner la lumière à des pupilles éteintes, la santé à un corps qui meurt, que de donner la lumière aux esprits et la santé aux âmes malades. Pourquoi cela ? Parce que l’homme a perdu de vue le but véritable de sa vie et se laisse absorber par ce qui est transitoire.

L’homme ne sait pas faire le bien ou ne s’en souvient pas, ou s’il s’en souvient, il ne veut pas obéir à cette sainte injonction du Seigneur – je parle aussi pour les païens qui m’écoutent –, car le bien existe à Rome comme à Athènes, en Gaule comme en Afrique : en effet, la loi morale existe sous tous les cieux, dans toute religion, dans tout cœur droit. Et les religions, depuis celle de Dieu jusqu’à celle de la morale particulière, disent que ce qu’il y a de meilleur en nous survit et que le sort de chacun sera fixé de l’autre côté selon la façon dont il se sera comporté.

La fin de l’homme est donc la conquête de la paix dans l’autre vie, non pas la ripaille, l’usure, la domination, le plaisir, ici-bas, pour un temps limité, qu’il faut payer pendant l’éternité par des tourments très durs. Eh bien ! L’homme ignore, ou ne se rappelle pas, ou ne veut pas se rappeler, cette vérité. S’il ne la connaît pas, il est moins coupable. S’il l’a oubliée, il a une certaine culpabilité, car il faut garder la vérité allumée comme un saint flambeau dans les âmes et dans les cœurs. Mais, s’il ne veut pas s’en souvenir et si, quand elle flambe, il ferme les yeux pour ne pas la voir, en la haïssant comme la voix d’un orateur pédant, alors sa faute est grave, très grave.

329.9

Et pourtant Dieu la lui pardonne, si l’âme répudie sa mauvaise façon d’agir et se propose de poursuivre, pour le reste de sa vie, la vraie fin de l’homme qui est de conquérir la paix éternelle dans le Royaume du vrai Dieu. Avez-vous jusqu’à maintenant suivi une mauvaise route ? Si vous vous êtes avilis, pensez-vous qu’il soit trop tard pour prendre le bon chemin ? Est-ce que, désolés, vous dites : “ Je ne savais rien de tout cela ! Et maintenant je suis ignorant et je ne sais pas m’y prendre ” ? Non, ne pensez pas qu’il en est comme des choses matérielles et qu’il faut beaucoup de temps et de peine pour rectifier ce qui a déjà été fait, mais avec sainteté. La bonté de l’Eternel, le vrai Seigneur Dieu, est telle qu’il ne vous fait certainement pas parcourir de nouveau à rebours le chemin déjà parcouru, pour vous ramener au carrefour où vous vous êtes trompés et avez quitté le bon sentier pour le mauvais. Elle est si grande que, dès l’instant où vous dites : “ Je veux appartenir à la Vérité ” – c’est-à-dire à Dieu parce que Dieu est Vérité – lui, par un miracle tout spirituel, répand en vous la sagesse par laquelle d’ignorants vous devenez possesseurs de la science surnaturelle, comme ceux qui la possèdent depuis des années.

Etre sage, c’est vouloir Dieu, aimer Dieu, cultiver son esprit, tendre au Royaume de Dieu en répudiant tout ce qui est chair, monde et Satan. La Sagesse, c’est l’obéissance à la loi de Dieu qui est loi de charité, de continence, d’honnêteté. Etre sage c’est aimer Dieu de tout son être, aimer son prochain comme soi-même. Ce sont les deux éléments indispensables pour être sages de la sagesse de Dieu. Et notre prochain n’est pas seulement ceux de notre sang, de notre race et de notre religion, mais tous les hommes, riches ou pauvres, sages ou ignorants, juifs, prosélytes, phéniciens, grecs, romains… »

329.10

Jésus est interrompu par des cris menaçants de certains forcenés. Il les regarde et reprend :

« Oui, c’est cela, l’amour. Je ne suis pas un maître servile. Je dis la vérité, car c’est ce que je dois faire pour semer en vous ce qui est nécessaire pour la vie éternelle. Que cela vous plaise ou non, je dois vous le dire pour faire mon devoir de Rédempteur. A vous d’accomplir le vôtre d’hommes qui ont besoin de rédemption. Aimez donc votre prochain, tout votre prochain, d’un saint amour. Non pas d’un louche concubinage d’intérêts pour lequel est “ ana­thème ” le Romain, le Phénicien, le prosélyte ou vice versa, tant que ne se mêlent pas la sensualité ou l’argent, alors que s’il y a soif de sensualité ou intérêt d’argent, les “anathèmes” disparaissent… »

La foule gronde de nouveau alors que les Romains, de leur place dans l’atrium, s’écrient :

« Par Jupiter ! Cet homme parle bien ! »

Jésus laisse la rumeur se calmer et reprend :

« Aimons le prochain comme nous voudrions être aimés. Car cela ne nous fait pas plaisir d’être maltraités, soumis à des vexations, volés, opprimés, calomniés, insultés. Les autres ont la même susceptibilité nationale ou personnelle. Ne nous faisons donc pas mutuellement le mal que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse.

Etre sage, c’est obéir aux dix Commandements de Dieu :

“Je suis le Seigneur ton Dieu. N’en aie pas d’autre que moi. N’aie pas d’idoles, ne leur rends pas de culte.

N’invoque pas le nom de Dieu en vain. C’est le nom du Seigneur, ton Dieu, et Dieu punira celui qui le galvaude sans raison ou pour des imprécations, ou encore pour valider un péché.

Souviens-toi de sanctifier les fêtes. Le sabbat est sacré pour le Seigneur qui s’y est reposé de la Création, et l’a béni et sanctifié.

Honore ton père et ta mère afin de vivre en paix longuement sur la terre et éternellement au Ciel.

Ne tue pas.

Ne commets pas d’adultère.

Ne vole pas.

Ne parle pas faussement contre ton prochain.

Ne convoite pas la maison, la femme, le serviteur, la servante, le bœuf, l’âne de ton prochain, ni quoi que ce soit d’autre qui lui appartient.

Cela, c’est la sagesse. Celui qui agit ainsi est sage et il conquiert la Vie et le Royaume sans fin. Donc à partir d’aujourd’hui, proposez-vous de vivre selon la sagesse en la faisant passer avant les pauvres jouissances de la terre.

329.11

Que dites-vous ? Parlez. Vous dites qu’il est tard ? Non. Ecoutez une parabole.

Un maître sortit au point du jour pour engager des travailleurs pour sa vigne et il convint avec eux d’un denier pour la journée.

Il sortit de nouveau à l’heure de tierce et, réfléchissant que les travailleurs engagés étaient peu nombreux, voyant d’autre part sur la place des travailleurs désœuvrés qui attendaient qu’on les embauche, il les prit et leur dit :

“ Allez à ma vigne, et je vous donnerai ce que j’ai promis aux autres.”

Et ils y allèrent. Il sortit à sexte et à none et il en vit d’autres encore. Il leur dit :

“ Voulez-vous travailler dans mon domaine? Je donne un denier par jour à mes ouvriers. ”

Ces derniers acceptèrent et ils y allèrent. Il sortit enfin vers la onzième heure et il en vit d’autres qui paressaient au coucher du soleil.

“ Que faites-vous, ainsi oisifs ? N’avez-vous pas honte de rester à ne rien faire toute la journée ? ” leur demanda-t-il.

“ Personne ne nous a engagés. Nous aurions bien voulu travailler et gagner notre nourriture, mais personne n’a eu besoin de nous. ”

“Eh bien, moi je vous embauche pour ma vigne. Allez-y et vous aurez le même salaire que les autres.”

Il parla ainsi, car c’était un bon maître et il avait pitié de l’humiliation de son prochain.

Le soir venu et les travaux terminés, l’homme appela son intendant et lui dit :

“ Appelle les travailleurs, et paie-leur leur salaire selon ce que j’ai fixé, en commençant par les derniers qui sont les plus nécessiteux puisqu’ils n’ont pas eu pendant la journée la nourriture que les autres ont reçue une fois ou plusieurs fois et qui, par reconnaissance pour ma pitié, ont travaillé plus que tous. Je les ai observés : renvoie-les, pour qu’ils aillent prendre le repos qu’ils ont bien mérité et jouir avec leur famille du fruit de leur travail. ”

Et l’intendant fit ce que le maître ordonnait en donnant à chacun un denier.

Vinrent en dernier ceux qui travaillaient depuis la première heure du jour. Ils furent étonnés de ne recevoir, eux aussi, qu’un seul denier, et ils se plaignirent entre eux et à l’intendant qui leur dit :

“ C’est l’ordre que j’ai reçu. Allez vous plaindre au maître et pas à moi. ”

Ils y allèrent et dirent :

“ Tu n’es pas juste ! Nous, nous avons travaillé douze heures, d’abord à la rosée et puis au soleil ardent, enfin de nouveau dans l’humidité du soir, et tu nous a donné le même salaire qu’à ces paresseux qui n’ont travaillé qu’une heure ! Pourquoi cela ? ”

L’un d’eux, surtout, élevait la voix en se déclarant trahi et indignement exploité.

“ Mon ami, en quoi t’ai-je fait tort ? De quoi ai-je convenu avec toi à l’aube ? Une journée de travail continu pour un denier de salaire. N’est-ce pas vrai ? ”

“ C’est vrai. Mais tu as donné la même chose à ceux qui ont si peu travaillé… ”

“ N’as-tu pas accepté ce salaire qui te paraissait conve­nable ? ”

“ Oui, j’ai accepté, parce que les autres donnaient encore moins. ”

“ T’ai-je maltraité ? ”

“ Non, en toute conscience, non. ”

“ Je t’ai accordé un long repos pendant le jour ainsi que de la nourriture, n’est-ce pas ? Je t’ai donné trois repas. Or la nourriture et le repos n’étaient pas dans le contrat, n’est-ce pas ? ”

“ Non, ils n’y étaient pas. ”

“ Dans ce cas, pourquoi donc les as-tu acceptés ? ”

“ Mais… Tu as dit : ‘ Je préfère agir ainsi pour que vous ne soyez pas trop fatigués en revenant chez vous. ’ Et cela nous semblait trop beau… Ta nourriture était bonne, c’était une économie, c’était… ”

“ C’était une faveur que je vous faisais gratuitement et personne ne pouvait y prétendre. N’est-ce pas ? ”

“ C’est vrai. ”

“ Je vous ai donc favorisés. Pourquoi donc vous lamentez-vous ? C’est moi qui devrais me plaindre de vous qui, comprenant que vous aviez affaire à un bon maître, avez travaillé nonchalamment alors que ceux qui sont venus après vous, avec le bénéfice d’un seul repas, et les derniers sans repas, travaillaient avec plus d’entrain et faisaient en moins de temps le même travail que vous en douze heures. Je vous aurais trahis si, pour les payer, je vous avais enlevé la moitié de votre salaire. Ce n’est pas mon genre. Prends donc ce qui te revient et va-t’en. Voudrais-tu venir chez moi pour m’imposer tes volontés ? Moi, je fais ce que je veux et ce qui est juste. Ne récrimine pas et ne me porte pas à l’injustice. Je suis bon. ”

329.12

O vous tous qui m’écoutez, je vous dis en vérité que Dieu le Père propose à tous les hommes les mêmes conditions et promet un même salaire. Celui qui se met au service du Seigneur avec zèle sera traité par lui avec justice, même s’il n’a pas beaucoup travaillé à cause de l’imminence de sa mort. En vérité, je vous dis que ce ne sont pas toujours les premiers qui seront les premiers dans le Royaume des Cieux, et que là-haut on verra des derniers devenir les premiers, et d’autres qui étaient les premiers être les derniers. On y verra beaucoup d’hommes, qui n’appartiennent pas à Israël, être plus saints que beaucoup d’israélites. Je suis venu appeler tout le monde, au nom de Dieu. Mais si les appelés sont nombreux, les élus sont peu nombreux, car peu nombreux sont ceux qui veulent la Sagesse. Celui qui vit du monde et de la chair, et non pas de Dieu, n’est pas sage. Il n’est sage ni pour la terre, ni pour le Ciel. Car sur la terre, il s’attire des ennemis, des punitions, des remords. Et pour le Ciel, il perd tout pour l’éternité.

Je le répète : soyez bons avec votre prochain, quel qu’il soit. Soyez obéissants, et laissez à Dieu le soin de punir celui qui donne des ordres injustes. Soyez continents en sachant résister aux sens, honnêtes en résistant à l’or. Soyez cohérents pour déclarer anathème ce qui le mérite et vous refuser à le faire quand cela vous semble juste, quitte ensuite à établir des relations avec ceux dont vous aviez d’abord maudit l’idée. Ne faites pas aux autres ce que vous ne vous ne voudriez pas qu’on vous fasse, et alors…

329.13

– Mais va-t’en, ennuyeux prophète ! Tu nous a saboté le marché !… Tu nous as enlevé les clients !… » crient les marchands en faisant irruption dans la cour… Et ceux qui avaient murmuré aux premiers enseignements de Jésus – pas seulement des Phéniciens, mais aussi des Hébreux qui se trouvent dans la ville, pour je ne sais quel motif – s’unissent aux marchands pour l’insulter, le menacer et surtout pour le chasser… Jésus ne plaît pas parce qu’il ne pousse pas au mal…

Il croise les bras et regarde, attristé, solennel.

Les gens, divisés en deux partis, en viennent aux mains pour défendre ou attaquer le Nazaréen. Insultes, louanges, malédictions, bénédictions, apostrophes telles que :

« Les pharisiens ont raison : tu es vendu à Rome, un ami des publicains et des courtisanes », ou au contraire :

« Taisez-vous, blasphémateurs ! C’est vous qui êtes vendus à Rome, Phéniciens d’enfer !

– Vous êtes des satans !

– Que l’enfer vous engloutisse !

– Sortez ! Allez-vous-en !

– Hors d’ici, voleurs qui venez faire le marché ici, usuriers », et ainsi de suite.

Les soldats interviennent alors :

« Ce n’est pas lui qui met le trouble ! Il le subit ! »

Et de leurs lances, ils font évacuer la cour et ferment le portail. Il reste avec Jésus les trois frères prosélytes et les six disciples.

« Mais comment vous est-il venu à l’idée de le faire parler ? demande le triaire aux trois frères.

– Il y en a tant qui parlent ! Répond Elie.

– Oui. Et il ne se passe rien car ils enseignent ce qui plaît à l’homme. Mais ce n’est pas cela qu’il enseigne, lui, et ils ne le di­gèrent pas… »

Le vieux soldat regarde avec attention Jésus qui est descendu de sa place et qui se tient debout, comme absent.

Au dehors, la foule est toujours en effervescence. Aussi, on fait sortir d’autres troupes de la caserne et avec elles le centurion en personne. Ils frappent et se font ouvrir, alors que d’autres restent pour repousser aussi bien ceux qui crient : “ Vive le Roi d’Israël! ”, que ceux qui le maudissent.

Le centurion s’approche, en colère, et il s’en prend violemment au vieil Aquila :

« C’est ainsi que tu fais respecter Rome, toi ? En laissant acclamer un roi étranger sur une terre soumise ? »

Le vieux soldat salue avec froideur et répond :

« Il enseignait le respect et l’obéissance et il parlait d’un royaume qui n’est pas de cette terre. C’est pour cela qu’ils le haïssent. Car il est bon et respectueux. Je n’ai pas trouvé de motif d’imposer le silence à quelqu’un qui n’attaquait pas notre loi. »

Le centurion se calme et bougonne :

« Alors c’est une nouvelle sédition de cette infecte racaille… C’est bien. Donnez l’ordre à l’homme de s’en aller sur-le-champ. Je ne veux pas d’histoires, ici. Obéissez et escortez-le hors de la ville dès que la voie sera libre. Qu’il aille où ça lui plaira, aux enfers s’il le veut, mais qu’il sorte de ma juridiction. Compris ?

– Oui. Nous allons le faire. »

Le centurion tourne le dos en faisant briller sa cuirasse et ondoyer son manteau pourpre, et s’éloigne sans même regarder Jésus.

329.14

Les trois frères disent au Maître :

« Nous sommes désolés…

– Vous n’y êtes pour rien. Et ne craignez rien, vous n’en éprouverez aucun mal. C’est moi qui vous le dis… »

Les trois hommes changent de couleur… Philippe dit :

« Comment connais-tu notre peur ? »

Jésus sourit doucement, un rayon de soleil sur son visage attristé :

« Je sais ce qu’il y a dans les cœurs et je connais l’avenir. »

Les soldats, en attendant, se sont mis au soleil. Ils lorgnent, commentent…

« Comment donc pourraient-ils nous aimer, s’ils le détestent, lui qui ne les opprime pas ?

– Et qui fait des miracles, devrais-tu dire…

– Par Hercule ! Quel est celui de nous qui est allé prévenir qu’il y avait un suspect ?

– C’est Caïus !

– Celui qui fait du zèle ! En attendant, nous avons manqué la soupe et je prévois que je vais perdre les baisers d’une jeune fille !… Ah !

– Epicurien ! Où est ta belle ?

– Ce n’est sûrement pas à toi que je vais le dire, l’ami !

– Elle est derrière le potier, du côté des Fondations. Je le sais. Je t’ai vu, il y a quelques soirs… » dit un autre.

329.15

Le triaire, comme s’il se promenait, va vers Jésus et tourne autour de lui, il le regarde, longuement. Il ne sait que dire… Jésus lui sourit pour l’encourager. L’homme ne sait que faire… Mais il s’approche un peu plus. Jésus pointe du doigt les cicatrices du vétéran :

« Toutes des blessures ? Tu es un brave et un fidèle, alors… »

Le vieux soldat rougit à ce compliment.

« Tu as beaucoup souffert pour l’amour de ta patrie et de ton empereur… Ne voudrais-tu pas souffrir un peu pour une plus grande patrie : le Ciel ? Pour un empereur éternel : Dieu ! »

Le soldat hoche la tête :

« Je suis un pauvre païen, mais il n’est pas dit que je n’arrive pas moi aussi à la onzième heure. Mais qui va m’instruire ? Tu vois !… Ils te chassent. Et ce sont là des plaies qui font mal, pas comme les miennes ! Moi, au moins, je les ai rendues aux ennemis. Mais toi, que fais-tu à ceux qui te blessent ?

– Je pardonne, soldat. Je leur offre pardon et amour.

– C’est moi qui ai raison. Le soupçon qu’ils font peser sur toi est stupide. Adieu, Galiléen.

– Adieu, Romain. »

329.16

Jésus reste seul jusqu’à ce que les frères et les disciples reviennent avec des vivres. Les frères en offrent aux soldats tandis que les disciples en offrent à Jésus. Ils prennent leur repas sans appétit, au soleil, pendant que les soldats mangent et boivent joyeusement.

Puis un soldat sort pour regarder la place silencieuse.

« Nous pouvons y aller » crie-t-il. « Ils sont tous partis. Il n’y a plus que les patrouilles. »

Jésus se lève docilement, bénit et réconforte les trois frères auxquels il donne rendez-vous pour la Pâque à Gethsémani, et il sort, encadré par les soldats, ses disciples humiliés derrière lui. Et ils suivent la route vide jusqu’à la campagne.

« Salut, Galiléen, dit le triaire.

– Adieu, Aquila. Je t’en prie : ne faites pas de mal à Daniel, Elie et Philippe. C’est moi seul, le coupable. Dis-le au centurion.

– Je ne vais rien dire. A cette heure, il ne s’en souvient même plus, et les trois frères nous fournissent un bon ravitaillement, spécialement de ce vin de Chypre que le centurion aime plus que la vie. Sois tranquille. Adieu. »

Ils se séparent. Les soldats repassent les portes. Jésus et ses apôtres se dirigent vers l’est dans la campagne silencieuse.

329.1

One half of the yard of the three brothers is in the shade, the other is in the bright sunshine. And it is full of people coming and going, doing their shopping, while outside the main door, in the little square, people are bustling about the noisy market of Alexandroscene, buying donkeys, sheep, lambs, poultry; because it is obvious that people are not so fussy here and thus they take poultry to the market without any fear of contamination. Braying, bleating, cackling of hens and triumphant cock-a-doodle-doos of cockerels mingle with the voices of people in a merry chorus, the notes of which now and again become dramatically high because of some quarrel.

The yard of the brothers is also very busy and people often wrangle over prices or because a customer has taken what somebody else intended to purchase. Then there is the querulous moaning of beggars in the square, near the main door, wailing over their misfortunes in a singsong as sad as the lamentation of a dying man.

Roman soldiers move imperiously about the square and warehouses. I suppose that they are on duty as I see that they are armed and never alone among the Phoenicians who are all armed.

Jesus also walks up and down the yard with the six apostles, waiting for the right moment to speak. He then goes out into the square, and passing near the beggars He gives them alms. People pause for a moment to look at the Galilean group and ask who the foreigners are. And there are some who tell them, as they have already enquired of the three brothers about their guests.

A murmur follows Jesus’ steps as He walks about peacefully caressing the children He meets on His way. There is also someone who sneers and utters unpleasant epithets at the Hebrews, as well as people who honestly wish to hear this «Prophet», this «Rabbi», this «Holy Man», this «Messiah» of Israel, as those are the names by which they refer to Him, according to their faith and their sense of righteousness.

329.2

I hear two mothers say: «But is it true?»

«Daniel told me himself. When in Jerusalem he spoke to people who had seen the miracles of the Holy Man.»

«Yes, I agree! But is this the same man?»

«Oh! Daniel told me that it cannot be but Him, because of what He says.»

«Well… what do you think? Will He grant me the grace, even if I am only a proselyte?»

«I would say so… Try. Perhaps He will not come back here again. Try! He will certainly not hurt you!»

«I am going» says the little woman leaving the vendor of kitchenware with whom she was haggling over some soup-plates. The man, who had heard the conversation of the two women, disappointed and irritated because a good deal had come to nothing, rails at the remaining woman: «Cursed proselyte. Jewish blood. Corrupted woman» etc. etc.

I hear two serious bearded men say: «I would like to hear Him. They say that He is a great Rabbi.»

«A Prophet, you should say. Greater than the Baptist. Elias told me certain things! Wonderful things! And he knows because his sister is married to a servant of a very wealthy man of Israel, and to get news of her he calls on his fellow-servants. That rich man is a great friend of the Rabbi…»

A third man, a Phoenician perhaps, who being close to the two has heard what they said, thrusts forth his thin satyric face between the two and says laughing scornfully: «Lovely holiness! Dressed with wealth! As far as I know a holy man should live in poverty!»

«Hold your cursed tongue, Doro. You, heathen, are not fit to judge these things.»

«Ah! You are fit, particularly you, Samuel. You had better pay me that debt of yours.»

«Here, take it, and don’t come near me any more, you faun-faced vampire!»…

I hear an old half-blind man, led by a little girl, ask: «Where is the Messiah?» and the girl says: «Make room for old Mark! Please tell old Mark where the Messiah is!»

The feeble trembling voice of the old man and the girl’s argentine and steady one spread in vain over the square, until another man says: «Do you want to go to the Rabbi? He has gone back towards Daniel’s house. There He is, standing over there, speaking to the beggars.»

329.3

I can hear two Roman soldiers say: «He must be the one whom those crooks of the Jews persecute! Only by looking at Him you can see that He is better than they are.»

«That is why He annoys them.»

«Let’s go and tell the ensign. That is the instruction.»

«How silly, O Caius! Rome bewares of lambs and puts up with, or rather I would say: caresses tigers.» (Scipio).

«I don’t think so, Scipio! Pontius puts people to death quite easily!» (Caius).

«Yes, but he does not close his house to the creeping hyenas who flatter him.» (Scipio).

«Politics, Scipio! Politics!» (Caius).

«Cowardice, Caius, and stupidity. He should make friends with this Man. He would receive help to keep this Asiatic rabble obedient. Pontius serves Rome badly by neglecting this good man and flattering wicked people.» (Scipio).

«Do not criticise our Proconsul. We are soldiers and our superior is as sacred as a god. We have sworn obedience to divine Caesar and the Proconsul is his representative.» (Caius).

«That is alright with regard to our duty towards our sacred and immortal fatherland. But not with regard to one’s personal judgment.» (Scipio).

«But obedience is based on judgment. If your judgment is against an order and criticises it, you will not obey wholeheartedly. Rome relies on our blind obedience to defend its conquests.» (Caius).

«You speak like a tribune and you are quite right. But I would point out to you that if Rome is queen, we are not slaves. We are subjects. Rome has no slave citizens, and must not have any. It is slavery to prevent citizens from speaking their minds. I say that it is my opinion that Pontius is wrong in not taking care of this Israelite, call Him Messiah, Holy, Prophet, Rabbi, as you like. And I feel that I can say so because my loyalty to Rome is in no way impaired. Neither is my love. In fact, that is what I would like, because I feel that by teaching people to respect the laws and the Consuls, He cooperates to the welfare of Rome.» (Scipio).

«You are a learned man, Scipio… You will go a long way. You are already well ahead! I am a poor soldier. But look over there. There is a group of people around the Man. Let us go and tell our superiors.» (Caius)…

329.4

In fact near the main door of the three brothers there is a group of people around Jesus, Who is well visible because of His height. Then all of a sudden a shout is heard and the people become excited. Many people rush from the market towards the group while others leave the group and run towards the square and beyond it. Questions… answers…

«What happened?»

«What is the matter?»

«The Man from Israel has cured old Mark!»

«The veil has vanished from his eyes.»

Jesus in the meantime has gone into the yard followed by a train of people. Behind them all, moving with great difficulty there is one of the beggars, a cripple, who is dragging himself along more with his hands than with his feet. But if his legs are crippled and weak, so that without crutches he would not be able to move, his voice is quite strong! He sounds like a siren rending the sunny morning air: «Holy! Holy! Messiah! Rabbi! Have mercy on me!» He is shouting at the top of his voice unrelentingly.

Two or three people turn around: «Spare your breath! Mark is a Jew, you are not.»

«He grants graces to true Israelites, not to the sons of a dog!»

«My mother was Hebrew…»

«And God struck her because of her sin, giving her a monster like you. Away, you son of a she-wolf! Go back to your place, you filthy mud…»

The man leans against the wall, he is down-hearted and frightened by threatening fists…

Jesus stops, turns around, looks at him. He orders: «Man, come here!»

The man looks at Him, looks at those threatening him… and dare not come forward.

Jesus squeezes through the little crowd and goes to him. He takes him by the hand, that is, He lays His hand on the man’s shoulder and says: «Be not afraid. Come with Me» and looking at the merciless people He says severely: «God belongs to all men who seek Him and are merciful.»

They take a hint and are now the ones to be left at the rear of the crowd, or rather, they remain where they are.

Jesus turns around again. He sees that they are embarrassed and on the point of going away, and He says to them: «No, you may come forward as well. It will do you good, too, it will straighten and fortify your souls as I am going to straighten and fortify this man, because he has faith. Man, I tell you, be cured of your infirmity.» And He takes His hand off the shoulder of the cripple, after the latter has something like a shock.

The man straightens himself up on his legs now steady, throws away his worn out crutches and shouts: «He has cured me! Praised be the God of my mother!» and he kneels down to kiss the hem of Jesus’ mantle.

329.5

The tumult of those who wish to see, or have seen and are making comments, rises to the highest pitch. In the long entrance hall leading from the square to the yard, the clamour resounds with the resonance of a well and is echoed by the walls of the Fort.

The soldiers think that there is a brawl — which is likely to be the case in places like this one with so many contrasting races and religions — and a squad rushes to the spot; they elbow their way violently through the crowd asking what is the matter.

«A miracle, a miracle! Jonah, the cripple, has been cured. There he is, over there, near the Galilean.»

The soldiers look at one another. They do not speak until the whole crowd has passed by and more people have piled up behind it coming from the warehouses and the square, where only the vendors are left; they are fretting with indignation at the sudden distraction, which has caused the market to be a complete failure that day. Then, when they see one of the three brothers pass by, they ask him: «Philip, do you know what the Rabbi is going to do now?»

«He will be speaking and teaching in my yard!» replies Philip overjoyed.

The soldiers consult with one another: «Shall we stay? Shall we go away?»

«The ensign told us to watch…»

«Whom? The Man? As far as He is concerned we may as well go and amuse ourselves dicing for an amphor of wine of Cyprus» says Scipio, the soldier who had previously defended Jesus talking to his companion.

«I would say that He is the one who needs protection, not the rights of Rome! See Him over there? Amongst all our gods there is not one so mild and yet so manly looking. The mob here are unworthy of Him. And the unworthy are always wicked. Let us stay and protect Him. If necessary we will defend Him and will dust these galley-slaves’ jackets» says another one half sarcastically and half admiringly.

«You are right, Pudens. In fact, Actius, go and call Procorus, the ensign who is always dreaming of plots against Rome… and of promotions for himself, as a reward for his keen watching over the health of divine Caesar and of goddess Rome, the mother and mistress of the world, so that he may convince himself that he will not gain any arm-band or crown here.»

329.6

A young soldier runs away and comes back at once saying: «Procorus is not coming. He is sending triarius Aquila…»

«Very well! Better him than Cecilius Maximus himself. Aquila has served in Africa, in Gaul, and in the wild forests where Varus and his legions were wiped out. He knows Greeks and Britons and he is clever at telling… Oh! Hail! Here is our glorious Aquila! Come, teach us poor wretches how to judge the value of men!»

«Long live Aquila, the master of armies!» they all shout shaking the old soldier whose face, bare arms and calves are marked with scars.

He smiles in a friendly manner and exclaims: «Long live Rome, the mistress of the world! Not me, a poor soldier. What is the matter?»

«We are to watch that tall man, whose hair is as fair as very light copper.»

«Good. But who is He?»

«They say He is the Messiah. His name is Jesus and He comes from Nazareth. You know, He is the one about whom the order was issued…»

«H’m! Maybe… But I think that we are chasing shadows.»

«They say that He wants to proclaim Himself King and supplant Rome. The Sanhedrin, Sadducees., Pharisees and Herodians have denounced Him to Pontius. You know that the Jews have that fixed idea in their heads, and a king pops up now and again…»

«I know, I know… But if they are worried about this one… In any case let us listen to what He says. I think that He is going to speak.»

«I heard from the centurion’s soldier that Publius Quintillianus said to him that He is a divine philosopher… The imperial ladies are enthusiastic for Him…» says another young soldier.

«I am sure they are! I would be enthusiastic myself if I were a woman and I would like to have him in my bed…» says another young soldier laughing wholeheartedly.

«Shut up, you wanton fellow! Lust is devouring you!» remarks another one jokingly.

«And not you, Fabius! Anna, Syra, Alba, Mary…»

«Be quiet, Sabinus, He is speaking and I want to listen to Him» orders the triarius. They all become silent.

329.7

Jesus has got onto a case placed against a wall. He can thus be seen by everybody. His kind greeting has spread through the air and is followed by the words: «Children of one only Creator, listen», and in the heedful silence of the crowd He continues.

«The Time of Grace has come not only for Israel, but for everybody in the world. Men of Israel, who are here for various reasons, proselytes, Phoenicians, Gentiles, everybody, listen to the Word of God, understand Justice and become familiar with Charity. If you have Wisdom, Justice and Charity, you have the means of attaining the Kingdom of God, which is not exclusive to the children of Israel, but belongs to all those who from now on ,will love the One True God and will believe in the word of His Word.

329.8

Listen. I have come from very far, but not with the ambition of a usurper or with the violence of a conqueror. I have come to be only the Saviour of your souls. Property, wealth, offices, do not seduce Me. They mean nothing to Me and I do not even look at them. Or rather I look at them to pity them, for I feel sorry for them, because they are chains that hold your souls prisoners, preventing them from coming to the One, Eternal, Universal, Holy, Blessed Lord. I look at them and I approach them as if they were the greatest miseries. And I endeavour to rid them of their fascinating but cruel deceit that seduces the sons of man, so that they may use them with justice and holiness, not as cruel weapons that wound and kill men, and first of all the souls of those who do not make a holy use of them.

But I solemnly tell you that it is much easier for Me to cure a deformed body than a perverted soul; it is easier for Me to give light back to blind eyes or health to a dying body, than light to souls and health to diseased spirits. Why? Because man has lost sight of the true purpose of his life and devotes himself to what is transient. Man does not know or does not remember, or although he remembers, he does not want to obey the holy order of the Lord – and I say this also to the Gentiles who are listening to Me – to do Good, which is Good in Rome as in Athens, in Gaul as in Africa, because the moral law exists under every sky, in every religion and in every righteous heart. And religions, from that of God to that of individual morals, say that our better part survives and its destiny in the next life will be according to how it acted on the earth. The aim of man, therefore, is to achieve peace in the next life, not revelry, usury, arrogance, pleasure in this world for a short time, to be paid for with the most dreadful tortures forever and ever. Well, man does not know, or does not remember, or does not want to remember that truth. If he does not know, he is less guilty. If he does not remember, he is somewhat guilty, because the truth is to be kept alight, like a holy torch, in minds and hearts. But if man does not want to remember it, and when it shines he closes his eyes not to see it, as he considers it as hateful as the voice of a pedantic rhetor, then his fault is serious, very serious indeed.

329.9

And yet God forgives it, if the soul disowns its wrong doing and proposes to pursue, for the rest of its life, man’s true purpose, which is the conquest of eternal peace in the Kingdom of the true God. Have you so far followed an evil path? Are you downhearted and are you thinking that it is late to follow the right way? Are you desolate and are you saying: “I knew nothing of all this! And now I am ignorant and I do not know what to do”? No. Do not think that it is the same as with material matters and that it takes a long time and much work to start all over again, but in a holy manner. The bounty of the Eternal True Lord God is such that He will not make you walk back all the way to put you at the junction where, erring, you left the right path for the wrong one. His bounty is such, that from the moment you say: “I want to belong to the Truth”, that is, to God, because God is Truth, God, through an entirely spiritual miracle, infuses Wisdom into you, whereby from being ignorant you become possessors of the supernatural Science, like those who have possessed it for years.

Wisdom means to want God, to love God, to cultivate one’s soul, to tend to the Kingdom of God, repudiating everything that is flesh, world, Satan. Wisdom means obedience to the Law of God, which is the law of Charity, Obedience, Continence, Honesty. Wisdom means to love God with one’s whole being and to love our neighbour as ourselves. Those are the two essential elements to be wise in the Wisdom of God. And our neighbours are not only those of our own blood, of our race and religion, but all men, whether rich or poor, wise or ignorant, Hebrews, proselytes, Phoenicians, Greeks, Romans…»

329.10

Jesus is interrupted by a threatening howling of some excited people. Jesus looks at them and says: «Yes. That is love. I am not a servile master. I speak the truth because that is what I must do to sow in you what is necessary to gain eternal Life. Whether you like it or not, I must tell you, to do My duty as Redeemer. It is for you to do your duty as souls needing Redemption. So we must love our neighbour. All our neighbours. And love them with a holy love, not in a questionable communion of interests, whereby a Roman, Phoenician or proselyte are “anathema” or viceversa, as long as there is no sensuality or money involved, whereas if you are anxious to share sensuality or money with them, they are no longer “anathema”…»

The crowd is once again in an uproar, while the Romans, from their place in the hall exclaim: «By Jove! He does speak well!»

Jesus waits for the noise to calm down, then He resumes: «We must love our neighbour as we would like to be loved ourselves. Because we do not like to be ill-treated, harassed, robbed, oppressed, calumniated, insulted. Everybody has the same national or personal feelings. Do not let us do, therefore, the evil which we would not like done to us.

Wisdom means obedience to the ten Commandments of God:

“I am the Lord your God. You shall have no gods except Me. You shall have no idols and shall not worship them.

You shall not utter the Name of God to misuse it. It is the Name of the Lord your God, and God will punish those who use it without any reason, to curse it or to validate a sin.

Remember to sanctify feast days. The Sabbath is sacred to the Lord, Who rested on it after Creation and blessed it and sanctified it.

Honour your father and your mother that you may live peacefully for a long time on the earth and eternally in Heaven.

You shall not kill.

You shall not commit adultery.

You shall not steal.

You shall not bear false witness against your neighbour.

You shall not covet your neighbour’s house; you shall not covet his wife, his servant, man or woman, or his ox, or his donkey or anything that belongs to him”.

That is Wisdom. He who does that is wise and conquers Life and the Kingdom forever. So, as from today, propose to live according to Wisdom, by preferring it to the poor things of the earth.

329.11

What are you saying? Speak up. Are you saying that it is late? No. Listen to a parable.

A landowner went out at daybreak to hire workers for his vineyard and he made an agreement with them for one denarius a day. He went out again at the third hour and thinking that the workers he had hired were too few and seeing other people idle in the square waiting to be hired, he took them and said to them: “Go to my vineyard and I will give you what I promised the others”. And they went. He went out again at the sixth hour and at the ninth and seeing some more workers, he said to them: “Will you work for me? I give my workers one denarius a day”. They agreed and went. Finally he went out about the eleventh hour and saw some more standing in the sunshine and he asked them: “Why are you standing here idle? Are you not ashamed of standing here all day without doing anything?”. “Because no one hired us for the day. We would have liked to work and earn our living. But no one asked us to go and work”. “Well, I am asking you to go to my vineyard. Go and you will have the same pay as the others”. He said so because he was a good landowner and felt sorry for the dejection of his neighbour.

In the evening, when the work was finished, the man called his bailiff and said: “Call the workers and pay them their wages, as agreed, beginning with the last arrivals, who are the most needy, as they have not had any food during the day, whereas the others have been fed once and some several times, and who out of gratitude to me, as I felt sorry for them, have worked harder than all the others; I, in fact, have been watching them. Then dismiss them so that they may go and rest, as they deserve, and may enjoy with their families the fruit of their work”. And the bailiff did as the landowner ordered, and gave each man one denarius.

When the last ones came, those who had worked from daybreak, they were surprised at receiving one denarius each and they complained to the bailiff who said to them: “That is the order I was given. Go and complain to the landowner, not to me”. And they went and said: “You have not been fair! We have worked for twelve hours, first in the dewy moisture, then in the heat of the sun and once again in the dampness of the evening, and you have given us the same wages you gave the lazy workers who worked for one hour only!… Why?”. And one of them in particular raised his voice saying that he had been betrayed and exploited undeservedly.

“My friend, in what have I wronged you? What did I agree with you at daybreak? One full day’s work and the wages of one denarius. Did I not?”.

“Yes, that is true. But you have given the same wages to those who have worked much less…”.

“Did you agree to that pay because it seemed fair?”. “Yes. I agreed because others pay less”.

“Were you ill-treated by me?”.

“In all conscience … no”.

“I granted you a long rest during the day and I gave you some food, did I not? You had three meals. And food and rest were not agreed upon. Is that right?”.

“Yes. They were not agreed upon”.

“Why did you accept them, then?”.

“Well… You said: ‘I prefer to do so, so that you will not get tired going back home’. And we could hardly believe that it was true… Your food was good, and we saved, and…”.

“It was a favour that I was doing you gratuitously and that none of you could expect. Is that right?”.

“That is true”.

“So I did you a good turn. Well, why are you complaining? I should complain of you, because, although you realized that you were dealing with a good master, you worked lazily, whereas those who came after you and had one meal only, and the last arrivals who had none at all, set to work with a will and in a shorter time they did the same work that you did in twelve hours. I would have betrayed you if I had halved your wages to pay them. But that is not the case. So take what is yours and go away. Are you going to come to my house and impose on me to do what suits you? I do what I like and what is fair. Don’t be malicious and don’t compel me to be unfair. For I am good”.

329.12

I solemnly say to all of you who are listening to Me, that the Father God makes the same agreement with all men and promises the same reward to everybody. Those who serve the Lord diligently will be treated by Him with justice, even if they do little work, being close to death. I solemnly tell you that the first will not always be the first in the Kingdom of Heaven, where we shall see that the last are first and the first are last. We shall see there that men who do not come from Israel are holier than many men of Israel… I have come to call everybody, in the name of God. But if many are called, few are chosen, because few want Wisdom. He is not wise who lives according to the world and to flesh, but not according to God. He is neither wise for the earth nor for Heaven. Because on the earth he will make enemies, will receive punishment and will feel remorse. And he will lose Heaven forever.

I repeat: be good to your neighbour, whoever he may be. Be obedient and leave to God the task of punishing those who are unjust in giving orders. Be continent by resisting sensuality, be honest by resisting gold, be coherent by saying anathema to what deserves it, not when it suits you, considering yourselves free to get in touch later with what you previously cursed. Do not do to other people what you would not like done to yourselves, and then…»

329.13

«Go away, You boring prophet! You have spoiled our market!… You have taken our customers away!…» shout the vendors, rushing into the yard… And those who had shouted previously in the yard, at the beginning of Jesus’ sermon – not only Phoenicians, but also Jews who are in this town for reasons unknown to me – join the vendors insulting, threatening and above all driving away…

They do not like Jesus because He does not advise evil things… He crosses His arms and looks sad, but solemn.

The people, divided into two groups, are quarrelling, defending or offending the Nazarene. Insults, praises, curses, blessings; some shout: «The Pharisees are right. You have sold Yourself to Rome. You are the lover of prostitutes and publicans». Some contradict them: «Be quiet, blasphemous tongues! You have sold yourselves to Rome, you infernal Phoenicians!», «You are demons!», «May hell swallow you!», «Go away!», «Go away, you thieves and usurers who have come to this market!» and so on…

The soldiers intervene saying: «Rather than an instigator, He is a victim!» And with their spears they drive everybody out of the yard and close the door.

Only the three proselyte brothers and the six disciples are left inside with Jesus.

«Why on earth did you make Him speak?» the triarius asks the three brothers.

«So many people speak!» replies Elias.

«Of course. But nothing happens, because they teach what people like. He does not. And He is a bore…» The old soldier stares at Jesus Who has got down off the case and is standing, apparently thinking of something else.

The crowds are still quarrelling outside. In fact more troops come from the barracks led by the centurion himself. They knock at the door and have it opened, while some remain outside to drive away both those who shout: «Long live the King of Israel!» and those who curse Him.

The centurion comes forward and he looks worried. His anger explodes against old Aquila: «Is that how you protect Rome? By letting people acclaim a foreign king in a subject region?»

The old soldier salutes stiffly and replies: «He was teaching respect and obedience and was speaking of a kingdom not of this earth. That is why they hate Him. Because He is good and respectful. There was no reason why I should enjoin silence on a man who was not offending our law.»

The centurion calms down and mumbles: «So it is another sedition of this foul mob… Well. Tell the man to go away at once. I do not want trouble here. Carry out my instructions and escort Him out of town as soon as the road is clear. He may go wherever He likes. To hell, if He wants. As long as He gets out of my jurisdiction. Have you understood?»

«Yes, we have, and we will act accordingly.»

The centurion turns around displaying his bright cuirass and causing his purple mantle to flutter, and he goes away without even looking at Jesus.

329.14

The three brothers say to the Master: «We are sorry…»

«It is no fault of yours. And be not afraid. No harm will happen to you. I tell you…»

The three change colour… Philip says: «How are You aware of our fear?»

Jesus smiles kindly, a smile which is like a ray of sunlight on His sad face: «I know what is in hearts and what is in the future.» The soldiers are waiting in the sunshine casting sidelong glances and making comments…

«Can they possibly love us, when they hate even that man who does not oppress them?»

«And who works miracles, you should say…»

«By Hercules! Who was it that came to tell us that there was a suspect to be watched?»

«It was Caius!»

«The zealous man! In the meantime we have missed our rations and I foresee that I am going to miss the kiss of a girl!… Ah!»

«Epicurean! Where is the beautiful girl?»

«I am certainly not going to tell you, my friend!»

«She is behind the potter’s, at the Foundations. I know. I saw you there some nights ago…» says another one.

329.15

The triarius goes towards Jesus and walks around Him, looking at Him all the time. He does not know what to say… Jesus smiles to encourage him. The man does not know what to do… But he goes closer. Jesus points to his scars: «All wounds, are they? So, you are a valiant and loyal soldier…»

The praise makes the old soldier blush.

«You have suffered very much for the sake of your Fatherland and of your emperor… Would you not be prepared to suffer something for a greater Fatherland: Heaven? For an eternal Emperor: God?»

The soldier shakes his head and says: «I am a poor pagan. But I may still arrive at the eleventh hour. But who will teach me? You have seen!… They are expelling You. And that is a wound which is sore, not mine!… At least I gave them back to my enemies. But what do You give those who hurt You?»

«Forgiveness, soldier. Forgiveness and love.»

«So, I am right. It is foolish to suspect You. Goodbye, Galilean.»

«Goodbye, Roman.»

329.16

Jesus is left alone until the three brothers and the disciples come back with some food, which the brothers offer to the soldiers, and the apostles to Jesus. They eat without relish, in the sunshine, whilst the soldiers eat and drink merrily.

Then a soldier goes out to have a look at the silent square. «We can go» he shouts. «They have all gone away. The patrols only are there.»

Jesus stands up submissively, He blesses and comforts the three brothers, with whom He fixes an appointment for Passover at Gethsemane, and He goes out, escorted by the soldiers, and followed by the mortified disciples. They proceed along the empty road until they reach the country.

«Hail, Galilean» says the triarius.

«Goodbye, Aquila. Please, do not ill-treat Daniel, Elias and Philip. I only am the guilty one. Tell the centurion.»

«I will not tell him anything. He has already forgotten all about it and the three brothers supply us with many good things, particularly with the Cyprus wine that the centurion loves more than his own life. Go in peace. Goodbye.»

They part. The soldiers go back to the gate, Jesus and His disciples set out eastwards towards the silent countryside.