The Writings of Maria Valtorta

330. Jacques et Jean deviennent “ les fils du tonnerre ”.

330. James and John of Zebedee named “the sons

330.1

Jésus traverse une région très montagneuse. Ce ne sont pas de hautes montagnes, mais une succession de montées et de descentes de collines et une quantité de torrents, joyeux en cette fraîche nouvelle saison, limpides comme le ciel, jeunes comme les premières feuilles de plus en plus nombreuses sur les branches.

Mais bien que la saison soit belle, joyeuse, apte à soulager le cœur, il ne semble pas que Jésus ait l’esprit très soulagé, et les apôtres encore moins. Ils marchent silencieusement au fond d’une vallée. Seuls des bergers et des troupeaux se présentent à leurs yeux, mais Jésus ne paraît même pas les voir.

C’est le soupir découragé de Jacques, fils de Zébédée, et ses paroles inattendues, fruit d’une réflexion soucieuse, qui attirent l’attention de Jésus… Jacques dit :

« Défaites sur défaites !… Il me semble que nous sommes maudits… »

Jésus lui pose la main sur l’épaule :

« Ne sais-tu pas que c’est le sort des meilleurs ?

– Ah ! Je le sais depuis que je suis avec toi ! Mais de temps en temps, il faudrait quelque chose de différent pour ragaillardir notre cœur et notre foi ; avant, nous étions plus fots…

330.2

– Tu doutes de moi, Jacques ? »

Quelle douleur fait trembler la voix du Maître !

« Non !… »

A vrai dire, ce “ non ” n’est pas très assuré.

« Mais pour ce qui est de douter, tu doutes. De quoi, alors ? Tu ne m’aimes plus comme autrefois ? le fait de me voir chassé, ridiculisé, ou même seulement laissé de côté sur ces confins phéniciens, a-t-il affaibli ton amour ? »

De L’émotion tremble dans les paroles de Jésus, bien qu’il n’y ait ni sanglots ni larmes. C’est vraiment son âme qui pleure.

« Pour cela non, mon Seigneur ! Au contraire, mon amour pour toi augmente quand je te vois incompris, récusé, humilié, affligé. Et pour ne pas te voir ainsi, pour pouvoir changer le cœur des hommes, je serais prêt à donner ma vie en sacrifice. Tu dois me croire ! Ne me brise pas le cœur, déjà si affligé, en pensant que tu doutes de mon amour. Sinon… Sinon, je tomberais dans des excès. Je repartirais en arrière et je me vengerais de celui qui t’afflige, pour te prouver que je t’aime, pour t’enlever ce doute, et si j’étais pris et tué cela ne m’importerait en rien. Il me suffirait de t’avoir donné une preuve d’amour.

– Oh ! Le fils du tonnerre ! D’où te vient cette véhémence ? Veux-tu donc être une foudre exterminatrice ? »

Jésus sourit de la fougue et des projets de Jacques.

« Ah ! Au moins je te vois sourire ! C’est déjà un fruit de mes projets. Qu’en dis-tu, Jean ? Devons-nous mettre en pratique ce que je pense pour consoler le Maître, humilié par tant de refus ?

– Oh, oui ! Allons-y, nous, et mettons-nous à parler. Et s’ils l’insultent encore en le traitant de roi en paroles, de roi de comédie, de roi sans argent, de roi fou, frappons dur pour qu’ils s’aperçoivent que le roi a aussi une armée de fidèles et qu’ils ne sont pas disposés à le laisser en butte au mépris. La violence est utile en certains cas. Allons-y, mon frère ! »

Lui qui est toujours doux, est tellement en colère qu’il paraît ne plus être lui-même.

330.3

Jésus s’interpose entre les deux hommes, les agrippe par le bras pour les retenir, et dit :

« Mais écoutez-les ! Qu’ai-je prêché pendant tellement de temps ? Ah ! La surprise est de taille ! Même Jean, ma colombe, s’est transformé en épervier ! Regardez-le, vous tous, voyez comme il est laid, agité, ébouriffé, déformé par la haine ! Quelle honte ! Et vous vous étonnez que des Phéniciens restent indifférents, que des Hébreux soient pleins de haine, que des Romains m’intiment l’expulsion, quand vous, les premiers, vous n’avez encore rien compris depuis deux ans que vous êtes avec moi, quand vous êtes devenus fiel, par la haine que vous avez dans le cœur, quand vous rejetez de votre âme ma doctrine d’amour et de pardon, quand vous l’expulsez comme une sottise et accueillez la violence comme une bonne alliée ! Oh, Père saint ! Cela, oui, c’est une défaite ! Au lieu d’être comme autant de faucons qui aiguisent leurs becs et leurs griffes, ne vaudrait-il pas mieux que vous soyez des anges qui prient le Père de réconforter son Fils ? Quand donc a-t-on vu un orage faire du bien par ses foudres et sa grêle ? Eh bien ! En souvenir de ce péché que vous avez commis contre la charité, en souvenir du moment où j’ai vu affleurer sur votre visage l’animal-homme au lieu de l’homme-ange que je veux toujours voir en vous, je vais vous surnommer “ les fils du tonnerre. ” »

Jésus est à moitié sérieux quand il s’adresse aux fils de Zébédée tout enflammés. Mais ses reproches ne durent pas devant leur repentir et, avec un visage que l’amour rend lumineux, il les serre contre son cœur en disant :

« Ne soyez plus jamais mauvais comme cela. Et merci pour votre amour. Et aussi pour le vôtre, mes amis » dit-il en s’adressant à André, à Matthieu et à ses deux cousins. « Venez ici que je vous embrasse vous aussi. Mais ne savez-vous pas que, si je n’avais pas d’autres joies que celle de faire la volonté de mon Père et votre amour, je serais toujours heureux même si le monde entier me giflait ? Je suis triste, non pas pour moi, pour mes défaites, comme vous dites, mais par pitié pour les âmes qui repoussent la Vie. Voilà, maintenant nous sommes tous contents, n’est-ce pas, espèces de grands enfants que vous êtes ? Alors, partons.

330.4

Allez trouver ces bergers qui sont en train de traire le troupeau et demandez-leur un peu de lait au nom de Dieu. N’ayez pas peur » dit-il en voyant la réticence des apôtres. « Obéissez avec foi. Vous aurez du lait et non des coups de bâton, même si l’homme est phénicien. »

Les six apôtres s’éloignent tandis que Jésus les attend sur la route. Et il prie pendant ce temps, ce Jésus affligé dont personne ne veut… Les apôtres reviennent avec un petit seau de lait et disent :

« L’homme a demandé que tu ailles là-bas, il doit te parler, mais il ne peut laisser les chèvres capricieuses aux petits bergers. »

Jésus répond :

« Dans ce cas, allons manger notre pain là-bas. »

Et ils se dirigent tous vers la pente sur laquelle s’accrochent les chèvres capricieuses.

330.5

« Je te remercie du lait que tu m’as donné. Que veux-tu de moi ?

– Tu es le Nazaréen, n’est-ce pas ? Celui qui fait des miracles ?

– Je suis celui qui prêche le salut éternel. Je suis le Chemin pour aller au vrai Dieu, la Vérité qui se donne, la Vie qui vous vivifie. Je ne suis pas un sorcier qui fait des prodiges. Eux sont les manifestations de ma bonté et de votre faiblesse, qui a besoin de preuves pour croire. Mais qu’attends-tu de moi ?

– Voilà… il y a deux jours, tu étais à Alexandroscène ?

– Oui. Pourquoi ?

– Moi aussi, j’y étais avec mes chevrettes et, quand j’ai compris qu’il y avait des bagarres, j’ai filé, parce qu’on a l’habitude de les provoquer pour voler ce qui se trouve sur les marchés. Ce sont tous des voleurs, ces Phéniciens… comme les autres. Je ne devrais pas dire cela, car mon père était prosélyte et ma mère syrienne, et que je suis prosélyte moi aussi. Mais c’est la vérité. Bien. Revenons à notre récit. Je m’étais mis dans une étable avec mes bêtes, en attendant le char de mon fils. Et le soir, en sortant de la ville, j’ai rencontré une femme en larmes avec une fillette dans les bras. Elle avait fait huit milles pour venir te trouver, parce qu’elle habite hors de la ville, dans la campagne. Je lui ai demandé ce qu’elle avait. C’est une prosélyte. Elle était venue pour vendre et acheter. Elle avait entendu parler de toi. Et l’espoir lui était venu au cœur. Elle avait couru chez elle et avait pris sa fillette. Mais avec un fardeau, on marche lentement ! Quand elle est arrivée au magasin des frères, tu n’y étais plus. Les frères lui ont dit : “ Ils l’ont chassé. Mais il nous a dit hier soir qu’il refera les escaliers de Tyr. ” Moi – je suis père moi aussi –, je lui ai conseillé : “ Alors va là-bas. ” Mais elle m’a répondu: “ Et si, après ce qui est arrivé, il passe par d’autres chemins pour retourner en Galilée ? ” Je lui ai dit : “ Ah ! Écoute : ce sera l’une des deux routes des frontières. Moi, je fais paître mes troupeaux entre Rohob et Lesemdan, justement sur la route des frontières entre ici et Nephtali. Si je le vois, je lui en parle. Parole de prosélyte. ” Et voilà, c’est fait.

– Et que Dieu t’en récompense. J’irai trouver la femme.

330.6

Je dois retourner à Aczib.

– Tu vas à Aczib ! Alors nous pourrons faire route ensemble si tu ne dédaignes pas un berger.

– Je ne dédaigne personne. Pourquoi vas-tu à Aczib ?

– Parce que j’y ai des agneaux. A moins que… je n’en aie plus.

– Pourquoi ?

– Parce qu’il y a la maladie… Je ne sais pas si c’est de la sorcellerie ou autre chose. Je sais que mon beau troupeau est tombé malade. C’est pour cela que j’ai amené ici les chèvres, qui sont encore saines, pour les séparer des brebis. Mes deux fils vont rester ici. En ce moment, ils sont à la ville pour les commissions. Mais je retourne là… pour les voir mourir, mes belles brebis couvertes de laine… »

L’homme soupire… Il regarde Jésus et s’excuse :

« Te parler de ces choses, à toi qui es Celui qui est, et t’affliger, toi qui es certainement déjà affligé de la façon dont ils te traitent, c’est de la sottise. Mais les brebis, nous les aimons et c’est notre fortune, tu sais…

– Je comprends, mais elles vont guérir. Ne les as-tu pas fait voir à des gens qui s’y connaissent ?

– Ils m’ont tous recommandé la même chose: “ Tue-les et vends leurs peaux. Il n’y a rien d’autre à faire ”, et ils m’ont même menacé si je les fais sortir… Ils ont peur de la maladie pour les leurs. Je dois les garder enfermées… et elles mourront en plus grand nombre. Les habitants d’Aczib sont méchants, tu sais… »

Jésus dit simplement :

« Je le sais.

– Moi, je suis sûr qu’ils me les ont ensorcelées…

– Non. Ne crois pas ces sornettes… Vas-tu partir aussitôt que tes fils seront arrivés ?

– Aussitôt. Ils vont être ici dans un moment.

330.7

Et eux, ce sont tes disciples ? Il n’y a qu’eux ?

– Non, j’en ai encore d’autres.

– Et pourquoi est-ce qu’ils ne viennent pas ici ? Une fois, près de Mérom, j’en ai rencontré un groupe. Ils avaient à leur tête un berger. C’est ce qu’on disait. C’était un homme grand, robuste, qui s’appelait Elie. C’était en octobre, me semble-t-il, avant ou après la fête des Tentes. Il t’a quitté, maintenant ?

– Aucun disciple ne m’a quitté.

– On m’avait assuré que…

– Quoi ?

– Que tu… que les pharisiens… En somme que les disciples t’avaient quitté par peur, et parce que tu étais un…

– Un démon. Dis-le simplement. Je le sais. C’est un double mérite pour toi, qui crois malgré cela.

– Et pour ce mérite, tu ne pourrais pas… mais je demande peut-être quelque chose de sacrilège…

– Parle. Si c’est mauvais, je te le dirai.

– Tu ne pourrais pas, en passant, bénir mon troupeau ? »

L’homme est tout angoissé…

« Je vais bénir ton troupeau. Celui-ci… – il lève la main pour bénir les chèvres éparses – … et celui des brebis. Crois-tu que ma bénédiction les sauve ?

– Comme tu sauves les hommes des maladies, tu pourras sauver les bêtes de la même façon. On dit que tu es le Fils de Dieu. Les brebis, c’est Dieu qui les a créées. Ce sont donc des créatures du Père. Moi… je ne savais pas s’il était respectueux de te le demander. Mais si c’est possible, fais-le, Seigneur, et je porterai au Temple de grandes offrandes de louange. Ou plutôt, non ! Je te les donnerai pour les pauvres et ce sera mieux. »

Jésus sourit et se tait.

330.8

Les fils du berger arrivent, et peu après Jésus, ses disciples et le vieux berger partent, laissant les jeunes gens à la garde des chèvres.

Ils marchent rapidement, dans l’intention d’arriver vite à Cédès pour en sortir aussitôt en essayant de rejoindre la route qui va de la mer vers l’intérieur. Ce doit être la même que celle qu’ils ont parcourue pour aller à Alexandroscène, celle qui bifurque au pied du promontoire. C’est du moins ce que je comprends d’après les conversations du berger avec les disciples. Jésus marche seul à l’avant.

« Mais n’aurons-nous pas d’autres ennuis ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Cédès ne dépend pas de ce centurion. Elle est hors des frontières phéniciennes. Les centurions, il suffit de ne pas les titiller, ils se désintéressent de la religion.

– Et puis nous ne nous y arrêtons pas…

– Est-ce que vous arriverez à faire plus de trente milles par jour ? demande le berger.

– Oh ! Nous sommes des pèlerins perpétuels ! »

Ils marchent sans arrêt… Ils arrivent à Cédès et la dépassent sans incidents. Ils prennent la route directe. Sur la borne est indiquée Aczib. Le berger la montre en disant :

« Demain, nous y serons. Cette nuit, vous viendrez avec moi. Je connais des paysans des vallées, mais beaucoup sont à l’intérieur des frontières phéniciennes… C’est bien ! Nous sortirons des frontières, et on ne nous découvrira sûrement pas tout de suite… Ah ! La surveillance ! Il vaudrait mieux l’exercer contre les voleurs !… »

Le soleil tombe et les vallées n’aident évidemment pas à garder sa lumière, boisées comme elles le sont. Mais le berger a de la pratique, et il avance avec assurance.

330.9

Ils arrivent à un petit village, plus exactement à une poignée de maisons.

« Ils vont nous accorder l’hospitalité ici, ce sont des juifs. Nous sommes vraiment à la frontière. S’ils ne veulent pas de nous, nous irons dans un autre village qui est phénicien.

– Je n’ai pas de préventions, homme. »

Ils frappent à une maison.

« C’est toi, Hanne ? Avec des amis ? Viens, viens et que Dieu soit avec toi » dit une femme très âgée.

Ils entrent dans une vaste cuisine que réjouit un grand feu. Une famille nombreuse de tous les âges est réunie à table, mais fait place poliment à ceux qui viennent d’arriver.

« Voici Jonas. Voilà sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et les belles-filles. Une famille patriarcale, fidèle au Seigneur » dit le berger Hanne à Jésus.

Puis, se tournant vers le vieux Jonas :

« Et celui qui est avec moi, c’est le Rabbi d’Israël, celui que tu désirais connaître.

– Je bénis Dieu qui me permet de lui donner l’hospitalité et d’avoir de la place, ce soir. Et je bénis le Rabbi d’être venu dans ma maison ; je demande sa bénédiction. »

Hanne explique que la maison de Jonas sert quasiment d’auberge pour les pèlerins qui vont de la mer vers l’intérieur.

Tous s’asseyent dans la cuisine chaude et les femmes servent les nouveaux arrivés. Il y a un tel respect qu’il en est paralysant. Mais Jésus détend la situation en prenant autour de lui, tout de suite après le repas, les nombreux enfants et en s’intéressant à eux, qui sympathisent aussitôt. Derrière eux, dans le bref espace de temps qui sépare le dîner du repos, les hommes de la maison s’enhardissent, racontent ce qu’ils ont appris sur le Messie et demandent des détails supplémentaires. Et Jésus rectifie, confirme, explique avec bienveillance, dans une paisible conversation, jusqu’à ce que pèlerins et gens de la famille aillent se reposer après avoir reçu la bénédiction de Jésus.

330.1

Jesus is walking across a very mountainous region. The mountains are not high, but the road runs up and down hills all the time; and there are many torrents, which flow merrily in the cool fresh season and are as clear as the sky and as fresh as the first leaves that are beginning to grow more and more copiously on the trees. But although the season is so beautiful and cheerful as to comfort one’s heart, Jesus’ humour does not appear to be much relieved and the apostles look even more worried than He is. They are walking very quietly along the bottom of a valley. Shepherds and flocks are the only visible life. But Jesus does not even seem to see them.

A down-hearted sigh of James of Zebedee and his sudden words, the obvious result of a concerned mind, draw Jesus’ attention… James says: «And defeats!… and defeats!… We seem to be cursed»

Jesus lays a hand on his shoulder: «Do you not know that that is the lot of the better ones?»

«Eh! I know since I have been with You! But now and again we would need something different, which we did get in the past, to cheer up hearts and faith…»

330.2

«Do you doubt Me, James?» How much grief there is in Jesus’ trembling voice.

«No!…» His “no” is certainly not a very definite one.

«But you do doubt. What, then? Do you no longer love Me as you did before? The fact that you have seen Me expelled, derided, or only neglected near the Phoenician borders, has perhaps weakened your love, has it?» There is deep grief in Jesus’ trembling words, although there are no sobs or tears. His very soul is weeping.

«No, my Lord, not that! On the contrary, the more I see You misunderstood, rejected, humiliated, afflicted, the more my love for You increases. And I would willingly offer my life as a sacrifice in order not to see You thus, and to be able to change the hearts of men. You must believe me. Do not crush my heart, which is already so depressed, by doubting that I do not love You. Otherwise… otherwise I will go to extremes. I will go back and I will revenge myself upon those who grieve You, to prove that I love You, to remove Your doubt, and if they catch me and kill me, I will not care in the least. I will be satisfied with giving You a proof of my love.»

«Oh! son of thunder! Whence so much impetuosity? Do you want to be an exterminating thunderbolt?» Jesus smiles at the ardour and intentions of James.

«Oh! At least I see You smile! That is already one result of my intentions. What do you say, John? Shall we carry out my intentions to relieve the Master, Who is depressed because of so many repulses?»

«Oh! yes. Let us go. We will go back and speak to them. And if they still insult Him saying that He is king only by word, or is a laughing-stock king, a penniless or a mad king, we will give them a good thrashing until they realize that the king has an army of faithful men, who are not prepared to stand their mockery. Violence can be useful at times. Let’s go, brother!» John replies to him, and angry as he is, he seems to be another man, so different from the ever mild John.

330.3

Jesus places Himself between the two, catches them by the arms to hold them back and says: «Just listen to them! And what have I been preaching for such a long time? Oh! What a wonderful surprise! Even John, My dove, has become a hawk! Look how ugly, gloomy, perturbed he looks, disfigured by hatred. Oh! shame! And you are surprised because some Phoenicians remain indifferent, some Jews are resentful, some Romans expelled Me, while you are the first who have not understood anything after being with Me for two years, and you have become gall because of the hatred in your hearts, and you cast My doctrine of love and forgiveness out of your hearts and you reject it as if it were a foolish thing, and you welcome violence as a good ally! Oh! Holy Father! This is a defeat indeed! Instead of being hawks sharpening their beaks and claws, would it not be better if you were angels praying the Father to give relief to His Son? When has a storm ever done any good with its thunderbolts and hailstones? Well, in memory of this sin of yours against Charity, in memory of the moment when I saw the animal-man come to light on your faces instead of the man-angel whom I always wish to see in you, I will call you “the sons of thunder”.»

Jesus is half serious while speaking to the two excited sons of Zebedee. But His reproach does not last long, because as soon as they repent He clasps them both to His heart, His face shining with love, saying: «Never again do I want to see you like that. And thank you for your love. And thank you for yours, My friends» He says addressing Andrew, Matthew and His two cousins. «Come here, that I may embrace you as well. Do you not know that if I had nothing else but the joy of doing the will of My Father and your love, I would always be happy, even if the whole world smacked Me? I am sad, not about Myself, or about My defeats, as you call them, but because I feel sorry for the souls that reject Life. Good, we are all happy now, are we not, you big babies?

Come on, then.

330.4

Go to those shepherds who are milking the sheep and ask them to give you some milk in the name of God. Be not afraid» He says seeing the desolate look of the apostles. «Obey with faith. You will get milk, not a thrashing, even if the man is a Phoenician.»

And the six go off while Jesus waits for them on the road. And the sad Jesus, Whom no one wants, prays in the meantime…

The apostles come back with a little pail of milk, and they say: «The man asks You to go over there, he wants to speak to You, but he cannot leave his unreliable goats to young shepherds.»

Jesus says: «Well, let us go there and eat their bread.»

And they go to the edge of the ditch where the goats are chewing precariously.

330.5

«Thank you for the milk you have given Me. What do you want of Me?»

«You are the Nazarene, are You not? The one who works miracles?»

«I am the one who preaches Eternal Salvation. I am the Way to go to the true God, the Truth that gives itself, the Life that enlivens you. I am not a wizard that works wonders. The miracles that I work are a manifestation of My goodness and of your weakness that needs proofs in order to believe. But what do you want of Me?»

«Well… Were You at Alexandroscene two days ago?»

«Yes, I was. Why?»

«I was there, too, with my kids, and when I realized that there was going to be a quarrel, I went away, because they are in the habit of stirring up trouble to steal what is in the market. They are thieves, all of them: the Phoenicians… and the others. I should not say so because I am the son of a proselyte father and a Syrian mother and a proselyte myself. But it is the truth. Well. Let us go back to my story. I took shelter in a stable with my kids, waiting for my son’s cart. And in the evening, when I was leaving the town, I met a woman, who was weeping, with her little daughter in her arms. She had walked eight miles to come to You. Because she lives out in the country. I asked her what was the matter, as she is a proselyte. She had come to sell some goods and do some shopping. She had heard of You and hope had filled her heart. She ran home to get the little girl. But one walks slowly with a load! When she arrived at the warehouse of the brothers, You were no longer there. The brothers said to her: “They expelled Him. But last night He told us that He would go back via the steps of Tyre”. As I am a father, too, I said to her: “Well, go there”. But she replied to me: “If after what happened He goes back to Galilee by a different road?”. I said to her: “Now listen. It is either that road or the one along the border. I am pasturing my flock between Rohob and Lesemdan, on the border road between here and Naphtali. If I see Him I will tell Him, I promise you on my honour”. And I have told You.»

«And may God reward you. I will go to the woman.

330.6

I must go back to Achzib.»

«Are You going to Achzib? Well, we can go together, if You do not scorn the company of a shepherd.»

«I scorn no one. Why are you going to Achzib?»

«Because my lambs are there. Unless… I have lost them all.»

«Why?»

«Because there is a disease… I do not know whether it was witch-craft or something else. I know that my lovely flock has been taken ill. That is why I brought the goats here, as they are still healthy and I keep them away from the sheep. Two of my sons will look after them here. They are now in town, shopping. But I am going back there, to see them die, my beautiful woolly sheep…» The man sighs… He looks at Jesus and he apologises: «It is foolish to speak to You of these things, considering who You are, and to distress You, as You must be already distressed by the way they treat You. But our sheep are love and money to us, You know?…»

«I understand. But they will recover. Did you get anyone, who is familiar with these things, to see them?»

«Oh! They have all said the same thing: “Kill them and sell the skins. There is nothing else to be done”, and they have also threatened me if I take them about… They are afraid of the disease… for their own sheep. So I have to keep them in and they die quicker. They are bad, You know, those of Achzib…»

Jesus says simply: «I know.»

«I say that they have bewitched them…»

«No. Do not believe such nonsense… Will you be leaving at once when your sons arrive?»

«Yes, I will. They will be here any moment now.

330.7

Are these Your disciples? Only these?»

«No. I have more.»

«Why do they not come here? Once, I met a group of them near Merom. A shepherd was their head. So they said. A tall strong man, Elias was his name. It was in October, I think. Either before or after the Tabernacles. Has he left You now?»

«None of My disciples have left Me.»

«I was told…»

«What?»

«That You… that the Pharisees… In short, that Your disciples had left You because they were afraid, and that You were…»

«A demon. You may say it. I know. Double merit for you, as you believe just the same.»

«And because of that merit, could You not… but perhaps I am asking for a sacrilege…»

«Tell Me. If it is wicked, I will let you know.»

«Could You not bless my flock, when passing by?» the man says very anxiously…

«I will bless your flock. This one…» and He raises His hand blessing the goats scattered around «… and your flock of sheep. Do you believe that My blessing will save them?»

«As You save men from diseases, so You must be able to save animals. They say that You are the Son of God. Sheep were created by God. So they belong to the Father. I… did not know whether it was respectful to ask You. But if it is possible, please do it, Lord, and I will take large offerings to the Temple. Or rather, I will not! I will give them to You for the poor. It will be better.»

Jesus smiles and is silent.

330.8

The shepherd’s sons arrive and shortly afterwards Jesus, the apostles and the old man set out, leaving the young men to look after the goats. They walk fast as they want to reach Kedesh soon and then proceed at once towards the road that from the sea takes to the mainland. It must be the road that forks at the foot of the promontory, the one they took going to Alexandroscene. At least that is what I understand from the conversation of the shepherd with the disciples. Jesus is ahead of them, all alone.

«But shall we not have further trouble?» asks James of Alphaeus.

«Kedesh is not in the jurisdiction of the centurion. It is outside the Phoenician border. And if one does not provoke them, centurions do not interfere with religion.»

«In any case we are not stopping…»

«Will you be able to cover more than thirty miles in one day asks the shepherd.

«Oh! We are perpetual untiring pilgrims!»

They walk on… They reach Kedesh and pass by it without any trouble. They take the straight road. Achzib is indicated on the milestone. The shepherd points it out saying: «We shall be there tomorrow. You will come with me tonight. I know farmers in the valleys, but many of them are within the Phoenician borders… Well… we will cross the frontier. And we will certainly not be found out… Oh! Their vigilance! They had better look out for robbers!…»

The sun sets and daylight is dimmed in the woody valleys. But the shepherd is familiar with the road and proceeds resolutely.

330.9

They reach a little village, just a handful of houses.

«If they give us hospitality here, we shall be with Israelites. We are at the border. If they will not take us in, we will go to another village, a Phoenician one.»

«I am not biased, man.»

They knock at a door.

«Is that you, Anna? With friends? Come in, and may God be with you» says an elderly woman.

They go into a large kitchen, with a gaily blazing fireplace. The members of a large family of all ages are sitting around the table but they kindly make room for the new arrivals.

«This is Jonah. This is his wife, his sons and grandchildren and daughters-in-law. A family of patriarchs faithful to the Lord» says Annas, the shepherd, to Jesus. He then addresses old Jonah: «And this man who is with me is the Rabbi of Israel, Whom you wanted to meet.»

«I bless the Lord that I can give you hospitality as I have room tonight. And I bless the Rabbi Who has come to my house, and I ask Him to bless us.»

Annas explains that Jonah’s house is like an inn for pilgrims travelling from the sea to the mainland.

They all sit down in the warm kitchen and the women serve the guests. There is so much respect that it is almost embarrassing. But Jesus overcomes the difficulty by gathering all the children around Him, when the meal is over, and taking an interest in them, and they soon fraternise. And after the children, in the short time between supper and bedtime, also the men in the house become bold and they inform Jesus of what they have learned about the Messiah and ask Him questions. And Jesus explains, confirms, rectifies in a kind peaceful conversation, until both guests and members of the household go to rest, after Jesus has blessed them all.