Los Escritos de Maria Valtorta

329. Au marché d’Alexandroscène.

329. En el mercado de Alejandrocena.

329.1

La cour des trois frères est à moitié à l’ombre, à moitié au soleil. Elle est pleine de gens qui vont et viennent pour leurs achats alors que, de l’autre côté du porche, sur la petite place, on entend la rumeur du marché d’Alexandroscène avec le va-et-vient confus des acheteurs et des vendeurs, auquel se mêle le bruit des ânes, des brebis, des agneaux, des poules. On comprend qu’ici, il y a moins de complications et on apporte même les poulets au marché sans craindre de contaminations d’aucune sorte. Braiments, bêlements, gloussements des poules et cocoricos triomphants des coqs se mêlent aux voix des hommes en un joyeux chœur qui parfois atteint des notes aiguës et dramatiques à la suite de quelque empoignade.

Même dans la cour des frères, il règne un bruit confus et il se produit des altercations soit à propos du prix soit parce qu’un acheteur emporte quelque chose qu’un autre voulait acquérir. La plainte lamentable des mendiants n’est pas absente non plus : de la place, près du portail, ils font défiler la litanie de leurs misères sur un air triste comme la plainte d’un mourant.

Des soldats romains vont et viennent en maîtres dans l’entrepôt et sur la place. Je suppose que c’est un service d’ordre, car je les vois armés, et jamais seuls, parmi les Phéniciens tous armés.

Jésus lui aussi va et vient dans la cour, se promenant avec les six apôtres, comme s’il attendait le bon moment pour parler. Puis il sort un instant sur la place en passant près des mendiants auxquels il donne une obole. Les gens se distraient pendant quelques minutes pour regarder le groupe des Galiléens et se demandent qui sont ces étrangers. Et il en est qui les informent, parce qu’ils ont interrogé les trois frères qui sont leurs hôtes.

Un murmure suit les pas de Jésus qui marche tranquillement, tout en caressant les enfants qu’il trouve sur son chemin. Au milieu de ce brouhaha, on entend certes des ricanements et des qualificatifs peu flatteurs pour les Hébreux, mais aussi le désir honnête d’entendre ce “ Prophète ”, ce “ Rabbi ”, ce “ Saint ”, ce “ Messie ” d’Israël, auquel ils donnent ces noms lorsqu’ils en parlent, selon le degré de foi et de rectitude de leurs âmes.

329.2

J’entends deux mères :

« Mais est-ce que c’est vrai ?

– C’est Daniel qui me l’a dit, à moi personnellement. Il a parlé à Jérusalem avec des gens qui ont vu les miracles du Saint.

– Oui, d’accord ! Mais c’est bien cet homme-là ?

– Oh ! Daniel m’a dit que ce ne peut être que lui à cause de ce qu’il dit.

– Dans ce cas… qu’en penses-tu ? Est-ce qu’il me fera grâce même si je ne suis que prosélyte ?

– Je suppose que oui… Essaie. Il ne reviendra peut-être plus chez nous. Essaie, essaie ! Il ne te fera sûrement pas de mal !

– J’y vais » dit la petite femme en laissant en plan le vendeur de vaisselle avec lequel elle marchandait des assiettes creuses. Le vendeur qui a entendu la conversation des deux femmes, déçu, irrité à cause de la bonne affaire qui s’en va en fumée, s’en prend à la femme qui est restée et la couvre d’injures telles que : “ Prosélyte maudite, sang d’Hébreux, femme vendue ”, etc.

J’entends deux hommes graves et barbus :

« J’aimerais l’entendre. On dit que c’est un grand Rabbi.

– Un prophète, dois-tu dire. Plus grand que Jean-Baptiste. Elie m’a dit certaines choses ! Certaines choses ! Il est au courant, car il a une sœur mariée à un serviteur d’un grand homme riche d’Israël, et pour avoir de ses nouvelles, il s’informe auprès des serviteurs. Ce riche est très ami du Rabbi… »

Un troisième, un Phénicien peut-être, qui a entendu parce qu’il était tout près, amène sa figure sournoise, moqueuse entre les deux, et raille :

« Belle sainteté ! Confite dans la richesse ! A mon avis, un saint devrait vivre pauvrement !

– Tais-toi, Doro, langue maudite. Tu n’es pas digne, toi un païen, de juger de ces choses.

– Ah ! Et vous en seriez dignes, vous, et toi spécialement, Samuel ! Tu ferais mieux de me payer ce que tu me dois.

– Tiens ! Et ne me tourne plus autour, vampire à la face de faune ! »…

J’entends un vieillard à moitié aveugle, accompagné d’une fillette, qui chevrote :

– Où est-il ? Où est le Messie ? »

Et la fillette crie :

« Laissez passer le vieux Marc ! Veuillez dire au vieux Marc où se trouve le Messie ! »

Les deux voix, celle du vieillard, faible et tremblante, et celle de la fillette, argentine et assurée, se répandent en vain sur la place, jusqu’à ce qu’un autre homme dise :

« Vous voulez voir le Rabbi ? Il est revenu vers la maison de Daniel. Le voilà, arrêté, qui parle avec des mendiants. »

329.3

J’entends deux soldats romains :

« Ce doit être celui que persécutent les juifs, les bonnes peaux ! On voit, rien qu’à le regarder, qu’il vaut mieux qu’eux.

– C’est pour cela qu’il leur cause des ennuis !

– Allons le dire au porte-drapeau. C’est l’ordre.

– Un ordre stupide, Caïus ! Rome a peur des agneaux et elle supporte, il faudrait dire, caresse les tigres, dit un certain Scipion.

– Je n’en ai pas l’impression, Scipion ! Ponce massacre facilement ! Rétorque Caïus.

– Oui… mais il ne ferme pas sa maison aux hyènes qui le flattent, insiste Scipion.

– Politique, Scipion ! Politique ! Lance Caïus.

– Lâcheté, Caïus, et sottise. C’est de celui-ci qu’il devrait être l’ami, pour obtenir de l’aide pour garder dans l’obéissance cette racaille asiatique. Ponce ne sert pas bien Rome en négligeant cet homme qui est bon, et en flattant les mauvais, dit Scipion.

– Ne critique pas le Proconsul. Nous sommes des soldats, et le supérieur est sacré comme un dieu. Nous avons juré obéissance au divin César et le Proconsul est son représentant, répond Caïus.

– D’accord pour ce qui concerne notre devoir envers la Patrie, sacrée et immortelle. Mais cela ne vaut pas pour le jugement intérieur, objecte Scipion.

– Mais l’obéissance vient du jugement. Si ton jugement se révolte contre un ordre et le critique, tu n’obéiras plus totalement. Rome s’appuie sur notre obéissance aveugle pour protéger ses conquêtes, rétorque Caïus.

– On pourrait croire que tu es tribun : tu parles bien. Mais je te fais remarquer que si Rome est reine, nous ne sommes pas des esclaves, mais des sujets. Rome n’a pas, ne doit pas avoir, de citoyens esclaves. C’est l’esclavage qui impose le silence à la raison des citoyens. Moi, je dis que ma raison juge que Ponce agit mal en négligeant ce juif – appelle-le Messie, Saint, Prophète, Rabbi, comme tu voudras. Et j’ai l’impression que je peux le dire car ma fidélité à Rome n’en est pas amoindrie, pas plus que mon amour. Au contraire, je le voudrais car lorsque cet homme enseigne le respect envers les lois et les Consuls, comme il le fait, il coopère à la prospérité de Rome, observe Scipion.

– Tu es cultivé, Scipion… Tu feras ton chemin. Tu es déjà avancé ! Moi, je suis un pauvre soldat. Mais, en attendant, tu vois là ? Il y a un rassemblement autour de cet homme. Allons le dire aux chefs » conclut Caïus…

329.4

En effet, près du portail des trois frères, il y a foule autour de Jésus qui, par sa grande taille, est bien en vue. Puis tout à coup un cri s’élève, et les gens s’agitent. Certains accourent du marché alors que d’autres s’éloignent vers la place et au-delà. Questions… réponses…

« Qu’est-il arrivé ?

– Qu’est-ce qui se passe ?

– L’homme d’Israël a guéri le vieux Marc !

– Le voile de ses yeux a disparu. »

Jésus, entre-temps, est entré dans la cour avec toute une suite de gens. En arrière, se traînant péniblement, il y a l’un des mendiants, un boiteux qui se traîne avec les mains plutôt qu’avec les jambes. Mais si ses jambes sont tordues et sans force, – car, sans l’aide de béquilles, il ne saurait avancer –, sa voix est bien robuste ! On dirait une sirène qui déchire l’atmosphère ensoleillée du matin :

« Saint ! Saint ! Messie ! Rabbi ! Pitié pour moi ! »

Il ne cesse de crier à perdre haleine. Deux ou trois personnes se retournent :

« Garde ton souffle ! Marc est hébreu, pas toi.

– Il accorde des grâces aux vrais israélites, pas aux fils de chiens !

– Ma mère était juive…

– Et Dieu l’a frappée en te donnant à elle, espèce de monstre, à cause de son péché. Va-t’en, fils de louve ! Retourne à ta place, être pétri de boue… »

L’homme s’adosse au mur, humilié, effrayé par la menace des poings tendus…

Jésus s’arrête, se retourne, regarde, et ordonne :

« Homme, viens ici ! »

L’infirme le regarde, regarde ceux qui le menacent… et il n’ose avancer.

Jésus fend alors la petite foule et s’approche de lui. Il le prend par la main, ou plutôt il lui pose la main sur l’épaule, et dit :

« N’aie pas peur. Viens avec moi. »

Et, regardant les gens cruels, il déclare, l’air sévère :

« Dieu appartient à tous ceux qui le cherchent et sont miséricordieux. »

Les gens comprennent l’allusion, et ce sont eux maintenant qui restent en arrière, ou plutôt qui s’arrêtent là où ils sont.

Jésus se retourne. Il les voit là, tout confus, prêts à s’en aller, et il leur dit :

« Non, venez, vous aussi. Cela vous fera du bien à tous, cela redressera et fortifiera votre âme comme je redresse et fortifie cet homme parce qu’il a su avoir foi. Homme, je te le dis, sois guéri de ton infirmité. »

Et il retire la main de l’épaule du boiteux après que celui-ci eut éprouvé une sorte de secousse. L’homme se dresse avec assurance sur ses jambes, jette ses vieilles béquilles et s’écrie :

« Il m’a guéri ! Louange au Dieu de ma mère ! »

Puis il s’agenouille pour baiser le bord du vêtement de Jésus.

329.5

L’agitation des gens qui veulent voir, ou qui, ayant vu, font des commentaires, est à son comble. Dans le fond du porche qui mène de la place à la cour, les cris de la foule résonnent fortement et se répercutent contre les murs du Camp.

Les troupes doivent craindre qu’une rixe ait eu lieu – cela doit se produire facilement à ces endroits où il y a tant d’oppositions de races et de religions – et le porte-drapeau accourt en se frayant brutalement un chemin et en demandant ce qu’il se passe.

« Un miracle, un miracle ! Jonas, le boiteux, a été guéri ! Le voilà, près de l’homme de Galilée. »

Les soldats se regardent les uns les autres. Ils ne parlent pas jusqu’à ce que toute la foule se soit écoulée, mais en arrière, il s’en est rassemblé une autre que celle des gens qui étaient dans les magasins ou sur la place, où ne sont restés que les vendeurs pleins de dépit à cause de la diversion imprévue qui réduit à rien le marché de ce jour. Puis, voyant passer un des trois frères, ils demandent :

« Philippe, sais-tu ce que va faire maintenant le Rabbi ?

– Il parle, il enseigne, et cela dans ma cour ! » dit Philippe tout joyeux.

Les soldats s’interrogent : rester ? S’en aller ?

« Le chef nous a ordonné de surveiller…

– Qui ? L’homme ? Mais pour lui, nous pourrions jouer aux dés une amphore de vin de Chypre, dit Scipion, le soldat qui auparavant défendait Jésus auprès de son compagnon.

– Moi, je dirais que c’est lui qui a besoin qu’on le protège, pas le droit de Rome ! Vous le voyez là-bas ? De tous nos dieux, aucun n’est si doux et pourtant d’aspect si viril. Cette racaille n’est pas digne de le posséder, et les indignes sont toujours mauvais. Restons pour le protéger. A l’occasion, nous le tirerons d’affaire et nous caresserons les épaules de ces galériens, ajoute un autre avec un mélange de moquerie et d’admiration.

– Tu parles bien, Pudens. D’ailleurs, Atius, va appeler Pro­core, le chef. Il rêve toujours de complots contre Rome et… d’avancement pour lui, pour récompenser son activité toujours en éveil pour le salut du divin César et de la déesse Rome, mère et maîtresse du monde. Il pourra se persuader qu’il n’acquerra ici ni brassard ni couronne. »

329.6

Un jeune soldat part en courant, et revient de même :

« Procore ne vient pas. Il envoie le triaire Aquila…

– Bien ! Bien ! Mieux vaut lui que Cecilius Maximus lui-même. Aquila a servi en Afrique, en Gaule, et il a été dans les forêts cruelles qui nous ont enlevé Varus et ses légions. Il connaît les Grecs et les Bretons et il a un bon flair pour s’y reconnaître… Oh ! Salut ! Voilà le glorieux Aquila ! Viens, apprends-nous, à nous misérables, à reconnaître la valeur des êtres !

– Vive Aquila, chef des troupes ! » crient tous les soldats en donnant des tapes affectueuses au vieux soldat, dont on ne compte plus les cicatrices sur le visage, les bras et les mollets nus.

Lui sourit d’un air débonnaire et s’écrie :

« Vive Rome, maîtresse du monde ! Pas moi, pauvre soldat. Qu’y a-t-il donc ?

– Il faut surveiller cet homme grand et blond comme le cuivre le plus clair.

– Bien ! Mais qui est-ce ?

– Ils l’appellent le Messie. Il s’appelle Jésus et il est de Nazareth. C’est celui, tu sais, pour qui on a transmis l’ordre…

– Hum ! Peut-être… Mais il me semble que nous courons après les nuages.

– Ils disent qu’il veut se faire roi et supplanter Rome. Il a été dénoncé à Ponce par le Sanhédrin, les pharisiens, les sadducéens, et les hérodiens. Tu sais que les juifs ont ce ver dans le crâne et, de temps à autre, il en sort un roi…

– Oui, oui… Mais si c’est pour cela !… De toutes façons, écoutons ce qu’il dit. Il semble se disposer à parler.

– J’ai appris par un soldat qui est avec le centurion que Publius Quintilianus lui en a parlé comme d’un philosophe divin… Les femmes impériales en sont enthousiastes… dit un autre soldat, un jeune.

– Je le crois ! J’en serais enthousiaste moi aussi si j’étais une femme et je le voudrais bien dans mon lit, lance en riant franchement un autre jeune soldat.

– Tais-toi, impudique ! La luxure te dévore ! Plaisante un autre.

– Et pas toi, Fabius ? Anne, Sira, Alba, Marie…

– Tais-toi, Sabinus. Il parle et je veux écouter » ordonne le triaire. Tous se taisent.

329.7

Jésus est monté sur une caisse installée contre un mur, il est donc bien visible pour tout le monde. Sa douce salutation a déjà retenti et elle a été suivie par ces mots : “ Enfants d’un unique Créateur, écoutez” puis, dans le silence attentif des gens, il poursuit :

« Le temps de la Grâce est venu pour tous, non seulement pour Israël, mais pour le monde entier.

Hébreux, qui vous trouvez ici pour diverses raisons, prosélytes, Phéniciens, païens, écoutez tous la Parole de Dieu, comprenez la justice, connaissez la charité. Si vous possédez la sagesse, la justice et la charité, vous aurez le moyen d’arriver au Royaume de Dieu, à ce Royaume qui n’est pas réservé aux seuls fils d’Israël, mais à tous ceux qui désormais aimeront le vrai, l’unique Dieu et croiront à la parole de son Verbe.

329.8

Ecoutez : je suis venu de si loin non pas avec des visées d’usurpateur, ni avec la violence d’un conquérant. Je suis seulement venu pour être le Sauveur de vos âmes. La puissance, la richesse, les charges ne me séduisent pas. Elles ne sont rien pour moi, et je ne les regarde même pas. Ou plutôt, je les regarde pour m’en détourner parce qu’elles me font pitié, car ce sont autant de chaînes pour retenir votre âme prisonnière, en l’empêchant de venir au Seigneur éternel, unique, universel, saint et béni. Je les regarde et les considère comme les plus grandes misères. Et je cherche à guérir les hommes de leurs fascinantes et cruelles tromperies qui séduisent les êtres humains, pour qu’ils puissent s’en servir avec justice et sainteté, non comme des armes cruelles qui blessent et tuent l’homme, et toujours, pour commencer, l’âme de ceux qui ne savent pas s’en servir saintement.

Mais, en vérité, je vous dis que, pour moi, il est plus facile de guérir un corps difforme qu’une âme difforme. Il est plus facile de donner la lumière à des pupilles éteintes, la santé à un corps qui meurt, que de donner la lumière aux esprits et la santé aux âmes malades. Pourquoi cela ? Parce que l’homme a perdu de vue le but véritable de sa vie et se laisse absorber par ce qui est transitoire.

L’homme ne sait pas faire le bien ou ne s’en souvient pas, ou s’il s’en souvient, il ne veut pas obéir à cette sainte injonction du Seigneur – je parle aussi pour les païens qui m’écoutent –, car le bien existe à Rome comme à Athènes, en Gaule comme en Afrique : en effet, la loi morale existe sous tous les cieux, dans toute religion, dans tout cœur droit. Et les religions, depuis celle de Dieu jusqu’à celle de la morale particulière, disent que ce qu’il y a de meilleur en nous survit et que le sort de chacun sera fixé de l’autre côté selon la façon dont il se sera comporté.

La fin de l’homme est donc la conquête de la paix dans l’autre vie, non pas la ripaille, l’usure, la domination, le plaisir, ici-bas, pour un temps limité, qu’il faut payer pendant l’éternité par des tourments très durs. Eh bien ! L’homme ignore, ou ne se rappelle pas, ou ne veut pas se rappeler, cette vérité. S’il ne la connaît pas, il est moins coupable. S’il l’a oubliée, il a une certaine culpabilité, car il faut garder la vérité allumée comme un saint flambeau dans les âmes et dans les cœurs. Mais, s’il ne veut pas s’en souvenir et si, quand elle flambe, il ferme les yeux pour ne pas la voir, en la haïssant comme la voix d’un orateur pédant, alors sa faute est grave, très grave.

329.9

Et pourtant Dieu la lui pardonne, si l’âme répudie sa mauvaise façon d’agir et se propose de poursuivre, pour le reste de sa vie, la vraie fin de l’homme qui est de conquérir la paix éternelle dans le Royaume du vrai Dieu. Avez-vous jusqu’à maintenant suivi une mauvaise route ? Si vous vous êtes avilis, pensez-vous qu’il soit trop tard pour prendre le bon chemin ? Est-ce que, désolés, vous dites : “ Je ne savais rien de tout cela ! Et maintenant je suis ignorant et je ne sais pas m’y prendre ” ? Non, ne pensez pas qu’il en est comme des choses matérielles et qu’il faut beaucoup de temps et de peine pour rectifier ce qui a déjà été fait, mais avec sainteté. La bonté de l’Eternel, le vrai Seigneur Dieu, est telle qu’il ne vous fait certainement pas parcourir de nouveau à rebours le chemin déjà parcouru, pour vous ramener au carrefour où vous vous êtes trompés et avez quitté le bon sentier pour le mauvais. Elle est si grande que, dès l’instant où vous dites : “ Je veux appartenir à la Vérité ” – c’est-à-dire à Dieu parce que Dieu est Vérité – lui, par un miracle tout spirituel, répand en vous la sagesse par laquelle d’ignorants vous devenez possesseurs de la science surnaturelle, comme ceux qui la possèdent depuis des années.

Etre sage, c’est vouloir Dieu, aimer Dieu, cultiver son esprit, tendre au Royaume de Dieu en répudiant tout ce qui est chair, monde et Satan. La Sagesse, c’est l’obéissance à la loi de Dieu qui est loi de charité, de continence, d’honnêteté. Etre sage c’est aimer Dieu de tout son être, aimer son prochain comme soi-même. Ce sont les deux éléments indispensables pour être sages de la sagesse de Dieu. Et notre prochain n’est pas seulement ceux de notre sang, de notre race et de notre religion, mais tous les hommes, riches ou pauvres, sages ou ignorants, juifs, prosélytes, phéniciens, grecs, romains… »

329.10

Jésus est interrompu par des cris menaçants de certains forcenés. Il les regarde et reprend :

« Oui, c’est cela, l’amour. Je ne suis pas un maître servile. Je dis la vérité, car c’est ce que je dois faire pour semer en vous ce qui est nécessaire pour la vie éternelle. Que cela vous plaise ou non, je dois vous le dire pour faire mon devoir de Rédempteur. A vous d’accomplir le vôtre d’hommes qui ont besoin de rédemption. Aimez donc votre prochain, tout votre prochain, d’un saint amour. Non pas d’un louche concubinage d’intérêts pour lequel est “ ana­thème ” le Romain, le Phénicien, le prosélyte ou vice versa, tant que ne se mêlent pas la sensualité ou l’argent, alors que s’il y a soif de sensualité ou intérêt d’argent, les “anathèmes” disparaissent… »

La foule gronde de nouveau alors que les Romains, de leur place dans l’atrium, s’écrient :

« Par Jupiter ! Cet homme parle bien ! »

Jésus laisse la rumeur se calmer et reprend :

« Aimons le prochain comme nous voudrions être aimés. Car cela ne nous fait pas plaisir d’être maltraités, soumis à des vexations, volés, opprimés, calomniés, insultés. Les autres ont la même susceptibilité nationale ou personnelle. Ne nous faisons donc pas mutuellement le mal que nous ne voudrions pas qu’on nous fasse.

Etre sage, c’est obéir aux dix Commandements de Dieu :

“Je suis le Seigneur ton Dieu. N’en aie pas d’autre que moi. N’aie pas d’idoles, ne leur rends pas de culte.

N’invoque pas le nom de Dieu en vain. C’est le nom du Seigneur, ton Dieu, et Dieu punira celui qui le galvaude sans raison ou pour des imprécations, ou encore pour valider un péché.

Souviens-toi de sanctifier les fêtes. Le sabbat est sacré pour le Seigneur qui s’y est reposé de la Création, et l’a béni et sanctifié.

Honore ton père et ta mère afin de vivre en paix longuement sur la terre et éternellement au Ciel.

Ne tue pas.

Ne commets pas d’adultère.

Ne vole pas.

Ne parle pas faussement contre ton prochain.

Ne convoite pas la maison, la femme, le serviteur, la servante, le bœuf, l’âne de ton prochain, ni quoi que ce soit d’autre qui lui appartient.

Cela, c’est la sagesse. Celui qui agit ainsi est sage et il conquiert la Vie et le Royaume sans fin. Donc à partir d’aujourd’hui, proposez-vous de vivre selon la sagesse en la faisant passer avant les pauvres jouissances de la terre.

329.11

Que dites-vous ? Parlez. Vous dites qu’il est tard ? Non. Ecoutez une parabole.

Un maître sortit au point du jour pour engager des travailleurs pour sa vigne et il convint avec eux d’un denier pour la journée.

Il sortit de nouveau à l’heure de tierce et, réfléchissant que les travailleurs engagés étaient peu nombreux, voyant d’autre part sur la place des travailleurs désœuvrés qui attendaient qu’on les embauche, il les prit et leur dit :

“ Allez à ma vigne, et je vous donnerai ce que j’ai promis aux autres.”

Et ils y allèrent. Il sortit à sexte et à none et il en vit d’autres encore. Il leur dit :

“ Voulez-vous travailler dans mon domaine? Je donne un denier par jour à mes ouvriers. ”

Ces derniers acceptèrent et ils y allèrent. Il sortit enfin vers la onzième heure et il en vit d’autres qui paressaient au coucher du soleil.

“ Que faites-vous, ainsi oisifs ? N’avez-vous pas honte de rester à ne rien faire toute la journée ? ” leur demanda-t-il.

“ Personne ne nous a engagés. Nous aurions bien voulu travailler et gagner notre nourriture, mais personne n’a eu besoin de nous. ”

“Eh bien, moi je vous embauche pour ma vigne. Allez-y et vous aurez le même salaire que les autres.”

Il parla ainsi, car c’était un bon maître et il avait pitié de l’humiliation de son prochain.

Le soir venu et les travaux terminés, l’homme appela son intendant et lui dit :

“ Appelle les travailleurs, et paie-leur leur salaire selon ce que j’ai fixé, en commençant par les derniers qui sont les plus nécessiteux puisqu’ils n’ont pas eu pendant la journée la nourriture que les autres ont reçue une fois ou plusieurs fois et qui, par reconnaissance pour ma pitié, ont travaillé plus que tous. Je les ai observés : renvoie-les, pour qu’ils aillent prendre le repos qu’ils ont bien mérité et jouir avec leur famille du fruit de leur travail. ”

Et l’intendant fit ce que le maître ordonnait en donnant à chacun un denier.

Vinrent en dernier ceux qui travaillaient depuis la première heure du jour. Ils furent étonnés de ne recevoir, eux aussi, qu’un seul denier, et ils se plaignirent entre eux et à l’intendant qui leur dit :

“ C’est l’ordre que j’ai reçu. Allez vous plaindre au maître et pas à moi. ”

Ils y allèrent et dirent :

“ Tu n’es pas juste ! Nous, nous avons travaillé douze heures, d’abord à la rosée et puis au soleil ardent, enfin de nouveau dans l’humidité du soir, et tu nous a donné le même salaire qu’à ces paresseux qui n’ont travaillé qu’une heure ! Pourquoi cela ? ”

L’un d’eux, surtout, élevait la voix en se déclarant trahi et indignement exploité.

“ Mon ami, en quoi t’ai-je fait tort ? De quoi ai-je convenu avec toi à l’aube ? Une journée de travail continu pour un denier de salaire. N’est-ce pas vrai ? ”

“ C’est vrai. Mais tu as donné la même chose à ceux qui ont si peu travaillé… ”

“ N’as-tu pas accepté ce salaire qui te paraissait conve­nable ? ”

“ Oui, j’ai accepté, parce que les autres donnaient encore moins. ”

“ T’ai-je maltraité ? ”

“ Non, en toute conscience, non. ”

“ Je t’ai accordé un long repos pendant le jour ainsi que de la nourriture, n’est-ce pas ? Je t’ai donné trois repas. Or la nourriture et le repos n’étaient pas dans le contrat, n’est-ce pas ? ”

“ Non, ils n’y étaient pas. ”

“ Dans ce cas, pourquoi donc les as-tu acceptés ? ”

“ Mais… Tu as dit : ‘ Je préfère agir ainsi pour que vous ne soyez pas trop fatigués en revenant chez vous. ’ Et cela nous semblait trop beau… Ta nourriture était bonne, c’était une économie, c’était… ”

“ C’était une faveur que je vous faisais gratuitement et personne ne pouvait y prétendre. N’est-ce pas ? ”

“ C’est vrai. ”

“ Je vous ai donc favorisés. Pourquoi donc vous lamentez-vous ? C’est moi qui devrais me plaindre de vous qui, comprenant que vous aviez affaire à un bon maître, avez travaillé nonchalamment alors que ceux qui sont venus après vous, avec le bénéfice d’un seul repas, et les derniers sans repas, travaillaient avec plus d’entrain et faisaient en moins de temps le même travail que vous en douze heures. Je vous aurais trahis si, pour les payer, je vous avais enlevé la moitié de votre salaire. Ce n’est pas mon genre. Prends donc ce qui te revient et va-t’en. Voudrais-tu venir chez moi pour m’imposer tes volontés ? Moi, je fais ce que je veux et ce qui est juste. Ne récrimine pas et ne me porte pas à l’injustice. Je suis bon. ”

329.12

O vous tous qui m’écoutez, je vous dis en vérité que Dieu le Père propose à tous les hommes les mêmes conditions et promet un même salaire. Celui qui se met au service du Seigneur avec zèle sera traité par lui avec justice, même s’il n’a pas beaucoup travaillé à cause de l’imminence de sa mort. En vérité, je vous dis que ce ne sont pas toujours les premiers qui seront les premiers dans le Royaume des Cieux, et que là-haut on verra des derniers devenir les premiers, et d’autres qui étaient les premiers être les derniers. On y verra beaucoup d’hommes, qui n’appartiennent pas à Israël, être plus saints que beaucoup d’israélites. Je suis venu appeler tout le monde, au nom de Dieu. Mais si les appelés sont nombreux, les élus sont peu nombreux, car peu nombreux sont ceux qui veulent la Sagesse. Celui qui vit du monde et de la chair, et non pas de Dieu, n’est pas sage. Il n’est sage ni pour la terre, ni pour le Ciel. Car sur la terre, il s’attire des ennemis, des punitions, des remords. Et pour le Ciel, il perd tout pour l’éternité.

Je le répète : soyez bons avec votre prochain, quel qu’il soit. Soyez obéissants, et laissez à Dieu le soin de punir celui qui donne des ordres injustes. Soyez continents en sachant résister aux sens, honnêtes en résistant à l’or. Soyez cohérents pour déclarer anathème ce qui le mérite et vous refuser à le faire quand cela vous semble juste, quitte ensuite à établir des relations avec ceux dont vous aviez d’abord maudit l’idée. Ne faites pas aux autres ce que vous ne vous ne voudriez pas qu’on vous fasse, et alors…

329.13

– Mais va-t’en, ennuyeux prophète ! Tu nous a saboté le marché !… Tu nous as enlevé les clients !… » crient les marchands en faisant irruption dans la cour… Et ceux qui avaient murmuré aux premiers enseignements de Jésus – pas seulement des Phéniciens, mais aussi des Hébreux qui se trouvent dans la ville, pour je ne sais quel motif – s’unissent aux marchands pour l’insulter, le menacer et surtout pour le chasser… Jésus ne plaît pas parce qu’il ne pousse pas au mal…

Il croise les bras et regarde, attristé, solennel.

Les gens, divisés en deux partis, en viennent aux mains pour défendre ou attaquer le Nazaréen. Insultes, louanges, malédictions, bénédictions, apostrophes telles que :

« Les pharisiens ont raison : tu es vendu à Rome, un ami des publicains et des courtisanes », ou au contraire :

« Taisez-vous, blasphémateurs ! C’est vous qui êtes vendus à Rome, Phéniciens d’enfer !

– Vous êtes des satans !

– Que l’enfer vous engloutisse !

– Sortez ! Allez-vous-en !

– Hors d’ici, voleurs qui venez faire le marché ici, usuriers », et ainsi de suite.

Les soldats interviennent alors :

« Ce n’est pas lui qui met le trouble ! Il le subit ! »

Et de leurs lances, ils font évacuer la cour et ferment le portail. Il reste avec Jésus les trois frères prosélytes et les six disciples.

« Mais comment vous est-il venu à l’idée de le faire parler ? demande le triaire aux trois frères.

– Il y en a tant qui parlent ! Répond Elie.

– Oui. Et il ne se passe rien car ils enseignent ce qui plaît à l’homme. Mais ce n’est pas cela qu’il enseigne, lui, et ils ne le di­gèrent pas… »

Le vieux soldat regarde avec attention Jésus qui est descendu de sa place et qui se tient debout, comme absent.

Au dehors, la foule est toujours en effervescence. Aussi, on fait sortir d’autres troupes de la caserne et avec elles le centurion en personne. Ils frappent et se font ouvrir, alors que d’autres restent pour repousser aussi bien ceux qui crient : “ Vive le Roi d’Israël! ”, que ceux qui le maudissent.

Le centurion s’approche, en colère, et il s’en prend violemment au vieil Aquila :

« C’est ainsi que tu fais respecter Rome, toi ? En laissant acclamer un roi étranger sur une terre soumise ? »

Le vieux soldat salue avec froideur et répond :

« Il enseignait le respect et l’obéissance et il parlait d’un royaume qui n’est pas de cette terre. C’est pour cela qu’ils le haïssent. Car il est bon et respectueux. Je n’ai pas trouvé de motif d’imposer le silence à quelqu’un qui n’attaquait pas notre loi. »

Le centurion se calme et bougonne :

« Alors c’est une nouvelle sédition de cette infecte racaille… C’est bien. Donnez l’ordre à l’homme de s’en aller sur-le-champ. Je ne veux pas d’histoires, ici. Obéissez et escortez-le hors de la ville dès que la voie sera libre. Qu’il aille où ça lui plaira, aux enfers s’il le veut, mais qu’il sorte de ma juridiction. Compris ?

– Oui. Nous allons le faire. »

Le centurion tourne le dos en faisant briller sa cuirasse et ondoyer son manteau pourpre, et s’éloigne sans même regarder Jésus.

329.14

Les trois frères disent au Maître :

« Nous sommes désolés…

– Vous n’y êtes pour rien. Et ne craignez rien, vous n’en éprouverez aucun mal. C’est moi qui vous le dis… »

Les trois hommes changent de couleur… Philippe dit :

« Comment connais-tu notre peur ? »

Jésus sourit doucement, un rayon de soleil sur son visage attristé :

« Je sais ce qu’il y a dans les cœurs et je connais l’avenir. »

Les soldats, en attendant, se sont mis au soleil. Ils lorgnent, commentent…

« Comment donc pourraient-ils nous aimer, s’ils le détestent, lui qui ne les opprime pas ?

– Et qui fait des miracles, devrais-tu dire…

– Par Hercule ! Quel est celui de nous qui est allé prévenir qu’il y avait un suspect ?

– C’est Caïus !

– Celui qui fait du zèle ! En attendant, nous avons manqué la soupe et je prévois que je vais perdre les baisers d’une jeune fille !… Ah !

– Epicurien ! Où est ta belle ?

– Ce n’est sûrement pas à toi que je vais le dire, l’ami !

– Elle est derrière le potier, du côté des Fondations. Je le sais. Je t’ai vu, il y a quelques soirs… » dit un autre.

329.15

Le triaire, comme s’il se promenait, va vers Jésus et tourne autour de lui, il le regarde, longuement. Il ne sait que dire… Jésus lui sourit pour l’encourager. L’homme ne sait que faire… Mais il s’approche un peu plus. Jésus pointe du doigt les cicatrices du vétéran :

« Toutes des blessures ? Tu es un brave et un fidèle, alors… »

Le vieux soldat rougit à ce compliment.

« Tu as beaucoup souffert pour l’amour de ta patrie et de ton empereur… Ne voudrais-tu pas souffrir un peu pour une plus grande patrie : le Ciel ? Pour un empereur éternel : Dieu ! »

Le soldat hoche la tête :

« Je suis un pauvre païen, mais il n’est pas dit que je n’arrive pas moi aussi à la onzième heure. Mais qui va m’instruire ? Tu vois !… Ils te chassent. Et ce sont là des plaies qui font mal, pas comme les miennes ! Moi, au moins, je les ai rendues aux ennemis. Mais toi, que fais-tu à ceux qui te blessent ?

– Je pardonne, soldat. Je leur offre pardon et amour.

– C’est moi qui ai raison. Le soupçon qu’ils font peser sur toi est stupide. Adieu, Galiléen.

– Adieu, Romain. »

329.16

Jésus reste seul jusqu’à ce que les frères et les disciples reviennent avec des vivres. Les frères en offrent aux soldats tandis que les disciples en offrent à Jésus. Ils prennent leur repas sans appétit, au soleil, pendant que les soldats mangent et boivent joyeusement.

Puis un soldat sort pour regarder la place silencieuse.

« Nous pouvons y aller » crie-t-il. « Ils sont tous partis. Il n’y a plus que les patrouilles. »

Jésus se lève docilement, bénit et réconforte les trois frères auxquels il donne rendez-vous pour la Pâque à Gethsémani, et il sort, encadré par les soldats, ses disciples humiliés derrière lui. Et ils suivent la route vide jusqu’à la campagne.

« Salut, Galiléen, dit le triaire.

– Adieu, Aquila. Je t’en prie : ne faites pas de mal à Daniel, Elie et Philippe. C’est moi seul, le coupable. Dis-le au centurion.

– Je ne vais rien dire. A cette heure, il ne s’en souvient même plus, et les trois frères nous fournissent un bon ravitaillement, spécialement de ce vin de Chypre que le centurion aime plus que la vie. Sois tranquille. Adieu. »

Ils se séparent. Les soldats repassent les portes. Jésus et ses apôtres se dirigent vers l’est dans la campagne silencieuse.

329.1

El patio de los tres hermanos está la mitad en sombra, la mitad luminoso de sol. Está lleno de gente que va y viene para sus compras, mientras que fuera del portón, en la placita, vocea el mercado de Alejandrocena en medio de un confuso ir y venir de adquisidores y compradores, de asnos, de ovejas, de corderos, de volatería; porque se comprende que aquí tienen menos remilgos y llevan al mercado también a los pollos, sin miedo a ningún tipo de contaminación. Rebuznos, balidos, cacareos de gallinas y triunfales quiquiriquíes de gallitos se mezclan con las voces de los hombres, formando un alegre coro que, de vez en cuando, adquiere notas agudas y dramáticas por algún altercado.

También dentro del patio de los hermanos hay bullicio, y no falta algún que otro altercado, o por el precio o porque un marchante ha tomado lo que otro para sus adentros había elegido. No falta el quejido lastimero de los mendigos que, en la plaza, cerca del portón, recitan la letanía de sus miserias con una cadencia cantora y triste como un aúllo de moribundo.

Soldados romanos, con aire de dueños, van y vienen por el fondac y la plaza; supongo que en servicio, porque los veo armados y nunca solos, en medio de los fenicios, que también van todos armados.

Jesús pasea arriba y abajo por el patio, con los seis apóstoles, como esperando el momento adecuado para hablar. Luego sale a la plaza un momento. Pasa cerca de los mendigos y les da una limosna. La gente se distrae unos minutos a mirar al grupo galileo y se pregunta quiénes serán esos extranjeros. Hay quien informa de quiénes son los huéspedes de los tres hermanos, porque les ha pedido a éstos información.

Un rumor sigue los pasos de Jesús, que va tranquilo, acariciando a los niños que encuentra en su camino. En el rumor no faltan risitas irónica y epítetos poco halagüeños para los hebreos, como tampoco falta el honesto deseo de oír a este «Profeta», a este «Rabí», a este «Santo», a este «Mesías» de Israel (sí, se lo señalan unos a otros con tales nombres, según su grado de fe y su rectitud de corazón).

329.2

Oigo a dos madres: «¿Pero es verdad?».

«Me lo ha dicho Daniel, precisamente a mí. Y él ha hablado en Jerusalén con gente que ha visto los milagros del Santo».

«¡Sí, de acuerdo. ¿Pero será el mismo hombre?».

«¡Me ha dicho Daniel que no hay duda de que es Él, por lo que dice».

«Entonces… ¿qué piensas… me concederá la gracia aunque sea sólo prosélito?».

«Yo diría que sí… Inténtalo. Quizás no vuelve. ¡Inténtalo, inténtalo! ¡Mal no te hará, eso está claro!».

«Sí» dice la mujercita, y, dejando plantado a un vendedor de loza con el que estaba contratando unos cuencos, se marcha. Vendedor que ha oído la conversación de las dos, y ahora, defraudado, enfadado por el buen trato que se ha esfumado, se abalanza contra la mujer que queda y la cubre de improperios cuales: «Maldita neófita. Sangre de hebrea. Mujer vendida» etc., etc.

Oigo a dos hombres, barbudos y de porte grave: «Me gustaría oírle hablar. Dicen que es un gran Rabí».

«Un Profeta debes decir. Mayor que el Bautista. ¡Me ha dicho Elías unas cosas! ¡Unas cosas! Él las sabe porque tiene una hermana que está casada con uno que vive al servicio de un rico de Israel, y, para saber de ella, va a preguntar a los compañeros de servicio. Este rico es muy amigo del Rabí…».

Un tercero, un fenicio quizás, que, estando cerca, ha oído la conversación, asoma su cara enjuta, satírica, entre los dos, y, con sardónica risotada, dice: «¡Pues vaya santidad! ¡Aderezada con riquezas! ¡Por lo que yo sé, el santo debería vivir en pobreza!».

«Calla, Doro, mala lengua. Tú, pagano, no eres digno de juzgar estas cosas».

«¡Ah, vosotros sí sois dignos, especialmente tú, Samuel! Mejor sería que me pagaras esa deuda».

«¡Ten, y no sigas dando vueltas alrededor de mí, vampiro de cara de fauno!»…

Oigo a un anciano semiciego, que está acompañado de una muchachita y que pregunta: « ¿Dónde está, dónde está el Mesías?», y la niña: «¡Dejad paso al viejo Marcos! ¡Por favor, decidle al viejo Marcos dónde está el Mesías!».

Las dos voces — la senil, feble y trémula; la niña, argentina y segura — se expanden en vano por la plaza, hasta que otro hombre dice: «¿Buscáis al Rabí? Ha vuelto hacia la casa de Daniel. Ahí está, parado, hablando con los mendigos».

329.3

Oigo a dos soldados romanos: «Debe ser ese al que persiguen los judíos. ¡Menudos bichos, ésos! A simple vista se ve que es mejor que ellos».

«¡Eso es lo que los fastidia!».

«Vamos a decírselo al alférez. Ésa es la orden».

«¡Disparatada, Cayo! Roma se guarda de los corderos y soporta, diría incluso que acaricia, a los tigres» (Escipión).

«¡No creo, Escipión! ¡A Poncio matar le es fácil!» (Cayo).

«Sí… pero no cierra su casa a las hienas rastreras que le adulan» (Escipión).

«¡Política, Escipión! ¡Política!» (Cayo).

«Vileza, Cayo, y necedad. De éste debería hacerse amigo. Ganaría una ayuda para mantener obediente a esta gentuza asiática. No sirve bien a Roma Poncio desatendiendo a este hombre bueno y adulando a los malos» (Escipión).

«No critiques al Procónsul. Somos soldados. El superior es sagrado como un dios. Hemos jurado obediencia al divino César y el Procónsul le representa» (Cayo).

«Eso está bien en lo que respecta al deber hacia la Patria, sagrada e inmortal, pero no para el juicio interno» (Escipión).

«Pero la obediencia viene del juicio. Si tu juicio se rebela contra una orden y la critica, ya no obedecerás totalmente. Roma se apoya en nuestra obediencia ciega para tutelar sus conquistas» (Cayo).

«Pareces un tribuno, y es correcto lo que dices. Pero te hago una observación: Roma es reina, pero nosotros no somos esclavos, sino súbditos. Roma no tiene, no debe tener, ciudadanos esclavos, y esclavitud es imponer silencio a la razón de los ciudadanos. Yo digo que mi razón juzga que Poncio hace mal no ocupándose de este israelita… llámale Mesías, Santo, Profeta, Rabí, lo que quieras. Y siento que puedo decirlo porque, diciéndolo, no viene a menos ni mi fidelidad a Roma, ni mi amor; es más, si deseo esto es porque siento que Él, enseñando respeto a las leyes y a los Cónsules, como hace, ayuda al bienestar de Roma» (Escipión).

«Eres culto, Escipión… Llegarás lejos. ¡Ya vas adelante! Yo soy un pobre soldado. Pero, ¿ves, mientras, allí? La gente se ha amontonado en torno al Hombre. Vamos a decírselo a los jefes militares» (Cayo)…

329.4

Efectivamente, cerca del portón de los tres hermanos, hay un montón de gente alrededor de Jesús, al cual se le ve bien por su alta estatura. Luego, de repente, se eleva un grito y la gente se agita. Otros, que estaban en el mercado, acuden corriendo, y algunos del remolino de gente corren hacia la plaza e incluso más allá de la plaza. Preguntas… respuestas…

«¿Qué ha pasado?».

«¿Qué sucede?».

«¡El Hombre de Israel ha curado a Marcos, el anciano!».

«El velo de sus ojos se ha disipado».

Jesús, entretanto, ha entrado en el patio, seguido de una cola de gente. Renqueando, al final, viene uno de los mendigos: un renco que se arrastra más con las manos que con las piernas. Pero, si las piernas están torcidas y carecen de fuerza — por lo cual, sin los bastones, no andaría —, la voz, por el contrario, es bien vigorosa. Parece una sirena que desgarra el aire luminoso de la mañana: «¡Santo! ¡Santo! ¡Mesías! ¡Rabí! ¡Piedad de mí!» grita desgañitándose y sin tregua.

Se vuelven dos o tres personas: «¡No malgastes energías! Marcos es hebreo, tú no», «¡Para los israelitas verdaderos hace milagros, no para los hijos de perro!».

«Mi madre era hebrea…».

«Y Dios la ha castigado dándole a ti, un monstruo, por su pecado. ¡Fuera, hijo de loba! Vuelve a tu sitio, lodo en el lodo…».

El hombre se pega a la pared, acobardado, atemorizado ante los amenazadores puños levantados…

Jesús se detiene, se vuelve, mira. Ordena: «¡Hombre, ven aquí!».

El hombre le mira, mira a los que le amenazan… y no se atreve a avanzar.

Jesús se abre paso entre la pequeña muchedumbre y se acerca a él. Le toma de la mano (o sea: le pone la mano en el hombro) y dice: «No tengas miedo. Ven aquí delante conmigo» y, mirando a los despiadados, dice severo: «Dios es de todos los hombres que le buscan y que son misericordiosos».

Comprenden la alusión, y ahora son ellos los que se quedan al final; más aún, los que se quedan parados donde están.

Jesús se vuelve de nuevo. Los ve allí, confusos, casi decididos a marcharse, y les dice: «No, venid también vosotros. Os vendrá bien también a vosotros, para enderezar y fortalecer vuestra alma, de la misma forma que enderezo y fortalezco a éste porque ha sabido tener fe. Hombre, Yo te lo digo, queda curado de la enfermedad». Y quita la mano del hombro del renco, tras haber experimentado éste como una sacudida.

El hombre se yergue, seguro, sobre sus propias piernas, arroja las muletas ya consumidas por el uso, y grita: «¡Él me ha curado! ¡Bendito sea el Dios de mi madre!» y se arrodilla para besar los bordes de la túnica de Jesús.

329.5

El tumulto de quien quiere ver, o ya ha visto y ahora comenta, alcanza su culmen. En el profundo atrio, que de la plaza conduce al patio, las voces resuenan con sonoridad de pozo y producen eco contra las murallas del Castro.

Los soldados deben temer que se haya producido una reyerta — debe ser fácil en estos lugares, con tantos contrastes de razas y fes —, de forma que acude un pelotón y se abre paso rudamente preguntando que qué sucede.

«¡Un milagro, un milagro! Jonás, el renco, ha sido curado. Ahí está, al lado del Hombre galileo».

Los soldados se miran unos a otros. No hablan hasta que no ha pasado toda la muchedumbre (detrás se ha agregado más gente, de la que había en los locales del fondac y en la plaza, donde ahora se ve solamente a los vendedores, enojadísimos por el imprevisto reclamo, que hace fracasar el mercado de ese día). Luego, al ver pasar a uno de los tres hermanos, preguntan: «Felipe, ¿sabes lo que piensa hacer ahora el Rabí?».

«Va a hablar, a adoctrinar. ¡Y además en mi patio!» dice Felipe todo alborozado.

Los soldados se consultan. ¿Quedarse? ¿Marcharse?

«El alférez nos ha dicho que vigilemos…».

«¿A quién? ¿Al Hombre? Por Él podríamos ir a jugarnos a los dados una ánfora de vino de Chipre» dice Escipión, el soldado que antes defendía a Jesús ante su compañero.

«¡A mí me parece que es Él el que necesita ser protegido, no el derecho de Roma! ¿No le veis! Ninguno de nuestros dioses tiene un aspecto tan manso, y al mismo tiempo tan viril. Esta gentuza no es digna de Él. Y los indignos son siempre malos. Vamos a quedarnos a protegerle. Si hace falta le guardamos las espaldas, y se las acariciamos a estos bribones» dice, medio sarcástico, medio admirado, otro.

«Bien dices, Pudente. Es más, para que Prócoro, el alférez, que siempre está soñando complots contra Roma y… ascensos para él, por gracia y mérito de su solícita vigilancia por la salud del divino César y de la diosa Roma, madre y señora del mundo, se convenza de que aquí no va a conquistar brazalete o corona, ve a llamarle, Acio».

329.6

Un soldado joven se marcha corriendo, y corriendo vuelve, diciendo: «Prócoro no viene, manda al triario Aquila…».

«¡Bien! ¡Bien! Mejor él que el propio Cecilio Máximo. Aquila ha servido en África, en Galia, y estuvo en las crueles selvas que nos arrebataron a Varo y a sus legiones. Conoce a griegos y bretones y tiene buen olfato para distinguir… ¡Salve! ¡Aquí tenemos al glorioso Aquila! ¡Ven, enséñanos, a nosotros, míseros, a comprender el valor de los seres!».

«¡Viva Aquila, maestro de soldados!» gritan todos, dándole afectuosos zarandeos al viejo soldado, marcado de cicatrices en el rostro (y, como el rostro, así tiene sus brazos y pantorrillas desnudos).

Él sonríe bonachón y exclama: «¡Viva Roma, maestra del mundo; no yo, que soy un pobre soldado! ¿Qué sucede, pues?».

«Vigilar a ese hombre alto y rubio como el más claro cobre».

«Bien. Pero, ¿quién es?».

«El Mesías, según dicen. Se llama Jesús y es de Nazaret. Es aquel, ¿ya sabes, no?, por el que se comunicó aquella orden…».

«¡Mmm! Bien… pero me parece que perseguimos nubes».

«Dicen que quiere hacerse rey y suplantar a Roma. El Sanedrín, los fariseos, saduceos y herodianos, le han denunciado ante Poncio. Ya sabes que los hebreos tienen esta obsesión en la cabeza y, de vez en cuando, aparece un rey…».

«Sí, sí… ¡Pero si es por este hombre!… De todas formas, vamos a oír lo que dice. Creo que se dispone a hablar».

«He sabido por el soldado, que está con el centurión, que Publio Quintiliano le ha hablado de Él como de un filósofo divino… Las mujeres imperiales se muestran entusiastas…» dice otro soldado, joven.

«¡Claro! También yo me sentiría entusiasta de Él si fuera una mujer, y querría tenerle en mi cama…» dice, riéndose abiertamente, otro soldado joven.

«¡Cállate, impúdico! ¡La lujuria te come!» dice otro bromeando.

«¿Y tú no, Fabio? Ana, Sira, Alba, María…».

«Silencio, Sabino. Está hablando y quiero escuchar» ordena el triario. Y todos guardan silencio.

329.7

Jesús ha subido encima de una caja que está colocada contra una pared. Todos, por tanto, le pueden ver bien. Ya se ha esparcido por el aire su dulce saludo, seguido luego por las palabras: «Hijos de un único Creador, escuchad», para proseguir, en el atento silencio de la gente:

«El tiempo de la Gracia para todos ha llegado, no sólo para Israel, sino para todo el mundo. Hombres hebreos que estáis aquí por diversas razones, prosélitos, fenicios, gentiles, todos: oíd la Palabra de Dios, comprended la Justicia, conoced la Caridad. Teniendo Sabiduría, Justicia y Caridad, dispondréis de los medios para llegar al Reino de Dios, a ese Reino que no es una exclusividad de los hijos de Israel, sino que es de todos aquellos que amen de ahora en adelante al verdadero, único Dios, y crean en la palabra de su Verbo.

329.8

Escuchad. He venido de muy lejos, no con miras de usurpador, ni con la violencia del conquistador. He venido sólo para ser el Salvador de vuestras almas. Los dominios, las riquezas, los cargos, no me seducen. Para mí no son nada; son cosas a las que ni siquiera miro. Es decir, las miro con conmiseración, porque me producen compasión, siendo como son cadenas para apresar a vuestro espíritu, impidiéndole así acercarse al Señor eterno, único, universal, santo y bendito. Las miro y me acerco a ellas como a las más grandes miserias. Y trato de liberarlas del lisonjero y cruel engaño que seduce a los hijos de los hombres, para que puedan usarlas con justicia y santidad, no como crueles armas que hieren y matan al hombre (y lo primero, siempre, al espíritu de aquel que las usa no santamente).

Pero, en verdad os digo, me es más fácil curar a un cuerpo deforme que a un alma deforme; me es más fácil dar luz a las pupilas apagadas, salud a un cuerpo agonizante, que luz a los espíritus y salud a las almas enfermas. ¿Por qué? Porque el hombre ha perdido de vista el verdadero fin de su vida, y se ocupa de lo transitorio.

El hombre no sabe, o no recuerda, o, recordando, no quiere prestar obediencia a esta santa orden del Señor — y hablo también para los gentiles que me escuchan — de hacer el bien, que es bien en Roma como lo es en Atenas, en Galia o en Africa, porque la ley moral existe bajo todos los cielos y en todas las religiones, en todo corazón recto. Y las religiones, desde la de Dios hasta la de la moral individual, dicen que la parte mejor de nosotros sobrevive, y que según como haya obrado en la tierra así será su suerte en la otra vida. Fin, pues, del hombre es la conquista de la paz en la otra vida; no las comilonas, la usura, el abuso de la fuerza, el placer, aquí, por poco tiempo, para pagarlos eternamente con muy duros tormentos. Pues bien, el hombre no sabe, o no recuerda, o no quiere recordar esta verdad. Si no la sabe, es menos culpable; si no la recuerda, es bastante culpable, porque hay que tener encendida la verdad, cual antorcha santa, en las mentes y en los corazones; pero, si no la quiere recordar, y, cuando resplandece, cierra los ojos para no verla, aborreciéndola como a la voz de un orador pedante, entonces su culpa es grave, muy grave.

329.9

Y, no obstante, Dios perdona esta culpa, si el alma repudia su comportamiento malo y se propone perseguir durante el resto de la vida el fin verdadero del hombre, que es conquistarse la paz eterna en el Reino del Dios verdadero. ¿Habéis seguido hasta ahora un camino malo? ¿Abatidos, pensáis que es tarde para tomar el camino recto? ¿Desconsolados, decís: “¡No sabía nada de esto! Ahora me veo ignorante e inhábil”? No. No penséis que es como con las cosas materiales, y que hace falta mucho tiempo y fatiga para rehacer de nuevo, con santidad, lo ya hecho. La bondad del eterno, verdadero Señor Dios, es tal que, ciertamente, no os hace recorrer hacia atrás la vida vivida para colocaros de nuevo en la bifurcación en que vosotros, errando, dejarais el recto sendero para seguir el malo; es tanta que, desde el momento en que decís: “Quiero ser de la Verdad”, o sea, de Dios, porque Dios es Verdad, Dios, por un milagro enteramente espiritual, infunde en vosotros la Sabiduría, siendo así que ya no sois ignorantes sino poseedores de la ciencia sobrenatural, igual que los que desde años antes la poseen.

Sabiduría es desear tener a Dios, amar a Dios, cultivar el espíritu, tender al Reino de Dios repudiando todo lo que es carne, mundo y Satanás. Sabiduría es obedecer a la ley de Dios, que es ley de caridad, de obediencia, de continencia, de honestidad. Sabiduría es amar a Dios con todo el propio ser, amar al prójimo como a nosotros mismos. Éstos son los dos elementos indispensables para ser sabios con la Sabiduría de Dios. Y en el prójimo están incluidos no sólo los que tienen nuestra misma sangre o raza o religión, sino todos los hombres, ricos o pobres, sabios o ignorantes, hebreos, prosélitos, fenicios, griegos, romanos…».

329.10

Jesús se ve interrumpido por un grito amenazador de algunos exaltados. Los mira y dice: «Sí. Esto es el amor. Yo no soy un maestro servil. Digo la verdad porque debo hacerlo así para sembrar en vosotros lo necesario para la Vida eterna. Os guste o no, tengo que decíroslo, para cumplir mi deber de Redentor; os toca a vosotros cumplir con el vuestro de personas necesitadas de Redención. Amar al prójimo, pues. Todo el prójimo. Con un amor santo. No amarle con deshonesto concubinato de intereses, de forma que es “anatema” el romano, fenicio o prosélito — o viceversa —, mientras no hay de por medio sensualidad o dinero; y luego, si surgen en vosotros el deseo carnal o de la ganancia, ya no es “anatema”…».

Se oye otra vez el rumor de la gente. Los romanos, por su parte, en su sitio en el atrio, exclaman: «¡Por Júpiter! ¡Habla bien éste!».

Jesús deja que se calme el rumor y prosigue:

«Amar al prójimo como querríamos ser amados nosotros. Porque no nos agrada ser maltratados, vejados, o que nos roben o subyuguen, ni ser calumniados o que nos traten groseramente. La misma susceptibilidad, nacional o individual, tienen los demás. No nos hagamos, pues, recíprocamente, el mal que no quisiéramos recibir nosotros.

Sabiduría es prestar obediencia a los diez preceptos de Dios[1]:

“Yo soy el Señor tu Dios. No tengas otro Dios aparte de mí. No tengas ídolos, no les rindas culto.

No tomes el Nombre de Dios en vano. Es el Nombre del Señor tu Dios, y Dios castigará a quien lo use sin razón o por imprecación o para convalidar un pecado.

Acuérdate de santificar las fiestas. El sábado está consagrado al Señor, que descansó en sábado de la Creación y le ha bendecido y santificado.

Honra a tu padre y a tu madre, para que vivas en paz largamente sobre la tierra y eternamente en el Cielo.

No matarás.

No cometerás adulterio.

No robarás.

No hablarás con falsedad contra tu prójimo.

No desearás la casa, la mujer, el siervo, la sierva, el buey, el asno, ni nada que pertenezca a tu prójimo”.

Ésta es la Sabiduría. Quien esto hace es sabio y conquista la Vida y el Reino que no tienen fin. Desde hoy, pues, proponeos vivir según la Sabiduría, anteponiéndola a las pobres cosas de la tierra.

329.11

¿Qué decís? Hablad. ¿Decís que es tarde? No. Escuchad una parábola.

Un amo de una viña, al amanecer de un día, salió para contratar obreros para su viña, y ajustó con ellos un denario al día.

Salió de nuevo a la hora tercera, y, pensando que eran pocos los jornaleros contratados, viendo en la plaza a otros desocupados en espera de que los contratara, los tomó y dijo: “Id a mi viña, que os daré lo que he prometido a los otros”. Y éstos fueron.

Habiendo salido a la hora sexta y a la hora nona, vio todavía a otros y les dijo: “¿Queréis trabajar para mí? Doy un denario al día a mis jornaleros”. Aceptaron y fueron.

Salió, en fin, a la hora undécima. Vio a otros, que, ya declinando el Sol, estaban inactivos: “¿Qué hacéis aquí, tan ociosos? ¿No os da vergüenza estar sin hacer nada todo el día?”, les preguntó.

“Nadie nos ha contratado. Hubiéramos querido trabajar y ganarnos el pan. Pero nadie nos ha llamado a su viña”.

“Bien, pues yo os llamo a mi viña. Id y recibiréis el salario de los demás”. Eso dijo porque era un buen patrón y sentía piedad del abatimiento de su prójimo.

Llegada la noche, terminados los trabajos, el hombre llamó a su administrador, y dijo: “Llama a los jornaleros y paga su salario, según lo que he fijado, empezando por los últimos, que son los más necesitados, porque no han tenido durante el día el alimento que los otros una o varias veces han tenido, y, además, son los que, agradeciendo mi piedad, más han trabajado; los he observado; licéncialos, que vayan a su merecido descanso y gocen con su familia de los frutos de su trabajo”. Y el administrador hizo como el patrón le ordenaba, y dio a cada uno un denario.

Habiendo llegado al final aquellos que llevaban trabajando desde la primera hora del día, se asombraron al recibir también un solo denario, y manifestaron sus quejas entre sí y ante el administrador, el cual dijo: “He recibido esta orden. Id a quejaros al patrón, no vengáis a quejaros a mí”. Y fueron y dijeron: “¡No eres justo! Hemos trabajado doce horas, primero en medio del aguazo, luego bajo el sol de fuego, y luego otra vez con la humedad del anochecer, ¡y tú nos has dado lo mismo que a esos haraganes que han trabajado sólo una hora!… ¿Por qué?”. Y especialmente uno de ellos levantaba la voz juzgándose traicionado y explotado indignamente.

“Amigo, ¿y en qué te he perjudicado? ¿Qué he pactado contigo al alba? Una jornada de continuo trabajo y, como salario, un denario. ¿No es verdad?”.

“Sí. Es verdad. Pero tú has dado lo mismo a ésos, por mucho menos trabajo…”.

“¿Has aceptado este salario porque te parecía bueno?”

“Sí. He aceptado porque los otros daban incluso menos”.

“¿Te he maltratado aquí?”.

“No, en conciencia no”.

“Te he concedido reposo a lo largo de la jornada, y comida, ¿no es verdad? Te he dado tres comidas. Y la comida y el descanso no habían sido pactados. ¿No es verdad?”.

“Sí, no estaban acordados”.

“Entonces, ¿por qué los has aceptado?”.

“Hombre, pues… Tú dijiste: ‘Prefiero así, para evitar que os canséis volviendo a vuestras casas’. No dábamos crédito a nuestros oídos… Tu comida era buena, era un ahorro, era…”.

“Era una gracia que os daba gratuitamente y que ninguno podía pretender. ¿No es verdad?”.

“Es verdad.”

“Por tanto, os he favorecido. ¿Por qué os quejáis entonces? Debería quejarme yo de vosotros, que, habiendo comprendido que tratabais con un patrón bueno, trabajabais perezosamente, mientras que éstos, que han llegado después de vosotros, habiendo gozado del beneficio de una sola comida — y los últimos de ninguna —, han trabajado con más ahínco, haciendo en menos tiempo el mismo trabajo que habéis hecho vosotros en doce horas. Os habría traicionado si os hubiera reducido a la mitad el salario para pagar también a éstos. No así. Por tanto, coge lo tuyo y vete. ¿Pretendes venir a imponerme en mi casa lo que a ti te parece? Hago lo que quiero y lo que es justo. No quieras ser malo y tentarme a la injusticia. Yo soy bueno”.

329.12

¡Oh, vosotros todos, que me escucháis! En verdad os digo que el Padre Dios propone a todos los hombres el mismo pacto y les promete la misma retribución. Al que con diligencia se pone a servir al Señor, Él le tratará con justicia, aunque fuere poco su trabajo debido a la muerte cercana. En verdad os digo que no siempre los primeros serán los primeros en el Reino de los Cielos, y que allí veremos a últimos ser primeros y a primeros ser últimos. Allí veremos a hombres no pertenecientes a Israel más santos que muchos de Israel. He venido a llamar a todos, en nombre de Dios. Pero, si muchos son los llamados, pocos son los elegidos, porque pocos desean la Sabiduría. No es sabio el que vive del mundo y de la carne y no de Dios. No es sabio ni para la tierra ni para el Cielo: en la tierra se crea enemigos, castigos, remordimientos, y pierde el Cielo para siempre.

Repito: sed buenos con el prójimo, quienquiera que sea. Sed obedientes, dejando a Dios la tarea de castigar a quien manda injustamente. Sed continentes sabiendo resistir a la sensualidad; honrados, sabiendo resistir al oro; coherentes, calificando de anatema a aquello que se lo merece, y no cuando os parece y luego estrecháis contactos con el objeto que antes habíais maldecido como idea. No hagáis a los demás lo que no querríais para vosotros, y entonces…».

329.13

«¡Vete, profeta molesto! ¡Nos has fastidiado el mercado!… ¡Nos has arrebatado los clientes!…» gritan los vendedores irrumpiendo en el patio… Y los que habían hecho alboroto en el patio cuando Jesús había empezado a enseñar — no todos fenicios: también hay hebreos, que están en esta ciudad por un motivo que desconozco — se unen a los vendedores para insultar y amenazar, y, sobre todo, para obligar a abandonar el lugar…

Jesús no gusta porque no aconseja en orden al mal… Cruza los brazos y mira, triste, solemne.

La gente, dividida en dos partidos, se enzarza, defendiendo u ofendiendo al Nazareno. Improperios, alabanzas, maldiciones, bendiciones, gritos de: «Tienen razón los fariseos. Eres un vendido a Roma, amigo de publicanos y meretrices», o de: «¡Callad, lenguas blasfemas! ¡Vosotros sois los vendidos a Roma, fenicios del infierno!», «¡Sois diablos!», «¡Que os trague el infierno!», «¡Fuera! ¡Fuera!», «¡Fuera vosotros, ladrones que venís a mercadear aquí, usureros!» etcétera, etcétera.

Intervienen los soldados diciendo: «¡De amotinador nada! ¡Es Él la víctima!». Y con las lanzas echan fuera del patio a todos y cierran el portón.

Se quedan con Jesús los tres hermanos prosélitos y los seis apóstoles.

«¡Pero cómo se os ha ocurrido hacerle hablar?» pregunta el triario a los tres hermanos.

«¡Muchos hablan!» responde Elías.

«Sí. Y no pasa nada porque enseñan lo que gusta al hombre. Pero éste no enseña eso. Y es indigesto…». El viejo soldado mira atentamente a Jesús, que ha bajado de su sitio y está callado, como abstraído.

Fuera, la gente sigue enzarzada. Tanto que, del recinto militar salen otros soldados y con ellos el propio centurión. Instan para que les abran, mientras otros se quedan a rechazar tanto a quien grita: «¡Viva el Rey de Israel!», como a quien le maldice.

El centurión, inquieto, da unos pasos adelante. Arremete coléricamente contra el viejo Aquila: «¿Así tutelas a Roma tú? ¿Dejando aclamar a un rey extranjero en la tierra dominada?».

El viejo saluda con reciedumbre y responde: «Enseñaba respeto y obediencia y hablaba de un reino que no es de esta tierra. Por eso le odian. Porque es bueno y respetuoso. No he hallado motivo para imponer silencio a quien no iba contra nuestra ley».

El centurión se calma, y barbota: «Entonces es una nueva sedición de esta fétida gentuza… Bien. Dadle a este hombre la orden de marcharse inmediatamente. No quiero problemas aquí. Cumplid esto y, en cuanto esté libre el trayecto, escoltadle hasta fuera de la ciudad. Que vaya a donde quiera. A los infiernos, si quiere. Pero que se vaya de mi jurisdicción. ¿Entendido?».

«Sí. Lo haremos».

El centurión da media vuelta, con grandes resplandores de coraza y ondeos de manto purpurino, y se marcha sin siquiera mirar a Jesús.

329.14

Los tres hermanos dicen a Jesús: «Lamentamos…».

«No tenéis la culpa vosotros. No temáis. No os ocasionará ningún mal, Yo os lo digo…».

Los tres cambian de color… Felipe dice: «¿Cómo es que sabes que tenemos este temor?».

Jesús sonríe dulcemente (un rayo de sol en su rostro triste): «Conozco lo que hay en los corazones y en el futuro».

Los soldados se han puesto al sol, a esperar; y no pierden ojo, más o menos solapadamente, mientras hacen comentarios…

«¿Podrán querernos a nosotros, si odian incluso a ése, que no los subyuga?».

«Y que hace milagros, debes decir…».

«¡Por Hércules! ¿Quién de nosotros ha sido el que ha venido a avisar de que estaba el sospechoso y había que vigilarle?».

«¡Ha sido Cayo!».

«¡El cumplidor! Ya hemos perdido el rancho y preveo que voy a perder el beso de una muchacha!… ¡Ah, sí!».

«¡Epicúreo! ¿Dónde está la bella?».

«¡Está claro que a ti no te lo digo, amigo!».

«Detrás del alfarero, en los Cimientos. Lo sé. Te he visto hace unas noches…» dice otro.

329.15

El triario, como paseando, va hacia Jesús. Se mueve alrededor de Él, mirándole insistentemente. No sabe qué decir… Jesús le sonríe para infundirle ánimo. El hombre no sabe qué hacer… Pero se acerca más.

Jesús, señalando las cicatrices, dice: «¿Son todas heridas? Se ve que eres un hombre valeroso y fiel…».

El viejo soldado se pone como la púrpura por el elogio.

«Has sufrido mucho por amor a tu patria y a tu emperador… ¿No querrías sufrir algo por una patria más grande: el Cielo?; ¿por un eterno emperador: Dios?».

El soldado mueve la cabeza y dice: «Soy un pobre pagano. De todas formas, quién sabe si no llegaré también yo a la hora undécima. Pero, ¿quién me instruye? ¡Ya ves!… Te echan. ¡Éstas heridas sí que hacen daño, no las mías!… Al menos yo se las he devuelto a los enemigos. Pero Tú, a quién te hiere, ¿que le das?».

«Perdón, soldado. Perdón y amor».

«Tengo razón yo. La sospecha sobre ti es estúpida. Adiós, galileo».

«Adiós, romano».

329.16

Jesús se queda solo, hasta que vuelven los tres hermanos y los discípulos, con comida: los hermanos ofrecen a los soldados; los discípulos, a Jesús. Éstos comen, inapetentes, al sol, mientras los soldados comen y beben alegremente.

Luego un soldado sale a dar una ojeada a la plaza silenciosa. «Podemos ponernos en marcha» grita. «Se han ido todos. Sólo están las patrullas».

Jesús se pone en pie dócilmente. Bendice y conforta a los tres hermanos, y les da una cita para la Pascua en el Getsemaní. Luego sale, encuadrado entre los soldados. Le siguen sus discípulos, apesadumbrados. Y recorren las calles vacías, hasta la campiña.

«Salve, galileo» dice el triario.

«Adiós, Aquila. Te ruego que no hagáis ningún mal a Daniel, Elías y Felipe. Sólo Yo soy el culpable. Díselo al centurión».

«No digo nada. A estas horas ya ni se acuerda de esto. Y los tres hermanos nos proveen bien, especialmente de ese vino de Chipre que el centurión prefiere a la propia vida. Quédate tranquilo. Adiós».

Se separan. Los soldados franquean, de regreso, las puertas, mientras Jesús y los suyos se encaminan por la campiña silenciosa, en dirección Este.


Notas

  1. Los diez preceptos de Dios como aparecen en Éxodo 20, 2-17 y en Deuteronomio 5, 6-21.