Los Escritos de Maria Valtorta

330. Jacques et Jean deviennent “ les fils du tonnerre ”.

330. Santiago y Juan “hijos del trueno”.

330.1

Jésus traverse une région très montagneuse. Ce ne sont pas de hautes montagnes, mais une succession de montées et de descentes de collines et une quantité de torrents, joyeux en cette fraîche nouvelle saison, limpides comme le ciel, jeunes comme les premières feuilles de plus en plus nombreuses sur les branches.

Mais bien que la saison soit belle, joyeuse, apte à soulager le cœur, il ne semble pas que Jésus ait l’esprit très soulagé, et les apôtres encore moins. Ils marchent silencieusement au fond d’une vallée. Seuls des bergers et des troupeaux se présentent à leurs yeux, mais Jésus ne paraît même pas les voir.

C’est le soupir découragé de Jacques, fils de Zébédée, et ses paroles inattendues, fruit d’une réflexion soucieuse, qui attirent l’attention de Jésus… Jacques dit :

« Défaites sur défaites !… Il me semble que nous sommes maudits… »

Jésus lui pose la main sur l’épaule :

« Ne sais-tu pas que c’est le sort des meilleurs ?

– Ah ! Je le sais depuis que je suis avec toi ! Mais de temps en temps, il faudrait quelque chose de différent pour ragaillardir notre cœur et notre foi ; avant, nous étions plus fots…

330.2

– Tu doutes de moi, Jacques ? »

Quelle douleur fait trembler la voix du Maître !

« Non !… »

A vrai dire, ce “ non ” n’est pas très assuré.

« Mais pour ce qui est de douter, tu doutes. De quoi, alors ? Tu ne m’aimes plus comme autrefois ? le fait de me voir chassé, ridiculisé, ou même seulement laissé de côté sur ces confins phéniciens, a-t-il affaibli ton amour ? »

De L’émotion tremble dans les paroles de Jésus, bien qu’il n’y ait ni sanglots ni larmes. C’est vraiment son âme qui pleure.

« Pour cela non, mon Seigneur ! Au contraire, mon amour pour toi augmente quand je te vois incompris, récusé, humilié, affligé. Et pour ne pas te voir ainsi, pour pouvoir changer le cœur des hommes, je serais prêt à donner ma vie en sacrifice. Tu dois me croire ! Ne me brise pas le cœur, déjà si affligé, en pensant que tu doutes de mon amour. Sinon… Sinon, je tomberais dans des excès. Je repartirais en arrière et je me vengerais de celui qui t’afflige, pour te prouver que je t’aime, pour t’enlever ce doute, et si j’étais pris et tué cela ne m’importerait en rien. Il me suffirait de t’avoir donné une preuve d’amour.

– Oh ! Le fils du tonnerre ! D’où te vient cette véhémence ? Veux-tu donc être une foudre exterminatrice ? »

Jésus sourit de la fougue et des projets de Jacques.

« Ah ! Au moins je te vois sourire ! C’est déjà un fruit de mes projets. Qu’en dis-tu, Jean ? Devons-nous mettre en pratique ce que je pense pour consoler le Maître, humilié par tant de refus ?

– Oh, oui ! Allons-y, nous, et mettons-nous à parler. Et s’ils l’insultent encore en le traitant de roi en paroles, de roi de comédie, de roi sans argent, de roi fou, frappons dur pour qu’ils s’aperçoivent que le roi a aussi une armée de fidèles et qu’ils ne sont pas disposés à le laisser en butte au mépris. La violence est utile en certains cas. Allons-y, mon frère ! »

Lui qui est toujours doux, est tellement en colère qu’il paraît ne plus être lui-même.

330.3

Jésus s’interpose entre les deux hommes, les agrippe par le bras pour les retenir, et dit :

« Mais écoutez-les ! Qu’ai-je prêché pendant tellement de temps ? Ah ! La surprise est de taille ! Même Jean, ma colombe, s’est transformé en épervier ! Regardez-le, vous tous, voyez comme il est laid, agité, ébouriffé, déformé par la haine ! Quelle honte ! Et vous vous étonnez que des Phéniciens restent indifférents, que des Hébreux soient pleins de haine, que des Romains m’intiment l’expulsion, quand vous, les premiers, vous n’avez encore rien compris depuis deux ans que vous êtes avec moi, quand vous êtes devenus fiel, par la haine que vous avez dans le cœur, quand vous rejetez de votre âme ma doctrine d’amour et de pardon, quand vous l’expulsez comme une sottise et accueillez la violence comme une bonne alliée ! Oh, Père saint ! Cela, oui, c’est une défaite ! Au lieu d’être comme autant de faucons qui aiguisent leurs becs et leurs griffes, ne vaudrait-il pas mieux que vous soyez des anges qui prient le Père de réconforter son Fils ? Quand donc a-t-on vu un orage faire du bien par ses foudres et sa grêle ? Eh bien ! En souvenir de ce péché que vous avez commis contre la charité, en souvenir du moment où j’ai vu affleurer sur votre visage l’animal-homme au lieu de l’homme-ange que je veux toujours voir en vous, je vais vous surnommer “ les fils du tonnerre. ” »

Jésus est à moitié sérieux quand il s’adresse aux fils de Zébédée tout enflammés. Mais ses reproches ne durent pas devant leur repentir et, avec un visage que l’amour rend lumineux, il les serre contre son cœur en disant :

« Ne soyez plus jamais mauvais comme cela. Et merci pour votre amour. Et aussi pour le vôtre, mes amis » dit-il en s’adressant à André, à Matthieu et à ses deux cousins. « Venez ici que je vous embrasse vous aussi. Mais ne savez-vous pas que, si je n’avais pas d’autres joies que celle de faire la volonté de mon Père et votre amour, je serais toujours heureux même si le monde entier me giflait ? Je suis triste, non pas pour moi, pour mes défaites, comme vous dites, mais par pitié pour les âmes qui repoussent la Vie. Voilà, maintenant nous sommes tous contents, n’est-ce pas, espèces de grands enfants que vous êtes ? Alors, partons.

330.4

Allez trouver ces bergers qui sont en train de traire le troupeau et demandez-leur un peu de lait au nom de Dieu. N’ayez pas peur » dit-il en voyant la réticence des apôtres. « Obéissez avec foi. Vous aurez du lait et non des coups de bâton, même si l’homme est phénicien. »

Les six apôtres s’éloignent tandis que Jésus les attend sur la route. Et il prie pendant ce temps, ce Jésus affligé dont personne ne veut… Les apôtres reviennent avec un petit seau de lait et disent :

« L’homme a demandé que tu ailles là-bas, il doit te parler, mais il ne peut laisser les chèvres capricieuses aux petits bergers. »

Jésus répond :

« Dans ce cas, allons manger notre pain là-bas. »

Et ils se dirigent tous vers la pente sur laquelle s’accrochent les chèvres capricieuses.

330.5

« Je te remercie du lait que tu m’as donné. Que veux-tu de moi ?

– Tu es le Nazaréen, n’est-ce pas ? Celui qui fait des miracles ?

– Je suis celui qui prêche le salut éternel. Je suis le Chemin pour aller au vrai Dieu, la Vérité qui se donne, la Vie qui vous vivifie. Je ne suis pas un sorcier qui fait des prodiges. Eux sont les manifestations de ma bonté et de votre faiblesse, qui a besoin de preuves pour croire. Mais qu’attends-tu de moi ?

– Voilà… il y a deux jours, tu étais à Alexandroscène ?

– Oui. Pourquoi ?

– Moi aussi, j’y étais avec mes chevrettes et, quand j’ai compris qu’il y avait des bagarres, j’ai filé, parce qu’on a l’habitude de les provoquer pour voler ce qui se trouve sur les marchés. Ce sont tous des voleurs, ces Phéniciens… comme les autres. Je ne devrais pas dire cela, car mon père était prosélyte et ma mère syrienne, et que je suis prosélyte moi aussi. Mais c’est la vérité. Bien. Revenons à notre récit. Je m’étais mis dans une étable avec mes bêtes, en attendant le char de mon fils. Et le soir, en sortant de la ville, j’ai rencontré une femme en larmes avec une fillette dans les bras. Elle avait fait huit milles pour venir te trouver, parce qu’elle habite hors de la ville, dans la campagne. Je lui ai demandé ce qu’elle avait. C’est une prosélyte. Elle était venue pour vendre et acheter. Elle avait entendu parler de toi. Et l’espoir lui était venu au cœur. Elle avait couru chez elle et avait pris sa fillette. Mais avec un fardeau, on marche lentement ! Quand elle est arrivée au magasin des frères, tu n’y étais plus. Les frères lui ont dit : “ Ils l’ont chassé. Mais il nous a dit hier soir qu’il refera les escaliers de Tyr. ” Moi – je suis père moi aussi –, je lui ai conseillé : “ Alors va là-bas. ” Mais elle m’a répondu: “ Et si, après ce qui est arrivé, il passe par d’autres chemins pour retourner en Galilée ? ” Je lui ai dit : “ Ah ! Écoute : ce sera l’une des deux routes des frontières. Moi, je fais paître mes troupeaux entre Rohob et Lesemdan, justement sur la route des frontières entre ici et Nephtali. Si je le vois, je lui en parle. Parole de prosélyte. ” Et voilà, c’est fait.

– Et que Dieu t’en récompense. J’irai trouver la femme.

330.6

Je dois retourner à Aczib.

– Tu vas à Aczib ! Alors nous pourrons faire route ensemble si tu ne dédaignes pas un berger.

– Je ne dédaigne personne. Pourquoi vas-tu à Aczib ?

– Parce que j’y ai des agneaux. A moins que… je n’en aie plus.

– Pourquoi ?

– Parce qu’il y a la maladie… Je ne sais pas si c’est de la sorcellerie ou autre chose. Je sais que mon beau troupeau est tombé malade. C’est pour cela que j’ai amené ici les chèvres, qui sont encore saines, pour les séparer des brebis. Mes deux fils vont rester ici. En ce moment, ils sont à la ville pour les commissions. Mais je retourne là… pour les voir mourir, mes belles brebis couvertes de laine… »

L’homme soupire… Il regarde Jésus et s’excuse :

« Te parler de ces choses, à toi qui es Celui qui est, et t’affliger, toi qui es certainement déjà affligé de la façon dont ils te traitent, c’est de la sottise. Mais les brebis, nous les aimons et c’est notre fortune, tu sais…

– Je comprends, mais elles vont guérir. Ne les as-tu pas fait voir à des gens qui s’y connaissent ?

– Ils m’ont tous recommandé la même chose: “ Tue-les et vends leurs peaux. Il n’y a rien d’autre à faire ”, et ils m’ont même menacé si je les fais sortir… Ils ont peur de la maladie pour les leurs. Je dois les garder enfermées… et elles mourront en plus grand nombre. Les habitants d’Aczib sont méchants, tu sais… »

Jésus dit simplement :

« Je le sais.

– Moi, je suis sûr qu’ils me les ont ensorcelées…

– Non. Ne crois pas ces sornettes… Vas-tu partir aussitôt que tes fils seront arrivés ?

– Aussitôt. Ils vont être ici dans un moment.

330.7

Et eux, ce sont tes disciples ? Il n’y a qu’eux ?

– Non, j’en ai encore d’autres.

– Et pourquoi est-ce qu’ils ne viennent pas ici ? Une fois, près de Mérom, j’en ai rencontré un groupe. Ils avaient à leur tête un berger. C’est ce qu’on disait. C’était un homme grand, robuste, qui s’appelait Elie. C’était en octobre, me semble-t-il, avant ou après la fête des Tentes. Il t’a quitté, maintenant ?

– Aucun disciple ne m’a quitté.

– On m’avait assuré que…

– Quoi ?

– Que tu… que les pharisiens… En somme que les disciples t’avaient quitté par peur, et parce que tu étais un…

– Un démon. Dis-le simplement. Je le sais. C’est un double mérite pour toi, qui crois malgré cela.

– Et pour ce mérite, tu ne pourrais pas… mais je demande peut-être quelque chose de sacrilège…

– Parle. Si c’est mauvais, je te le dirai.

– Tu ne pourrais pas, en passant, bénir mon troupeau ? »

L’homme est tout angoissé…

« Je vais bénir ton troupeau. Celui-ci… – il lève la main pour bénir les chèvres éparses – … et celui des brebis. Crois-tu que ma bénédiction les sauve ?

– Comme tu sauves les hommes des maladies, tu pourras sauver les bêtes de la même façon. On dit que tu es le Fils de Dieu. Les brebis, c’est Dieu qui les a créées. Ce sont donc des créatures du Père. Moi… je ne savais pas s’il était respectueux de te le demander. Mais si c’est possible, fais-le, Seigneur, et je porterai au Temple de grandes offrandes de louange. Ou plutôt, non ! Je te les donnerai pour les pauvres et ce sera mieux. »

Jésus sourit et se tait.

330.8

Les fils du berger arrivent, et peu après Jésus, ses disciples et le vieux berger partent, laissant les jeunes gens à la garde des chèvres.

Ils marchent rapidement, dans l’intention d’arriver vite à Cédès pour en sortir aussitôt en essayant de rejoindre la route qui va de la mer vers l’intérieur. Ce doit être la même que celle qu’ils ont parcourue pour aller à Alexandroscène, celle qui bifurque au pied du promontoire. C’est du moins ce que je comprends d’après les conversations du berger avec les disciples. Jésus marche seul à l’avant.

« Mais n’aurons-nous pas d’autres ennuis ? demande Jacques, fils d’Alphée.

– Cédès ne dépend pas de ce centurion. Elle est hors des frontières phéniciennes. Les centurions, il suffit de ne pas les titiller, ils se désintéressent de la religion.

– Et puis nous ne nous y arrêtons pas…

– Est-ce que vous arriverez à faire plus de trente milles par jour ? demande le berger.

– Oh ! Nous sommes des pèlerins perpétuels ! »

Ils marchent sans arrêt… Ils arrivent à Cédès et la dépassent sans incidents. Ils prennent la route directe. Sur la borne est indiquée Aczib. Le berger la montre en disant :

« Demain, nous y serons. Cette nuit, vous viendrez avec moi. Je connais des paysans des vallées, mais beaucoup sont à l’intérieur des frontières phéniciennes… C’est bien ! Nous sortirons des frontières, et on ne nous découvrira sûrement pas tout de suite… Ah ! La surveillance ! Il vaudrait mieux l’exercer contre les voleurs !… »

Le soleil tombe et les vallées n’aident évidemment pas à garder sa lumière, boisées comme elles le sont. Mais le berger a de la pratique, et il avance avec assurance.

330.9

Ils arrivent à un petit village, plus exactement à une poignée de maisons.

« Ils vont nous accorder l’hospitalité ici, ce sont des juifs. Nous sommes vraiment à la frontière. S’ils ne veulent pas de nous, nous irons dans un autre village qui est phénicien.

– Je n’ai pas de préventions, homme. »

Ils frappent à une maison.

« C’est toi, Hanne ? Avec des amis ? Viens, viens et que Dieu soit avec toi » dit une femme très âgée.

Ils entrent dans une vaste cuisine que réjouit un grand feu. Une famille nombreuse de tous les âges est réunie à table, mais fait place poliment à ceux qui viennent d’arriver.

« Voici Jonas. Voilà sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et les belles-filles. Une famille patriarcale, fidèle au Seigneur » dit le berger Hanne à Jésus.

Puis, se tournant vers le vieux Jonas :

« Et celui qui est avec moi, c’est le Rabbi d’Israël, celui que tu désirais connaître.

– Je bénis Dieu qui me permet de lui donner l’hospitalité et d’avoir de la place, ce soir. Et je bénis le Rabbi d’être venu dans ma maison ; je demande sa bénédiction. »

Hanne explique que la maison de Jonas sert quasiment d’auberge pour les pèlerins qui vont de la mer vers l’intérieur.

Tous s’asseyent dans la cuisine chaude et les femmes servent les nouveaux arrivés. Il y a un tel respect qu’il en est paralysant. Mais Jésus détend la situation en prenant autour de lui, tout de suite après le repas, les nombreux enfants et en s’intéressant à eux, qui sympathisent aussitôt. Derrière eux, dans le bref espace de temps qui sépare le dîner du repos, les hommes de la maison s’enhardissent, racontent ce qu’ils ont appris sur le Messie et demandent des détails supplémentaires. Et Jésus rectifie, confirme, explique avec bienveillance, dans une paisible conversation, jusqu’à ce que pèlerins et gens de la famille aillent se reposer après avoir reçu la bénédiction de Jésus.

330.1

Jesús va caminando por una zona muy montañosa. No son montes altos, pero es un continuo subir y bajar de collados, y un fluir de torrentes (alegres en esta estación fresca y nueva; límpidos como el cielo; niños como las primeras hojas, cada vez más numerosas, sobre las ramas). Mas, a pesar de que la estación del año sea tan bella y alegre que podría aliviar el corazón, no parece que Jesús esté muy aliviado de espíritu, y menos que Él lo están los apóstoles. Caminan, muy callados, por el fondo de un valle. Solamente pastores y greyes se presentan ante sus ojos. Pero Jesús ni tan siquiera da muestras de verlos.

Lo que capta la atención de Jesús es el suspiro desconsolado de Santiago de Zebedeo, y sus improvisas palabras, fruto de un pensamiento amargo… Santiago dice: «¡Derrotas y más derrotas!… Parecemos como malditos…».

Jesús le pone la mano en el hombro: «¿No sabes que ése es el sino de los mejores?».

«¡Sí, sí! ¡Lo sé desde cuando estoy contigo! Pero, de vez en cuando sería necesario algo distinto — y antes lo teníamos — para confortar el corazón y la fe…».

330.2

«¿Dudas de mí, Santiago?». ¡Cuánto dolor tiembla en la voz del Maestro!

«¡No, no!…». La verdad es que no es muy seguro el “no”.

«Pero dudar, dudas. ¿De qué, entonces? ¿Ya no me amas como antes? ¿Ver que me echan de un lugar, o que se burlan de mí, o, sencillamente, que no me prestan atención en estos confines fenicios, ha debilitado tu amor?». Hay un llanto tembloroso en las palabras de Jesús, a pesar de que no haya sollozos ni lágrimas: es verdaderamente su alma la que llora.

«¡Eso no, Señor mío! Es más, mi amor a ti crece a medida que te veo menos comprendido, menos amado, más postrado, más afligido. Y, por no verte así, por poder cambiar el corazón a los hombres, solícito daría mi vida en sacrificio. Debes creerme. No me tritures el corazón, ya tan afligido, con la duda de que piensas que no te amo. Si no… si no, romperé todos los cánones. Volveré para atrás y me vengaré de los que te causan dolor, para demostrarte que te amo, para quitarte esta duda. Y, si me atrapan y me matan, no me importará lo más mínimo. Me conformaré con haberte dado una prueba de amor».

«¡Oh, hijo del trueno! ¿De dónde tanta impetuosidad? ¿Es que quieres ser un rayo exterminador?». Jesús sonríe por la fogosidad y los propósitos de Santiago.

«¡Al menos, te veo sonreír! Ya es un fruto de estos propósitos míos. ¿Tú que opinas, Juan? ¿Debemos llevar a cabo mi pensamiento para confortar al Maestro, abatido por tantas reacciones contrarias?».

«¡Sí, sí! Vamos nosotros. Hablamos de nuevo. Y si le vuelven a insultar, llamándole rey de palabras, rey hazmerreír, rey sin dinero, rey loco, repartimos palos a diestro y siniestro, para que se den cuenta de que el rey tiene también un ejército de fieles y que estos fieles no permiten burlas. La violencia es útil en ciertas cosas. ¡Vamos, hermano!» le responde Juan (y ahora, tan colérico como se manifiesta, no parece él, que siempre es dulce).

330.3

Jesús se mete entre los dos, los aferra por los brazos para detenerlos y dice: «¡Pero los estáis oyendo? ¿Y Yo qué he predicado durante tanto tiempo? ¡Sorpresa de las sorpresas! ¡Hasta incluso Juan, mi paloma, se me ha transformado en gavilán! Miradle, vosotros, qué feo está, tenebroso, hosco, desfigurado por el odio. ¡Qué vergüenza! ¡Y os asombráis porque unos fenicios reaccionen con indiferencia, y de que haya hebreos que tengan odio en su corazón, y de que unos romanos me conminen a marcharme, cuando vosotros sois los primeros que no habéis entendido todavía nada después de dos años de estar conmigo, cuando vosotros os habéis llenado de hiel por el rencor que tenéis en el corazón, cuando arrojáis de vuestros corazones mi doctrina de amor y perdón, la echáis afuera como cosa estúpida, y acogéis por buena aliada a la violencia! ¡Oh, Padre santo! ¡Ésta si que es una derrota! En vez de ser como gavilanes que se afilan rostro y garfas, ¿no sería mejor que fuerais ángeles que orasen al Padre para que confortara a su Hijo? ¿Cuándo se ha visto que un temporal beneficie con sus rayos y granizadas? Pues bien, para recuerdo de este pecado vuestro contra la caridad, para recuerdo de cuando vi aflorar en vuestra cara el animal-hombre en vez del hombre-ángel que quiero ver siempre en vosotros, os voy a apodar “los hijos del trueno”».

Jesús está semiserio mientras habla a los dos inflamados hijos de Zebedeo. Pero el reproche, al ver el arrepentimiento de ellos, pasa, y, con cara luminosa de amor los estrecha contra su pecho diciendo: «Nunca más, feos de esta forma. Y gracias por vuestro amor. Y también por el vuestro, amigos» dice, dirigiéndose a Andrés, Mateo y los dos primos. «Venid aquí, que quiero abrazaros también a vosotros. ¿No sabéis que, aunque no tuviera nada más que la alegría de hacer la voluntad de mi Padre y vuestro amor, sería siempre feliz, aunque todo el mundo me abofetease? Estoy triste, mas no por mí, por mis derrotas, como vosotros las llamáis; estoy triste por piedad hacia las almas que rechazan la Vida. Bien, ahora estamos todos contentos, ¿no es verdad?, niños grandes, que es lo que sois. Ánimo, entonces.

330.4

Id donde esos pastores que están ordeñando el rebaño. Pedid un poco de leche en nombre de Dios. No tengáis miedo» dice al ver la mirada desolada de los apóstoles. «Obedeced con fe. Recibiréis leche y no palos, aunque el hombre sea fenicio».

Y los seis se dirigen hacia el hombre indicado, mientras Jesús los espera en el camino. Y ora, entretanto, este Jesús triste al que ninguno quiere…

Vuelven los apóstoles con un pequeño cubo de leche, y dicen: «Ha dicho el hombre que vayas allí, que tiene que decirte algo y no puede dejar las cabras a los zagales, porque son antojadizas e imprevisibles».

Jesús dice: «Vamos entonces allí, a comer nuestro pan».

Y suben todos a lo alto de la escarpa, desde donde se asoman, prominentemente, las caprichosas cabras.

330.5

«Te agradezco la colodra de leche que me has dado. ¿Qué deseas de mí?».

«Tu eres el Nazareno, ¿verdad? ¿El que hace milagros?».

«Soy el que predica la Bienaventuranza eterna. Soy el Camino para ir al Dios verdadero; la Verdad que se da; la Vida que os vivifica. No soy el hechicero que hace prodigios. Éstos son las manifestaciones de mi bondad y de vuestra debilidad, que tiene necesidad de pruebas para creer. Pero, ¿qué deseas de mí?».

«Mira… ¿Hace dos días estabas en Alejandrocena?».

«Sí. ¿Por qué?».

«Yo también estaba, con mis cabritillos. Cuando he comprendido que iba a producirse una riña, he desaparecido, porque es costumbre suscitarlas para robar lo que hay en los mercados. Son ladrones todos: los fenicios… y también los otros. No debería decirlo, porque soy de padre prosélito y de madre siria, y yo mismo soy prosélito. Pero es la verdad. Bien. Volvamos a lo que estaba diciendo. Me había metido en una caballeriza, con mis animales, esperando a que llegara el carro de mi hijo. Al atardecer, al salir de la ciudad, encontré a una mujer que lloraba con una hijita suya en los brazos. Había recorrido ochos millas para llegar a ti, porque está fuera, en los campos. Le pregunté que qué le sucedía. Es prosélito. Había venido para vender y comprar. Había oído hablar de ti, y le había nacido la esperanza en el corazón. Había ido corriendo a casa, había tomado en brazos a la niña. ¡Pero con un peso se anda despacio! Cuando llegó a los almacenes de los hermanos, ya no estabas. Ellos, los hermanos, le dijeron: “Le han echado. Pero ayer por la tarde nos dijo que haría de nuevo un alto en Tiro”. Yo — también yo soy padre — le dije: “Pues entonces ve a Tiro”. Pero ella me respondió: “¿Y si, después de todo lo que ha sucedido, pasa por otros caminos para volver a Galilea?”. Le dije: “Mira. O ese confín o el otro. Yo pastoreo entre Rohob y Lesemdán, justamente en el camino que hace de confín entre aquí y Neftalí. Si le veo, se lo digo; palabra de prosélito”. Y te lo he dicho».

«Y que Dios te recompense por ello. Iré a ver a esa mujer.

330.6

Tengo que volver a Akcib».

«¿Vas a Akciba? Entonces podemos ir juntos, si no desdeñas a un pastor».

«No desdeño a nadie. ¿Por qué vas a Akcib?».

«Porque allí tengo los corderos. A no ser que… ya no los tenga…».

«¿Por qué?».

«Porque hay una enfermedad… No sé si ha sido una hechicería o qué. Sé que mi lindo rebaño se me ha enfermado. Por eso he traído aquí las cabras, que están todavía sanas, para separarlas de las ovejas. Aquí estarán con dos hijos míos. Ahora están en la ciudad, para hacer las compras. Vuelvo allá… para ver morir a mis lindas ovejas lanosas…». El hombre suspira… Mira a Jesús y se disculpa: «Hablarte a ti, siendo quien eres, de estas cosas, y afligirte, estando ya afligido de cómo te tratan, es una necedad. Pero las ovejas son afecto y dinero, ¿sabes?, para nosotros…».

«Comprendo. Pero se pondrán buenas. ¿No las has llevado a que las vea una persona entendida?».

«Todos me han dicho lo mismo: “Mátalas y vende sus pieles. No hay otra posibilidad”, e incluso me han amenazado si las saco… Tienen miedo de que las suyas se cojan la enfermedad. Así que las tengo que tener encerradas… y aumenta la mortalidad. Son malos, ¿sabes?, los de Akciba…».

Jesús dice simplemente: «Lo sé».

«Yo digo que me las han embrujado…».

«No. No creas esas historias… ¿En cuanto vengan tus hijos te pones en marcha?».

«Inmediatamente. De un momento a otro llegarán.

330.7

¿Éstos son tus discípulos? ¿Son sólo éstos?».

«No. Tengo otros más».

«¿Y por qué no vienen aquí? Una vez, cerca de Merón, me encontré con un grupo de ellos. A la cabeza del grupo había un pastor. Decía serlo. Uno alto, fuerte, de nombre Elías. Fue en octubre, me parece. Antes o después de los Tabernáculos. ¿Ahora te ha abandonado?».

«Ningún discípulo me ha abandonado».

«Me habían dicho que…».

«¿Qué te habían dicho?».

«Que Tú… que los fariseos… En fin, que los discípulos te habían abandonado por miedo, y porque Tú eras un…».

«Demonio. Dilo tranquilamente. Lo sé. Doble mérito para ti, que crees igualmente».

«¿Y por este mérito no podrías?… Quizás estoy pidiendo una cosa sacrílega…».

«Dila. Si es una cosa mala, te lo digo».

«¿No podrías, al pasar, bendecir a mi rebaño?» se le ve lleno de ansiedad al hombre…

«Bendeciré a tu rebaño. A éste…» y alza la mano bendiciendo a las cabritas desperdigadas, «…y al de las ovejas. ¿Crees que mi bendición las salvará?».

«De la misma forma que salvas a los hombres de las enfermedades, podrás salvar a los animales. Dicen que eres el Hijo de Dios. Las ovejas las ha creado Dios. Por tanto son cosas del Padre. Yo… no sabía si era una cosa respetuosa el pedírtelo. Pero, si se puede, hazlo, Señor, y llevaré al Templo grandes ofrendas de alabanza; o, mejor: te lo doy a ti, para los pobres, que será mejor».

Jesús sonríe y calla.

330.8

Llegan los hijos del pastor. Poco después, Jesús con los suyos y el viejo se ponen en marcha. Dejan a los zagales custodiando las cabras.

Caminan raudos porque quieren llegar pronto a Quedes, para dejarla también enseguida, con intención de tomar la vía que del mar va hacia el interior. Debe ser la misma que recorrieron yendo a Alejandrocena, la que se bifurca a los pies del promontorio. Al menos yo lo entiendo así, por lo que conversan el pastor y los discípulos. Jesús va adelante, solo.

«¿No nos encontraremos con otros problemas?» pregunta Santiago de Alfeo.

«Quedes no depende de aquel centurión. Está fuera de los confines fenicios. A los centuriones basta con no pincharlos, y se desinteresan de religión».

«Y además no nos vamos a detener…».

«¿Vais a aguantar más de treinta millas en un día?» pregunta el pastor.

«¡Sí, hombre! ¡Somos peregrinos perpetuos!».

Caminan ininterrumpidamente… Llegan a Quedes. La atraviesan sin ningún contratiempo. Toman la vía directa. En el mojón está indicada Akciba. El pastor lo señala diciendo: «Mañana llegaremos. Esta noche venís conmigo. Conozco labriegos de estos valles, pero muchos están dentro de los confines fenicios… ¡Bueno!, pues pasaremos los confines. Seguro que no nos van a descubrir inmediatamente… ¡Lo que es la vigilancia!… ¡Mejor sería que vigilasen a los bandidos!…».

El Sol declina, y los valles ciertamente no contribuyen a mantener la luz, menos aún siendo boscosos. Pero el pastor conoce muy bien la zona y va seguro.

330.9

Llegan a un pueblecito muy pequeño, verdaderamente un puñado de casas.

«Vamos a ver si nos dan posada. Aquí son israelitas. Estamos justamente en los confines. Si no nos reciben, vamos a otro pueblo, que es fenicio».

«No tengo prejuicios, hombre».

Llaman a una casa.

«¿Tú, Anás? ¿Con amigos? Ven, ven, y que Dios sea contigo» dice una mujer muy anciana.

Entran en una amplia cocina alegrada por una lumbre. Alrededor de la mesa está reunida una numerosa familia de todas las edades, pero que hace sitio amablemente a los que, al improviso, acaban de llegar.

«Éste es Jonás. Ésta es su esposa, y sus hijos y nietos y nueras. Una familia de patriarcas fieles al Señor» dice el pastor Anás a Jesús. Y luego, volviéndose hacia el anciano Jonás: «Y éste que está conmigo es el Rabí de Israel, al que deseabas conocer».

«Bendigo a Dios por ser hospitalario y por tener sitio esta noche. Y, pidiendo bendición, bendigo al Rabí que ha venido a mi casa».

Anás explica que la casa de Jonás es casi una posada para los peregrinos que del mar van hacia el interior.

Se sientan todos en la caliente cocina. Las mujeres sirven a los llegados. El respeto que hay es tal, que incluso paraliza. Pero Jesús resuelve la situación rodeándose, nada más terminar la cena, de los muchos niños presentes, e interesándose por ellos, los cuales en seguida fraternizan. Detrás de ellos, durante el breve espacio de tiempo que separa la cena del descanso, encuentran valor los hombres de la casa y narran lo que han sabido del Mesías, y preguntan cosas nuevas. Jesús, benigno, rectifica, confirma, explica, en serena conversación, hasta que peregrinos y familiares se van a descansar, tras haberlos bendecido Jesús a todos.