The Writings of Maria Valtorta

338. Judas perd le pouvoir de faire des miracles.

338. Judas Iscariot loses the power

338.1

La route qui mène à Séphet quitte la plaine de Chorazeïn pour s’élever vers un groupe de montagnes assez importantes et couvertes de végétation. Un cours d’eau en descend et se dirige certainement vers le lac de Tibériade.

Les pèlerins attendent au pont où doivent arriver les autres envoyés au lac de Mérom. Ils n’ont pas longtemps à attendre. Ponctuels au rendez-vous, les huit apôtres arrivent rapidement et se joignent joyeusement au Maître et à leurs compagnons en rapportant comment s’est déroulé leur voyage, béni par certains miracles faits à tour de rôle par “ tous les apôtres ”, disent-ils. Mais Judas rectifie :

« Excepté par moi, qui ne suis parvenu à rien. »

Il lui est très pénible d’avouer ce fait qui l’humilie.

« Nous t’avons dit que c’était parce que nous étions en présence d’un grand pécheur » lui répond Jacques, fils de Zébédée.

Et il explique :

« Tu sais, Maître ? C’était Jacob, qui était très malade. Et c’est pour cela qu’il t’appelle, car il a peur de la mort et du jugement de Dieu. Mais il est plus avare que jamais, maintenant qu’il prévoit un vrai désastre pour ses récoltes, très endommagées par la gelée. Il a perdu tout le grain de semence et ne peut en semer d’autre, car il est malade et sa servante est épuisée de fatigue et de faim. En effet, il économise même la farine pour le pain, pris comme il l’est par la peur de ne plus rien avoir à manger un jour. Et la servante n’arrive pas à cultiver le champ. Nous avons peut-être péché, car nous avons travaillé tout le vendredi et même après le crépuscule, jusqu’à la dernière heure du jour, en allumant des flambeaux et des feux de bois pour y voir. Nous avons cultivé une grande surface de terrain. Philippe, Jean et André savent y faire et moi aussi. Nous avons travaillé… Derrière nous, Simon, Matthieu et Barthélemy ameublissaient les sillons du grain mort-né, et Judas est allé demander en ton nom un peu de semence à Jude et Anne, en leur promettant notre visite pour aujourd’hui. Il en a obtenu, et de la meilleure qualité. Alors nous avons dit: “ Demain nous sèmerons. ” C’est pour cela que nous avons tardé un peu. Nous avons commencé au début du crépuscule. Que l’Eternel nous pardonne en raison du motif pour lequel nous avons péché. Judas, pendant ce temps, restait près du lit de Jacob pour le convertir. Lui, il sait parler mieux que nous. Du moins, c’est ce qu’ont voulu dire aussi Barthélemy et Simon le Zélote. Mais Jacob était sourd à tout raisonnement. Il voulait guérir parce que la maladie lui coûte cher et il insultait sa servante comme une bonne à rien. Comme il disait : “ Je me convertirai si je guéris ”, Judas, pour le calmer, lui a imposé les mains. Mais Jacob est resté aussi malade qu’avant. Judas, découragé, nous l’a dit. Nous avons essayé, nous aussi, avant de nous coucher, mais nous n’avons pas obtenu de miracle. Maintenant, Judas prétend que c’est parce qu’il est dans ta disgrâce pour t’avoir déplu, et il en est humilié. Mais nous, nous soutenons que c’est parce qu’il se trouvait en présence d’un pécheur obstiné, qui exige d’obtenir tout ce qu’il veut en posant des conditions et en donnant des ordres à Dieu lui-même. Qui a raison ?

– Vous sept. Vous avez dit la vérité.

338.2

Et Jude et Anne ? Dans quel état sont leurs champs ?

– Un peu abîmés, mais eux ont des ressources et tout est déjà réparé. Mais ils sont bons, eux ! Tiens : ils t’envoient cette offrande et ces vivres. Ils espèrent te voir quelquefois. Ce qui attriste, c’est l’état d’âme de Jacob. J’aurais voulu guérir son âme plutôt que son corps…, dit André.

– Et aux autres endroits ?

– Ah ! Nous avons guéri quelqu’un sur la route de Déberet, près du village. C’est Matthieu qui a opéré la guérison. Il s’agissait d’un malade fiévreux qui revenait de chez un médecin qui le donnait pour perdu. Nous sommes restés chez lui et la fièvre n’est pas revenue, du crépuscule à l’aurore. Il affirmait se sentir bien et fort. Puis, à Tibériade, c’est André qui a guéri un passeur qui s’était cassé l’épaule en tombant sur le pont. Il lui a imposé les mains et son épaule a guéri. Imagine-toi cet homme ! Il a voulu nous amener sans payer à Magdala et à Capharnaüm, puis à Bethsaïde, et il est resté là parce que les disciples Timon d’Aéra et Philippe d’Arbel s’y trouvent, ainsi qu’Hermastée et Marc, fils de Josias, un de ceux qui ont été délivrés[1] du démon près de Gamala. Le passeur Joseph veut aussi être disciple… Les enfants, chez Jeanne, se portent bien. Ils ne semblent plus les mêmes. Ils étaient dans le jardin et jouaient avec Jeanne et Kouza…

– Je les ai vus. J’y suis passé moi aussi. Continuez.

– A Magdala, c’est Barthélemy qui a converti un cœur vicieux et qui a guéri un corps vicieux. Comme il a bien parlé ! Il a montré que le désordre de l’esprit produit le désordre corporel, et que toute concession à la malhonnêteté dégénère en perte de la tranquillité, de la santé et enfin de l’âme. Quand il l’a vu repenti et convaincu, il lui a imposé les mains, et l’homme a été guéri. Ils voulaient nous retenir à Magdala. Mais nous avons obéi, et après la nuit nous avons repris la route vers Capharnaüm. Il s’y trouvait cinq personnes qui demandaient une grâce de toi. Et ils étaient sur le point de repartir, découragés. Nous les avons guéris. Nous n’avons vu personne car nous avons aussitôt rembarqué pour Bethsaïde, pour éviter des questions d’Eli, d’Urie et de leurs compagnons.

338.3

A Bethsaïde ! Mais à ton tour, André, raconte à ton frère, achève Jacques, fils de Zébédée, qui a toujours parlé.

– Ah ! Maître, ah, Simon ! Si vous aviez pu voir Marziam ! Il est méconnaissable…

– Malheur ! Il n’est tout de même pas devenu une femme ? s’exclame Pierre.

– Non, pas du tout ! C’est un beau jeune homme, grand et mince grâce à sa rapide croissance… Quelque chose de merveilleux ! Nous avons eu du mal à le reconnaître. Il est grand comme ta femme et comme moi…

– Ah, bien ! Ni Porphyrée, ni toi, ni moi, nous ne sommes des palmiers ! On pourrait tout au plus nous comparer à des pruniers…, dit Pierre, qui pourtant jubile en entendant dire que son fils adoptif s’est développé.

– Oui, mon frère. Mais aux Encénies il n’était encore qu’un enfant qui avait du mal à nous arriver aux épaules. C’est aujourd’hui un vrai jeune homme par la taille, la voix et le sérieux. Il a fait comme ces arbres dont la croissance stagne pendant des années et qui, au moment où l’on ne s’y attend pas, ont un développement stupéfiant. Ta femme a eu beaucoup de travail pour allonger ses habits et lui en coudre des neufs. Et elle les fait avec de grands ourlets et de gros plis à la taille justement parce qu’elle prévoit que Marziam va encore grandir. Et puis il croît en sagesse. Maître, l’humilité sage de Nathanaël ne t’avait pas averti que, pendant presque deux mois, Barthélemy a servi de maître au plus petit et au plus héroïque des disciples, qui se lève avant le jour pour mener paître les brebis, casser du bois, puiser de l’eau, allumer le feu, balayer, aller aux commissions par amour pour sa mère adoptive, et puis, l’après-midi et jusque tard dans la nuit, il étudie et écrit comme un petit docteur. Imagine-toi : il a réuni tous les enfants de Bethsaïde et, le sabbat, il leur fait des petites instructions évangéliques. Ainsi les petits, que l’on exclut de la synagogue pour qu’ils ne dérangent pas les réunions, ont-ils leur journée de prière comme les grands. Et les mères me rapportent qu’il est beau de l’entendre parler et que les enfants l’aiment et lui obéissent avec respect en devenant meilleurs. Quel disciple il fera !

– Mais voyez-vous ça ! Voyez-vous ça ! Je… je suis ému… Mon Marziam ! Mais déjà à Nazareth, hein, quel héroïsme il a montré pour… cette petite fille… Rachel, pas vrai ? »

Pierre s’est arrêté à temps, en rougissant par peur d’avoir trop parlé.

Heureusement Jésus vient à son secours et Judas est pensif et distrait, ou il feint de l’être. Jésus dit :

« Oui, Rachel. Tu te rappelles bien. Elle est guérie, et les champs donneront beaucoup de grain. Nous y sommes passés, Jacques et moi. Le sacrifice d’un enfant juste a une grande puissance.

– A Bethsaïde, c’est Jacques qui a fait un miracle pour un pauvre estropié, et Matthieu, en route vers la maison de Jacob, a guéri un enfant. Et aujourd’hui précisément, sur la place de ce village près du pont, Philippe et Jean ont guéri, le premier un homme qui avait les yeux malades, et le second un enfant possédé.

338.4

– Vous avez tous bien agi, très bien agi. Maintenant, nous marchons jusqu’à ce village sur les pentes, et nous allons nous arrêter dans quelque maison pour dormir.

– Et toi, mon Maître, qu’as-tu fait ? Comment va Marie ? Et l’autre Marie ? demande Jean.

– Elles vont bien et vous saluent tous. Elles sont en train de préparer des vêtements et ce qu’il faut pour le pèlerinage de printemps. Et elles sont impatientes de le faire pour rester avec nous.

– Suzanne et Jeanne également, ainsi que notre mère, ont le même enthousiasme » dit encore Jean.

Barthélemy intervient :

« Ma femme aussi, avec ses filles, veut venir cette année, après tant d’autres, à Jérusalem. Elle assure que jamais plus ce ne sera beau comme cette année… Je ne sais pourquoi elle le dit, mais elle soutient qu’elle le sent dans son cœur.

– Alors la mienne aussi viendra sûrement. Elle ne me l’a pas dit… Mais ce que fait Anne, Marie le fait toujours, dit Philippe.

– Et les sœurs de Lazare ? Vous qui les avez vues… demande Simon le Zélote.

– Elles obéissent en souffrant à l’ordre du Maître et à la nécessité… Lazare est très malade, n’est-ce pas, Judas ? Il reste presque constamment couché. Mais elles attendent le Maître avec beaucoup d’impatience, répond Thomas.

– La Pâque va bientôt arriver et nous irons chez Lazare.

– Mais toi, qu’as-tu fait à Nazareth et à Chorazeïn ?

– A Nazareth, j’ai salué ma famille et mes amis ainsi que les parents des deux disciples. A Chorazeïn, j’ai parlé dans la synagogue et j’ai guéri une femme. Nous avons fait halte chez la veuve qui a perdu sa mère. C’est une douleur, certes, mais en même temps un soulagement à cause de son peu de ressources et du temps que lui prenaient les soins donnés à l’infirme qui empêchaient la veuve de travailler. Elle s’est mise à filer pour le compte des autres, mais elle n’est plus désespérée. Elle est assurée du nécessaire et elle en est satisfaite. Joseph va chaque matin chez un menuisier du “ Puits de Jacob ” pour apprendre le métier.

338.5

– Les habitants de Chorazeïn sont-ils meilleurs ? demande Matthieu.

– Non, Matthieu. Ils sont de plus en plus mauvais » reconnaît franchement Jésus. « Et ils nous ont maltraités. Les plus puissants, naturellement, pas le simple peuple.

– C’est vraiment un mauvais endroit. Il ne faut plus y aller, dit Philippe.

– Ce serait une souffrance pour le disciple Elie, tout comme pour la veuve et la femme guérie aujourd’hui, et pour les autres qui sont bons.

– Oui, mais ils sont si peu nombreux que… moi, je ne m’occuperais plus de ces gens-là. Tu l’as dit : “ Impossible de les travailler ”, riposte Thomas.

– La résine est une chose, les cœurs en sont une autre. Il en restera quelque chose, comme une semence enfouie sous des mottes très compactes. Il faudra beaucoup de temps pour que cela perce, mais finalement cela se produira. Ainsi en est-il de Chorazeïn. Un jour, ce que j’ai semé poussera. Il ne faut pas rendre les armes dès les premières défaites.

338.6

Ecoutez cette parabole. On pourrait l’intituler : “ La parabole du bon cultivateur. ”

Un riche avait une grande et belle vigne dans laquelle se trouvaient des figuiers de différentes qualités. L’un de ses serviteurs était préposé à la vigne, un vigneron expérimenté qui pratiquait aussi la taille des arbres fruitiers. Il faisait son devoir par amour pour son maître et pour les arbres. Tous les ans, à la belle saison, le riche venait à plusieurs reprises à sa vigne pour voir mûrir les raisins et les figues et les goûter, en les cueillant sur les arbres de ses propres mains. Un jour, donc, il se dirigea vers un figuier d’un excellente espèce, l’unique arbre de cette qualité qui existait dans cette vigne. Mais ce jour aussi, comme les deux années précédentes, il le trouva tout en feuilles et sans aucun fruit. Il appela le vigneron et lui dit : “ C’est la troisième année que je viens chercher des fruits sur ce figuier et je n’y trouve que des feuilles. Manifestement, cet arbre ne donnera jamais de figues. Coupe-le donc. Il est inutile qu’il reste ici à prendre de la place et de ton temps, sans rien rapporter. Scie-le, brûle-le, nettoie le terrain de ses racines et plante à sa place un nouvel arbre. D’ici quelques années, il donnera des fruits. ” Le vigneron, qui était patient et dévoué, répondit : “ Tu as raison. Mais laisse-moi encore faire cette année. Au lieu de le scier, je vais bêcher tout autour avec encore plus de soin, y mettre du fumier et l’émonder. Qui sait s’il ne va pas alors porter du fruit ? Si, après ce dernier essai, il ne donne rien, j’obéirai à ton désir et je le couperai. ”

Chorazeïn, c’est le figuier stérile. Moi, je suis le bon Cultivateur, et vous, vous êtes le riche impatient. Laissez faire le bon Cultivateur.

338.7

– D’accord. Mais il manque la conclusion de ta parabole : le figuier, l’année suivante, a-t-il donné du fruit ? demande Simon le Zélote.

– Il n’a pas fait de fruit et on l’a coupé. Mais le cultivateur a été justifié d’avoir coupé un arbre encore jeune et florissant parce qu’il avait fait tout son devoir. Moi aussi, je veux être justifié pour ceux auxquels je dois appliquer la hache et que je dois enlever de ma vigne, où se trouvent des arbres stériles et empoisonnés : nids de serpents qui absorbent les sucs nutritifs, parasites, plantes vénéneuses qui gâtent leurs compagnons disciples ou leur nuisent, ou encore qui pénètrent par leurs racines envahissantes pour proliférer dans ma vigne sans être appelés, rebelles à toute greffe, entrés seulement pour espionner, dénigrer, stériliser mon champ. Ceux-là, je les couperai quand tout aura été tenté pour les convertir. Et pour l’instant, avant d’employer la hache, j’essaie les cisailles et la serpette de l’émondeur, j’élague et je greffe… Ah ! Ce sera un rude labeur, pour moi qui m’y emploie comme pour ceux qui le subiront. Mais il faut le faire, pour que l’on puisse dire au Ciel : “ Il a tout essayé, mais plus il les a taillés, greffés, déchaussés, fumés, suant à force de fatigues et pleurant des larmes de sang, plus ils sont devenus stériles et mauvais…

338.8

Nous voici au village, allez tous de l’avant chercher un logement. Toi, Judas, reste avec moi. »

Ils restent seuls et, dans la pénombre du soir, ils avancent l’un à côté de l’autre dans le plus grand silence.

Enfin Jésus dit, comme s’il se parlait à lui-même :

« Et pourtant, même si on est tombé dans la disgrâce de Dieu pour avoir contrevenu à sa Loi, on peut toujours redevenir ce qu’on était, en renonçant au péché… »

Judas ne répond rien.

Jésus reprend :

« Et si on a compris qu’on ne peut obtenir de Dieu le pouvoir, parce que Dieu n’est pas là où se trouve Satan, on peut facilement y remédier en préférant ce que Dieu accorde à ce que veut notre orgueil. »

Judas se tait.

Ils atteignent déjà la première maison du village. Jésus, comme s’il se parlait toujours à lui-même, ajoute :

« Et penser que j’ai souffert une dure pénitence pour qu’il se repente et revienne à son Père… »

Judas sursaute, lève la tête, le regarde… mais ne dit mot.

Jésus aussi le regarde… puis il demande:

« Judas, à qui est-ce que je parle ?

– A moi, Maître. C’est à cause de toi que je n’ai plus de pouvoir : tu me l’as retiré pour en donner davantage à Jean, à Simon, à Jacques, à tous excepté à moi. Tu ne m’aimes pas, voilà ! Et je finirai par ne pas t’aimer et par maudire l’heure où je t’ai aimé, en me déconsidérant aux yeux du monde pour un roi qui ne sait pas combattre, qui se laisse dominer même par la plèbe. Ce n’est pas ce que j’attendais de toi !

– Ni moi non plus de toi. Mais je ne t’ai jamais trompé, moi. Et je ne t’ai jamais contraint. Pourquoi donc restes-tu à mes côtés ?

– Parce que je t’aime. Je ne peux plus me séparer de toi. Tu m’attires et tu me déçois. Je te désire comme l’air pour respirer et… tu me fais peur. Ah ! Je suis maudit ! Je suis damné ! Pourquoi ne chasses-tu pas le démon, toi qui le peux ? »

Le visage de Judas est livide et bouleversé, fou, apeuré, haineux… Il annonce déjà, bien que faiblement, le masque satanique de Judas du vendredi saint.

Et le visage de Jésus annonce celui du Nazaréen flagellé qui, assis dans la cour du Prétoire sur un baquet renversé, regarde ceux qui se moquent de lui avec toute sa pitié pleine d’amour. Il parle, et on dirait qu’il y a déjà un sanglot dans sa voix :

« Pourquoi n’y a-t-il aucun repentir en toi, mais seulement de la haine contre Dieu, comme si c’était lui le coupable de ton péché ? »

Judas grommelle entre ses dents une vilaine imprécation…

338.9

« Maître, nous avons trouvé. Cinq à un endroit, trois à un autre, deux à un troisième et un seulement à deux autres endroits. Il n’a pas été possible de faire mieux, disent les disciples.

– C’est bien ! Moi, je vais avec Judas, dit Jésus.

– Non. Je préfère être seul. Je suis inquiet. Je ne te laisserais pas te reposer…

– Comme tu veux… Dans ce cas, j’irai avec Barthélemy. Vous, vous ferez ce que vous voudrez. En attendant, allons là où il y a le plus de place, pour pouvoir souper ensemble. »

338.1

The road to Saphet leaves the plain of Korazim and climbs a remarkable mountain range thickly covered with trees. A stream flows down the mountains towards the lake of Tiberias.

The pilgrims are waiting at a bridge for those who were sent to Merom. And they do not have to wait long. The others in fact walking fast arrive punctually at the meeting and meet the Master and their companions with great joy and inform them of their journey, which was blessed also with some miracles, worked in turn by «all the apostles». But Judas of Kerioth rectifies: «With the exception of me, as I was not able to do anything.» His mortification in admitting it is painful.

«We told you that it was due to the fact that we were dealing with a great sinner» replies James of Zebedee. And he explains. «You know, Master? It was Jacob and he was very ill. That is why he invokes You, because he is afraid of death and of God’s Judgment. But he is more avaricious than ever, now that he foresees a real disaster for his crops, which have been completely ruined by frost. He lost all his seed-corn and he cannot sow any more because he is ill and his maid-servant is not fit to plough the field, because she is worn out by fatigue and starvation, as he economizes also on flour for bread, seized as he is with fear that he may be left without any food one day. We ploughed a large extension of ground for him and perhaps we sinned, because we worked all day on Friday, also after sunset until it was dark, and even then with torches and bonfires. Philip, John and Andrew know how to do it, so do I. We worked hard… Simon, Matthew and Bartholomew followed us removing the corn that had come up and had been ruined, and Judas went in Your name to ask Judas and Anne for a little seed, promising that we would call on them today. He got it and it was chosen seed. So we said: “We will sow it tomorrow”. That is why we are a little late because we started at the beginning of sunset. May the Eternal Father forgive us considering the reason why we sinned. Judas, in the meantime, remained near Jacob’s bed to convert him. He can speak better than we can. At least that is what Bartholomew and the Zealot said spontaneously. But Jacob turned a deaf ear to all his arguments. He wanted to be cured, because his disease costs him money and he insulted the servant calling her a sluggard. Since he said: “I will be converted if I recover”, Judas imposed his hands on him to calm him down. But Jacob remained as ill as before. Judas was discouraged and told us. We tried before going to bed. But we did not obtain a miracle. Now Judas maintains that it is because he has lost Your favour, as he displeased You and is now down-hearted. But we say that it is because we had in front of us an obstinate sinner, who pretends to get everything he wants and lays down terms and gives orders to God. Who is right?»

«You seven. You have spoken the truth.

338.2

What about Judas and Anne? And their fields?»

«Only slightly ruined. But they have means… and everything has already been repaired. And they are good people! Here. They have sent You this offering and this food. They hope to see You some time. It is Jacob’s frame of mind that is sad. I would have liked to cure his soul, rather than his body…» says Andrew.

«And what about the other places?»

«Oh! On the way to Deberet, near the village, we cured a man – actually Matthew did – who suffered from bouts of fever. He was just coming back from a doctor who had given up on him. We stopped at his house and he did not have a temperature from sunset till dawn and he said that he was feeling well and strong. Then at Tiberias Andrew cured a boatman, who had broken his shoulder falling on the bridge. He imposed his hands and the shoulder was cured. You can imagine the man! He insisted on taking us free of charge to Magdala and Capernaum and then to Bethsaida and he remained there, because several disciples are there: Timoneus of Aera, Philip of Arbela, Ermasteus and Marcus of Josiah, one of those who were freed[1] from the demon near Gamala. Also Joseph, the boatman, wants to become a disciple… The children, at Johanna’s, are very well. They do not seem to be the same. They were playing in the garden with Johanna and Chuza…»

«I saw them. I was there, too. Go on.»

«At Magdala Bartholomew converted an evil heart and cured a wicked body. How well he spoke! He explained that disorderliness of the spirit engenders disorder in the body and that every concession to dishonesty degenerates into a loss of peace, of health and finally of the soul. When he saw that the man was repentant and convinced, he imposed his hands and the man was cured. They wanted to keep us at Magdala. But we obeyed Your instructions and the following morning we went on our way to Capernaum. There were five people there who wanted to be cured by You. And they were about to go away, as they were discouraged. We cured them. We did not see anybody, because we left at once by boat for Bethsaida, to avoid questions by Eli, Uriah and companions.

338.3

At Bethsaida! But, Andrew, will you tell your brother…» concludes James of Zebedee who has spoken all the time.

«Oh! Master! Oh! Simon! If You saw Marjiam! You would not recognize him!…»

«Goodness gracious! He has not become a girl?» exclaims and asks Peter.

«On the contrary! A fine young man; he is tall and thin, as he has grown so much… He is wonderful! We could hardly recognize him. He is as tall as your wife and as me…»

«Oh! well! Neither you, nor Porphirea nor I are palm-trees! At the most we could be compared to thorn-bushes…» says Peter, who, however, is overjoyed at the news that his adoptive son has grown up.

«Yes, brother. But at the recent feast of the Dedication he was still a stunted boy who hardly reached up to our shoulders. Now he really is a young man with regards to height, voice and seriousness. He has behaved like those plants that stagnate for years then all of a sudden they become surprisingly luxuriant. Your wife has been very busy lengthening his garments and making new ones. And she makes them with wide hems and flounces at the waist, because she rightly foresees that Marjiam will grow more. And he is growing even more in wisdom. Nathanael in his wise humility did not tell You that for almost two months Bartholomew was the master of the youngest and most heroic of Your disciples, who gets up before daybreak to pasture the sheep, split wood, draw water, light the fire, sweep the floors, do the shopping, out of love for his putative mother, and then in the afternoon, until late at night, he studies and writes like a little doctor. Just imagine! He gathers all the children of Bethsaida together, and on the Sabbath he gives them short evangelical lessons. Thus the little ones, who are excluded from the synagogue, otherwise they should disturb the service, have their day of prayer, just like grown up people. And mothers tell me that it is beautiful to hear him speak and that children love and obey him with respect and are becoming very good. What a disciple he will be!»

«Well, well! I… am moved… My Marjiam! Even at Nazareth, eh! his heroism… for that little girl. Rachel, was it not?» Peter stops in time, blushing for fear he might have said too much.

Fortunately Jesus comes to his rescue and Judas is engrossed in thought and inattentive. Or he pretends he is. Jesus says: «Yes, Rachel. You are right. She is cured. And the fields will yield a good crop of corn. James and I have been there. The sacrifice of a young child can do so much.»

«At Bethsaida James worked a miracle for a poor cripple and Matthew, in the street near Jacob’s house, cured a boy. And today, in the square of that village near the bridge, Philip cured a man with diseased eyes and John a boy who was possessed.»

338.4

«You have all done well. Very well. We shall now go to that village on the slopes and will stop in one of the houses to sleep.»

«And You, my dear Master, what have You done? How is Mary? And the other Mary?» asks John.

«They are well and they send you their regards. They are preparing garments and all that is necessary for the springtime pilgrimage. And they are longing to make it in order to be with us.»

«Also Susanna, Johanna and our mother are just as anxious» says John.

Bartholomew says: «Also my wife and daughters want to come this year, after so many years, to Jerusalem. She says that it will never be as beautiful as this year… I don’t know why she says so. But she maintains that she feels it in her heart.»

«In that case also mine will come. She has not told me … But what Anne does, Mary does, too» says Philip.

«And Lazarus’ sisters? You have seen them…» asks Simon Zealot.

«They comply with the Master’s instructions and with necessities, but they suffer… Lazarus looks very poorly, doesn’t he, Judas? He has to lie down most of the time. But they are anxiously awaiting the Master» says Thomas.

«It will soon be Passover and we shall go to Lazarus’ house.»

«But what have You done at Nazareth and at Korazim?»

«At Nazareth I greeted relatives and friends and the relatives of the two disciples. At Korazim I spoke in the synagogue and I cured a woman. We stayed at the house of the widow, whose mother died. It was a grief and a relief at the same time, because of their scanty resources and of the working time that the widow lost to take care for the invalid; she is now spinning for other people. But she is no longer in despair. What is indispensable for her is now secured and she is thus happy. Every morning Joseph goes to work with a carpenter near the Well of Jacob to learn the trade.»

338.5

«Have those of Korazim become any better?» asks Matthew.

«No, Matthew. They are becoming worse and worse» Jesus admits frankly. «And they ill-treated us. The mighty ones did, of course. Not the simple people.»

«It is a very awkward place. Don’t go there any more» says Philip.

«It would grieve the disciple Elias, the widow and the woman I cured today, and all the other good people.»

«Yes. But they are so few that… I would not worry any more about that place. You said it Yourself: “It is unworkable”» says Thomas.

«Resin is one thing and hearts are a different thing. Something will remain, like seed buried under very hard clods of earth. It will take a long time to spring up, but it will at last come up. The same applies to Korazim. What I have sowed will begin to grow one day. One must not give up the first time one is defeated.

338.6

Listen to this parable. It could be called: “The parable of the good farmer”.

A rich man owned a beautiful large vineyard, in which there were various kinds of fig-trees. The vineyard was cultivated by a servant, an expert vine-dresser and pruner of fruit-trees, who did his work with love for his master and for the trees. Every year, at the right season, the rich man used to go to his vineyard several times to see his grapes and figs ripen and to taste them, picking the fruit with his own hands. One day he went towards a fig-tree of a very good quality, the only one of that quality in the vineyard. But also on that day, as in the previous two years, he found that it was all leaves without any fruit. So he called the vine-dresser and said: “For three years I have come looking for fruit on this fig-tree and I have found nothing but leaves. It is obvious that the tree has finished yielding fruit. So cut it down. It is useless to have it here taking up room and wasting your time without any profit. Cut it down, burn it, clean the ground of its roots and put another young tree in its place. In a few years’ time it will yield fruit”. The vine-dresser, who was patient and loving, replied: “You are right. But leave it to me for another year. I will not cut it down. On the contrary, I will dig the ground with greater care, I will manure it and trim it. It may yield fruit again. If after this last try it does not bear fruit, I will comply with your desire and cut it down”.

Korazim is the tree that does not bear fruit. I am the Good Farmer. You are the impatient rich man. Leave it to the Good Farmer.»

338.7

«Very well. But the parable is not finished. Did the fig-tree bear fruit the following year?» asks the Zealot.

«It did not and it was cut down. But the farmer was justified for cutting down a tree which looked young and flourishing, because he had done all his duty. I also wish to be justified for cutting off some people with an axe and removing them from My vineyard, in which there are unfruitful and poisonous plants, nests of snakes, sap-suckers, parasites or poisons that spoil or injure their fellow disciples, or they penetrate creeping with their wicked roots to proliferate, without being called into My vineyard, where they rebel to being grafted, as they entered only to spy, to denigrate and to make My field sterile. I will cut them off after trying everything to convert them. For the time being, instead of an axe, I make use of shears and of the pruner’s knife and I thin out branches and engraft… Oh! it will be hard work. Both, for Me Who does it and for those who undergo the treatment. But it is to be done. So that in Heaven they may say: “He has accomplished everything, but the more He pruned, grafted, hoed and manured them, shedding perspiration, tears and blood while working, the more sterile and wicked they have become…

338.8

There is the village. Go ahead, all of you and look for lodgings. You, Judas of Kerioth, stay with Me.»

They remain alone and in the twilight they proceed close to each other, in dead silence.

At last Jesus says, as if He were speaking to Himself: «And yet, even if we lose God’s favour by infringing His Law, we can always become what we were by renouncing sin…»

Judas does not reply.

Jesus resumes: «And if one understands that it is not possible to have the power of God, because God is not there where Satan is, one can easily remedy by preferring what God grants to what our pride desires.»

Judas is silent.

They have by now reached the first house of the village and Jesus, still speaking to Himself, says: «And to think that I did severe penance that he might mend his ways and go back to his Father…»

Judas starts, raises his head, looks at Him… but does not say anything.

Jesus also looks at him… and then He asks: «Judas, to whom am I speaking?»

«To me, Master. It is because of You that I no longer have power. You took it away from me to increase it in John, Simon, James, in everybody, except me. You do not love me, that’s what it is! And I will end up by not loving You and by cursing the hour when I did love You and I ruined myself in the eyes of the world for a cowardly king, who is overwhelmed even by the populace. I was not expecting this from You!»

«Neither I from you. But I have never deceived you. And I have never forced you. So why do you remain with Me?»

«Because I love You. I cannot part from You. You attract me and You disgust me. I desire You as much as I desire air to breathe and… You frighten me. Ah! I am cursed! I am damned! Why do you not drive the demon out of me, since You can?» Judas’ face is livid and upset, he looks like a madman full of hatred and fear… He reminds me, although faintly, of the satanic mask of Judas on Good Friday.

And Jesus’ face reminds me of the scourged Nazarene, Who sitting on an upturned tub in the courtyard of the Praetorium looks at His sneerers with all His loving pity. He says, and a sob already appears to be in His voice: «Because there is no repentance in you, but only hatred against God, as if He were guilty of your sin.»

Judas utters a horrible curse between his teeth…

338.9

«Master, we have found lodgings. There is room for five in one place, for three in another, for two in a third place and then two places can accommodate one each. We could not find anything better» say the disciples.

«All right. I will go with Judas of Kerioth» says Jesus.

«No. I prefer to be alone. I am upset. You would not be able to rest…»

«As you wish… I will go with Bartholomew. You can do as you like. In the meantime let us go where there is more room, so that we may all have supper together.»


Notes

  1. délivrés, en 186.7.

Notes

  1. one of those who were freed, in 186.7.