Gli Scritti di Maria Valtorta

338. Judas perd le pouvoir de faire des miracles.

338. Giuda Iscariota perde il potere del miracolo. La parabola del coltivatore.

338.1

La route qui mène à Séphet quitte la plaine de Chorazeïn pour s’élever vers un groupe de montagnes assez importantes et couvertes de végétation. Un cours d’eau en descend et se dirige certainement vers le lac de Tibériade.

Les pèlerins attendent au pont où doivent arriver les autres envoyés au lac de Mérom. Ils n’ont pas longtemps à attendre. Ponctuels au rendez-vous, les huit apôtres arrivent rapidement et se joignent joyeusement au Maître et à leurs compagnons en rapportant comment s’est déroulé leur voyage, béni par certains miracles faits à tour de rôle par “ tous les apôtres ”, disent-ils. Mais Judas rectifie :

« Excepté par moi, qui ne suis parvenu à rien. »

Il lui est très pénible d’avouer ce fait qui l’humilie.

« Nous t’avons dit que c’était parce que nous étions en présence d’un grand pécheur » lui répond Jacques, fils de Zébédée.

Et il explique :

« Tu sais, Maître ? C’était Jacob, qui était très malade. Et c’est pour cela qu’il t’appelle, car il a peur de la mort et du jugement de Dieu. Mais il est plus avare que jamais, maintenant qu’il prévoit un vrai désastre pour ses récoltes, très endommagées par la gelée. Il a perdu tout le grain de semence et ne peut en semer d’autre, car il est malade et sa servante est épuisée de fatigue et de faim. En effet, il économise même la farine pour le pain, pris comme il l’est par la peur de ne plus rien avoir à manger un jour. Et la servante n’arrive pas à cultiver le champ. Nous avons peut-être péché, car nous avons travaillé tout le vendredi et même après le crépuscule, jusqu’à la dernière heure du jour, en allumant des flambeaux et des feux de bois pour y voir. Nous avons cultivé une grande surface de terrain. Philippe, Jean et André savent y faire et moi aussi. Nous avons travaillé… Derrière nous, Simon, Matthieu et Barthélemy ameublissaient les sillons du grain mort-né, et Judas est allé demander en ton nom un peu de semence à Jude et Anne, en leur promettant notre visite pour aujourd’hui. Il en a obtenu, et de la meilleure qualité. Alors nous avons dit: “ Demain nous sèmerons. ” C’est pour cela que nous avons tardé un peu. Nous avons commencé au début du crépuscule. Que l’Eternel nous pardonne en raison du motif pour lequel nous avons péché. Judas, pendant ce temps, restait près du lit de Jacob pour le convertir. Lui, il sait parler mieux que nous. Du moins, c’est ce qu’ont voulu dire aussi Barthélemy et Simon le Zélote. Mais Jacob était sourd à tout raisonnement. Il voulait guérir parce que la maladie lui coûte cher et il insultait sa servante comme une bonne à rien. Comme il disait : “ Je me convertirai si je guéris ”, Judas, pour le calmer, lui a imposé les mains. Mais Jacob est resté aussi malade qu’avant. Judas, découragé, nous l’a dit. Nous avons essayé, nous aussi, avant de nous coucher, mais nous n’avons pas obtenu de miracle. Maintenant, Judas prétend que c’est parce qu’il est dans ta disgrâce pour t’avoir déplu, et il en est humilié. Mais nous, nous soutenons que c’est parce qu’il se trouvait en présence d’un pécheur obstiné, qui exige d’obtenir tout ce qu’il veut en posant des conditions et en donnant des ordres à Dieu lui-même. Qui a raison ?

– Vous sept. Vous avez dit la vérité.

338.2

Et Jude et Anne ? Dans quel état sont leurs champs ?

– Un peu abîmés, mais eux ont des ressources et tout est déjà réparé. Mais ils sont bons, eux ! Tiens : ils t’envoient cette offrande et ces vivres. Ils espèrent te voir quelquefois. Ce qui attriste, c’est l’état d’âme de Jacob. J’aurais voulu guérir son âme plutôt que son corps…, dit André.

– Et aux autres endroits ?

– Ah ! Nous avons guéri quelqu’un sur la route de Déberet, près du village. C’est Matthieu qui a opéré la guérison. Il s’agissait d’un malade fiévreux qui revenait de chez un médecin qui le donnait pour perdu. Nous sommes restés chez lui et la fièvre n’est pas revenue, du crépuscule à l’aurore. Il affirmait se sentir bien et fort. Puis, à Tibériade, c’est André qui a guéri un passeur qui s’était cassé l’épaule en tombant sur le pont. Il lui a imposé les mains et son épaule a guéri. Imagine-toi cet homme ! Il a voulu nous amener sans payer à Magdala et à Capharnaüm, puis à Bethsaïde, et il est resté là parce que les disciples Timon d’Aéra et Philippe d’Arbel s’y trouvent, ainsi qu’Hermastée et Marc, fils de Josias, un de ceux qui ont été délivrés[1] du démon près de Gamala. Le passeur Joseph veut aussi être disciple… Les enfants, chez Jeanne, se portent bien. Ils ne semblent plus les mêmes. Ils étaient dans le jardin et jouaient avec Jeanne et Kouza…

– Je les ai vus. J’y suis passé moi aussi. Continuez.

– A Magdala, c’est Barthélemy qui a converti un cœur vicieux et qui a guéri un corps vicieux. Comme il a bien parlé ! Il a montré que le désordre de l’esprit produit le désordre corporel, et que toute concession à la malhonnêteté dégénère en perte de la tranquillité, de la santé et enfin de l’âme. Quand il l’a vu repenti et convaincu, il lui a imposé les mains, et l’homme a été guéri. Ils voulaient nous retenir à Magdala. Mais nous avons obéi, et après la nuit nous avons repris la route vers Capharnaüm. Il s’y trouvait cinq personnes qui demandaient une grâce de toi. Et ils étaient sur le point de repartir, découragés. Nous les avons guéris. Nous n’avons vu personne car nous avons aussitôt rembarqué pour Bethsaïde, pour éviter des questions d’Eli, d’Urie et de leurs compagnons.

338.3

A Bethsaïde ! Mais à ton tour, André, raconte à ton frère, achève Jacques, fils de Zébédée, qui a toujours parlé.

– Ah ! Maître, ah, Simon ! Si vous aviez pu voir Marziam ! Il est méconnaissable…

– Malheur ! Il n’est tout de même pas devenu une femme ? s’exclame Pierre.

– Non, pas du tout ! C’est un beau jeune homme, grand et mince grâce à sa rapide croissance… Quelque chose de merveilleux ! Nous avons eu du mal à le reconnaître. Il est grand comme ta femme et comme moi…

– Ah, bien ! Ni Porphyrée, ni toi, ni moi, nous ne sommes des palmiers ! On pourrait tout au plus nous comparer à des pruniers…, dit Pierre, qui pourtant jubile en entendant dire que son fils adoptif s’est développé.

– Oui, mon frère. Mais aux Encénies il n’était encore qu’un enfant qui avait du mal à nous arriver aux épaules. C’est aujourd’hui un vrai jeune homme par la taille, la voix et le sérieux. Il a fait comme ces arbres dont la croissance stagne pendant des années et qui, au moment où l’on ne s’y attend pas, ont un développement stupéfiant. Ta femme a eu beaucoup de travail pour allonger ses habits et lui en coudre des neufs. Et elle les fait avec de grands ourlets et de gros plis à la taille justement parce qu’elle prévoit que Marziam va encore grandir. Et puis il croît en sagesse. Maître, l’humilité sage de Nathanaël ne t’avait pas averti que, pendant presque deux mois, Barthélemy a servi de maître au plus petit et au plus héroïque des disciples, qui se lève avant le jour pour mener paître les brebis, casser du bois, puiser de l’eau, allumer le feu, balayer, aller aux commissions par amour pour sa mère adoptive, et puis, l’après-midi et jusque tard dans la nuit, il étudie et écrit comme un petit docteur. Imagine-toi : il a réuni tous les enfants de Bethsaïde et, le sabbat, il leur fait des petites instructions évangéliques. Ainsi les petits, que l’on exclut de la synagogue pour qu’ils ne dérangent pas les réunions, ont-ils leur journée de prière comme les grands. Et les mères me rapportent qu’il est beau de l’entendre parler et que les enfants l’aiment et lui obéissent avec respect en devenant meilleurs. Quel disciple il fera !

– Mais voyez-vous ça ! Voyez-vous ça ! Je… je suis ému… Mon Marziam ! Mais déjà à Nazareth, hein, quel héroïsme il a montré pour… cette petite fille… Rachel, pas vrai ? »

Pierre s’est arrêté à temps, en rougissant par peur d’avoir trop parlé.

Heureusement Jésus vient à son secours et Judas est pensif et distrait, ou il feint de l’être. Jésus dit :

« Oui, Rachel. Tu te rappelles bien. Elle est guérie, et les champs donneront beaucoup de grain. Nous y sommes passés, Jacques et moi. Le sacrifice d’un enfant juste a une grande puissance.

– A Bethsaïde, c’est Jacques qui a fait un miracle pour un pauvre estropié, et Matthieu, en route vers la maison de Jacob, a guéri un enfant. Et aujourd’hui précisément, sur la place de ce village près du pont, Philippe et Jean ont guéri, le premier un homme qui avait les yeux malades, et le second un enfant possédé.

338.4

– Vous avez tous bien agi, très bien agi. Maintenant, nous marchons jusqu’à ce village sur les pentes, et nous allons nous arrêter dans quelque maison pour dormir.

– Et toi, mon Maître, qu’as-tu fait ? Comment va Marie ? Et l’autre Marie ? demande Jean.

– Elles vont bien et vous saluent tous. Elles sont en train de préparer des vêtements et ce qu’il faut pour le pèlerinage de printemps. Et elles sont impatientes de le faire pour rester avec nous.

– Suzanne et Jeanne également, ainsi que notre mère, ont le même enthousiasme » dit encore Jean.

Barthélemy intervient :

« Ma femme aussi, avec ses filles, veut venir cette année, après tant d’autres, à Jérusalem. Elle assure que jamais plus ce ne sera beau comme cette année… Je ne sais pourquoi elle le dit, mais elle soutient qu’elle le sent dans son cœur.

– Alors la mienne aussi viendra sûrement. Elle ne me l’a pas dit… Mais ce que fait Anne, Marie le fait toujours, dit Philippe.

– Et les sœurs de Lazare ? Vous qui les avez vues… demande Simon le Zélote.

– Elles obéissent en souffrant à l’ordre du Maître et à la nécessité… Lazare est très malade, n’est-ce pas, Judas ? Il reste presque constamment couché. Mais elles attendent le Maître avec beaucoup d’impatience, répond Thomas.

– La Pâque va bientôt arriver et nous irons chez Lazare.

– Mais toi, qu’as-tu fait à Nazareth et à Chorazeïn ?

– A Nazareth, j’ai salué ma famille et mes amis ainsi que les parents des deux disciples. A Chorazeïn, j’ai parlé dans la synagogue et j’ai guéri une femme. Nous avons fait halte chez la veuve qui a perdu sa mère. C’est une douleur, certes, mais en même temps un soulagement à cause de son peu de ressources et du temps que lui prenaient les soins donnés à l’infirme qui empêchaient la veuve de travailler. Elle s’est mise à filer pour le compte des autres, mais elle n’est plus désespérée. Elle est assurée du nécessaire et elle en est satisfaite. Joseph va chaque matin chez un menuisier du “ Puits de Jacob ” pour apprendre le métier.

338.5

– Les habitants de Chorazeïn sont-ils meilleurs ? demande Matthieu.

– Non, Matthieu. Ils sont de plus en plus mauvais » reconnaît franchement Jésus. « Et ils nous ont maltraités. Les plus puissants, naturellement, pas le simple peuple.

– C’est vraiment un mauvais endroit. Il ne faut plus y aller, dit Philippe.

– Ce serait une souffrance pour le disciple Elie, tout comme pour la veuve et la femme guérie aujourd’hui, et pour les autres qui sont bons.

– Oui, mais ils sont si peu nombreux que… moi, je ne m’occuperais plus de ces gens-là. Tu l’as dit : “ Impossible de les travailler ”, riposte Thomas.

– La résine est une chose, les cœurs en sont une autre. Il en restera quelque chose, comme une semence enfouie sous des mottes très compactes. Il faudra beaucoup de temps pour que cela perce, mais finalement cela se produira. Ainsi en est-il de Chorazeïn. Un jour, ce que j’ai semé poussera. Il ne faut pas rendre les armes dès les premières défaites.

338.6

Ecoutez cette parabole. On pourrait l’intituler : “ La parabole du bon cultivateur. ”

Un riche avait une grande et belle vigne dans laquelle se trouvaient des figuiers de différentes qualités. L’un de ses serviteurs était préposé à la vigne, un vigneron expérimenté qui pratiquait aussi la taille des arbres fruitiers. Il faisait son devoir par amour pour son maître et pour les arbres. Tous les ans, à la belle saison, le riche venait à plusieurs reprises à sa vigne pour voir mûrir les raisins et les figues et les goûter, en les cueillant sur les arbres de ses propres mains. Un jour, donc, il se dirigea vers un figuier d’un excellente espèce, l’unique arbre de cette qualité qui existait dans cette vigne. Mais ce jour aussi, comme les deux années précédentes, il le trouva tout en feuilles et sans aucun fruit. Il appela le vigneron et lui dit : “ C’est la troisième année que je viens chercher des fruits sur ce figuier et je n’y trouve que des feuilles. Manifestement, cet arbre ne donnera jamais de figues. Coupe-le donc. Il est inutile qu’il reste ici à prendre de la place et de ton temps, sans rien rapporter. Scie-le, brûle-le, nettoie le terrain de ses racines et plante à sa place un nouvel arbre. D’ici quelques années, il donnera des fruits. ” Le vigneron, qui était patient et dévoué, répondit : “ Tu as raison. Mais laisse-moi encore faire cette année. Au lieu de le scier, je vais bêcher tout autour avec encore plus de soin, y mettre du fumier et l’émonder. Qui sait s’il ne va pas alors porter du fruit ? Si, après ce dernier essai, il ne donne rien, j’obéirai à ton désir et je le couperai. ”

Chorazeïn, c’est le figuier stérile. Moi, je suis le bon Cultivateur, et vous, vous êtes le riche impatient. Laissez faire le bon Cultivateur.

338.7

– D’accord. Mais il manque la conclusion de ta parabole : le figuier, l’année suivante, a-t-il donné du fruit ? demande Simon le Zélote.

– Il n’a pas fait de fruit et on l’a coupé. Mais le cultivateur a été justifié d’avoir coupé un arbre encore jeune et florissant parce qu’il avait fait tout son devoir. Moi aussi, je veux être justifié pour ceux auxquels je dois appliquer la hache et que je dois enlever de ma vigne, où se trouvent des arbres stériles et empoisonnés : nids de serpents qui absorbent les sucs nutritifs, parasites, plantes vénéneuses qui gâtent leurs compagnons disciples ou leur nuisent, ou encore qui pénètrent par leurs racines envahissantes pour proliférer dans ma vigne sans être appelés, rebelles à toute greffe, entrés seulement pour espionner, dénigrer, stériliser mon champ. Ceux-là, je les couperai quand tout aura été tenté pour les convertir. Et pour l’instant, avant d’employer la hache, j’essaie les cisailles et la serpette de l’émondeur, j’élague et je greffe… Ah ! Ce sera un rude labeur, pour moi qui m’y emploie comme pour ceux qui le subiront. Mais il faut le faire, pour que l’on puisse dire au Ciel : “ Il a tout essayé, mais plus il les a taillés, greffés, déchaussés, fumés, suant à force de fatigues et pleurant des larmes de sang, plus ils sont devenus stériles et mauvais…

338.8

Nous voici au village, allez tous de l’avant chercher un logement. Toi, Judas, reste avec moi. »

Ils restent seuls et, dans la pénombre du soir, ils avancent l’un à côté de l’autre dans le plus grand silence.

Enfin Jésus dit, comme s’il se parlait à lui-même :

« Et pourtant, même si on est tombé dans la disgrâce de Dieu pour avoir contrevenu à sa Loi, on peut toujours redevenir ce qu’on était, en renonçant au péché… »

Judas ne répond rien.

Jésus reprend :

« Et si on a compris qu’on ne peut obtenir de Dieu le pouvoir, parce que Dieu n’est pas là où se trouve Satan, on peut facilement y remédier en préférant ce que Dieu accorde à ce que veut notre orgueil. »

Judas se tait.

Ils atteignent déjà la première maison du village. Jésus, comme s’il se parlait toujours à lui-même, ajoute :

« Et penser que j’ai souffert une dure pénitence pour qu’il se repente et revienne à son Père… »

Judas sursaute, lève la tête, le regarde… mais ne dit mot.

Jésus aussi le regarde… puis il demande:

« Judas, à qui est-ce que je parle ?

– A moi, Maître. C’est à cause de toi que je n’ai plus de pouvoir : tu me l’as retiré pour en donner davantage à Jean, à Simon, à Jacques, à tous excepté à moi. Tu ne m’aimes pas, voilà ! Et je finirai par ne pas t’aimer et par maudire l’heure où je t’ai aimé, en me déconsidérant aux yeux du monde pour un roi qui ne sait pas combattre, qui se laisse dominer même par la plèbe. Ce n’est pas ce que j’attendais de toi !

– Ni moi non plus de toi. Mais je ne t’ai jamais trompé, moi. Et je ne t’ai jamais contraint. Pourquoi donc restes-tu à mes côtés ?

– Parce que je t’aime. Je ne peux plus me séparer de toi. Tu m’attires et tu me déçois. Je te désire comme l’air pour respirer et… tu me fais peur. Ah ! Je suis maudit ! Je suis damné ! Pourquoi ne chasses-tu pas le démon, toi qui le peux ? »

Le visage de Judas est livide et bouleversé, fou, apeuré, haineux… Il annonce déjà, bien que faiblement, le masque satanique de Judas du vendredi saint.

Et le visage de Jésus annonce celui du Nazaréen flagellé qui, assis dans la cour du Prétoire sur un baquet renversé, regarde ceux qui se moquent de lui avec toute sa pitié pleine d’amour. Il parle, et on dirait qu’il y a déjà un sanglot dans sa voix :

« Pourquoi n’y a-t-il aucun repentir en toi, mais seulement de la haine contre Dieu, comme si c’était lui le coupable de ton péché ? »

Judas grommelle entre ses dents une vilaine imprécation…

338.9

« Maître, nous avons trouvé. Cinq à un endroit, trois à un autre, deux à un troisième et un seulement à deux autres endroits. Il n’a pas été possible de faire mieux, disent les disciples.

– C’est bien ! Moi, je vais avec Judas, dit Jésus.

– Non. Je préfère être seul. Je suis inquiet. Je ne te laisserais pas te reposer…

– Comme tu veux… Dans ce cas, j’irai avec Barthélemy. Vous, vous ferez ce que vous voudrez. En attendant, allons là où il y a le plus de place, pour pouvoir souper ensemble. »

338.1

La strada che conduce a Sefet lascia la pianura di Corozim per assalire un gruppo montagnoso abbastanza rilevante e molto folto di piante. Un corso d’acqua scende da questi monti, certo diretto al lago di Tiberiade.

I pellegrini attendono a questo ponte che li raggiungano gli altri mandati al lago di Merom. Non attendono molto, infatti. Puntuali all’appuntamento, essi vengono avanti lesti e si riuniscono con gioia al Maestro e ai compagni, riferendo sul come si svolse il loro viaggio, benedetto da alcuni miracoli fatti a turno da «tutti gli apostoli», dicono. Ma Giuda di Keriot corregge: «Meno che da me, che non sono riuscito a nulla». E la sua mortificazione, nel confessarlo, è penosa.

«Ti abbiamo detto che era perché avevamo di fronte un grande peccatore», gli risponde Giacomo di Zebedeo. E spiega:

«Sai, Maestro? Era Giacobbe, molto ammalato. E ti invoca per questo, perché ha paura della morte e del giudizio di Dio. Ma è più avaro che mai, ora che prevede un vero disastro nei suoi raccolti, completamente rovinati dal gelo. Ha perduto tutto il grano da seme e non può seminarne altro, perché è malato e la serva, sfiancata di fatiche e di fame — perché lui economizza anche la farina da pane, preso come è dalla paura di essere un giorno senza mangiare — non ce la fa ad arare il campo. Noi — abbiamo forse peccato, perché abbiamo lavorato tutto il venerdì e oltre il tramonto, fino all’ultima luce e persino con delle fiaccole e dei falò accesi per vedere — noi abbiamo arato una grande estensione di terreno. Filippo, Giovanni e Andrea sanno fare e io anche. Abbiamo sgobbato… Simone, Matteo e Bartolomeo ci venivano dietro ripulendo le zolle dal grano nato e morto, e Giuda è andato in tuo nome a chiedere un poco di seme a Giuda ed Anna, promettendo la nostra visita di oggi. Lo ha avuto, ed eletto. Allora abbiamo detto: “Domani semineremo”. Per questo abbiamo tardato un poco. Perché abbiamo cominciato all’inizio del tramonto. L’Eterno ci perdoni per il motivo per cui peccammo. Giuda, intanto, rimaneva presso il letto di Giacobbe per convertirlo. Lui sa parlare meglio di noi.

Almeno così hanno voluto dire di loro anche Bartolomeo e lo Zelote. Ma Giacobbe era sordo ad ogni argomento. Voleva la guarigione perché la malattia gli costa e insolentiva la serva come una poltrona. Per calmarlo, visto che diceva: “Mi convertirò se guarisco”, Giuda gli impose le mani. Ma Giacobbe restò malato come prima. Giuda, sconfortato, ce lo disse. Provammo noi prima di coricarci. Ma non ebbimo miracolo. Ora Giuda sostiene che è perché lui è in tua disgrazia, avendoti dispiaciuto, ed è avvilito. Ma noi diciamo che è perché avevamo di fronte un peccatore ostinato, il quale pretende di ottenere tutto ciò che vuole, mettendo termini e dando ordini anche a Dio. Chi ha ragione?».

«Voi sette. Avete detto il vero.

338.2

E Giuda e Anna? I loro campi?».

«Rovinati alquanto. Ma loro hanno mezzi, e tutto è già riparato. Ma sono buoni, quelli! Tieni. Ti mandano quest’offerta e questi cibi. Sperano vederti qualche volta. Quello che rattrista è lo stato d’animo di Giacobbe. Io avrei voluto guarirgli l’anima più che il corpo…», dice Andrea.

«E negli altri luoghi?».

«Oh! Sulla via di Deberet, presso il paese, abbiamo — è stato Matteo — guarito uno con le febbri, che tornava da un medico che lo aveva dato per spacciato. Sostammo da lui e la febbre non è tornata dal tramonto all’aurora, ed egli asseriva di sentirsi bene e forte. Poi a Tiberiade fu Andrea che guarì un barcaiolo che si era spezzata una spalla cadendo sul ponte. Gli impose le mani e la spalla guarì. Figurati l’uomo! Ci volle portare senza spesa a Magdala e a Cafarnao, poi a Betsaida, e là è rimasto, perché vi sono i discepoli Timoneo di Aera, Filippo d’Arbela, Ermasteo e Marco di Giosia, uno dei liberati[1] dal demonio presso Gamala. Vuole essere discepolo anche Giuseppe il barcaiolo… I bambini, da Giovanna, stanno bene. Non sembrano più quelli. Erano nel giardino e giocavano con Giovanna e Cusa…».

«Li ho visti. Ci sono passato Io pure. Continuate».

«A Magdala è stato Bartolomeo che ha convertito un cuore vizioso e guarito un corpo vizioso. Come ha parlato bene! Ha mostrato che il disordine dello spirito genera disordine nel corpo, e ogni concessione alla disonestà degenera in perdita della tranquillità, della salute e infine dell’anima. Quando lo ha visto pentito e persuaso, gli ha imposto le mani e l’uomo è guarito. Volevano trattenerci a Magdala. Ma noi abbiamo ubbidito proseguendo, dopo la notte, per Cafarnao. Lì vi erano cinque che chiedevano grazia da Te. E stavano per tornare via sconfortati. Li guarimmo. Non abbiamo visto nessuno perché ci rimbarcammo subito per Betsaida, per evitare domande da Eli, Uria e compagni.

338.3

A Betsaida! Ma racconta tu, Andrea, a tuo fratello…», termina Giacomo di Zebedeo che ha sempre parlato.

«Oh! Maestro! Oh! Simone! Ma se vedeste Marziam! Non si riconosce più!…».

«Oh! sorte! Non sarà già divenuto una femmina?», esclama e interroga Pietro.

«No, anzi! Un bel giovinetto, alto ed esile per la grande crescita… Una cosa meravigliosa! Stentammo a conoscerlo. È alto come tua moglie e come me…».

«Oh! bene! Né io, né te, né Porfirea siamo palme! Tutt’al più potremo essere paragonati a piante di pruno…», dice Pietro, che però gongola sentendo che il suo figlio d’adozione si è sviluppato.

«Sì, fratello. Ma solo alle Encenie egli era ancora uno stento fanciullino che a malapena ci raggiungeva le spalle. Ora è proprio un giovane uomo, nella statura, nella voce e nella gravità. Ha fatto come quelle piante che stagnano per anni e poi all’improvviso hanno un rigoglio stupefacente. Tua moglie ha avuto un gran da fare ad allungare vesti e a farne di nuove. E le fa con grandi orli e grandi balze alla vita, perché giustamente prevede che Marziam crescerà ancora. E più cresce in sapienza. Maestro, l’umiltà saggia di Natanaele non ti aveva detto che per quasi due mesi Bartolomeo fu maestro al più piccolo e più eroico dei discepoli, che si alza avanti giorno per pasturare le pecore, spezzare le legna, attingere l’acqua, accendere il fuoco, spazzare, fare gli acquisti per amore della mamma putativa, e poi nel pomeriggio, fino a notte tarda, studia e scrive come un piccolo dottore. Pensa! Ha riunito tutti i fanciulli di Betsaida e al sabato tiene loro piccole lezioni evangeliche. Così i piccoli, che per non avere turbamento alle funzioni vengono esclusi dalla sinagoga, hanno la loro giornata di preghiera come i grandi. E mi dicono le madri che è bello sentirlo parlare, e che i fanciulli lo amano e ubbidiscono con rispetto divenendo più buoni. Che discepolo si farà!».

«Ma guarda! guarda! Io… sono commosso… Il mio Marziam! Ma già anche a Nazaret, eh!, che eroismo per… quella bambina. Rachele, vero?». Pietro si è fermato in tempo, divenendo di porpora per la paura di aver detto troppo.

Per fortuna Gesù lo soccorre e Giuda è cogitabondo e distratto. O finge d’esserlo. Gesù dice: «Già! Rachele. Ricordi bene. È guarita. E i campi daranno molto grano. Vi passammo Io e Giacomo. Tanto può il sacrificio di un fanciullo giusto».

«A Betsaida fu Giacomo che fece miracolo su un povero storpio, e Matteo, sulla via, verso la casa di Giacobbe, guarì un fanciullo. Ma proprio oggi, sulla piazza di quel villaggio presso il ponte, Filippo e Giovanni hanno guarito, il primo uno malato d’occhi, e il secondo un fanciullo indemoniato».

338.4

«Avete fatto tutti bene. Molto bene. Ora andremo fino a quel paese sulle pendici e ci fermeremo in qualche casa a dormire».

«E Tu, Maestro mio, che hai fatto? Come sta Maria? E l’altra Maria?», chiede Giovanni.

«Stanno bene e vi salutano tutti. Stanno preparando vesti e quanto occorre per il pellegrinaggio di primavera. E non vedono l’ora di farlo per stare con noi».

«Anche Susanna e Giovanna e nostra madre hanno la stessa ansia», dice sempre Giovanni.

Bartolomeo dice: «Anche mia moglie colle figlie vuole venire quest’anno, dopo tanti anni, a Gerusalemme. Dice che mai più sarà bello come quest’anno… Non so perché lo dica. Ma ella sostiene che se lo sente in cuore».

«Certo allora verrà anche la mia. Non me l’ha detto… Ma ciò che fa Anna fa sempre anche Maria», dice Filippo.

«E le sorelle di Lazzaro? Voi che le avete viste…», chiede Simone Zelote.

«Ubbidiscono con sofferenza all’ordine del Maestro e alla necessità… Lazzaro è molto sofferente, vero, Giuda? Quasi sempre è coricato. Ma con molta ansia attendono il Maestro», dice Tommaso.

«Presto sarà Pasqua e andremo da Lazzaro».

«Ma Tu che hai fatto a Nazaret e a Corozim?».

«A Nazaret ho salutato i parenti e gli amici e i parenti dei due discepoli. A Corozim ho parlato nella sinagoga e ho guarito una donna. Abbiamo sostato dalla vedova alla quale è morta la madre. Un dolore e un sollievo insieme, per le poche risorse e per quanto tempo sottraeva l’assistenza dell’inferma al lavoro della vedova, che si è messa a filare per conto di altri. Ma non è più disperata. Ha il necessario assicurato ed è paga di ciò. Giuseppe va ogni mattina presso un falegname del Pozzo di Giacobbe per apprendere il mestiere».

338.5

«Sono più buoni quelli di Corozim?», chiede Matteo.

«No, Matteo. Sono sempre più cattivi», confessa schiettamente Gesù. «E ci hanno maltrattati. I più potenti, è naturale. Non il popolo semplice».

«È un gran postaccio. Non ci andare più», dice Filippo.

«Ne avrebbe dolore il discepolo Elia, e la vedova e la donna guarita oggi e gli altri buoni».

«Sì. Ma sono tanto pochi che… io non mi occuperei più del luogo. Tu lo hai detto: “È inlavorabile”», dice Tommaso.

«Altra cosa è la resina e altra i cuori. Qualcosa resterà, come seme sprofondato sotto zolle e zolle molto compatte. Ci terrà molto a spuntare. Ma finalmente spunterà. Così di Corozim. Un giorno nascerà ciò che Io ho seminato. Non bisogna stancarsi alle prime sconfitte.

338.6

Sentite questa parabola. Potrebbe essere intitolata: “La parabola del buon coltivatore”.

Un ricco aveva una grande e bella vigna, nella quale erano anche piante di fichi di diverse qualità. Alla vigna attendeva un suo servo, esperto vignaiolo e potatore di piante da frutto, che faceva il suo dovere con amore al padrone e alle piante. Tutti gli anni il ricco, nella stagione migliore, andava a più riprese alla sua vigna per vedere maturare le uve e i fichi e gustarne, cogliendoli con le sue mani dalle piante. Un giorno, dunque, si diresse a un fico che era di qualità buonissima, l’unica pianta di quella qualità che fosse nella vigna. Ma anche quel giorno, come nei due anni precedenti, lo trovò tutto fogliame e niente frutta. Chiamò il vignaiolo e disse: “Sono tre anni che vengo a cercare frutta su questo fico e non trovo che foglie. Si capisce che la pianta ha finito di fruttificare. Tagliala, dunque. È inutile che sia qui ad occupare posto e ad occupare il tuo tempo, per poi non concludere niente. Segala, bruciala, ripulisci il terreno dalle sue radici e nel posto suo mettici una pianticina novella. Fra qualche anno darà frutto essa”. Il vignaiolo, che era paziente e amoroso, rispose: “Tu hai ragione. Ma lasciami fare ancora per un anno. Io non segherò la pianta. Ma, anzi, con ancora maggior cura le zapperò intorno il suolo, la concimerò e la poterò. Chissà che non fruttifichi ancora. Se dopo quest’ultima prova non farà frutto, ubbidirò al tuo desiderio e la taglierò”.

Corozim è il fico che non dà frutti. Io sono il buon Coltivatore. E il ricco impaziente siete voi. Lasciate fare al buon Coltivatore».

338.7

«Va bene. Ma la tua parabola non conclude. Il fico, l’anno di poi, fece frutto?», chiede lo Zelote.

«Non fece frutto e fu reciso. Ma il coltivatore fu giustificato del recidere una pianta ancora giovine e fiorente, perché aveva fatto tutto il suo dovere. Io pure voglio essere giustificato per causa di coloro sui quali dovrò mettere la scure e reciderli dalla mia vigna, dove sono piante sterili o velenose, nidi di serpi, succhiatori di succhi, parassiti o tossici che guastano e nuocciono i compagni discepoli, o anche che penetrano strisciando con le loro radici malevole per proliferare, non chiamati, nella mia vigna, ribelli ad ogni innesto, entrati solo per spiare, denigrare e sterilire il mio campo. Questi li reciderò quando tutto sarà tentato per convertirli. E per intanto, prima della scure, alzo la cesoia e il coltello del potatore e sfrondo e innesto… Oh! sarà un lavoro duro. Per Me che lo faccio, per coloro che lo subiranno. Ma va fatto. Perché si possa dire in Cielo: “Egli ha tutto compiuto, ma essi sono divenuti sempre più sterili e malvagi più Egli li ha potati, innestati, scalzati, concimati, con sudore e lacrime, con fatiche e sangue”…

338.8

Eccoci al paese. Andate avanti tutti e chiedete alloggio. Tu, Giuda di Keriot, resta con Me».

Restano soli e, nelle penombre della sera, procedono vicini nel massimo silenzio.

Infine Gesù dice, come parlando a Se stesso: «Eppure, anche se si è caduti in disgrazia di Dio per avere contravvenuto alla sua Legge, sempre si può tornare ad essere ciò che eravamo, rinunciando al peccato…».

Giuda non risponde niente.

Gesù riprende: «E se si è capito che non si può più avere il potere da Dio, perché Dio non è là dove è Satana, con facilità si può rimediare, preferendo ciò che Dio concede a ciò che vuole la superbia nostra».

Giuda tace.

Gesù — e sono già alla prima casa del paese — sempre come parlando a Se stesso dice: «E pensare che Io ho sofferto aspra penitenza perché egli si ravveda e torni al Padre suo…».

Giuda ha un sussulto, alza il capo, lo guarda… ma non dice nulla.

Anche Gesù lo guarda… e poi chiede: «Giuda, a chi parlo?».

«A me, Maestro. È per Te che io non ho più potere. Perché Tu me lo hai levato per aumentarlo a Giovanni, a Simone, a Giacomo, a tutti, fuorché a me. Non mi ami, ecco! E finirò per non amarti e per maledire l’ora in cui ti ho amato, rovinandomi agli occhi del mondo per un re imbelle che si lascia soverchiare anche dalla plebe. Non questo speravo da Te!».

«Neppure Io da te. Ma non ti ho mai ingannato, Io. E non ti ho mai costretto. Perché dunque rimani al mio fianco?».

«Perché ti amo. Non posso separarmi più da Te. Mi attiri e mi fai ribrezzo. Ti desidero come l’aria per il respiro e… mi fai paura. Ah! Sono maledetto! Sono dannato! Perché non mi cacci il demonio, Tu che puoi?». Il viso di Giuda è livido e stravolto, pazzo, pieno di paura e di odio… Ricorda già, sebbene pallidamente, la maschera satanica del Giuda del Venerdì Santo.

E Gesù ricorda nel volto il Nazareno flagellato che, seduto nel cortile del Pretorio sul mastello capovolto, guarda i suoi schernitori con tutta la sua pietà amorosa. Dice, e sembra che un singhiozzo sia già nella sua voce: «Perché non c’è pentimento in te, ma solo ira contro Dio, quasi Egli fosse il colpevole del tuo peccato».

Giuda dice fra i denti una brutta imprecazione…

338.9

«Maestro, abbiamo trovato. Cinque in un luogo, tre nell’altro, due in un altro, e uno e uno in altri due. Non fu possibile fare meglio», dicono i discepoli.

«Va bene. Io vado con Giuda di Keriot», dice Gesù.

«No. Preferisco essere solo. Sono inquieto. Non ti lascerei riposare…».

«Come vuoi tu… Allora andrò con Bartolomeo. Voi farete ciò che vorrete. Intanto andiamo dove è più posto, per poter cenare insieme».


Notes

  1. délivrés, en 186.7.

Note

  1. uno dei liberati, in 186.7.