The Writings of Maria Valtorta

343. Le levain des pharisiens.

343. The yeast of the Pharisees.

343.1

La plaine côtoie le Jourdain avant de se jeter dans le lac de Mérom. C’est une belle plaine sur laquelle les céréales abondent et les arbres fruitiers fleurissent chaque jour davantage. Les collines, au-delà desquelles se trouve Cédès, sont maintenant derrière les pèlerins qui, transis de froid, marchent rapidement aux premières lumières du jour, en jetant un coup d’œil impatient sur le soleil qui se lève et en le cherchant dès que ses rayons touchent les prés et caressent les frondaisons. Ils doivent avoir dormi à la belle étoile, ou au mieux dans une meule de foin, car leurs vêtements sont froissés et gardent des fétus de paille et des feuilles sèches qu’ils enlèvent à mesure qu’ils les découvrent à la lumière plus forte.

Le fleuve s’annonce par son bouillonnement, qui paraît puissant dans le silence matinal de la campagne, et par une rangée serrée d’arbres aux feuilles nouvelles qui tremblent sous la légère brise du matin. Mais on ne le découvre pas encore, enseveli comme il l’est dans la plaine plate. Quand on voit ses eaux bleues, grossies de nombreux petits torrents qui descendent des collines à l’ouest, scintiller dans la verdure nouvelle des rives, on est presque sur son bord.

« Suivons-nous la rive jusqu’au pont, ou bien passons-nous le fleuve ici ? demandent-ils à Jésus qui était seul, pensif, et qui s’est arrêté pour les attendre.

– Voyez s’il y a une barque pour passer. Il vaut mieux aller par ici…

– Oui. Au pont qui est justement sur la route pour Césarée Panéade, nous pourrions rencontrer de nouveau quelque individu envoyé sur nos traces, décoche Barthélemy en regardant Judas d’un air renfrogné.

– Non, ne me regarde pas de travers. Moi, je ne savais pas que l’on devait venir ici, et je n’ai rien dit. Il était facile de deviner que, de Séphet, Jésus irait sur les tombes des rabbis et à Cédès. Mais je n’aurais jamais pensé qu’il voudrait pousser jusqu’à la capitale de Philippe. Eux l’ignorent donc, et nous ne les trouverons pas par ma faute, ni par leur volonté. A moins qu’ils n’aient Belzébuth pour les conduire, répond Judas, avec calme et humilité.

– Tant mieux, parce qu’avec certaines gens… Il faut avoir l’œil et surveiller ses paroles, ne laisser aucune trace de nos projets, il faut faire attention à tout. Autrement notre évangélisation se changera en une fuite perpétuelle » réplique Barthélemy.

Jean et André reviennent :

« Nous avons trouvé deux barques. On traverse pour une drachme par barque. Descendons sur le bord. »

Ils passent, en deux fois, sur l’autre rive dans les deux petites barques. Une vaste plaine[1] les accueille là aussi, une plaine fertile mais peu peuplée. Seuls les paysans qui la cultivent y ont leur maison.

343.2

« Hmm ! Comment allons-nous faire pour le pain ? Moi, j’ai faim. Et ici… il n’y a même pas les épis de Philistie… De l’herbe et des feuilles, des feuilles et des fleurs. Je ne suis ni une brebis ni une abeille » murmure Pierre à ses compagnons qui sourient de sa remarque.

Jude se retourne – il était un peu en avant – et dit :

« Nous achèterons du pain au premier village.

– Pourvu qu’ils ne nous fassent pas fuir, ajoute Jacques, fils de Zébédée.

– Gardez-vous, vous qui dites de faire attention à tout, de prendre le levain des pharisiens et des sadducéens. Il me semble que vous êtes en train de le faire, sans réfléchir à ce que vous faites de mal. Ouvrez l’œil ! Examinez-vous ! » dit Jésus.

Les apôtres se regardent les uns les autres et chuchotent :

« Mais que dit-il ? Le pain nous a été donné par la femme du sourd-muet et par l’hôte de Cédès. Et il est encore ici. C’est le seul que nous ayons. Et nous ne savons pas si nous pourrons en trouver encore pour apaiser notre faim. Pourquoi donc dit-il que nous achetons aux pharisiens et aux sadducéens du pain avec leur levain ? Peut-être ne veut-il pas qu’on achète dans ces villages… »

Jésus, qui était de nouveau tout seul en avant, se retourne :

« Pourquoi avoir peur de rester sans pain pour votre faim ? Même si tous ici étaient sadducéens et pharisiens, vous ne resteriez pas sans pain à cause de mon conseil. Ce n’est pas du levain qui se trouve dans le pain que je parle, par conséquent vous pourrez acheter où vous voudrez le pain pour votre estomac. Et si personne ne voulait vous en vendre, vous ne resteriez pas non plus sans pain. Ne vous souvenez-vous pas des cinq pains dont se rassasièrent cinq mille personnes ? Ne vous rappelez-vous pas que vous avez ramassé douze paniers pleins de restes ? Je pourrais faire pour vous, qui êtes douze et qui avez un pain, ce que j’ai fait pour cinq mille personnes avec cinq pains. Ne comprenez-vous pas à quel levain je fais allusion ? A celui qui fermente contre moi dans le cœur des pharisiens, des sadducéens et des docteurs. C’est la haine et c’est l’hérésie. Or vous êtes en train de vous orienter vers la haine comme s’il était entré en vous une partie du levain des pharisiens. On ne doit haïr personne, pas même notre ennemi. N’ouvrez pas la porte, ne serait-ce qu’un peu, à ce qui n’est pas Dieu. Derrière le premier élément contraire à Dieu, il en entrerait d’autres. Parfois, à force de vouloir combattre les ennemis à armes égales, on finit par périr ou par être vaincu. Et, une fois vaincus, vous pourriez à leur contact absorber leurs doctrines. Non. Faites preuve de charité et de réserve. Vous n’avez pas encore en vous les moyens de combattre ces théories sans en être infectés. Car vous en avez, vous aussi, certains éléments. Et le ressentiment à leur égard en est un. Je vous dis encore qu’ils pourraient changer de méthode pour vous séduire et vous enlever à moi, en usant de mille gentillesses, en se montrant repentis, désireux de faire la paix. Vous ne devez pas les fuir. Mais quand ils chercheront à vous endoctriner, sachez ne pas les accueillir. Voilà ce qu’est le levain dont je parle : l’animosité qui est contraire à l’amour, et les idées fausses. Je vous le dis : soyez prudents.

343.3

– Ce signe que les pharisiens demandaient hier, c’était du “ levain ”, Maître ? demande Thomas.

– C’était du levain et du poison.

– Tu as bien fait de ne pas le leur donner.

– Mais je le leur donnerai un jour.

– Quand ? Quand ? demandent-ils, curieux.

– Un jour…

– Et quel signe est-ce ? Tu ne nous le dis pas, même à nous tes apôtres ? Pour qu’on puisse le reconnaître tout de suite, demande Pierre qui a envie de savoir.

– Vous, vous ne devriez pas avoir besoin d’un signe.

– Oh ! Ce n’est pas pour pouvoir croire en toi ! Nous ne sommes pas des gens à avoir de nombreuses pensées, nous. Nous en avons une seule : t’aimer, dit vivement Jacques, fils de Zébédée.

343.4

– Mais les gens, vous qui les approchez si familièrement plus que moi, et sans la timidité que je peux susciter, que disent-ils que je suis ? Et comment définissent-ils le Fils de l’homme ?

– Certains disent que tu es Jésus, c’est-à-dire le Christ, et ce sont les meilleurs. D’autres te qualifient de prophète, d’autres seulement de rabbi, et d’autres, tu le sais, te disent fou et possédé.

– Quelques-uns pourtant se servent pour toi du nom que tu te donnes et ils t’appellent : “ Fils de l’homme ”.

– Et certains aussi disent que c’est impossible, parce que le Fils de l’homme, c’est bien différent. Et cela n’est pas toujours une négation car, au fond, ils admettent que tu es plus que Fils de l’homme : tu es le Fils de Dieu. D’autres, au contraire, prétendent que tu n’es même pas le Fils de l’homme, mais un pauvre homme que Satan agite ou que la démence bouleverse. Tu vois que les opinions sont nombreuses et toutes différentes, dit Barthélemy.

– Mais pour les gens, qu’est-ce donc que le Fils de l’homme ?

– C’est un homme en qui se retrouvent toutes les plus belles vertus de l’homme, un homme qui réunit en lui-même toutes les qualités requises d’intelligence, de sagesse, de grâce, dont nous pensons qu’elles étaient en Adam ; certains ajoutent même à ces qualités celle de ne pas mourir. Tu sais que la rumeur circule déjà que Jean-Baptiste n’est pas mort, mais seulement transporté ailleurs par les anges et qu’Hérode, pour ne pas se dire vaincu par Dieu – et plus encore Hérodiade –, ont tué un serviteur et, après l’avoir décapité, ont présenté son corps mutilé comme le cadavre de Jean-Baptiste. Les gens racontent tant de choses ! Ainsi plusieurs pensent que le Fils de l’homme est Jérémie ou bien Elie, ou l’un des prophètes, et même Jean-Baptiste en personne, en qui étaient grâce et sagesse et qui se disait le précurseur du Christ. Le Christ est l’Oint de Dieu. Le Fils de l’homme est un grand homme né de l’homme. Un grand nombre ne peut admettre, ou ne veut pas admettre, que Dieu ait pu envoyer son Fils sur la terre. Tu l’as dit hier : “ Seuls ceux qui sont convaincus de l’infinie bonté de Dieu croiront. ” Israël croit davantage à la rigueur de Dieu qu’à sa bonté…, dit encore Barthélemy.

– Oui. En effet, ils se sentent si indignes qu’ils jugent impossible que Dieu soit assez bon pour envoyer son Verbe pour les sauver. Ce qui fait obstacle à leur foi, c’est la dégradation de leurs âmes » confirme Simon le Zélote, avant d’ajouter : « Tu dis que tu es le Fils de Dieu et de l’homme. En effet, en toi, se trouvent toute grâce et toute sagesse comme homme. Et je crois réellement que quelqu’un qui serait né d’Adam en état de grâce t’aurait ressemblé pour ce qui est de la beauté, de l’intelligence et de toute autre qualité. Et Dieu brille en toi pour ce qui est de la puissance. Mais qui peut le croire parmi ceux qui se croient dieux et qui, dans leur orgueil démesuré, mesurent Dieu à l’aune de ce qu’ils sont ? Eux, les cruels, les haineux, les rapaces, les impurs, ne peuvent certainement pas penser que Dieu ait poussé sa douceur jusqu’à se donner lui-même pour les racheter, avec son amour pour les sauver, sa générosité pour se livrer à l’homme, sa pureté pour se sacrifier parmi nous. Non, ils ne le peuvent pas, eux qui sont si impitoyables et pointilleux pour rechercher et punir les fautes.

343.5

– Et vous, qui dites-vous que je suis ? Répondrez franchement, selon votre jugement, sans tenir compte de mes paroles ou de celles d’autrui. Si vous étiez obligés de me juger, qui diriez-vous que je suis ?

– Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, s’écrie Pierre en s’agenouillant, les bras tendus vers le haut, vers Jésus qui le regarde avec un visage tout lumineux et qui se penche afin de le relever pour l’embrasser en disant :

– Bienheureux es-tu, Simon, fils de Jonas ! Car ce n’est pas la chair ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les Cieux. Dès le premier jour où tu es venu vers moi, tu t’es posé cette question, et parce que tu étais simple et honnête, tu as su comprendre et accepter la réponse qui te venait du Ciel. Tu n’avais pas vu de manifestation surnaturelle comme ton frère ou Jean et Jacques. Tu ne connaissais pas ma sainteté de fils, d’ouvrier, de citoyen comme Jude et Jacques, mes frères. Tu n’as pas profité d’un miracle et tu ne m’as pas vu en accomplir, et je ne t’ai pas donné de signe de ma puissance comme je l’ai fait et comme l’ont vu Philippe, Nathanaël, Simon le Cananéen, Thomas, Judas. Tu n’as pas été subjugué par ma volonté comme Matthieu le publicain. Et pourtant tu t’es écrié : “ Il est le Christ ! ” Dès le premier instant où tu m’as vu, tu as cru et jamais ta foi n’a été ébranlée. C’est pour cela que je t’ai appelé Céphas ; pour la même raison, c’est sur toi, Pierre, que j’édifierai mon Eglise et les puissances de l’Enfer ne prévaudront pas contre elle. C’est à toi que je donnerai les clefs du Royaume des Cieux. Et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les Cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les Cieux, ô homme fidèle et prudent dont j’ai pu éprouver le cœur. Et ici, dès cet instant, tu es le chef à qui l’obéissance et le respect sont dus comme à un autre moi-même. Et c’est tel que je le proclame devant vous tous. »

343.6

Si Jésus avait écrasé Pierre sous une grêle de reproches, les pleurs de Pierre n’auraient pas été aussi forts. Il s’effondre, il éclate en sanglots, le visage sur la poitrine de Jésus. Des larmes qui n’auront leurs égales que dans celles, incoercibles, de sa douleur d’avoir renié Jésus. Maintenant ce sont des pleurs faits de mille sentiments humbles et bons. Un peu de l’ancien Simon – ce pêcheur de Bethsaïde qui, à la première annonce de son frère, avait dit en riant : « Le Messie t’apparaît !… Vraiment ! » sur un ton incrédule et en plaisantant –, un peu de l’ancien Simon s’effrite sous cette émotion pour laisser apparaître toujours plus nettement, sous la couche amincie de son humanité, Pierre, le pontife de l’Eglise du Christ.

Quand il relève la tête, timide, confus, il ne sait faire qu’un geste pour dire tout, pour promettre tout, pour se donner tout entier à son nouveau ministère : celui de jeter ses bras courts et musclés au cou de Jésus et l’obliger à se pencher pour l’embrasser, en mêlant sa barbe et ses cheveux un peu hérissés et grisonnants, à la barbe et aux cheveux soyeux et dorés de Jésus. Puis il le regarde d’un regard plein d’adoration, affectueux, suppliant de ses yeux un peu bovins, luisants et rougis par les larmes qu’il a versées, en tenant dans ses mains calleuses, larges, épaisses, le visage ascétique du Maître penché sur le sien, comme si c’était un vase d’où coulait une liqueur vivifiante… et il boit, boit, boit douceur et grâce, sécurité et force, de ce visage, de ces yeux, de ce sourire…

343.7

Ils se séparent enfin, reprenant leur route vers Césarée de Philippe, et Jésus dit à tous :

« Pierre a dit la vérité. Beaucoup en ont l’intuition, vous, vous la connaissez. Mais pour l’instant, ne dites à personne[2] qui est le Christ, dans la vérité complète qui vous est connue. Laissez Dieu parler dans les cœurs comme il parle dans le vôtre. En vérité, je vous dis que ceux qui ajoutent à mes affirmations et aux vôtres une foi parfaite et un parfait amour, arrivent à savoir le vrai sens des mots :“ Jésus, le Christ, le Verbe, le Fils de l’homme et de Dieu. ” »

343.1

The Jordan runs across a plain before flowing into lake Merom. It is a beautiful plain where cereals grow more and more vigorously day by day and fruit-trees blossom. The hills beyond which Kedesh lies are now behind the pilgrims, who are walking fast at daybreak. They appear to be very cold, as they cast keen glances at the rising sun and they look for it, as soon as its rays shine on meadows and caress leaves. They must have slept out in the open, or at the most in a stack-yard, because their garments are creased and show particles of straw and dry leaves, which they remove as they see them in the light, that is becoming clearer and clearer.

The river is detected through its gurgling, which sounds loud in the silent morning in the country, and by the sight of a thick line of trees, the new leaves of which are quivering in the light morning breeze. But it cannot be seen as yet, sunken as it is in the flat plain, although it is swollen by many torrents flowing into it from the eastern hills. When they can see its blue water sparkle through the new greenery on its banks, they are almost on its bank.

«Shall we walk along the bank as far as the bridge, or shall we cross the river here?» they ask Jesus, Who was alone, pensive, and has now stopped waiting for them.

«See if there is a boat to cross over. It is better to cross here…»

«Yes, at the bridge, which is just on the road to Caesarea Pane-as we might come across someone who has been sent to follow our footsteps» remarks Bartholomew frowning, while he looks at Judas.

«No. Don’t look back at me. I did not know that we were coming here, and I have not said anything. It was easy to understand that from Saphet Jesus would go to the sepulchers of the rabbis and to Kedesh. But, I would never have thought that He wanted to go as far as Philip’s capital. So they know nothing about it. So we shall not find them through my fault or through their own decision. Unless Beelzebub himself leads them» says calmly and humbly the Iscariot.

«Very well. Because with certain people… We must be sharp-sighted and speak very carefully, without letting them have any clue of our plans. We must watch everything. Otherwise our evangelization will become a perpetual flight» replies Bartholomew.

John and Andrew come back. They say: «We found two boats. They will take us to the other side for a drachma each boat. Let us go down the embankment.»

And they cross to the other side in the two little boats, in two trips. There is a fertile plain also on this side, fertile but not thickly populated. Only the local farmers live there.

343.2

«H’m! What shall we do for bread? I am hungry. And there are no Philistine ears of corn here… Grass and leaves, leaves and flowers. I am neither a little sheep nor a bee» grumbles Peter to his companions who smile at his remark.

Judas Thaddeus turns around – he was a little ahead – and he says: «We will buy some bread in the next village.»

«Providing they don’t make us flee» concludes James of Zebedee.

«You, who say that we have to watch everything, be careful lest you pick up the yeast of the Pharisees and Sadducees. I think that is what you are doing, without considering the wrong you are doing. Be careful, very careful!» says Jesus.

The apostles look at one another and whisper: «What is He saying? The bread was given to us by the woman of the deaf-mute and by the inn-keeper at Kedesh. I still have it here. It is the only bread we have. And we do not know whether we will be able to find any more to satisfy our hunger. So why does He say that we buy bread of Sadducees and Pharisees with their yeast? Perhaps He does not want us to buy any in the villages here…»

Jesus, Who once again was ahead of them all alone, turns around. «Why are you afraid to be left without bread? Even if all the people here were Sadducees and Pharisees, you would not be without bread because I told you not to buy any. I am not speaking of the yeast which is in bread. So you can buy bread anywhere you like to satisfy your hunger. And if nobody would sell you any, you would not be left without bread just the same. Do you not remember the five loaves with which five thousand people appeased their hunger? Do you not remember that you collected twelve baskets full of the scraps remaining? I could do for you, who are twelve and have one loaf, what I did for five thousand people with five loaves. Do you not understand to which yeast I am referring? To the yeast that rises in the hearts of Pharisees, Sadducees and doctors against Me. It is hatred. It is heresy. You are now going towards hatred, as if part of the Pharisaical yeast had entered your hearts. Not even your enemy is to be hated. Not even a very small inlet is to be opened to anything that is not God. After the first element, others opposed to God would enter. Sometimes one perishes or is defeated because one wants to fight enemies with equal weapons. And once you have been defeated, you could by contact absorb their doctrine. Be charitable and reserved. You are not yet in a position to oppose such doctrines, without being infected. Because you have some of their elements as well. And hatred is one of them. I would also warn you that they may change method in order to entice you and take you away from Me, by being extremely polite, showing that they are repentant and anxious to make peace. You must not avoid them but when they try to imbue you with their doctrines, you must reject them. That is the yeast to which I was referring. Animosity, which is against love, and false doctrines. I say to you: be prudent.»

343.3

«That sign which the Pharisees asked for yesterday, was it “yeast”, Master?» asks Thomas.

«It was yeast and poison.»

«You did the right thing in not giving it to them.»

«But I will give it to them one day.»

«When?» they ask curiously.

«One day…»

«And what sign is it? Are You not telling even us, Your apostles? So that we may recognize it at once» asks Peter who is anxious to know.

«You should not need a sign.»

«Oh! It is not to be able to believe in You! We have not many ideas as the people have. All we want is to love You» says James of Zebedee passionately.

343.4

«But the people you approach in a simple friendly way, more than I do, without making them feel uneasy, as I may do, who do they say that I am? And who do they say the Son of Man is?»

«Some say that You are Jesus, that is the Christ, and they are the best. Some say that You are a Prophet, some only a Rabbi, others, and You know, say that You are mad and possessed.»

«But some call You by the same name that You use and they say: “Son of man”.»

«And some say that that is not possible, because the Son of man is a different thing. But that is not always a denial. Because in actual fact they acknowledge that You are more than the Son of man: You are the Son of God. Others instead say that You are not even the Son of man, but a poor man agitated by Satan or deranged by madness. You can thus see that there are many different opinions» says Bartholomew.

«What is the Son of man, therefore, according to the people?»

«He is a man in whom there are all the most beautiful virtues of men, a man gifted with all the requisites of intelligence, wisdom, grace, which we think were in Adam, to which some add the gift of not having to die. You know that there is already a rumor that John the Baptist is not dead. They say that he was only carried elsewhere by angels and that Herod, and above all Herodias, to prevent people from saying that they had been defeated by God, killed a servant, had him beheaded and then showed his mutilated body saying it was the corpse of the Baptist. People say so many things! So many think that the Son of man is either Jeremiah, or Elijah, or one of the Prophets, or the Baptist, who was gifted with grace and wisdom and said that he was the Precursor of the Christ. Christ: the Anointed of God. The Son of man: a great man, born of man. Some cannot admit, or do not want to admit, that God has sent His Son to the earth. You said so yesterday: “Only those will believe who are convinced of the infinite goodness of God”. Israel believes more in God’s severity than in His goodness…» says Bartholomew again.

«Yes. They feel so undeserving that they consider it impossible that God has been so good as to send His Word to save them. The degraded state of their souls is a hindrance to their believing that» confirms the Zealot. And he adds: «You say that You are the Son of God and of man. In fact in You there is all grace and wisdom as man. And I really think that he who was born of Adam in the state of grace, would have been like You in beauty and intelligence and all virtues. The power of God shines in You. But who can believe that among those who consider themselves gods and judge God by their standards in their infinite pride? Cruel, hateful, greedy, impure as they are, they cannot possibly think that God has gone to such an extreme of kindness as to give Himself to redeem them, His love to save them, His generosity to be at their mercy, His purity to sacrifice His life among men. Since they are so inflexible and captious in looking for faults and punishing them, they cannot believe that.»

343.5

«And who do you say that I am? Tell Me your own personal opinion without taking into account My words or the words of other people. If you were compelled to judge Me, who would you say that I am?»

«You are the Christ, the Son of the Living God» exclaims Peter, kneeling down with his arms stretched upwards, towards Jesus, Who looks at him with His face bright with love and Who bends to raise and embrace him, saying:

«Simon, son of Jonah, you are a happy man! Because it was not the flesh and blood that revealed this to you, but My Father in Heaven. Since the first day you came with Me, you have been asking yourself that question, and because you are simple and honest, you have been able to understand and accept the reply that came to you from Heaven. You did not see supernatural manifestations as your brother, John and James did. You did not know My holiness as son, workman, citizen, as My brothers Judas and James did. You did not receive any miracle neither did you see Me work any; I showed no sign of power to you as I did with Philip, Nathanael, Simon Cananean, Thomas and Judas, who saw them. You were not subdued by My will, as Levi the publican was. And yet you exclaimed: “He is the Christ!”. You believed since the first moment you saw Me, and your faith was never shaken. That is why I called you Cephas. And that is why on you, Peter, I will build My Church and the gates of Hell shall not prevail against it. I will give you the keys of the Kingdom of Heaven. Whatever you bind on earth shall also be bound in Heaven. And whatever you loose on the earth shall also be lost in Heaven, O prudent faithful man, whose heart I have been able to test. And now, from this moment you are the head, to whom obedience and respect are due as to another Myself. And I proclaim him such before all of you.»

343.6

If Jesus had crushed Peter under a hailstorm of reproaches, Peter would not have wept so copiously. He is weeping and is shaken by sobs, with his face on Jesus’ chest. His weeping can be compared only to the tears he will shed in his grief for denying Jesus. He now weeps for many good humble feelings… A little of the old Simon — the fisherman of Bethsaida who had laughed incredulously and facetiously at his brother’s first announcement saying: «Of course, the Messiah would appear just to you!..» — a good little of the old Simon crumbles under those tears and from his vanishing frail human nature, Peter appears, more and more clearly, the Pontiff of the Church of Christ.

When he raises his shy embarrassed face, he can make only one gesture to say everything, to promise everything, to strengthen himself completely for his new ministry: he throws his arms around Jesus’ neck, compelling Him to bend and kiss him, mingling his somewhat bristly grizzled hair and beard with the soft golden hair and beard of Jesus. And he looks at Jesus with his large, loving, imploring and adoring eyes, still shining and red with tears holding the Master’s ascetic face, bent over his own, in his rough large stumpy hands, as if it were a vase from which a vital liquid flowed… and he drinks kindness, grace, confidence and strength from Jesus’ face, eyes and smile…

343.7

They separate at last, and resume their journey towards Caesarea Philippi, and Jesus says to everybody: «Peter has spoken the truth. Many guess it, you are aware of it. But for the time being, do not say to anybody who the Christ is, in the full truth known to you. Let God speak to the hearts of people, as He speaks to yours. I solemnly tell you that those who add perfect faith and perfect love to My statements or yours, will learn the true meaning of the words “Jesus, the Christ, the Word, the Son of man and of God”.»


Notes

  1. Une vaste plaine, que Maria Valtorta essaie de représenter par l’esquisse. On y lit (difficilement) les mots : collines (à l’ouest), Césarée Panéade (au nord-est), montagnes assez hautes (à l’est), collines (au sud-est), lieu de passage (au centre, sur le fleuve).
  2. ne dites à personne est une recommandation de Jésus qui se retrouve à d’autres occasions (par exemple en 175.1/2, 232.5, 347.6, 349.8, 460.3) et la raison est presque toujours due au contexte respectif (comme ici) ou dans une note (comme en 349.8). La Vierge Marie en donnera une explication plus profonde en 642.3.