The Writings of Maria Valtorta

364. Au Temple. Prière universelle

364. In the Temple. Universal prayer and the parable of the true son and of the illegitimate sons.

364.1

Jésus dit :

« Lève-toi, Maria. Sanctifions ce jour par une page d’Evangile. Car ma Parole est sanctification. Regarde, Maria, car regarder les jours du Christ sur terre, c’est une sanctification. Ecris, Maria, car écrire sur le Christ, c’est une sanctification. Répéter ce que dit Jésus, c’est une sanctification. Prêcher Jésus, c’est une sanctification. Instruire ses frères l’est aussi. Il te sera accordé une grande récompense pour cette charité. »

364.2

Jésus, qui a quitté Rama (vision du 17 décembre 1945), est déjà en vue de Jérusalem. Il marche, comme l’année précédente[1], en chantant les psaumes prescrits. Beaucoup de gens, sur cette route très fréquentée, se retournent pour voir passer le groupe des apôtres. Certains saluent respectueusement ; d’autres se bornent à jeter un coup d’œil en souriant avec vénération — ce sont surtout des femmes — ; il y en a qui se contentent de regarder ; on en voit sourire d’un air ironique et dédaigneux ; d’autres enfin passent, hautains et, de toute évidence ; malveillants. Jésus avance, tranquille, habillé de frais et avec soin. Comme tous les autres, il a changé de tenue en vue d’une entrée correcte, je dirais même élégante, dans la cité sainte.

Avec ses habits neufs, Marziam est lui aussi à la hauteur des circonstances, cette année, et il marche à côté de Jésus en chantant de bon cœur d’une voix plutôt désagréable parce qu’il est en train de muer. Mais sa tonalité imparfaite se perd dans le chœur fourni des voix de ses compagnons. En revanche, elle s’élève seule et cristalline dans les notes élevées qu’il atteint encore avec justesse et sûreté. Marziam est heureux…

Ils s’apprêtent à entrer par la porte de Damas, déjà en vue, parce qu’ils vont directement au Temple. Mais il leur faut s’arrêter et interrompre leurs chants pour laisser passer une fastueuse caravane qui occupe toute la route et provoque un embouteillage, de sorte qu’il est plus prudent de rester sur le bord du chemin. Mais cet itinéraire est le plus court. Marziam demande alors :

« Mon Seigneur, ne vas-tu pas dire une autre belle parabole pour ton fils absent ?[2] Je voudrais la joindre aux autres écrits que je détiens, car nous trouverons sûrement à Béthanie ses envoyés et de ses nouvelles. Et je souhaite lui faire cette joie, comme je l’ai promis et comme son cœur et le mien le désirent…

– Oui, mon fils. Je vais, bien sûr, t’en raconter une.

– Une qui le console vraiment et qui l’assure qu’il est toujours aimé de toi…

– C’est dans ce sens que je parlerai, et j’en éprouverai de la joie parce que ce sera la vérité.

– Quand la diras-tu, Seigneur ?

– Tout de suite. Nous allons immédiatement au Temple comme il se doit, et je prendrai la parole là-bas, avant qu’on m’empêche de le faire.

– Et tu parleras pour lui ?

– Oui, mon fils.

– Merci, Seigneur ! Ce doit être tellement douloureux d’être ainsi séparés… » dit Marziam.

Une larme brille dans ses yeux noirs.

Jésus lui passe la main dans les cheveux,

364.3

se retourne, et fait signe aux Douze de s’approcher pour reprendre leur marche. En effet, ils s’étaient arrêtés pour écouter des personnes dont je ne sais si elles croyaient au Maître ou si elles désiraient le connaître ; elles avaient fait halte pour la même raison que Jésus et les siens.

« Nous arrivons, Maître. Nous écoutions ces gens parmi lesquels il y a des prosélytes venus de loin, qui nous demandaient où ils pourraient t’approcher, dit Pierre en accourant.

– Pour quel motif le désiraient-ils ? »

Pierre, maintenant à côté de Jésus qui reprend la marche, répond :

« Ils souhaitent entendre ta parole et être guéris de certaines infirmités. Tu vois ce char couvert, après le leur ? Ce sont des prosélytes de la Diaspora, venus par mer ou par un long voyage, poussés à prendre la route, non seulement par respect de la Loi, mais plus encore par la foi en toi. Il y en a d’Ephèse, de Pergé et d’Iconium. A côté d’eux, qui sont de riches marchands pour la plupart, il s’en trouve un, pauvre celui-là, de Philadelphie, qu’ils ont accueilli par pitié sur leur char, en pensant se rendre le Seigneur propice.

– Marziam, va leur dire de me suivre au Temple. S’ils savent croire, ils y obtiendront à la fois la santé de l’âme par la parole et celle du corps. »

L’adolescent part rapidement, mais un chœur de désapprobation s’élève parmi les Douze à cause de “ l’imprudence ” de Jésus qui veut se mettre en évidence au Temple…

« Nous y allons justement pour leur faire voir que je n’ai pas peur, pour montrer qu’aucune intimidation ne peut me faire désobéir au précepte. N’avez-vous donc pas encore compris leur petit jeu ? Toutes ces menaces, tous ces conseils qui ne sont amicaux qu’en apparence, ont pour but de me faire pécher, pour avoir un véritable élément d’accusation. Ne soyez pas lâches. Ayez foi. Ce n’est pas mon heure.

– Mais pourquoi ne vas-tu pas d’abord rassurer ta Mère ? Elle t’attend…, dit Judas.

– Non. Je me rends d’abord au Temple qui, jusqu’au moment marqué par l’Eternel pour la nouvelle ère, est la Maison de Dieu. Ma Mère souffrira moins en m’attendant, qu’elle ne souffrirait en sachant que je suis en train de prêcher au Temple. Ainsi, j’honore mon Père et ma Mère en donnant au premier les prémices de mes heures pascales, et à la seconde la tranquillité. Allons, ne craignez rien. Du reste, si l’un de vous a peur, qu’il aille à Gethsémani pour couver son appréhension parmi les femmes. »

Fouettés par cette dernière observation, les apôtres ne soufflent mot. Ils se remettent en rangs, trois par trois ; ils ne sont quatre qu’au premier rang où se trouve Jésus, jusqu’à ce que Marziam vienne comme cinquième, si bien que Jude et Simon le Zélote passent derrière Jésus, resté au milieu entre Pierre et Marziam.

364.4

A la porte de Damas, ils rencontrent Manahen.

« Seigneur, j’ai pensé qu’il valait mieux me faire voir pour enlever tout doute sur la situation. Je t’assure qu’il n’y a, en dehors de l’animosité des pharisiens et des scribes, aucun risque pour toi. Tu peux t’y rendre en toute sécurité.

– Je le savais, Manahen. Mais je te suis reconnaissant. Accompagne-moi au Temple, si cela ne t’ennuie pas…

– M’ennuyer ? Mais pour toi je défierais le monde entier ! Rien ne me fatiguerait ! »

Judas marmonne quelque chose. Manahen, fâché, se retourne et dit d’une voix ferme :

« Non, homme, ce ne sont pas seulement des “ mots ”. Je prie le Maître d’éprouver ma sincérité.

– Ce n’est pas nécessaire, Manahen. Allons. »

Ils avancent au milieu d’une foule compacte et, arrivés à une maison amie, ils se débarrassent des sacs que Jacques, Jean et André déposent pour tous dans un atrium long et sombre. Puis ils rejoignent leurs compagnons.

364.5

Ils pénètrent dans l’enceinte du Temple en passant près de la tour Antonia. Les soldats romains regardent, mais ne bougent pas. Ils discutent. Jésus les observe pour voir s’il y a quelqu’un de sa connaissance, mais il n’aperçoit ni Quintilianus ni le soldat Alexandre.

Les voilà dans le Temple, dans le grouillement peu sacré des premières cours où se trouvent marchands et changeurs. Jésus regarde et frémit. Il blêmit et paraît grandir encore, tant est solennelle sa démarche sévère.

Judas le tente :

« Pourquoi ne réitères-tu pas le geste saint ?[3] Tu vois ? Ils ont oublié… et la profanation est de nouveau dans la Maison de Dieu. Tu ne t’en émeus pas ? Tu ne te dresses pas pour la défendre ? »

Le visage brun et beau, mais ironique et faux malgré les efforts de Judas pour n’en rien laisser paraître, est presque celui d’un renard quand, un peu penché comme par un respect plein de vénération, il dit cela à Jésus en le scrutant par dessous.

« Ce n’est pas l’heure. Mais tout cela sera purifié. Et pour toujours !… » répond Jésus avec décision.

Judas sourit et ergote :

« Le “ pour toujours ” des hommes ! C’est beaucoup trop précaire, Maître ! Tu le vois bien !… »

Jésus ne lui répond pas, tout absorbé à saluer de loin Joseph d’Arimathie qui passe, emmitouflé dans son riche manteau, et suivi par d’autres.

Ils font les prières rituelles, puis reviennent à la Cour des Gentils, sous les portiques de laquelle se pressent les gens.

364.6

Les prosélytes, rencontrés en route, ont suivi Jésus. Ils ont traîné leurs malades avec eux, et maintenant ils les étendent à l’ombre sous les portiques, près du Maître. Leurs femmes, qui les attendent ici, s’approchent lentement. Toutes sont voilées. Mais l’une d’elle, peut-être souffrante, est déjà assise et ses compagnes la con­duisent auprès des autres malades. D’autres gens se pressent autour de Jésus. Je vois que les groupes de rabbins et de prêtres sont à la fois stupéfaits et désorientés par la venue publique de Jésus, qui commence à prêcher.

« Que la paix soit avec vous, ô vous tous qui m’écoutez ! La Pâque sainte ramène les fils fidèles dans la Maison du Père. Notre Pâque bénie ressemble à une mère soucieuse du bien de ses enfants. Elle les appelle à haute voix pour qu’ils viennent, qu’ils viennent de partout, laissant en suspens toute préoccupation pour un souci plus important, le seul qui soit vraiment grand et utile : celui d’honorer le Seigneur et Père. Cela permet de comprendre comment nous sommes frères ; c’est de là que, par un doux témoignage, naissent l’ordre et l’engagement d’aimer son prochain comme soi-même. Nous ne nous sommes jamais vus ? Nous nous ignorions ? Oui. Mais nous sommes ici, en tant que fils d’un même Père qui nous veut dans sa Maison pour le banquet pascal ; et voilà que — si ce n’est par nos sens matériels, du moins certainement par la partie supérieure de notre être — nous nous sentons égaux, frères, venus d’Un Seul, et nous nous aimons comme si nous avions grandi ensemble. Notre union d’amour est une anticipation de l’autre, plus parfaite, dont nous jouirons dans le Royaume des Cieux, sous le regard de Dieu, dans la même étreinte de son amour : moi, Fils de Dieu et de l’homme, avec vous, hommes, fils de Dieu. Moi, le Premier-né, avec vous, mes frères aimés au-delà de toute mesure humaine, jusqu’à me faire Agneau pour vos péchés.

Mais nous, qui bénéficions à l’instant présent de notre fraternelle unité dans la Maison du Père, souvenons-nous aussi de ceux qui sont loin et qui pourtant sont nos frères dans le Seigneur ou par l’origine. Gardons les absents dans notre cœur, portons-les devant l’autel saint. Prions pour eux en recueillant par l’esprit leurs voix lointaines, leur nostalgie, leurs désirs insatisfaits d’être ici. Et de la même manière que nous recueillons ces soupirs conscients des juifs absents, recueillons aussi ceux des âmes appartenant à des hommes qui ne savent même pas qu’ils en ont une et qu’ils sont les fils d’Un Seul. Toutes les âmes du monde crient dans la sombre prison de leurs corps vers le Très-Haut. De là, elles gémissent vers la Lumière. Nous, qui sommes dans la lumière de la vraie foi, ayons pitié d’eux.

364.7

Prions : notre Père qui es aux Cieux, que ton nom soit sanctifié par toute l’humanité ! Le connaître, c’est avancer vers la sainteté. Fais que les Gentils et les païens connaissent ton existence, Père saint, et, comme les trois sages d’un temps désormais lointain, mais pas figé — car rien de ce qui se rapporte à l’avènement de la Rédemption dans le monde ne l’est —, qu’ils viennent à Dieu, à toi, Père, guidés par l’Etoile de Jacob, par l’Etoile du Matin, par le Roi et le Rédempteur de la race de David, par celui que tu as oint, déjà offert et consacré afin d’être victime pour les péchés du monde.

Que ton Règne vienne en tout lieu de la terre où l’on te connaît et où l’on t’aime, et là aussi où ce n’est pas le cas. Et qu’il vienne surtout pour ceux qui sont trois fois pécheurs : ceux qui ont beau te connaître, mais ne t’aiment pas dans tes œuvres et manifestations de lumière, et qui cherchent à repousser et à étouffer la Lumière venue dans le monde : ce sont en effet des âmes de ténèbres, qui préfèrent les œuvres de ténèbres et ne veulent qu’étouffer la Lumière du monde et t’offenser toi-même, car tu es la Lumière très sainte et le Père de toutes les lumières, à commencer par celle qui s’est faite Chair et Parole pour apporter ta lumière à toutes les âmes de bonne volonté.

Père très saint, que ta volonté soit faite en tout cœur qui existe dans le monde, c’est-à-dire que tous se sauvent et que pour aucun d’eux le sacrifice de la grande Victime ne reste sans fruit. Car telle est ta volonté : que l’homme se sauve et se réjouisse en toi, Père saint, après le pardon qui va être donné.

Donne-nous tes secours, Seigneur, tous tes secours. Procure-les à tous ceux qui attendent, à ceux qui ne savent pas qu’ils attendent, procure-les aux pécheurs avec le repentir qui sauve, procure-les aux païens avec la blessure de ton appel qui secoue, procure-les aux malheureux, aux prisonniers, aux exilés, aux malades du corps ou de l’esprit, donne-les à tous, toi qui es le Tout, parce que le temps de la miséricorde est venu.

Pardonne, Père bon, les péchés de tes enfants : ceux de ton peuple qui sont les plus graves, ceux des hommes coupables de vouloir rester dans l’erreur alors que ton amour de prédilection a justement donné à ce peuple la lumière. Et accorde ton pardon aux personnes qu’abrutit un paganisme corrompu qui enseigne le vice, et qui se noient dans l’idolâtrie de ce paganisme lourd et pestilentiel ; or il y a parmi elles des âmes de valeur elles aussi, que tu aimes puisque tu les as créées. Nous pardonnons — et moi le premier — pour que tu puisses pardonner ; et nous invoquons ta protection sur la faiblesse des créatures pour que tu délivres ceux que tu as créés du Principe du Mal d’où viennent tous les crimes, toutes les idolâtries, fautes, tentations et erreurs. Seigneur, délivre-les du Prince horrible pour qu’ils puissent parvenir à la lumière éternelle. »

364.8

L’assistance a suivi avec attention cette solennelle prière. Des rabbins célèbres se sont approchés, parmi lesquels Gamaliel, qui appuie pensivement sur sa main son menton barbu… Un groupe de femmes s’est approché, toutes enveloppées dans des manteaux munis d’une sorte de capuchon qui leur cache le visage. Les rabbins se sont écartés dédaigneusement… Attirés par la nouvelle de l’arrivée du Maître, de nombreux disciples fidèles sont aussi accourus, parmi lesquels Hermas, Etienne, le prêtre Jean, et encore Nicodème et Joseph, deux inséparables, et d’autres de leurs amis qu’il me semble avoir déjà vus.

Pendant la pause qui succède à la prière du Seigneur, qui se recueille en lui-même avec une austérité solennelle, on entend Joseph d’Arimathie demander :

« Eh bien, Gamaliel ? Cela ne te paraît toujours pas une parole du Seigneur ?

– Joseph, il m’a été dit : “ Ces pierres frémiront au son de mes paroles ! ” » répond Gamaliel.

Etienne s’écrie avec impétuosité :

« Accomplis ce miracle, Seigneur ! Ordonne, et elles s’ébranleront ! Que croule l’édifice, mais que s’élèvent dans les cœurs les murs de la foi en toi, voilà qui serait un grand don ! Fais-le pour mon maître !

– Blasphémateur ! crie un groupe de rabbins furieux et de leurs élèves.

– Non » s’écrie à son tour Gamaliel. « Mon disciple dit une parole inspirée. Mais nous ne pouvons l’accepter parce que l’Ange de Dieu ne nous a pas encore purifiés[4] du passé par le charbon pris à l’Autel de Dieu… Et, même si son cri — il montre Jésus —, arrachait les gonds de ces portes, nous ne saurions peut-être pas encore croire… »

Il relève un pan de son ample manteau très blanc, s’en couvre la tête en cachant presque son visage, et s’en va.

Jésus le regarde partir…

364.9

Puis il reprend la parole pour répondre à certains qui murmurent entre eux et paraissent scandalisés et qui, pour rendre plus explicite leur indignation, s’en déchargent sur Judas avec toute une suite de plaintes que l’apôtre subit sans réagir en haussant les épaules et en paraissant très mécontent.

Jésus dit :

« En vérité, en vérité, je vous dis que ceux qui paraissent bâtards sont fils légitimes et que les vrais fils deviennent bâtards. Ecoutez tous une parabole.

Il y avait une fois un homme qui dut, pour ses affaires, s’absenter longtemps de chez lui en laissant des enfants encore petits. De l’endroit où il se trouvait, il écrivait des lettres à ses fils aînés pour les garder toujours dans le respect de leur père absent et leur rappeler ses instructions. Le dernier, né après son départ, était encore en nourrice chez une femme éloignée de l’endroit, une femme d’une autre race, originaire du pays de son épouse. Cette dernière mourut alors que l’enfant était encore petit et loin de la maison. Les frères se dirent : “ Laissons-le là où il est, chez les parents de notre mère. Peut-être notre père l’oubliera-t-il et ce sera tout à notre profit, puisque nous serons moins nombreux à nous partager l’héritage quand il viendra à mourir. ” Et c’est ce qu’ils firent. De cette façon, l’enfant qui était au loin vécut, élevé par sa famille maternelle, dans l’ignorance des instructions paternelles, sans savoir qu’il avait un père et des frères ou, ce qui est pire, en connaissant l’amertume de cette réflexion : “ Tous m’ont repoussé comme si j’étais un bâtard ” ; et il en vint à croire qu’il l’était, tant il se sentait rejeté par son père.

Une fois adulte, il prit un emploi. En effet, aigri comme il l’était par ces pensées, il avait même pris en haine la famille de sa mère, qu’il pensait coupable d’adultère. Le hasard voulut que ce jeune homme se rende dans la ville où se trouvait son père. Et sans savoir qui il était, il le fréquenta et eut l’occasion de l’entendre parler. L’homme était un sage. Et comme il n’avait aucune satisfaction de ses fils éloignés de lui — désormais ils agissaient à leur guise et n’entretenaient que des rapports conventionnels avec leur père qui vivait au loin, tout juste pour qu’il se rappelle qu’ils étaient “ ses ” fils et se souvienne d’eux dans son testament —, il donnait des conseils raisonnables à des jeunes qu’il avait l’occasion d’approcher dans la ville où il habitait. Le jeune homme fut attiré par cette droiture toute paternelle à l’égard de tant de jeunes, et non seulement il le fréquenta, mais il se fit un trésor de toutes ses paroles, de sorte que son âme aigrie devint meilleure.

L’homme tomba malade et dut se décider à retourner dans sa patrie. Le jeune homme lui dit : “ Seigneur, toi seul m’as parlé avec justice en élevant mon âme. Permets-moi de te suivre comme serviteur. Je ne veux pas retomber dans le mal où j’étais. ” “ Viens avec moi. Tu prendras la place du fils dont je n’ai pu obtenir de nouvelles. ” Et ils retournèrent ensemble à la maison paternelle.

Ni le père, ni les frères, ni le jeune homme lui-même ne se rendirent compte que le Seigneur avait réuni à nouveau ces membres d’un même sang sous un même toit. Mais le père dut beaucoup pleurer à cause des fils qu’il connaissait, car il les trouva oublieux de ses enseignements, avides, le cœur dur, sans plus de foi en Dieu, mais au contraire avec beaucoup d’idolâtries dans le cœur : orgueil, cupidité et luxure étaient leurs dieux, et ils ne voulaient pas entendre parler d’autre chose que d’intérêts humains. L’étranger, au contraire, s’approchait toujours plus du Seigneur, devenait juste, bon, affectueux, obéissant. Ses frères le haïssaient parce que leur père aimait cet étranger. Lui pardonnait et aimait, car il avait compris que c’est dans l’amour que réside la paix.

Un jour, le père, dégoûté de la conduite de ses fils, leur dit : “ Vous vous êtes désintéressés des parents de votre mère et même de votre frère. Vous me rappelez la conduite[5] des fils de Jacob envers leur frère Joseph. Je veux me rendre dans ce pays pour avoir de ses nouvelles ; il se peut que je le retrouve et que j’en sois réconforté. ” Et il prit congé tant de ses fils que du jeune inconnu, en donnant à ce dernier un petit capital pour qu’il puisse retourner à l’endroit d’où il était venu et y ouvrir un petit commerce.

Lorsque il fut arrivé à la ville de l’épouse qu’il avait perdue, la famille de celle-ci lui raconta que le fils délaissé, qui portait à sa naissance le nom de Moïse, avait pris celui de Manassé[6], car son père avait oublié d’être juste en l’abbandonnant.

“ Ne me faites pas tort ! On m’avait dit qu’on avait perdu toute trace de l’enfant, et je n’espérais même plus trouver l’un de vous. Mais parlez-moi de lui. Comment est-il ? Est-il devenu fort ? Ressemble-t-il à mon épouse bien-aimée, qui mourut en me le donnant ? Est-il bon ? M’aime-t-il ?

– Pour être fort, il l’est, et il est beau comme sa mère, sauf qu’il a les yeux d’un noir profond. Mais, de sa mère, il a pris jusqu’à sa petite caroube au côté. De toi, au contraire, il a le léger zézaiement. Devenu adulte, il est parti d’ici, aigri par sa situation, ayant des doutes sur l’honnêteté de sa mère et éprouvant de la rancœur à ton égard. Il aurait été bon s’il n’avait eu cette amertume dans l’âme. Il est parti, au-delà des monts et du fleuve, à Trapezius pour…

– A Trapezius, dites-vous ? Dans le Sinope ? Oh ! dites-moi ! J’y étais et j’y ai connu un jeune homme qui zézayait un peu, seul et triste, et si bon sous son apparente dureté. C’est lui ? Dites-le-moi !

– C’est peut-être lui. Recherche-le. Il a au côté droit une caroube proéminente et sombre comme l’avait ta femme. ”

L’homme partit précipitamment dans l’espoir de retrouver encore l’étranger chez lui. Il était parti pour retourner à la colonie de Sinope. L’homme y alla donc, le retrouva, et le fit venir pour découvrir son côté. Il le reconnut. Il tomba à genoux en louant Dieu de lui avoir rendu son fils qui était le meilleur de tous. En effet, les autres ressemblaient de plus en plus à des bêtes, alors que celui-ci était devenu toujours plus saint au cours des mois qui s’étaient écoulés. Et il dit à son bon fils : “ Tu auras la part de tes frères, puisque toi, sans amour de la part de personne, tu t’es rendu plus juste que tout autre. ”

Et n’était-ce pas justice ? Bien sûr que si. En vérité, je vous dis que les vrais enfants du Bien sont ceux qui, rejetés par le monde, méprisés, haïs, critiqués, abandonnés comme bâtards, considérés comme une honte et une mort, savent surpasser les fils qui ont grandi dans la maison, mais qui sont rebelles à ses lois. Ce n’est pas d’appartenir à Israël qui donne droit au Ciel, ni d’être pharisien, scribe ou docteur qui assure ce sort. C’est d’avoir une volonté bonne et de venir généreusement à la Doctrine de l’amour, se renouveler en elle, pour devenir par elle enfant de Dieu en esprit et en vérité.

Vous tous qui écoutez, sachez que beaucoup qui se croient sûrs en Israël seront supplantés par ceux qui sont à leurs yeux des publicains, des prostituées, des Gentils, des païens et des galériens. Le Royaume des Cieux appartient aux personnes qui savent se renouveler en accueillant la Vérité et l’Amour. »

364.10

Jésus se retourne et s’avance vers le groupe des malades prosélytes.

« Pouvez-vous croire en ce que j’ai dit ? demande-t-il à haute voix.

– Oui, Seigneur ! répondent-ils en chœur.

– Voulez-vous accueillir la Vérité et l’Amour ?

– Oui, Seigneur.

– Si je ne vous donnais que cela, seriez-vous satisfaits ?

– Seigneur, tu sais ce dont nous avons le plus besoin. Accorde-nous surtout ta paix et la vie éternelle.

– Levez-vous et allez louer le Seigneur ! Vous êtes guéris au saint nom de Dieu. »

Et, rapidement, il se dirige vers la première porte qu’il trouve, en se mêlant à la foule qui remplit Jérusalem, avant même que la multitude exaltée et stupéfaite qui se trouve dans la cour des Gentils puisse le rechercher en criant des hosannas…

Les apôtres, désorientés, le perdent de vue. Seul Marziam, qui n’a jamais cessé de tenir un pan de son manteau, court à ses côtés, tout joyeux, en disant :

« Merci, merci, merci, Maître ! Merci pour Jean ! J’ai tout écrit pendant que tu parlais. Je n’ai qu’à ajouter le miracle. Oh ! c’est beau ! Vraiment pour lui ! Il en sera si heureux !… »

364.1

Jesus says:

«Get up, Mary. Let us sanctify the day with a page of the Gospel. Because My Word is sanctification. See, Mary. Because to see the days of Christ on the earth is sanctification. Write, Mary. Because to write about Christ is sanctification, because to repeat what Jesus says is sanctification, because to preach Jesus is sanctification, because to teach our brothers is sanctification. A great reward will be given to you for that charity.»

364.2

Jesus has left Ramah (vision of 17th December 1945) and is already in sight of Jerusalem. He is proceeding, as He did last year[1], singing the prescribed psalms. Many of the people on the crowded road turn around to look at the apostolic group passing by. Some greet them reverently; some look only stealthily at them, smiling with respect, and they are mainly women; some watch them only; some smile ironically and contemptuously; lastly, some pass by haughtily and with evident ill-will. Jesus is walking calmly in His best clothes. Like everybody else He has changed in order to enter the Holy City decently, and I would say, elegantly dressed.

Marjiam also is up to the situation in his new garments this year and he is walking beside Jesus, singing at the top of his voice, which, in actual fact, is somewhat harsh, as it is not yet manly. But his imperfect tone is lost in the full chorus of his companions’ voices and it emerges as clear as silvery trilling only in the top notes, which he still sings in a steady boy’s voice. And he is happy…

During a pause in singing, while the Damascus Gate is already in sight – that is where they are entering to go straight to the Temple – they stop to let an impressive caravan pass, as it takes up the whole road obstructing the traffic. While wise people stop at the roadside, Marjiam asks: «My Lord, will You tell me another beautiful parable for Your son who is so far away? I would like to add it to those I have already written, because I am sure that at Bethany we shall meet his messengers and have his news. And I am dying to give him joy, which I promised him and which both his heart and mine desire…»

«Yes, My son. I will certainly tell you one.»

«One that will really comfort him, that will make him understand that he is still Your beloved…»

«I will do that. And I will rejoice, too, because it will be the truth.»

«When will You tell it, Lord?»

«Very soon. We will go straight to the Temple, as is our duty, and I will speak there before they prevent Me from doing so.»

«And will You speak for him?»

«Yes, son.»

«Thank You, Lord! It must be so painful to be separated thus…» says Marjiam, whose dark eyes begin to shine with tears.

Jesus lays a hand on his head

364.3

and He turns around to beckon to the Twelve to approach Him and set out again. The Twelve, in fact, had stopped to listen to some people, I do not know whether they believe in the Master or are anxious to know Him, and they had stopped for the same reason that had compelled Jesus and His apostles to stop on the roadside.

«We are coming, Master. We were listening to those people among whom there are some proselytes who have come from far, and they were asking us where they could meet You» says Peter moving towards Him.

«Why do they want to meet Me?»

And Peter, now beside Jesus Who has set out again, says: «They want to hear You speak and to be cured from some diseases. See that tilted cart, behind them? There are some proselytes from the Diaspora in it, who have come by sea or from distant countries, urged to make this pilgrimage by their faith in You, besides their respect for the Law. Some are from Ephesus, some from Perga, some from Iconium and there is a poor fellow from Philadelphia, whom they, being mostly rich merchants, have received in their cart out of pity, hoping thus to gain the Lord’s favour.»

«Marjiam, go and tell them to follow Me to the Temple. And they will have both health for their souls through My word and health to their bodies, if they can have faith.»

The boy goes away quickly. But the Twelve raise a chorus of disapproval because of the «imprudence» of Jesus, Who wants to make Himself conspicuous in the Temple…

«We are going there specially to show them that I am not afraid. To prove to them that no threat can make Me infringe the precept. Have you not understood their trick yet? All their threats, all their apparently friendly advice aim only at making Me commit sin, so that they may have a real charge against Me. Do not be cowardly. Have faith. My hour has not come.»

«But why do You not go and reassure Your Mother first? She is waiting for You…» says Judas Iscariot.

«No. I am going to the Temple first, which, until the moment prearranged by the Eternal Father for the new era, is the House of God. My Mother will suffer less waiting for Me than She would, knowing that I am preaching in the Temple. And I thus honour My Father and Mother, by devoting my very first hour in Jerusalem to the former, and by granting tranquility to the latter. Let us go and be not afraid. Those who are afraid may go to Gethsemane and brood over their fear among the women.»

The apostles, reprimanded by this last remark, no longer speak. They line up, in threes except in the front line, where Jesus is, where they are four, and when Marjiam arrives they are five, and in fact Thaddeus and the Zealot place themselves behind Jesus, leaving Him in the middle between Peter and Marjiam.

364.4

At the Damascus Gate they see Manaen. «Lord, I thought it was better for me to come and remove every doubt about the situation. I can assure You that there is no danger for You, except the ill-will of the Pharisees and scribes. You can go without any fear.»

«I knew, Manaen. But I am grateful to you. Come to the Temple with Me. If it is no burden to you…»

«Burden? I would defy the whole world on Your behalf! I would do anything!»

The Iscariot mumbles something.

Manaen turns around resentfully. He says in a firm voice: «No, man, those are not just “words”. I ask the Master to prove my sincerity.»

«There is no need, Manaen. Let us go.»

They proceed among the obstructing crowds and when they arrive at the house of some friends, they get rid of their sacks, which James, John and Andrew leave on behalf of everybody in a long dark hall, and then join their companions.

364.5

They enter the enclosure of the Temple passing through the Antonia. The Roman soldiers are watching, but they do not move. They talk in low voices among themselves. Jesus looks to see whether there is anyone He knows. But He does not see Quintillian or Alexander, the soldier.

They are now in the Temple, in the not very sacred swarm of the first yards, where are merchants and money-changers. Jesus looks and quivers with indignation. He turns pale and walks so stately that He seems to be taller in stature.

The Iscariot tempts Him: «Why do You not repeat the holy gesture[2]? See? They have forgotten… and there is desecration once again in the House of God. Do You not grieve at that? Are You not rising against them?» Judas’ dark handsome face, which is ironical and false notwithstanding every effort he makes to avoid it appearing so, is even vulpine, as he says those words, bending a little, as if he were paying respectful homage, looking Him up and down.

«It is not the hour. But all that will be purified. And forever!…» says Jesus resolutely.

Judas smiles a little and comments: «The “forever” of men!! It’s very precarious, Master! You can see!…»

Jesus does not reply to him, intent as He is on greeting from afar Joseph of Arimathea, who is passing by wrapped in pompous robes, followed by other people.

They say the ritual prayers and then go back to the Court of the Gentiles, under the porches of which many people have gathered.

364.6

The proselytes, previously met in the street, have followed Jesus all the time. They have taken the sick people with them and have now laid them in the shade of the porches, near Jesus. Their women, who have been waiting for them here, now move slowly closer. They are all veiled. But one is already sitting, probably because she is ill, and her companions take her near the other sick people. More people crowd around Jesus. I can see that there is astonishment and confusion among the groups of rabbis and priests because of the open arrival and preaching of Jesus.

«Peace be with you, with each of you listening to Me! Holy Passover brings the faithful children back to the House of the Father. This blessed Passover of ours is like a mother who is thoughtful of the welfare of her children and calls them at the top of her voice, that they may come from everywhere leaving all matters pending for a greater matter. The only great and important one: to honour the Lord and Father. From that we understand that we are brothers, and the command and care to love our neighbour as ourselves derive also from that, through kind witness. Have we never met before? Did we not know each other? We did not. But if we are here, because we are the children of One Father Who wants us in His House for the Passover Banquet, then, we feel, if not with our material senses, but certainly with our superior part, that we are all equal, all brothers, who have come from One only, and thus we love one another, as if we had been brought up together. And our union of love is an anticipation of the other more perfect one that we will enjoy in the Kingdom of Heaven, under the eyes of God, all embraced by His Love: I Son of God and of Man, with you men, sons of God; I, the First-born, with you, brothers beloved beyond all human measure, to the extent that I became the Lamb for the sins of men.

But while we are enjoying our brotherly union in the House of the Father, let us think of our brothers who are far-away, but still our brothers: in the Lord or through their origin. Let them be in our hearts. Let us take our absent brothers in our hearts to the holy altar. Let us pray for them, gathering their remote voices in our spirits, together with their yearning to be here. And as we collect the conscious longing of remote Israelites, let us collect also the yearning of souls belonging to men, who are not aware of having a soul and of being the children of One Father only. All the souls in the world cry to the Most High from the prisons of their bodies. In dark prisons they moan towards the Light. Let us have mercy on them, since we are in the light of the true Faith.

364.7

Let us pray: Our Father, Who are in Heaven, may Your Name be held holy by all mankind! To know it is to set out towards holiness. Let Gentiles and heathens become aware of Your existence, O Holy Father, and let them come to You, Father, like the three wise men in days gone by but not inert, because nothing pertaining to the coming of the Redemption of the world is inert, let them come to You guided by the Star of Jacob, by the Morning Star, by the King and Redeemer of the stock of David, by Your Anointed Son, Who has already been offered and consecrated to be the Victim for the sins of the world.

Let Your Kingdom come to every place on the earth where You are known and loved, and where You are not yet known. And above all let it come to the three times sinners, who know You but do not love You in Your works and manifestations of Light, and endeavour to reject and suffocate the Light that came to the world, because they are souls of darkness, who prefer the works of darkness and they do not know that to suffocate the Light of the world is to offend You, because You are the Most Holy Light and the Father of all lights, beginning from the One that became Flesh and Word to bring Your Light to all men of goodwill.

May Your Will, Most Holy Father, be done by every heart in the world, that is, may every heart be saved, and let none be left without the fruit of the Sacrifice of the Great Victim, because that is Your Will: that man be saved and may enjoy You, Holy Father, after the forgiveness which is about to be granted.

Give us Your help, O Lord, all Your help. And give it to those who are awaiting it, to those who do not know that they are awaiting it, give it to sinners with repentance that saves, give it to heathens with the force of your rousing call, give it to unhappy people, to prisoners, to exiles, to those whose bodies or spirits are diseased, give it to everybody, as You are Everything, and the time of Mercy has come.

Forgive, O Good Father, the sins of Your children. Forgive the sins of Your people, which are the most serious, the sins of those who want to persist in error, whilst Your predilection and love gave Light just to this people. And forgive those who are brutalised by corrupt paganism that teaches vice, and are drowned in the idolatry of such dull mephitic heathenism, whereas there are valuable souls among them, whom You love having created them. We forgive, I am the first to forgive, so that You may forgive, and we implore Your protection over the weakness of men, that You may free Your creatures from the Principle of Evil, from whom all crimes, idolatries, sins, temptations and errors come. Free them, O Lord, from the dreadful Prince, so that they may come to Your eternal Light.»

364.8

The crowd have followed this solemn prayer with great attention. Famous rabbis have also approached the group and among them there is Gamaliel, holding his bearded chin thoughtfully… A group of women has also come close to them, they are wearing mantles with a kind of hood that covers their faces. And the rabbis have moved away haughtily… Many faithful disciples have hastened there having heard that the Master had arrived; among them there are Hermas, Stephen, John the priest, then Nicodemus and Joseph, the inseparable two, and many friends of theirs, whom I think I have seen previously.

In the pause after the prayer of the Lord, Who becomes engrossed in thought, looking seriously austere, Joseph of Arimathea is heard saying: «Well, Gamaliel? Do you still not think that this is the word of the Lord?»

«Joseph, I was told: “These stones will shake at the sound of My words” » replies Gamaliel.

Stephen cries rashly: «Work the miracle, O Lord! Give the order, and they will tumble down! It would be a great gift, if the building collapsed and the walls of Your Faith rose in their hearts! Do that for my master!»

«Blasphemer!» shout an angry group of rabbis with some of their pupils.

«No» shouts in turn Gamaliel. «My disciple has spoken an inspired word. But we cannot accept it because the Angel of God has not yet cleansed[3] us of our past with the live coal taken from the Altar of God… And perhaps, even if the cry of His voice» and he points at Jesus «should unhinge these doors, we would not yet believe…» He lifts the hem of his wide snow-white mantle and pulls it over his head, almost covering his face, and goes away.

Jesus watches him go…

364.9

He then resumes speaking and replies to some people who are grumbling among themselves and seem scandalized and to make their scandal more obvious, they heap insults on Judas of Kerioth, who puts up with them without reacting, but shrugs his shoulders with dissatisfied countenance.

Jesus says:

«I solemnly tell you that those who seem to be illegitimate are instead true sons, and those who are true sons become illegitimate. Listen to this parable.

Once there was a man who had to leave home for a long time because of some business engagements, when his sons were still very young. From the place where he was, he used to write letters to the older sons to keep them in due respect for their father, who was far away, and to remind them of his teaching. The last son, who was born after the father had left, was still at nurse with a woman who lived far from there, in the country of the man’s wife, who was not of his race. The wife died when the son was still a baby and away from home. His brothers said: “Let us leave him where he is, with our mother’s relatives. Perhaps our father will forget about him and we will gain by it, as there will be one less to divide the property with, when our father dies”. And they did so. The child was thus brought up by his mother’s relatives, he was unaware of his father’s teaching, he did not even know that he had a father and brothers and, what is worse, he bitterly considered: “They have all disowned me as if I were illegitimate”, and he even thought that he was, as he was so deeply hurt at being rejected by his father.”

It so happened that when he grew up and found a situation – because, embittered as he was by the above considerations, he had conceived a strong aversion also for the family of his mother, whom he deemed guilty of adultery – he went to the town where his father was. And without knowing who he was, he approached him and had the opportunity to hear him speak. His father was a wise man. As he did not receive any satisfaction from his remote sons – who by now behaved as it pleased them and were on conventional terms with their remote father, purely to remind him that they were, “his” sons and therefore he should bear that in mind in his will – the old man devoted himself to giving good advice to the young people he approached in the land where he was. The young son was attracted by such righteousness, which was so fatherly for many young men and he not only approached him but he availed himself of every word of the old man, thus soothing his embittered spirit. The man was taken ill and had to decide to go back to his fatherland. And the young man said to him, “Sir, you are the only person who has spoken to me with justice, elevating my spirit. Allow me to follow you as your servant. I do not want to relapse into my previous evil state”. “Come with me. You will take the place of a son, of whom I have never been able to get news”. And they went back to the paternal house together.

Neither the father, nor the brothers, nor the young man himself realized that the Lord had once again gathered together those of the same blood under one roof. But the father had to shed many tears because of the sons known to him, because he found that they had forgotten his teaching, had become greedy and hard-hearted, without faith in God, but with many idolatries in their hearts: pride, avarice and lust were their gods and they would not listen to anything which was not human profit. The stranger, instead, approached the Lord more and more, and he became just, kind, loving and obedient. His brothers hated him, because their father loved him, although he was a stranger. But he forgave them and loved them, because he had understood that peace is to be found in love.

One day the father, who was disgusted with the behaviour of his sons, said: “You have taken no interest in your mother’s relatives, and not even in your brother. You remind me of the behaviour[4] of Jacob’s sons towards their brother Joseph. I want to go to that country to find out about him. I may find him and be comforted by him”. And he took leave both of the sons known to him and of the young stranger, whom he gave a sum of money that he might go back to the place from which he had come and start a little business there.

When he arrived in the country of his dead wife, her relatives told him that the forsaken son had changed his original name Moses into Manasseh[5], because by his birth he had really made his father forget that he was a just man, as he had abandoned his child.

“Do not do me wrong! I was told that all traces of the boy had been lost, and I did not even hope to find any of you. But tell me. What is he like? Has he grown into a strong man? Is he like his mother who died in giving birth to him? Is he kind? Does he love me?”.

“He is strong, indeed, and he is as handsome as his mother was beautiful, but his eyes are dark. And on his side he has the same birthmark as his mother. And he has a slight lisp, like you. He was grown up when he left here, exacerbated by his fate, as he doubted his mother’s modesty and he bore you ill-will. He would have been kind if he had had no ill-will in his soul. He went across mountains and rivers as far as Trapetius to…”

“Did you say Trapetius? In Synopy? Tell me! I was there and I met a young man with a slight lisp, he was alone and sad, and he was so kind although he appeared to be rather harsh. Was it him? Tell me!”

“Perhaps it was. Look for him. On his right hand side he has a dark birthmark in relief, as your wife had”.

The man departed at once, hoping to find the stranger in his house. But he had left to go back to the colony of Synopy. And the man followed him… He found him. He made him go to his house to examine his side. He identified him. He fell on his knees praising God Who had restored his son to him, a son who was much better than the others who were becoming more and more brutish, whereas this one had become more and more holy during the months which had intervened. And he said to his good son: “You will have the share of your brothers because, without being loved by anyone, you have become more just than they are”.

Was it not fair? It was. I solemnly tell you that those are true sons of God who, although rejected by the world, despised, hated, insulted, forsaken as if they were illegitimate children, considered a disgrace and calamity, know how to surpass the sons who grew up at home but rebelled against its laws. The fact that one comes from Israel does not entitle one to enter Heaven, neither is that destiny guaranteed by the fact that one is a Pharisee, a scribe or a doctor. It is necessary to have goodwill and follow the Doctrine of love generously, becoming new in it and children of God in spirit and truth through it.

You, who are listening to Me, must bear in mind that many who feel safe in Israel will be supplanted by those whom they consider publicans, prostitutes, Gentiles, pagans and galley-slaves. The Kingdom of Heaven belongs to those who can put new vigour and faith into their lives by accepting Truth and Love.»

364.10

Jesus turns around and goes towards the group of sick proselytes. «Can you believe what I said?» He asks in a loud voice.

«Yes, Lord!» they reply in chorus.

«Do you want to accept Truth and Love?»

«Yes, Lord.»

«If I gave you nothing but that, would you be satisfied?»

«Lord, You know what we need most. Give us Your peace and eternal Life above all.»

«Stand up and go and praise the Lord! You are all cured in the holy Name of God.»

And He quickly turns His steps towards the nearest gate, mingling in the crowds who have filled up Jerusalem, before the excitement and amazement in the Court of Pagans becomes a delirious search for Him.

The bewildered apostles lose sight of Him. Only Marjiam, who never let go the hem of His mantle, is running happily beside Him and says: «Thank You so much, Master! Thanks, on behalf of John! I wrote everything while You were speaking. I have only to add the miracle. Oh! It’s wonderful! Just for him! It will make him so happy!…»


Notes

  1. comme l’année précédente, en 195.4.
  2. ton fils absent : il s’agit de Jean d’En-Dor.
  3. le geste saint, celui de 53.4.
  4. purifiés, comme en Is 6, 6-7.
  5. conduite relatée en Gn 37, 3-28.
  6. Manassé, nom expliqué en Gn 41, 51.

Notes

  1. last year, in 195.4.
  2. gesture, the one in 53.4.
  3. cleansed, as in: Isaiah 6,6-7.
  4. behaviour, narrated in: Genesis 37,3-28.
  5. Manasseh, whose meaning, explained immediately after, is in: Genesis 41,51.