Los Escritos de Maria Valtorta

364. Au Temple. Prière universelle

364. En el Templo. Oración universal

364.1

Jésus dit :

« Lève-toi, Maria. Sanctifions ce jour par une page d’Evangile. Car ma Parole est sanctification. Regarde, Maria, car regarder les jours du Christ sur terre, c’est une sanctification. Ecris, Maria, car écrire sur le Christ, c’est une sanctification. Répéter ce que dit Jésus, c’est une sanctification. Prêcher Jésus, c’est une sanctification. Instruire ses frères l’est aussi. Il te sera accordé une grande récompense pour cette charité. »

364.2

Jésus, qui a quitté Rama (vision du 17 décembre 1945), est déjà en vue de Jérusalem. Il marche, comme l’année précédente[1], en chantant les psaumes prescrits. Beaucoup de gens, sur cette route très fréquentée, se retournent pour voir passer le groupe des apôtres. Certains saluent respectueusement ; d’autres se bornent à jeter un coup d’œil en souriant avec vénération — ce sont surtout des femmes — ; il y en a qui se contentent de regarder ; on en voit sourire d’un air ironique et dédaigneux ; d’autres enfin passent, hautains et, de toute évidence ; malveillants. Jésus avance, tranquille, habillé de frais et avec soin. Comme tous les autres, il a changé de tenue en vue d’une entrée correcte, je dirais même élégante, dans la cité sainte.

Avec ses habits neufs, Marziam est lui aussi à la hauteur des circonstances, cette année, et il marche à côté de Jésus en chantant de bon cœur d’une voix plutôt désagréable parce qu’il est en train de muer. Mais sa tonalité imparfaite se perd dans le chœur fourni des voix de ses compagnons. En revanche, elle s’élève seule et cristalline dans les notes élevées qu’il atteint encore avec justesse et sûreté. Marziam est heureux…

Ils s’apprêtent à entrer par la porte de Damas, déjà en vue, parce qu’ils vont directement au Temple. Mais il leur faut s’arrêter et interrompre leurs chants pour laisser passer une fastueuse caravane qui occupe toute la route et provoque un embouteillage, de sorte qu’il est plus prudent de rester sur le bord du chemin. Mais cet itinéraire est le plus court. Marziam demande alors :

« Mon Seigneur, ne vas-tu pas dire une autre belle parabole pour ton fils absent ?[2] Je voudrais la joindre aux autres écrits que je détiens, car nous trouverons sûrement à Béthanie ses envoyés et de ses nouvelles. Et je souhaite lui faire cette joie, comme je l’ai promis et comme son cœur et le mien le désirent…

– Oui, mon fils. Je vais, bien sûr, t’en raconter une.

– Une qui le console vraiment et qui l’assure qu’il est toujours aimé de toi…

– C’est dans ce sens que je parlerai, et j’en éprouverai de la joie parce que ce sera la vérité.

– Quand la diras-tu, Seigneur ?

– Tout de suite. Nous allons immédiatement au Temple comme il se doit, et je prendrai la parole là-bas, avant qu’on m’empêche de le faire.

– Et tu parleras pour lui ?

– Oui, mon fils.

– Merci, Seigneur ! Ce doit être tellement douloureux d’être ainsi séparés… » dit Marziam.

Une larme brille dans ses yeux noirs.

Jésus lui passe la main dans les cheveux,

364.3

se retourne, et fait signe aux Douze de s’approcher pour reprendre leur marche. En effet, ils s’étaient arrêtés pour écouter des personnes dont je ne sais si elles croyaient au Maître ou si elles désiraient le connaître ; elles avaient fait halte pour la même raison que Jésus et les siens.

« Nous arrivons, Maître. Nous écoutions ces gens parmi lesquels il y a des prosélytes venus de loin, qui nous demandaient où ils pourraient t’approcher, dit Pierre en accourant.

– Pour quel motif le désiraient-ils ? »

Pierre, maintenant à côté de Jésus qui reprend la marche, répond :

« Ils souhaitent entendre ta parole et être guéris de certaines infirmités. Tu vois ce char couvert, après le leur ? Ce sont des prosélytes de la Diaspora, venus par mer ou par un long voyage, poussés à prendre la route, non seulement par respect de la Loi, mais plus encore par la foi en toi. Il y en a d’Ephèse, de Pergé et d’Iconium. A côté d’eux, qui sont de riches marchands pour la plupart, il s’en trouve un, pauvre celui-là, de Philadelphie, qu’ils ont accueilli par pitié sur leur char, en pensant se rendre le Seigneur propice.

– Marziam, va leur dire de me suivre au Temple. S’ils savent croire, ils y obtiendront à la fois la santé de l’âme par la parole et celle du corps. »

L’adolescent part rapidement, mais un chœur de désapprobation s’élève parmi les Douze à cause de “ l’imprudence ” de Jésus qui veut se mettre en évidence au Temple…

« Nous y allons justement pour leur faire voir que je n’ai pas peur, pour montrer qu’aucune intimidation ne peut me faire désobéir au précepte. N’avez-vous donc pas encore compris leur petit jeu ? Toutes ces menaces, tous ces conseils qui ne sont amicaux qu’en apparence, ont pour but de me faire pécher, pour avoir un véritable élément d’accusation. Ne soyez pas lâches. Ayez foi. Ce n’est pas mon heure.

– Mais pourquoi ne vas-tu pas d’abord rassurer ta Mère ? Elle t’attend…, dit Judas.

– Non. Je me rends d’abord au Temple qui, jusqu’au moment marqué par l’Eternel pour la nouvelle ère, est la Maison de Dieu. Ma Mère souffrira moins en m’attendant, qu’elle ne souffrirait en sachant que je suis en train de prêcher au Temple. Ainsi, j’honore mon Père et ma Mère en donnant au premier les prémices de mes heures pascales, et à la seconde la tranquillité. Allons, ne craignez rien. Du reste, si l’un de vous a peur, qu’il aille à Gethsémani pour couver son appréhension parmi les femmes. »

Fouettés par cette dernière observation, les apôtres ne soufflent mot. Ils se remettent en rangs, trois par trois ; ils ne sont quatre qu’au premier rang où se trouve Jésus, jusqu’à ce que Marziam vienne comme cinquième, si bien que Jude et Simon le Zélote passent derrière Jésus, resté au milieu entre Pierre et Marziam.

364.4

A la porte de Damas, ils rencontrent Manahen.

« Seigneur, j’ai pensé qu’il valait mieux me faire voir pour enlever tout doute sur la situation. Je t’assure qu’il n’y a, en dehors de l’animosité des pharisiens et des scribes, aucun risque pour toi. Tu peux t’y rendre en toute sécurité.

– Je le savais, Manahen. Mais je te suis reconnaissant. Accompagne-moi au Temple, si cela ne t’ennuie pas…

– M’ennuyer ? Mais pour toi je défierais le monde entier ! Rien ne me fatiguerait ! »

Judas marmonne quelque chose. Manahen, fâché, se retourne et dit d’une voix ferme :

« Non, homme, ce ne sont pas seulement des “ mots ”. Je prie le Maître d’éprouver ma sincérité.

– Ce n’est pas nécessaire, Manahen. Allons. »

Ils avancent au milieu d’une foule compacte et, arrivés à une maison amie, ils se débarrassent des sacs que Jacques, Jean et André déposent pour tous dans un atrium long et sombre. Puis ils rejoignent leurs compagnons.

364.5

Ils pénètrent dans l’enceinte du Temple en passant près de la tour Antonia. Les soldats romains regardent, mais ne bougent pas. Ils discutent. Jésus les observe pour voir s’il y a quelqu’un de sa connaissance, mais il n’aperçoit ni Quintilianus ni le soldat Alexandre.

Les voilà dans le Temple, dans le grouillement peu sacré des premières cours où se trouvent marchands et changeurs. Jésus regarde et frémit. Il blêmit et paraît grandir encore, tant est solennelle sa démarche sévère.

Judas le tente :

« Pourquoi ne réitères-tu pas le geste saint ?[3] Tu vois ? Ils ont oublié… et la profanation est de nouveau dans la Maison de Dieu. Tu ne t’en émeus pas ? Tu ne te dresses pas pour la défendre ? »

Le visage brun et beau, mais ironique et faux malgré les efforts de Judas pour n’en rien laisser paraître, est presque celui d’un renard quand, un peu penché comme par un respect plein de vénération, il dit cela à Jésus en le scrutant par dessous.

« Ce n’est pas l’heure. Mais tout cela sera purifié. Et pour toujours !… » répond Jésus avec décision.

Judas sourit et ergote :

« Le “ pour toujours ” des hommes ! C’est beaucoup trop précaire, Maître ! Tu le vois bien !… »

Jésus ne lui répond pas, tout absorbé à saluer de loin Joseph d’Arimathie qui passe, emmitouflé dans son riche manteau, et suivi par d’autres.

Ils font les prières rituelles, puis reviennent à la Cour des Gentils, sous les portiques de laquelle se pressent les gens.

364.6

Les prosélytes, rencontrés en route, ont suivi Jésus. Ils ont traîné leurs malades avec eux, et maintenant ils les étendent à l’ombre sous les portiques, près du Maître. Leurs femmes, qui les attendent ici, s’approchent lentement. Toutes sont voilées. Mais l’une d’elle, peut-être souffrante, est déjà assise et ses compagnes la con­duisent auprès des autres malades. D’autres gens se pressent autour de Jésus. Je vois que les groupes de rabbins et de prêtres sont à la fois stupéfaits et désorientés par la venue publique de Jésus, qui commence à prêcher.

« Que la paix soit avec vous, ô vous tous qui m’écoutez ! La Pâque sainte ramène les fils fidèles dans la Maison du Père. Notre Pâque bénie ressemble à une mère soucieuse du bien de ses enfants. Elle les appelle à haute voix pour qu’ils viennent, qu’ils viennent de partout, laissant en suspens toute préoccupation pour un souci plus important, le seul qui soit vraiment grand et utile : celui d’honorer le Seigneur et Père. Cela permet de comprendre comment nous sommes frères ; c’est de là que, par un doux témoignage, naissent l’ordre et l’engagement d’aimer son prochain comme soi-même. Nous ne nous sommes jamais vus ? Nous nous ignorions ? Oui. Mais nous sommes ici, en tant que fils d’un même Père qui nous veut dans sa Maison pour le banquet pascal ; et voilà que — si ce n’est par nos sens matériels, du moins certainement par la partie supérieure de notre être — nous nous sentons égaux, frères, venus d’Un Seul, et nous nous aimons comme si nous avions grandi ensemble. Notre union d’amour est une anticipation de l’autre, plus parfaite, dont nous jouirons dans le Royaume des Cieux, sous le regard de Dieu, dans la même étreinte de son amour : moi, Fils de Dieu et de l’homme, avec vous, hommes, fils de Dieu. Moi, le Premier-né, avec vous, mes frères aimés au-delà de toute mesure humaine, jusqu’à me faire Agneau pour vos péchés.

Mais nous, qui bénéficions à l’instant présent de notre fraternelle unité dans la Maison du Père, souvenons-nous aussi de ceux qui sont loin et qui pourtant sont nos frères dans le Seigneur ou par l’origine. Gardons les absents dans notre cœur, portons-les devant l’autel saint. Prions pour eux en recueillant par l’esprit leurs voix lointaines, leur nostalgie, leurs désirs insatisfaits d’être ici. Et de la même manière que nous recueillons ces soupirs conscients des juifs absents, recueillons aussi ceux des âmes appartenant à des hommes qui ne savent même pas qu’ils en ont une et qu’ils sont les fils d’Un Seul. Toutes les âmes du monde crient dans la sombre prison de leurs corps vers le Très-Haut. De là, elles gémissent vers la Lumière. Nous, qui sommes dans la lumière de la vraie foi, ayons pitié d’eux.

364.7

Prions : notre Père qui es aux Cieux, que ton nom soit sanctifié par toute l’humanité ! Le connaître, c’est avancer vers la sainteté. Fais que les Gentils et les païens connaissent ton existence, Père saint, et, comme les trois sages d’un temps désormais lointain, mais pas figé — car rien de ce qui se rapporte à l’avènement de la Rédemption dans le monde ne l’est —, qu’ils viennent à Dieu, à toi, Père, guidés par l’Etoile de Jacob, par l’Etoile du Matin, par le Roi et le Rédempteur de la race de David, par celui que tu as oint, déjà offert et consacré afin d’être victime pour les péchés du monde.

Que ton Règne vienne en tout lieu de la terre où l’on te connaît et où l’on t’aime, et là aussi où ce n’est pas le cas. Et qu’il vienne surtout pour ceux qui sont trois fois pécheurs : ceux qui ont beau te connaître, mais ne t’aiment pas dans tes œuvres et manifestations de lumière, et qui cherchent à repousser et à étouffer la Lumière venue dans le monde : ce sont en effet des âmes de ténèbres, qui préfèrent les œuvres de ténèbres et ne veulent qu’étouffer la Lumière du monde et t’offenser toi-même, car tu es la Lumière très sainte et le Père de toutes les lumières, à commencer par celle qui s’est faite Chair et Parole pour apporter ta lumière à toutes les âmes de bonne volonté.

Père très saint, que ta volonté soit faite en tout cœur qui existe dans le monde, c’est-à-dire que tous se sauvent et que pour aucun d’eux le sacrifice de la grande Victime ne reste sans fruit. Car telle est ta volonté : que l’homme se sauve et se réjouisse en toi, Père saint, après le pardon qui va être donné.

Donne-nous tes secours, Seigneur, tous tes secours. Procure-les à tous ceux qui attendent, à ceux qui ne savent pas qu’ils attendent, procure-les aux pécheurs avec le repentir qui sauve, procure-les aux païens avec la blessure de ton appel qui secoue, procure-les aux malheureux, aux prisonniers, aux exilés, aux malades du corps ou de l’esprit, donne-les à tous, toi qui es le Tout, parce que le temps de la miséricorde est venu.

Pardonne, Père bon, les péchés de tes enfants : ceux de ton peuple qui sont les plus graves, ceux des hommes coupables de vouloir rester dans l’erreur alors que ton amour de prédilection a justement donné à ce peuple la lumière. Et accorde ton pardon aux personnes qu’abrutit un paganisme corrompu qui enseigne le vice, et qui se noient dans l’idolâtrie de ce paganisme lourd et pestilentiel ; or il y a parmi elles des âmes de valeur elles aussi, que tu aimes puisque tu les as créées. Nous pardonnons — et moi le premier — pour que tu puisses pardonner ; et nous invoquons ta protection sur la faiblesse des créatures pour que tu délivres ceux que tu as créés du Principe du Mal d’où viennent tous les crimes, toutes les idolâtries, fautes, tentations et erreurs. Seigneur, délivre-les du Prince horrible pour qu’ils puissent parvenir à la lumière éternelle. »

364.8

L’assistance a suivi avec attention cette solennelle prière. Des rabbins célèbres se sont approchés, parmi lesquels Gamaliel, qui appuie pensivement sur sa main son menton barbu… Un groupe de femmes s’est approché, toutes enveloppées dans des manteaux munis d’une sorte de capuchon qui leur cache le visage. Les rabbins se sont écartés dédaigneusement… Attirés par la nouvelle de l’arrivée du Maître, de nombreux disciples fidèles sont aussi accourus, parmi lesquels Hermas, Etienne, le prêtre Jean, et encore Nicodème et Joseph, deux inséparables, et d’autres de leurs amis qu’il me semble avoir déjà vus.

Pendant la pause qui succède à la prière du Seigneur, qui se recueille en lui-même avec une austérité solennelle, on entend Joseph d’Arimathie demander :

« Eh bien, Gamaliel ? Cela ne te paraît toujours pas une parole du Seigneur ?

– Joseph, il m’a été dit : “ Ces pierres frémiront au son de mes paroles ! ” » répond Gamaliel.

Etienne s’écrie avec impétuosité :

« Accomplis ce miracle, Seigneur ! Ordonne, et elles s’ébranleront ! Que croule l’édifice, mais que s’élèvent dans les cœurs les murs de la foi en toi, voilà qui serait un grand don ! Fais-le pour mon maître !

– Blasphémateur ! crie un groupe de rabbins furieux et de leurs élèves.

– Non » s’écrie à son tour Gamaliel. « Mon disciple dit une parole inspirée. Mais nous ne pouvons l’accepter parce que l’Ange de Dieu ne nous a pas encore purifiés[4] du passé par le charbon pris à l’Autel de Dieu… Et, même si son cri — il montre Jésus —, arrachait les gonds de ces portes, nous ne saurions peut-être pas encore croire… »

Il relève un pan de son ample manteau très blanc, s’en couvre la tête en cachant presque son visage, et s’en va.

Jésus le regarde partir…

364.9

Puis il reprend la parole pour répondre à certains qui murmurent entre eux et paraissent scandalisés et qui, pour rendre plus explicite leur indignation, s’en déchargent sur Judas avec toute une suite de plaintes que l’apôtre subit sans réagir en haussant les épaules et en paraissant très mécontent.

Jésus dit :

« En vérité, en vérité, je vous dis que ceux qui paraissent bâtards sont fils légitimes et que les vrais fils deviennent bâtards. Ecoutez tous une parabole.

Il y avait une fois un homme qui dut, pour ses affaires, s’absenter longtemps de chez lui en laissant des enfants encore petits. De l’endroit où il se trouvait, il écrivait des lettres à ses fils aînés pour les garder toujours dans le respect de leur père absent et leur rappeler ses instructions. Le dernier, né après son départ, était encore en nourrice chez une femme éloignée de l’endroit, une femme d’une autre race, originaire du pays de son épouse. Cette dernière mourut alors que l’enfant était encore petit et loin de la maison. Les frères se dirent : “ Laissons-le là où il est, chez les parents de notre mère. Peut-être notre père l’oubliera-t-il et ce sera tout à notre profit, puisque nous serons moins nombreux à nous partager l’héritage quand il viendra à mourir. ” Et c’est ce qu’ils firent. De cette façon, l’enfant qui était au loin vécut, élevé par sa famille maternelle, dans l’ignorance des instructions paternelles, sans savoir qu’il avait un père et des frères ou, ce qui est pire, en connaissant l’amertume de cette réflexion : “ Tous m’ont repoussé comme si j’étais un bâtard ” ; et il en vint à croire qu’il l’était, tant il se sentait rejeté par son père.

Une fois adulte, il prit un emploi. En effet, aigri comme il l’était par ces pensées, il avait même pris en haine la famille de sa mère, qu’il pensait coupable d’adultère. Le hasard voulut que ce jeune homme se rende dans la ville où se trouvait son père. Et sans savoir qui il était, il le fréquenta et eut l’occasion de l’entendre parler. L’homme était un sage. Et comme il n’avait aucune satisfaction de ses fils éloignés de lui — désormais ils agissaient à leur guise et n’entretenaient que des rapports conventionnels avec leur père qui vivait au loin, tout juste pour qu’il se rappelle qu’ils étaient “ ses ” fils et se souvienne d’eux dans son testament —, il donnait des conseils raisonnables à des jeunes qu’il avait l’occasion d’approcher dans la ville où il habitait. Le jeune homme fut attiré par cette droiture toute paternelle à l’égard de tant de jeunes, et non seulement il le fréquenta, mais il se fit un trésor de toutes ses paroles, de sorte que son âme aigrie devint meilleure.

L’homme tomba malade et dut se décider à retourner dans sa patrie. Le jeune homme lui dit : “ Seigneur, toi seul m’as parlé avec justice en élevant mon âme. Permets-moi de te suivre comme serviteur. Je ne veux pas retomber dans le mal où j’étais. ” “ Viens avec moi. Tu prendras la place du fils dont je n’ai pu obtenir de nouvelles. ” Et ils retournèrent ensemble à la maison paternelle.

Ni le père, ni les frères, ni le jeune homme lui-même ne se rendirent compte que le Seigneur avait réuni à nouveau ces membres d’un même sang sous un même toit. Mais le père dut beaucoup pleurer à cause des fils qu’il connaissait, car il les trouva oublieux de ses enseignements, avides, le cœur dur, sans plus de foi en Dieu, mais au contraire avec beaucoup d’idolâtries dans le cœur : orgueil, cupidité et luxure étaient leurs dieux, et ils ne voulaient pas entendre parler d’autre chose que d’intérêts humains. L’étranger, au contraire, s’approchait toujours plus du Seigneur, devenait juste, bon, affectueux, obéissant. Ses frères le haïssaient parce que leur père aimait cet étranger. Lui pardonnait et aimait, car il avait compris que c’est dans l’amour que réside la paix.

Un jour, le père, dégoûté de la conduite de ses fils, leur dit : “ Vous vous êtes désintéressés des parents de votre mère et même de votre frère. Vous me rappelez la conduite[5] des fils de Jacob envers leur frère Joseph. Je veux me rendre dans ce pays pour avoir de ses nouvelles ; il se peut que je le retrouve et que j’en sois réconforté. ” Et il prit congé tant de ses fils que du jeune inconnu, en donnant à ce dernier un petit capital pour qu’il puisse retourner à l’endroit d’où il était venu et y ouvrir un petit commerce.

Lorsque il fut arrivé à la ville de l’épouse qu’il avait perdue, la famille de celle-ci lui raconta que le fils délaissé, qui portait à sa naissance le nom de Moïse, avait pris celui de Manassé[6], car son père avait oublié d’être juste en l’abbandonnant.

“ Ne me faites pas tort ! On m’avait dit qu’on avait perdu toute trace de l’enfant, et je n’espérais même plus trouver l’un de vous. Mais parlez-moi de lui. Comment est-il ? Est-il devenu fort ? Ressemble-t-il à mon épouse bien-aimée, qui mourut en me le donnant ? Est-il bon ? M’aime-t-il ?

– Pour être fort, il l’est, et il est beau comme sa mère, sauf qu’il a les yeux d’un noir profond. Mais, de sa mère, il a pris jusqu’à sa petite caroube au côté. De toi, au contraire, il a le léger zézaiement. Devenu adulte, il est parti d’ici, aigri par sa situation, ayant des doutes sur l’honnêteté de sa mère et éprouvant de la rancœur à ton égard. Il aurait été bon s’il n’avait eu cette amertume dans l’âme. Il est parti, au-delà des monts et du fleuve, à Trapezius pour…

– A Trapezius, dites-vous ? Dans le Sinope ? Oh ! dites-moi ! J’y étais et j’y ai connu un jeune homme qui zézayait un peu, seul et triste, et si bon sous son apparente dureté. C’est lui ? Dites-le-moi !

– C’est peut-être lui. Recherche-le. Il a au côté droit une caroube proéminente et sombre comme l’avait ta femme. ”

L’homme partit précipitamment dans l’espoir de retrouver encore l’étranger chez lui. Il était parti pour retourner à la colonie de Sinope. L’homme y alla donc, le retrouva, et le fit venir pour découvrir son côté. Il le reconnut. Il tomba à genoux en louant Dieu de lui avoir rendu son fils qui était le meilleur de tous. En effet, les autres ressemblaient de plus en plus à des bêtes, alors que celui-ci était devenu toujours plus saint au cours des mois qui s’étaient écoulés. Et il dit à son bon fils : “ Tu auras la part de tes frères, puisque toi, sans amour de la part de personne, tu t’es rendu plus juste que tout autre. ”

Et n’était-ce pas justice ? Bien sûr que si. En vérité, je vous dis que les vrais enfants du Bien sont ceux qui, rejetés par le monde, méprisés, haïs, critiqués, abandonnés comme bâtards, considérés comme une honte et une mort, savent surpasser les fils qui ont grandi dans la maison, mais qui sont rebelles à ses lois. Ce n’est pas d’appartenir à Israël qui donne droit au Ciel, ni d’être pharisien, scribe ou docteur qui assure ce sort. C’est d’avoir une volonté bonne et de venir généreusement à la Doctrine de l’amour, se renouveler en elle, pour devenir par elle enfant de Dieu en esprit et en vérité.

Vous tous qui écoutez, sachez que beaucoup qui se croient sûrs en Israël seront supplantés par ceux qui sont à leurs yeux des publicains, des prostituées, des Gentils, des païens et des galériens. Le Royaume des Cieux appartient aux personnes qui savent se renouveler en accueillant la Vérité et l’Amour. »

364.10

Jésus se retourne et s’avance vers le groupe des malades prosélytes.

« Pouvez-vous croire en ce que j’ai dit ? demande-t-il à haute voix.

– Oui, Seigneur ! répondent-ils en chœur.

– Voulez-vous accueillir la Vérité et l’Amour ?

– Oui, Seigneur.

– Si je ne vous donnais que cela, seriez-vous satisfaits ?

– Seigneur, tu sais ce dont nous avons le plus besoin. Accorde-nous surtout ta paix et la vie éternelle.

– Levez-vous et allez louer le Seigneur ! Vous êtes guéris au saint nom de Dieu. »

Et, rapidement, il se dirige vers la première porte qu’il trouve, en se mêlant à la foule qui remplit Jérusalem, avant même que la multitude exaltée et stupéfaite qui se trouve dans la cour des Gentils puisse le rechercher en criant des hosannas…

Les apôtres, désorientés, le perdent de vue. Seul Marziam, qui n’a jamais cessé de tenir un pan de son manteau, court à ses côtés, tout joyeux, en disant :

« Merci, merci, merci, Maître ! Merci pour Jean ! J’ai tout écrit pendant que tu parlais. Je n’ai qu’à ajouter le miracle. Oh ! c’est beau ! Vraiment pour lui ! Il en sera si heureux !… »

364.1

Dice Jesús:

«Levántate, María. Vamos a santificar el día con una página del Evangelio. Porque mi Palabra es santificación. Ve, María. Porque ver los días terrenos de Cristo es santificación. Escribe, María. Porque escribir acerca de Cristo es santificación, repetir lo que dice Jesús es santificación, predicar a Jesús es santificación, instruir a los hermanos es santificación. Grande será tu recompensa por esta obra de caridad».

364.2

Jesús ha dejado Rama (visión del 17-12-45) y ya está a la vista de Jerusalén. Mientras anda — como el año pasado — va cantando los salmos prescritos. Muchos, en la vía llena de gente, se vuelven para mirar al grupo apostólico que pasa. Quién saluda con reverencia; quién se limita a echar una ojeada curiosa (éstas son por lo general las mujeres), sonriendo respetuosamente; quién se limita a observar; quién dibuja en sus labios una sonrisita irónica y desdeñosa; quién, en fin, pasa altivo y con evidente malevolencia. Jesús va tranquilo, vestido con una túnica limpia y buena. También Él, como todos, se ha cambiado, para entrar con orden y, diría, con elegancia, en la ciudad santa.

Y también Margziam este año está a la altura de las circunstancias con su ropa nueva. Camina al lado de Jesús, cantando a pleno pulmón, con esa voz suya que la verdad es que es un poquillo áspera porque no es todavía viril. Pero su tono imperfecto se pierde en el coro, lleno, de las voces de sus compañeros, emergiendo sólo, límpido como tintín de plata, en los agudos que emite todavía con voz blanca y segura. Está feliz Margziam…

En un intervalo de los cantos — ya a la vista de la Puerta de Damasco, porque entran por allí para ir inmediatamente al Templo —, mientras esperan a que pase una pomposa caravana que ocupa toda la vía y crea obstrucciones (de forma que los prudentes se detienen en los márgenes), Margziam pregunta: «Señor mío, ¿no vas a decir otra parábola bonita para tu hijo lejano? Querría unirla a los otros escritos que tengo; porque está claro que en Betania vamos a encontrar a sus enviados y sus noticias. Y me consume el deseo de darle una alegría, según le prometí y su corazón y el mío queremos…».

«Sí, hijo mío. Te daré la parábola».

«Pero una que le consuele, que le diga que sigue siendo tu amado…».

«Así lo diré. Y será para mí alegría porque será decir una ver­dad».

«¿Cuándo la vas a decir, Señor?».

«Inmediatamente. Vamos a ir en seguida al Templo, como es deber, y allí hablaré antes de que se me impida hacerlo».

«¿Y vas a hablar para él?».

«Sí, hijo mío».

«¡Gracias, Señor! Debe ser muy doloroso el estar separado así…» dice Margziam, que tiene casi un brillo de llanto en sus ojos negros.

Jesús le pone la mano encima del pelo

364.3

y se vuelve para indicar a los doce que se acerquen y así reprender la marcha. Y es que los doce se habían detenido a oír lo que decían algunos, no sé si creyentes en el Maestro o deseosos de conocerle, que a su vez se habían parado por la misma causa que había detenido a Jesús y a los suyos.

«Ya vamos, Maestro. Estábamos escuchando a éstos. Algunos de ellos son prosélitos que vienen de lejos y preguntaban que dónde podrían acercarse a conocerte» dice Pedro yendo.

«¿Por qué motivo lo desean?».

Y Pedro, ya al lado de Jesús — que está reanundando la marcha — dice: «Porque quieren oír tu palabra, y para ser curados de algunas enfermedades. ¿Ves ese carro cubierto, después de ellos? Dentro hay prosélitos de la Diáspora que han venido por mar o con un largo viaje, movidos a realizarlo además de por el respeto a la Ley por la fe en ti. Los hay de Éfeso, Perge e Iconio, y hay uno, pobre, de Filadelfia, al que han acogido en el carro por piedad los otros, que son mercantes ricos por lo general, pensando propiciarse al Señor».

«Margziam, ve a decirles que me sigan al Templo. Tendrán lo uno y lo otro: salud del alma, con la palabra, y salud para los cuerpos si saben tener fe».

El jovencito va ligero. Pero de los doce se eleva un coro de desaprobación por “la imprudencia” de Jesús, que quiere mostrarse públicamente en el Templo…

«Vamos a propósito, para que vean que no tengo miedo. Para que vean que ninguna amenaza me puede hacer desobedecer al precepto. ¿Pero es que no habéis entendido todavía su juego? Todas estas amenazas, todos estos consejos, amigables sólo en apariencia, tienen la pretensión de hacerme pecar, para poder disponer de un elemento verdadero de acusación. No seáis cobardes. Tened fe. No es mi hora».

«¿Pero por qué no vas antes a tranquilizar a tu Madre? Te espera…» dice Judas Iscariote.

«No. Primero voy al Templo, que, hasta el momento señalado por el Eterno para la nueva época, es la Casa de Dios. Mi Madre, esperándome, sufrirá menos de lo que sufriría sabiendo que estoy predicando en el Templo. De esta forma, honraré al Padre y a la Madre, dándole al Primero la primicia de mis horas pascuales, y a la segunda la tranquilidad. Vamos. No temáis. Por lo demás, quien tenga miedo que vaya al Getsemaní, a incubar su miedo entre las mujeres».

Los apóstoles, con la pulla de esta última observación, no hablan más. Se ponen de nuevo en fila, de tres en tres. Sólo en la fila donde está Jesús, la primera, son cuatro, hasta que llega Margziam y la hace de cinco (tanto que Judas Tadeo y el Zelote se ponen detrás de Jesús, dejándole así en el centro entre Pedro y Margziam).

364.4

En la Puerta de Damasco ven a Manahén. «Señor, he pensado que era mejor que me vieran, para disolver toda posible duda sobre la situación. Te aseguro que, aparte de la malevolencia de los fariseos y escribas, no hay nada que sea peligroso para ti. Puedes ir seguro».

«Lo sabía, Manahén. De todas formas, te lo agradezco. Ven conmigo al Templo, si no te es molestia…».

«¡Molestia? ¡Por ti desafiaría al mundo entero! ¡Afrontaría cualquier fatiga!».

Judas Iscariote barbota algunas palabras. Manahén se vuelve ofendido. Dice con voz segura: «No, hombre. No son “palabras”. Le ruego al Maestro que compruebe mi sinceridad».

«No hace falta, Manahén. Vamos».

Siguen adelante entre el atasco de gente. Llegados a una casa amiga, se liberan de los talegos; Santiago, Juan y Andrés los depositan por todos en un atrio largo y obscuro, y luego dan alcance a sus compañeros.

364.5

Entran en el recinto del Templo pasando cerca de la Antonia. Los soldados romanos miran, pero no se mueven. Se susurran algunas cosas. Jesús los observa, para ver si hay alguno que conozca. Pero no ve ni a Quintiliano ni al mílite Alejandro.

Ya están en el Templo, en medio del hormigueo de gente, poco sagrado, de los primeros patios, donde hay mercaderes y cambistas. Jesús mira y vibra. Se pone pálido. Su andadura severa es tan solemne, que parece aumentar más todavía de estatura.

Judas Iscariote le tienta: «¿Por qué no repites aquel gesto santo? Ya ves… lo han olvidado… De nuevo la profanación ha entrado en la Casa de Dios. ¿No te duele? ¿No te lanzas a defender?». Este rostro moreno y bello, pero irónico y falso (a pesar de todas las artes de Judas para que no aparezca así), toma un aspecto incluso vulpino mientras, un poco agachado, como por reverencial respeto, dice estas palabras a Jesús, escrutándole de abajo arriba.

«No es la hora. Pero todo eso será purificado. ¡Y para siempre!…» dice secamente Jesús.

Judas sonríe ligeramente y comenta: «¡¡El “para siempre” de los hombres!! ¡Ya ves, Maestro, que es muy precario!…».

Jesús no le responde, pues trata de saludar desde lejos a José de Arimatea, que pasa seguido por otras personas, envuelto en sus vistosos indumentos.

Recitan las oraciones rituales y luego regresan al Patio de los Gentiles, bajo cuyos pórticos se agolpa la gente.

364.6

Los prosélitos a los que habían encontrado viniendo al Templo han seguido todo este tiempo a Jesús. Han traído con ellos a sus enfermos y ahora los están colocando a la sombra, debajo de los pórticos, cerca del Maestro. Sus mujeres, que los han esperado aquí, se acercan muy despacio. Todas veladas. Pero una está ya sentada, quizás por estar enferma, y las compañeras la llevan al lado de los otros enfermos. Más gente se agolpa alrededor de Jesús. Veo estupor y desorientación en los grupos rabínicos y sacerdotales por la abierta venida y la abierta predicación de Jesús.

«¡La paz sea con todos vosotros que escucháis!

La Pascua Santa trae de nuevo a los hijos fieles a la Casa del Padre. Parece, esta Pascua bendita nuestra, una madre que piensa solícita en el bien de sus hijos, que los llama con fuerte voz para que vengan de todas partes, aplazando todas las ocupaciones por una más importante, la única que es verdaderamente grande y útil: honrar al Señor y Padre. En esto se comprende que somos hermanos; de esto, con testimonio delicado, surge el orden y el compromiso de amar al prójimo como a uno mismo. ¿No nos hemos visto nunca? ¿No sabíamos los unos de los otros? Así es. Pero, si estamos aquí, porque somos hijos de un único Padre que quiere congregarnos en su Casa para el banquete pascual, entonces, aunque no sea con los sentidos materiales, sí ciertamente con la parte superior, sentimos que somos iguales, hermanos, provenientes de Uno solo, y nos amamos, por tanto, como si hubiéramos crecido juntos. Y esta unión de amor nuestra es anticipación de la otra, más perfecta, de que gozaremos en el Reino de los Cielos, bajo la mirada de Dios, abrazados todos por su Amor: Yo, Hijo de Dios y del hombre, con vosotros, hombres hijos de Dios; Yo, Primogénito, con vosotros, hermanos amados sobre toda humana medida, hasta hacerme Cordero por los pecados de los hombres.

Recordemos también, nosotros que gozamos en el momento presente de nuestra fraterna unión en la Casa del Padre, a los que están lejos y también son hermanos nuestros en el Señor y en el origen. Tengámolos en nuestro corazón. Llevemos en nuestro corazón ante el altar santo a los ausentes. Oremos por ellos, recogiendo con el espíritu sus lejanas voces, sus añoranzas de estar aquí, sus anhelos. Y, de la misma forma que recogemos estos conscientes anhelos de los israelitas lejanos, recojamos también los de las almas que pertenecen a hombres que no saben siquiera que tienen un alma y que son hijos de Uno solo. Todas las almas del mundo gritan en las prisiones de los cuerpos hacia el Altísimo. Alzan, en oscura cárcel, su gemido hacia la Luz. Nosotros, que estamos en la luz de la fe verdadera, tengamos misericordia de ellos.

364.7

Oremos así:

Padre nuestro que estás en los Cielos, sea santificado por toda la humanidad tu Nombre. Conocer tu Nombre es encaminarse hacia la santidad. Haz, Padre santo, que los gentiles y paganos conozcan tu existencia, y que vengan a Dios, a ti, Padre, guiados por la Estrella de Jacob, por la Estrella de la Mañana, por el Rey y Redentor de la estirpe de David, por tu Ungido, ya ofrecido y consagrado para ser Víctima por los pecados del mundo; que vengan como los tres sabios de entonces, de un tiempo ya lejano pero no inoperante, porque nada de lo que tiene algo que ver con la venida de la Redención al mundo es inoperante.

Venga tu Reino a todos los lugares de la tierra: donde se te conoce y ama, y donde aún no se te conoce; y, sobre todo, a los que son triplemente pecadores, los cuales, aun conociéndote, no te aman en tus obras y manifestaciones de luz, y tratan de rechazar y apagar la Luz que ha venido al mundo, porque son almas de tinieblas, que prefieren las obras de tinieblas, y no saben que querer apagar la Luz del mundo es ofenderte a ti mismo, porque Tú eres Luz santísima y Padre de todas las luces, comenzando por la que se ha hecho Carne y Palabra para traer tu luz a todos los corazones de buena voluntad.

Padre santísimo, que todos los corazones de este mundo hagan tu voluntad, es decir, que se salven todos los corazones y no quede para ninguno sin fruto el sacrificio de la Gran Víctima; porque ésta es tu voluntad: que el hombre se salve y goce de ti, Padre santo, después del perdón que está para ser otorgado.

Danos tu ayuda, Señor: todas tus ayudas. Ayuda a todos los que esperan, a los que no saben esperar, a los pecadores con el arrepentimiento que salva, a los paganos con la herida de tu llamada que estremece; ayuda a los infelices, a los reclusos, a los desterrados, a los enfermos en el cuerpo o en el espíritu, a todos, Tú que eres el Todo; porque el tiempo de la Misericordia ha llegado.

Perdona, Padre bueno, los pecados de tus hijos. Los de tu pueblo, que son los más graves, los de los culpables de querer estar en el error, mientras que tu amor de predilección ha dado la Luz precisamente a este pueblo. Perdona a los que están afeados por un paganismo corrompido que enseña el vicio, y se hunden en la idolatría de este paganismo pesado y mefítico, mientras que entre ellos hay almas preciadas y que Tú amas porque las has creado. Nosotros perdonamos, Yo el primero, para que Tú puedas perdonar. E invocamos tu protección sobre la debilidad de las criaturas para que libres del Principio del Mal, del cual vienen todos los delitos, idolatrías, culpas, tentaciones y errores, a tus criaturas. Líbralas, Señor, del Príncipe horrendo, para que puedan acercarse a la Luz eterna».

364.8

La gente ha seguido atenta esta solemne oración. Se han acercado rabíes famosos, entre los cuales, sujetándose pensativo el barbado mentón, está Gamaliel… Y se ha acercado también un grupo de mujeres, enteramente envueltas en mantos, con una especie de capucha que oculta sus rostros. Y los rabíes se han acercado con desprecio… Y también han venido, reclamados por la noticia de que había llegado el Maestro, muchos discípulos fieles, entre los cuales están Hermas, Esteban y el sacerdote Juan. Y también Nicodemo y José, inseparables, y otros amigos suyos que creo haber visto ya.

Durante la pausa que sigue a la oración del Señor, recogido ahora dentro de sí, solemnemente austero, se oye a José de Arimatea decir: «¿Y entonces, Gamaliel? ¿No te parece todavía palabra del Señor?».

«José, se me dijo: “Estas piedras se estremecerán con el sonido de mis palabras”» responde Gamaliel.

Esteban, impetuosamente, grita: «¡Cumple el prodigio, Señor! ¡Da la orden, y se desarticularán! ¡Gran don sería que se derrumbase el edificio, pero se elevaran en los corazones las murallas de tu Fe! ¡Házselo a mi maestro!».

«¡Blasfemo!» grita un grupo rabioso de rabíes con sus alumnos.

«No» grita a su vez Gamaliel. «Mi discípulo habla con palabra inspirada. Pero nosotros no somos capaces de aceptarla porque el Ángel de Dios todavía no nos ha purificado[1] del pasado con el tizón tomado del Altar de Dios… Y, quizás, ni aunque el grito de su voz» y señala a Jesús «desencajara los quicios de estas puertas, sabríamos creer…». Se recoge un extremo del amplio manto blanquísimo y con él se cubre la cabeza, ocultándose casi el rostro; luego se marcha.

Jesús le mira mientras se va…

364.9

Luego continúa hablando. Ahora responde a algunos que murmuran entre sí, que se muestran escandalizados y que hacen más visible su escándalo descargándolo sobre Judas de Keriot, con una rociada de protestas que el apóstol encaja sin reaccionar, encogiéndose de hombros y poniendo una cara que de satisfecha no tiene nada.

Jesús dice:

«En verdad, en verdad os digo que los que parecen ilegítimos son hijos verdaderos, y que los que son hijos verdaderos se hacen ilegítimos. Escuchad todos una parábola.

Hubo una vez un hombre que, debido a algunas ocupaciones, tuvo que ausentarse durante largo tiempo de casa, dejando en ella a algunos hijos que todavía eran poco más que unos niños. Desde el lugar en que se hallaba, escribía cartas a sus hijos mayores para mantener siempre en ellos el respeto hacia el padre lejano y para recordarles sus enseñanzas. El último, nacido después de su partida, se estaba criando todavía con una mujer que vivía lejos de allí, de la región de la esposa, que no era de su raza. Y la esposa murió, siendo pequeño y viviendo lejos de casa todavía este hijo. Los hermanos dijeron: “Dejémosle allí, donde está, con los parientes de nuestra madre. Quizás nuestro padre se olvida de él. Saldremos ganando porque tendremos que repartir con uno menos, cuando nuestro padre muera”. Y así lo hicieron. De esta forma, el niño lejano creció con los parientes maternos, ignorando las enseñanzas de su padre, ignorando que tenía un padre y unos hermanos, o, peor, conociendo la amargura de esta reflexión: “Todos ellos me han desechado como si fuera ilegítimo”, y tanto se sentía repudiado por su padre, que llegó incluso a creer que ello fuera verdad.

Siendo ya un hombre y habiéndose puesto a trabajar — porque, agriado como estaba por los pensamientos mencionados, aborrecía también a la familia de su madre, a quien consideraba culpable de adulterio —, quiso el azar que este joven fuera a la ciudad donde estaba su padre. Y entró en contacto con él, aunque no sabía quién era, y tuvo la ocasión de oírle hablar. El hombre era un sabio. No teniendo la satisfacción de los hijos, que estaban lejos — a esas alturas ya vivían por su cuenta y mantenían con su padre lejano sólo unas relaciones convencionales… bueno, para recordarle que eran “sus” hijos y que, como consecuencia, se acordara de ellos en el testamento —, se ocupaba mucho en dar rectos consejos a los jóvenes a quienes tenía ocasión de conocer en esa tierra en que estaba. El joven se sintió atraído por esa rectitud, que era paterna hacia muchos jóvenes; no sólo se acercó a él, sino que atesoró todas sus palabras, y vino a hacer bueno su agriado ánimo. El hombre enfermó. Tuvo que decidir regresar a su patria. El joven le dijo: “Señor, eres la única persona que me ha hablado con justicia y me ha elevado el corazón. Deja que te siga como siervo. No quiero volver a caer en el mal de antes”. “Ven conmigo. Ocuparás el puesto de un hijo del que no he podido volver a tener noticias”. Y regresaron juntos a la casa paterna.

Ni el padre ni los hermanos ni el propio joven intuyeron que el Señor hubiera congregado de nuevo a los de una única sangre bajo un único techo.

Mas el padre hubo de llorar mucho por sus hijos conocidos, porque los encontró olvidados de sus enseñanzas, codiciosos, duros de corazón, con muchas idolatrías en sus corazones en vez de creyentes en Dios: la soberbia, la avaricia y la lujuria eran sus dioses, y no querían oír hablar de nada que no fuera ganancia humana. El extranjero, sin embargo, cada vez se acercaba más a Dios; se hacía cada vez más justo, bueno, amoroso, obediente. Los hermanos le odiaban porque el padre quería a ese extranjero. Él perdonaba y amaba porque había comprendido que en el amor estaba la paz.

El padre, un día, disgustado con la conducta de sus hijos, dijo: “Vosotros os habéis desinteresado de los parientes de vuestra madre, y hasta de vuestro hermano. Me recordáis la conducta de los hijos de Jacob hacia su hermano José[2]. Quiero ir a esas tierras para tener noticias de él. Quizás le encuentro para consuelo mío”. Y se despidió, tanto de los hijos conocidos como del joven desconocido, dando a este último una reserva de dinero para que pudiera volver al lugar de donde había venido y montar allí un pequeño comercio.

Llegado a la región de su difunta esposa, los familiares de ella le contaron que el hijo abandonado había pasado a llamarse Manasés[3], de Moisés que se llamaba, porque realmente con su nacimiento había hecho olvidar al padre que era justo, pues lo había abandonado.

“¡No me ofendáis! Me habían referido que se había perdido el rastro del niño. Y no esperaba siquiera encontrar aquí a ninguno de vosotros. Pero habladme de él. ¿Cómo es? ¿Ha crecido robusto? ¿Se parece a mi amada esposa que se consumió dándomele? ¿Es bueno? ¿Me ama?”.

“Robusto, es robusto, y guapo como su madre, aparte de tener los ojos de un color negro intenso. De su madre tiene hasta la mancha de forma de algarroba en la cadera, y de ti ese estorbo ligero de la pronunciación. Cuando se hizo hombre, se marchó, agriado por su sino, con dudas sobre la honestidad de su madre, y sintiendo rencor hacia ti. Habría sido bueno, si no hubiera tenido este rencor en el alma. Se marchó más allá de los montes y de los ríos. Llegó a Trapecius para…”

“¿Decís Trapecius? ¿En Sinopio? Seguid, seguid, que yo estaba allí, y vi a un joven con este ligero estorbo en la pronunciación, solo y triste, y muy bueno por debajo de su costra de dureza. ¿Es él? ¡Hablad!”.

«Quizás es. Búscale. En la cadera derecha tiene la algarroba saliente y obscura como la tenía tu mujer”.

El hombre se marchó a toda velocidad, con la esperanza de encontrar todavía al extranjero en su casa. Había partido ya para regresar a la colonia de Sinopio. El hombre fue detrás… Le encontró. Le hizo acercarse para descubrirle la cadera. Le reconoció. Cayó de rodillas alabando a Dios por haberle devuelto el hijo, y más bueno que los otros, que cada vez se hacían más animales, mientras que éste, en estos meses que habían pasado, se había hecho cada vez más santo. Y dijo al hijo bueno: “Recibirás la parte de tus hermanos, porque, sin ser amado por nadie, te has hecho más justo que todos los demás”.

¿No era, acaso, justicia? Lo era. En verdad os digo que son verdaderos hijos del Bien aquellos que, rechazados por el mundo y despreciados, odiados, vilipendiados, abandonados como ilegítimos, considerados oprobio y muerte, saben superar a los hijos crecidos en la casa pero rebeldes a las leyes de ésta. No es el hecho de ser de Israel lo que da derecho al Cielo; ni asegura el destino el ser fariseos, escribas o doctores. La cosa es tener buena voluntad y acercarse generosamente a la Doctrina de amor, hacerse nuevos en ella, hacerse por ella hijos de Dios en espíritu y verdad.

Sabed todos los que me escucháis que muchos, que se creen seguros en Israel, serán substituidos por los que para ellos son publicanos, meretrices, gentiles, paganos y galeotes. El Reino de los Cielos es de quien sabe renovarse acogiendo la Verdad y el Amor».

364.10

Jesús se vuelve hacia el grupo de los enfermos prosélitos. «¿Sabéis creer en cuanto he dicho?» pregunta con voz fuerte.

«¡Sí! ¡Señor!» responden en coro.

«¿Queréis acoger la Verdad y el Amor?».

«¡Sí! ¡Señor!».

«¿Os quedaríais satisfechos aunque no os diera más que Verdad y Amor?».

«Señor, Tú sabes qué es lo que necesitamos más. Danos, sobre todo, tu paz y la vida eterna».

«¡Levantaos e id a alabar al Señor! Estáis curados en el Nombre santo de Dios».

Y, rápido, se dirige hacia la primera puerta que encuentra, y se mezcla con la muchedumbre que satura Jerusalén, antes de que la emoción y el estupor que hay en el Patio de los Paganos pueda transformarse en aclamadora búsqueda de Él…

Los apóstoles, desorientados, le pierden de vista. Sólo Margziam, que no ha dejado nunca de tenerle cogido un extremo del manto, corre a su lado, feliz, y dice: «¡Gracias, gracias, gracias, Maestro! ¡Por Juan, gracias! He escrito todo mientras hablabas. Sólo me queda añadir el milagro. ¡Qué bonito! ¡Justo para él! ¡Se pondrá muy contento!…».


Notes

  1. comme l’année précédente, en 195.4.
  2. ton fils absent : il s’agit de Jean d’En-Dor.
  3. le geste saint, celui de 53.4.
  4. purifiés, comme en Is 6, 6-7.
  5. conduite relatée en Gn 37, 3-28.
  6. Manassé, nom expliqué en Gn 41, 51.

Notas

  1. el Ángel de Dios todavía no nos ha purificado… es imagen tomada de Isaías 6, 6-7.
  2. la conducta de los hijos de Jacob hacia su hermano José está narrada en Génesis 37, 3-28.
  3. Manasés, en el significado de Génesis 41, 51 y explicado enseguida y en 508.5.