The Writings of Maria Valtorta

409. Le drame familial de Jean, membre du Sanhédrin.

409. The family drama of the Sanhedrin John.

409.1

Joseph d’Arimathie se repose dans une pièce à demi-obscure, car tous les rideaux sont baissés pour protéger du soleil. Un silence absolu règne dans toute la maison. Joseph somnole sur un siège bas couvert d’une natte… Entre un serviteur qui se dirige vers son maître, et le touche pour l’éveiller. Joseph ouvre des yeux encore ensommeillés et lève vers son serviteur un regard interrogatif.

« Maître, ton ami Jean est là…

– Mon ami Jean ? Comment est-il ici, puisque le sabbat n’est pas fini ? »

La surprise de la visite d’un membre du Sanhédrin un jour de sabbat réveille pleinement Joseph :

« Fais-le immédiatement entrer. »

Le serviteur sort, et Joseph, en attendant, va et vient d’un air pensif, dans la pièce à demi-obscure et fraîche…

« Que Dieu soit avec toi, Joseph ! » dit le membre du Sanhédrin, Jean.

C’est celui que nous avons vu[1] au premier banquet donné pour Jésus à Arimathie, ainsi que chez Lazare à la dernière Pâque, toujours en qualité, sinon de disciple, du moins de personne qui n’éprouve pas de haine envers Jésus.

« Et avec toi, Jean ! Mais… te sachant juste, je m’étonne de te voir avant le crépuscule…

– C’est vrai. J’ai violé la loi du Sabbat. Et j’ai péché en toute connaissance de cause. C’est donc un grand péché… Et le sacrifice que je consommerai pour être pardonné sera grand lui aussi. Mais la raison qui m’y a poussé est beaucoup plus importante… Yahvé, qui est juste, aura pitié de son serviteur coupable, à cause du motif sérieux qui m’a poussé à la faute…

– Autrefois, tu ne parlais pas ainsi. Pour toi, le Très-Haut était seulement rigoureux, inflexible. Et tu étais parfait parce que tu le craignais comme un Dieu inexorable…

– Oh ! parfait… Joseph, je ne t’ai jamais confessé mes fautes secrètes… Mais, c’est vrai, je jugeais Dieu inexorable, comme beaucoup de gens en Israël. On nous a appris à croire qu’il est le Dieu des vengeances…

– Et tu as continué à le penser même après la venue du Rabbi pour faire connaître à son peuple le vrai visage de Dieu, son vrai cœur… Un visage, un cœur de Père…

– C’est vrai, c’est vrai. Mais… je ne l’avais pas encore entendu parler longuement… Cependant… tu te rappelleras que, dès la première fois que je l’ai vu au banquet chez toi, j’ai gardé une attitude de respect… sinon d’amour pour le Rabbi.

– C’est juste… Mais pour le bien que je te veux, je souhaiterais que tu arrives à une attitude d’amour pour lui. C’est trop peu que le respect…

– Toi, tu l’aimes, n’est-ce pas, Joseph ?

– Oui. Et je te l’affirme, bien que je sache que les princes des prêtres haïssent ceux qui aiment le Rabbi. Mais tu n’es pas capable d’être un délateur…

– Non, c’est juste… Je voudrais être comme toi. Mais y parviendrai-je jamais ?

– Je prierai à cette intention. Ce serait ton salut éternel, mon ami… »

409.2

Un silence plein de réflexions s’installe… Puis Joseph demande :

« Tu m’as dit qu’une raison importante t’a poussé à violer le sabbat. Quelle est-elle ? Puis-je te le demander sans me montrer trop indiscret ? Je pense que tu es venu pour obtenir l’aide de ton ami… Et pour cela, je dois être au courant… »

Jean se passe la main sur son front large et légèrement dégarni — celui d’un homme fait — et le serre, il caresse machinalement ses cheveux qui commencent seulement à grisonner, sa barbe touffue et carrée… Puis il lève la tête et fixe Joseph :

« Oui, c’est un motif sérieux et pénible. Ainsi que… une grande espérance…

– De quoi s’agit-il ?

– Joseph, sache que ma maison est un enfer. D’ailleurs, bientôt ce n’en sera plus une, tant elle sera… dévastée, dispersée, détruite, finie.

– Quoi ? Que dis-tu ? Tu divagues ?

– Non, je ne délire pas. Ma femme veut s’en aller… Cela t’étonne ?

– … Oui… parce que… je l’ai toujours connue bonne et… votre famille me paraissait exemplaire… toi, tu es toute bonté… elle, toute vertu… »

Jean s’assied, la tête entre les mains…

Joseph poursuit :

« Maintenant… cette… cette décision… Moi… Voilà… je ne puis croire qu’Anne ait fauté… ou que tu aies fauté, toi… Mais je le crois encore moins d’elle… qui ne connaît que sa maison, ses enfants… Non !… De sa part, il ne peut y avoir eu péché !…

– En es-tu sûr ? Vraiment sûr ?

– Mon pauvre ami ! Je n’ai pas l’œil de Dieu, mais pour autant que je puisse en juger, c’est ainsi que je vois les choses…

– Tu ne penses pas qu’Anne soit… infidèle ?

– Anne ? ! Mais, mon ami ! Le soleil d’été t’a fait perdre la tête ? Infidèle avec qui ? Elle ne sort jamais de chez elle, elle préfère la campagne à la ville. Elle travaille comme la première des servantes, elle est humble, réservée, travailleuse, affectueuse pour toi, pour les enfants. Une femme légère n’aime pas cela. Tu peux en être sûr. Oh, Jean, mais sur quoi fondes-tu tes soupçons ? Depuis quand ?

– Depuis toujours.

– Depuis toujours ? Mais alors, c’est une maladie !…

– Oui. Et… Joseph, moi j’ai beaucoup de torts. Mais je ne veux pas te les avouer à toi seul. Avant-hier, des disciples et des pauvres sont passés chez moi. Ils disaient que le Rabbi venait chez toi. Et hier… hier, ce fut une journée de grande tempête pour ma maison… si bien qu’Anne a pris la décision que j’ai dite… Pendant la nuit — et quelle nuit ! —, j’ai beaucoup réfléchi… Et j’ai conclu que lui seul, le Rabbi parfait…

– Divin, Jean, divin !

– Comme tu voudras… Que lui seul peut me guérir et réparer… reconstruire ma maison, me rendre mon Anne… mes enfants… tout… »

L’homme pleure et, au milieu de ses larmes, il continue :

« Car lui seul voit et dit la vérité… Et je croirai en lui…

409.3

Joseph, mon ami, laisse-moi rester ici à l’attendre…

– Le Maître est ici. Il va partir après le crépuscule. Je vais te le chercher »

Et Joseph sort.

Après quelques minutes d’attente, le rideau s’écarte de nouveau pour laisser passer Jésus… Jean se lève, puis s’incline en une salutation respectueuse.

« Paix à toi, Jean. Pour quelle raison me cherches-tu ?

– Pour que tu m’aides à voir… et pour que tu me sauves. Je suis très malheureux. J’ai péché contre Dieu et contre ma chair jumelle. Et de péché en péché, j’en suis venu à violer la loi du sabbat. Absous-moi, Maître.

– La loi du sabbat ! Cette grande et sainte loi ! Loin de moi la pensée de la juger de peu d’importance et périmée. Mais pourquoi la places-tu avant le premier des commandements ? Eh quoi ! Tu demandes l’absolution pour avoir violé le sabbat, et pas pour avoir manqué à l’amour et avoir torturé une innocente, pour avoir amené au désespoir et au seuil du péché l’âme de ton épouse ? Mais c’est de cela que tu devais te tourmenter plus que de toute autre chose : de la calomnie que tu as commise à son égard…

– Seigneur, je n’en ai parlé qu’à Joseph, il y a un instant, avec personne d’autre, sois-en sûr. Je dissimulais tellement bien ma douleur que Joseph, mon bon ami, ne s’est aperçu de rien et qu’il en a été surpris. Maintenant, il t’en a parlé, mais pour me venir en aide. Le juste Joseph n’en soufflera mot à personne.

– Il ne m’a rien dit, sinon que tu voulais me voir.

– Oh ! dans ce cas, comment es-tu au courant ?

– Comment je le sais ? Comme Dieu connaît les secrets des cœurs. Veux-tu que je te dise l’état du tien ?… »

Joseph est sur le point de se retirer discrètement, mais Jean lui-même l’arrête :

« Reste ! Tu es pour moi un ami ! Tu peux m’aider auprès du Rabbi, toi qui es le paranymphe[2] de mon mariage !… »

Joseph revient sur ses pas.

« Veux-tu que je te le dise ? Veux-tu que je t’aide à te connaître toi-même ? N’aie pas peur, je n’ai pas la main cruelle ! Je sais découvrir les blessures, mais je ne les fais pas saigner pour les soigner. Je sais comprendre et être indulgent. Et je sais soigner et guérir : il suffit de le vouloir pour l’être. Toi, tu as cette volonté, c’est pourquoi tu m’as cherché. Assieds-toi ici, à côté de moi, entre Joseph et moi. Il a été le paranymphe de tes noces terrestres, et je voudrais être, moi, le paranymphe de tes noces spirituelles… Oui, je le veux !…

409.4

Et maintenant, écoute-moi bien, et réponds avec franchise à tout. Que penses-tu que soit l’acte de Dieu de la création de l’homme et de la femme pour qu’ils soient unis ? Un acte bon ou mauvais ?

– Bon, Seigneur, comme tout ce que fait Dieu.

– Tu as bien répondu. Maintenant, dis-moi : si cet acte était bon, quelles devaient être ses conséquences ?

– Bonnes pareillement, Seigneur. Et elles le furent, bien que Satan soit entré pour les troubler, car Adam a toujours eu le réconfort d’Eve, et Eve celui d’Adam. Ce fut encore plus sensible lorsque, seuls, exilés sur la terre, ils furent le soutien l’un de l’autre. Et les conséquences matérielles furent bonnes, elles aussi : les enfants par lesquels se propagea l’homme, et à travers lesquels brillèrent la puissance et la bonté de Dieu.

– Pourquoi ? Quelle puissance et quelle bonté ?

– Mais… celles qui s’exercent en faveur des hommes. Si nous regardons en arrière… oui… il y a de justes punitions mais il y a, en plus grand nombre, les bontés… et c’est une bonté infinie que l’alliance conclue avec Abraham, répétée à Jacob et, le temps passant, jusqu’aujourd’hui, et cela par des bouches qui ne connaissaient pas le mensonge : les prophètes… jusqu’à Jean…

– Et par celle du Rabbi, Jean, interrompt Joseph.

– Celle-là n’est pas une bouche de prophète… Ce n’est pas une bouche de Maître… C’est… davantage. »

Jésus a un sourire à peine esquissé devant la… profession de foi encore implicite du membre du Sanhédrin, qui n’arrive pas à dire : “ C’est une bouche divine ”, mais qui déjà le pense.

« Donc Dieu a bien fait d’unir l’homme et la femme. C’est dit. Mais comment veut-il qu’ils soient ? demande Jésus.

– Une seule chair.

– C’est bien. Or la chair peut-elle se haïr elle-même ?

– Non.

– Un membre peut-il haïr l’autre membre ?

– Non.

– Un membre peut-il se séparer de l’autre membre ?

– Non. Une gangrène seule, ou une lèpre, ou un malheur peuvent couper un membre du reste du corps.

– Très bien. Par conséquent, seul quelque chose de douloureux ou de mauvais peut séparer ce qui, de par la volonté de Dieu, n’est qu’un ?

– C’est cela, Maître.

409.5

– Puisque tu en as la conviction, pourquoi n’aimes-tu pas ta chair, pourquoi la détestes-tu au point de susciter une gangrène entre les deux membres, à cause de laquelle le membre blessé, le membre le plus faible, se sépare et te laisse seul ? »

Jean baisse la tête silencieusement en tordant les franges de son vêtement. Jésus reprend :

« Je vais t’en donner la raison. C’est que Satan, perturbateur comme toujours, s’est immiscé entre ton épouse et toi. Ou plutôt : il est entré en toi avec un amour désordonné pour elle. Quand l’amour est désordonné, il devient de la haine, Jean. Satan a travaillé ta sensualité de mâle pour arriver à te faire pécher. C’est par là qu’a commencé ta faute : par un désordre qui en a produit d’autres, de plus en plus fréquents et graves : tu n’as pas vu en ta femme uniquement ta bonne compagne et la mère de tes enfants, mais aussi un objet de plaisir, et cela a rendu tes pupilles semblables à celles du taureau qui voit tout de manière altérée. Tu as considéré comme toi, tu considérais. Voilà le regard que tu as porté sur ton épouse. Jouet pour ta volupté, tu l’as jugée telle aussi pour les autres, d’où ta jalousie fiévreuse, ta peur sans raison, ta tyrannie coupable qui a fait d’elle une femme apeurée, prisonnière, torturée, calomniée. Et qu’importe si tu ne lui donnes pas des coups de bâton, si tu ne lui fais pas des reproches publics ? Mais ton soupçon est un bâton, ton doute une diffamation ! Tu la calomnies en pensant qu’elle est capable d’arriver à te trahir. Qu’importe si tu la traites comme son rang te l’impose ? Mais elle est pour toi pire qu’une esclave dans l’intimité de la maison, à cause de ta luxure bestiale qui l’avilit plus que tout, et qu’elle a toujours supportée en silence et docilement, dans l’espoir de te convaincre, de te calmer, de te rendre bon. Or cela n’a servi qu’à t’exaspérer de plus en plus, jusqu’à faire de ta demeure un enfer où rugissent les démons de la sensualité et de la jalousie. La jalousie ! Mais que veux-tu qu’il y ait de plus calomnieux pour une femme ? Et qu’est-ce qui indique plus clairement l’état réel d’un cœur ? Crois bien que, là où elle se niche, si sotte, si déraisonnable, si dénuée de fondements, si outrageante, si obstinée, non, il n’existe pas d’amour du prochain ni de Dieu, mais seulement de l’égoïsme. C’est de cela, pas d’une fin de sabbat violée, que tu dois te tourmenter ! Pour que l’on te pardonne, il te faut remédier à la dévastation que tu as provoquée…

409.6

– Mais Anne veut s’en aller, désormais… Viens la persuader, toi… Toi seul, en l’entendant parler, tu peux juger si elle est réellement innocente et…

– Jean ! Tu veux guérir et tu refuses de croire mes paroles ?

– Tu as raison, Seigneur. Change mon cœur. C’est vrai : je n’ai pas de motif d’un soupçon fondé. Mais je l’aime tant… sensuellement, c’est vrai… Tu as bien vu… et tout est ténèbres en moi…

– Entre dans la lumière, sors de cette atroce fièvre ardente des sens. Cela te sera difficile, au début… Mais il te coûterait bien davantage de perdre une bonne épouse et de gagner l’enfer pour payer ton péché de manque d’amour, de calomnie et d’adultère, et le sien, car je te rappelle que celui qui pousse une femme au divorce se met et la met sur le chemin de l’adultère. Si tu sais résister pendant une lune au moins à ton démon, moi, je te promets que ton cauchemar sera fini. Me le promets-tu ?

– Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Je voudrais… mais c’est un feu… Eteins-le en moi, toi qui es puissant !… »

Le membre du Sanhédrin s’est laissé glisser à genoux devant Jésus et il pleure, la tête dans ses mains qu’il appuie au sol.

« Je vais te l’apaiser, te le circonscrire. Je vais mettre un frein et des limites à ce démon. Mais tu as beaucoup péché, Jean, et tu dois travailler par toi-même à te relever. Ceux que j’ai convertis sont venus à moi avec une volonté entière de devenir nouveaux, libres… Ils avaient déjà opéré, par leurs seules forces, le commencement de leur rédemption. Ainsi en était-il de Matthieu, de Marie, sœur de Lazare, et d’autres encore. Tu es venu ici seulement pour savoir si elle était coupable et pour que je t’aide à ne pas perdre la source où s’abreuvait ton plaisir. Je circonscrirai le pouvoir de ton démon, non pendant une lune mais pendant trois lunes. Pendant ce temps, médite et élève-toi. Propose-toi de commencer une nouvelle vie d’époux, une vie d’homme doté d’une âme, et non la vie de brute que tu as menée jusqu’à présent. Et fortifie-toi par la prière et la méditation, par la paix que je te donne pour trois mois, sache lutter, conquérir la vie éternelle, et retrouver l’amour et la paix de ton épouse et de ta maison. Va !

409.7

– Mais que vais-je dire à Anne ? Peut-être vais-je la trouver déjà prête à partir… Quelles paroles après tant d’années… d’offenses, pour la persuader que je l’aime et que je ne veux pas la perdre ? Viens, toi…

– Je ne puis. Mais c’est si simple… Sois humble. Prends-la à part et avoue ton tourment. Dis-lui que tu es venu me voir parce que tu veux que Dieu t’absolve. Et demande-lui de te pardonner, car le pardon de Dieu te sera concédé uniquement si elle le demande pour toi et te l’accorde en premier… Ah, malheureux ! Quel bien, quelle paix tu as perdus avec ta fièvre ! Quel mal crée l’indiscipline des sens, le désordre dans les affections ! Allons, lève-toi, et repars serein. Ne comprends-tu donc pas que, parce qu’elle est bonne et fidèle, elle est plus déchirée que toi à l’idée de te quitter, et qu’elle n’attend qu’un mot de toi pour te dire : “ Tout est pardonné ” ? Allons, va. Le crépuscule est tombé à présent. Tu ne commets donc pas de péché en rentrant chez toi… Et comme tu en as fait un pour venir à ton Sauveur, ton Sauveur t’en absout. Va en paix, et ne pèche plus.

– Oh ! Maître ! Maître… je ne mérite pas ces paroles !… Maître… moi… Je voudrais t’aimer, désormais…

– Oui, oui. Va. Ne tarde pas. Et souviens-toi de cette heure, quand je serai l’Innocent calomnié.

– Que veux-tu dire ?

– Rien. Va. Adieu. »

Sur ces mots, Jésus se retire et quitte les deux membres du Sanhédrin, émus et enflammés de le juger vraiment saint et sage, comme Dieu seul peut l’être.

409.1

Joseph of Arimathea is resting in a half-lit room, because all the curtains have been lowered as a protection from the sun. There is a death like silence in the entire house. Joseph is dozing in a low seat covered with mats… A servant enters, he goes towards his master and touches him to wake him. Joseph opens his sleepy eyes and looks at the servant inquisitively.

«Master, your friend John is here…»

«My friend John?! How is he here if the Sabbath is not yet over?!» Joseph has woken up with a start, surprised at the visit of a member of the Sanhedrin on a Sabbath. And he orders: «Let him come in at once.»

The servant goes out and, while waiting, Joseph walks pensively up and down the semi-dark cool room…

«May God be with you, Joseph!» says John, the member of the Sanhedrin we already saw[1] at the first banquet offered to Jesus at Arimathea, and also in Lazarus’ house at last Passover, always as a person not hostile to Jesus, although not a disciple.

«And with you, John! But… as I know that you are just, I am astonished at seeing you before sunset…»

«That’s true. I have infringed the Sabbatic law. And I sinned knowing that I was sinning. So, serious is my sin… And great will be the sacrifice that I will consume to be forgiven. And momentous is the reason that instigated my commission of this sin… Jehovah, Who is just, will be indulgent to His guilty servant in view of the important motive that drove me to sin…»

«Once you did not speak like that. The Most High was only rigid severity as far as you were concerned. And you were perfect because you feared Him as an inexorable God…»

«Oh! perfect!… Joseph, I have never confessed my secret faults to you… But it is true. I did judge God inexorable. Like many in Israel. We were taught to consider Him thus: the God of vengeance…»

«And you have continued to believe so even after the Rabbi came to let His people know the true Face of God, His true Heart… The Face, the Heart of a Father…»

«It’s true. But… I had never heard Him speak for any length of time… But… you will remember, since the first time I saw Him at the banquet in your house, I assumed an attitude of… respect, if not of love for the Rabbi.»

«That is true… But for the love I have for you I would like you to pass on to an attitude of love for Him. Respect is too little…»

«You love Him, don’t you, Joseph?»

«Yes, I do. And I am telling you, although I know that the Chief Priests hate those who love the Rabbi. But you are not capable of delation…»

«No. I am not… And I would like to be like you. But shall I ever succeed?»

«I will pray that you may succeed. It would be your eternal salvation, my dear friend…»

409.2

Silence follows full of reflections…

Then Joseph asks: «You told me that a serious reason drove you to infringe the Sabbath. Which? Can I ask you without being too indiscreet? I think that you have come to have help from your friend… And I must know, in order to help you…»

John rubs his forehead with his hand, he presses his broad forehead, which is beginning to go bald, as is typical of men in full virility, he mechanically caresses his grizzly hair, his thick squarecut beard… He then raises his head, stares at Joseph saying: «Yes. An important reason. And a painful one. And… a great hope…»

«Which?»

«Joseph, can you believe that my house is like hell and will soon no longer be a home… as it will soon be devastated, dispersed, destroyed, crushed?»

«What? What are you saying? Are you raving?»

«No, I am not… My wife wants to leave me… Are you surprised?»

«… Yes… I am… because I have always known her to be good… and because your family seemed to be a model one… you all kindness… she all virtue…»

John sits down holding his head in his hands…

Joseph goes on: «Now… this… decision… I… Well… I cannot believe that Anne has done anything wrong… or that you have… But I believe even less with regard to her… entirely devoted to her home and children… No!… There can be no fault in her!…»

«Are you sure? Really sure?»

«Oh! my poor friend! I have not the eye of God. But as far as I can judge, that is what I think…»

«Do you not think that Anne is… unfaithful…?»

«Anne?! But, my friend! Has the summer sun injured your brain? Unfaithful with whom? She never leaves the house, she prefers the country to town. She works as the best of her servants, she is nothing but humble, modest, active, loving with you and the children. A light woman does not love such things. Believe me. Oh! John, on what do you ground your suspicion? Since when?»

«I have always suspected.»

«Always? Well, yours is a disease!…»

«Yes. And… Joseph, I have many faults. But I do not want to confess them to you only. The day before yesterday some disciples and poor people passed by my house. They said that the Rabbi was on His way to your house. And yesterday… yesterday was a very stormy day for my house… so much so that Anne took the decision I told you… During the night – and what a night – I have pondered very much… And I came to the conclusion that only He, the perfect Rabbi…»

«Divine, John, divine!»

«… As you wish… That He only can cure me and repair… rebuild my house, giving Anne… my children… everything back to me…» The man is weeping and while shedding tears he continues: «Because He only sees and speaks the truth… and I will believe Him…

409.3

Joseph, my friend, let me stay here and wait for Him…»

«The Master is here. He will leave after sunset. I will go and call Him for you» and Joseph goes out…

After a few minutes the curtain is drawn again to let Jesus pass… John stands up and bows respectfully.

«Peace to you, John. Why have you been looking for Me?»

«That You may help me to see… and You may save me. I am very unhappy. I have sinned against God and against my wife. And from one sin to another I have come to the point of infringing the Sabbatic law. Absolve me, Master.»

«The Sabbatic law! A great holy law! And far be it from Me the idea of considering it of no importance and old-fashioned. But why do you put it before the first commandment? What? You ask Me to absolve you for infringing the Sabbath and you do not ask absolution for lacking charity and torturing an innocent soul, driving to despair and to the threshold of sin the soul of your wife? You ought to be distressed about that more than anything else! About calumniating her…»

«Lord I have only spoken to Joseph about it, a short time ago. I have not mentioned it to anybody else, believe me. I kept my grief so secret that my good friend Joseph was not aware of anything, and he was amazed when I told him. He has now told You, in order to help me. Joseph is a just man and he will not talk to anybody about it.»

«He has not mentioned it to Me. He only told Me that you wanted Me.»

«Oh! How do You know then?»

«How do I know? As God knows the secrets of hearts. Shall I tell you the state of your heart?»…

Joseph is about to withdraw discreetly. But John himself stops him saying: «Oh! Stay. You are my friend! Since you were groomsman at my wedding, you can help me with the Rabbi!…» and Joseph remains.

«Shall I tell you? Do you want Me to help you to know yourself? Oh! be not afraid! I do not have a cruel hand. I can uncover wounds but I do not make them bleed to cure them. I can understand and be indulgent. And I know how to cure and heal, provided one wants to be cured. And you do want it. So much so that you have looked for Me. Sit here, beside Me, between Joseph and Me. He was your groomsman at your earthly wedding. I would like to be the best man of your spiritual wedding… Oh! I would love that!…

409.4

Now, listen to Me carefully. And answer all My questions frankly. What do you think of the action of God Who created man and woman, so that they should be united? Was it a good or a bad thing?»

«A good one, Lord. Like all the things made by God.»

«You are right. Now tell Me: if the action was good, what were to be its consequences?»

«Equally good, Lord. And they were good, although Satan came to upset them, because Adam was always comforted by Eve, and Eve by Adam. And their consolation was more deeply felt when alone, exiles on the Earth, they supported each other. Also material consequences were good, that is, their children, through whom mankind propagated, and the power and goodness of God shone.»

«Why? Which power and goodness?»

«Well… the one carried out in favour of men. If we look back… yes… there are just punishments, but there are many, more numerous good deeds… And the Covenant made with Abraham and renewed with Jacob is infinite goodness… and up to the present day. And repeated by truthful lips: the prophets… up to John…»

«And by the Rabbi, John» interrupts Joseph.

«Those are not the lips of a prophet… or the lips of a Master… They are… much more.»

Jesus smiles lightly at the… still restricted profession of faith of the member of the Sanhedrin, who does not go to the extent of saying. «They are divine lips» although he already thinks so.

«So God did the right thing in joining man and woman together. Agreed. But how did He want man and woman to be?» asks Jesus.

«One body only.»

«All right. Now, can the body hate itself?»

«No.»

«Can one member hate another member?»

«No.»

«Can one member separate from another?»

«No. Gangrene only, or leprosy or an accident can amputate a member from the rest of the body.»

«Very well. Therefore only a sorrowful or wicked thing can separate what by God’s will is one unit only?»

«It is so, Master.»

409.5

«Well, then, although you are convinced of such things, why do you not love your body, and you hate it so much, that you get gangrene to grow between one member and another, whereby the weaker member, the mortified one, separates and leaves you all alone?»

John lowers his head, becomes silent while fretting the fringes of his garment.

«I will tell you why. Because Satan, the usual disturber, has come between you and your wife. Nay: he has come into you, with a disorderly love for your wife. And when love is disorderly, it becomes hatred, John. Satan has worked on your virile sensuality to get you to commit sin. Because that is where your sin began from one disorder that has brought about new and much seriousr disorders. In your wife you have not seen only a good companion and the mother of your children, but also an object of pleasure. And that has made your eyes like those of an ox, which sees everything altered. You saw things as you were seeing them. That is how you saw your wife. An object of pleasure for you, you considered her such also for other people, whence your feverish jealousy, your irrational fear, your sinful arrogance, which made of her a frightened, imprisoned, tortured, slandered woman. What does it matter if you do not beat her, if you do not revile her in public? Your suspicion is a stick, your doubt is slander! You calumniate her thinking that she could go to the extent of being unfaithful to you. What does it matter if you treat her as your rank demands? In the privacy of your home she is worse than a slave for you, because of your beastlike lust, which degrades her beyond endurance, and which she has suffered silently and submissively, hoping to convince you, to calm you, to make you good, and which has only served to irritate you more and more, to the extent of turning your house into a hell, in which the demons of lust and jealousy are roaring. Jealousy! What can you think of more slanderous for a wife than jealousy? And what is a clearer indication of the state of a heart than jealousy? You may rest assured that wherever it nestles, foolish, irrational, groundless, offensive, obstinate as it is, there can be no love for one’s neighbour or for God. But there is selfishness. You ought to be grieved over all that, not at infringing the close of the Sabbath! And to be forgiven you must repair the ruin caused by you…»

409.6

«But Anne wants to go away, by now… Come and convince her… You are the only one who can judge whether she is really innocent, after hearing her speak, and…»

«John!! You want to be cured and yet you do not want to believe what I say?»

«You are right, my Lord. Change my heart. It is true. I have no well-grounded reason to suspect. But I love her so much… lewdly, it is true… You have seen the real situation… Everything is shadowy to me…»

«Come into the Light. Come out of the burning confusion of sensuality, which is so fierce. It will cost you at first… But it would cost you much more to lose a good wife and deserve hell, expiating your sins of lack of love, slander and adultery, and hers as well, because I remind you that who drives a woman to divorce, places himself and her on the way to adultery. If you can resist your demon for one month, at least for one month, I promise you that your nightmare will come to an end. Will you promise Me?»

«Oh! Lord! Lord! I would like to… But it is a fire… Put it out, You are powerful!…» John has fallen on to his knees before Jesus and is weeping with his head in his hands as he kneels on the floor.

«And I will appease it. I will limit it. I will check and restrain this demon. But you have sinned much, John, and you must work at your revival by yourself. Those who have been converted by Me, came to Me willing to become new, free… They had already worked, with their own strength only, the beginning of their redemption. Such as Matthew, Mary of Lazarus and many more. You have come here only to find out whether she is guilty and to be helped by Me not to lose the fountain at which your pleasure drinks. I will limit the power of your demon for three months, not for one. During that time meditate and rise. Resolve to start a new life as a husband. The life of a man gifted with soul. Not the life of a brute as you have led so far. And fortified by prayer and by meditation, by the peace which I will give you as a gift for three months, learn to struggle and conquer eternal Life and win back the love and peace of your wife and of your home. Go.»

409.7

«But what shall I tell Anne? I may find her ready to leave… Which words shall I speak after so many years of… insults, to persuade her that I love her and that I do not want to lose her? Please come with me…»

«I cannot. But it is so simple… Be humble. Call her to one side and confess your torment. Tell her that you came to Me because you want to be forgiven by God. And tell her to forgive you because God’s forgiveness will be given to you only if she invokes it for you and she is the first to give you it… Oh! unhappy man! How much good, how much peace you have dissipated through your lust! How much evil is brought about by the unruliness of senses and by the disorder of affections! Rise and go away with a peaceful mind. Do you not understand that your wife, who is good and faithful to you, is more distressed than you are at the thought of having to leave you and is waiting only for one word from you so that she may say to you: “You have been forgiven everything”? You may go now, as the sun is already set. So you are not committing any sin in going back to your house… And the Saviour absolves you of the sin you committed in coming to Him. Go in peace. And sin no more.»

«Oh! Master! Master!… I do not deserve such words!… Master… I… want to love You from now on…»

«Yes, of course. Go and do not delay. And remember this hour when I will be the slandered Innocent.»

«What do You mean?»

«Nothing. Go. Goodbye» and Jesus withdraws leaving the two members of the Sanhedrin moved and excited in judging Him really holy and wise as only God can be.


Notes

  1. nous avons vu, en 114.4/6 et 375.5.
  2. paranymphe : ce terme de l’Antiquité grecque désignait le jeune ami du marié qui, assis sur le char à côté de lui, va chercher la mariée et l’amène à la maison nuptiale, ainsi que la jeune amie de la mariée, qui l’amène au marié.

Notes

  1. we already saw, in 114.4/6 and 375.5.