Los Escritos de Maria Valtorta

409. Le drame familial de Jean, membre du Sanhédrin.

409. El drama familiar del Anciano Juan.

409.1

Joseph d’Arimathie se repose dans une pièce à demi-obscure, car tous les rideaux sont baissés pour protéger du soleil. Un silence absolu règne dans toute la maison. Joseph somnole sur un siège bas couvert d’une natte… Entre un serviteur qui se dirige vers son maître, et le touche pour l’éveiller. Joseph ouvre des yeux encore ensommeillés et lève vers son serviteur un regard interrogatif.

« Maître, ton ami Jean est là…

– Mon ami Jean ? Comment est-il ici, puisque le sabbat n’est pas fini ? »

La surprise de la visite d’un membre du Sanhédrin un jour de sabbat réveille pleinement Joseph :

« Fais-le immédiatement entrer. »

Le serviteur sort, et Joseph, en attendant, va et vient d’un air pensif, dans la pièce à demi-obscure et fraîche…

« Que Dieu soit avec toi, Joseph ! » dit le membre du Sanhédrin, Jean.

C’est celui que nous avons vu[1] au premier banquet donné pour Jésus à Arimathie, ainsi que chez Lazare à la dernière Pâque, toujours en qualité, sinon de disciple, du moins de personne qui n’éprouve pas de haine envers Jésus.

« Et avec toi, Jean ! Mais… te sachant juste, je m’étonne de te voir avant le crépuscule…

– C’est vrai. J’ai violé la loi du Sabbat. Et j’ai péché en toute connaissance de cause. C’est donc un grand péché… Et le sacrifice que je consommerai pour être pardonné sera grand lui aussi. Mais la raison qui m’y a poussé est beaucoup plus importante… Yahvé, qui est juste, aura pitié de son serviteur coupable, à cause du motif sérieux qui m’a poussé à la faute…

– Autrefois, tu ne parlais pas ainsi. Pour toi, le Très-Haut était seulement rigoureux, inflexible. Et tu étais parfait parce que tu le craignais comme un Dieu inexorable…

– Oh ! parfait… Joseph, je ne t’ai jamais confessé mes fautes secrètes… Mais, c’est vrai, je jugeais Dieu inexorable, comme beaucoup de gens en Israël. On nous a appris à croire qu’il est le Dieu des vengeances…

– Et tu as continué à le penser même après la venue du Rabbi pour faire connaître à son peuple le vrai visage de Dieu, son vrai cœur… Un visage, un cœur de Père…

– C’est vrai, c’est vrai. Mais… je ne l’avais pas encore entendu parler longuement… Cependant… tu te rappelleras que, dès la première fois que je l’ai vu au banquet chez toi, j’ai gardé une attitude de respect… sinon d’amour pour le Rabbi.

– C’est juste… Mais pour le bien que je te veux, je souhaiterais que tu arrives à une attitude d’amour pour lui. C’est trop peu que le respect…

– Toi, tu l’aimes, n’est-ce pas, Joseph ?

– Oui. Et je te l’affirme, bien que je sache que les princes des prêtres haïssent ceux qui aiment le Rabbi. Mais tu n’es pas capable d’être un délateur…

– Non, c’est juste… Je voudrais être comme toi. Mais y parviendrai-je jamais ?

– Je prierai à cette intention. Ce serait ton salut éternel, mon ami… »

409.2

Un silence plein de réflexions s’installe… Puis Joseph demande :

« Tu m’as dit qu’une raison importante t’a poussé à violer le sabbat. Quelle est-elle ? Puis-je te le demander sans me montrer trop indiscret ? Je pense que tu es venu pour obtenir l’aide de ton ami… Et pour cela, je dois être au courant… »

Jean se passe la main sur son front large et légèrement dégarni — celui d’un homme fait — et le serre, il caresse machinalement ses cheveux qui commencent seulement à grisonner, sa barbe touffue et carrée… Puis il lève la tête et fixe Joseph :

« Oui, c’est un motif sérieux et pénible. Ainsi que… une grande espérance…

– De quoi s’agit-il ?

– Joseph, sache que ma maison est un enfer. D’ailleurs, bientôt ce n’en sera plus une, tant elle sera… dévastée, dispersée, détruite, finie.

– Quoi ? Que dis-tu ? Tu divagues ?

– Non, je ne délire pas. Ma femme veut s’en aller… Cela t’étonne ?

– … Oui… parce que… je l’ai toujours connue bonne et… votre famille me paraissait exemplaire… toi, tu es toute bonté… elle, toute vertu… »

Jean s’assied, la tête entre les mains…

Joseph poursuit :

« Maintenant… cette… cette décision… Moi… Voilà… je ne puis croire qu’Anne ait fauté… ou que tu aies fauté, toi… Mais je le crois encore moins d’elle… qui ne connaît que sa maison, ses enfants… Non !… De sa part, il ne peut y avoir eu péché !…

– En es-tu sûr ? Vraiment sûr ?

– Mon pauvre ami ! Je n’ai pas l’œil de Dieu, mais pour autant que je puisse en juger, c’est ainsi que je vois les choses…

– Tu ne penses pas qu’Anne soit… infidèle ?

– Anne ? ! Mais, mon ami ! Le soleil d’été t’a fait perdre la tête ? Infidèle avec qui ? Elle ne sort jamais de chez elle, elle préfère la campagne à la ville. Elle travaille comme la première des servantes, elle est humble, réservée, travailleuse, affectueuse pour toi, pour les enfants. Une femme légère n’aime pas cela. Tu peux en être sûr. Oh, Jean, mais sur quoi fondes-tu tes soupçons ? Depuis quand ?

– Depuis toujours.

– Depuis toujours ? Mais alors, c’est une maladie !…

– Oui. Et… Joseph, moi j’ai beaucoup de torts. Mais je ne veux pas te les avouer à toi seul. Avant-hier, des disciples et des pauvres sont passés chez moi. Ils disaient que le Rabbi venait chez toi. Et hier… hier, ce fut une journée de grande tempête pour ma maison… si bien qu’Anne a pris la décision que j’ai dite… Pendant la nuit — et quelle nuit ! —, j’ai beaucoup réfléchi… Et j’ai conclu que lui seul, le Rabbi parfait…

– Divin, Jean, divin !

– Comme tu voudras… Que lui seul peut me guérir et réparer… reconstruire ma maison, me rendre mon Anne… mes enfants… tout… »

L’homme pleure et, au milieu de ses larmes, il continue :

« Car lui seul voit et dit la vérité… Et je croirai en lui…

409.3

Joseph, mon ami, laisse-moi rester ici à l’attendre…

– Le Maître est ici. Il va partir après le crépuscule. Je vais te le chercher »

Et Joseph sort.

Après quelques minutes d’attente, le rideau s’écarte de nouveau pour laisser passer Jésus… Jean se lève, puis s’incline en une salutation respectueuse.

« Paix à toi, Jean. Pour quelle raison me cherches-tu ?

– Pour que tu m’aides à voir… et pour que tu me sauves. Je suis très malheureux. J’ai péché contre Dieu et contre ma chair jumelle. Et de péché en péché, j’en suis venu à violer la loi du sabbat. Absous-moi, Maître.

– La loi du sabbat ! Cette grande et sainte loi ! Loin de moi la pensée de la juger de peu d’importance et périmée. Mais pourquoi la places-tu avant le premier des commandements ? Eh quoi ! Tu demandes l’absolution pour avoir violé le sabbat, et pas pour avoir manqué à l’amour et avoir torturé une innocente, pour avoir amené au désespoir et au seuil du péché l’âme de ton épouse ? Mais c’est de cela que tu devais te tourmenter plus que de toute autre chose : de la calomnie que tu as commise à son égard…

– Seigneur, je n’en ai parlé qu’à Joseph, il y a un instant, avec personne d’autre, sois-en sûr. Je dissimulais tellement bien ma douleur que Joseph, mon bon ami, ne s’est aperçu de rien et qu’il en a été surpris. Maintenant, il t’en a parlé, mais pour me venir en aide. Le juste Joseph n’en soufflera mot à personne.

– Il ne m’a rien dit, sinon que tu voulais me voir.

– Oh ! dans ce cas, comment es-tu au courant ?

– Comment je le sais ? Comme Dieu connaît les secrets des cœurs. Veux-tu que je te dise l’état du tien ?… »

Joseph est sur le point de se retirer discrètement, mais Jean lui-même l’arrête :

« Reste ! Tu es pour moi un ami ! Tu peux m’aider auprès du Rabbi, toi qui es le paranymphe[2] de mon mariage !… »

Joseph revient sur ses pas.

« Veux-tu que je te le dise ? Veux-tu que je t’aide à te connaître toi-même ? N’aie pas peur, je n’ai pas la main cruelle ! Je sais découvrir les blessures, mais je ne les fais pas saigner pour les soigner. Je sais comprendre et être indulgent. Et je sais soigner et guérir : il suffit de le vouloir pour l’être. Toi, tu as cette volonté, c’est pourquoi tu m’as cherché. Assieds-toi ici, à côté de moi, entre Joseph et moi. Il a été le paranymphe de tes noces terrestres, et je voudrais être, moi, le paranymphe de tes noces spirituelles… Oui, je le veux !…

409.4

Et maintenant, écoute-moi bien, et réponds avec franchise à tout. Que penses-tu que soit l’acte de Dieu de la création de l’homme et de la femme pour qu’ils soient unis ? Un acte bon ou mauvais ?

– Bon, Seigneur, comme tout ce que fait Dieu.

– Tu as bien répondu. Maintenant, dis-moi : si cet acte était bon, quelles devaient être ses conséquences ?

– Bonnes pareillement, Seigneur. Et elles le furent, bien que Satan soit entré pour les troubler, car Adam a toujours eu le réconfort d’Eve, et Eve celui d’Adam. Ce fut encore plus sensible lorsque, seuls, exilés sur la terre, ils furent le soutien l’un de l’autre. Et les conséquences matérielles furent bonnes, elles aussi : les enfants par lesquels se propagea l’homme, et à travers lesquels brillèrent la puissance et la bonté de Dieu.

– Pourquoi ? Quelle puissance et quelle bonté ?

– Mais… celles qui s’exercent en faveur des hommes. Si nous regardons en arrière… oui… il y a de justes punitions mais il y a, en plus grand nombre, les bontés… et c’est une bonté infinie que l’alliance conclue avec Abraham, répétée à Jacob et, le temps passant, jusqu’aujourd’hui, et cela par des bouches qui ne connaissaient pas le mensonge : les prophètes… jusqu’à Jean…

– Et par celle du Rabbi, Jean, interrompt Joseph.

– Celle-là n’est pas une bouche de prophète… Ce n’est pas une bouche de Maître… C’est… davantage. »

Jésus a un sourire à peine esquissé devant la… profession de foi encore implicite du membre du Sanhédrin, qui n’arrive pas à dire : “ C’est une bouche divine ”, mais qui déjà le pense.

« Donc Dieu a bien fait d’unir l’homme et la femme. C’est dit. Mais comment veut-il qu’ils soient ? demande Jésus.

– Une seule chair.

– C’est bien. Or la chair peut-elle se haïr elle-même ?

– Non.

– Un membre peut-il haïr l’autre membre ?

– Non.

– Un membre peut-il se séparer de l’autre membre ?

– Non. Une gangrène seule, ou une lèpre, ou un malheur peuvent couper un membre du reste du corps.

– Très bien. Par conséquent, seul quelque chose de douloureux ou de mauvais peut séparer ce qui, de par la volonté de Dieu, n’est qu’un ?

– C’est cela, Maître.

409.5

– Puisque tu en as la conviction, pourquoi n’aimes-tu pas ta chair, pourquoi la détestes-tu au point de susciter une gangrène entre les deux membres, à cause de laquelle le membre blessé, le membre le plus faible, se sépare et te laisse seul ? »

Jean baisse la tête silencieusement en tordant les franges de son vêtement. Jésus reprend :

« Je vais t’en donner la raison. C’est que Satan, perturbateur comme toujours, s’est immiscé entre ton épouse et toi. Ou plutôt : il est entré en toi avec un amour désordonné pour elle. Quand l’amour est désordonné, il devient de la haine, Jean. Satan a travaillé ta sensualité de mâle pour arriver à te faire pécher. C’est par là qu’a commencé ta faute : par un désordre qui en a produit d’autres, de plus en plus fréquents et graves : tu n’as pas vu en ta femme uniquement ta bonne compagne et la mère de tes enfants, mais aussi un objet de plaisir, et cela a rendu tes pupilles semblables à celles du taureau qui voit tout de manière altérée. Tu as considéré comme toi, tu considérais. Voilà le regard que tu as porté sur ton épouse. Jouet pour ta volupté, tu l’as jugée telle aussi pour les autres, d’où ta jalousie fiévreuse, ta peur sans raison, ta tyrannie coupable qui a fait d’elle une femme apeurée, prisonnière, torturée, calomniée. Et qu’importe si tu ne lui donnes pas des coups de bâton, si tu ne lui fais pas des reproches publics ? Mais ton soupçon est un bâton, ton doute une diffamation ! Tu la calomnies en pensant qu’elle est capable d’arriver à te trahir. Qu’importe si tu la traites comme son rang te l’impose ? Mais elle est pour toi pire qu’une esclave dans l’intimité de la maison, à cause de ta luxure bestiale qui l’avilit plus que tout, et qu’elle a toujours supportée en silence et docilement, dans l’espoir de te convaincre, de te calmer, de te rendre bon. Or cela n’a servi qu’à t’exaspérer de plus en plus, jusqu’à faire de ta demeure un enfer où rugissent les démons de la sensualité et de la jalousie. La jalousie ! Mais que veux-tu qu’il y ait de plus calomnieux pour une femme ? Et qu’est-ce qui indique plus clairement l’état réel d’un cœur ? Crois bien que, là où elle se niche, si sotte, si déraisonnable, si dénuée de fondements, si outrageante, si obstinée, non, il n’existe pas d’amour du prochain ni de Dieu, mais seulement de l’égoïsme. C’est de cela, pas d’une fin de sabbat violée, que tu dois te tourmenter ! Pour que l’on te pardonne, il te faut remédier à la dévastation que tu as provoquée…

409.6

– Mais Anne veut s’en aller, désormais… Viens la persuader, toi… Toi seul, en l’entendant parler, tu peux juger si elle est réellement innocente et…

– Jean ! Tu veux guérir et tu refuses de croire mes paroles ?

– Tu as raison, Seigneur. Change mon cœur. C’est vrai : je n’ai pas de motif d’un soupçon fondé. Mais je l’aime tant… sensuellement, c’est vrai… Tu as bien vu… et tout est ténèbres en moi…

– Entre dans la lumière, sors de cette atroce fièvre ardente des sens. Cela te sera difficile, au début… Mais il te coûterait bien davantage de perdre une bonne épouse et de gagner l’enfer pour payer ton péché de manque d’amour, de calomnie et d’adultère, et le sien, car je te rappelle que celui qui pousse une femme au divorce se met et la met sur le chemin de l’adultère. Si tu sais résister pendant une lune au moins à ton démon, moi, je te promets que ton cauchemar sera fini. Me le promets-tu ?

– Oh ! Seigneur ! Seigneur ! Je voudrais… mais c’est un feu… Eteins-le en moi, toi qui es puissant !… »

Le membre du Sanhédrin s’est laissé glisser à genoux devant Jésus et il pleure, la tête dans ses mains qu’il appuie au sol.

« Je vais te l’apaiser, te le circonscrire. Je vais mettre un frein et des limites à ce démon. Mais tu as beaucoup péché, Jean, et tu dois travailler par toi-même à te relever. Ceux que j’ai convertis sont venus à moi avec une volonté entière de devenir nouveaux, libres… Ils avaient déjà opéré, par leurs seules forces, le commencement de leur rédemption. Ainsi en était-il de Matthieu, de Marie, sœur de Lazare, et d’autres encore. Tu es venu ici seulement pour savoir si elle était coupable et pour que je t’aide à ne pas perdre la source où s’abreuvait ton plaisir. Je circonscrirai le pouvoir de ton démon, non pendant une lune mais pendant trois lunes. Pendant ce temps, médite et élève-toi. Propose-toi de commencer une nouvelle vie d’époux, une vie d’homme doté d’une âme, et non la vie de brute que tu as menée jusqu’à présent. Et fortifie-toi par la prière et la méditation, par la paix que je te donne pour trois mois, sache lutter, conquérir la vie éternelle, et retrouver l’amour et la paix de ton épouse et de ta maison. Va !

409.7

– Mais que vais-je dire à Anne ? Peut-être vais-je la trouver déjà prête à partir… Quelles paroles après tant d’années… d’offenses, pour la persuader que je l’aime et que je ne veux pas la perdre ? Viens, toi…

– Je ne puis. Mais c’est si simple… Sois humble. Prends-la à part et avoue ton tourment. Dis-lui que tu es venu me voir parce que tu veux que Dieu t’absolve. Et demande-lui de te pardonner, car le pardon de Dieu te sera concédé uniquement si elle le demande pour toi et te l’accorde en premier… Ah, malheureux ! Quel bien, quelle paix tu as perdus avec ta fièvre ! Quel mal crée l’indiscipline des sens, le désordre dans les affections ! Allons, lève-toi, et repars serein. Ne comprends-tu donc pas que, parce qu’elle est bonne et fidèle, elle est plus déchirée que toi à l’idée de te quitter, et qu’elle n’attend qu’un mot de toi pour te dire : “ Tout est pardonné ” ? Allons, va. Le crépuscule est tombé à présent. Tu ne commets donc pas de péché en rentrant chez toi… Et comme tu en as fait un pour venir à ton Sauveur, ton Sauveur t’en absout. Va en paix, et ne pèche plus.

– Oh ! Maître ! Maître… je ne mérite pas ces paroles !… Maître… moi… Je voudrais t’aimer, désormais…

– Oui, oui. Va. Ne tarde pas. Et souviens-toi de cette heure, quand je serai l’Innocent calomnié.

– Que veux-tu dire ?

– Rien. Va. Adieu. »

Sur ces mots, Jésus se retire et quitte les deux membres du Sanhédrin, émus et enflammés de le juger vraiment saint et sage, comme Dieu seul peut l’être.

409.1

José de Arimatea descansa en una habitación que está semiobscura debido a que todas las cortinas están echadas, para proteger del sol. En toda la casa hay un silencio absoluto. José duerme con sueño ligero en un bajo diván cubierto de esteras… Entra un criado, se dirige al patrón, le toca para despertarle. José abre sus ojos cargados y mira al criado con gesto interrogativo.

«Señor, está aquí tu amigo Juan…».

«¡¿Mi amigo Juan?! ¡¿Cómo es que está aquí no habiéndose terminado el sábado?!». José se ha despertado de golpe ante la sorpresa de la visita de un Anciano en sábado. Y ordena: «Que entre en seguida».

El criado sale. José, mientras espera, pasea pensativo por la habitación semiobscura y fresca…

«¡Dios sea contigo, José!» dice el Anciano Juan, el que vimos ya en el primer banquete ofrecido a Jesús en Arimatea y también en casa de Lázaro en la última Pascua (siempre en una actitud que, aunque no fuera de discípulo, al menos no era hostil respecto a Jesús).

«¡Y contigo, Juan! Pero… sabiendo que eres justo, me asombra verte antes del ocaso…».

«Es verdad. He quebrantado la ley sabática. Y he pecado sabiendo que pecaba. Por tanto, gran pecado el mío… Y grande será el sacrificio que ofreceré para ser perdonado. Pero también es muy grande el motivo que me ha incitado a este pecado… Yahveh, que es justo, tendrá compasión de su siervo culpable considerando el importante motivo que me ha impulsado a la culpa…».

«Hace un tiempo no hablabas así. Para ti el Altísimo era sólo rigor, inflexibilidad. Y eras perfecto porque le temías como a un Dios intransigente…».

«¡Oh! ¡Perfecto!… José, a ti nunca te he confesado mis culpas secretas… Pero es verdad. Consideraba a Dios intransigente. Como muchos en Israel. Nos han enseñado a considerarle el Dios de las venganzas…».

«Y has seguido creyéndolo después de que el Rabí ha venido a dar a conocer a su pueblo el verdadero Rostro de Dios, su verdadero Corazón… Un rostro y un corazón de Padre…».

«Es verdad. Es verdad. Pero… todavía no le había oído hablar extensamente… De todas formas, como recordarás, desde la primera vez que le vi, en el convite en tu casa, ya tomé una actitud hacia el Rabí que, si no era de amor, al menos era de… respeto».

«Es verdad… Pero por lo que yo te quiero quisiera que pasaras a una actitud de amor a Él. Es demasiado poco el respeto…».

«¿Tú le amas, verdad, José?».

«Sí. Y te lo digo, aun sabiendo que los príncipes de los sacerdotes odian a los que aman al Rabí. Pero tú no eres capaz de delación…».

«No. No soy capaz… Y quisiera ser como tú. Pero, ¿lo lograré alguna vez?».

«Pediré porque lo logres. Significaría tu beatitud eterna, ami­go…».

409.2

Un silencio lleno de reflexiones…

Luego José pregunta: «Me has dicho que un importante motivo te ha movido a violar el sábado. ¿Y cuál? ¿Puedo preguntártelo sin ser demasiado indiscreto? Creo que has venido a casa de tu amigo en busca de ayuda… Y para ayudarte tengo que saber…».

Juan se pasa la mano por la frente, aprieta esta frente de hombre en plena madurez, amplia y con ligeras entradas; se acaricia mecánicamente el pelo, que apenas ha empezado a encanecerse, y la tupida y escuadrada barba… Luego levanta la cabeza y mira fijamente a José. Dice: «Sí. Un motivo importante, y penoso; y… y una gran esperanza…».

«¿Cuáles?».

«José, ¿te imaginas que mi casa es un infierno y que pronto ya no será una casa, sino… sino una cosa devastada, desbaratada, destruida, acabada?».

«¿Qué? ¿Qué dices? ¿Desvarías?».

«No. No desvarío… Mi mujer quiere marcharse… ¿Estás sorprendido?».

«…Sí… porque… siempre la he visto buena y… porque vuestra familia me parecía ejemplar… tú, todo bondad… ella, toda vir­tud…».

Juan se sienta y mete la cabeza entre las manos…

José prosigue: «Ahora… esta… esta decisión… Yo… bueno que no puedo creer que Ana haya faltado… o que tú hayas faltado… Pero todavía menos lo creo de ella… toda casa, toda hijos… ¡No!… ¡En ella no puede haber culpa!…».

«¿Estás seguro? ¿Estás completamente seguro?».

«¡Oh! ¡Pobre amigo! No tengo el ojo de Dios. Pero, por lo que puedo juzgar, juzgo así…».

«¿No crees que Ana sea… infiel…?».

«¡¿Ana?! ¡Pero, amigo! ¿El sol del verano te ha enfermado la cabeza? ¿Infiel con quién? No sale nunca de casa. Prefiere el campo a la ciudad. Trabaja como la primera de las domésticas. Es humilde, discreta, trabajadora, amorosa contigo y con los niños. Una mujer ligera no ama estas cosas. Créelo. ¡Oh, Juan!, pero ¿en qué fundas las sospechas? ¿Desde cuándo?».

«Desde siempre».

«¿Desde siempre? ¡Ah, entonces esto tuyo es una enferme­dad!…».

«Sí. Y… José, yo he cometido muchos errores. Pero no quiero confesártelos a ti solo. Anteayer han pasado unos discípulos por mi casa, y también unos pobres. Decían que el Rabí estaba viniendo a tu casa. Y ayer… ayer fue un día muy turbulento para mi casa… tanto que Ana ha tomado la decisión que he dicho… Por la noche — ¡y qué noche! — he pensado mucho… Y he sacado la conclusión de que sólo Él, el Rabí perfecto…».

«¡Divino, Juan, divino!».

«…Como quieras… Que sólo Él puede curarme y reparar… reconstruir mi casa, darme de nuevo a Ana… y a mis hijos… reconstruirme todo…». El hombre llora. Entre lágrimas prosigue: «Porque sólo Él ve y dice la verdad… y al Él le creeré…

409.3

José, amigo mío, déjame estar aquí esperándole…».

«El Maestro está aquí. Partirá después de la puesta del Sol. Voy a llamarle», y José sale…

Pocos minutos de espera y la cortina se separa nuevamente para dejar paso a Jesús… Juan se pone de pie y se inclina con deferente saludo.

«La paz a ti, Juan. ¿Por qué motivo me buscas?».

«Para que me ayudes a ver… y para que me salves. Soy muy infeliz. He pecado contra Dios y contra mi carne gemela. Y de pecado en pecado he llegado a violar la ley del sábado. Absuélveme, Maestro».

«¡La ley del sábado! ¡Grande, santa ley! ¡Lejos de mí el pensamiento de considerarla pequeña y superada! Pero ¿por qué la antepones al primero de los mandamientos? ¿Y cómo es que pides absolución por haber violado el sábado y no la pides por haber faltado al amor y torturado a una inocente, y haber llevado a la desesperación y al umbral del pecado al alma de tu esposa? ¡Por esto debes angustiarte más que por todas las otras cosas! Por haberla calumniado…».

«Señor, sólo con José, hace poco, he hablado de ella. Con ningún otro, créelo. Tenía tan celado mi dolor, que José, buen amigo mío, no se había percatado de nada y se ha quedado sorprendido. Ahora él te lo ha dicho. Pero ha sido para ayudarme. Con ninguna otra persona hablará el justo José».

«Conmigo no ha hablado. Me ha dicho solamente que me buscabas».

«¿Y entonces cómo lo sabes?».

«¿Cómo lo sé? Como sabe Dios los secretos de los corazones. ¿Quieres que te diga el estado del tuyo?»…

José hace ademán de retirarse discretamente. Pero es el propio Juan el que le detiene diciendo: «¡Quédate. ¡Tú eres amigo mío! Puedes ayudarme ante el Rabí, tú, paraninfo de mi boda!…», y José vuelve a ponerse junto a los dos.

«¿Quieres que te lo diga? ¿Quieres que te ayude a conocerte? ¡No temas! No tengo mano cruel. Sé descubrir las heridas. No las hago sangrar para curarlas. Sé comprender y compadecerme. Y sé cuidar y curar; basta con que uno quiera ser curado. Tú tienes este deseo. Tanto que me has buscado. Siéntate aquí, a mi lado, entre mí y José. Él fue el paraninfo de tu boda terrestre, Yo quisera ser el paraninfo de tu boda espiritual… ¡Oh, cuánto lo quisiera!… ¡Así!

409.4

Y ahora escúchame bien. Y responde con sinceridad a todo. ¿Tú cómo crees que fue el acto de Dios de crear al hombre y a la mujer para que estuvieran unidos? ¿Un acto bueno o un acto malo?».

«Bueno, Señor. Como todas las cosas hechas por Dios».

«Has respondido bien. Ahora dime: si el acto era bueno, ¿cuáles debían ser sus consecuencias?».

«Igualmente buenas, Señor. Y fueron buenas, a pesar de que Satanás entrara a disturbarlas, porque Adán siempre encontró confortación en Eva y Eva en Adán. Es más, fue aún más sensible esta confortación cuando solos, desterrados en la Tierra, fueron ayuda el uno para el otro. Y fueron buenas las consecuencias materiales, o sea, los hijos, por los cuales se propagó el hombre, y a través de los cuales brilló el poder y la bondad de Dios».

«¿Por qué? ¿Qué poder y bondad?».

«Hombre, pues… la que ha sido desarrollada en favor de los hombres. Si miramos hacia atrás… sí… hay justos castigos, pero hay también, y más numerosos, actos de bondad… Bondad infinita es el pacto establecido con Abraham y repetido luego a Jacob, y así hasta… hasta el día de hoy. Y repetido por bocas sin mentira: los profetas… hasta Juan…».

«Y por la boca del Rabí, Juan» interrumpe José.

«No es boca de profeta… No es boca de Maestro… Es… más».

Jesús sonríe, aunque casi imperceptiblemente, ante la… profesión de fe, aún vinculada, del Anciano, que no llega a decir: «Es boca divina» pero ya lo piensa.

«Entonces Dios ha hecho bien uniendo al hombre y a la mujer. Está escrito. ¿Pero cómo quiso que fueran el hombre y la mujer?» pregunta Jesús.

«Una carne sola».

«Bien. ¿Entonces puede la carne odiarse a sí misma?».

«No».

«¿Puede un miembro odiar al otro miembro?».

«No».

«¿Puede un miembro separase del otro miembro?».

«No. Sólo una gangrena o una lepra o una desventura pueden separar un miembro del resto del cuerpo».

«Muy bien. ¿Entonces solamente una cosa dolorosa o mala puede separar lo que por voluntad de Dios no es sino una unidad?».

«Así es, Maestro».

409.5

«¿Y entonces por qué tú, convencido como estás de estas cosas, no amas a tu carne; y tanto la odias, que haces surgir una gangrena entre uno y el otro miembro, por lo cual, el miembro más débil, cayendo en mortificación, se separa y te deja solo?».

Juan agacha la cabeza y guarda silencio mientras manosea las franjas de la túnica..

«Yo te digo el porqué. Porque Satanás ha entrado, a turbar, entre ti y tu mujer. Es más, ha entrado en ti con un amor desordenado hacia tu mujer. El amor, cuando es desordenado se transforma en odio, Juan. Satanás ha trabajado en tu sensualidad de varón para conseguir hacerte pecar. Porque ahí ha empezado tu pecado, a partir de un desorden que ha ido engendrando nuevos y cada vez mayores desordenes. En tu mujer no has visto solamente la buena compañera y la madre de tus hijos, sino también el objeto de placer. Y esto te ha puesto pupilas como las del buey, que ve todo alterado. Has visto como tú veías. Así has visto a tu mujer. Objeto de placer para ti, la has juzgado lo mismo para los demás; y de aquí vienen tus febriles celos, tu miedo infundado, tu arrogancia pecaminosa que ha hecho de ella una miedosa, una encarcelada, una torturada, una calumniada. ¿Qué importa si no la pegas, si públicamente no la vituperas? ¡Tu sospecha es un palo! ¡Tu duda es una calumnia! La calumnias pensando de ella que es capaz de traicionar. ¿Qué importa si la tratas como su rango te impone? En lo íntimo de tu casa es para ti menos que una esclava, por tu bestialidad lujuriosa, que la humilla sobremanera, y que ha sido soportada siempre por ella en silencio y con docilidad esperando persuadirte, calmarte, hacerte bueno, y lo cual no ha servido sino para aumentar tu exasperación, hasta el punto de que has hecho de tu casa un infierno donde rugen los demonios de la lujuria y de los celos. ¡Los celos! ¿Qué habrá más calumniador, para una esposa, que los celos? ¿Qué, más claramente indicador del estado real de un corazón que los celos? Debes creer que donde los celos se anidan — ¡y tan estúpidos e irracionales, infundados, ofensivos y obstinados! — no hay ni amor al prójimo ni amor a Dios. Lo que hay es egoísmo. ¡Por esto debes angustiarte, no por una fracción de sábado violado! Y para ser perdonado debes satisfacer por la devastación que has provocado…».

409.6

«Pero Ana se quiere marchar ya… Ven a convencerla Tú… Sólo Tú puedes, oyéndola hablar, juzgar si verdaderamente es inocente y…».

«¡¡Juan!! ¿Quieres sanar y no quieres creer en lo que digo?».

«Tienes razón, Señor. Cámbiame el corazón. Es verdad. No tengo motivo de fundada sospecha. Pero la quiero mucho… lujuriosamente, es verdad… Has visto bien… Y todo me es tiniebla…».

«Entra en la luz. Sal de la maraña ardiente de una sensualidad tan feroz. Al principio te costará… Pero mucho más te costaría perder a una buena esposa y ganarte el infierno y pagar por tu pecado de desamor, calumnia y adulterio, y por el suyo, porque te recuerdo que quien mueve a una mujer al divorcio se pone a sí mismo y la pone a ella en el camino del adulterio. Si sabes resistir durante una luna, al menos durante una luna, a tu demonio, te prometo que terminará la pesadilla. ¿Me lo prometes?».

«¡Oh! ¡Señor! ¡Señor! Quisiera… Pero es un fuego… Apágamele Tú. Tú que eres poderoso…». El Anciano Juan ha caído de rodillas delante de Jesús y llora con la cabeza en las manos apoyadas en el suelo.

«Te le adormeceré. Te le circunscribiré. Pondré frenos y límites a este demonio… Pero tú has pecado mucho, Juan, y tienes que trabajar tú mismo en tu resurrección. Los que Yo he convertido han venido a mí con la plena voluntad de hacerse nuevos, de quedar liberados… Habían obrado ya, con sus propias fuerzas, el comienzo de su redención. Así Mateo y María de Lázaro y otros. Tú has venido aquí sólo para saber si ella era culpable y para que te ayudase a no perder la fuente en que se sacia tu placer. Yo circunscribo el poder de tu demonio, no durante una luna, sino durante tres. Durante este tiempo medita y elévate. Propónte tomar una nueva vida de marido. Una vida de hombre dotado de alma. Y no la vida animal que has llevado hasta ahora. Y, que sepas, fortalecido por la oración y la meditación, por la paz que te doy durante tres meses, luchar y conquistarte la Vida eterna y reconquistarte el amor de tu esposa y la paz de tu casa. Ve».

409.7

«Pero qué le voy a decir a Ana. Quizás me la encontraré ya preparada para marcharse… ¿Qué palabras, después de tantos años de… ofensas, para convencerla de que la amo y de que no quiero perderla? Ven Tú…».

«No puedo. Pero, ¡es tan simple!… Sé humilde. Llámala aparte y confiesa tu tormento. Dile que has venido a verme porque quieres ser perdonado por Dios. Y dile que te perdone, porque recibirás el perdón de Dios sólo si ella te lo invoca y es la primera en dártelo… ¡Oh! ¡desdichado! ¡Cuánto bien, cuánta paz has desparramado con tu fiebre! ¡Cuánto mal crea la indisciplina de los sentidos, el desorden en los afectos! ¡Ánimo, levántate! Y vete tranquilo. ¿Pero no comprendes que ella, siendo buena y fiel a ti, está más angustiada que tú por el pensamiento de dejarte y no espera más que una palabra tuya para decirte: “Todo te es perdonado”? Ánimo, muévete. El ocaso ya está cumplido. No cometes, pues, pecado por volver a tu casa… Y de haberle cometido por venir a tu Salvador, tu Salvador te absuelve. Vete en paz. Y no peques más».

«¡Oh! ¡Maestro! Maestro… ¡No merezco estas palabras!… Maestro… yo… querré amarte de ahora en adelante…».

«Sí, sí, ve. No te demores. Y recuerda esta hora en la hora en que Yo sea el Inocente calumniado».

«¿Qué quieres decir?».

«Nada. Ve. Adiós». Y Jesús se retira, dejando a los dos miembros del Sanedrín conmovidos y, enardecidos, juzgándole verdaderamente santo y sabio como sólo Dios puede serlo.


Notes

  1. nous avons vu, en 114.4/6 et 375.5.
  2. paranymphe : ce terme de l’Antiquité grecque désignait le jeune ami du marié qui, assis sur le char à côté de lui, va chercher la mariée et l’amène à la maison nuptiale, ainsi que la jeune amie de la mariée, qui l’amène au marié.