The Writings of Maria Valtorta

414. Invectives contre les pharisiens et les docteurs

414. Rebuke against Pharisees and doctors

414.1

Jésus entre dans la maison de son hôte, peu éloignée du Temple mais dans la direction du quartier qui s’étend au pied de Tophet.

C’est une demeure pleine de dignité, quelque peu austère, celle d’un pratiquant exagérément strict. Je crois que les clous eux-mêmes sont placés conformément au nombre et à la position prescrits par certains des six cent treize préceptes. Il n’y a pas un dessin dans les étoffes, pas un ornement sur les murs, pas un bibelot… rien de ces petites choses qui, même chez Joseph, Nicodème et chez les pharisiens de Capharnaüm, servent à embellir la maison. Celle-ci laisse transparaître de toutes parts l’esprit de son propriétaire. Elle est glaciale, tant elle est dépouillée de tout ornement, et les meubles sombres et lourds, équarris comme autant de sarcophages, lui donnent l’air encore plus austère. C’est une maison dont on se sent repoussé, qui n’accueille pas mais enserre hostilement celui qui y pénètre.

Elchias le fait remarquer et s’en vante.

« Tu vois, Maître, comme j’observe la Loi ? Tout le montre. Regarde : des rideaux sans dessins, des meubles sans ornements, aucun vase sculpté ni lampadaire en forme de fleur. Il y a tout ce qu’il faut, mais dans le respect du précepte[1] : “ Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans les eaux, au-dessous de la terre. ” Ainsi en est-il de ma demeure, de mes vêtements et de ceux de ma maison. Par exemple, je n’approuve pas que ton disciple (Judas) porte un vêtement et un manteau si travaillés. Tu me diras : “ Beaucoup le font. ” Tu diras : “ Ce n’est qu’une grecque. ” Bon ! Mais avec ces angles, ces formes, cela rappelle trop les signes de l’Egypte. Horreur ! Chiffres démoniaques ! Signes de nécromancie ! Sigles de Belzébuth ! Cela ne te fait pas honneur, Judas, fils de Simon, de les porter, ni à toi, Maître, de le lui permettre. »

Judas riposte par un petit rire sarcastique. Jésus répond humblement :

« Plus qu’aux signes des vêtements, je veille à ce qu’il n’y ait pas de signes d’horreur dans les cœurs. Mais je vais prier mon disciple — je le fais même dès maintenant — de porter des habits moins ornés pour ne scandaliser personne. »

Judas a un bon mouvement :

« En réalité, mon Maître m’a dit plusieurs fois qu’il aurait préféré plus de simplicité dans mes vêtements. Mais moi… j’ai fait ce que je voulais parce qu’il me plaît d’être habillé de cette façon.

– C’est mal, très mal. Qu’un galiléen fasse la leçon à un Judéen, c’est très mal pour toi qui appartenais au Temple… »

Elchias se montre des plus scandalisés et ses amis font chorus.

Judas est déjà las d’être bon. Et il rétorque :

« Dans ce cas, il y aurait bien de choses luxueuses à enlever de chez vous aussi, membres du Sanhédrin ! S’il vous fallait retirer tous les dessins mis pour couvrir l’aspect de vos âmes, vous feriez bien triste figure.

– Comment oses-tu parler ainsi ?

– Comme quelqu’un qui vous connaît.

– Maître ! Mais tu l’entends ?

– J’entends, et je dis qu’il faut de l’humilité de part et d’autre, et des deux côtés la vérité, et une compassion réciproque. Dieu seul est parfait.

– Bien dit, Rabbi ! » dit l’un des amis… d’une voix timide, solitaire, qui s’élève du groupe des pharisiens et des docteurs de la Loi.

« Mal dit, au contraire » réplique Elchias. « Les malédictions[2] du Deutéronome sont claires. Il dit : “ Maudit soit l’homme qui fait des images sculptées ou fondues, abominations, œuvres de mains d’artisan et…”

– Mais il s’agit ici de vêtements, pas de sculptures, répond Judas.

– Silence, Judas : ton Maître parle. Elchias, sois juste et discerne. Maudit soit celui qui fait des idoles, mais pas celui qui fait des dessins en copiant ce que le Créateur a mis de beau dans la création. Nous cueillons aussi des fleurs pour décorer…

– Moi, je n’en cueille pas et je ne veux pas en voir les pièces ornées. Malheur aux femmes de ma maison si elles commettent ce péché, même dans leurs salles. Dieu seul doit être admiré.

– C’est une juste pensée. Dieu seul. Mais on peut admirer Dieu même dans une fleur, en reconnaissant que c’est lui l’Artisan de la fleur.

– Non ! non ! Paganisme ! Paganisme !

– Judith s’est parée[3], tout comme Esther, dans un but saint…

– Des femmes ! La femme est toujours un être méprisable.

414.2

Mais je te prie, Maître, d’entrer dans la salle du banquet pendant que je me retire un moment, car je dois parler avec mes amis. »

Jésus accepte sans discuter.

« Maître… je respire mal !… s’exclame Pierre.

– Pourquoi ? Tu te sens mal ? demandent certains.

– Non. Mais mal à l’aise… comme si j’étais tombé dans un piège.

– Ne t’inquiète pas, et soyez tous très prudents » conseille Jésus.

Ils restent en groupe et debout jusqu’au retour des pharisiens, suivis des serviteurs.

« A table, sans traîner. Nous avons une réunion et nous ne pouvons nous attarder » ordonne Elchias.

Et il assigne les places alors que déjà les serviteurs découpent les viandes.

Jésus est placé à côté d’Elchias, et près de lui se trouve Pierre. Elchias offre les mets, et le repas commence dans un silence terrifiant… Mais peu à peu les premiers mots sont échangés, adressés naturellement à Jésus, car on délaisse les douze autres comme s’ils n’existaient pas.

414.3

Le premier à poser une question est un docteur de la Loi.

« Maître, tu es donc sûr d’être ce que tu dis ?

– Ce n’est pas moi qui le dis. Les prophètes l’ont annoncé avant que je sois parmi vous.

– Les prophètes !… Toi qui nies que nous soyons saints, peux-tu aussi considérer comme bonne ma parole si je dis que nos prophètes peuvent être des exaltés ?

– Les prophètes sont saints.

– Et pas nous, n’est-ce pas ? Mais vois : Sophonie[4] unit les prophètes aux prêtres dans sa condamnation de Jérusalem : “ Ses prophètes sont des imposteurs, des hommes sans foi, et ses prêtres profanent les choses saintes, ils violent la Loi. ” C’est ce que tu nous reproches continuellement. Mais si tu acceptes la seconde partie des paroles du prophète, tu dois en accepter aussi la première et reconnaître que l’on ne peut s’appuyer sur des jugements prononcés par des exaltés.

– Rabbi d’Israël, réponds-moi. Quand quelques lignes plus loin, Sophonie dit : “ Pousse des cris de joie, fille de Sion… Le Seigneur a levé la sentence qui pesait sur toi… le Roi d’Israël est au milieu de toi ”, ton cœur accepte-t-il ces paroles ?

– C’est ma gloire de me les répéter en songeant à ce jour.

– Mais ce sont des paroles d’un prophète, d’un exalté, par conséquent… »

Le docteur de la Loi reste un moment interdit. Un ami vient à son secours.

« Personne ne peut mettre en doute qu’Israël régnera. Ce n’est pas un, mais tous les prophètes et les pré-prophètes, c’est-à-dire les patriarches, qui ont annoncé cette promesse de Dieu.

– Or pas un des pré-prophètes et des prophètes n’a manqué de m’indiquer pour ce que je suis.

– Oh ! bien ! Mais nous n’en avons pas les preuves ! Tu peux être, toi aussi, un exalté. Quelles preuves nous donnes-tu que tu es bien le Messie, le Fils de Dieu ? Accorde-moi un délai pour que je puisse en juger.

– Je ne te parle pas de ma mort décrite par David et Isaïe, mais de ma résurrection.

– Toi ? Toi ? Toi, ressusciter ? Et qui te fera ressusciter ?

– Certainement pas vous, ni le Pontife, le monarque, les castes ou le peuple. C’est par moi-même que je ressusciterai.

– Ne blasphème pas, Galiléen, et ne mens pas !

– Je ne fais que rendre honneur à Dieu et dire la vérité. Et avec Sophonie je te déclare : “ Attends-moi à ma résurrection. ” Jusqu’alors tu pourras avoir des doutes, vous pourrez tous en avoir et vous pourrez travailler à les inoculer au peuple. Mais cela vous sera impossible quand l’éternel Vivant, après avoir racheté, ressuscitera par lui-même pour ne plus mourir. Juge intangible, Roi parfait, il gouvernera et jugera avec son sceptre et sa justice jusqu’à la fin des siècles, et il continuera de régner au Ciel pour toujours.

414.4

– Ignores-tu donc que tu t’adresses à des docteurs de la Loi et à des membres du Sanhédrin ? dit Elchias.

– Et alors ? Vous m’interrogez, moi je vous réponds. Vous montrez le désir de savoir. Moi, je vous illustre la vérité. Toi qui, pour un motif sur un vêtement, as rappelé la malédiction du Deutéronome, tu ne voudras pas me faire venir à l’esprit son autre malédiction[5] : “ Maudit soit celui qui frappe en cachette son prochain. ”

– Je ne te frappe pas. Je t’offre un repas.

– Non. Mais les questions insidieuses sont des coups donnés dans le dos. Attention, Elchias, car les malédictions de Dieu se suivent et celle que j’ai citée est suivie de cette autre : “ Maudit celui qui accepte des cadeaux pour condamner à mort un innocent. ”

– Dans ce cas, c’est toi, mon hôte, qui acceptes ces cadeaux.

– Mais moi, je ne condamne pas, pas même les coupables s’ils se sont convertis.

– Tu n’es pas juste, dans ce cas. »

L’homme qui a déjà approuvé Jésus dans l’atrium de la maison intervient alors :

« Non, il est juste. Car il estime que le repentir mérite le pardon, et c’est pour cela qu’il ne condamne pas.

– Tais-toi donc, Daniel ! Tu prétends en savoir plus que nous ? Ou bien tu es séduit par un homme sur qui il y a encore beaucoup à décider, et qui ne fait rien pour nous aider à pencher en sa faveur ? dit un docteur de la Loi.

– Je sais que vous êtes les sages et moi un simple juif qui ne sais même pas pourquoi vous me voulez si souvent parmi vous…

– Mais parce que tu es un parent ! C’est facile à comprendre ! Et moi, je veux que soient saints et sages ceux qui entrent dans ma parenté ! Je ne puis permettre l’ignorance en ce qui concerne l’Ecriture, la Loi, la Halachah, les Midrashim et l’Haggadah. Je ne la supporte pas. Il faut tout connaître, tout observer…

– Et je te suis reconnaissant pour tant de soin. Mais moi, simple cultivateur, devenu indignement ton parent, je me suis préoccupé de connaître l’Ecriture et les prophètes uniquement pour trouver quelque réconfort dans ma vie. Et avec la simplicité d’un homme qui n’est pas savant, je t’avoue que je reconnais dans le Rabbi le Messie précédé de son Précurseur qui nous l’a désigné… Et Jean, tu ne peux le nier, était habité par l’Esprit de Dieu. »

Un silence s’installe. Ils ne veulent pas nier que Jean-Baptiste ait été infaillible, et pas plus le reconnaître.

Un autre prend la parole :

« Allons… Disons qu’il est le précurseur de cet ange que Dieu envoie pour préparer la voie au Christ. Et… admettons qu’il y a, chez le Galiléen, une sainteté suffisante pour juger qu’il est cet ange. Après lui viendra le temps du Messie. Est-ce que ma pensée ne vous paraît pas conciliante pour tous ? L’acceptes-tu, Elchias ? Et vous, mes amis ? Et toi, Nazaréen ?

– Non.

– Non.

– Non. »

Les trois non sont pleins d’assurance.

« Comment ? Pourquoi n’approuvez-vous pas ? »

Elchias se tait, ses amis en font autant. Seul Jésus, sincère, répond :

« Parce que je ne puis approuver une erreur. Je suis plus qu’un ange. L’ange, c’était Jean-Baptiste, le Précurseur du Christ. Et le Christ, c’est moi. »

414.5

Un long silence s’établit, glacial. Le coude appuyé sur le lit de table, la joue appuyée à la main, Elchias réfléchit, dur, fermé, comme tous ceux de sa maison.

Jésus se tourne et le regarde, puis il dit :

« Elchias, Elchias, ne confonds pas la Loi et les prophètes avec des bagatelles !

– Je vois que tu as lu dans mes pensées. Mais tu ne peux nier que tu as péché en transgressant le précepte.

– Comme toi — et par ruse, par conséquent en faisant une faute plus grande —, tu as transgressé le devoir de l’hospitalité, qui plus est avec la volonté de le faire. Tu m’as distrait, puis tu m’as envoyé ici, pendant que tu te purifiais avec tes amis et, à ton retour, tu nous as priés de faire vite, à cause d’une réunion que tu avais, et tout cela pour pouvoir me dire : “ Tu as péché. ”

– Tu pouvais me rappeler mon devoir de te procurer de quoi te purifier.

– Il y a tant de choses que je pourrais te rappeler, mais cela ne servirait qu’à te rendre plus intransigeant et plus hostile.

– Non. Dis-les, dis-les. Nous voulons t’écouter et…

– Et m’accuser auprès du prince des prêtres. C’est pour cela que je t’ai rappelé les deux dernières malédictions. Je le sais. Je vous connais. Je suis ici, désarmé, au milieu de vous. Je suis ici, isolé du peuple qui m’aime et devant lequel vous n’osez pas m’attaquer. Mais je n’ai pas peur. Je ne me plierai à aucune compromission et je ne commettrai pas de lâchetés. Et je vous dis votre péché, celui de toute votre caste et le vôtre, ô pharisiens, faux purs observateurs de la Loi, ô docteurs de la Loi, faux sages, qui confondez et mélangez volontairement le vrai et le faux bien, qui imposez aux autres et exigez d’eux la perfection jusque dans les pratiques extérieures, mais ne vous fixez aucune obligation à vous-mêmes. En accord avec votre hôte et le mien, vous me reprochez de ne pas m’être lavé avant le déjeuner. Vous savez que je viens du Temple auquel on ne peut accéder qu’après s’être purifié[6] des impuretés de la poussière et de la route. Voulez-vous donc reconnaître que le Lieu saint est contamination ?

– Nous autres, nous nous sommes purifiés avant de passer à table.

– Mais à nous, on nous a imposé : “ Allez là-bas, attendez. ” Et ensuite : “ A table sans traîner. ” Entre tes murs vierges de dessins, il y avait donc un dessein : celui de me tromper. Quelle main l’a écrit sur les murs, ce motif d’une accusation possible ? Ton esprit, ou une autre puissance qui le conduit et à laquelle tu acquiesces ?

414.6

Eh bien, écoutez tous. »

Jésus se dresse et, les mains appuyées sur le bord de la table, il commence ses invectives :

« Vous autres pharisiens, vous lavez l’extérieur de la coupe et du plat, vous vous lavez les mains et les pieds, comme si le plat et la coupe, les mains et les pieds devaient entrer dans votre âme, que vous aimez proclamer pure et parfaite. Or ce n’est pas vous, mais Dieu qui doit le proclamer. Eh bien, sachez ce que Dieu pense de votre âme : il la voit remplie de mensonge, de souillure et de violence, pleine de méchanceté. Or rien de ce qui vient de l’extérieur ne peut corrompre ce qui est déjà corruption. »

Il détache sa main droite de la table et, involontairement, se met à faire des gestes tout en poursuivant :

« Mais Celui qui a fait votre âme comme votre corps ne peut-il pas exiger que vous fassiez preuve pour l’intérieur du même respect que pour l’extérieur, au moins dans une égale mesure ? Vous êtes des insensés pour intervertir l’importance de ces deux valeurs. En outre, le Très-Haut ne voudra-t-il pas que vous preniez davantage soin de votre âme — elle qu’il a créée à sa ressemblance et à qui la corruption fait perdre la vie éternelle — que de votre main ou de votre pied qui peuvent être lavés facilement de leur saleté ? D’ailleurs, même s’ils restaient sales, cela n’aurait aucune influence sur la pureté intérieure. Et est-ce que Dieu peut se préoccuper de la propreté d’une coupe ou d’un plateau alors que ce sont des objets sans âme, qui ne peuvent avoir de l’influence sur votre esprit ?

Je lis ta pensée, Simon Boetos. Non. Cela ne s’impose pas. Ce n’est pas par souci de santé, pour protéger la chair, la vie, que vous prenez ces soins, que vous pratiquez ces purifications. Le péché charnel, et aussi ceux de gloutonnerie, d’intempérance, de luxure, sont plus nuisibles à la chair qu’un peu de poussière sur les mains ou sur un plat. Vous les pratiquez néanmoins sans vous préoccuper de protéger votre existence et de sauvegarder votre famille. Vous faites ainsi des péchés de plusieurs espèces car, outre la contamination spirituelle et charnelle, le gaspillage de biens, le manque de respect pour votre famille, vous offensez le Seigneur par la profanation de votre corps, temple de votre âme, où devrait se trouver le trône de l’Esprit Saint. De même, vous offensez le Seigneur par le péché que vous faites en estimant qu’il vous faut vous protéger des maladies qui viendraient d’un peu de poussière, comme si Dieu ne pouvait intervenir pour vous protéger des maux physiques, si vous recourez à lui avec un esprit pur.

414.7

Celui qui a créé l’intérieur n’aurait-il donc pas créé l’extérieur et réciproquement ? Et n’est-ce pas l’intérieur qui est le plus noble et qui porte davantage l’empreinte de la ressemblance divine ?

Par conséquent, manifestez-vous par des pratiques dignes du Seigneur, et non par des mesquineries qui ne s’élèvent pas au-dessus de la poussière pour laquelle et de laquelle elles sont faites, de cette pauvre poussière qu’est l’homme considéré comme créature animale, de la boue qui a reçu une forme et qui redevient poussière dispersée par le vent des siècles. Accomplissez des œuvres qui demeurent, qui soient royales et saintes, couronnées par la bénédiction de Dieu. Accomplissez des œuvres de charité et faites l’aumône, soyez honnêtes, soyez purs dans vos actes comme dans vos intentions, et tout le sera en vous sans qu’il soit nécessaire de recourir à l’eau des ablutions.

Mais que vous croyez-vous donc ? Que vous êtes en règle parce que vous payez les dîmes sur les épices ? Non. Malheur à vous, pharisiens qui payez les dîmes sur la menthe et la rue, la moutarde et le cumin, le fenouil et les autres herbes, mais négligez ensuite la justice et l’amour de Dieu. Payer les dîmes est une obligation et il faut le faire, mais il y a des devoirs plus élevés qu’il convient d’accomplir eux aussi. Malheur à celui qui observe les prescriptions extérieures et néglige les intérieures basées sur l’amour de Dieu et du prochain ! Malheur à vous, pharisiens : vous aimez prendre les premières places dans les synagogues et dans les assemblées, et être honorés sur les places publiques, mais vous ne pensez pas à faire des œuvres qui vous donnent une place au Ciel et vous méritent le respect des anges. Vous êtes semblables à des tombeaux cachés qui passent inaperçus pour celui qui les frôle et n’en éprouve aucune répulsion, mais qui serait dégoûté s’il pouvait voir ce qu’ils renferment. Pourtant, Dieu voit les choses les plus secrètes, et il ne se trompe pas quand il vous juge. »

414.8

Il est interrompu par un docteur de la Loi, qui lui aussi se lève pour le contredire :

« Maître, en parlant de la sorte, tu nous offenses, nous aussi ; et ce n’est pas bon pour toi, car c’est nous qui devons te juger.

– Non, ce n’est pas vous. Vous ne pouvez pas me juger. Vous êtes ceux qu’on juge et non pas ceux qui jugent. Or votre juge, c’est Dieu. Vous pouvez parler, émettre des sons. Mais même la voix la plus puissante n’arrive pas aux Cieux et ne parcourt pas toute la terre. Un peu plus loin, c’est le silence… et peu de temps après, l’oubli. Mais le jugement de Dieu demeure et n’est pas sujet à l’oubli. Bien des siècles se sont écoulés depuis que Dieu a jugé Lucifer puis Adam, mais la portée de ce jugement ne s’éteint pas, ses conséquences perdurent. Et si je suis maintenant venu redonner la grâce aux hommes, par l’intermédiaire du Sacrifice parfait, le jugement porté sur l’acte d’Adam reste ce qu’il est, et il sera toujours appelé “ faute originelle ”. Les hommes seront rachetés, lavés par une purification supérieure à toute autre. Mais ils naîtront avec cette marque, car Dieu a jugé qu’elle doit exister sur tout être né de la femme, hormis Celui qui a été fait non par œuvre d’homme mais par l’Esprit Saint, ainsi que la Préservée et le Présanctifié, vierges pour l’éternité : la première pour pouvoir être la Vierge Mère de Dieu, le second pour être le Précurseur de l’Innocent en naissant déjà pur, par l’effet d’une jouissance anticipée des mérites infinis du Sauveur Rédempteur.

414.9

Et moi, je vous dis que Dieu vous juge. Il le fait en disant : “ Malheur à vous, docteurs de la Loi, car vous chargez les hommes de fardeaux qu’ils ne peuvent porter, transformant ainsi en châtiment le Décalogue paternel accordé par le Très-Haut à son Peuple. ” Lui, c’est avec amour et par amour qu’il l’avait donné, afin que l’homme, cet éternel enfant, imprudent et ignorant, soit aidé par un juste guide. Mais à la place des limites par lesquelles Dieu soutenait affectueusement ses créatures, pour leur permettre d’avancer sur sa route et d’arriver à son cœur, vous avez établi des montagnes de pierres coupantes, lourdes, torturantes, un labyrinthe de prescriptions, un cauchemar de scrupules qui écrasent l’homme, l’égarent, l’arrêtent, lui font craindre Dieu comme un ennemi. Vous semez d’obstacles la marche des cœurs vers Dieu. Vous séparez le Père de ses fils. Vous niez, par vos surcharges, cette douce, bénie et véritable Paternité. Mais de votre côté, vous ne touchez pas à ces fardeaux que vous imposez aux autres, même du bout des doigts. Vous vous croyez justifiés seulement pour les avoir imposés. Mais, inconscients que vous êtes, ignorez-vous que vous serez jugés sur ce que vous avez estimé être nécessaire pour se sauver ? Ne savez-vous pas que Dieu vous dira : “ Vous prétendiez que votre parole était sacrée, qu’elle était juste. Eh bien, moi aussi, je la considère comme telle. Et puisque vous l’avez imposée à tous et que vous avez jugé vos frères sur la façon dont ils l’ont accueillie et pratiquée, moi-même, je vous juge sur votre parole. Et comme vous n’avez pas fait ce que vous avez prescrit, soyez condamnés ” ?

Malheur à vous qui élevez des tombeaux aux prophètes que vos pères ont tués. Eh quoi ? Vous croyez diminuer ainsi l’importance de la faute de vos pères ou la supprimer aux yeux de la postérité ? Non, au contraire, vous témoignez que vos pères ont fait ces œuvres. Et non seulement cela, mais vous les approuvez, tout disposés à les imiter, en élevant ensuite un tombeau au prophète persécuté, pour pouvoir proclamer : “ Nous, nous l’avons honoré. ” Hypocrites ! C’est pour cela que la Sagesse de Dieu a dit : “ Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils en tueront certains et en persécuteront d’autres, pour que l’on puisse réclamer à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde et par la suite, depuis le sang d’Abel[7] jusqu’à celui de Zacharie, tué entre l’Autel et le Sanctuaire. ” Oui, en vérité, en vérité je vous dis qu’il sera demandé compte de tout ce sang des saints à cette génération, qui ne sait reconnaître Dieu là où il est, persécute le juste et lui perce le cœur parce qu’il est une confrontation vivante avec leur injustice.

414.10

Malheur à vous, docteurs de la Loi, qui avez usurpé la clé de la science, et avez fermé son temple pour éviter d’y entrer et d’être jugés par elle, et qui n’avez pas permis aux autres d’y entrer. Vous savez en effet que, si le peuple était instruit de la vraie science, c’est-à-dire de la Sagesse sainte, il pourrait vous juger. Vous préférez donc qu’il soit ignorant pour éviter cela. Et vous me haïssez parce que je suis la Parole de Sagesse ; vous voudriez m’enfermer avant le temps dans une prison, dans un tombeau, pour que je me taise.

Mais je parlerai aussi longtemps que cela plaira à mon Père. Ensuite, ce seront mes œuvres qui parleront plus encore que mes mots. Et mes mérites parleront plus encore que les œuvres, de sorte que le monde sera instruit, il saura et vous jugera. Ce sera le premier jugement porté sur vous. Plus tard viendra le second, le jugement particulier de chacun de vous à sa mort, et enfin le dernier : l’universel. Vous vous souviendrez alors de ce jour, de ces jours, et vous, vous seuls, connaîtrez le Dieu terrible que vous vous êtes efforcés d’agiter comme une vision de cauchemar devant les esprits des simples, alors que vous, à l’intérieur de votre tombeau, vous vous êtes moqués de lui et du premier et principal commandement : celui de l’amour, le dernier donné sur le Sinaï, que vous n’avez pas respecté et auquel vous n’avez pas obéi.

C’est inutilement, Elchias, que tu n’as pas de représentations figurées dans ta maison. C’est inutilement, vous tous, que vous n’avez pas d’objets sculptés chez vous. C’est à l’intérieur de votre cœur que se trouve votre idole, ou plutôt vos idoles : celle de vous prendre pour des dieux, celles de vos concupiscences.

414.11

Venez, vous autres. Partons. »

Et, se faisant précéder par les douze, il sort le dernier.

Silence…

Puis ceux qui sont restés poussent un grand cri en parlant tous à la fois :

« Il faut le poursuivre, le prendre en défaut, trouver des objets d’accusation ! Il faut le tuer !… »

Autre silence…

Deux hommes partent, dégoûtés par la haine et les propos des pharisiens : l’un est le parent d’Elchias, l’autre celui qui, à deux reprises, a défendu le Maître. Pendant ce temps, ceux qui sont restés se demandent :

« Et comment faire ? »

Encore un silence….

Puis, avec un éclat de rire éraillé, Elchias dit :

« Il faut travailler Judas, fils de Simon…

– Oui ! C’est une bonne idée, mais tu l’as offensé !…

– Je m’en occupe » dit celui que Jésus a appelé Simon Boetos. « Eléazar, fils d’Hanne, et moi, nous allons l’embobiner…

– Quelques promesses…

– Un peu de menaces…

– Beaucoup d’argent…

– Non : pas beaucoup… Des promesses, des promesses de beaucoup d’argent…

– Et puis ?

– Quoi : et puis ?

– Hé ! Après, quand tout sera terminé, que lui donnerons-nous ?

– Mais rien ! La mort ! Ainsi… il ne parlera plus, dit lentement et cruellement Elchias.

– Oh ! la mort…

– Cela te fait horreur ? Allons donc ! Si nous tuons le Nazaréen qui… est un juste… nous pourrons bien tuer également Judas Iscariote, qui est un pécheur… »

Il y a certaines hésitations…

Mais Elchias, se levant, dit :

« Nous demanderons aussi conseil à Hanne… Et vous verrez qu’il… trouvera l’idée bonne. Vous y viendrez vous aussi… Ah ! vous y viendrez… »

Ils sortent tous derrière leur hôte qui s’en va en répétant :

« Vous y viendrez… Vous y viendrez ! »

414.1

Jesus enters the house of His host, not far from the Temple, towards the district at the foot of the Tophet. It is the decorous, rather austere house of a strict observant, nay, of an exaggerated observant. I believe that even nails have been placed in number and position as prescribed by one of the six hundred and thirteen precepts. There is no design on the cloths, not one ornament on the walls, not a knick-knack… not one of the little things, which in the houses of Joseph and Nicodemus and of the very Pharisees in Capernaum, are present to decorate them. Here… the spirit of the owner breathes in every part. It is icy, so bare it is of ornament. The dark heavy furniture, shaped like sarcophagi, makes it dull. It is repellent. A house which does not welcome, but is hostile to those entering it.

And Helkai points it out boasting. «See, Master, how observant I am? Everything says so. Look: curtains without any design, unadorned furniture, no sculptured vases or chandeliers imitating flowers. There is everything, but everything complies with the precept[1]: “You shall not make yourself a carved image or any likeness of anything in heaven or on the earth or in the waters under the earth”. And it is so in the house and also with regards to my garments and those of the household. For instance, I do not approve of the needlework on the tunic and mantle of this disciple of Yours (the Iscariot). You will object: “Many wear them”. Or: “It is only a Greek fret”. All right. But with those angles and curves, it is too strong a reminiscense of the signs of Egypt. Horrible! Diabolic cyphers! Necromantic signs! Beelzebub’s monogram! It is not an honour to you, Judas of Simon, to wear them, or to You, Master, to allow him.»

Judas replies with a sly sarcastic laugh. Jesus replies humbly: «Rather than the signs of their clothes, I watch that there are no signs of horror in their hearts. But I will ask, nay I ask My disciple now, to wear less ornate garments in order not to scandalise anybody.»

Judas has a good gesture: «In actual fact my Master has told me several times that He would prefer my clothes to be more simple. But I… I did what I liked, because I like to be dressed thus.»

«Which is bad, very bad. It’s very bad that a Galilean should teach a Judaean, particularly with regards to you, as you were one of the Temple… Oh!» Helkai appears to be utterly scandalised and his friends join in with him.

Judas is already tired of being kind. He retorts: «Oh! in that case there are many pompous things that you members of the Sanhedrin should forgo! If you had to remove all the drawings with which you have covered the faces of your souls, you would really look ugly.»

«How can you say that?»

«As one who knows you.»

«Master! Do You hear him?»

«I do, and I say that humbleness is necessary on both sides, as well as truth. And you ought to be indulgent to one another. God only is perfect.»

«Well said, Rabbi!» says one of the friends… A feeble solitary voice in the group of Pharisees and doctors.

«It’s wrong, instead» replies Helkai. «Deuteronomy is clear in its curses[2]. It says: “A curse on the man who carves or casts an idol, a detestable thing, the work of a craftsman’s hands and…”»

«But these are clothes, they are not sculptures» replies Judas.

«Be silent. Your Master will speak. Helkai, be fair and make the necessary distinction. Cursed be he who makes idols, not he who makes patterns copying the beautiful things which the Creator put in creation. We pick flowers to adorn…»

«I don’t pick any and I do not want to see any room adorned with them. Woe to my women if they commit such a sin in their rooms. God only is to be admired.»

«Quite right. God only. But we can admire God also in a flower, confessing that He is the Craftsman of the flower.»

«No, no! Heathenism! Heathenism!»

«Judith adorned[3] herself, so did Esther for a holy purpose…»

«Females! And a female is always a despicable thing.

414.2

But I beg You, Master, go into the dining-room, while I withdraw for a moment as I have to speak to my friends.»

Jesus agrees without discussion.

«Master… I am breathing with difficulty!…» exclaims Peter.

«Why? Are you not feeling well?» ask some apostles.

«No, but I feel uncomfortable… like one who has fallen into a trap.»

«Do not get excited. And be very prudent, all of you» advises Jesus.

They remain standing in a group, until the Pharisees come in followed by the servants.

«Let us sit down at once. We have a meeting and we cannot be late» orders Helkai. And he assigns the seats while the servants serve the food.

Jesus is beside Helkai and Peter is at His side. Helkai offers the food and the meal begins in deathlike silence… They then begin to speak and the first words, of course, are addressed to Jesus, because the Twelve are neglected, as if they were not there.

414.3

The first question is asked by a doctor of the Law. «Master, are You sure of what You say?»

«I do not say so by Myself. The prophets said so before I was among you.»

«The prophets!… Since You deny that we are the holy ones, You may accept as true my assertion that our prophets may be braggarts.»

«The prophets are saints.»

«But we are not, are we? But remember that Zephaniah[4] joins prophets and priests together when condemning Jerusalem: “Her prophets are braggarts, they are impostors, and her priests profane the holy things, they do violence to the Law”. You continuously reproach us with that. But if You accept the latter words of the prophet, you must accept also the former and thus admit that one cannot rely on the words of braggarts.»

«Rabbi of Israel, reply to My question. When a few lines later Zephaniah says: “Shout for joy, daughter of Zion… the Lord has repealed your sentence… the King of Israel is in your midst”, does your heart accept those words?»

«It is my glory to repeat them to myself dreaming of that day.»

«But they are the words of a prophet, of a braggart, so…»

The doctor of the Law remains dumbfounded for a moment. One of his friends assists him. «No one can doubt that Israel will reign. Not one, but all the prophets, and the patriarchs before the prophets, have mentioned that promise of God.»

«And not one of the patriarchs and prophets has failed to point out Who I am.»

«Oh! Well! But we have no proof! You may be a braggart as well. What proof can You give us that You are the Messiah, the Son of God? Give me a time-limit, that I may judge.»

«I do not refer you to My Death described by David and Isaiah, but to My Resurrection.»

«You? Rise again? And who will make You rise again?»

«Not certainly you. Neither the Pontiff, nor the monarch, nor the castes, nor the people. I will rise again by Myself.»

«Do not blaspheme, Galilean, and do not lie!»

«I am doing nothing but pay honour to God and speak the truth. And with Zephaniah I say to you: “Wait for Me at My resurrection”. Up to that time you may doubt, you all may doubt and work to make the people dubious. But it will no longer be possible for you to feel dubious when the Eternal Living One, after redeeming mankind, will rise by Himself from the dead to die no longer. Intangible Judge, perfect King, with His sceptre and Justice He will rule and judge until the end of the world and will continue to reign forever in Heaven.»

414.4

«Do You not realize that You are speaking to doctors and members of the Sanhedrin?» asks Helkai.

«And so what? You ask Me questions, and I reply to them. You show desire to learn, and I explain the truth to you. After calling to My mind the curse of Deuteronomy, because of a drawing on a garment, you are not going to remind Me of another curse of the same Book: “A curse on him who strikes down his neighbour in secret”.»

«I am not striking You down. I am giving You food.»

«No. But your insidious questions are blows in the back. Be careful, Helkai. Because God’s maledictions follow one another, and the one I just quoted, is followed by another one: “A curse on him who accepts a bribe to take an innocent life”.»

«In this case You are accepting the gift, since You are my guest.»

«I do not even condemn culprits, if they are repentant.»

«Then, You are not just.»

«Yes, it is just. Because He considers that repentance deserves forgiveness, and therefore He does not condemn» says the man who already consented to Jesus in the hall of the house.

«Will you be quiet, Daniel! Do you think you know better than we do? Or are you seduced by One upon Whom much is still to be decided and Who does nothing to help us decide in His favour?» says one of the doctors.

«I know that you are the wise ones and I am a simple Judaean and I do not even know why you often want me to be with you…»

«Because you are a relative! That is easily understood! And I want those who become my relatives to be holy and wise! I cannot allow ignorance in the Scriptures, in the Law, in Halacha, Midrash and Haggada. And I cannot suffer that. Everything is to be known and complied with…»

«And I am grateful to you for so much attention. But I, a simple tiller, once I undeservedly became your relative, I have been anxious about nothing but to know the Scriptures and the Prophets, to have comfort in my life. And with the simplicity of an unlearned person, I confess that in the Rabbi I recognize the Messiah, preceded by His Precursor, who pointed Him out to us… And you cannot deny that John was possessed by the Spirit of God.»

There is silence. They do not want to deny that the Baptist was infallible. Neither do they wish to admit that he was.

Then another one says: «Well… Let us say that the Precursor is the precursor of that angel that God sends to prepare the way to Christ. And… let us admit that in the Galilean there is enough holiness to consider Him such an angel. After Him there will come the times of the Messiah. Do you not think that this idea of mine is conciliative foreverybody? Will you agree to it, Helkai? And what about you, my friends? And You, Nazarene?»

«No.», «No.», «No.» Three definite noes.

«Why? Why do you not approve of it?»

Helkai is silent. His friends also say nothing. Jesus only replies frankly: «Because I cannot approve of an error. I am more than an angel. The Baptist was the angel, the Precursor of the Christ, and I am the Christ.»

414.5

There is a long deathlike silence. Helkai, his elbow resting on his couch and his cheek leaning on his hand, is pensive, severe, as uncommunicative as his whole house.

Jesus turns around, looks at him, then says: «Helkai, do not confuse the Law and the Prophets with trifles!»

«I see that You have read my thought. But You cannot deny that You have sinned infringing the precept.»

«As you, and by craft, and thus with a bigger sin, have infringed the duty of a host, and you did so deliberately, you distracted My attention and you sent Me here, while you were purifying yourself with your friends, and when you came back you begged us to make haste, because you had a meeting, and you did all that in order to be able to say to Me: “You have sinned”.»

«You could have reminded me of my duty to let You have what was necessary for Your purification.»

«I could remind you of many things, but it would only serve to make you more intolerant and hostile.»

«No. Tell me. We want to listen to You and…»

«And inform the Chief Priests accusing Me. That is why I reminded you of the last two curses. I am aware of it and I know you. I am here defenceless among you. I am here, isolated from the people who love Me and before whom you dare not assail Me. But I am not afraid. I do not resort to compromises, neither do I act in a cowardly way. And I tell you your sin, yours and of your entire caste, O Pharisees, the false pure ones of the Law, O doctors, the false wise ones, who intentionally confuse and mix the true and the false good, who impose on other people and exact from them perfection even in exterior things, while you exact nothing from yourselves. You blame Me, together with your host and Mine, for not washing Myself before dining. You know that I have just come from the Temple, which one enters after being purified[5] of dust and the dirt of the road. Do you want perhaps to confess that the Holy Place is contamination?»

«We purified ourselves before the meal.»

«And we were ordered: “Go there and wait”. And later: “Let us sit down without any delay”. So on your walls free from designs, there was a design: your plan to deceive Me. Which hand wrote on your walls the reason for a possible accusation? Your spirit or another power, which controls your spirit and to which you listen?

414.6

Now listen, all of you.»

Jesus stands up and with His hands resting on the edge of the table He begins His speech:

«You Pharisees wash the outside of the cup and of the plate, and you wash your hands and feet, as if plate and cup, hands and feet were to enter your spirits that you love to proclaim pure and perfect. But it is not for you, but for God to proclaim that. Well, listen to what God thinks of your spirits. He thinks that they are full of falsehood, of filth and robbery, they are full of iniquity and nothing from the outside can corrupt what is already corrupted.»

He lifts His right hand from the table and begins unintentionally to gesticulate with it, while He continues:

«Who made your spirits, as He made your bodies, can He not exact at least the same respect for your inside as you have for your outside? O stupid people, who confuse the two values and invert their importance, will the Most High not want a greater care for the spirit, which was made in His likeness and loses eternal Life through corruption, than He exacts for a hand or a foot, the dirt of which can be cleansed easily and which, even if they remained dirty, would not affect your interior cleanliness? And can God worry about the neatness of a cup or a tray, which are things without a soul and cannot influence your souls?

I read your thought, Simon Boetos. No, it does not stand. You do not carry out those purifications thinking of your health, as a protection for your bodies, your lives. Carnal sins, nay the sins of gluttony, of intemperance, of lust are certainly more harmful to the body than a little dust on your hands or on a plate. And yet you commit them without worrying about protecting your lives or the safety of your relatives. And you commit sins of various kinds, because besides polluting your souls and bodies, squandering your wealth, lacking respect to your relatives, you offend the Lord by desecrating your bodies, the temple of your souls, and in that temple there ought to be the throne of the Holy Spirit; and you offend the Lord also because you think that you have to protect by yourselves your bodies from diseases caused by a little dust, as if God could not intervene to protect you from physical trouble, if you had recourse to Him with pure spirit.

414.7

But He Who created the inside did not perhaps create the outside also, and vice versa? And is the inside not nobler and more marked by divine likeness? Do then good works worthy of God, not mean actions that do not rise from the dust for which and of which they are made, of the poor dust, which is man considered as an animal creature, mud formed into shape and which will become dust again, dust which the wind of time disperses. Do lasting works, that is holy regal works, crowned with divine blessing. Be charitable, give alms, be honest and pure in your deeds and in your intentions, and without resorting to ablutionary waters, everything will be pure in you.

What do you think? That you are in order because you pay tithes on spices? Woe to you, Pharisees, who pay the tithes of mint and rue, of mustard and cumin, of fennel and every other kind of herbs, and then you neglect the justice and love of God. It is your duty to pay tithes and it is to be done. But there are higher duties and they are to be done as well. Woe to those who respect exterior things and neglect the interior ones based on the love of God and of our neighbour. Woe to you, Pharisees, who love the first seats in synagogues and meetings, and like to be greeted obsequiously in the market squares and you do not worry about doing deeds that can give you a seat in Heaven and make you deserve to be revered by the angels. You are like hidden sepulchres, which do not disgust him who passes near them without noticing them, but would give him a shiver of horror if he saw what is closed in them. But God sees the most secret things also and cannot be deceived when He judges.»

414.8

Jesus is interrupted by a doctor of the Law who also stands up to contradict Him. «Master, You are offending us as well, by speaking so; and that is not advantageous to You, because we have to judge You.»

«No. Not you. You cannot judge Me. You will be judged, you are not the judges, and it is God Who will judge you. You can speak and utter sounds with your lips. But even the most powerful voice cannot reach up to Heaven or resound all over the world. After a short space it is silence… And after a short time it is oblivion. But the judgement of God is a lasting voice that is not subject to oblivion. Ages have gone by since God judged Lucifer and Adam. But the voice of the judgement has not gone out. And its consequences still last. And if I have come to bring back Grace to men, through the perfect Sacrifice, the sentence on Adam’s action remains what it is, and it will always be called “Original sin”. Men will be redeemed, they will be washed with a purification exceeding every other one, but they will be born with that stain, because God has decided that that stain is to be in every man born of woman, with the exception of Him, Who was made not by deed of man, but by the Holy Spirit, and with the exception of the Preserved Woman and the Presanctified Man, virgins forever. The Former, that She might be the Virgin Mother of God, the latter that he might be the precursor of the Innocent, being born already pure, through a pre-fruition of the infinite merits of the Saviour Redeemer.

414.9

And I tell you that God judges you. And He judges you saying: “Woe to you, doctors of the Law, because you load people with unbearable weights, turning into a punishment the fatherly Decalogue of the Most High to His People”. He had given it out of love and for love, so that man might be supported by a fair guide, man, the eternal imprudent ignorant child. And the loving leading-strings, by which God supported His creatures, so that they might proceed along His way and arrive at His heart, have been replaced by you with mountains of heavy, sharp harassing stones, a labyrinth of prescriptions, a nightmare of scruples, whereby man loses heart, becomes confused, stops, fears God as an enemy. You prevent hearts from going to God. You separate the Father from His children. Through your impositions, you deny such sweet, blessed true Paternity. You, however, do not even touch with your fingers those weights, which you load on other people. You consider yourselves justified, simply because you gave them. But, O fools, do you not know that you will be judged for what you considered necessary for salvation? Do you not know that God will say to you: “You said that your word was sacred and just. Well, I judge it such as well. And since you imposed it on everybody and you judged your brothers according to how it was accepted and practised, now I judge you by your own word. And since you did not do what you said was to be done, be damned”?

Woe to you who build sepulchres to the prophets killed by your fathers. What? Do you think that you will thus reduce the gravity of your fathers’ sin or that you will cancel it in the eyes of posterity? No. On the contrary you give evidence of such deeds of your fathers. Not only, but you approve of them, and you are ready to imitate them and build later a sepulchre to the persecuted prophet, so that you say to yourselves: “We have honoured him”. Hypocrites! That is why the Wisdom of God said: “I will send them prophets and apostles. And they will kill some and persecute some, so that it may be possible to call this generation to account for the blood of all the prophets, shed from the creation of the world onwards, from the blood of Abel[6] down to the blood of Zacharias, slain between the Altar and the Sanctuary”. Yes, I solemnly tell you that of all that blood of saints an account will be asked of this generation, which cannot tell where God is, and it persecutes and distresses the just who are a living comparison for their injustice.

414.10

Woe to you, doctors of the Law, who have usurped the key of science and have closed its temple, in order not to enter it and be judged by it, neither have you allowed others to enter it. Because you know that if the people were taught the true Science, that is, Holy Wisdom, they could judge you. You, therefore, prefer them to be ignorant that they may not judge you. And you hate Me because I am the Word of Wisdom and before the time you would like to close Me in prison, in a sepulchre, so that I may no longer speak.

But I will speak as long as My Father likes Me to speak. And afterwards My deeds will speak more than My words. And My merits will speak even more than My deeds, and the world will be taught and will know, and it will judge you. The first judgement is upon you. Then the second will come: an individual judgement at the death of each of you. And then the last one: The Universal one. And you will remember this day and these days, and you, you alone will know the terrible God, Whom you have striven to show as a nightmarish vision to the spirits of simple people, whilst you, inside your sepulchres, derided Him and you neither respected nor obeyed His commandments, from the first and main one: the commandment of love, to the last one given on Sinai.

It is of no avail to you, Helkai, that you have no images in your house. Neither is it of any avail to you all, that you have no sculptures in your houses. Inside your hearts you have an idol, several idols. The idol whereby you believe that you are gods, the idols of your concupiscence.

414.11

Come, My disciples, let us go.»

And preceded by the Twelve He goes out last.

Silence…

Those remaining clamour shouting all together: «We must persecute Him, catch Him at fault and find counts of indictment! We must kill Him!»

Then silence again.

Then, while two of them go away disgusted with the hatred and intentions of the Pharisees – one is Helkai’s relative and the other the man who defended the Master twice – those left ask one another: «But how?»

There is silence once again.

Then with a hoarse laughter Helkai says: «We will have to talk Judas of Simon around…»

«Of course! It’s a good idea! But you offended him!…»

«I’ll see to that» says the one whom Jesus called Simon Boetos. «Eleazar of Annas and I… We will entrap him…»

«Some promises…»

«A little fear…»

«Much money…»

«No. Not much… Promises of much money…»

«And then?»

«What do you mean: and then?»

«Eh!’Then. When it is all done, what shall we give him?»

«Nothing! Death. So… he will not speak anymore» slowly and cruelly says Helkai.

«Oh! death…»

«Are you horrified? Go away! If we kill the Nazarene Who… is a just man… we can kill the Iscariot as well, as he is a sinner…»

There is hesitation…

But Helkai, standing up, says: «We will hear also what Annas says… And you will see that… he will say that it is a good idea. And you will come, too… Oh! you will certainly come…»

They all go out after their host who goes away saying: «You will come… You will come!»


Notes

  1. précepte qui se trouve en Ex 20, 4.
  2. Les malédictions : celle qu’Elchias rappelle se trouve en Dt 27, 15.
  3. s’est parée, comme en Jdt 10, 3-4 ; Est 5, 1.
  4. Sophonie, dont les passages suivants seront cités : So 3, 4.8.14.15.
  5. son autre malédiction : les deux citations de Jésus sont tirées de Dt 27, 24-25.
  6. purifié, comme on l’a vu en 413.1.
  7. depuis le sang d’Abel, en Gn, 4, 8 ; jusqu’à celui de Zacharie, en 2 Ch 24, 20-22.

Notes

  1. precept, that is in: Exodus 20,4.
  2. curses, of which Helkai remembers that of Deuteronomy 27,15; while Jesus remembers those of Deuteronomy 27,24-25.
  3. adorned, as in: Judith 10,3-4; Esther 5,1.
  4. Zephaniah, that will be mentioned in the following passages: Zephaniah 3,4.8. 14.15.
  5. purified, as occured in 413.1.
  6. from the blood of Abel, in Genesis 4,8; down to the blood of Zacharias, in 2 Cronicles 24,20-22.