The Writings of Maria Valtorta

449. Le petit Alphée mal aimé par sa mère.

449. Little Alphaeus no longer loved by his mother.

449.1

« Prenez des provisions et des vêtements pour plusieurs jours. Nous allons à Hippos et de là à Gamla et à Aphéqa pour descendre à Guerguesa et revenir ici avant le sabbat » ordonne Jésus, debout sur le seuil de la maison et caressant machinalement des enfants de Capharnaüm, venus saluer leur grand Ami, dès que le soleil, à son déclin, n’est plus ardent au point d’être meurtrier et permet de quitter les maisons. Et Jésus est l’un des premiers à le faire, dans la ville qui sort de la torpeur asphyxiante des heures de plomb.

Les apôtres ne semblent pas très enthousiastes : ils se regardent les uns les autres et observent le soleil encore si impitoyable, ils touchent les murs de la maison encore brûlants et, de leur pied nu, ils tâtent le sol. Puis ils disent :

« Il est chaud comme une brique mise au feu… » en sous-entendant par toute cette pantomime qu’il faudrait être fou pour se mettre en route…

Jésus se détache de l’huisserie contre laquelle il s’appuyait légèrement et dit :

« Que celui qui n’a pas envie de venir reste simplement. Je n’oblige personne, mais je ne veux pas quitter cette région sans parler.

– Maître… Tu crois cela ? Nous venons tous… Seulement… il nous paraissait encore tôt pour voyager…

– Avant la fête des Tentes, je veux aller vers le septentrion, beaucoup plus loin par conséquent, et par des voies où nous n’aurons pas de barque. Aussi doit-on parcourir maintenant cette région où le lac nous épargne beaucoup de chemin.

– Tu as raison. Je vais préparer les barques… »

Et Simon-Pierre s’éloigne, suivi de son frère, des deux fils de Zébédée et de quelques disciples pour organiser le départ.

Jésus reste avec Simon le Zélote, ses cousins, Matthieu, Judas, Thomas ainsi que les deux inséparables, Philippe et Barthélemy, qui préparent leurs sacs, remplissent les gourdes, et apportent du pain, des fruits, et tout ce qu’il faut.

449.2

Un petit garçon pleure contre les genoux de Jésus.

« Pourquoi pleures-tu, Alphée ? » demande Jésus en se penchant pour l’embrasser.

Pas de réponse… mais les larmes redoublent.

« Il a vu les fruits, et il en veut, dit Judas, agacé.

– Oh ! le pauvre petit ! Il a raison ! on ne doit pas faire passer certaines choses sous les yeux des enfants, sans leur en donner un peu. Tiens, mon enfant. Ne pleure pas ! » dit Marie, femme d’Alphée.

Ce disant, elle prend un rameau mis dans un panier avec toutes ses feuilles et les grappes qui y sont encore attachées, et en détache une bien dorée.

« Je ne veux pas de raisin… »

Il pleure encore plus fort.

« Il veut sûrement de l’eau aromatisée au miel » dit Thomas

Et il lui offre sa gourde :

« Cela plaît aux enfants et leur fait du bien. Mes neveux aussi…

– Je ne veux pas de ton eau… »

Et il pousse des cris plus aigus et plus forts.

« Mais que veux-tu alors ? demande Jude, mi-sérieux, mi-fâché.

– Deux claques, voilà ce qu’il veut ! lance Judas.

– Pourquoi ? Pauvre enfant ! demande Matthieu.

– Parce qu’il est énervant.

– S’il fallait donner des gifles à toutes les personnes qui nous ennuient, on passerait sa vie à en donner, dit Thomas avec beaucoup de calme.

– Il ne se sent peut-être pas bien » déclare Marie Salomé, qui est parmi les disciples. « Des fruits et de l’eau, de l’eau et des fruits… Le corps en souffre.

– Mais lui, c’est déjà beaucoup s’il mange du pain, de l’eau et des fruits… Ils sont tellement pauvres ! dit Matthieu qui, par son expérience de percepteur, connaît toutes les finances de Capharnaüm.

– Qu’as-tu, mon petit ? Tu souffres ici ?… Pourtant tu n’as pas de fièvre, dit Marie, femme de Cléophas, à genoux auprès de l’enfant.

– Oh ! Maman ! Mais c’est un caprice !… Tu ne le vois pas ? Tu les gâterais tous.

– Je ne t’ai pas gâté, mon Jude, mais je t’ai aimé. Et tu ne te rendais pas compte que je t’aimais jusqu’à te protéger contre la sévérité de ton père…

– C’est vrai, maman… J’ai eu tort de te faire des reproches.

– Ce n’est rien, mon fils. Mais si tu veux être apôtre, sache avoir des entrailles de mère pour les fidèles. Ils sont comme des enfants, tu sais… et il faut avoir pour eux une patience affectueuse…

– Tu as bien raison, Marie ! approuve Jésus.

449.3

– Nous allons finir par être instruits par les femmes » bougonne Judas. « Si ce n’est même par des païennes…

– Sans aucun doute. Elles vous dépasseront de beaucoup, si vous restez ce que vous êtes, et toi plus que tous, Judas. Tous te dépasseront sûrement : les petits, les mendiants, les ignorants, les femmes, les païens…

– Autant dire que je serai le roi des avortons, ce serait plus vite fait, répond Judas, qui rit jaune.

– Les autres sont en train de revenir… et ce sera l’heure de partir, n’est-ce pas ? » dit Barthélemy pour couper court à la scène dont souffrent plusieurs, chacun à sa manière.

Les pleurs du petit garçon atteignent leur maximum.

« Mais enfin ! Que veux-tu ? Qu’as-tu ? » fulmine Judas en le secouant rudement pour le détacher des genoux de Jésus auxquels l’enfant s’est agrippé et surtout pour passer son dépit sur l’innocent.

– Avec toi ! Avec toi !… Tu t’en vas… et les coups…, ça fait très mal !

449.4

– Ah !… Oh ! le pauvre petit ! C’est vrai ! Depuis qu’elle s’est remariée, les enfants du premier mari sont traités comme des gueux… comme s’ils n’étaient pas nés d’elle… Elle les envoie mendier, mais… il n’y a pas de pain pour eux… » dit la femme du maître de maison, qui semble bien connaître la situation et les responsables. Et elle achève : « Il faudrait que quelqu’un les adopte, ces trois abandonnés…

– N’en parle pas à Pierre, femme. Tu te ferais haïr à mort par sa belle-mère qui est plus que jamais remontée contre lui et nous tous. Ce matin même, elle a couvert d’insolences Simon et Marziam, et moi qui étais avec eux… dit Matthieu.

– Je n’en dirai rien à Pierre… Mais c’est ainsi…

– Et toi, tu ne les prendrais pas ? Tu n’as pas d’enfants… dit Jésus en la regardant fixement…

– Moi… Cela me plairait bien… Mais nous sommes pauvres… et puis… Thomas… C’est qu’il a des neveux… et moi aussi… et… et…

– Et surtout tu n’es pas disposée à faire du bien à tes semblables… Femme, hier tu traitais les pharisiens d’ici de durs de cœur, et les gens de la ville de revêches à ma parole… Mais que fais-tu de différent, toi qui me connais depuis plus de deux ans ? »

La femme baisse la tête en chiffonnant son vêtement, mais elle ne dit pas un mot en faveur de l’enfantì qui pleure toujours.

449.5

« Nous sommes prêts, Maître, crie Pierre en arrivant.

– Ah ! être pauvre !… et persécuté !… » soupire Jésus en levant les bras en un geste de découragement…

– Mon Fils !… » dit pour le réconforter Marie, qui jusqu’alors s’était tue.

Et il suffit de cette parole pour consoler Jésus.

« Allez de l’avant avec les provisions. Moi, je vais avec ma Mère à la maison de l’enfant » ordonne Jésus à tous les apôtres.

Il s’éloigne avec sa Mère, qui a pris l’enfant à son cou, et ils prennent la direction de la campagne.

« Que vas-tu lui dire, mon Fils?

– Maman, que veux-tu que je dise à une femme qui, dans ses entrailles de mère, n’a même pas d’amour pour ceux qui sont nés de son sein?

– Tu as raison… Et alors?

– Et alors… Prions, ma Mère.»

Ils marchent en priant.

449.6

Une vieille femme les interpelle :

« Vous portez Alphée à Méroba ? Dites-lui qu’il est temps qu’elle s’en occupe. Ils deviendront forcément des voleurs… et ils sont comme des sauterelles là où ils arrivent… Mais c’est à elle que j’en veux, pas à ces trois malheureux… Ah ! que la mort est injuste ! Jacob n’aurait-il pas pu vivre et elle mourir ? Tu devrais la faire mourir, comme ça…

– Femme, tu n’es pas encore sage à ton âge ? Et tu dis cela alors que tu peux mourir à chaque minute ? En vérité, tu es aussi injuste que Méroba. Repens-toi et ne pèche plus.

– Pardon, Maître… C’est que sa conduite me fait déraisonner…

– Oui. Je te pardonne. Mais ne dis jamais plus de telles paroles, ne les pense même plus. Ce n’est pas par la malédiction que l’on répare les erreurs, mais par l’amour. Si Méroba mourait, le sort des enfants changerait-il ? Peut-être le veuf prendrait-il une autre femme et il aurait des enfants d’un troisième lit, et eux une marâtre… Plus pénible par conséquent serait leur sort.

– C’est vrai. Je suis vieille et sotte. Voici Méroba. Elle maugrée déjà… Je te quitte, Maître. Je ne veux pas qu’elle pense que je t’ai parlé d’elle. C’est une vipère… »

Mais la curiosité est plus forte que la peur de la “ vipère ”, et la vieille femme, tout en se tenant à distance de Jésus et de Marie, ne s’en écarte pas tellement ; elle se penche pour arracher au bord du chemin de l’herbe, rendue humide par le voisinage d’une fontaine, pour écouter sans se faire remarquer.

449.7

« Te voilà ? Qu’as-tu fait ? A la maison ! Tu es toujours en vadrouille comme une bête errante, comme un chien sans maître, comme…

– Comme un enfant sans mère. Femme, tu sais que les enfants qui ne restent pas dans les jupes de leur mère lui rendent un mauvais témoignage ?

– C’est parce qu’ils sont méchants…

– Non. Je viens ici depuis trente mois. Auparavant, du vivant de Jacob et les premiers mois de ton veuvage, il n’en était pas ainsi. Puis tu as repris un mari… et avec le souvenir de ton premier mariage, tu as perdu aussi celui de tes enfants. Mais en quoi sont-ils différents de celui qui se forme actuellement dans ton sein ? N’as-tu pas porté ces enfants de la même manière ? Ne les as-tu pas allaités, peut-être ? Regarde ici cette colombe et vois quel soin elle prend de son petit… Et pourtant elle couve déjà d’autres œufs… Regarde cette brebis : elle n’allaite plus l’agneau de la portée précédente parce qu’elle en porte déjà un autre. Et pourtant, vois comme elle lui lèche le museau et se laisse heurter le flanc par son agnelet plein de vie ? Tu ne me réponds pas ? Femme, pries-tu le Seigneur ?

– Certainement. Je ne suis pas païenne…

– Et comment peux-tu t’adresser au Seigneur qui est juste, si tu es injuste ? Et comment peux-tu aller à la synagogue et écouter les rouleaux parler de l’amour de Dieu pour ses enfants, sans ressentir de remords dans ton cœur ? Pourquoi gardes-tu le silence dans cette attitude arrogante ?

– Parce que je n’ai pas demandé ton sermon… et je ne sais pas pourquoi tu viens me harceler… L’état où je suis mérite le respect…

– Et pas celui de ton âme ? Pourquoi ne respectes-tu pas les droits de ton âme ? Je sais ce que tu veux me dire : qu’une colère peut mettre en danger la vie de celui qui doit naître… Mais ne te soucies-tu pas de la vie de ton âme ? Elle est plus précieuse que celle d’un enfant à naître… Tu le sais… Ton état peut se terminer dans la mort. Est-ce que tu veux affronter cette heure avec une âme troublée, malade, injuste ?

– Mon mari dit que tu es quelqu’un qu’il ne faut pas écouter. Je ne t’écoute donc pas. Viens, Alphée… »

449.8

Et elle fait mine de se retourner au milieu des cris de l’enfant qui sait déjà qu’il va au devant des coups et ne veut pas lâcher le bras de Marie. Celle-ci, en soupirant, cherche à convaincre la femme et s’adresse à elle pour lui dire :

« Je suis mère, moi aussi, et je peux comprendre bien des choses. Et je suis femme… Je sais donc comprendre les femmes. Tu passes par une mauvaise période, n’est-ce pas ? Tu souffres et tu ne sais pas souffrir… et ainsi tu t’aigris… Ma sœur, écoute. Si je te donnais maintenant le petit Alphée, tu serais injuste envers lui et envers toi. Laisse-le-moi pendant quelques jours, quelques jours seulement. Tu verras que, quand tu ne l’auras plus, tu soupireras après lui… parce qu’il est si doux d’avoir un enfant, que lorsqu’il s’éloigne de nous, nous nous sentons pauvres, glacées, sans lumière…

– Mais emporte-le ! Emporte-le ! Si seulement tu pouvais prendre les deux autres ! Mais je ne sais pas où ils sont… »

– Je le prends, oui. Adieu, femme. Viens, Jésus. »

Marie se retourne rapidement et s’éloigne en sanglotant…

« Ne pleure pas, Maman.

– Ne la juge pas, mon Fils… »

Les deux phrases se croisent, toutes deux pleines de pitié, et puis dans une pensée unique, les lèvres s’ouvrent pour une même parole.

« S’ils ne comprennent pas l’amour naturel, peuvent-ils donc comprendre l’amour qui est dans la Bonne Nouvelle ? »

Ce Fils et cette Mère se regardent par dessus la petite tête de l’innocent, qui s’abandonne maintenant avec confiance et bonheur dans les bras de Marie…

« Nous allons avoir un disciple de plus que prévu, Maman.

– Et lui connaîtra des jours de paix…

449.9

– Vous avez vu, hein ? » leur dit la petite vieille. « Elle est sourde, sourde comme une cymbale défoncée… Je vous l’avais bien dit ! Et maintenant ? Et après? – Et maintenant, c’est la paix. Puis Dieu veuille que quelque cœur ait pitié… Pourquoi pas le tien, femme ? Une coupe d’eau donnée par amour est comptée au Ciel. Mais celui qui aide un innocent par amour pour moi… oh ! quelle béatitude pour ceux qui aiment les petits et les sauvent du mal ! »

La vieille femme reste pensive… et Jésus s’en va par un raccourci qui conduit au lac. En arrivant, il prend l’enfant des bras de Marie pour lui permettre de monter plus facilement dans la barque. Il soulève l’enfant aussi haut qu’il le peut pour le montrer et, avec un sourire lumineux, il dit à ceux qui sont déjà assis à bord :

« Regardez ! Cette fois, certainement, nous allons avoir une prédication fructueuse car nous avons un innocent avec nous. »

Puis il monte avec assurance sur la passerelle qui se balance, embarque et s’assied près de sa Mère, pendant que le bateau se détache du rivage en mettant tout droit le cap sur le sud-est, en direction d’Hippos.

449.1

«Take provisions and clothes for several days. We are going to Hippo and then to Gamala and Aphek, we will then go down to Gherghesa and come back here before the Sabbath» orders Jesus, standing on the threshold of the house and caressing absent-mindedly some children of Capernaum, who have come to greet their great Friend, as soon as the setting sun is no longer deadly scorching and allows people to leave their houses. And Jesus is one of the first to do so in the little town which revives after the suffocating torpor of the hot hours of the day.

The apostles do not appear to be very enthusiastic about the order they have received. They look at one another, they cast glances at the sun, which is so pitiless, they touch the walls of the house and feel that they are still hot, with their bare feet they touch the ground and say: «It is as hot as a brick near the fire…» implying by such pantomime that one must be mad to go about…

Jesus stands off the door-post against which He was leaning lightly and He says: «Anyone who does not feel like coming may remain here. I do not force anybody. But I do not want to leave this area without My word.»

«Master… don’t say that! We are all coming… Only… we thought it was still early to go about…»

«Before the Feast of the Tabernacles I want to go towards the north, so much farther and where boats cannot go. Consequently we must do this area now, as travelling by lake we can save much of the road.»

«You are right. I am going to prepare the boats…» and Simon of Jonah goes out with his brother and the two sons of Zebedee and some disciples, to prepare for departure.

Jesus is left with the Zealot, His cousins, Matthew, the Iscariot, Thomas and the inseparable Philip and Bartholomew, who are preparing their sacks and filling flasks, packing loaves of bread, fruit, everything that is needed.

449.2

A little child is whining leaning against Jesus’ knees.

«Why are you weeping, Alphaeus?» asks Jesus, bending to kiss him…

No reply… He whimpers more loudly.

«He has seen the fruit and wants it» says the bored Iscariot.

«Oh! poor little fellow! He is right! One must not let children see certain things, without giving them some. Take this, son. Don’t cry!» says Mary of Alphaeus, picking a golden bunch of grapes from a vine branch, placed in a basket with all the leaves and bunches still attached to it.

«I don’t want the grapes…» and he cries louder.

«He wants honeyed water, certainly» says Thomas and he offers his little flask saying: «Children like it and it is good for them. Also my little nephews…»

«I don’t want your water…» and his crying increases in tone and intensity.

«What do you want then?» asks Judas of Alphaeus half serious and half annoyed.

«Two slaps, that’s what he wants!» says the Iscariot.

«Why? poor boy!» asks Matthew.

«Because he is a bore.»

«Oh! If we had to box all the boring persons’ ears… we would have to spend our lives boxing our own» says Thomas very calmly.

«Perhaps he is not feeling well. Fruit and water, water and fruit… make tummies ache» states Mary Salome who is among the women disciples.

«If he gets bread, water and fruit, he is lucky… They are so poor!» says Matthew, who by his experience as tax collector is aware of all the financial situations in Capernaum.

«What is the matter with you, my little son? Is it sore here?… But you are not feverish…» says Mary of Clopas who is kneeling beside the little child.

«Oh! Mother! He is just being naughty!… Can’t you see it? You would spoil everybody.»

«I did not spoil you, my dear Judas. But I loved you. And you did not realize, son, that I loved you to the extent of protecting you against the rigours of Alphaeus…»

«That’s true, Mother… I was wrong in reproaching you.»

«No harm, son. But if you want to be an apostle, strive to have the heart of a mother for believers. They are like children, you know… and one must be patient and loving with them…»

«Well said, Mary!» says Jesus approvingly.

449.3

«We will end up by being taught by women» grumbles Judas Iscariot. «And perhaps even by pagan females…»

«Without any doubt. They will exceed you in many things, if you remain what you are, and you above all, Judas. You Will certainly be surpassed by everybody, by little children, by beggars, by ignorant people, by women, by heathens…»

«You could say that I will be the abortion of the world and You would be quicker» replies Judas with a sneer.

«The others are coming back… and we had better leave, don’t you think so?» says Bartholomew to put an end to the scene, which is grievous for many, although in different ways.

The crying of the little boy reaches its peak.

«Well what is it that you want? What is the matter with you?» shouts the Iscariot shaking the boy rudely to take him away from of Jesus’ knees, to which the child is clinging, and above all to give vent to his anger on the innocent boy.

«With You! With You!… Go away… and blows, blows…»

449.4

«Ah!… Oh! poor child! It is true! Since his mother got married again the children of her first husband… are like beggars… as if they were not born of her… She sends them about like beggars and… oh! there is no bread for them…» says the wife of the landlord and she seems to be well informed of facts and their protagonists. And she concludes: «It would be a good thing if someone adopted the three forlorn sons…»

«Don’t tell Simon of Jonah, woman. You would get his mother-in-law to have a mortal hatred of you; she is very angry at him and at all of us. Even this morning she insulted Simon, Marjiam and me, as I was with them…» says Matthew.

«I will not tell Simon… But that is the situation…»

«And would you not take them? You have no children…» says Jesus gazing at her…

«I… oh! I would like… But we are poor… and then… Thomas… He has nephews… and I also… and… and…»

«And above all you do not want to help your neighbour… Woman, yesterday you criticised the Pharisees of Capernaum as being hard-hearted, you criticised your fellow-citizens for turning a deaf ear to My words… But in what are you behaving differently, having known Me for over two years?…»

The woman lowers her head teasing her dress with her fingers… But she does not speak one word in favour of the little child who is still crying.

449.5

«We are ready Master» shouts Peter who is arriving.

«Oh! to be poor!… And persecuted!…» says Jesus with a sigh, raising His arms and shaking them in a gesture of discouragement…

«Son!…» says Mary, Who has been silent so far, to comfort Him. And Her word is sufficient to console Him.

«Go ahead with the provisions. I am going with My Mother to the boy’s house» Jesus orders those who are arriving and those who are already with Him, and He sets out with His Mother, Who is carrying the child in Her arms…

They go towards the country. «What will You tell her, Son?»

«Mother, what do You expect Me to tell a mother whose heart has no love even for the children who are the fruit of her womb?»

«You are right… So?»

«So… Let us pray, Mother.» They walk praying.

449.6

An old woman asks them: «Are You taking Alphaeus to Meroba? Tell her that it is time that she should take care of them. They can but become thieves… They are like locusts wherever they happen to go… I am indignant at her, not at those three poor wretches… Oh! How unfair death is! Could Jacob not have survived and could she not have died? You should make her die, so…»

«Woman, old as you are, are you not yet wise? And you say such words, while you may die at any moment? In actual fact, you are as unfair as Meroba. Repent and sin no more.»

«Forgive me, Master… It’s her guilty behaviour that makes me talk nonsense…»

«Yes, I forgive you. But never speak those words again, not even to yourself. You do not correct errors by cursing, but by loving. If Meroba died, would the fate of these children change? Perhaps the widower would get married again and he would have children of a third marriage and the boys would have a stepmother… Thus their destiny would be worse.»

«That is true. I am old and foolish. Here is Meroba. She is cursing already… I leave You, Master. I do not want her to think that I have been talking to You about her. She is a viper…»

But her curiosity is stronger than her fear for the «viper», and the little old woman, even if she moves away from Jesus and Mary, does not go far, instead she bends to root out on the roadside some grass, which a nearby fountain has moistened in order to listen without being noticed.

449.7

«You are here? What have you done? Go home! You are always wandering about like stray animals, like dogs with no master, like…»

«Like children with no mother. Woman, are you aware that it is an adverse testimony for a mother the fact that her little children are not always close to her skirt?»

«It’s because they are bad…»

«No. I have been coming here these last thirty months. Previously, when Jacob was alive and during the first months of widowhood, it was not so. Then you got married again… and with the memory of your previous wedding, you lost also that of your children. But what is the difference between them and the one who is maturing in your womb? Did you not bear them as well? Did you not suckle them? Look at that dove over there… How tenderly it takes care of that little pigeon… And yet it is already sitting on other eggs… Look at that sheep. She no longer suckles the lamb of the previous litter because she is pregnant again. And yet see how she licks its little snout and she lets the lively little lamb bump against her side? Are you not replying to Me? Woman, do you pray the Lord?»

«Of course I do. I am not a heathen…»

«And how can you speak to the just Lord if you are unjust? And how can you go to the synagogue and listen to the rolls of parchment which speak of the love of God for His children, without feeling remorse in your heart? Why do you not speak, and your attitude is so arrogant?»

«Because I did not ask for Your words… and I do not know why You have come to annoy me… My condition deserves respect…»

«And does the condition of your soul not deserve any? Why do you not respect the rights of your soul? I know what you mean: that a fit of anger may risk the life of the unborn child… But do you not take care of the life of your soul? It is more valuable than the unborn child’s… You know that… Death may be the end of your state. And do you want to face that hour with an upset, sick unjust soul?»

«My husband says that You are one to whom nobody should listen. I will not listen to You.

449.8

Alphaeus, come…» and she is about to go away amidst the screams of the little boy who knows that he is going to get a thrashing and does not want to leave Mary’s arms. And Mary sighing tries to persuade the woman and says to her: «I am a mother as well and I can understand so many things. And I am a woman… I can therefore pity women. You are going through a difficult period, are you not? You suffer but you are not good at suffering… you become embittered thus… Sister, listen. If I gave you little Alphaeus now, you would be unfair to him and to yourself. Leave him with me for a few days, oh! only a few days. You will see that when he is no longer with you, you will pine for him… because a son is such a dear thing, that when he is away from us, we feel poor, cold, with no light…»

«But take him! Take him! I wish You would take the other two as well! But I don’t know where they are…»

«Yes, I will take him. Goodbye, woman. Come, Jesus.» And Mary turns around quickly and goes away sobbing…

«Do not weep, Mother.»

«Do not judge her, Son…»

The two sentences are uttered simultaneously and then, with one thought only, their lips speak the same words: «If they do not understand natural love, can they understand the love which is in the Gospel?» and Son and Mother look at each other, over the little head of the innocent child who now relaxes confidently and happily in Mary’s arms…

«We will have one disciple more than we foresaw, Mother.»

«And he will enjoy days of peace…»

449.9

«Have You seen, eh! She is as deaf as a door-post. I had warned You! And now? And later?»

«Now there is peace. Later God grant there may be a pitiful heart… Why not yours, woman? A glass of water given out of love is taken into account in Heaven. But for those who love an innocent child for My sake… oh! what beatitude for those who love the little ones and save them from evil!…»

The little old woman remains pensive… and Jesus takes a short cut to the lake. When He arrives there, He takes the little boy from Mary’s arms to let Her get into the boat more easily, and He lifts the child up as far as He can, to show him and He smiles brightly saying to those who are already in the boats: «Look! This time our preaching will certainly be fruitful, because an innocent is with us» and He walks with steady steps on the board although it sways, He goes into the boat and sits beside His Mother, while the boat moves away from the shore, steering at once south-east, towards Hippo.