The Writings of Maria Valtorta

456. Adieux à Gamla et arrivée à Aphéqa.

456. Departure from Gamala and arrival in Aphek.

456.1

Ils doivent avoir passé la nuit à Gamla, car le matin est venu, un matin où il y a de l’air. La ville jouit de cette brise, si agréable en terre d’orient, peut-être due à sa construction et à sa disposition en terrasses, qui descendent du haut de la ville jusqu’à la limite des remparts, massifs et pourvus de portes elles aussi, ferrées, de vraies portes de forteresse. Si elle m’a semblé belle hier, à l’heure où elle était ensoleillée, elle me paraît maintenant splendide. Disposées comme elles le sont, les maisons ne gênent pas la vue du vaste panorama. En effet, la terrasse de l’une est au niveau du terrain de celle de la rue supérieure, de sorte que chaque rue est une longue terrasse d’où l’on peut voir l’horizon. C’est un point de vue qui, du haut de la montagne, offre une perspective complète, et qui, plus bas, se réduit à un demi-cercle, mais toujours vaste et très beau.

Au pied de la montagne, la couleur verte des forêts de chênes ou des campagnes forme un chaton d’émeraude au-delà du vallon aride qui entoure la montagne de Gamla. Puis, à l’orient, à perte de vue, s’étendent les cultures du haut plateau. (Je crois qu’on appelle ainsi ces vastes et planes élévations de la croûte terrestre, mais si je me trompe, je vous prie de corriger en mon nom. Je n’ai pas de dictionnaire à portée de main et je suis seule dans ma chambre ; impossible par conséquent d’avoir le dictionnaire qui se trouve sur le bureau à moins de trois mètres de moi. Je dis cela pour rappeler que celle qui écrit est crucifiée au lit.)

Au-delà du haut plateau, s’élèvent les monts de l’Auranitide et, plus loin encore, les plus hauts sommets du Basan ; au sud s’étend la bande fertile entre le Jourdain bleu et les hauteurs compactes et continues qui se trouvent à l’est du fleuve et qui sont comme le contrefort du haut plateau ; au nord, on distingue les monts lointains de la chaîne libanaise sur laquelle trône l’imposant mont Hermon, embelli de mille couleurs en cette heure matinale, et en bas, tout de suite à l’occident, se trouve cette perle qu’est la mer de Galilée.

C’est vraiment une perle, attachée à un sautoir bleu, d’un bleu différent du sien, du Jourdain à son entrée dans le lac et à sa sortie, plus clair à son arrivée, plus foncé quand il reprend sa course vers le midi, brillant au soleil, paisible entre ses rives vertes, vraiment biblique. En revanche, on ne voit pas le petit lac de Mérom, caché derrière les collines au nord de Bethsaïde, mais on le devine au vert foncé de la campagne qui l’entoure, qui ensuite se déploie au nord-ouest entre la mer de Galilée et le lac de Mérom, dans la plaine où s’élève Chorazeïn. Il me semble avoir entendu dire autrefois par les apôtres que c’est la plaine de Génésareth.

456.2

Jésus prend congé des habitants qui, avec leur orgueil de citadins, s’empressent de lui montrer les beautés de l’horizon et celles de leur ville, pourvue d’aqueducs, de thermes, de beaux édifices :

« Tout cela est le fruit de notre peine et de notre argent. Nous avons en effet été à l’école des Romains et nous avons voulu leur emprunter des choses pratiques. Mais nous ne sommes pas comme les autres de la Décapole, nous ! Nous payons, et eux, les Romains, nous servent. Mais rien d’autre. Nous sommes fidèles, nous. Même cet isolement, c’est de la fidélité…

– Faites que votre fidélité ne soit pas de pure forme, mais réelle, intime, juste, sans quoi vos travaux de défense seraient inutiles. Je vous le répète. Vous voyez ? Vous avez construit cet aqueduc, solide, utile. Mais s’il n’était pas alimenté par une source lointaine, vous donnerait-il de l’eau pour les fontaines et les thermes ?

– Non. Il ne donnerait rien. Ce serait une construction inutile.

– Vous l’avez dit : inutile. Pareillement, les défenses naturelles ou matérielles sont vaines si celui qui les fait construire ne les rend pas puissantes par l’aide de Dieu, or Dieu n’aide pas quand on n’est pas ses amis.

– Maître, tu parles comme si tu savais que nous avons bien besoin de Dieu…

– Tous les hommes ont besoin de Dieu, et dans tous les domaines.

– Oui, Maître. Mais… il semble que nous, nous en ayons plus besoin que toutes les autres villes de Palestine et…

– Oh !… »

C’est un oh ! si douloureux…

Les habitants de Gamla le regardent, interdits. Le plus hardi demande :

« Que penses-tu ? Que nous connaîtrons encore les horreurs d’autrefois ?

– Oui, et de plus graves encore, et plus longues… longues… oh ! ma Patrie ! Si longues… Et cela si elle n’accueille pas le Seigneur !

– Nous t’avons accueilli. Nous sommes sauvés, alors ! La dernière fois, nous avons été lamentables, mais tu as pardonné…

– Faites en sorte de rester dans la justice d’aujourd’hui à mon égard, et de grandir dans la justice selon la Loi.

– Nous le ferons, Seigneur. »

456.3

Ils voudraient bien le suivre encore et le retenir, mais Jésus veut rejoindre les femmes qui sont parties en avant sur des ânes, et il s’arrache à leur insistance en descendant rapidement par le chemin qu’il a pris la veille pour venir. Il ralentit seulement quand il passe près du chantier des travailleurs afin de lever la main pour bénir les malheureux, qui le regardent comme s’ils voyaient Dieu.

Au pied de la montagne, la route bifurque dans deux directions : l’une vers le lac, l’autre vers l’intérieur. C’est sur cette dernière que trottent les quatre ânes, en soulevant la poussière de la route brûlée par l’été et en secouant leurs longues oreilles. De temps à autre, une femme se retourne pour voir si Jésus les rejoint, et elles voudraient s’arrêter pour être avec lui, mais Jésus, de la main, leur fait signe de continuer pour échapper à la fournaise de la route découverte déjà envahie de soleil, et arriver à la forêt qui s’élève vers Aphéqa. Ces bois frais forment une voûte verte au-dessus de la route caravanière. Ils s’y enfoncent joyeusement en poussant un cri de soulagement. Aphéqa est beaucoup plus à l’intérieur que Gamla, dans les montagnes, aussi ne peut-on plus voir le lac de Galilée. D’ailleurs, on ne voit plus rien du tout, car la route monte entre deux hauteurs qui lui cachent la vue.

456.4

La veuve marche en avant pour indiquer le chemin le plus court, et elle quitte la route caravanière pour prendre un sentier qui grimpe à travers la montagne, encore plus frais et plus ombragé. Mais je comprends le motif de la déviation quand, se retournant sur sa selle, Sarah dit :

« Voilà : ces bois sont à moi. Ce sont des arbres de valeur. On vient en acheter de Jérusalem pour fabriquer des coffres pour les riches. Ce sont ici les vieux arbres, mais j’ai aussi des plants toujours renouvelés. Venez, et voyez… »

Et elle pousse son âne en bas à travers les fossés, puis en haut sur les monticules, et de nouveau en bas en suivant le sentier à travers ses bois où, en effet, il y a des zones d’arbres adultes déjà bons à abattre et d’autres peuplées de jeunes tiges tendres s’élevant parfois de quelques centimètres au-dessus de la terre, au milieu des herbes vertes, qui exhalent tous les parfums de la montagne.

« Ces lieux sont beaux et bien tenus. Tu es sage, dit Jésus en guise d’éloge.

– Mais pour moi seule… J’en prendrais plus volontiers soin pour un fils… »

Jésus ne répond pas.

Ils poursuivent leur route. Enfin apparaît Aphéqa, entourée de pommiers et d’autres arbres à fruits.

« Ce verger aussi m’appartient. J’en ai trop pour moi toute seule ! C’était déjà trop quand j’avais mon époux, et le soir, nous nous regardions dans la maison trop vide, trop grande, devant trop d’argent que nous procuraient trop de produits, et nous nous disions : “ A qui servira tout cela ? ” Et maintenant, je le répète avec d’autant plus de force… »

Toute la tristesse d’un mariage stérile ressort des paroles de la femme.

« Il y a toujours des pauvres… dit Jésus.

– Oh oui ! Ma maison s’ouvre à eux chaque jour. Mais après ?…

– Tu veux dire quand tu seras morte ?

– Oui, Seigneur. Je souffrirai de laisser — à qui ?… — le domaine dont j’ai pris tant de soin… »

456.5

Jésus esquisse un sourire plein de compassion, mais il répond avec bonté :

« Tu es plus sage pour les réalités de la terre que pour celles du Ciel, femme. Tu te préoccupes de ce que tes arbres poussent bien, sans que des clairières se forment dans tes bois. Tu t’affliges à l’idée que, plus tard, on n’en prendra pas soin aussi bien qu’aujourd’hui. Mais ces pensées sont peu sages, et même tout à fait dérisoires. Crois-tu que, dans l’autre vie, ces pauvres hochets que l’on nomme arbres, fruits, argent, maisons aient de la valeur et qu’il sera affligeant de les voir négligées ? Corrige ta façon de voir, femme. Là-bas, on ne pense pas comme ici, dans aucun des trois royaumes. En enfer, la haine et la punition provoquent un aveuglement féroce. Au purgatoire, la soif d’expiation anéantit toute autre pensée. Dans les limbes, la bienheureuse attente des justes n’est profanée par aucun matérialisme. La terre est loin, avec ses misères ; elle n’est proche que pour ses besoins surnaturels, les besoins des âmes, pas ceux d’objets. C’est seulement par amour surnaturel que les trépassés, qui ne sont pas damnés, tournent vers la terre leur esprit et vers Dieu leurs prières, pour ceux qui sont sur la terre, et pas pour autre chose. Et quand ensuite les justes entreront dans le Royaume de Dieu, que veux-tu que soit désormais, pour quelqu’un qui contemple Dieu, cette prison misérable, cet exil qui a pour nom : terre ? Que peuvent signifier pour lui les babioles qu’il y a laissées ? Le jour pourrait-il regretter une lampe fumeuse quand le soleil l’éclaire ?

– Oh non !

– Dans ce cas, pourquoi soupirer après ce que tu laisseras ?

– Mais je voudrais qu’un héritier continue à…

– A profiter des biens terrestres, et trouver ainsi un obstacle à la perfection, alors que le détachement des richesses est une échelle pour posséder les richesses éternelles ? Tu vois, femme ? Le plus grand obstacle pour obtenir cet enfant, ce n’est pas sa mère avec ses droits sur son fils, mais ton cœur. Lui, c’est un innocent, un innocent triste, mais toujours un innocent qui, à cause de sa souffrance même, est cher à Dieu. Mais si tu en faisais un avare, un cupide, peut-être un vicieux, à cause des moyens que tu as, ne le priverais-tu pas de la prédilection de Dieu ? Et pourrais-je, moi qui ai soin de ces petits, être un maître inconséquent qui, faute de réflexion, laisse se dévoyer un innocent disciple ? Guéris-toi d’abord toi-même, dépouille-toi de cette humanité qui t’oppresse, libère ta justice de cette croûte matérialiste qui la déprime, et alors tu mériteras d’être mère. En effet, n’est pas mère seulement celle qui engendre ou qui aime un fils adoptif, le soigne et le suit dans ses besoins de créature animale. Sa mère aussi l’a engendré, mais elle n’est pas mère, car elle ne se soucie ni de sa chair, ni de son âme. On est mère surtout quand on se préoccupe de ce qui ne meurt plus, c’est-à-dire de l’âme, et non seulement de ce qui passe, autrement dit la matière. Et crois bien, femme, que celui qui aimera l’âme aimera aussi le corps, parce qu’il aura un amour juste : aussi sera-t-il juste.

– J’ai perdu ce fils, je le comprends…

– Ce n’est pas dit. Que ton désir te pousse à la sainteté, et Dieu t’exaucera. Il y aura toujours des orphelins dans le monde. »

456.6

Les voilà parvenus aux premières maisons. Aphéqa n’est pas une ville qui puisse rivaliser avec Gamla ou Hippos. Elle est plus rurale qu’urbaine mais, peut-être parce qu’elle se trouve à un nœud de routes important, elle n’est pas pauvre. Lieu de passage des caravanes qui vont de l’intérieur du pays vers le lac, ou du nord au sud, elle est obligée de s’équiper pour fournir aux pèlerins logements et vêtements, sandales et vivres, de sorte qu’il y a de nombreuses échoppes et auberges.

La maison de la veuve est près de l’une d’elles sur une place ; le rez-de-chaussée est occupé par un vaste magasin où on trouve un peu de tout, géré par un vieillard barbu, au gros nez, qui discute comme un possédé avec des acheteurs radins.

« Samuel ! appelle la femme.

– Maîtresse ! répond le vieillard en s’inclinant autant que le lui permettent les balles de marchandises entassées devant lui.

– Appelle Elie ou Philippe et rejoins-moi à la maison » lui enjoint la veuve.

Puis, s’adressant au Maître :

« Viens, entre dans ma maison et sois le bienvenu. »

Tout le monde entre en passant par le magasin pendant qu’un jeune garçon qui est accouru emmène les ânes je ne sais où. A la suite du magasin, qui donne à la maison un aspect peu décoratif, se trouve une belle cour avec des portiques sur deux côtés. Au milieu, trône la fontaine, ou du moins une vasque, car il n’y a pas de jet d’eau. Sur les côtés, des platanes robustes donnent de l’ombre aux murs blanchis à la chaux. Un escalier monte à la terrasse. Des pièces s’ouvrent sur les côtés sans portiques, les plus éloignés du magasin.

« Autrefois, du temps de mon époux, c’était plein ici et on y logeait des marchands surpris par la nuit. Les portiques servaient aux marchandises, les étables aux animaux, et il y a là-bas le bassin pour les abreuver. Entre dans les pièces. »

Elle traverse la cour en diagonale pour aller vers la partie la plus belle de la maison. Elle appelle :

« Marie ! Jeanne ! »

Deux servantes accourent, l’une avec les mains enfarinées, l’autre, un balai à la main.

« Maîtresse, que la paix soit avec toi et avec nous, maintenant que tu es revenue.

– Et avec vous aussi. Pas d’ennuis ces jours-ci ?

– Joseph, cet étourdi, a brisé le rosier que tu aimais tant. Je lui ai donné une bonne correction. Punis-moi, car j’ai été assez sotte pour l’en laisser approcher.

– Cela n’a pas d’importance… »

Mais des larmes viennent aux yeux de Sarah, qui s’en explique :

« C’était mon époux qui me l’avait apporté, le dernier printemps où il était en bonne santé…

– Et Elie s’est cassé une jambe, ce qui rend Samuel furieux parce que son aide lui fait défaut à cette époque de grands marchés… Il est tombé de l’échelle de l’autre côté, en se penchant pour que tu trouves les murs blanchis » dit l’autre femme. Et elle achève : « Il souffre beaucoup et restera éclopé. Et toi, maîtresse, as-tu été heureuse pendant ton voyage ?

– Comme jamais je ne l’aurais espéré. Je reviens avec le Rabbi de Galilée. Vite ! Préparez tout ce qu’il faut pour les personnes qui m’accompagnent. Entre, Maître ! »

Ils passent dans la maison devant les servantes stupéfaites.

Une vaste pièce, fraîche, dans la pénombre, avec des sièges et des coffres les accueille. La veuve sort pour donner des ordres. Jésus appelle les apôtres afin de les envoyer en ville préparer les âmes à sa venue. Samuel entre, transformé de vendeur en maître de maison. Les servantes le suivent avec des amphores et des bassins pour les ablutions avant le repas. Sur de larges plateaux, elles apportent du pain, des fruits, du lait.

456.7

La maîtresse revient :

« J’ai dit à mon serviteur que tu es ici. Il te prie de faire preuve de miséricorde à son égard, et je t’en prie également. Pour la fête des Tentes, il passe beaucoup de monde ici. Cela commence aussitôt après la nouvelle lune de Tisri. Lui malade, je ne sais comment nous allons faire…

– Dis-lui de venir ici.

– Impossible. Il ne peut se tenir debout.

– Dis-lui que le Rabbi ne va pas le trouver, mais qu’il veut le voir.

– Je le ferai porter par Samuel et Joseph.

– Il ne manquerait plus que cela ! Je suis vieux et fatigué, bougonne Samuel.

– Dis à Elie de venir sur ses jambes. C’est moi qui le veux, ordonne Jésus.

– Ce pauvre rabbi ! Gamaliel lui-même n’en serait pas capable, grommelle encore le vieux serviteur.

– Tais-toi, Samuel !… Pardonne-lui, Maître ! C’est un serviteur fidèle. Il est né ici des serviteurs de la maison de mon époux, il est travailleur, honnête… mais entêté dans ses idées de vieil Israélite… confie la veuve à voix basse pour l’excuser.

– Je comprends son esprit, mais le miracle le changera. Toi, va dire à Elie de venir, et il viendra. »

La veuve obéit et revient :

« Je le lui ai dit. Mais je me suis enfuie pour ne pas le voir poser sur le sol cette jambe toute noire et enflée.

– Tu ne crois pas au miracle ?

– Moi, si. Mais cette jambe fait horreur… Je crains que la gangrène ne la pourrisse entièrement. Elle est luisante, luisante… horrible et… Oh ! »

L’interruption, l’exclamation, vient de ce qu’elle voit le serviteur Elie qui court mieux qu’un homme en bonne santé et va se jeter aux pieds de Jésus en disant :

« Louange au Roi d’Israël !

– Louange à Dieu seul. Comment es-tu venu ? Comment as-tu osé ?

– J’ai obéi. J’ai pensé : “ Le Saint ne peut mentir et il ne peut donner des ordres stupides. J’ai foi, je crois. ” J’ai donc bougé la jambe. Elle ne me faisait plus mal, elle remuait. Je l’ai posée par terre, elle me portait. J’ai fait un pas, je pouvais le faire. Je suis accouru. Dieu ne trompe pas ceux qui croient en lui.

– Lève-toi, homme. En vérité, je vous dis que peu de gens ont sa foi. De qui te vient-elle ?

– De tes disciples qui sont passés ici pour te prêcher.

– Toi seul les as entendus ?

– Non. Tous, car on les a reçus ici après la Pentecôte.

– Et toi seul tu as cru… Ton esprit est très avancé dans les voies du Seigneur. Continue… »

Le vieux Samuel se débat vivement entre des sentiments opposés… Mais, comme beaucoup en Israël, il ne sait pas se détacher de l’ancien pour le nouveau, et il se raidit en marmonnant :

« Magie ! Magie ! Il est écrit[1] : “ Que mon peuple ne se contamine pas avec les mages et les devins. Je détournerai mon visage de celui qui fait cela, et je l’exterminerai. ” Tremble, maîtresse, d’être infidèle aux lois ! »

Puis il s’éloigne, l’air sévère, scandalisé comme s’il avait vu le démon installé dans la maison.

« Ne le punis pas, Maître ! Il est vieux ! Il a toujours cru ainsi…

– N’aie pas peur. Si je devais punir tous ceux qui me traitent de démon, beaucoup de tombeaux s’ouvriraient pour engloutir leur proie. Je sais attendre… Je parlerai vers le coucher du soleil… Puis je quitterai Aphéqa. J’accepte maintenant de m’arrêter sous ton toit. »

456.1

They must have spent the night at Gamala, because it is now morning, a windy morning. Perhaps the town enjoys the wind, so pleasant in eastern countries, because of its location and terraced construction from the top of the town down to the walls, which are massive and equipped with massive ironshod gates, typical of fortresses. If the town looked beautiful to me yesterday, when it was exposed to the sun, now it seems even more beautiful. The houses, arranged as they are, do not obstruct the sight of the vast view, because the terrace of one house is on the same level as the upper street, so that each street looks like a long terrace from which it is possible to admire the horizon. The full circle of the horizon can be seen from the top of the mountain, whereas farther down it is a semicircle, but still vast and very beautiful.

At the foot of the mountain the greenery of the oak-groves and of the country form an emerald setting beyond the deep barren valley surrounding the mountain of Gamala. Then to the east, as the eye can see, the cultivations of the tableland, of the plateau. (I think that is the name of the large low elevations of the crust of the earth, but if I am wrong, please correct it in my name because I have no dictionary within reach. In fact I am alone in my room and it is impossible for me to fetch the dictionary which is on the writing-desk, less than three metres away from me. I am saying this to remind you that she who is writing is crucified to her bed.) Beyond the large plateau are the mountains of Hauran and farther back the highest peaks of Bashan; to the south the fertile strip between the blue Jordan and the continuous compact rising ground which is on the eastern side of the river and is similar to a buttress-like projection of the vast plateau, to the north the remote mountains of the Lebanese chain dominated by the imposng Hermon adorned with countless shades in this early morning. And down, in the near west, the gem of the Sea of Galilee. A real gem fastened to a blue necklace of a different shade of the Jordan flowing into and out of the lake, narrower where it flows in wider where it resumes flowing southwards, shining in the sun, placid between its green banks, is really biblical. The little lake of Merom, instead, is not visible, hidden as it is behind the hills north of Bethsaida, but one can imagine where it is by the luxuriant greenery of the surrounding country, which stretches north westwards between the Sea of Galilee and the lake of Merom in the plain where Korazim rises. I think that in the past I have heard the apostles say that it is the plain of Gennesaret.

456.2

Jesus takes leave of the citizens, who, proud of their town, are busy showing Him the beautiful sights of the horizon and those of the town provided with aqueducts, thermal baths and beautiful buildings. «It was all done with our work and our money. Because we have learned from the Romans and we have followed their example as far as useful things are concerned, but we are not like the other peoples in the Decapolis! We pay the Romans and they serve us. But that’s all! We are faithful. Also our isolation is a sign of faithfulness…»

«Ensure that your faithfulness is not just formal, but real, intimate, just. Otherwise your defence works will be of no avail. I repeat that. See? You have built this aqueduct. It is solid and useful. But if it were not fed by a remote spring, would it give you water for your fountains and thermal baths?»

«No. It would not give us anything. It would be quite useless.»

«You have said it: useless. Likewise natural or artificial defences are useless unless those who build them make them powerful by means of the help of God, and God does not help those who are not His friends.»

«Master, You are speaking as if You knew that we have great need of God…»

«All men are in need of God, and for everything.»

«Yes, Master. But… it seems that we are going to have more need than any other town in Palestine and…»

«Oh!…» a sorrowful exclamation…

The people of Gamala look at Him disconcertedly. The boldest man among them asks: «What do You think? That we shall experience the old horrors once again?»

«Yes, and even more dreadful ones, and lasting longer… longer!… oh! My Fatherland! So much longer… And that will happen if you do not receive the Lord!»

«We have received You. So we are safe! The last time we behaved foolishly, but You have forgiven us…»

«Make sure that you persevere in your present justice towards Me, and that you grow in justice according to the Law.»

«We will do that, Lord.»

456.3

They would like to follow Him and keep Him longer, but Jesus wants to join the women who have gone ahead on little donkeys and He tears Himself away from their insistence going quickly down the road by which He came up yesterday. He slows down only when He is where the labourers are working, to raise his hand to bless the unhappy men who look at Him as one looks at God.

At the foot of the mountain the road divides into two branches, one goes towards the lake, the other inland. The four little donkeys are on the latter and they are trotting along raising dust from the road parched by summer, and shaking their long ears. Now and again one of the women turns around to see whether Jesus is joining them, and they would like to stop to wait for Him, but with hHis hand He beckons them to proceed in order to get quickly off the uncovered stretch of the road on which the sun is already blazing down, and thus reach the woods which climb towards Aphek. It is cool in the woods which interlace a green vault over the track. They enter them happily, with exclamations of relief. Aphek is much farther inland than Gamala. It is among the mountains and so it is no longer possible to see the lake of Galilee. In actual fact it is not possible to see anything because the road climbs between two ridges which are like screens.

456.4

The widow is ahead of them to point out the shortest way, that is, she leaves the track and takes a path which climbs up the mountain and is even cooler and shadier. But I understand the reason for the deviation when, turning around on her saddle, Sarah says: «Look. These woods are mine. Valuable trees. They come from as far as Jerusalem to buy them to make chests for rich people. And these are old trees; but I have also seedling nurseries. Come. See…» and she drives her little donkey down steep slopes, then up crests and then down once again, following a little path through her woods where are in fact zones with old trees, ready to be cut down, and zones with tender plants, at times only a few centimetres off the ground, among green herbs, smelling of all mountain aromas.

«This place is beautiful and well kept. You are a wise woman» says Jesus praising her.

«Oh!… But just for myself… I would take care of everything more willingly, if I had a son…»

Jesus does not reply. They go on. Aphek can now be seen in the middle of apple-orchards and other fruit trees.

«That orchard is mine as well. Too much for me alone!… It was already too much when I had my husband. In the evenings we used to look at each other in the house which was too empty, too large, with too much money and with accounts of crops too plentiful for us and we used to say to each other: “And for whom?”. And I say that even more now…» All the sadness of a sterile marriage stands out from the woman’s words.

«There are always poor people…» says Jesus.

«Oh! yes! And my house is open to them everyday. But afterwards…»

«Do you mean when you are dead?»

«Yes, Lord. It will be painful to leave, to whom?… the things I have taken care of…»

456.5

Jesus smiles faintly, a smile full of sympathy. But He replies kindly: «You are wiser with regards to the things of the Earth than you are for those of Heaven, woman. You take care to ensure that your trees grow well and that no glades are left in your woods. You grieve at the thought that afterwards they will not be looked after as they are now. But such thoughts are not very wise, nay they are completely foolish. Do you think that in the next life such poor things as trees, fruits, money, houses will be of any value? And that it will be distressing to see them neglected? Emend your ideas, woman. The ideas of this world do not exist there, in none of the three kingdoms. In Hell hatred and punishment dim minds savagely. In Purgatory the craving for expiation cancels every other thought. In Limbo the blissful expectation of the just is not profaned by any sensuality. The Earth is remote, with its miseries; it is instead close with its supernatural needs, the needs of souls, not with the needs of things. The dead, who are not damned, turn their spirits towards the Earth only out of supernatural love, and they address their prayers to God on behalf of those who are on the Earth, not for any other reason. And when the just will enter the Kingdom of God, what can you expect this miserable prison, this place of exile named: Earth, to be for a soul contemplating God? What, the things left there? Can daytime look back with regret on a smoky lamp, when it is lit up by the sun?»

«Oh! no!»

«So? Why do you sigh for what you will leave?»

«But I would like an heir to continue to…»

«To enjoy earthly riches and be prevented by them from becoming perfect, whereas detachment from wealth is the means to possess the eternal riches? See, woman? The greatest obstacle preventing you from having this innocent boy is not his mother with her rights on her son, but your heart. He is an innocent, a sad innocent, but still an innocent who is dear to God because of his suffering. But if you made him avaricious, greedy, perhaps vicious, through the means which you possess, would you not deprive him of God’s predilection? And since I take care of these innocent children, could I be a thoughtless master who allows one of his innocent disciples to go astray? Take care of yourself first, divest yourself of your still exceedingly alive humanity, free your justice from the crust of humanity depressing it, and you will then deserve to be a mother. Because not only who gives birth to a child is a mother, or who loves an adopted son and takes care of him and looks after his needs of animal creature. Also the mother of this boy gave birth to him. But she is not a mother because she does not take care either of his body or of his spirit. A woman is a mother when she takes care above all of what does not die, that is of the spirit, not only of what dies, that is of material things. And believe Me, woman, those who love the spirit, will love also the body, because they possess the right love and therefore they will be just.»

«I see that I have lost the son…»

«Not necessarily. Let your desire urge you to become holy and God will satisfy you. There will always be orphans in the world.»

456.6

They are now at the first houses. Aphek is not a town which can compete with Gamala or Hippo. It is more rural than anything else, but perhaps because it is an important road junction, it is not a poor town. As a transit town for caravans travelling from the hinterland to the lake, or from the north southwards, it is bound to be equipped to supply pilgrims with lodgings, clothes, sandals and foodstuffs, and consequently there are many stores and hotels.

The widow’s house is near a hotel in the square and the ground floor is a large store with all kinds of goods and is run by an old big-nosed bearded man, who is shrieking like one of the damned at some stingy buyers.

«Samuel!» calls the woman.

«Mistress!» replies the old man bowing as low as the bales of goods piled up in front of him allow him.

«Send Elias or Philip here and meet me in the house» orders the widow and then, addressing the Master, she says: «Come. Come into my house and be my welcome guest.»

They all go in, passing through the warehouse, while the little donkeys are taken, I do not know where, by a tall boy who has come for them. Beyond the warehouse, which does not give the house a very artistic appearance, is a fine yard with porches on two sides. In the middle there is a fountain, or, at least, a basin, because no water is running. Vigorous plane-trees at the sides shade the whitewashed walls. A staircase climbs to the terrace. Doors open into rooms on the porchless sides: the farthest from the warehouse.

«Previously, in the days of my husband, it was full here, and we gave lodgings to merchants overtaken by the night. The porches are for goods, there are stables for animals and the fountain over there to water them. Come into the rooms» and she crosses the yard diagonally going towards the nicest part of the house. She calls: «Mary! Johanna!»

Two maid-servants come, one with her hands soiled with dough, the other with a broom in her hand.

«Mistress! Peace be with you and with us, now that you are back.»

«And with you. Any trouble these past days?»

«Joseph, that light-headed man, broke the rose-bush of which you were so fond. I gave him a good thrashing. You should thrash me for allowing him to go near the plant.»

«It is of no value…» but tears well up in the eyes of Sarah who justifies them saying: «My husband brought me it the last spring that he was healthy…»

«And Elias broke his leg, which has made Samuel furious, because he has no help in these days of busy markets… He fell from the staircase on the other side of the house, while he was hanging out to have the walls whitewashed for you» says the other woman and she concludes: «He is suffering very much and he will remain lame. And you, mistress, did you have a pleasant journey?»

«As I could never have hoped. I have come back with the Rabbi of Galilee. Quick! Make preparations for my guests. Come in, Master!»

They enter the house passing before the two dumbfounded maid-servants.

They are received in a large cool room, in dim light, furnished with seats and chests. The widow goes out to give instructions, and Jesus calls the apostles to send them through the town to prepare people for His coming. Samuel comes in, transformed from salesman to butler, followed by maid-servants with amphorae and basins, for the purifications before taking food, which is carried in large trays: bread, fruit, milk.

456.7

The mistress comes back: «I told my servant that You are here. He begs You to be merciful to him and I ask You to be merciful to me as well. Many people pass through here for the Feast of the Tabernacles. And the traffic begins immediately after the new moon of Tishri. I do not know how we will manage, if he is not wel!…»

«Tell him to come here.»

«He cannot. He cannot stand.»

«Tell him that the Rabbi is not going to him, but wants to see him.»

«I will get Samuel and Joseph to bring him.»

«That would be the last straw! I am old and tired» grumbles Samuel.

«Tell Elias to come on his own legs. I want it.»

«A poor rabbi! Not even Gamaliel could do that» mumbles again the old servant.

«Be quiet, Samuel!… Forgive him, Master! He is a faithful servant. He was born here of servants of my husband’s family, he is diligent and honest… but stubborn in his ideas of an old Israelite…» explains the widow in a low voice to excuse him.

«I understand his spirit. But the miracle will change him. Go and tell Elias to come and he will come.»

The widow goes and comes back: «I told him. And I ran away at once as I did not want to see him put his black swollen leg on the floor.»

«Do you not believe in a miracle?»

«Yes, I do. But that leg is horrifying… I am afraid that it will become gangrenous and rot completely. It is shiny, so shiny… horrible and… Oh!»

Her interruption and exclamation are due to the fact that she sees Elias run towards them, more nimbly than a healthy man, and throw himself at Jesus’ feet saying: «Praised be the King of Israel.»

«Praised be God alone. How did you come? How did you dare?»

«I obeyed. I thought: “The Holy One cannot lie. Neither can He order foolish things. I have faith, I believe” and I moved my leg. It was no longer sore, I could move it. I put my foot on the floor, my leg was firm. I took a step. I was able to walk. I ran here. God does not disappoint those who believe in Him.»

«Stand up, man. I solemnly tell you that few people have faith like this man. From whom did it come to you?»

«From Your disciples who came here preaching You.»

«Were you the only one who heard them?»

«No, everybody heard them, because they were our guests here after Pentecost.» «And you alone believed…Your spirit is well advanced in the ways of the Lord. Proceed…»

Old Samuel is drawn this way and that by conflicting sentiments… But, like many in Israel, he cannot detach himself from the old mentality for the new one, and he remains firm in his standpoint saying: «Magic! Magic! It is written[1]: “My people shall not be contaminated by magicians and diviners. If a man has recourse to them, I shall set My face against him and destroy him”. Tremble with fear, mistress, lest you should be unfaithful to the laws!» and he goes away with a stern shocked look, as if he had seen the demon installed in the house.

«Do not punish him, Master! He is old! He has always believed thus…»

«Be not afraid. If I had to punish all those who say that I am a demon, many sepulchres would open to swallow the preys. I can wait… I will speak at sunset… Then I will leave Aphek. I now agree to remain under your roof.»


Notes

  1. Il est écrit, en Lv 20, 6.

Notes

  1. It is written: in: Leviticus 20,6.