The Writings of Maria Valtorta

455. L’Eglise confiée à la maternité de Marie.

455. Entrusting of the Church to the motherhood of Mary.

455.1

L’aube se lève tout juste lorsque Jésus s’éveille et se dresse pour s’asseoir sur son lit rudimentaire, fait de terre et d’herbe. Puis il se lève, prend ses sandales et son manteau qu’il avait étendu sur lui pour se protéger de la rosée et de la fraîcheur de la nuit et, avec précaution, il passe dans l’enchevêtrement de jambes, de bras, de torses et de têtes des apôtres endormis autour de lui. Il s’éloigne de quelques mètres en regardant attentivement où il pose les pieds, dans la vague lueur de l’aube qui, sous le feuillage des arbres, ne donne qu’un semblant de lumière. Il rejoint un pré découvert. Par une éclaircie entre les arbres et les roches, on aperçoit un coin du lac qui s’éveille, ainsi qu’une large partie du ciel qui s’éclaircit, passant de ce gris-bleu particulier du firmament au sortir de la nuit, au bleu clair. A l’orient, il s’estompe déjà en une teinte jaune clair qui, de plus en plus soutenue, devient rosée, puis prend une pâle couleur de corail, extrêmement gracieuse.

L’aube annonce une belle journée, malgré une très légère brume qui n’en finit pas de céder à la lumière le champ du ciel là-bas à l’orient ; elle se présente en voiles si légers que l’azur du ciel n’en souffre pas ; au contraire, il s’en pare comme si c’était une mousseline très blanche frangée d’or et de corail, toujours changeante, toujours plus belle, comme si elle s’efforçait d’atteindre la perfection de son éphémère beauté avant que le jour ne la détruise par le triomphe du soleil. A l’occident, au contraire, quelques astres résistent encore, bien qu’ayant perdu déjà leur éclat nocturne, à la lumière qui croît, et la lune, tout près de disparaître derrière la crête des monts, parcourt le ciel, pâle, sans éclat, comme une planète mourante.

455.2

Jésus, debout, les pieds nus dans l’herbe humide de rosée, les bras croisés sur la poitrine, la tête levée pour regarder le jour qui se lève, réfléchit… ou parle avec le Père en quelque colloque spirituel. Le silence est absolu, au point que l’on entend tomber par terre les gouttelettes de la rosée, très abondante.

Jésus baisse la tête, en restant debout, les bras croisés, et il se plonge dans une méditation encore plus intense. Il est totalement concentré en lui-même. Ses magnifiques yeux bien ouverts fixent le sol comme pour arracher à l’herbe une réponse. Mais je crois qu’ils ne voient même pas le lent mouvement des herbes qui, sous le vent frais de l’aube, ont une sorte de frémissement, un frisson pareil à celui d’un dormeur qui sort du sommeil et s’étire, se retourne, se secoue pour se réveiller tout à fait et retrouver des nerfs et des muscles agiles. Il regarde, sans voir, ce réveil de l’herbe et des fleurs sauvages en rameaux, à feuilles, aux corolles en ombelles ou en grappes, en épis, ou en touffes. Certaines fleurs sont isolées en calices, d’autres disposées en éventails ou ont la forme de gueule-de-loup, ou de corne d’abondance, de plumet, de baie. Certaines sont droites sur leurs tiges, d’autres, molles, pendent d’une tige qui n’est pas la leur, mais autour de laquelle elles se sont enroulées, d’autres encore sont abandonnées et rampent sur le sol ; certaines sont regroupées par familles de nombreuses plantes petites et humbles, d’autres sont solitaires, larges, d’une couleur violentes et d’un port altier. Toutes sont occupées à secouer de leurs pétales les gouttes de rosée, désireuses maintenant non plus de rosée mais de soleil, selon des désirs aussi capricieux que leurs dispositions…

En cela, elles sont très semblables aux hommes, qui ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont.

Jésus semble écouter. Mais il n’entend certainement pas le bruissement du vent qui augmente et s’amuse à faire tomber la rosée en secouant les branches, ni les pépiements de plus en plus forts des oiseaux qui s’éveillent : peut-être se racontent-ils leurs rêves de la nuit, ou échangent-ils leurs impressions sur le nid douillet et creux où, dans les brins de laine et de foin, les oisillons, hier encore nus, mettent leurs premières plumes ou ouvrent démesurément le bec en montrant leurs gosiers rouges et avides, et manifestent bruyamment leur première exigence de nourriture. Jésus semble écouter. Et il n’entend certainement pas le premier appel moqueur du merle, ni le doux chant de la fauvette à tête noire, ni les trilles d’or de l’alouette qui monte joyeusement à la rencontre du soleil levant, ni le trissement qui déchire l’air tranquille des bandes d’hirondelles, qui ont quitté les rochers où elles ont fait leurs nids et commencent à tisser leur toile de vols infatigables entre terre et ciel. Et il n’entend pas non plus le jacassement d’une pie qui se penche d’une branche du rouvre auprès duquel se trouve Jésus et semble lui demander : “ Qui es-tu ? Que penses-tu ? ” et se moque de lui. Cela non plus n’interrompt pas sa méditation.

Mais qui ignore que les pies sont taquines ? Celle-ci, lasse de voir un intrus dans le petit pré qui est peut-être son refuge préféré, arrache au rouvre deux beaux glands jumelés et, avec la précision d’un champion de tir, les fait tomber sur la tête de Jésus. Ce n’est pas un lourd projectile, capable de blesser, mais de la hauteur d’où il vient, il acquiert assez de force pour attirer l’attention du Méditatif qui lève la tête et voit l’oiseau qui, les ailes ouvertes, avec des courbettes moqueuses, se réjouit de son coup. Jésus a un léger sourire, secoue la tête, soupire comme pour conclure ses méditations et se déplace en marchant ici et là. La pie, avec un babil et un “ gué-gué ” moqueurs, descend pour jacasser, fouiller, creuser l’herbe libérée de l’Intrus.

455.3

Jésus cherche de l’eau, mais n’en voit pas. Il se résigne à retourner vers les apôtres, mais les oiseaux lui montrent où en trouver. Par bandes, ils descendent vers des fleurs au calice évasé, qui sont autant de petites coupes contenant de l’eau, ou bien ils se posent sur de très larges feuilles peluchées dont chaque poil retient une goutte de rosée, et ils s’y désaltèrent ou font leurs ablutions. Jésus les imite. Il recueille dans le creux de la main l’eau des calices et s’en rafraîchit le visage, il cueille les épaisses feuilles de velours et s’en sert pour nettoyer la poussière de ses pieds nus, puis ses sandales, qu’il lace. Avec d’autres, il se lave les mains jusqu’à ce qu’il les voie propres, et sourit en murmurant :

« Les divines perfections du Créateur ! »

Le voilà maintenant rafraîchi, en ordre depuis qu’il a coiffé ses cheveux et sa barbe de sa main humide et, pendant que le premier rayon de soleil fait du pré un tapis de diamants, il va réveiller les apôtres et les femmes.

455.4

Fatigués comme ils le sont, les uns et les autres ont du mal à sortir du sommeil. Marie est éveillée, mais reste immobile à cause de l’enfant qui dort, recroquevillé sur son sein, sa petite tête sous le menton de Marie. La Mère, voyant apparaître sur le seuil de la caverne son Jésus, lui sourit de ses doux yeux bleu clair. La joie de le voir colore ses joues de rosé. Elle se dégage de l’enfant, qui pleurniche un peu d’être remué, elle se lève et s’avance vers Jésus de son pas silencieux légèrement ondoyant de colombe pudique.

« Que Dieu te bénisse, mon Fils, en ce jour.

– Que Dieu soit avec toi, Maman. La nuit a-t-elle été dure pour toi ?

– Pas du tout. Bienheureuse, au contraire. Il me semblait t’avoir tout petit dans mes bras… Et j’ai rêvé qu’il te sortait de la bouche une sorte de fleuve d’or, résonnant avec une douceur inexprimable, et une voix qui disait… Ah ! quelle voix !… “ C’est la Parole qui enrichit le monde et rend bienheureux celui qui l’écoute et lui obéit. Sans limite dans sa puissance, dans le temps, dans l’espace, elle sauvera. ” Oh ! mon Fils ! cette Parole, c’est toi, mon Fils ! Comment pourrais-je vivre et agir assez pour remercier l’Eternel d’avoir fait de moi ta Mère ?

– Ne te mets pas en peine, Maman ! Chaque battement de ton cœur est pour Dieu une récompense. Tu es et resteras pour Dieu une vivante louange, Maman. Tu le remercies depuis que tu existes…

– Il ne me semble pas le faire suffisamment, Jésus. C’est si grand, si grand ce que Dieu a fait pour moi ! Qu’est-ce que je fais, moi, de plus que toutes ces femmes bonnes, qui sont tes disciples comme moi ? Mon Fils, demande toi-même à notre Père de me permettre de le remercier comme ce don le mérite.

– Mère ! Crois-tu que le Père ait besoin que je lui demande cela pour toi ? Il t’a déjà préparé le sacrifice que tu devras consommer pour cette louange parfaite. Et tu seras parfaite quand tu l’auras accompli…

– Mon Jésus !… Je comprends ce que tu veux dire… Mais serai-je capable de penser à cette heure-là ?… Ta pauvre Maman…

– Maman, voici ce que tu es : la bienheureuse Epouse de l’Amour éternel ! Et l’Amour pensera en toi.

– Puisque tu le dis, mon Fils, je me repose sur ta Parole. Mais toi… prie pour moi, à cette heure qu’aucun de ceux-ci ne comprend… et qui est déjà imminente… N’est-ce pas vrai ? N’est-ce donc pas vrai ? »

Impossible de décrire l’expression du visage de Marie pendant ce dialogue. Aucun écrivain ne saurait la transcrire en langage humain sans l’abîmer par des mièvreries ou des nuances imprécises. Seul celui qui a le cœur bon, tout en étant viril, peut donner mentalement au visage de Marie l’expression réelle qu’il a en ce moment.

Jésus la regarde… Autre expression intraduisible en notre pauvre langage, et il lui répond :

« Et toi, prie pour moi à l’heure de la mort…

455.5

Oui. Aucun d’entre eux ne comprend… Ce n’est pas leur faute. C’est Satan qui crée des fumées pour qu’ils ne voient pas et qu’ils soient comme ivres et sourds, et donc non préparés… plus faciles à fléchir… Mais toi et moi, nous les sauverons malgré les embûches de Satan. Dès maintenant je te les confie, Mère. Souviens-toi de ces mots : je te les confie. Je te donne mon héritage. Je n’ai rien d’autre sur terre qu’une Mère : elle, je l’offre à Dieu, Hostie avec l’Hostie ; et mon Eglise : et elle je la confie à toi. Sois pour elle une Nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux nombreux hommes en qui, au cours des siècles, revivrait l’homme de Kérioth avec toutes ses tares. Et je pensais que quelqu’un qui ne serait pas Jésus repousserait cet être taré. Mais moi, je ne le repousserai pas. Je suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la hiérarchie ecclésiastique[1], lui comme Chef et toi comme fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l’Eglise puisque tu m’as enfanté, moi, le Chef de ce Corps mystique ; toi, ne repousse pas les nombreux Judas. Mais secours-les et apprends à Pierre, à mes frères, à Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne pas repousser, mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l’Eglise naissante. Et au cours des siècles, Mère, sois toujours celle qui intercède et protège, défend, aide mon Eglise, mes prêtres et mes fidèles, contre le Mal, contre le châtiment, contre eux-mêmes… Que de Judas, Mère, au cours des siècles ! Et combien qui ressemblent à des déficients incapables de comprendre, à des aveugles qui ne savent pas voir, à des sourds qui ne savent pas entendre, ou à des estropiés et des paralytiques qui ne savent pas marcher… Mère, prends-les tous sous ton manteau ! Toi seule peux et pourras changer les décrets de châtiment de l’Eternel pour un ou pour plusieurs. Car la Trinité ne pourra jamais rien refuser à sa Fleur.

– J’agirai ainsi, mon Fils. Pour ce qui dépend de moi, va en paix vers ton but. Ta Mère est ici pour te défendre dans ton Eglise, toujours.

– Que Dieu te bénisse, Maman…

455.6

Viens ! Je vais te cueillir des calices de fleur pleins d’une rosée parfumée, et tu t’en rafraîchiras le visage comme je l’ai fait. Ils nous ont été préparés par notre Père très saint, et les oiseaux me les ont indiqués. Regarde comme tout sert dans la Création ordonnée de Dieu ! Ce plateau surélevé et près du lac, si fertile grâce aux brumes qui montent de la mer de Galilée et aux grands arbres qui attirent la rosée, permettant cette luxuriance d’herbes et de fleurs, même pendant la sécheresse de l’été. Cette pluie abondante de rosée pour emplir ces calices pour que ses enfants bien-aimés puissent se laver le visage… Voilà ce que le Père a préparé pour ceux qui l’aiment. Tiens : l’eau de Dieu dans le calice de Dieu pour rafraîchir l’Eve du nouveau Paradis. »

Et Jésus cueille ces fleurs très larges, dont je ne sais le nom, et il verse dans les mains de Marie l’eau qui s’est amassée au fond…

455.7

Les autres, pendant ce temps, ont fait leur toilette et viennent chercher Jésus, qui s’est éloigné de quelques mètres de l’endroit de la halte.

« Nous sommes prêts, Maître.

– C’est bien. Allons de ce côté.

– Mais est-ce le bon chemin ? La forêt se termine là, or nous étions dans le sous-bois la dernière fois… objecte Jacques, fils de Zébédée.

– Parce que nous montions du lac. Mais, maintenant, nous pouvons prendre le chemin direct. Vous voyez ? Gamla est ici, entre l’orient et le midi, et il n’y a pas d’autre route : les trois autres côtés sont impraticables, à moins d’être une chèvre sauvage.

– Tu as raison. Nous éviterons la vallée aride d’où nous avons vu arriver les possédés » dit Philippe.

Ils marchent rapidement, délaissant bientôt le bois sous lequel ils ont dormi, pour un chemin caillouteux situé au-delà d’un vallon qui prend du relief au fur et à mesure qu’il se rapproche du mont bizarre sur lequel est perchée Gamla. De trois côtés, à l’est, au nord et à l’ouest, on ne voit que des pentes raides. La ville est reliée au reste de la région par une route directe unique allant du sud au nord, tracée entre deux vallées rocheuses et sauvages qui la séparent des campagnes de l’orient et des bois de chênes de l’occident.

455.8

Beaucoup de gardiens de porcs déambulent au milieu de leurs troupeaux qui se nourissent dans les bois de chênes. Des chars qui transportent des pierres équarries circulent en grinçant, tirés par des attelages de bœufs à la démarche lente. Quelques cavaliers passent au trot, en soulevant des nuages de poussière. Des équipes de terrassiers, hâves et déguenillés — sans doutes des esclaves ou des forçats purgeant quelque peine — se hâtent vers leurs travaux sous la dure surveillance de leurs gardes-chiourme.

A mesure que Gamla se rapproche et que la route monte, on voit des fossés fortifiés qui entourent le mont comme autant d’anneaux qui protègent ses flancs. Il ne doit pas être facile de creuser ces fossés, surtout à certains endroits presque en surplomb. Et pourtant des hommes nombreux travaillent à remettre en état des fortifications déjà existantes ou à en préparer d’autres, et portent sur leurs épaules nues des cubes de pierre qui font se courber les malheureux et laissent sur leurs dos des traces sanglantes.

« Mais que font-ils ? Serions-nous en temps de guerre pour qu’on les fasse travailler ainsi ? Ils sont fous ! » se disent les disciples.

Les femmes, elles, plaignent ces malheureux à demi nus, mal nourris, obligés de subir des corvées et des sévices qui dépassent leurs forces.

« Mais qui les fait travailler ? Le Tétrarque ou les Romains ? » demandent encore les apôtres.

Ils discutent entre eux, car il semble que Gamla est, dirai-je, indépendante de la Tétrarchie de Philippe et de celle d’Hérode. D’ailleurs, il paraît impossible à plusieurs apôtres que les Romains s’occupent de faire construire chez les autres des fortifications qui, demain, pourraient servir contre eux. Et l’éternelle idée, l’idée fixe comme celle d’un maniaque, du royaume temporel du Messie s’agite comme l’emblème d’une victoire déjà assurée, comme de la gloire et de l’indépendance nationales.

455.9

Ils crient si fort que des surveillants s’approchent et écoutent. Ce sont des hommes rudes, d’une race qui visiblement n’est pas hébraïque. Plusieurs sont âgés, certains ont des cicatrices sur le corps. Mais c’est la sortie méprisante de l’un d’eux qui révèle le mieux qui ils sont :

« “ Notre royaume ” ! Tu as entendu ça, Titus ? O gros nez ! Votre royaume est déjà écrasé sous ces pierres. Celui qui se sert de l’ennemi pour construire contre l’ennemi sert l’ennemi. Paroles de Publius Corfinius. Et si vous ne comprenez pas, allez ! les pierres vous expliqueront l’énigme. »

Et il rit en levant son fouet parce qu’il voit un travailleur épuisé vaciller et s’asseoir ; il le frapperait si Jésus ne l’arrêtait pas en s’avançant et en lui disant :

« Cela ne t’est pas permis. C’est un homme, ton égal.

– Qui es-tu pour te mêler de ça et défendre un esclave ?

– Je suis la Miséricorde. Mon nom d’homme ne t’apprendrait rien. Mais mon attribut te rappelle d’être miséricordieux. Tu as dit : “ Celui qui se sert de l’ennemi pour construire contre l’ennemi sert l’ennemi. ” C’est une vérité douloureuse. Mais moi, je t’en annonce une lumineuse : “ Celui qui ne fait pas preuve de miséricorde ne trouvera pas miséricorde.

– Tu es un rhéteur ?

– Je suis la Miséricorde. Je te l’ai dit. »

Des habitants de Gamla — ou des gens qui s’y rendent — s’exclament :

« C’est le Rabbi de Galilée, celui qui commande aux maladies, aux vents, aux eaux et aux démons. Il change les pierres en pain, et rien ne lui résiste ! Allons vite avertir la ville ! Que les malades viennent ! Qu’on ait sa Parole ! Nous sommes d’Israël, nous aussi ! »

Et pendant que certains partent en courant, les autres se pressent autour du Maître.

Le surveillant de tout à l’heure dit :

« Est-ce vrai, ce que ces gens disent de toi ?

– C’est vrai.

– Fais un miracle et je croirai.

– On ne demande pas des miracles pour croire. On demande la foi pour croire, et obtenir ainsi le miracle. La foi et la pitié pour le prochain.

– Je suis païen, moi…

– Ce n’est pas une raison valable. Tu vis en Israël qui te paie…

– Parce que je travaille.

– Non. Parce que tu fais travailler.

– Moi, je sais faire travailler.

– Oui, sans pitié. Mais n’as-tu jamais pensé que si, au lieu d’être romain, tu avais appartenu à Israël, tu aurais pu être à la place de l’un d’eux ?

– Hé !… Certainement… Mais je ne le suis pas, grâce à la protection des dieux.

– Tes vaines idoles ne pourraient te défendre, si le vrai Dieu voulait te frapper. Tu n’es pas mort encore. Sois donc miséricordieux pour obtenir miséricorde… »

L’homme a envie de répliquer, de discuter, mais il hausse les épaules d’un air méprisant, tourne le dos et va fouetter quelqu’un qui a cessé de travailler au pic un filon tenace de roche.

Jésus tourne les yeux vers le malheureux endolori et vers celui qui l’a frappé : ce sont deux regards d’une même mais différente pitié, et d’une tristesse si profonde qu’elle me rappelle certains regards du Christ pendant la Passion. Mais que peut-il faire ? Impuissant à intervenir, il reprend son chemin, avec le poids des malheurs qu’il a vus pour lui alourdir le cœur.

455.10

Mais des gens de Gamla descendent en hâte, des notables certainement, et ils rejoignent Jésus, qu’ils saluent profondément en l’invitant à entrer dans leur ville pour parler aux habitants qui sont en train d’arriver par bandes.

« Vous, vous pouvez aller où vous voulez. Eux (et il indique les travailleurs) ne le peuvent. L’heure est encore fraîche et l’endroit nous garantit du soleil. Approchons de ces malheureux, pour qu’eux aussi aient la Parole de vie » répond Jésus.

Il est le premier à faire demi-tour pour s’y rendre, puis il prend un sentier accidenté qui va exactement en dessous de la montagne, là où le travail est le plus pénible. Il se tourne alors vers les personnalités et leur dit :

« S’il est en votre pouvoir de le faire, ordonnez que le travail soit suspendu.

– Bien sûr, nous le pouvons! C’est nous qui rétribuons et, si nous payons des heures creuses, personne ne pourra se plaindre » répondent les notables de Gamla.

Sur ce, ils vont parlementer avec ceux qui dirigent les travaux. Je vois ces derniers qui après un moment haussent les épaules comme pour dire : “ Si cela vous plaît, ça nous est égal. ”

Puis ils sifflent pour les équipes un signal de repos.

Jésus, pendant ce temps, a parlé avec d’autres habitants de Gamla. Je les vois faire un signe d’assentiment et retourner rapidement vers la ville.

Craintifs, les travailleurs accourent autour des surveillants.

« Cessez le travail. Le bruit gêne le philosophe » ordonne l’un d’eux, peut-être leur chef.

Les travailleurs regardent de leurs yeux las celui qu’on nomme le “ philosophe ” et qui leur fait cadeau d’un arrêt de travail. Et ce “ philosophe ”, en les regardant avec pitié, répond à leurs regards et aux paroles du surveillant :

« Le bruit ne me dérange pas, mais je souffre de leur misère. Venez, mes fils. Reposez vos membres et surtout votre cœur auprès du Christ de Dieu. »

Peuple, esclaves, condamnés, apôtres, disciples se pressent dans l’espace libre entre le mont et les tranchées, et ceux qui ne trouvent pas de place grimpent en haut des plus hautes tranchées ou s’installent sur des rochers renversés sur le sol ; les moins chanceux se résignent à aller sur la route, où déjà parviennent les rayons du soleil. Il arrive toujours plus de monde de Gamla, et d’autres voyageurs, venus d’ailleurs, se joignent aux premiers arrivants.

Dans cette grande foule, ceux qui étaient partis un peu auparavant se fraient un chemin jusqu’à Jésus, qui a ordonné aux apôtres de faire passer les travailleurs au premier rang. Ils apportent des paniers, de lourds récipients et des amphores qu’ils déposent aux pieds de Jésus.

« Donnez-leur les offrandes de la charité, enjoint Jésus.

– Il ont déjà eu leur repas, il reste encore du pain et de l’eau vinaigrée. S’ils mangent trop, ils sont alourdis pour le travail » crie un surveillant.

Jésus le regarde et répète l’ordre :

« Donnez-leur une nourriture digne d’un homme, et apportez-moi la leur. »

Les apôtres, aidés de volontaires, s’exécutent.

En guise de repas, ils ont reçu une espèce de croûte noire, dure, dont les animaux ne voudraient pas et un peu d’eau vinaigrée. Voilà ce que mangent ces forçats ! Jésus regarde cette misérable pitance et la fait mettre de côté contre la montagne. Il examine ceux qui devaient la consommer : des corps sous-alimentés, dans lesquels seuls les muscles, surdéveloppés par des efforts supérieurs à la normale, résistent avec leurs faisceaux de fibres en saillie sur la peau flasque, les yeux fébriles et apeurés, les bouches avides jusqu’à montrer un appétit animal quand ils mordent dans cette bonne nourriture, abondante, inattendue, quand ils boivent du vin, du vrai vin, fortifiant, frais…

Jésus attend patiemment qu’ils finissent leur repas. Ce n’est d’ailleurs pas bien long, car leur voracité est telle que tout est bientôt englouti.

455.11

Jésus ouvre les bras, de son geste habituel annonçant qu’il va parler, pour attirer l’attention et imposer le silence :

« A cet endroit, qu’admirent les yeux de l’homme ? Des vallées creusées plus profondément que la nature ne les avait faites, des collines élevées à partir de massifs et de terre-pleins fabriqués par l’homme, des routes sinueuses qui pénètrent dans la montagne comme des tanières d’animaux. Et tout cela pourquoi ? Pour arrêter un danger dont on ne sait d’où il peut venir, mais que l’on sent menaçant comme un nuage de grêle dans un ciel orageux.

Ici, en vérité, on s’apprête humainement, par des forces humaines et des moyens humains, et même inhumains, à se défendre et à se préparer à l’attaque, oublieux des paroles[2] du prophète qui enseigne à son peuple comment se défendre des malheurs humains par des moyens spirituels, les plus efficaces. Il crie : “ Consolez-vous… consolez Jérusalem : son esclavage est fini, son iniquité est expiée, car elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour tous ses péchés. ” Et après la promesse, il précise comment faire pour la traduire dans la réalité : “ Préparez les chemins du Seigneur, redressez dans la solitude les sentiers de Dieu. Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée, les voies tortueuses seront redressées, les escarpées deviendront planes. Alors apparaîtra la gloire du Seigneur, et tous les hommes, sans exception, la verront, car la bouche du Seigneur a parlé. ” Ces mots furent repris par l’homme de Dieu, Jean-Baptiste, et seule la mort les a éteints sur ses lèvres.

Voilà la véritable défense contre les malheurs de l’homme. Elle ne consiste pas à lever les armes contre les armes, ce n’est pas non plus la défense contre l’attaque, ni l’orgueil, ni la férocité. Ce sont les armes surnaturelles, les vertus conquises dans la solitude, c’est-à-dire à l’intérieur de l’individu seul avec lui-même, qui s’efforce de se sanctifier en élevant des montagnes de charité, en abaissant des sommets d’orgueil, en redressant les chemins tortueux des désirs impurs, en enlevant de la route l’obstacle de la sensualité. Alors apparaîtra la gloire du Seigneur, et l’homme sera défendu par Dieu contre les embûches des ennemis spirituels et matériels. A quoi voulez-vous que servent quelques tranchées, quelques talus, quelques fortifications, contre le châtiment de Dieu irrité par le péché, ou même seulement par la tiédeur de l’homme ? Contre ces châtiments qui s’appelleront : Romains, comme ils se sont appelés autrefois Babyloniens, Philistins ou Egyptiens, mais qui en réalité sont une punition divine, et cela seulement, attirée par un excès d’orgueil, de jouissance, de cupidité, de mensonges, d’égoïsmes, de désobéissances à la Loi sainte du Décalogue. L’homme, même le plus fort, peut être tué par une mouche, la ville, même la mieux fortifiée, peut être prise quand l’un ou l’autre n’est plus protégé par Dieu, quand son assistance fait défaut, chassée, à cause des péchés de l’homme ou de la ville.

455.12

Le prophète dit encore : “ Tout homme est comme l’herbe et toute sa gloire comme la fleur des champs. L’herbe sèche, la fleur tombe dès que la touche le souffle du Seigneur. ”

Je veux que vous regardiez aujourd’hui avec pitié ces hommes que, jusqu’à hier, vous aviez considérés comme des machines astreintes au travail par vous. Aujourd’hui que je les ai placés, frères parmi les frères, pauvres au milieu de vous qui êtes riches et heureux, vous les voyez pour ce qu’ils sont : des hommes. Le mépris et l’indifférence ont disparu de beaucoup de cœurs et la pitié y est entrée. Mais allez plus au fond, au-delà de leur chair accablée. Ils ont une âme, une pensée, des sentiments, tout comme vous. Autrefois, ils ont été comme vous : en bonne santé, libres, heureux. Puis ce n’a plus été le cas, car si la vie de l’homme est comme l’herbe qui sèche, son bien-être est encore plus fragile. Ceux qui aujourd’hui sont en bonne santé peuvent demain être malades ; ceux qui aujourd’hui sont libres peuvent demain être esclaves ; ceux qui aujourd’hui sont heureux peuvent demain être malheureux.

Parmi eux, il y a certainement des coupables. Mais ne jugez pas leur faute et ne vous réjouissez pas de leur peine. Un jour, pour de multiples causes, vous pourriez vous aussi être coupables et astreints à une dure expiation. Soyez donc miséricordieux, car vous ne connaissez pas votre avenir, qui pourrait nécessiter toute la miséricorde divine et humaine, tant il pourrait être différent du jour présent. Soyez portés à l’amour et au pardon. Il n’est pas d’homme sur la terre qui n’ait besoin du pardon de Dieu et de l’un de ses semblables. Pardonnez donc pour que l’on vous pardonne.

455.13

Le prophète dit encore : “ L’herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole du Seigneur demeure éternellement. ”

Voici l’arme et la défense : la Parole éternelle devenue la loi de chacun de vos actes.

Elevez ce rempart véritable contre le danger qui vous menace et vous serez sauvés. Accueillez par conséquent la Parole, Celui qui vous parle, mais ne l’accueillez pas matériellement pour une heure dans les murs de la ville, mais bien dans votre cœur, pour toujours : car je suis celui qui sait et qui agit, et dirige puissamment. Et je suis le bon Berger qui fait paître le troupeau qui se fie à lui, et ne néglige personne, qu’il soit petit, las, blessé ou frappé par le sort, qu’il pleure sur ses erreurs, ni celui qui, riche et heureux, néglige tout pour la vraie richesse et le vrai bonheur : celui de servir Dieu jusqu’à la mort.

L’Esprit du Seigneur est sur moi, car le Seigneur m’a envoyé guérir les cœurs brisés, annoncer la Bonne Nouvelle aux doux, prêcher la liberté aux esclaves, la libération aux prisonniers. Et on ne peut dire de moi que je suis un fauteur de troubles, car je n’incite pas à la révolte et je ne conseille pas de s’évader aux esclaves et aux prisonniers. Mais à l’homme enchaîné, à l’homme asservi, j’enseigne la vraie liberté, la vraie libération, celle que personne ne peut lui enlever ni même limiter, celle qui grandit d’autant plus qu’on s’y abandonne davantage : la liberté spirituelle, la libération du péché, la douceur dans la souffrance, la grâce reconnaître Dieu au-delà des hommes qui enchaînent, la certitude que Dieu aime celui qui l’aime et pardonne là où l’homme ne pardonne pas, la joie d’espérer en un lieu éternel de récompense pour celui qui sait être bon dans son malheur, repenti de ses péchés, fidèle au Seigneur.

Ne pleurez pas, vous à qui je m’adresse particulièrement. Je suis venu pour consoler, recueillir ceux qui sont rejetés, apporter la lumière dans leurs ténèbres, la paix à leurs âmes, pour promettre une demeure de joie à celui qui se repent comme à celui qui n’est pas coupable. Et il n’est pas de passé qui empêche ce Présent qui attend au Ciel ceux qui savent servir le Seigneur dans la situation où ils se trouvent.

455.14

Il n’est pas difficile, mes pauvres enfants, de servir le Seigneur. Il vous a donné une manière facile de le servir, car il veut que vous soyez heureux au Ciel avec lui. Servir le Seigneur, c’est aimer : aimer la volonté de Dieu parce que vous aimez Dieu. La volonté de Dieu se cache même sous les apparences les plus humaines. Car — je m’adresse à vous qui avez peut-être versé le sang de vos frères —, car si ce n’était certainement pas la volonté de Dieu que vous soyez violents, c’est maintenant sa volonté que, par l’expiation, vous vous acquittiez de vos dettes envers l’Amour. Si ce n’était pas la volonté de Dieu que vous vous révoltiez contre vos ennemis, c’est maintenant sa volonté que vous soyez humbles, comme autrefois vous avez été orgueilleux pour votre malheur. Si ce n’était pas la volonté de Dieu que vous vous soyez approprié frauduleusement ce qui ne vous appartenait pas — quel qu’en soit le prix —, c’est maintenant la volonté de Dieu que vous soyez punis pour ne pas arriver à Dieu avec votre péché sur le cœur.

Ils ne doivent pas l’oublier, ceux qui sont heureux maintenant, ceux qui se croient en sécurité, ceux qui, à cause de cette sotte assurance, ne préparent pas en eux le Royaume de Dieu, et seront à l’heure de l’épreuve comme des enfants éloignés de la maison du Père, à la merci de la tempête, sous le fouet de la douleur.

455.15

Agissez tous avec justice et levez les yeux vers la Demeure du Père, vers le Royaume des Cieux : quand ses portes auront été grandes ouvertes par Celui qui est venu pour cela, il ne refusera pas d’accueillir quiconque aura atteint la justice.

Mutilés, estropiés, eunuques physiquement, ou mutilés, estropiés, eunuques dans l’ordre spirituel, exclus en Israël[3], ne craignez pas de ne pas avoir de place dans le Royaume des Cieux. Les mutilations, les déformations, les infirmités de la chair cessent avec la chair. Ce qui atteint le moral, comme la prison et l’esclavage, cesse aussi un jour ; ce qui atteint l’esprit, le fruit des fautes passées, se répare par la bonne volonté. Les mutilations matérielles ne comptent pas aux yeux de Dieu, les spirituelles s’effacent à ses yeux quand elles sont couvertes par un repentir plein d’amour.

Le fait d’être étranger au Peuple saint n’est plus un obstacle pour servir le Seigneur, car le temps est venu où les frontières de la terre disparaissent devant l’unique Roi, le Roi de tous les rois et peuples, qui réunit tous les peuples en un seul pour en faire son nouveau Peuple : celui d’où ne seront exclus que ceux qui cherchent à tromper le Seigneur par une obéissance mensongère à son Décalogue, car tous les hommes de bonne volonté peuvent le suivre, qu’ils soient juifs, païens ou idolâtres. Car là où il y a bonne volonté, il y a tendance naturelle à la justice ; or celui qui tend à la justice ne trouve pas de difficulté à adorer le Dieu vrai, quand il arrive à le connaître, à respecter son nom, à sanctifier ses fêtes, à honorer ses parents, à ne pas tuer, à ne pas voler, à ne pas faire de faux témoignages, à n’être pas adultère ou fornicateur, à ne pas désirer ce qui ne lui appartient pas. Et si, jusqu’à présent, il ne l’a pas fait, que désormais il le fasse pour sauver son âme et conquérir sa place au Ciel. Il est dit : “ Je leur donnerai une place dans ma Maison s’ils respectent mon Alliance, et je les rendrai heureux. ” Et cela s’adresse à tous les hommes de volonté sainte, car le Saint des Saints est le Père commun de tous les hommes.

455.16

J’ai terminé mon discours. Je n’ai pas d’argent pour eux et il ne leur serait pas utile. Mais je vous recommande, habitants de Gamla qui avez tant progressé sur les voies du Seigneur depuis la première fois que nous nous sommes rencontrés, d’élever la défense la plus valable pour votre ville : celle de l’amour entre vous, et pour eux, en les secourant en mon Nom, pendant qu’ils peinent pour vous. Le ferez-vous ?

– Oui, Seigneur, crie la foule.

– Eh bien, allons. Je ne serais pas entré dans vos murs si la dureté de vos cœurs avait répondu “ non ” à ma prière. Vous qui restez, soyez bénis… Allons…»

Il revient sur la route, maintenant tout ensoleillée, et monte vers la ville, construite pour ainsi dire en pleine roche comme une cité troglodyte, pourvue pourtant de maisons bien tenues et dotée d’un panorama splendide et varié suivant la direction où l’on regarde, vers les monts de l’Auranitide, ou vers la mer de Galilée, ou au loin vers le grand Hermon, ou du côté de la verte vallée du Jourdain. Telle qu’elle est construite, en altitude, et avec des rues abritées du grand soleil, la ville est fraîche. Elle ressemble davantage à un immense château-fort, une suite de forteresses, tant les maisons à demi-murées, à demi-creusées dans la montagne, présentent cet aspect.

Sur la plus grande place, la plus élevée de toutes, le point culminant de la ville — où l’œil jouit d’un vaste horizon de montagnes, de forêts, de lacs, de fleuves —, se trouvent les malades de Gamla. Et Jésus passe en les guérissant…

455.1

Day is just dawning when Jesus awakes and sits up on His rustic bed made of earth and grass. He then stands up, picks up His sandals and the mantle with which He had covered Himself as a protection from dew and the chill of the night, and cautiously steps over the tangle of legs, arms, bodies and heads of the apostles asleep around Him. He moves away a few steps, with keen eyes to see where He lays His feet in the subdued gleam of dawn, which under the leafy trees is barely a feeble light. He arrives at an open meadow, from which, through an opening between trees and rocks, one can catch a glimpse of a little strip of a lake which is waking up and a large piece of the sky which is becoming clearer, passing from the grey-blue hue typical of the vault of heaven at daybreak, to sky-blue, while to the east it is already fading into a light yellow shade which becomes more and more defined and deeper and deeper changing into a rosy yellow and finally into a most beautiful pale coral hue.

Dawn promises a lovely day, despite a very light haze which is reluctant to surrender the eastern sphere of the sky to daylight, and moves forward in such light veils of clouds that the blue sky does not suffer by it: on the contrary it is embellished as if it were an ornament of snow-white muslin fringed with gold and corals constantly changing, and becoming more and more beautiful, as if it were striving to reach the perfection of its fleeting beauty before being destroyed by daylight with its triumphant sunshine. To the west, on the other hand, a few stars are still visible, although deprived of their bright night twinkling as light increases, and the moon, about to set behind the tops of mountains, sails on looking very pale, with no moonbeams, like a dying planet.

455.2

Jesus, standing barefooted on the dewy grass, His arms folded across His chest, His head raised watching the rising day, is pensive… or is speaking to the Father in a spiritual conversation. There is dead silence, so much so that the large drops of abundant dew can be heard falling on the ground.

Jesus, still standing with arms folded, lowers His head and becomes engrossed in an even deeper meditation. He is completely absorbed in Himself. His magnificent wide open eyes are fixed on the ground as if they wished to wring a reply from the herbs. But I am sure that they do not even see the slow movement of stems quivering in the cold breeze of dawn, like people who wake up, stretch, turn round, stir themselves in order to awake completely and be thus alert in all their nerves and muscles. He looks, but does not see the awaking of herbs and wild flowers, with their little branches, leaves, corollas shaped like umbrellas, or growing in clusters, spikes and tufts. Some of the flowers are isolated in calyces, some are shaped like radiant crowns or snapdragons, cornucopias, plumes or berries. Some are stiff on their stalks: some are soft, hanging from stems which are not their own and round which they have twined, some are lying and creeping on the ground: some are grouped in families of many little low humble plants: some are solitary, large, violent in hue and carriage: they are all intent on shaking off their petals the dew-drops, which they no longer want, eager as they are now for sunshine only, as whimsical in their desires as in their lay-out. They are thus very much like men, who are never satisfied with what they have.

Jesus seems to be listening. But He certainly does not hear either the rustling of the wind, which is becoming stronger and is amusing itself in shaking the dew-drops and making them fall, or the ever increasing whispering of little birds, which are awaking and telling one another their dreams of the night, or are exchanging their views on the warm canorous nests in which, among down and soft hay, nestlings so far bare, are beginning to show plumage or are opening their huge beaks wide showing their greedy red throats and screeching in their first exacting request for food. Jesus seems to be listening. But He certainly does not hear the first scoffing call of the blackbird, the first sweet song of the blackcap or the golden trilled note of the skylark, which rises joyfully towards the early sun, or the shrieking, which rends the quiet air, of the many swallows, which leave the rocks, where they built their nests, and begin to weave their untiring flights from the earth to the sky. Neither does He hear the wild cry of a magpie perched on a branch of an oak near Him and seems to be asking: «Who are You? What are You pondering?» deriding Him. Not even that interrupts His meditation.

But who does not know that magpies are spiteful? This one, tired of seeing an intruder on the little meadow which is perhaps its territory, tears off the oak-tree two lovely acorns joined on one single stem, and with the precision of a first-class shot, drops them on Jesus’ head. It is not a heavy shell, capable of hurting, but taking into account the height from which it is dropped, it is sufficiently solid to shake the Pensive One, Who looks up and sees the bird which with its wings opened out and nodding in a funny way, rejoices at its shot. Jesus smiles gently, shakes His head, He sighs as a conclusion of His meditation and He moves away walking up and down. The magpie with a laugh and a mocking cry flies down to the meadow, flapping its wings, searching and scratching about the grass freed from the Intruder.

455.3

Jesus looks for some water, but He does not find any. He resigns Himself to going back to the apostles, but birds teach Him where to find it. Flocks of them fly towards some very wide calyx-shaped flowers which in actual fact are little cups containing water, or they alight on wide hairy leaves, where each hair has retained a drop of dew, and they quench their thirst there or have their ablutions. Jesus imitates them. He collects in the hollow of His hands the water of some calyces and refreshes His face, He picks some wide hairy leaves and with them He removes the dust from His bare feet, He cleans His sandals and puts them on, and with some more leaves He washes His hands until He sees that they are clean and He smiles whispering: «The divine perfections of the Creator!»

He is now refreshed, tidy, because with His wet hand He has tidied up His hair and beard and as the first sunbeams turn the meadow into a mat studded with diamonds, He goes to wake up the apostles and the women.

455.4

Both groups are hardly able to awaken, tired as they are. Mary is awake but She is unable to move because of the little boy who is sleeping clinging to Her breast, with his little head under Her chin. And the Mother, on seeing Jesus appear at the entrance of the grotto, smiles at Him with Her kind blue eyes, while Her face becomes rosy out of the joy of seeing Him. And She frees Herself from the child, who whimpers a little on being moved, She gets up and goes towards Jesus with Her silent slightly rolling gait of a modest dove.

«May God bless You, Son, today.»

«May God be with You, Mother. Was the night unpleasant for You?»

«No. On the contrary, very pleasant. I seemed to have You, a little Baby, in My arms… And I dreamed that a kind of golden river was flowing from Your mouth, emitting such a sweet sound that it cannot be described, and a voice said… oh! what a voice: “This is the Word which enriches the world and gives beatitude to those who listen to it and obey it. Without any limitation of power, time or space, It will save”. Oh! My Son! And You, My Child, are that Word! How will I be able to live so long and to do so much as to be able to thank the Eternal Father for making Me Your Mother?»

«Do not worry about that, Mother. Every beat of Your heart pleases God. You are the living praise of God, and You will always be so, Mother. You have been thanking Him since You…»

«I do not seem to be doing it sufficiently, Jesus. It is so great, so great what God did for Me! After all, what do I do more than all those good women do, who, like Me, are Your disciples? Son, tell our Father to give Me the opportunity to thank Him as His gift deserves.»

«Mother! And do You think that the Father needs Me to ask Him that for You? He has already prepared for You the sacrifice which You will have to consume for this perfect praise. And You will be perfect when You have accomplished it…»

«My Jesus!… I understand what You mean… But will I be able to think in that hour?… Your poor Mother…»

«The Blessed Spouse of the eternal Love! Mother, that is what You are. And the Love will be thinking in You.»

«You say so, Son, and I relax on Your Word. But You… pray for Me, in that hour that none of these understands… and which is already impending… That is true, is it not?»

It is impossible to describe the expression of Mary’s face during this conversation. No writer can possibly translate it into words without spoiling it with mawkishness or uncertain hues. Only he who has a heart, a kind heart, even if a virile one, can mentally give Mary’s face the real expression which it has in this moment.

Jesus looks at Her… Another expression untranslatable into poor words. And He replies to Her: «And You will pray for Me in the hour of death…

455.5

Yes. None of these understands… It is not their fault. Satan is creating fumes so that they may not see, that they may be like drunken people who do not understand, and therefore unprepared… and easier to bend… But You and I will save them, despite Satan’s snares. Mother, I entrust them to You as from this moment. Remember these words of Mine: I entrust them to You. I give You My inheritance. I have nothing upon the Earth, except a Mother, and I offer Her to God: Victim with the Victim; and My Church, and I entrust it to You. Be her Nurse. A short time ago I was wondering in how many people, in the future, the man of Kerioth will be reviving with all his faults. And I was thinking that anyone, who were not Jesus, would reject that faulty being. But I will not reject him. I am Jesus. During the time that You will remain on the Earth, and You are second to Peter with regards to ecclesiastical hierarchy, he being the Head and You a believer, but first as Mother of the Church having given birth to Me, Who am the Head of this mystical Body, do not reject the many Judases, but assist and teach Peter, My brothers, John, James, Simon, Philip, Bartholomew, Andrew, Thomas and Matthew not to reject, but to assist. Defend Me in My followers, and defend Me from those who want to disperse and dismember the dawning Church. And in future centuries, Mother, always be She Who pleads for and protects, defends and helps My Church, My Priests, My believers, from Evil and Punishment, from themselves… How many Judases, O Mother, in future centuries! And how many will be like half-wits who cannot understand, or like blind and deaf people who cannot see or hear, or like cripples and paralytic people who cannot come… Mother, let them all be under Your mantle! You alone can and will be able to change the punishment decrees of the Eternal Father for one soul or for many of them. Because the Trinity will never be able to deny its Flower anything.»

«I will do that, Son. As far as it depends on Me, You may go to your goal in peace. Your Mother is here to defend You in Your Church, always.»

«May God bless You, Mother…

455.6

Come! I will pick for You some calyces of flowers full of scented water, and You will refresh Your face with it, as I did. Our Most Holy Father prepared them for us, and the birds have pointed them out to Me. See how everything is useful in the orderly Creation of God! This elevated tableland close to the lake, so fertile because of the mists which rise from the Sea of Galilee and of the tall trees which attract dew, allowing this luxuriance of herbs and flowers, even in the excessive summer heat. This abundant fall of dew to fill these calyces so that His beloved children may wash their faces… That is what the Father has arranged for those who love Him. Here. The water of God, in calyces of God, to refresh the Eve of the new. Paradise.» And Jesus picks the very wide flowers, the name of which I do not know, and He pours into Mary’s hands the water collected in them…

455.7

The others in the meantime have tidied themselves up and are coming looking for Jesus Who had moved a short distance away from the resting place.

«We are ready, Master.»

«All right. Let us go this way.»

«But is it the right one? The woods come to an end here; the last lime we walked through woods…» objects James of Zebedee.

«Because we were coming up from the lake. But now we can take the right road. See? Gamala is over there, south-east, and this is the only road. The other three sides are impassable, except for wild goats.»

«You are right. We will avoid the deep barren valley, from which we saw the men who were possessed come» says Philip.

They walk fast and are soon out of the wood in which they slept, along a stoney path running beyond a little valley that grows wider the more they approach the bizarre mountain to which Gamala clings and which is very steep on three sides, that is, to the east, north and west and is linked to the remaining area only by this road which runs straight from south to north, and is elevated between two wild stoney valleys that separate it from the country on the eastern side and from woods of oak-trees on the western side.

455.8

Many swineherds pass by in the middle of their grunting herds, going to the oak-woods. Carts laden with squared stones pass squeaking, drawn by slow oxen yoked in pairs. Some horsemen pass at a trot raising clouds of dust. Teams of ragged emaciated diggers – I think most of them are slaves or men condemned to hard labour for some reason – pass by going to their work under the strict surveillance of supervisors.

As they draw closer to the mountain and the road begins to climb, they can see fortified ditches surrounding the mountain like rings fastened to its sides. It must be a difficult task to dig out those works, particularly in certain spots which are almost sheer. And yet many men are working to repair existing fortifications, to build new ones and are carrying on their bare shoulders stone cubes which bend the poor wretches and leave bleeding wounds on their naked shoulders.

«What are those citizens doing? It is perhaps wartime that they should work thus? They are mad» say the apostles to one another while the women pity the unhappy men who are half-naked, ill-fed and compelled to do works exceeding their strength.

«But who compels them to work? The Tetrarch or the Romans?» ask the apostles once again and they discuss the matter among themselves because it would appear that Gamala is, so to say, independent of the Tetrarchy of Philip and of that of Herod, and because it seems impossible to some of the apostles that the Romans should busy themselves in building in foreign countries fortifications which in the future might be used against them. And the eternal idea, as fixed as a maniacal idea, of the temporal kingdom of the Messiah, is displayed as the insignia of an already certain victory, of glory and national independence.

455.9

They shout so much that some supervisors approach them and listen. They are coarse men, clearly not of Jewish race, many are elderly, several of them have scars on their bodies. But their identity is clarified by the scornful remark of one of them: «“Our kingdom”! Did you hear that, Titus? O big-nosed people! Your kingdom is already crushed under these stones. He who uses the enemy to build against the enemy serves the enemy. Publius Corfinius tells you. And if you do not understand, live long enough; and the stones will explain the enigma to you» and he laughs raising his lash because he sees an exhausted workman stagger and sit down, and he would strike him if Jesus did not stop him moving forward and saying: «You are not allowed to do that. He is a man like you.»

«Who are You Who meddle with and defend a slave?»

«I am Mercy. My name as a man would not mean anything to you. But My attribute reminds you to be merciful. You said: “He who uses the enemy to build against the enemy serves the enemy”. You spoke a sorrowful truth. But I will tell you a bright one: “Who does not use mercy will not find mercy”.»

«Are You a rhetor?»

«I told you, I am Mercy.»

Some people from Gamala, who are going towards their hometown, say: «He is the Rabbi of Galilee. He Who gives orders to diseases, to the winds, waters and demons, Who changes stones into bread and Whom nothing can resist. Let us run to town to tell the people. So that sick people may come! And we may hear His word. We belong to Israel, too!» and some of them run away, some gather around the Master.

The supervisor mentioned previously asks: «Is it true what they are saying about You?»

«Yes, it is.»

«Work a miracle and I will believe.»

«You do not ask for miracles to believe. You ask faith to believe, and thus obtain a miracle. Faith and pity for your neighbour.»

«I am a heathen…»

«That is not a valid reason. You live in Israel which gives you money…»

«Because I work.»

«No. Because you make people work.»

«I know how to make people work.»

«Yes, mercilessly. But have you never considered that if instead of being a Roman you were a Jew, you might have been in the place of one of these men?»

«Eh!… Of course… But I am not, through the protection of the gods.»

«Your vain idols could not protect you if the true God wanted to strike you. You are not dead yet. So be merciful in order to receive mercy…»

The man would like to retort and discuss, but he shrugs his shoulders disdainfully and turning his back he goes away and strikes a man who had stopped working with his pick in a hard rocky layer.

Jesus looks at the unhappy fellow who has been struck and He looks at the striker as well. Two glances of the same, and yet different, pity. And they are so deeply sad, that they remind me of certain glances of Christ during His passion. But what can He do? As He has no power to interfere, He resumes His way, with the burden of the misfortunes just seen lying heavy on His heart.

455.10

But some citizens, certainly notables, run down from Gamala, and they reach Jesus before Whom they bow deeply inviting Him to enter their town and speak to the people, who are coming in flocks of their own accord.

«You can go wherever you wish. They (and He points at the workers) cannot. It is now cool and we are protected here from the sun. Let us go towards those poor wretches so that they may hear the Word of Life as well» replies Jesus. And He sets out first retracing His steps and taking an uneven path which leads down the mountain, where it is more painful to work. He then addresses the notables saying: «If it is in your power to do so, order the work to be stopped.»

«We certainly can! We are the ones who pay and if we pay some hours for nothing, no one can complain» reply the men from Gamala and they go to speak to the supervisors and a few moments later I see the latter shrug their shoulders, as if to say: «If you are happy, why should we worry?» They then whistle to the gangs, a signal which obviously means rest.

Jesus in the meantime has spoken to other people from Gamala, and I see them nod assent and walk away fast back to town.

The workers hurry around the supervisors looking frightened. «Stop working. Your noise is annoying the philosopher» orders one of them, probably the head of them all.

The workmen look with tired eyes at the one pointed out as the «philosopher» who is giving them the gift of a rest. And the «philosopher» looking at them pitifully, replies to their glances and to the words of the supervisor saying: «Their noise does not annoy Me, but their misery grieves Me. Come, My children. Rest your bodies and even more your hearts near the Christ of God.»

The population, the slaves, the condemned men, the apostles and disciples crowd in the free space between the mountain and the trenches, and those who do not find any room there, climb up to the upper trenches on the ground, and the less lucky ones resign themselves to going onto the road, where the sun is already shining. And more people come from Gamala and many travellers coming from other towns and going to Gamala stop as well.

There is a large crowd. And those who had gone away a short time before are elbowing their way through the crowd. They are carrying heavy baskets and containers. They push their way as far as Jesus, Who has instructed the apostles to bring the workmen to the front row. They lay baskets and amphorae at Jesus’ feet.

«Give them the offerings of charity» orders Jesus.

«They have had their food and there is still some water mixed with vinegar and bread. If they eat too much, they will feel heavy at work» shouts one of the supervisors.

Jesus looks at him and repeats his order: «Give them food suitable for men, and bring Me their food.»

The apostles with the help of volunteers execute his order.

Their food! A kind of a hard dark crust, not suitable for animals, and some water mixed with vinegar. That is the nourishment of the convicts! Jesus looks at it and has the poor food placed near the mountain side. And He looks at those who were to eat it, underfed bodies in which only the muscles, overdeveloped through excessive fatigue, can hold out with sheaves of fibres swelling out from the flaccid skin, feverish frightened eyes, avid mouths which seem even bestial in biting the good, plentiful unexpected food, in drinking the real corroborating fresh wine…

455.11

Jesus waits patiently for them to finish their meal. And He does not have to wait long because their avidity is such that everything is soon consumed.

Jesus stretches out his arm in the habitual gesture when He is about to speak, to draw the attention of people and impose silence. He says:

«What do the eyes of man see in this place? Valleys dug deeper than they were created by nature, hills formed by man with massive ramparts, winding roads penetrating into the mountain like dens of animals. And why all that? To stop a danger which is not known whence it may come, but is felt impending like a hailstorm from a stormy sky.

In actual fact they have acted here in a human way, with human power and human means, at times also inhuman, to defend themselves and prepare means of offence, unmindful of the words[1] of the Prophet, who teaches his people how it is possible to defend oneself from human misfortunes through superhuman means, the most valid ones. He cries: “Console my people… comfort Jerusalem, because her slavery is ended, her sin is atoned for, because she has received from the hand of the Lord double punishment for all her crimes”. And after the promise he explains the way to make it become real: “Prepare the ways of the Lord, make straight the ways of God across the desert. Every valley will be filled in, every mountain will be laid low, the winding way will become straight, the hard one will become comfortable. Then the glory of the Lord shall be revealed, and all men, without any exception, shall see it, for the mouth of the Lord has spoken”. Those words were taken up by the man of God, John the Baptist, and death only silenced them on his lips.

That is, O men, the true defence against the misfortunes of mankind. Not weapon against weapon, defence against offence, not pride, not fierceness. But supernatural weapons, but virtues achieved in solitude, that is, in the interior of the individual, all alone with himself, who works to sanctify himself, erecting mountains of charity, lowering peaks of pride, straightening twisted ways of concupiscence, removing sensual obstacles from his way. Then the glory of the Lord will appear and man will receive the defence of God against the spiritual and material snares of enemies. What do you expect a few trenches, a few glacis, a few forts to be against God’s punishment which the wickedness or just the tepidness of man draws upon himself? Against punishments which will be named: Romans, as in the past they were named: Babylonians, Philistines, or Egyptians, but in actual fact are divine punishments, and nothing else, deserved by the excessive pride, sensuality, greed, falsehood, selfishness, disobedience to the holy Law of the Decalogue. A man, even the strongest one, can be killed by a fly. Even the most fortified town can be taken by storm when neither man nor town enjoy God’s protection, which vanishes or is driven away by the sins of man or of the town.

455.12

The Prophet goes on saying: “All flesh is grass and all its glory is like a wild flower. The grass withers, the flower fades as soon as the breath of the Lord blows on them”.

Today, by My will, you are looking at these men with pity, whereas up to yesterday you had looked at them like machines compelled to work for you. Today, because I put them, brothers among brothers, amid you, who are rich and happy, today you see them for what they are: men. Contempt or indifference have disappeared from many hearts and pity has replaced them. But consider them more intimately, beyond their oppressed flesh. In it, in them, there is a soul, a thought, feelings as in you. Once they were like you: healthy, free, happy. Later they were no longer so. Because if the life of man is like grass which withers, his well-being is even more fragile. Those who are healthy today, may be taken ill tomorrow, those who are free today, may become slaves tomorrow, those who are happy today, may be unhappy tomorrow. Some of these men are certainly guilty. Do not judge their faults, do not rejoice at their expiation. For many reasons, you might be guilty yourselves tomorrow and compelled to make hard expiation. So be merciful, because you do not know your future, which may be so different from your present time, that you may need all divine and human mercy. Be prone to love and forgiveness. There is no man on the Earth who does not need to be forgiven by God and by some of his own fellow-men. So forgive, to be forgiven.

455.13

The Prophet goes on to say: “Grass withers, flowers fade; but the word of the Lord remains forever” .

That is the weapon and defence: the eternal Word which has become the law of all your actions. Raise that true bulwark against the impending danger and you will be saved. So accept the Word, He Who is speaking to you, but do not receive it in a material way, just for one hour within the walls of the town, but in your hearts, forever, because I am He Who knows, Who acts and Who rules with power. And I am the good Shepherd, Who pastures the flock which relies upon Him, and I neglect nobody, not the little ones, or those who are tired, injured or hit by bad fortune, or those who bewail their errors, or those who, although rich and happy, disregard everything to achieve true riches and happiness: that is, to serve God until their death.

The Spirit of the Lord is over Me because the Lord has sent Me to announce the Good News to the meek, to cure those whose hearts are broken, to preach freedom to slaves and liberation to prisoners. Neither can anyone say that I am an instigator, because I do not instigate to rebellion, neither do I advise slaves and prisoners to evade, but I teach the man in chains and the slave true freedom and true liberation, which cannot be taken away from them or even limited, as the more man gives himself up to it, the greater it grows: spiritual freedom, liberation from sin, meekness in sorrow, I teach him to see God beyond men fettering prisoners, to believe that God loves those who love Him, and forgives when man does not forgive, to hope for an eternal place of reward for those who are successful in being good in misfortunes, who can repent their sins and be faithful to the Lord. Do not weep, men, to whom I am particularly referring. I have come to comfort, to gather those who have been rejected, to bring light to their darkness, peace to their souls, to promise a joyful abode both to those who repent and to those who are not guilty. There is no past which may prevent this Present that waits in Heaven for those who serve the Lord in the situation in which they are.

455.14

It is not difficult, My poor children, to serve the Lord. He has granted you an easy way to serve Him, because He wants you to be happy in Heaven. To serve the Lord is to love. To love the wlll of God because you love God. The will of God is hidden even in the most apparently human things. Because – I am speaking to you who have perhaps shed the blood of brothers – because if it certainly was not the will of God that you should be violent, it is now His will that through expiation you should cancel your debts towards Love. Because, if it was not God’s will that you should rebel against your enemies, it is now His will that you should become as humble as once you were proud, to your own detriment. Because if it was not God’s will that you should obtain by fraud, whether big or small, what did not belong to you, it is now God’s will that you should be punished, so that you may not present yourselves to God with your sins in your hearts. And that should not be forgotten by those who are at present happy, by those who think that they are safe, and through such silly safety do not prepare in themselves the Kingdom of God, and in the hour of the trial will be like children remote from the house of the Father, at the mercy of the storm, under the lash of pain.

455.15

You must act with justice, all of you, and raise your eyes to the house of the Father, to the Kingdom of Heaven, which, once its gates have been opened wide by Him, Who came to open them, will not refuse to accept anyone who has achieved justice. You, who arc mutilated in your bodies, cripples, eunuchs; or you, who ar mutilated in your spirits, cripples, eunuchs in the power of the spirit, rejected in Israel, be not afraid of having no place in the Kingdom of Heaven. Mutilations, crippling, impairment of bodies come to an end with bodies. The moral ones, such as prison and slavery, will come to an end one day as well; those of the spirit, that is the fruit of past faults, are mended through goodwill. And material mutilations do not count in the eyes of God, and spiritual ones are cancelled in His eyes when loving repentance covers them.

The fact that one does not belong to the holy People does not prevent one from serving the Lord. Because the time has come when all frontiers of the Earth disappear before the Only King, the King of all kings and peoples, the King who gathers all peoples into one only to make it his new People. That people from which only those will be excluded who try to deceive the Lord with false obedience to his Decalogue, which all men of goodwill can follow, whether they are Jews, Gentiles or idolaters. Because where there is goodwill, there is natural inclination to justice, and he who is prone to justice, will have no difficulty in adoring the true God, once he gets to know Him, in respecting his Name, in observing holy days, in honouring parents, in not killing, stealing, bearing false witness, in not being an adulterer or fornicator, in not desiring what does not belong to him. And he who has not done that so far, should do it as from now onwards, so that his soul may be saved and he may conquer his place in Heaven. It is written: “I will give them a place in My House if they keep My Covenant and I will make them joyful”. And that is said with regards to all men of holy will, because the Holy of Holies is the common Father of all men.

455.16

I have finished. I have no money for these people. Neither would it be of any use to them. But I say to you, people of Gamala, who have made so much progress in the way of the Lord since the first time we met, that you should build the most valid defence for your town: that of love for one another and for these men, by assisting them in my Name while they work for you. Will you do that?»

«Yes, Lord» shout the crowds.

«Let us go then. I would not have entered your town if the hardness of your hearts had replied “no” to my request. May you, who are remaining here, be blessed… Let us go…»

And He goes back to the road, now flooded with sunshine and goes up to the town which is almost built in the rock like a troglodytic town, but has well-kept houses and a most beautiful varied view according to the direction in which one looks, to the mountains of Hauran or the sea of Galilee, to the remote Great Hermon or to the green Jordan valley. The town is cool because of the way it is built, high up, and with streets which protect from the hot sun. It looks more like a huge castle than a town, a chain of fortresses, because the houses, half brickwork and half dug in the mountain, seem forts.

In the main square, the highest of them all, in the highest part of the town – one’s eyes therefore enjoy a vast panorama of mountains, forests, lakes, rivers, all lying underneath – are the sick people of Gamala. And Jesus passes curing them…


Notes

  1. sois soumise à Pierre pour ce qui tient à la hiérarchie ecclésiastique, de laquelle Marie reste excluse : lui comme Chef et toi comme fidèle. Jésus prédit, en 199.6, que l’Eglise naissante sera confiée comme un enfant à l’autorité paternelle de Pierre et à l’amour maternel de Marie.
  2. paroles qui se trouvent dans le chapitre 40 du livre d’Isaïe, selon la note indiquée par Maria Valtorta sur le manuscrit original. Les citations du discours de Jésus sont tirées de : Is 40, 1-8 ; 56, 4-7 ; 61, 1.
  3. exclus en Israël, qui précisément excluait les personnes difformes ou eunuques du service de l’autel (comme on le voit déjà en 96.6 et en 419.7) et des assemblées de culte (comme en 211.7).

Notes

  1. words, that are in chapter 40 of the book of Isaiah, according to the reference inserted by M.V. in the original manuscript. The quotations of Jesus’s lecture are in: Isaiah 40,1-8; 56,4-7; 61,1.