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Sur les rives du lac ou sur le lac lui-même, Tibériade a déversé tous ses habitants qui espèrent trouver quelque rafraîchissement dans la brise qui court sur les eaux et fait bouger les arbres des jardins, le long de la berge. Dans cette ville, se mêlent de nombreuses races, réunies là pour des motifs variés. Les riches se détendent sur des barques de plaisance confortables ou bien, sous les ombres vertes des jardins, ils regardent les bateaux évoluer sur les eaux bleu turquoise, déjà épurées de la couleur jaune qu’y avait apportée l’orage du soir précédent. Les pauvres, et les enfants surtout, s’ébattent sur la plage, là où les petites vagues viennent mourir. La fraîcheur de l’eau, qui les atteint plus haut qu’ils ne le voudraient, leur fait pousser de petits cris qui rappellent ceux des hirondelles.
Les barques de Pierre et de Jacques approchent de la rive et se dirigent vers le petit môle.
« Non. Allons au jardin de Jeanne » ordonne Jésus.
Pierre obéit sans mot dire et la barque, suivie de sa sœur jumelle, exécute un virage parfait qui laisse un sillage d’écume en forme de point d’interrogation pour se replier sur la jetée du jardin de Kouza, où elle accoste et s’arrête. Jésus est le premier à descendre, et il donne la main aux deux Marie pour les aider à monter sur le petit quai.
« Vous, maintenant, allez au grand môle et mettez-vous à parler. Vous allez voir un homme s’approcher pour vous demander où je suis. C’est l’homme d’Antioche. Conduisez-le-moi après avoir congédié la foule.
– Oui… mais… Que devons-nous dire aux gens ? Annoncer ta venue ou prêcher ta doctrine ?
– Ma venue. Prévenez-les qu’à l’aurore je parlerai à Tarichée et guérirai les malades. Que l’un de vous surveille les barques, ou chargez-en quelque disciple, afin qu’elles soient prêtes pour le départ. Allez, et que la paix soit avec vous. »
Puis il se dirige vers la grille qui sert de clôture sur le débarcadère. Les deux Marie le suivent en silence.