The Writings of Maria Valtorta

462. Discours et guérisons aux sources

462. Speech and healings

462.1

Le lac n’est qu’une énorme sardoine insérée dans le chaton des collines qu’éclairent très faiblement les étoiles, car la lune est déjà couchée. Jésus est seul dans le pavillon vert, la tête appuyée sur ses avant-bras, posés sur la table près de la lampe dont la lueur agonise. Mais il ne dort pas. De temps à autre, il lève la tête, regarde encore, sur la table, les feuilles dépliées que recouvre la lampe et, de nouveau, il incline la tête sur ses avant-bas.

Le silence est absolu. Le lac lui-même semble dormir dans le calme accablant de la nuit. Puis voilà, en même temps, un bruissement du vent dans les feuillages, le claquement solitaire d’une vague sur la rive, un changement dans la nature, comme un réveil des éléments. La pâle clarté de l’aube qui pointe à peine est déjà une lueur, bien que l’œil ne s’en aperçoive pas encore quand il regarde le jardin désert. C’est le miroir du lac qui donne un reflet de ce retour de la lumière, parce que sa teinte foncée se fait plus claire, et lentement, par le reflet du ciel où l’aurore s’annonce, il passe de la couleur du plomb au gris-ardoise, puis au gris-fer pour prendre une nuance d’opale ; et enfin le voilà qui reflète le ciel dans ses eaux d’un bleu paradisiaque.

462.2

Jésus se lève, rassemble les feuilles, prend la lampe qui s’est éteinte au premier souffle de la brise et se dirige vers la maison. Il rencontre une servante qui s’incline, puis un jardinier qui se dirige vers les parterres ; ils se saluent mutuellement. Il entre dans l’atrium où les autres serviteurs commencent leurs premiers travaux.

« Paix à vous. Pouvez-vous appeler mes disciples ?

– Ils sont déjà levés, Seigneur, et le char pour les femmes est prêt. Jeanne aussi est levée. Elle se tient dans l’atrium intérieur. »

Jésus traverse la maison pour se rendre à l’atrium, qui se trouve du côté de la rue. Effectivement, tous sont rassemblés là.

« Partons. Mère, que le Seigneur soit avec toi. Marie, avec toi aussi, et que ma paix vous accompagne. Adieu, Simon. Porte ma paix à Salomé et aux enfants. »

Jonathas ouvre le lourd portail. Dans la rue se trouve le char couvert. Complètement déserte, la rue, entre les maisons, n’est pas encore très éclairée. Les femmes montent avec leur parent dans le char, qui s’éloigne.

« Nous aussi, mettons-nous en route immédiatement. André, cours en avant là où sont les barques et dis aux employés de nous rejoindre à Tarichée.

– Comment ? Nous y allons à pied ? Nous arriverons tard…

– Peu importe. Allez de l’avant pendant que je prends congé de Jeanne. »

Les apôtres s’éloignent…

« Je te suis, Seigneur, ou plutôt je te précède, car je pars avec la barque.

– Tu devras attendre longtemps…

– Cela ne compte guère. Laisse-moi venir.

– Qu’il en soit comme tu veux. Kouza est absent ?

– I1 n’est pas rentré, Seigneur.

– Tu lui diras que je le salue, et que je l’exhorte à être juste. Caresse pour moi les enfants. Et… toi qui as compris le Maître, fais comprendre à Kouza qu’il est dans l’erreur, et avec lui tous ceux qui veulent faire du Christ un roi temporel. »

Jésus aussi sort sur le chemin et rejoint rapidement les apôtres.

« Prenons la direction d’Emmaüs. Beaucoup de malheureux vont aux sources, les uns pour obtenir la guérison, d’autres pour y trouver quelque secours.

– Mais nous n’avons pas la moindre piécette » objecte Jacques, fils de Zébédée.

Jésus ne répond pas.

462.3

De minute en minute, la foule remplit les rues, et on distingue deux catégories de personnes bien différentes. Il y a des gens du peuple, maraîchers, marchands, serviteurs, esclaves, qui se hâtent vers les marchés, et de riches jouisseurs qui, en litière ou à cheval, se rendent eux aussi aux sources, que je suppose être thermales puisqu’elles doivent guérir.

Tibériade doit être assez cosmopolite, car on reconnaît des habitants de diverses nations : des Romains alourdis par leur vie oisive et vicieuse, des Grecs pomponnés et certainement pas moins licencieux que les Romains — mais le masque que leur laisse le vice n’a pas la même expression que celui des Romains —, des gens de la côte phénicienne, des Hébreux, pour la plupart âgés. Accents, langues, vêtements diffèrent. On voit quelques pâles visages de malades, hommes ou femmes, ou des visages las de patriciennes… et aussi des mines de bons vivants des deux sexes qui avancent en groupes, les uns à cheval, près des litières, les autres en litière, se livrant à des railleries, à des discussions sur des sujets futiles, faisant des paris…

La route est belle, ombragée par de grands arbres qui laissent voir, dans les intervalles de leurs troncs, d’un côté le lac, de l’autre la campagne. Le soleil, maintenant levé, ravive les teintes des eaux et de la végétation.

Plusieurs se retournent pour regarder Jésus et un murmure suit son passage : paroles admiratives des femmes, plaisanteries des hommes — parfois méprisantes —, ronchonnements, ou même quelques plaintes que Jésus accueille, les seules auxquelles il prête attention et qu’il exauce.

Quand il rend leur agilité aux membres d’un Tyrien, ankylosés par l’arthrite, l’indifférence ironique de plusieurs païens est ébranlée.

« Oh ! » s’écrie un vieux Romain au visage boursouflé de noceur. « Oh ! c’est beau de guérir ainsi. Je l’appelle.

– Il ne le fera pas pour toi, vieux Silène. Que voudrais-tu faire, une fois guéri ?

– Revenir à la jouissance !

– Alors, inutile d’aller trouver le triste Nazaréen.

– J’y vais, et je parie tout ce que je possède que…

– Ne parie pas. Tu vas perdre.

– Laisse-le parier : il est encore ivre. Nous profiterons de son argent. »

462.4

Le vieil homme descend en titubant de la litière. Il rejoint Jésus, qui écoute une mère juive lui parler de sa fille, une fillette exsangue qu’elle conduit par la main.

« N’aie pas peur, femme. Ta fille ne va pas mourir. Retourne chez toi. Ne la conduis pas aux sources. Elle n’y trouverait pas la santé du corps, et perdrait la pureté de son âme. Ce sont des lieux d’une licence dégradante »

Il dit cela à haute voix, de façon que tous l’entendent.

« J’ai foi, Rabbi. Je retourne chez moi. Bénis tes servantes, Maître. »

Jésus les bénit et il est sur le point de s’éloigner.

Le Romain le tire par son vêtement :

« Guéris-moi » ordonne-t-il.

Jésus le regarde et demande :

« Où ? »

Les Romains, et avec eux des Grecs et des Phéniciens, se sont rassemblés et ils ricanent et parient. Des juifs, qui se sont écartés en murmurant : « Profanation ! Anathème ! » et d’autres mots du même genre, s’arrêtent pourtant, par curiosité…

« Où ? » demande encore Jésus.

– De partout, je suis malade… Hi ! hi ! hi ! »

Je ne sais s’il rit ou s’il pleure, tant est étrange le cri qui lui sort de la bouche. On dirait que la graisse flasque, que lui ont laissée des années de vice, gêne jusqu’à ses cordes vocales. L’homme énumère ses infirmités et dit sa peur de mourir.

Jésus le regarde sévèrement et répond :

« En effet, tu dois craindre la mort car tu t’es tué toi-même. »

Et il lui tourne le dos. L’autre cherche à le rattraper par son vêtement pendant que l’assistance ricane, mais Jésus se libère et s’éloigne.

« Pouce vers le bas, Appius Fabius ! Pouce vers le bas ! Celui que l’on appelle le roi des juifs ne t’a pas fait grâce. Donne-nous ta bourse, tu as perdu ton pari. »

Grecs et Romains font du vacarme en entourant l’homme déçu. Ce dernier les écarte en les bousculant et se met à courir, aussi vite qu’il le peut — obèse comme il l’est —, en relevant son vêtement et en titubant de toute sa masse graisseuse. Mais il trébuche et tombe dans la poussière au milieu des éclats de rire de ses amis, qui le traînent près d’un arbre, contre le tronc duquel l’homme ivre se serre en pleurant, avec le hoquet stupide des ivrognes.

462.5

Les sources sont certainement proches, car la foule est de plus en plus dense, affluant de routes nombreuses vers un seul endroit. Il règne dans l’air une odeur d’eaux sulfureuses.

« Nous descendons vers la rive pour éviter ces gens impurs ? demande Pierre.

– Ils ne sont pas tous impurs. Il y a parmi eux beaucoup de juifs » dit Jésus.

Les voilà arrivés aux Thermes : c’est une série d’édifices de marbres blancs, en face du lac, séparés par des avenues et en retrait du lac, que borde une vaste place plantée d’arbres sous lesquels circulent ceux qui sont arrivés, en attendant le bain, ou pour réagir après le bain. Des têtes de méduses en bronze, qui font saillie dans le mur d’un édifice, projettent des eaux fumantes dans une vasque de marbre. Celle-ci est blanche à l’extérieur, et rougeâtre à l’intérieur, comme si elle était recouverte de fer rouillé. De nombreux juifs vont aux sources, et boivent l’eau minérale avec des coupes. Je ne vois que des Hébreux le faire, et à ce pavillon. Je crois deviner que les juifs fidèles ont voulu avoir un endroit particulier pour éviter les contacts avec les païens.

De nombreux malades attendent les soins sur des brancards et, à la vue de Jésus, plusieurs crient :

« Jésus, Fils de David, aie pitié de moi. »

Jésus se dirige vers eux : paralytiques, arthritiques, ankylosés, atteints de fractures, dont les os ne se ressoudent pas, malades d’anémie, d’affections glandulaires, femmes flétries avant l’âge, enfants prématurément vieillis… Il y a encore, sous les arbres, des mendiants qui se lamentent et demandent l’aumône.

Jésus s’arrête près des malades. La rumeur se répand que le Rabbi s’apprête à parler et à guérir. Les gens, même les étrangers, s’approchent pour voir.

Jésus regarde tout autour de lui. Il sourit en voyant sortir le Grec envoyé par Syntica, les cheveux encore humides de la douche qu’il a prise. Il élève tout à coup la voix pour se faire entendre :

« La miséricorde ouvre les portes à la grâce. Soyez miséricordieux pour obtenir miséricorde. Tous les hommes sont pauvres en quelque chose : les uns manquent d’argent, pour d’autres ce sont les affections, la liberté, la santé, et tous les hommes ont besoin de l’aide de Dieu, qui a créé l’univers et qui peut, lui, le Père unique, secourir ses enfants. »

Il fait une pause comme pour donner aux gens le temps de choisir entre l’écouter ou se rendre aux bains. Mais la plupart délaissent les bains. Juifs et païens se pressent pour l’entendre. Des Romains sceptiques dissimulent leur curiosité sous des plaisanteries :

« Aujourd’hui, il ne manque rien pour que ce lieu ressemble aux Thermes romains : il y a même un rhéteur ! » disent-ils.

Le Grec Zénon fend la foule en s’écriant :

« Par Zeus ! J’allais me rendre à Tarichée, et c’est ici que je te trouve ! »

462.6

Jésus reprend :

« Hier, on m’a dit : “ C’est difficile de suivre ce que tu fais. ” Non, ce n’est pas difficile. Ma doctrine se base sur l’amour, et il n’est jamais difficile de suivre l’amour. Que prêche ma doctrine? Le culte d’un Dieu vrai, l’amour pour notre prochain. L’homme, cet éternel enfant, a peur des ombres, et il suit des chimères parce qu’il ne connaît pas l’amour. L’amour est sagesse et lumière. Il est sagesse parce qu’il s’abaisse pour instruire, il est lumière parce qu’il vient pour éclairer. Là où se trouve la lumière, les ombres disparaissent, et là où est la sagesse, les chimères périssent. Parmi ceux qui m’écoutent, il y a des gentils. Ils disent : “ Où est Dieu ? ” Ou bien : “ Qui nous prouve que ton Dieu est le vrai ? ” Ou encore : “ De quelle façon nous assures-tu que tes paroles sont véridiques ? ” Les gentils ne sont pas les seuls à me faire cette objection. D’autres aussi me demandent : “ Par quel pouvoir fais-tu cela ? ” Par le pouvoir qui me vient du Père, du Père qui a mis toute chose au service de l’homme, sa créature préférée, et qui m’envoie pour instruire les hommes, mes frères. Le Père, qui a donné aux entrailles du sol le pouvoir de guérir par les eaux des sources, peut-il avoir limité la puissance de son Christ ? Et qui, quel Dieu sinon le Dieu vrai, peut accorder au Fils de l’homme d’accomplir les prodiges qui réparent les membres détruits ? Dans quel temple d’idoles voit-on que les aveugles recouvrent la vue et les paralytiques le mouvement ? Dans quel temple les mourants, sur le “ je le veux ” d’un homme, se redressent-ils en meilleure santé que les bien-portants ? Eh bien, moi, pour glorifier le Dieu vrai, et pour que vous le connaissiez et le louiez, je dis à tous ceux qui sont rassemblés ici, quelles que soient leur race et leur religion, qu’ils obtiendront la santé qu’ils demandent aux eaux, et qu’ils l’auront par moi. Je suis l’Eau vive qui donne la vie du corps et celle de l’âme à ceux qui croient en moi, et qui accomplissent des œuvres de miséricorde d’un cœur droit. Je ne demande rien de difficile : seulement un mouvement de foi et un mouvement d’amour. Ouvrez votre cœur à la foi. Ouvrez votre cœur à l’amour. Donnez pour posséder. Offrez de pauvres pièces de monnaie pour obtenir l’aide de Dieu. Commencez par aimer vos frères. Sachez faire preuve de miséricorde. Les deux tiers d’entre vous sont malades à cause de leur égoïsme et de leur concupiscence. Abattez l’égoïsme, réfrénez vos passions. Vous y gagnerez en santé physique et en sagesse. Rabaissez votre orgueil, et vous recevrez les bienfaits du vrai Dieu. Je vous demande l’obole pour les pauvres, puis je vous ferai le don de la santé. »

462.7

Jésus relève un pan de son manteau et le tend pour recevoir les pièces de monnaie. Celles que païens et juifs s’empressent d’y jeter sont nombreuses. Mais il arrive aussi des bagues et d’autres bijoux qu’y jettent avec insouciance des dames romaines. Lorsqu’elles s’approchent de Jésus, elles le regardent, et il en est qui lui murmurent quelque parole, à laquelle Jésus acquiesce ou répond brièvement.

L’offrande est terminée. Jésus appelle les apôtres pour qu’ils lui amènent les mendiants et, aussi vite que le trésor s’était constitué, le voilà dispersé jusqu’au dernier sou. Il reste des bijoux que Jésus rend aux donatrices, car personne ici n’est à même de les échanger contre de l’argent. Pour les consoler, il leur dit :

« Le désir vaut l’acte. L’offrande est aussi précieuse que si elle avait été distribuée, car Dieu regarde à l’intention de l’homme. »

Puis il se redresse et s’écrie :

« De qui me vient la puissance ? Du vrai Dieu. Père, resplendis en ton Fils. C’est en ton nom que j’ordonne aux malades : allez ! »

Voici maintenant ce spectacle que j’ai si souvent vu : les malades se lèvent, les estropiés se redressent, les paralytiques bougent, les visages se colorent, les yeux s’illuminent, tout cela accompagné du cri des hosannas, des louanges des Romains parmi lesquels il y a deux femmes et un homme guéris, qui, voulant imiter les juifs mais n’arrivant pas à s’humilier comme eux pour baiser les pieds du Christ, s’inclinent, saisissent un pan de son vêtement et le baisent.

Puis Jésus s’éloigne pour se soustraire à la foule, mais il n’y parvient pas, car, hormis quelque païen buté ou quelque juif à l’obstination encore plus coupable, tout le monde le suit sur la route qui mène à Tarichée.

462.1

The lake is just like a huge sardonyx within the setting of the hills, hardly visible in the starlight, as the moon has already set. Jesus is alone in the green bower with His head reclined on His forearms which are resting on the table near the lamp, which is about to go out. But He is not sleeping. Now and again He raises His head, He looks again at the sheets unrolled on the table, held thus by the lamp placed at the top of the sheet and by His forearms at the other end, and He reclines His head once again.

Silence is unbroken. Even the lake seems to be asleep in the dead sultry calm. And then suddenly and all at the same time, the wind rustles among the leaves, a solitary wave laps the shore, there is a change in nature, I would say that it is the creaking of awakening elements. The very dim light at the beginning of dawn, when day is about to break, is already light, although one’s eyes do not yet perceive it when one looks around the deserted garden. It is the sheet of the lake which gives an indication of the first appearance of light, because its black, leaden sardonyx becomes clearer and reflecting the whitening sky, from leaden it slowly becomes slate-grey and then iron-grey, then opal and finally it reflects the sky and its waters become paradisiacal blue.

462.2

Jesus stands up, He picks up the sheets, takes the lamp which has gone out at the first whiff of breeze, and He goes towards the house. He meets a maid-servant who bows, then a gardener, who is going towards the flower-beds and He exchanges greetings with him. He enters the hall where other servants are carrying out the first tasks of the day.

«Peace to you. Could you call My apostles?»

«They are already up, Lord. And the wagon for the women is ready. Johanna also is up. She is in the inner hall.»

Walking through the house Jesus goes to the hall which is on the street side. They are in fact all gathered there.

«Let us go. Mother, the Lord be with You. Mary, and with you, and may My peace accompany you. Goodbye, Simon. Take My peace to Salome and the children.»

Jonathan opens the heavy gate. A covered wagon is on the road. The road between the houses is still almost dark and it is completely deserted. The women get in the wagon with their relative and they set off.

«Let us leave at once as well. Andrew, run to the boats and tell the servants to meet us at Tarichea.»

«What? Are we going on foot? We shall be late…»

«It does not matter. You may go ahead while I take leave of Johanna.»

The apostles set off…

«I will follow You, Lord. Or rather: I will precede You because I am coming by boat.»

«You will have to wait for a long time…»

«It does not matter. Let me come.»

«As you wish. Is Chuza here?»

«He did not come home, Lord.»

«Give him My regards and tell him that I exhort him to be just. Caress the children on My behalf. And… since you have understood your Master, convince Chuza that he and all those who want to make a temporal king of the Christ, are in error.»

Jesus also goes out and He soon joins the apostles. «Let us go along the Emmaus road. Many unhappy people go to the springs, some to be cured, some to receive assistance.»

«But we do not have a coin…» objects James of Zebedee.

Jesus does not reply.

462.3

The roads are soon crowded with two very different classes of people, that is, with market-gardeners, vendors, servants, slaves, common people hurrying to the market, and with rich pleasure-seekers who in litters or on horseback are also going towards the springs, which I suppose are hot ones, if they are curative.

Tiberias must be really a rather cosmopolitan city because people of various nations can be seen amongs its inhabitants. Romans who have become corpulent through an idle vicious life, smartly dressed Greeks as dissolute as the Romans, but with masks of vice which differ in expression from those of the Latins, people from the Phoenician coast, Hebrews, mainly elder ones, people speaking different languages with different accents, and wearing different clothes, pale faces of sick men and women, or the tired faces of noble women… or the faces of hedonists of both sexes proceeding in groups on horseback near litters or in litters, joking, talking of frivolous subjects, making wagers…

The street is a beautiful one. A shady avenue from which, through the gaps between the trees it is possible to see the lake on one side and the country on the other. The sun which has now risen brightens up the hues of the waters and greenery.

Many people turn around to look at Jesus Who is followed by whispers: admiring words of women, satires of men, at times sneering words or grumbling ones, a few entreaties of suffering people, the only ones, among the many, to whom Jesus listens and whom He satisfies.

When He restores agility to the limbs stiffened by arthritis of a man from Tyre, the ironical indifference of many Gentiles is roused.

«Eh!» exclaims an old Roman with the debauched face of a reveller. «Eh! It is lovely to be cured like that. I will call Him.»

«It is not for you, old Silenus. What would you do in the event that you were cured?»

«I would begin to enjoy myself all over again!»

«In that case there is no sense in going to the sad Nazarene.»

«I will go and I bet everything I have that…»

«Don’t bet. You’ll lose.»

«Let him wager. He is still drunk. We will have a good time with his money.»

462.4

The old man staggers out of his litter and reaches Jesus, Who is listening to a Jewish mother speaking to Him of her daughter, a deadly pale girl whom she is leading by the hand.

«Be not afraid, woman. Your daughter will not die. Go back home. Do not take her to the springs. She would not recover the health of her body there, but she would lose the purity of her soul. It is a place of degrading licentiousness» and He says so in a very loud voice, so that everybody may hear.

«I have faith, Rabbi. I am going back home. Bless Your servants, Master.»

Jesus blesses them and is about to set out.

The Roman plucks His sleeve: «Cure me» he orders. Jesus looks at him and asks: «Where?»

The Romans, with some Greeks and Phoenicians, have gathered together and are sneering and betting. Some Israelites, who have moved aside grumbling: «Desecration! Anathema!» and other similar words, stop, however, inquisitively…

«Where?» asks Jesus.

«Everywhere. I am unwell… oh! oh! oh!» I do not know whether he is laughing or weeping, so strange is the sound passing his lips. It sounds as if the flaccid fat, accumulated in years of vicious living, affects even his vocal chords. The man enumerates his troubles and expresses his fear of dying.

Jesus looks at him severely and replies: «You must in fact fear death because you have killed yourself» and turns His back on him. The Roman tries to pull Him once again by His clothes, while the people present laugh scornfully. But Jesus frees Himself from the man’s grasp and goes away.

«Thumbs down, Appius Fabius! Thumbs down! The so called king of the Jews has not granted you the grace. Give us your purse. You lost the bet.» The Greeks and Romans make a terrible din surrounding the disappointed man who pushes them aside and begins to run, as best he can, being so obese, pulling up his clothes and lurching with all his tallowish mass. But he stumbles and falls in the dust amid the guffaws of his friends who drag him towards a tree, against the trunk of which the drunk man presses weeping the silly tears of drunkards.

462.5

The springs must be close at hand now because the crowd is becoming larger and larger as people flow from many streets towards the same spot. The smell of sulphurous water stagnates in the air.

«Shall we go down towards the shore to avoid these unclean people?» asks Peter.

«They are not all unclean, Simon. There are many people from Israel as well among them» says Jesus.

They arrive at the thermal baths. A series of white marble buildings, separated by avenues, facing the lake from which they are separated by a kind of large square planted with trees, under which people are taking a walk awaiting a bath or relaxing during its reaction after it. Bronze heads of Medusa, protruding from the wall of a building, pour steaming water into a marble basin, which is white outside and reddish inside, as if it were covered with rusty iron. Many Jews go to the fountains and drink the mineral water out of chalices. I can see Jews only do that in this pavilion. I believe that I am right in guessing that observant Israelites have demanded a place of their own to avoid contact with Gentiles.

Many sick people are on litters awaiting treatment and seeing Jesus many of them shout: «Jesus, Son of David, have mercy on me.»

Jesus heads towards them: people suffering from paralysis, arthritis, ankylosis; with fractured bones which will not heal, or suffering from anaemia, glands, women withered before time, children prematurely adults. And under the trees beggars who moan asking for alms.

Jesus stops near the sick people. The rumor spreads that the Rabbi will speak and cure. People, also those belonging to other races, come close to see.

Jesus looks around. He smiles seeing the Greek sent by Syntyche coming out of the baths with his hair still wet after a shower. He raises His voice at once to make Himself heard: «Mercy opens the door to grace. Be merciful in order to receive mercy. Every man is poor in something: some in money, some in affection, some in freedom, some in health. And all men are in need of help from God, Who created the universe and Who, being the only Father, can assist His children.»

He stops, as if He wanted to give people time to make up their minds whether they should come to listen to Him or go to the baths. Most of them forget about the baths. Israelites or Gentiles crowd to listen and some sceptical Romans conceal their curiosity saying jokingly: «We have a rhetor today to make this place resemble Roman thermal baths.»

Zeno, the Greek, elbows his way through the crowd shouting: «By Jove! I was about to go to Tarichea and I find You here!»

462.6

Jesus continues: «Yesterday they said to Me: “It is difficult to accomplish what You do”. No, it is not difficult. My doctrine is based on love, and love is never difficult to be accomplished. What does My doctrine preach? The cult of a true God, love for our neighbour. Man, the eternal child, is afraid of shadows and follows chimeras because he does not know love. Love is wisdom and light. It is wisdom because it descends to teach. It is light because it comes to enlighten. Where there is light shadows disappear, and where there is wisdom chimeras die. There are Gentiles among those who are listening to Me. They are saying: “Where is God?”. They are asking: “Who can assure us that Your God is the true one?”. Or: “How can You assure us that You are speaking the truth?”. And the Gentiles are not the only ones to say so. Other people ask Me: “With what power do You do these things?”. With the power that comes to Me from the Father, from that Father Who has placed everything at the service of man, His favourite creature and Who sends Me to teach men, My brothers. Can the Father, Who gave power to the bowels of the Earth to make spring water medicinal, can He have limited the power of His Christ? And who, which God, but the true God, can grant the Son of man to work miracles which recreate destroyed limbs? In which temple of idols do you ever see blind people recover their sight and paralytics motion, in which temple do dying people, at the command: “I want” of a man, rise healthier than healthy people? Well, I, in order to praise the true God and have Him known and praised by you, I say to all those who are gathered here, whichever their religion and race may be, that they will recover the health which they expected from water, and they will receive it from Me, the living Water, as I give the life of the body and of the spirit to those who believe in Me and I work deeds of mercy with righteous hearts. I do not ask for difficult things. I ask for a motion of faith and one of love. Open your hearts to faith. Open your hearts to love. Give in order to receive. Give poor coins to have help from God. Begin to love your brothers. Learn how to be merciful. Two thirds of you are sick because you are selfish and lustful. Demolish selfishness, repress lust. You will gain physical health and wisdom. Crush pride. And you will receive help from the true God. I ask you to give Me alms for the poor and then I will give you the gift of good health.»

462.7

And Jesus raises the hem of His mantle and holds it out to receive the money: the large number of coins which heathens and Israelites hasten to throw into it. And not only coins, but also rings und other jewels are thrown freely by Roman women who look at Jesus when they approach Him and some of them whisper a few words to which Jesus nods assent or replies briefly.

The offering is over. Jesus calls the apostles and tells them to bring the beggars to Him and the whole amount disappears as quickly as it was put together. Some jewels remain and Jesus hands them back to the donors because there is no one who can buy them and thus change them into money. And to comfort the women who offered them He says: «Your desires are as good as accomplished actions. The offerings you made are as precious as if they had been distributed, because God sees the thoughts of men.»

He then stands up and shouts: «From whom does My power come? From the true God. Father, let Your power shine brightly in Your Son. In Your name I give this order to diseases: go away!»

And there is the usual sight which has been seen so often: crippled people stand up straight, paralytics move, faces become healthily coloured, eyes begin to shine, shouting of hosannas, reciprocal congratulations of Romans, among whom two women and a man have been cured and they want to imitate the cured people of Israel; but as they are not yet prepared to humble themselves like the Hebrews by kissing Jesus’ feet, they stoop, take the hem of His mantle and kiss it.

Jesus then sets out eluding the crowds. But He cannot evade them because, with the exception of a few stubborn Gentiles and some Hebrews even more guiltily obstinate, they all follow Him along the road to Tarichea.