The Writings of Maria Valtorta

485. L’arrivée avec les apôtres à Béthanie,

485. Arrival with the apostles in Bethany

485.1

Toutes les nuances de vert se présentent à la vue dans la campagne qui entoure Béthanie, dès que l’on a franchi le sommet de la colline et que l’on pose le pied sur son versant sud, qui descend par une route en zigzag vers la petite ville. Le vert argenté des oliviers, le vert cru des pommiers, parsemé ici et là par les premières feuilles jaunes, le vert rare et plus jaunâtre des vignes, le vert foncé et compact des chênes et des caroubiers, mêlés au marron des champs déjà labourés et qui attendent la semence, et au vert tendre des prés où pousse une herbe nouvelle et des jardins fertiles, forment une sorte de tapis multicolore aux yeux de celui qui domine Béthanie et ses alentours. Et plus en bas, se détachant sur tout ce vert, les pinceaux des palmiers dattiers, toujours élégants, qui rappellent l’Orient.

La petite ville d’Ensémès, groupée au milieu de la verdure et illuminée par le soleil qui va bientôt se coucher, est bien vite franchie ainsi que la source abondante qui se trouve un peu au nord de l’endroit où commence Béthanie, puis voilà les premières maisons…

La route a été longue, fatigante, mais, malgré leur épuisement, la seule proximité de la maison amie de Béthanie semble rendre des forces aux pélerins.

La petite ville est paisible, presque vide. Beaucoup d’habitants doivent être déjà à Jérusalem pour la fête. Aussi Jésus passe-t-il inaperçu jusque dans le voisinage de la maison de Lazare. C’est seulement lorsqu’il arrive près du jardin en friche de la maison, où il y avait tant d’échassiers, qu’il rencontre deux hommes. Ils le reconnaissent, le saluent, puis lui demandent :

« Tu vas chez Lazare, Maître ? Tu fais bien. Il est si malade… Nous en revenons après lui avoir apporté le lait de nos ânesses, la seule nourriture que son estomac digère encore avec un peu de jus de fruits et de miel. Ses sœurs ne cessent de pleurer, épuisées par les veilles et la douleur… Et lui ne fait que te désirer. Je crois qu’il serait déjà mort, si le désir de te revoir ne l’avait aidé à vivre jusqu’ici.

– J’y vais de ce pas. Que Dieu soit avec vous.

– Et… tu vas le guérir ? demandent-ils avec curiosité.

– La volonté de Dieu se manifestera sur lui, et avec elle la puissance du Seigneur » répond Jésus, laissant les deux hommes perplexes.

Il se hâte vers le portail du jardin.

485.2

Un serviteur l’aperçoit et court lui ouvrir, mais sans aucun cri de joie. Sitôt le portail ouvert, il s’agenouille pour vénérer Jésus, et dit tristement :

« Tu tombes bien, Seigneur ! Puisse ta venue être un signe de joie pour cette maison éplorée. Lazare, mon maître…

– Je le sais. Résignez-vous tous à la volonté du Seigneur. Il récompensera le sacrifice de votre volonté à la sienne. Va appeler Marthe et Marie. Je les attends dans le jardin. »

Le serviteur s’éloigne en courant et Jésus le suit lentement après avoir dit à ses apôtres :

« Je vais auprès de Lazare. Reposez-vous, vous en avez bien besoin… »

Les deux sœurs se présentent sur le seuil, et elles ont du mal à reconnaître le Seigneur tant leurs yeux sont fatigués par les veilles et les larmes, et le soleil qui les éblouit augmente leur difficulté à le voir. Pendant ce temps, d’autres serviteurs sortent par une porte secondaire à la rencontre des apôtres pour les emmener avec eux.

« Marthe ! Marie ! C’est moi. Vous ne me reconnaissez pas ?

– Oh ! le Maître ! » s’écrient les deux sœurs.

Elles s’élancent vers lui et se jettent à ses pieds, étouffant difficilement leurs sanglots. Baisers et larmes tombent sur les pieds de Jésus, comme autrefois[1] dans la maison de Simon le pharisien.

Mais, cette fois, Jésus ne reste pas raide pour recevoir la pluie de larmes de Marthe et de Marie. Maintenant, il se penche et touche leurs têtes, les caresse et les bénit par ce geste, puis les force à se lever :

« Venez. Allons sous la tonnelle des jasmins. Pouvez-vous quitter Lazare ? »

Plus par signes que par paroles, tout éplorées, elles disent que oui. Et ils vont sous le pavillon ombragé où, sous le feuillage fourni et sombre, quelque tenace étoile de jasmin blanchit et embaume.

485.3

« Parlez donc….

– Oh ! Maître ! Tu arrives dans une maison bien triste ! Nous sommes accablées de douleur. Quand le serviteur nous a dit : “ II y a quelqu’un qui vous demande ”, nous n’avons pas pensé à toi. Quand nous t’avons vu, nous ne t’avons pas reconnu. Mais tu vois ? Nos yeux sont brûlés par les larmes. Lazare se meurt !… »

Et leurs sanglots reprennent, interrompant les paroles des deux sœurs, qui ont parlé alternativement.

« Et je suis venu…

– Pour le guérir ? Oh ! mon Seigneur ! dit Marie, rayonnante d’espoir à travers ses larmes.

– Je l’avais bien dit ! Si le Maître vient… dit Marthe en joignant les mains en un geste de joie.

– Ah ! Marthe ! Marthe ! Que sais-tu des opérations et des décrets de Dieu ?

– Hélas, Maître ! Tu ne vas pas le guérir ?! s’écrient-elles ensemble en retombant dans leur peine.

– Je vous dis : ayez une foi sans bornes dans le Seigneur. Gardez-la en dépit de toute insinuation et de tout événement, et vous verrez de grandes choses quand votre cœur n’aura plus de raison de les espérer. Que dit Lazare ?

– Il fait écho à tes paroles. Il nous dit : “ Ne doutez pas de la bonté et de la puissance de Dieu. Quoi qu’il arrive, il interviendra pour votre bien et le mien, et pour le bien d’un grand nombre, de tous ceux qui, comme moi et comme vous, sauront rester fidèles au Seigneur. ” Et quand il est en mesure de le faire, il nous explique les Ecritures ; il ne lit plus qu’elles désormais, et il nous parle de toi ; il dit qu’il meurt à une époque heureuse, parce que l’ère de la paix et du pardon est commencée. Mais tu l’entendras… car il tient aussi d’autres propos qui nous font pleurer, même plus que pour notre frère… dit Marthe.

– Viens, Seigneur. Chaque minute qui passe est dérobée à l’espoir de Lazare. Il comptait les heures… Il disait : “ Et pourtant, pour la fête, il sera à Jérusalem et il viendra… ” Nous, nous qui savons beaucoup de choses que nous ne racontons pas à Lazare pour ne pas lui faire de peine, nous avions moins d’espoir, car nous pensions que tu éviterais de venir pour échapper à ceux qui te cherchent… C’était ce que pensait Marthe. Moi pas, car… si j’étais à ta place, je défierais mes ennemis. Je ne suis pas de celles qui ont peur des hommes, moi ! Et maintenant, je n’ai même plus peur de Dieu. Je sais combien il est bon pour les âmes repenties… » dit Marie avec un regard plein d’amour.

— Tu n’as peur de rien, Marie ? demande Jésus.

– Du péché… et de moi-même… J’ai toujours peur de retomber dans le mal. Je pense que Satan doit me haïr beaucoup.

– Tu as raison. Tu es une des âmes que Satan hait le plus, mais tu es aussi l’une des plus aimées de Dieu. Souviens-toi de cela.

– Oh ! je m’en souviens ! Ce souvenir fait ma force ! Je me rappelle ce que tu as dit dans la maison de Simon : “ II lui est beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ”, et à moi : “ Tes péchés te sont pardonnés. Ta foi t’a sauvée. Va en paix. ” Tu as dit : “ tes péchés ”. Non pas plusieurs, tous. Et alors je pense que tu m’as aimée, mon Dieu, sans mesure. Or, si ma pauvre foi d’alors, telle qu’elle pouvait surgir dans une âme appesantie par les fautes, a tant obtenu de toi, ma foi de maintenant ne pourra-t-elle pas me défendre du mal ?

– Oui, Marie. Sois vigilante et surveille-toi, toi-même. C’est humilité et prudence. Mais aie foi dans le Seigneur : il est avec toi. »

485.4

Ils entrent dans la maison. Marthe va trouver son frère. Marie voudrait servir Jésus, mais il veut d’abord aller voir Lazare. Ils pénètrent dans la pièce à demi obscure, où se consomme le sacrifice.

« Maître !

– Mon ami ! »

Les bras squelettiques de Lazare se lèvent, ceux de Jésus se penchent pour étreindre longuement le corps de son ami affaibli. Puis Jésus recouche le malade sur les oreillers et le contemple avec pitié. Mais Lazare sourit : il est heureux. Dans son visage ravagé, ne resplendissent vivants que ses yeux enfoncés, mais rendus lumineux par la joie de voir Jésus à ses côtés.

« Tu vois ? Je suis venu, et pour rester beaucoup avec toi.

– Ah ! tu ne le peux, Seigneur. On ne me dit pas tout, mais j’en sais assez pour te dire que cela t’est impossible. A la peine qu’ils te causent, ils ajoutent la mienne, ma part, en ne me laissant pas expirer dans tes bras. Mais, moi qui t’aime, je ne puis par égoïsme te retenir près de moi, en danger. Pour toi… j’ai déjà pourvu… Tu dois changer d’endroit sans cesse. Toutes mes maisons te sont ouvertes. Les gardiens ont reçu des ordres, de même que les intendants de mes champs. Mais ne va pas séjourner à Gethsémani, l’endroit est très surveillé. Je parle de la maison. Car dans les oliviers, surtout ceux du haut, tu peux y aller et par plusieurs chemins, sans qu’ils s’en doutent. Tu sais que Marziam est déjà ici ? Il a été interrogé par certains alors qu’il était au pressoir avec Marc. Ils voulaient apprendre où tu étais, si tu venais. L’enfant a très bien répondu : “ Il est juif, donc il viendra. Par où, je ne sais pas, puisque je l’ai quitté au lac Mérom. ” Ainsi, il les a empêchés de te dire pécheur et il n’a pas menti.

– Je te remercie, Lazare. Je t’écouterai, mais nous nous verrons souvent tout de même. »

Il le contemple encore.

« Tu me regardes, Maître ? Tu vois à quoi je suis réduit ? Comme un arbre qui se dépouille de ses feuilles à l’automne, je me dépouille d’heure en heure de ma chair, de mes forces et d’heures de vie. Mais je dis la vérité quand j’affirme que, si je regrette de ne pas vivre assez pour voir ton triomphe, je suis néanmoins heureux de m’en aller pour ne pas voir, impuissant comme je le suis pour la freiner, la haine qui grandit autour de toi.

– Tu n’es pas impuissant ; tu ne l’es jamais. Tu pourvois aux besoins de ton Ami, avant même qu’il n’arrive. J’ai deux maisons de paix, et je pourrais dire, également chères : celle de Nazareth, et celle-ci. Si là-bas se trouve ma Mère — l’amour céleste, pour ainsi dire aussi grand que le Ciel pour le Fils de Dieu —, ici j’ai l’amour des hommes pour le Fils de l’homme, l’amour amical, plein de foi et de vénération… Merci, mes amis!

– Ta Mère ne viendra jamais ?

– Au début du printemps.

– Ah ! dans ce cas, je ne la verrai plus…

– Si, tu la verras, c’est moi qui te le dis. Tu dois me croire.

– Je crois à tout, Seigneur, même à ce que les faits démentent.

– Où se trouve Marziam ?

– A Jérusalem avec les disciples, mais il rentre ici ce soir, d’ici peu, désormais. Et tes apôtres, ils ne sont pas avec toi ?

– Ils sont à côté avec Maximin, qui les restaure de leur fatigue et de leur épuisement.

– Vous avez beaucoup marché ?

– Beaucoup, sans arrêt. Je te raconterai… Pour l’instant, repose-toi. Je te bénis. »

Et Jésus le bénit et se retire.

485.5

Les apôtres sont maintenant avec Marziam et presque tous les bergers, qui les informent de l’insistance des pharisiens à obtenir des renseignements sur Jésus. Ils disent que cela a éveillé leurs soupçons, de sorte que leurs disciples ont pensé à monter la garde sur toutes les routes qui conduisent à l’intérieur de Jérusalem pour avertir le Maître.

« En effet, rapporte Isaac, nous sommes disséminés sur toutes les routes à quelques stades des Portes, et à tour de rôle nous passons une nuit ici. C’est notre tour.

– Maître, dit en riant Judas, ils racontent qu’à la porte de Jaffa il y avait la moitié du Sanhédrin : ils se disputaient, car certains rappelaient mes paroles d’Engannim ; d’autres juraient avoir appris que tu avais été à Dotaïn ; d’autres, enfin, disaient t’avoir vu près d’Ephraïm, et cela les rendait furieux de ne pas savoir où tu étais passé… »

Et il rit du bon tour qu’il a joué aux ennemis de Jésus.

« Demain, ils me verront.

– Non, demain, c’est nous qui y allons. C’est déjà convenu : tous en groupe, et en nous mettant bien en vue.

– Je ne veux pas. Tu mentirais.

– Je te jure que je ne mentirai pas. S’ils ne me disent rien, je ne leur dis rien. S’ils nous demandent si tu es avec nous, je répliquerai : “ Ne voyez-vous pas qu’il n’est pas là ? ”, et s’ils veulent savoir où tu te trouves, je répondrai : “ Cherchez-le vous-mêmes. Comment voulez-vous que je sache où est le Maître, à ce moment précis ? ” En effet, je ne pourrais certes pas savoir si tu es à la maison, ici, ou dans les vergers, ou bien je ne sais où.

– Judas, Judas, je t’ai dit…

– Et moi, je te dis que tu as raison. Mais ce ne sera pas toujours de ma part simplicité de colombe, mais prudence de serpent. Toi, tu es la colombe, moi le serpent. Et ensemble nous formerons cette perfection que tu as enseignée[2]. »

Il prend le ton qu’a Jésus quand il instruit, et imite le Maître à la perfection :

« Je vous envoie comme des brebis parmi les loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes… Ne vous souciez pas de ce que vous devez répondre, car les mots vous seront mis sur les lèvres, et ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit en vous… Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre jusqu’à ce qu’arrive le Règne du Fils de l’homme… ” Je rappelle tes paroles et c’est le moment de les appliquer.

– Je ne les ai pas formulées ainsi, et pas celles-là seulement, objecte Jésus.

– Pour le moment, il ne faut se rappeler que celles-là, et les formuler ainsi. Je sais ce que tu veux dire. Mais si la foi en toi ne s’est pas bien établie — et c’est une pierre dans ton Royaume — il ne faut pas se livrer aux ennemis. Ensuite… nous dirons et ferons le reste… »

L’expression de Judas est si brillante d’intelligence et d’espièglerie, que, sauf Jésus qui soupire, il conquiert tout le monde. C’est vraiment le séducteur auquel rien ne manque pour triompher des hommes.

Jésus, préoccupé, réfléchit… Mais il se rend, en remarquant que la prévoyance de Judas n’est pas entièrement mauvaise. Judas expose triomphalement tout son plan.

« Nous irons donc demain et après-demain jusqu’au lendemain du sabbat, et nous resterons dans une cabane de branchages dans la vallée du Cédron, en parfaits juifs. Eux se lasseront de t’attendre… et alors tu viendras. En attendant, tu resteras ici, tranquille, à te reposer. Tu es épuisé, mon Maître, et nous ne le voulons pas. Une fois les portes closes, l’un de nous viendra te relater ce qu’ils font. Ah ! comme ce sera beau de les voir déçus ! »

Tous sont d’accord, et Jésus n’oppose pas de résistance. Ce sont peut-être son extrême fatigue, ou le désir de réconforter Lazare, de lui apporter tout le soutien possible avant la lutte finale, qui le décident à céder. Peut-être aussi le réel besoin de se garder libre tant que ne sont pas accomplies toutes les œuvres nécessaires pour qu’Israël ne doute pas de sa Nature avant de le juger comme coupable… Il dit, ce qui est sûr :

« Qu’il en soit ainsi. Mais ne cherchez pas querelle, et évitez les mensonges. Taisez-vous plutôt que de mentir. Allons maintenant, car Marthe nous appelle. Viens, Marziam. Je te trouve meilleure mine… »

Et il s’éloigne en parlant, un bras autour des épaules du tout jeune disciple.

485.1

The varied green shades of the countryside around Bethany come into sight as soon as one climbs over a spur of the mountain and sets foot on the southern slope, descending along a zigzag path towards Bethany. The silvery green of olive-trees, the bright green of apple-orchards with a few yellow leaves showing early here and there the ruffled and more yellowish green hue of vines, the dark dense green of oaks and carob-trees mixed with the brown of fields already ploughed and waiting to be sown and with the fresh green of kitchen gardens and of meadows in which new grass is growing, look like a multicoloured carpet to anyone overlooking Bethany and its surroundings. And towering over the green below, the fan­shaped leaves of date-palms, always elegant and reminiscent of the East.

The little town of En-shemesh, lying in the middle of the greenery and all lit up by the sun which is beginning to set, is soon overcome, and also the large fountain rich in water a little to the north of Bethany is also left behind, then the first houses appear amid the green… They have arrived after a long tiring journey. And although they are very tired, they seem to regain strength simply by being near the friendly house in Bethany.

The little town is quiet, almost empty. Many inhabitants must have already moved to Jerusalem for the feast. So Jesus is unno­ticed until He arrives near Lazarus’ house. Only when He is near the garden which has now grown wild – where all the stilt-birds were – He meets two men who recognise and greet Him and then ask: «Are You going to see Lazarus, Master? You are doing a good thing because he is very ill. We are coming from his house after taking him the milk of our asses, as it is the only food, together with a little fruit juice and honey, which his stomach still accepts. His sisters do nothing but weep. They are worn out with watching at his bedside and with grief… And he does nothing but pine for You. I think that he would be already dead, if his keen desire to see You had not kept him alive so far.»

«I am going at once. God be with you.»

«And… will You cure him?» they ask inquisitively.

«The will of God will be revealed on him together with the power of the Lord» replies Jesus perplexing them and He hastens towards the gate of the garden.

485.2

A servant sees Him and rushes to open it, but without any ex­clamation of joy. As soon as the gate is opened he kneels down venerating Jesus and says in a sorrowful voice: «You have come at the right moment, Lord! And may Your arrival bring joy to this house full of tears. Lazarus, my master…»

«I know. Be resigned, all of you, to the will of the Lord. He will reward you for sacrificing your wills to His. Go and call Martha and Mary. I will wait for them in the garden.»

The servant hurries away and Jesus follows him slowly after saying to the apostles: «I am going to Lazarus. You can have a rest, as you need it…»

In fact, while the two sisters appear at the door and have dif­ficulty in recognising the Lord, so tired are their eyes with watch­ing and weeping, and the sun shining into their eyes makes it more difficult for them to see, other servants come out of a side door to meet the apostles and they take them away.

«Martha! Mary! It is I. Do you not recognise Me?»

«Oh! the Master!» exclaim the two sisters and they run towards Him prostrating themselves at His feet stifling their sobs with dif­ficulty. Kisses and tears fall upon Jesus’ feet as previously[1] in the house of Simon, the Pharisee.

But this time Jesus, while receiving the streaming tears of Martha and Mary, does not remain stiff as He did then. Now He bends down, He touches their heads blessing them and compels them to stand up saying: “Come. Let us go under the jasmine pergola. Can you leave Lazarus?»

More by nodding than by words, while sobbing, they say yes.

And they go under the shady bower on whose dark leafy branches a few persistent jasmine little stars are still white and fragrant.

485.3

«Now, tell Me…»

«Oh! Master! You have come to a really sad house! We are dazed with grief. When the servant said to us: “There is someone looking for you” we did not think of You. And when we saw You, we did not recognise You. See? Tears have scalded our eyes. Lazarus is dy­ing!…» and fresh tears interrupt the words of the two sisters who have been speaking alternately.

«And I have come…»

«To cure him?! Oh! my Lord!» says Mary, her eyes shining with hope through her tears.

«Ah! I said so! If He comes…» says Martha joining her hands in a joyful gesture.

«Oh! Martha! Martha! What do you know of God’s acts and decrees?»

«Alas, Master! Will You not cure him?!» they both exclaim plung­ing back into grief.

«I say to you: have unlimited faith in the Lord. Persevere in hav­ing it despite innuendoes and events, and you will see great things when your hearts no longer have any reason to hope to see them. What does Lazarus say?»

«He echoes Your words. He says to us: “Do not doubt God’s kindness and power, no matter what may happen. He will intervene on your and on my behalf, and on behalf of many, of all those who, like me and you, will remain faithful to the Lord”. And when he is fit to do so, he explains the Scriptures to us, he does not read anything else nowadays, and he speaks to us of You, and he says that he will die in a happy period of time because the era of peace and forgiveness has begun. But You will hear him… because he says also other things which make us weep even more than we do for our brother…» says Martha.

«Come, Lord. Every minute that passes is stolen from Lazarus’ hope. He used to count the hours and would say: “He will certainly be in Jerusalem for the feast and He will come…”. We know many things which we do not tell Lazarus in order not to grieve him, and we did not have so much hope, because we thought that You would not come to avoid those who are looking for You… Martha was ful­ly convinced of that. I was not so sure… because if I were You, I would face my enemies. I am not a woman who is afraid of men. And now I am not even afraid of God. For I know how good He is to repentant souls…» says Mary and she casts a loving glance at Him.

«Are you not afraid of anything, Mary?» asks Jesus.

«Of sin… and of myself… I am always afraid of falling again into evil. I think that Satan must have a mortal hatred of me.»

«You are right. You are one of the souls most hated by Satan.

But you are also one of the most loved by God. Bear that in mind.»

«Oh! I do. And that remembrance is my strength! I remember what You said in Simon’s house. You said: “Many sins are forgiven her because she has loved much”, and You said to me: “Your sins are forgiven. Your faith has saved you. Go in peace”. You said “your sins”. Not many. All of them. And so I think that You loved me, my God, without limit. Now if my poor faith of those days, the faith of a soul laden with faults, achieved so much from You, will my present faith not be able to defend me from Evil?»

«Yes, Mary. Be vigilant and watch over yourself. It is humbleness and prudence. But have faith in the Lord. He is with you.»

485.4

They go into the house. Martha goes to her brother. Mary would like to serve Jesus. But Jesus wants to go to Lazarus first. And they enter the semi-dark room, where the sacrifice is being consumed.

«Master!»

«My friend!»

Lazarus lifts his emaciated arms, while Jesus lowers His to em­brace the body of His languishing friend. A long embrace. Then Jesus lays the invalid down again on the cushions and gazes at him compassionately. But Lazarus smiles. He is happy. In his ravaged face only his hollow eyes shine brightly, lit by the joy of having Jesus there.

«See? I have come. And I shall be staying with you for a long time.»

«Oh! You cannot, my Lord. They do not tell me everything. But I know enough to be able to tell You that You cannot. To the sorrow they give You, they have added mine, my part, by not allowing me to die in Your arms. But since I love You I cannot be so selfish as to detain You here with me, in danger. You… I have already seen to it… You must change places continually. All my houses are open to You. The guardians have been given instructions and also the stewards of my lands. But do not go to Gethsemane to stay there. They keep a strict watch over it. I mean the house. You can go among the olive-trees, particularly the upper ones, and You can go there along many paths, without them finding out. Marjiam, do You know that he is already here? He was questioned by some peo­ple when he was in the oil-mill with Marcus. They wanted to know where You were and whether You would be coming. The boy gave them a very clever reply: “He is an Israelite and will come. Which way I do not know, as I left Him at Merom”. So he did not give them the opportunity to say that You are a sinner and he did not lie.»

«Thank you, Lazarus. I will listen to you. But we will often meet just the same.» And He gazes at him again.

«Are You looking at me, Master? Can’t you see what has become of me? Like a tree which in autumn is stripped of its leaves, I am despoiled of my flesh, my strength and of the hours of my life. But I speak the truth when I say that, if I am sorry that I shall not live long enough to see Your triumph, I rejoice at departing so that I shall not see the hatred which is increasing against You, powerless as I am to check it.»

«You are not powerless; you never are. You see to your Friend, even before He arrives. I have two houses of peace, and I can say that they are equally dear to Me: the one in Nazareth and this one. If My Mother is there: the celestial love almost as great as Heaven for the Son of God, here I have the love of men for the Son of man. The friendly, faithful, venerating love… Thanks, My friends!»

«Will Your Mother never come?»

«At the beginning of springtime.»

«Oh! then I shall never see Her again…»

«Yes, you will. I am telling you and you must believe Me.»

«I believe everything, Lord. Also what facts disprove.»

«Where is Marjiam?»

«In Jerusalem with the disciples. But he comes here in the eve­ning. He will be here shortly. And Your apostles? Are they not with You?»

«They are with Maximinus who is succouring them as they are tired and exhausted.»

«Have you walked much?»

«Yes, very much, without stopping. I will tell you about it… But rest now. I bless you for the time being.» And Jesus blesses him and withdraws.

485.5

The apostles are now with Marjiam and with almost all the shepherds and they are speaking of the insistence of the Pharisees to find out about Jesus. They say that such inquisitiveness aroused their suspicions, so much so that their disciples decided to guard each road leading into Jerusalem in order to warn the Master.

«In fact» says Isaac «we are scattered along all the roads a few stadia from the Gates and we watch one night each in turns. This is our turn.»

«Master» says Judas laughing «they say that at the Joppa Gate there was half of the Sanhedrin and they were quarrelling because some of them remembered the words I spoke at Engannim, some swore that they heard that You had been to Dothan, some instead said that they had seen You near Ephraim, and thus they were furious because they did not know where You were…» and he laughs thinking of the trick he had played on Jesus’ enemies.

«They will see Me tomorrow.»

«No. We will go tomorrow. We have already made our plans: all in a group and making ourselves conspicuous.»

«I do not want that. You would tell lies.»

«I swear to You that I will not lie. If they say nothing to me I will say nothing to them. If they ask me whether You are with us, I will reply: “Can’t you see that. He is not here?”, and if they wish to know where You are I will say: “Look for Him yourselves. How do you expect me to know where the Master is just now?”. In fact I will certainly not be in a position to know whether You are in the house, here, or in the orchards, or I do not know where.»

«Judas, Judas, I told you…»

«And I say that You are right. But my behaviour perhaps is not the simplicity of a dove, but it is the prudence of a serpent. You are the dove, I the serpent. And together we will form the perfection which You taught us[2].» He assumes the attitude of Jesus when He teaches and imitating the Master to perfection he says: «“I send you as sheep in the midst of wolves. Be therefore as wise as serpents and as simple as doves… Do not worry about what to say, as the words will then be put on your lips, because it is not you that speak, but the Spirit speaks in you… When they persecute you in one town, flee into another until the Kingdom of the Son of man comes…”. I remember them and it is now time to put them into practice.»

«I did not say them thus, neither did I say only those» objects Jesus.

«Oh! at present it is necessary to remember only those and to speak them thus. I know what You mean. But until faith in You is confirmed, and it is a stone in Your Kingdom, it is better not to surrender to the enemies. Later… we will say and do the rest…» And Judas’ expression is so brightly intelligent and impish that he conquers everybody, except Jesus, Who sighs. Judas is really the seducer who lacks nothing to triumph over men.

Jesus is pensive and sighs… But He surrenders as He feels that Judas’ precaution is not entirely wicked. And the Iscariot ex­pounds his plan triumphantly.

«So we will go tomorrow and the day after tomorrow until the day after the Sabbath. And we will stay in a hut made with branches, in the valley of the Kidron, like perfect Israelites. They will get tired waiting for You… and then You will come. In the meantime You will stay here, in peace and You will rest. You are exhausted, my Master. And we do not want that. When the gates are closed one of us will come and tell You what they do. Oh! it will be lovely to see them disappointed!»

They all agree and Jesus does not offer any resistance. Perhaps the fact that He is really dead tired, perhaps His desire to give comfort to Lazarus, all possible comfort before the final struggle, contribute to His yielding. Perhaps also the real necessity of being free until He can accomplish all the necessary deeds, so that Israel may have no doubt about His Nature before condemning Him… He says: «Let it be so. But avoid discussions and lies. Be silent, but do not lie. Now let us go, because Martha is calling us. Come, Marjiam. I find you in better form…» and He goes away speaking to the boy, with one arm around his shoulder.


Notes

  1. comme autrefois, en 236.2.
  2. enseignée, en 265.7/9.

Notes

  1. as previously in 236.2.
  2. taught us, in 265.7/9.