Gli Scritti di Maria Valtorta

485. L’arrivée avec les apôtres à Béthanie,

485. L’arrivo con gli apostoli a Betania, dove sono già

485.1

Toutes les nuances de vert se présentent à la vue dans la campagne qui entoure Béthanie, dès que l’on a franchi le sommet de la colline et que l’on pose le pied sur son versant sud, qui descend par une route en zigzag vers la petite ville. Le vert argenté des oliviers, le vert cru des pommiers, parsemé ici et là par les premières feuilles jaunes, le vert rare et plus jaunâtre des vignes, le vert foncé et compact des chênes et des caroubiers, mêlés au marron des champs déjà labourés et qui attendent la semence, et au vert tendre des prés où pousse une herbe nouvelle et des jardins fertiles, forment une sorte de tapis multicolore aux yeux de celui qui domine Béthanie et ses alentours. Et plus en bas, se détachant sur tout ce vert, les pinceaux des palmiers dattiers, toujours élégants, qui rappellent l’Orient.

La petite ville d’Ensémès, groupée au milieu de la verdure et illuminée par le soleil qui va bientôt se coucher, est bien vite franchie ainsi que la source abondante qui se trouve un peu au nord de l’endroit où commence Béthanie, puis voilà les premières maisons…

La route a été longue, fatigante, mais, malgré leur épuisement, la seule proximité de la maison amie de Béthanie semble rendre des forces aux pélerins.

La petite ville est paisible, presque vide. Beaucoup d’habitants doivent être déjà à Jérusalem pour la fête. Aussi Jésus passe-t-il inaperçu jusque dans le voisinage de la maison de Lazare. C’est seulement lorsqu’il arrive près du jardin en friche de la maison, où il y avait tant d’échassiers, qu’il rencontre deux hommes. Ils le reconnaissent, le saluent, puis lui demandent :

« Tu vas chez Lazare, Maître ? Tu fais bien. Il est si malade… Nous en revenons après lui avoir apporté le lait de nos ânesses, la seule nourriture que son estomac digère encore avec un peu de jus de fruits et de miel. Ses sœurs ne cessent de pleurer, épuisées par les veilles et la douleur… Et lui ne fait que te désirer. Je crois qu’il serait déjà mort, si le désir de te revoir ne l’avait aidé à vivre jusqu’ici.

– J’y vais de ce pas. Que Dieu soit avec vous.

– Et… tu vas le guérir ? demandent-ils avec curiosité.

– La volonté de Dieu se manifestera sur lui, et avec elle la puissance du Seigneur » répond Jésus, laissant les deux hommes perplexes.

Il se hâte vers le portail du jardin.

485.2

Un serviteur l’aperçoit et court lui ouvrir, mais sans aucun cri de joie. Sitôt le portail ouvert, il s’agenouille pour vénérer Jésus, et dit tristement :

« Tu tombes bien, Seigneur ! Puisse ta venue être un signe de joie pour cette maison éplorée. Lazare, mon maître…

– Je le sais. Résignez-vous tous à la volonté du Seigneur. Il récompensera le sacrifice de votre volonté à la sienne. Va appeler Marthe et Marie. Je les attends dans le jardin. »

Le serviteur s’éloigne en courant et Jésus le suit lentement après avoir dit à ses apôtres :

« Je vais auprès de Lazare. Reposez-vous, vous en avez bien besoin… »

Les deux sœurs se présentent sur le seuil, et elles ont du mal à reconnaître le Seigneur tant leurs yeux sont fatigués par les veilles et les larmes, et le soleil qui les éblouit augmente leur difficulté à le voir. Pendant ce temps, d’autres serviteurs sortent par une porte secondaire à la rencontre des apôtres pour les emmener avec eux.

« Marthe ! Marie ! C’est moi. Vous ne me reconnaissez pas ?

– Oh ! le Maître ! » s’écrient les deux sœurs.

Elles s’élancent vers lui et se jettent à ses pieds, étouffant difficilement leurs sanglots. Baisers et larmes tombent sur les pieds de Jésus, comme autrefois[1] dans la maison de Simon le pharisien.

Mais, cette fois, Jésus ne reste pas raide pour recevoir la pluie de larmes de Marthe et de Marie. Maintenant, il se penche et touche leurs têtes, les caresse et les bénit par ce geste, puis les force à se lever :

« Venez. Allons sous la tonnelle des jasmins. Pouvez-vous quitter Lazare ? »

Plus par signes que par paroles, tout éplorées, elles disent que oui. Et ils vont sous le pavillon ombragé où, sous le feuillage fourni et sombre, quelque tenace étoile de jasmin blanchit et embaume.

485.3

« Parlez donc….

– Oh ! Maître ! Tu arrives dans une maison bien triste ! Nous sommes accablées de douleur. Quand le serviteur nous a dit : “ II y a quelqu’un qui vous demande ”, nous n’avons pas pensé à toi. Quand nous t’avons vu, nous ne t’avons pas reconnu. Mais tu vois ? Nos yeux sont brûlés par les larmes. Lazare se meurt !… »

Et leurs sanglots reprennent, interrompant les paroles des deux sœurs, qui ont parlé alternativement.

« Et je suis venu…

– Pour le guérir ? Oh ! mon Seigneur ! dit Marie, rayonnante d’espoir à travers ses larmes.

– Je l’avais bien dit ! Si le Maître vient… dit Marthe en joignant les mains en un geste de joie.

– Ah ! Marthe ! Marthe ! Que sais-tu des opérations et des décrets de Dieu ?

– Hélas, Maître ! Tu ne vas pas le guérir ?! s’écrient-elles ensemble en retombant dans leur peine.

– Je vous dis : ayez une foi sans bornes dans le Seigneur. Gardez-la en dépit de toute insinuation et de tout événement, et vous verrez de grandes choses quand votre cœur n’aura plus de raison de les espérer. Que dit Lazare ?

– Il fait écho à tes paroles. Il nous dit : “ Ne doutez pas de la bonté et de la puissance de Dieu. Quoi qu’il arrive, il interviendra pour votre bien et le mien, et pour le bien d’un grand nombre, de tous ceux qui, comme moi et comme vous, sauront rester fidèles au Seigneur. ” Et quand il est en mesure de le faire, il nous explique les Ecritures ; il ne lit plus qu’elles désormais, et il nous parle de toi ; il dit qu’il meurt à une époque heureuse, parce que l’ère de la paix et du pardon est commencée. Mais tu l’entendras… car il tient aussi d’autres propos qui nous font pleurer, même plus que pour notre frère… dit Marthe.

– Viens, Seigneur. Chaque minute qui passe est dérobée à l’espoir de Lazare. Il comptait les heures… Il disait : “ Et pourtant, pour la fête, il sera à Jérusalem et il viendra… ” Nous, nous qui savons beaucoup de choses que nous ne racontons pas à Lazare pour ne pas lui faire de peine, nous avions moins d’espoir, car nous pensions que tu éviterais de venir pour échapper à ceux qui te cherchent… C’était ce que pensait Marthe. Moi pas, car… si j’étais à ta place, je défierais mes ennemis. Je ne suis pas de celles qui ont peur des hommes, moi ! Et maintenant, je n’ai même plus peur de Dieu. Je sais combien il est bon pour les âmes repenties… » dit Marie avec un regard plein d’amour.

— Tu n’as peur de rien, Marie ? demande Jésus.

– Du péché… et de moi-même… J’ai toujours peur de retomber dans le mal. Je pense que Satan doit me haïr beaucoup.

– Tu as raison. Tu es une des âmes que Satan hait le plus, mais tu es aussi l’une des plus aimées de Dieu. Souviens-toi de cela.

– Oh ! je m’en souviens ! Ce souvenir fait ma force ! Je me rappelle ce que tu as dit dans la maison de Simon : “ II lui est beaucoup pardonné, parce qu’elle a beaucoup aimé ”, et à moi : “ Tes péchés te sont pardonnés. Ta foi t’a sauvée. Va en paix. ” Tu as dit : “ tes péchés ”. Non pas plusieurs, tous. Et alors je pense que tu m’as aimée, mon Dieu, sans mesure. Or, si ma pauvre foi d’alors, telle qu’elle pouvait surgir dans une âme appesantie par les fautes, a tant obtenu de toi, ma foi de maintenant ne pourra-t-elle pas me défendre du mal ?

– Oui, Marie. Sois vigilante et surveille-toi, toi-même. C’est humilité et prudence. Mais aie foi dans le Seigneur : il est avec toi. »

485.4

Ils entrent dans la maison. Marthe va trouver son frère. Marie voudrait servir Jésus, mais il veut d’abord aller voir Lazare. Ils pénètrent dans la pièce à demi obscure, où se consomme le sacrifice.

« Maître !

– Mon ami ! »

Les bras squelettiques de Lazare se lèvent, ceux de Jésus se penchent pour étreindre longuement le corps de son ami affaibli. Puis Jésus recouche le malade sur les oreillers et le contemple avec pitié. Mais Lazare sourit : il est heureux. Dans son visage ravagé, ne resplendissent vivants que ses yeux enfoncés, mais rendus lumineux par la joie de voir Jésus à ses côtés.

« Tu vois ? Je suis venu, et pour rester beaucoup avec toi.

– Ah ! tu ne le peux, Seigneur. On ne me dit pas tout, mais j’en sais assez pour te dire que cela t’est impossible. A la peine qu’ils te causent, ils ajoutent la mienne, ma part, en ne me laissant pas expirer dans tes bras. Mais, moi qui t’aime, je ne puis par égoïsme te retenir près de moi, en danger. Pour toi… j’ai déjà pourvu… Tu dois changer d’endroit sans cesse. Toutes mes maisons te sont ouvertes. Les gardiens ont reçu des ordres, de même que les intendants de mes champs. Mais ne va pas séjourner à Gethsémani, l’endroit est très surveillé. Je parle de la maison. Car dans les oliviers, surtout ceux du haut, tu peux y aller et par plusieurs chemins, sans qu’ils s’en doutent. Tu sais que Marziam est déjà ici ? Il a été interrogé par certains alors qu’il était au pressoir avec Marc. Ils voulaient apprendre où tu étais, si tu venais. L’enfant a très bien répondu : “ Il est juif, donc il viendra. Par où, je ne sais pas, puisque je l’ai quitté au lac Mérom. ” Ainsi, il les a empêchés de te dire pécheur et il n’a pas menti.

– Je te remercie, Lazare. Je t’écouterai, mais nous nous verrons souvent tout de même. »

Il le contemple encore.

« Tu me regardes, Maître ? Tu vois à quoi je suis réduit ? Comme un arbre qui se dépouille de ses feuilles à l’automne, je me dépouille d’heure en heure de ma chair, de mes forces et d’heures de vie. Mais je dis la vérité quand j’affirme que, si je regrette de ne pas vivre assez pour voir ton triomphe, je suis néanmoins heureux de m’en aller pour ne pas voir, impuissant comme je le suis pour la freiner, la haine qui grandit autour de toi.

– Tu n’es pas impuissant ; tu ne l’es jamais. Tu pourvois aux besoins de ton Ami, avant même qu’il n’arrive. J’ai deux maisons de paix, et je pourrais dire, également chères : celle de Nazareth, et celle-ci. Si là-bas se trouve ma Mère — l’amour céleste, pour ainsi dire aussi grand que le Ciel pour le Fils de Dieu —, ici j’ai l’amour des hommes pour le Fils de l’homme, l’amour amical, plein de foi et de vénération… Merci, mes amis!

– Ta Mère ne viendra jamais ?

– Au début du printemps.

– Ah ! dans ce cas, je ne la verrai plus…

– Si, tu la verras, c’est moi qui te le dis. Tu dois me croire.

– Je crois à tout, Seigneur, même à ce que les faits démentent.

– Où se trouve Marziam ?

– A Jérusalem avec les disciples, mais il rentre ici ce soir, d’ici peu, désormais. Et tes apôtres, ils ne sont pas avec toi ?

– Ils sont à côté avec Maximin, qui les restaure de leur fatigue et de leur épuisement.

– Vous avez beaucoup marché ?

– Beaucoup, sans arrêt. Je te raconterai… Pour l’instant, repose-toi. Je te bénis. »

Et Jésus le bénit et se retire.

485.5

Les apôtres sont maintenant avec Marziam et presque tous les bergers, qui les informent de l’insistance des pharisiens à obtenir des renseignements sur Jésus. Ils disent que cela a éveillé leurs soupçons, de sorte que leurs disciples ont pensé à monter la garde sur toutes les routes qui conduisent à l’intérieur de Jérusalem pour avertir le Maître.

« En effet, rapporte Isaac, nous sommes disséminés sur toutes les routes à quelques stades des Portes, et à tour de rôle nous passons une nuit ici. C’est notre tour.

– Maître, dit en riant Judas, ils racontent qu’à la porte de Jaffa il y avait la moitié du Sanhédrin : ils se disputaient, car certains rappelaient mes paroles d’Engannim ; d’autres juraient avoir appris que tu avais été à Dotaïn ; d’autres, enfin, disaient t’avoir vu près d’Ephraïm, et cela les rendait furieux de ne pas savoir où tu étais passé… »

Et il rit du bon tour qu’il a joué aux ennemis de Jésus.

« Demain, ils me verront.

– Non, demain, c’est nous qui y allons. C’est déjà convenu : tous en groupe, et en nous mettant bien en vue.

– Je ne veux pas. Tu mentirais.

– Je te jure que je ne mentirai pas. S’ils ne me disent rien, je ne leur dis rien. S’ils nous demandent si tu es avec nous, je répliquerai : “ Ne voyez-vous pas qu’il n’est pas là ? ”, et s’ils veulent savoir où tu te trouves, je répondrai : “ Cherchez-le vous-mêmes. Comment voulez-vous que je sache où est le Maître, à ce moment précis ? ” En effet, je ne pourrais certes pas savoir si tu es à la maison, ici, ou dans les vergers, ou bien je ne sais où.

– Judas, Judas, je t’ai dit…

– Et moi, je te dis que tu as raison. Mais ce ne sera pas toujours de ma part simplicité de colombe, mais prudence de serpent. Toi, tu es la colombe, moi le serpent. Et ensemble nous formerons cette perfection que tu as enseignée[2]. »

Il prend le ton qu’a Jésus quand il instruit, et imite le Maître à la perfection :

« Je vous envoie comme des brebis parmi les loups. Soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes… Ne vous souciez pas de ce que vous devez répondre, car les mots vous seront mis sur les lèvres, et ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit en vous… Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre jusqu’à ce qu’arrive le Règne du Fils de l’homme… ” Je rappelle tes paroles et c’est le moment de les appliquer.

– Je ne les ai pas formulées ainsi, et pas celles-là seulement, objecte Jésus.

– Pour le moment, il ne faut se rappeler que celles-là, et les formuler ainsi. Je sais ce que tu veux dire. Mais si la foi en toi ne s’est pas bien établie — et c’est une pierre dans ton Royaume — il ne faut pas se livrer aux ennemis. Ensuite… nous dirons et ferons le reste… »

L’expression de Judas est si brillante d’intelligence et d’espièglerie, que, sauf Jésus qui soupire, il conquiert tout le monde. C’est vraiment le séducteur auquel rien ne manque pour triompher des hommes.

Jésus, préoccupé, réfléchit… Mais il se rend, en remarquant que la prévoyance de Judas n’est pas entièrement mauvaise. Judas expose triomphalement tout son plan.

« Nous irons donc demain et après-demain jusqu’au lendemain du sabbat, et nous resterons dans une cabane de branchages dans la vallée du Cédron, en parfaits juifs. Eux se lasseront de t’attendre… et alors tu viendras. En attendant, tu resteras ici, tranquille, à te reposer. Tu es épuisé, mon Maître, et nous ne le voulons pas. Une fois les portes closes, l’un de nous viendra te relater ce qu’ils font. Ah ! comme ce sera beau de les voir déçus ! »

Tous sont d’accord, et Jésus n’oppose pas de résistance. Ce sont peut-être son extrême fatigue, ou le désir de réconforter Lazare, de lui apporter tout le soutien possible avant la lutte finale, qui le décident à céder. Peut-être aussi le réel besoin de se garder libre tant que ne sont pas accomplies toutes les œuvres nécessaires pour qu’Israël ne doute pas de sa Nature avant de le juger comme coupable… Il dit, ce qui est sûr :

« Qu’il en soit ainsi. Mais ne cherchez pas querelle, et évitez les mensonges. Taisez-vous plutôt que de mentir. Allons maintenant, car Marthe nous appelle. Viens, Marziam. Je te trouve meilleure mine… »

Et il s’éloigne en parlant, un bras autour des épaules du tout jeune disciple.

485.1

I variati verdi delle campagne intorno a Betania appaiono alla vista non appena è superato uno scrimolo di monte e si pone piede sullo spiovente sud del monte, che scende con una strada a zig-zag verso Betania. Il verd’argento degli ulivi, il verde forte dei pometi, spruzzato qua e là dei primi giallori delle foglie, lo spettinato e più giallastro verde delle viti, lo scuro e compatto verde delle querce e dei carrubi, misti al marrone dei campi, già arati e in attesa di seme, e al verde fresco dei prati che rimettono l’erba novella e degli orti fertili, formano come un tappeto multicolore a chi domina Betania e i suoi dintorni dall’alto. E, svettanti sul verde più basso, i pennelli delle palme da datteri, sempre eleganti e ricordanti l’Oriente.

La piccola città di Ensemes, accucciata in mezzo al verde e tutta accesa dal sole che inizia il tramonto, è presto superata, e dopo essa è superata la fonte larga, ricca d’acque, che è un poco al nord dove inizia Betania, e poi ecco le prime case fra il verde… Sono arrivati dopo tanto cammino, e faticoso cammino. E, per quanto stanchissimi, sembrano rinvigorirsi soltanto per essere presso la casa amica di Betania.

La cittadina è quieta, quasi vuota. Molti abitanti devono avere già trasmigrato a Gerusalemme per la festa. Perciò Gesù passa inosservato sino nelle vicinanze della casa di Lazzaro. Soltanto quando è presso il giardino inselvatichito della casa, dove erano tutte quelle gralle, incontra due uomini che lo riconoscono e lo salutano e poi chiedono: «Vai da Lazzaro, Maestro? Fai bene. Sta tanto male. Noi ne veniamo dopo avergli portato il latte delle nostre asinelle, l’unico cibo che il suo stomaco regge ancora, insieme ad un poco di succo di frutta e miele. Le sorelle non fanno che piangere. Sono sfinite di veglia e di dolore… E lui non fa che desiderarti. Io credo che sarebbe già morto, ma l’ansia di rivederti lo ha fatto vivere sin qui».

«Vado subito. Dio sia con voi».

«E… lo guarisci?», chiedono incuriositi.

«La volontà di Dio si manifesterà su lui e con essa la potenza del Signore», risponde Gesù lasciando perplessi i due, e si affretta al cancello del giardino.

485.2

Lo vede un servo e corre ad aprire, ma senza alcuna esclamazione di gioia. Appena aperto il cancello, si inginocchia a venerare Gesù e dice con voce addolorata: «Bene vieni, o Signore! E voglia la tua venuta essere segno di gioia a questa casa in pianto. Lazzaro, il mio padrone…».

«Lo so. Siate tutti rassegnati alla volontà del Signore. Egli premierà il sacrificio della vostra volontà alla sua. Va’ e chiama Marta e Maria. Io le attendo nel giardino».

Il servo corre via e Gesù lo segue adagio, dopo aver detto agli apostoli: «Io vado da Lazzaro. Voi riposate, che ne avete bisogno…».

E infatti, mentre si affacciano sulla soglia le due sorelle e quasi stentano a riconoscere il Signore tanto i loro occhi sono stanchi di veglie e di lacrime, e il sole che proprio le colpisce negli occhi aumenta la difficoltà di vedere, altri servi, da una porta secondaria, escono incontro agli apostoli conducendoli con loro.

«Marta! Maria! Sono Io. Non mi riconoscete?».

«Oh! il Maestro!», esclamano le due sorelle e si dànno a correre verso di Lui, gettandosigli ai piedi e soffocando a stento i singhiozzi. Baci e lacrime scendono sui piedi di Gesù, come già[1] nella casa di Simone il fariseo.

Ma questa volta Gesù non sta rigido come allora a ricevere il lavacro del pianto di Marta e Maria. Ora si china e le tocca sul capo, le carezza e benedice con quel gesto e le forza ad alzarsi dicendo: «Venite. Andiamo sotto la pergola dei gelsomini. Potete lasciare Lazzaro?».

Più a cenni che a parole, fra i singhiozzi, esse dicono di sì. E vanno sotto il chiosco ombroso, sul cui frondame folto e scuro qualche tenace stellina di gelsomino biancheggia e odora.

485.3

«Dite dunque…».

«Oh! Maestro! Vieni in una ben triste casa! Noi siamo rese stolte dal dolore. Quando il servo ci ha detto: “Vi è uno che vi cerca”, non abbiamo pensato a Te. Quando ti abbiamo visto, non ti abbiamo riconosciuto. Ma vedi? I nostri occhi sono bruciati dal pianto. Lazzaro muore!…», e il pianto riprende interrompendo le parole delle sorelle che hanno parlato alternativamente.

«E Io sono venuto…».

«A guarirlo?! Oh! mio Signore!», dice Maria raggiando di speranza fra le righe delle lacrime.

«Ah! io lo dicevo! Se Egli viene…», dice Marta congiungendo le mani con atto di gioia.

«Oh! Marta! Marta! Che sai tu delle operazioni e dei decreti di Dio?».

«Ohimé, Maestro! Tu non lo guarirai?!», esclamano insieme ripiombando nel dolore.

«Io vi dico: abbiate una fede sconfinata nel Signore. Continuate ad averla nonostante ogni insinuazione e ogni evento, e vedrete grandi cose quando il vostro cuore non avrà più motivo di sperare di vederle. Che dice Lazzaro?».

«Un’eco delle tue parole è nelle sue. Egli ci dice: “Non dubitate della bontà e potenza di Dio. Qualunque cosa avvenga, Egli interverrà per vostro e mio bene e per il bene di molti, di tutti quelli che come me e come voi sapranno rimanere fedeli al Signore”. E quando è in grado di farlo ci spiega le Scritture, non legge che quelle ormai, e ci parla di Te, e dice che egli muore in un tempo felice, perché l’èra di pace e perdono si è iniziata. Ma lo sentirai… perché dice anche altre cose, che ci fanno piangere anche più che per il fratello…», dice Marta.

«Vieni, Signore. Ogni minuto che scorre è rubato alla speranza di Lazzaro. Egli contava le ore… Diceva: “Eppure per la festa sarà a Gerusalemme e verrà…”. Noi, noi che sappiamo molte cose, che non diciamo a Lazzaro per non dargli dolore, avevamo meno speranza, perché pensavamo che Tu non venissi per sfuggire a chi ti cerca… Marta molto pensava così. Io meno perché… io, se fossi al tuo posto, sfiderei i nemici. Non sono di quelle che ho paura degli uomini, io. E ora non ho paura più neanche di Dio. So quanto è buono per le anime pentite…», dice Maria e lo guarda col suo sguardo d’amore.

«Di nulla hai paura, Maria?», chiede Gesù.

«Del peccato… e di me stessa… Ho sempre paura di ricadere nel male. Penso che Satana mi deve molto odiare».

«Hai ragione. Sei una delle anime più odiate da Satana. Ma sei anche una delle più amate da Dio. Ricordalo».

«Oh! lo ricordo. È la mia forza questo ricordo! Ricordo ciò che dicesti in casa di Simone. Hai detto: “Molto le è perdonato perché molto ha amato”, e a me: “Ti sono perdonati i peccati. La tua fede ti ha salvata. Va’ in pace”. Hai detto “i peccati”. Non molti. Tutti. E allora penso che mi hai amata, o Dio mio, senza misura. Ora, se la mia povera fede di allora, quale poteva essere sorta in un’anima gravata di colpe, ha tanto ottenuto da Te, la mia fede di ora non potrà difendermi dal Male?».

«Sì, Maria. Veglia e sorveglia su te stessa. È umiltà e prudenza. Ma abbi fede nel Signore. Egli è con te».

485.4

Entrano in casa. Marta va dal fratello. Maria vorrebbe servire Gesù. Ma Gesù vuole prima andare da Lazzaro. Ed entrano nella stanza in penombra dove si consuma il sacrificio.

«Maestro!».

«Amico mio!».

Le braccia scheletrite di Lazzaro si tendono in alto, quelle di Gesù si chinano ad abbracciare il corpo dell’amico languente. Un lungo abbraccio. Poi Gesù riadagia il malato sui guanciali e lo contempla con pietà. Ma Lazzaro sorride. È felice. Nel volto distrutto non splendono vivi che gli occhi infossati, ma fatti luminosi della gioia di avere lì Gesù.

«Lo vedi? Sono venuto. E per stare molto con te».

«Oh! non puoi, Signore. A me tutto non si dice. Ma so tanto da dirti che non puoi. Al dolore che ti dànno essi aggiungono il mio, la mia parte, non concedendomi di spirare fra le tue braccia. Ma io, che ti amo, non posso per egoismo tenerti presso di me, nel pericolo. Tu… io ho già provveduto… Tu devi cambiare sempre luogo. Tutte le mie case ti sono aperte. I custodi hanno ordini e così i fattori dei miei campi. Ma non andare per sostare al Getsemani. Esso è molto sorvegliato. Dico la casa. Perché fra gli ulivi, specie quelli in alto, puoi andare, e da molte vie, senza che essi lo sappiano. Marziam, lo sai che è già qui? Marziam fu interrogato da alcuni mentre era nel frantoio con Marco. Volevano sapere dove eri, se venivi. Il fanciullo ha risposto molto bene: “Egli è israelita e verrà. Per dove non so, avendolo lasciato al Meron”. Così ha impedito che ti dicessero peccatore e non ha mentito».

«Io ti ringrazio, Lazzaro. Ti darò ascolto. Ma ci vedremo sovente lo stesso». Lo contempla ancora.

«Mi guardi, Maestro? Lo vedi come sono ridotto? Come un albero che si spoglia di foglie in autunno, io mi spoglio ora per ora di carne, di forza e di ore di vita. Ma dico il vero dicendo che, se mi spiace non vivere tanto da vedere il tuo trionfo, giubilo di andarmene per non vedere, impotente come sono a frenarlo, l’odio che aumenta intorno a Te».

«Non sei impotente; mai lo sei. Tu provvedi al tuo Amico prima ancora che Egli giunga. Ho due case di pace e, potrei dire, ugualmente care: quella di Nazaret e questa. Se là c’è mia Madre: l’amore celeste quasi quanto il Cielo per il Figlio di Dio, qui ho l’amore degli uomini per il Figlio dell’uomo. L’amore amico, credente, venerante… Grazie, amici miei!».

«Tua Madre non verrà mai?».

«All’inizio di primavera».

«Oh! allora io non la vedrò più…».

«No. Tu la vedrai. Io te lo dico. Mi devi credere».

«A tutto, Signore. Anche in ciò che i fatti smentiscono».

«Marziam dove è?».

«A Gerusalemme coi discepoli. Ma viene qui a sera. Fra poco, ormai. E i tuoi apostoli? Non sono con Te?».

«Sono di là con Massimino, che li soccorre nella loro stanchezza ed estenuazione».

«Avete molto camminato?».

«Molto. Senza tregua. Ti racconterò… Adesso riposa. Io ti benedico per ora». E Gesù lo benedice e si ritira.

485.5

Gli apostoli sono ora con Marziam e con quasi tutti i pastori, che riferiscono delle insistenze dei farisei per sapere di Gesù e dicono che ciò li ha insospettiti, tanto che loro discepoli hanno pensato di mettersi di guardia ad ogni strada che conduce entro Gerusalemme per avvisare il Maestro.

«Infatti», riferisce Isacco, «siamo sparsi su tutte le vie a qualche stadio dalle porte, e a turno facciamo una notte qui. Questa è la nostra».

«Maestro», ride Giuda, «essi dicono che alla porta di Jaffa c’era oggi mezzo Sinedrio e si questionavano fra loro perché alcuni ricordavano le mie parole di Engannim, altri giuravano di aver saputo che eri stato a Dotain, altri dicevano che ti hanno visto invece presso Efraim, e ciò li faceva furenti non sapendo più dove eri…», e ride della burla giuocata ai nemici di Gesù.

«Domani mi vedranno».

«No. Domani andiamo noi. Abbiamo già fissato. Tutti in gruppo e mettendoci bene in vista».

«Non voglio. Tu mentiresti».

«Ti giuro che non mentirò. Se non mi dicono niente, non dico niente. Se ci interrogano se sei con noi, dirò: “E non vedete che non c’è?”, e se vorranno sapere dove sei risponderò: “Cercatelo voi. Come volete che io sappia dove è il Maestro in questo momento?”. Infatti io non potrò certo sapere se sei in casa, qui, o per i frutteti, o non so dove».

«Giuda, Giuda, ti ho detto…».

«E io ti dico che hai ragione. Ma questa mia non sarà semplicità di colomba, ma prudenza di serpente. Tu la colomba, io il serpe. E insieme formeremo quella perfezione che hai insegnato[2]». Prende il tono che ha Gesù quando insegna e dice, imitando a perfezione il Maestro: «“Io vi mando come pecore fra i lupi. Siate dunque prudenti come le serpi e semplici come le colombe… Non vi preoccupate di come rispondere, perché in quel momento vi verranno messe sulle labbra le parole, essendoché non voi parlate, ma parla in voi lo Spirito… Quando vi perseguiteranno in una città fuggite in un’altra, finché venga il Regno del Figlio dell’uomo…”. Le ricordo ed è l’ora di applicarle».

«Non le ho dette così e non queste sole», obbietta Gesù.

«Oh! per ora necessita ricordare queste sole e dirle così. So ciò che vuoi dire. Ma, se non si è confermata la fede in Te, e questa è pietra nel tuo Regno, non è bene darsi in mano ai nemici. Dopo… diremo e faremo il resto…». E l’espressione di Giuda è così brillante di intelligenza e di birichineria che conquista tutti, meno Gesù che sospira. È veramente l’uomo seduttore, al quale nulla manca per trionfare sugli uomini.

Gesù sospira e pensa… Ma si arrende, sentendo che non è tutto malvagio il provvedimento di Giuda. Il quale, trionfante, formula tutto il suo piano.

«Noi dunque andremo domani e dopo domani sino al dì dopo il sabato. E staremo in una capanna di frasche nella valle del Cedron, da perfetti israeliti. Essi si stancheranno di attenderti… e allora verrai. Intanto starai qui, in pace, in riposo. Sei esausto, Maestro mio. E noi non lo vogliamo. Chiuse le porte, uno di noi verrà a dirti ciò che essi fanno. Oh! sarà bello vederli delusi!».

Tutti assentono e Gesù non oppone resistenza. Forse la veramente grande stanchezza, forse il desiderio di dare a Lazzaro conforto, tutto il conforto prima della lotta finale, contribuiscono a questo cedere. Forse anche la necessità reale di mantenersi libero, sinché non siano compiute tutte le opere che sono necessarie perché Israele non dubiti della sua Natura avanti di giudicarlo come reo… Certo è che dice: «E così sia. Però non cercate dispute ed evitate le menzogne. Piuttosto tacete. Ma non mentite. Ora andiamo, ché Marta ci chiama. Vieni, Marziam. Ti trovo in migliore aspetto…». Si allontana parlando con un braccio passato intorno alle spalle del discepolo giovanetto.


Notes

  1. comme autrefois, en 236.2.
  2. enseignée, en 265.7/9.

Note

  1. come già in 236.2.
  2. insegnato, in 265.7/9.